Nicole Elgrissy Banon

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Nicole Elgrissy Banon
Nicole Elgrissy Banon
Nicole Elgrissy est une Marocaine, juive de confession, qui a
refusé l'exode et préféré continuer de vivre au Maroc. Elle raconte
l'absurdité de ce départ avec un humour décapant. Un chapitre est
consacré aux nostalgiques qui viennent faire le pélerinage des saints
juifs enterrés au Maroc.
Ce livre "Renaicendre" , c’est le cri de cœur que lance Nicole
Elgrissy Banon. Un témoignage d’une Marocaine, juive de confession,
qui n’a jamais compris pourquoi ses coreligionnaires ont décidé un
jour de quitter en masse leur pays pour émigrer en Israël, en France,
aux Etats-Unis ou au Canada. Pourtant, Marocains juifs et musulmans
vivaient en symbiose.
«Il n’y a jamais eu de haine» entre eux, «et il n’y en aura jamais», tranche-t-elle. Ils parlaient le chti, ce mélange de darija judéomarocain.
Elle avait neuf ans quand cet exode, suite à la guerre des Six
jours en 1967, a pris des proportions alarmantes. Sa famille à elle,
grâce à son père, un employé à la CTM, refuse d’obtempérer aux appels de «propagandistes», ces membres de l’organisation sioniste venus au Maroc inciter les juifs à regagner Israël.
Armand, un de ses deux frères, a émigré, plusieurs membres de
sa grande famille aussi, mais pas elle. On leur avait promis monts et
merveilles, ce ne furent que «des illusions perdues». Armand n’en
peut plus de la méprise et du racisme des ashkénazes d’Israël. Un jour,
il plie bagage et retourne au bercail. La déception est grande parmi la
communauté marocaine qui a choisi l’exode. Baba Sholmo, l’oncle de
l’auteur, un prospère négociant dans la boucherie casher au marché de
Bab Marrakech, finit vendeur de menthe en Terre promise, et sa femme, Itto, devient vendeuse à la criée de crêpes marocaines, msemmen.
Le Royaume continue, des années après cet exode,
d’«aimanter» les juifs du Maroc, éparpillés aux quatre coins du globe.
L’auteur consacre un chapitre à ces «revenants», ces nostalgiques qui
viennent faire le pèlerinage des saints juifs enterrés au Maroc. «J’ai
quelquefois, raconte l’auteur, rencontré des guides touristiques musulmans qui avaient appris l’hébreu pour mieux accompagner les touropérateurs israéliens... Grand moment que celui de voir un musulman
marocain parler en hébreu avec un Israélien, né au Maroc. L’un parlant l’arabe dialectal, l’autre lui répondant en judéo-marocain. En
chti».
Les 334 pages du livre de Nicole grouillent d’anecdotes, d’histoires vraies de juifs ayant quitté leur pays d’origine, ou ayant refusé
de l’abandonner, racontées d’une plume où l’humour et le sarcasme
côtoient une amertume profonde.