Mardi 4 août 1914, 3h40…

Transcription

Mardi 4 août 1914, 3h40…
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S
ur la tombe du caporal Peugeot, dans le cimetière d’Étupes (25), une stèle mentionne
que ce soldat du 44e RI, tué à
Joncherey (90) le 2 août 1914
est la première victime de la guerre
14-18. On connaît l’histoire, Jules André Peugeot et le lieutenant allemand
Meyer se mettent en joue. Deux coups
de feu partent. Les deux morts sont,
officiellement, les premiers du conflit.
Sauf que le 2 août 1914, « la guerre
n’est pas encore déclarée, elle ne le
sera que le 3 », souligne Pierre Lenhard, féru d’Histoire et guide indépendant sur le champ de bataille. « Le caporal Peugeot est mort hors conflit ».
La sentinelle ouvre le feu
Alors si ce n’est Peugeot, c’est peutêtre le 2e classe Pouget prénommé Fortuné Émile et incorporé au 12e Chasseurs. Il tombe sous les balles
allemandes le 4 août 1914 à Vittonville
en Meurthe-et-Moselle sans doute
vers 12 h 15. Né à Paris 1893, il est
enterré au cimetière de Pont-à-Mousson. L’homme est connu des spécialistes de la question. Tout comme Paul
K Pierre Lenhard a réalisé un dossier sur ce soldat.
Honoré. Né en 1891 à Roubaix, ce
sous-lieutenant au 26e Bataillon de
Chasseurs est tué au signal de Lesménils le 6 août. Enterré lui aussi à Pontà-Mousson, il est le premier officier tué
de la Grande Guerre.
Mais les faits bien établis ne demandent qu’à être bousculés. « Il y a quelques semaines je travaillais sur la bataille de Mangiennes qui est la
première bataille de la guerre 14-18
Photo Franck LALLEMAND
sur le sol français. Elle a eu lieu le
10 août 1914 », confie Pierre Lenhard
qui se plonge alors dans l’historique du
91e d’Infanterie. Il commence la lecture
au début, histoire de comprendre la
mise en place des troupes. Et il tombe
sur une mention à la date du 4 août
1914. Le texte indique, l’arrivée de Delut (55), dans le canton de Damvillers,
en automobile de M. Ferry, élève de
Saint-Maixent, promu sous-lieutenant
et affecté à la 10e compagnie. Jusque-là
rien d’anormal. L’officier, a débarqué
soit à la gare de Verdun, soit à celle de
Montmédy et une voiture est venue le
chercher dans la nuit. Mais le conducteur, le soldat Georges Bigard du 165e
RI arrive à un barrage. Il continue à
avancer malgré quatre sommations de
la sentinelle qui ouvre le feu et tue le
conducteur qui est en fait, victime
d’une balle amie. Le même jour, l’étatmajor du 2e Corps donne l’ordre de
laisser arriver les automobiles aux barrages sans tirer.
Les recherches de Pierre Lenhard ne
s’arrêtent pas là. La fiche « Mémoire
des Hommes » mentionne que ce soldat est mort à l’hôpital de Sedan, annexe de Montmédy. L’acte de décès de
Georges Bigard est pourtant conservé
dans l’état-civil de cette dernière ville.
On y apprend l’heure de sa mort :
3 h 40.
Déclaré Mort pour la France, la tombe du soldat Bigard, né à Verneuil-surAvre dans l’Eure, est introuvable. Mais
il semble donc bien qu’il soit le premier
mort du Premier Conflit mondial.
Ironie de l’histoire, cet homme est
décédé à quelques kilomètres seulement du lieu où est tombé le dernier
soldat de la Grande Guerre. En effet,
l’Américain Henry Gunther succombe
à Ville-devant-Chaumont (55) le
11 novembre 1918 à 10 h 59, soit une
minute avant l’armistice…
FrédéricPLANCARD