La libération

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La libération
Libération
Table des matières
Liberation: Theme Overview
Objets personnels
Carnet
Photographie
Photographie
Buchenwald, 11 avril 1945
Kloster Indersdorf, 1946
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Libération : aperçc
Un million et demi d'enfants juifs périrent dans l'Holocauste. À la libération, les quelques enfants qui avaient survécu
sortirent des camps de concentration et de leurs cachettes. Beaucoup se retrouvèrent orphelins. La majorité des survivants étaient des adolescents, et surtout des garçons. Seuls ceux qui étaient plus âgés et assez forts pour travailler
avaient pu résister aux privations des camps. La libération signifiait la fin de leur captivité.
Ce fut aussi au moment de la libération que les survivants durent faire face à l'énormité de ce qui était arrivé et à l'étendue de leurs pertes. Environ un pour cent seulement des enfants juifs qui vivaient au début de la guerre survécurent.
Au cours de la période qui suivit immédiatement la libération, les enfants, comme les autres survivants, commencèrent à
essayer de retrouver leurs familles. Ils se déplacèrent à pied, firent du stop dans les jeeps ou dans les trains. Il était difficile de communiquer ou de se déplacer en Europe car tous ces pays déchirés par la guerre luttaient pour se reconstruire. Certains enfants retournèrent chez eux et découvrirent leurs maisons détruites ou occupées par des étrangers. Les
communautés auxquelles ils avaient appartenu étaient décimées et éparpillées.
Beaucoup d'enfants entreprirent une tournée des camps de personnes déplacées, à la recherche de leurs parents, de
leurs frères, de leurs soeurs. Une fois convaincus que leurs recherches n'aboutiraient pas, ils finirent à leur tour dans
des camps semblables comme ceux de Fulda, de Feldafing et d'Aglasterhausen.
Afin de retrouver les milliers d'enfants perdus dans le chaos de l'après-guerre et de les réunir avec leurs familles, des
équipes de la Croix-Rouge, de l'UNRRA (l'Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction) et des
organismes d'aide juifs passèrent l'Europe au peigne fin à la recherche d'enfants "non accompagnés" ou orphelins.
Certains de ces orphelins furent regroupés dans des orphelinats improvisés comme Kloster Indersdorf ou envoyés dans
des camps de personnes déplacées. Des oeuvres de secours coopérèrent pour réunir les noms des survivants et distribuer les listes à divers camps de réfugiés.
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Carnet
Page 1 de 2: artefact
Carnet retranscrit par le professeur Shia Moser, survivant de l'Holocauste.
Maison d'enfants de Peterswald, Basse Silésie, 1945
Ce carnet contient le récit des expériences de l'Holocauste
d'Alla Oppenheim telles que racontées à Shia Moser.
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Carnet
Page 2 de 2: artefact et description
J'ai été professeur à la Maison d'enfants de Peterswald pendant presqu'un an. La communauté juive avait mis sur
pied cette maison pour prendre soin des enfants juifs qui avaient perdu leurs familles dans l'Holocauste.
Je voulais conserver les souvenirs de ce qu'avaient vécu ces orphelins avant et pendant la guerre. L'Institut
d'Histoire juive de Varsovie m'a nommé interviewer officiel et m'a demandé de transcrire leurs histoires. Après l'école,
les enfants venaient dans ma classe et me parlaient tandis que je transcrivais leurs histoires. Ils semblaient contents
de me parler de leurs parents, de leur famille et de ce qui leur était arrivé. Je crois qu'ils se sont sentis très proches
de moi après ça.
J'avais cinq carnets remplis par les histoires de ces enfants. La majorité d'entre eux émigrèrent ensuite vers
l'Israël. Jack Kuper, un des garçons, vint au Canada dans le cadre du Projet des orphelins de guerre. Je l'ai revu
plus de trente années après alors qu'il était à Vancouver pour faire des recherches sur les orphelins de guerre pour
un film qu'il produisait.
Shia Moser
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Photographie
Page 1 de 1: artefact et description
Photo appartenant à Mariette Rozen. Bruxelles, Belgique, 1945.
Mes parents et la plupart de mes frères et soeurs n'ont pas survécu à l'Holocauste. J'ai survécu parce que j'ai été
cachée dans un couvent en Belgique. Les religieuses m'avaient appris à faire semblant de prier tout le temps afin de
passer pour une chrétienne. Cette photo a été prise juste après la fin de la guerre. Même à ce moment là, instinctivement
je posais les mains jointes comme pour la prière.
Cette photo a été prise à l'heure du repas dans l'orphelinat où j'avais été placée après la guerre. Je devais avoir neuf
ou dix ans. Je me rappelle que je détestais le gruau. Je ne me suis pas fait d'ami, j'étais très sérieuse et je ne pleurais
jamais. J'aimerais rencontrer certains de ces enfants aujourd'hui. J'ai l'impression que je les connais.
Le ruban rouge que je porte dans les cheveux était ce à quoi je tenais le plus. J'avais l'habitude de le laver chaque
soir avant de me coucher et de l'enrouler autour des barreaux du lit de fer, pour le repasser. J'y tenais énormément.
Mariette Rozen
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Photographie
Page 1 de 1: artefact et description
Photographie appartenant à Robbie Waisman. Sur la route, entre Buchenwald et la France, 1945.
J'étais l'un des 430 jeunes qui avaient survécu au camp de concentration de Buchenwald. Nous sommes restés environ
trois mois dans le camp après la libération parce que nous n'avions nulle part ailleurs où aller. Je me rappelle un
journaliste français qui est venu de Paris et a écrit un article intitulé « J'accuse » pour accuser le monde de son
indifférence à notre égard. Sous la pression du public, le gouvernement français nous a laissés entrer en France et
nous a même offert la nationalité française. On nous a mis dans un train pour Ecouis, une ville du nord de la France.
Je me souviens encore aujourd'hui du soulagement que j'ai éprouvé de quitter Buchenwald, cet endroit déserté,
quand nous avons franchi la frontière française.
Pendant le trajet, Joe Dziubak, un des enfants, descendit du train et écrivit sur la paroi extérieure du wagon les mots
yiddish « Vo sind unsire elterin? » (Où sont nos parents?). Joe exprimait vraiment ce que nous ressentions. Nous
venions juste de nous rendre compte que si peu des membres de nos familles étaient encore vivants.
Robbie Waisman
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Photographie
Page 1 de 1: artefact et description
Photographie appartenant à Robbie Waisman. Buchenwald, Allemagne, 11 avril 1945.
J'ai été libéré du camp de concentration de Buchenwald le 11 avril 1945; j'avais 14 ans. On nous a fait marcher
depuis l'intérieur du camp vers un meilleur hébergement installé dans les anciennes baraques des SS. On nous a
donné à chacun un lit et des draps propres. Je me souviens qu'un tas de médecins et d'infirmières nous ont examinés,
et que la Croix-Rouge recueillait nos histoires. Certains des adultes qui avaient survécu regroupèrent tous les
enfants et commencèrent à se charger de nous. J'ignorais complètement qu'il y avait 430 enfants répartis dans tout
Buchenwald. Je croyais que mon ami et moi étions les seuls enfants ici.
Un officier de l'armée prit cette photo de nous, les enfants, alors qu'on nous conduisait hors du camp. Je suis l'un de
ceux qui se trouvent à la queue du groupe dans le centre. J'ai demandé à l'officier un exemplaire de la photo parce
que je la voulais pour la rapporter à la maison et la montrer à ma famille. À l'époque, je ne savais pas encore que
mes parents et la plupart des miens n'avaient pas survécu. Je me suis rendu compte que ma survie était un miracle
absolu et, pour moi, cette photo marque ce moment. Ma soeur Leah et moi étions les seuls survivants de notre
famille.
Robbie Waisman
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Photographie
Page 1 de 1: artefact et description
Photographie prise par l'UNRRA de Greta Fisher et de deux autres enfants polonais.
Kloster Indersdorf, Allemagne, mars 1946. Archives des Nations Unies.
Greta Fisher faisait partie de l'équipe de l'UNRRA (l'Administration des Nations Unies pour les secours et la recon struction) qui avait été envoyée en Allemagne après la guerre pour repérer et s'occuper des enfants « non accompa gnés » ou orphelins. Cette photo montre le Centre international des enfants organisé par l'UNRRA au couvent de
Kloster Indersdorf en Allemagne. Greta apparaît sur la photo en compagnie de deux enfants polonais, un frère et sa
soeur, qui venaient juste d'arriver au Centre. Greta examine le bagage des enfants pour trouver des pièces d'identifi cation.
Des enfants de tous âges et de toutes nationalités commencèrent à arriver au Centre dès son ouverture. Beaucoup
furent repérés par des militaires américains ou par le personnel de l'UNRRA. D'autres trouvèrent leur chemin tout
seuls. Greta prit l'habitude de dormir près de la porte d'entrée afin de ne pas rater le cognement timide d'un jeune
orphelin au milieu de la nuit.
La plupart des enfants qui n'étaient pas juifs ne restèrent que brièvement à Kloster Indersdorf. Ils étaient soit réunis à
leur famille soit rapatriés vers leur pays d'origine. Les enfants furent les derniers à quitter le Centre. Lorsque
l'UNRRA ferma les portes du Centre de Kloster Indersdorf en 1947, Greta Fisher accompagna le dernier groupe
d'orphelins qui partaient au Canada dans le cadre du Projet des orphelins de guerre.
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