L`opinion - Les placements incontournables pour préparer sa retraite

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L`opinion - Les placements incontournables pour préparer sa retraite
L’opinion - Les placements incontournables pour préparer sa
retraite
05.11.15
Assurance-vie, immobilier, Perp, contrats Madelin... Comment combiner efficacement les différents
produits d’épargne selon ses besoins ? Revue de détail
La situation des régimes obligatoires de retraite ne s’arrange guère et il faut désormais compter
surtout sur soi-même pour se constituer des revenus pour ses vieux jours. Une chose est certaine,
plus votre rémunération est élevée, plus vous y perdrez à la retraite, avec un taux de remplacement
d’environ 65 % du dernier salaire net pour un cadre moyen, 45 % pour un cadre supérieur, 30 % à 35
% pour un cadre dirigeant. C’est pire pour les professions indépendantes, dont le taux de
remplacement chute littéralement à 25 % - mais elles cotisent moins qu’un salarié, et peuvent donc
consacrer davantage de revenus à la constitution d’une retraite privée.
On a l’habitude de dire qu’il faut commencer à épargner le plus tôt possible, pour bénéficier à plein
des effets de la capitalisation sur les produits financiers, les intérêts faisant eux-mêmes des petits et
ainsi de suite. En tout état de cause, ouvrez systématiquement un contrat d’assurance-vie, même si
vous ne l’alimentez que très peu dans un premier temps. C’est à partir de l’année d’ouverture qu’est
décompté le délai de bienveillance fiscale de 8 ans, et vous serez bien content d’en profiter plus tard.
Pour le reste, consacrez votre énergie à l’achat de votre résidence principale, puis au
provisionnement des études des enfants (en moyenne 10 000 euros tout compris, par année d’études
supérieures). Ensuite, « il va falloir identifier vos priorités, qui sont généralement de trois ordres :
vous constituer des revenus complémentaires pour la retraite, garder de l’épargne disponible pour
faire face aux coups durs, pour vous faire plaisir ou faire plaisir aux vôtres, et aussi, selon votre âge,
préparer votre transmission », explique Boris Batchourine, agent prévoyance et patrimoine chez AXA.
Pour vos revenus complémentaires, privilégiez les produits d’épargne-retraite ou l’immobilier ; pour
la transmission comme pour la souplesse d’utilisation, l’assurance-vie. « Il n’existe aucun produit
miracle qui répondra à lui seul à l’ensemble de vos préoccupations, mais panacher ces trois familles
de produits est une bonne idée », explique Gilles Etienne, associé gestion de fortune, chez Cyrus
conseil.
Pour ce faire, il faudra prendre en compte vos fiscalités actuelle et future, vos besoins futurs, le
rendement attendu, etc. Le dosage est propre à chaque épargnant, en fonction de ses appétences
personnelles. Avec une constante cependant : « Consacrez toujours une large part de votre épargne à
l’assurance-vie, sa souplesse lui permettant de s’adapter à toutes les situations. Ce n’est pas le cas
de l’immobilier et de l’épargne-retraite, beaucoup moins liquides et mobilisables rapidement en cas
de besoin », conclut Gilles Etienne.
L’épargne-retraite, si vous payez trop d’impôts
Jusqu’à 70 374 euros à déduire de votre revenu imposable en 2015
Les produits financiers destinés à la préparation de la retraite, qu’il s’agisse du plan d’épargne
retraite populaire (Perp) ou du contrat Madelin pour les professionnels indépendants, sont
contraignants, mais très agiles fiscalement. Avant de vous engager, réfléchissez à deux fois. Les
sommes versées sont en effet bloquées jusqu’à l’âge légal du départ à la retraite, et, entre-temps,
vous ne pourrez les récupérer que dans des cas très spécifiques (décès du conjoint, invalidité,
chômage…).
Ensuite, vous êtes obligés d’alimenter votre contrat Madelin tous les ans, selon une fourchette de
cotisation choisie à l’avance. Les bonnes années vous pouvez verser le maximum autorisé par votre
fourchette et les années de moins bonne fortune, le minimum. Les versements sont en revanche
complètement libres sur le Perp, que vous pouvez alimenter tous les ans ou pas. Enfin, la sortie se
fait en rente viagère, avec une part récupérable de 20 % en capital, mais seulement pour le Perp.
Dans ces conditions, il est recommandé d’y placer les sommes dont vous n’avez pas besoin
actuellement pour vivre et qui, une fois transformées en rente, vous apporteront le complément de
revenu nécessaire à la retraite. Il faut calibrer ce complément de revenu pour qu’il réponde à vos
besoins de consommation ; tout ce qui dépasse et qui a vocation à être transmis à vos héritiers doit
plutôt être placé en assurance-vie, pour bénéficier de son régime attractif en matière de successions.
Malgré tout, Perp et contrats Madelin ont un attrait majeur, leur fiscalité. « Vous pouvez déduire
l’intégralité de vos versements de votre revenu imposable, dans les limites suivantes en 2015 : 10 %
de vos revenus professionnels de l’année précédente plafonnés à 30 038 euros pour le Perp avec un
plancher de 3 755 euros pour ceux qui n’ont pas ou peu de revenus professionnels, une quote-part de
votre bénéfice imposable plafonnée à 70 374 euros pour le contrat Madelin », résume PierreEmmanuel Sassonia, responsable de l’offre retraite individuelle chez Eres.
« Avec le Perp, vous pouvez profiter de vos propres limites de déductibilité ou les partager avec celles
de votre conjoint, ce qui est très avantageux pour constituer une retraite à des personnes qui ne
travaillent pas, par exemple, précise Boris Batchourine, agent prévoyance et patrimoine chez AXA.
Mieux encore, vous pouvez utiliser vos plafonds non consommés, les vôtres et ceux de votre conjoint,
des trois années précédentes. Vous pouvez donc réaliser un versement représentant huit plafonds
annuels ». Très utile les années où vous avez de grosses rentrées d’argent ! L’utilisation des reliquats
de plafonds des années antérieures et le partage des plafonds avec le conjoint ne sont en revanche
pas possibles sur le contrat Madelin. Cependant, les souscripteurs peuvent dans certaines conditions
racheter des années antérieures et verser alors dans la limite du double de la fourchette de cotisation
choisie.
En tout état de cause, ces produits sont à recommander à des personnes fortement imposées, à 41 %
ou 45 %, et qui vont subir une forte baisse de revenus à la retraite. En effet, la rente servie au terme
est imposable comme un salaire, sans avantage particulier. Aussi, pour que l’opération soit
intéressante, il faut que vous ayez basculé dans une tranche d’imposition inférieure à la retraite ou
que vous soyez assujetti à l’ISF. En effet, durant la phase épargne, votre épargne-retraite accumulée
n’entre pas dans votre patrimoine taxable à l’ISF et si, de plus, vous avez épargné régulièrement
pendant au moins quinze ans, cette exonération se poursuit durant votre retraite.
Dernier point, vous pouvez faire des versements les yeux fermés : l’économie d’impôt réalisée n’est
pas comptabilisée dans le plafonnement global des niches fiscales de 10 000 euros par an par foyer
fiscal, qui reste donc pleinement utilisable pour d’autres stratégies de défiscalisation.
L’immobilier, pour jouer le levier du crédit
Attention aux revenus fonciers lourdement taxés
L’immobilier paraît souvent hors de portée et réservé à une clientèle plutôt fortunée. C’est vrai, mais
c’est aussi le seul placement que vous pouvez réaliser à crédit. Nul besoin de disposer d’une grosse
somme initiale pour s’acheter un appartement à mettre en location, une simple capacité d’emprunt
suffit ! « Compte tenu du niveau historiquement bas des taux des crédits immobiliers, il faut
absolument en profiter et emprunter pour acheter son immobilier de rapport, même si l’on a du cash
», explique Benjamin Nicaise, président de Cerenicimo.
L’idée est la suivante : vous empruntez sur quinze ou vingt ans pour acquérir un bien immobilier – ou
une SCPI de rendement d’ailleurs – et vous vous arrangez pour que la date d’échéance de votre crédit
coïncide avec votre départ à la retraite. Une fois à la retraite, vous profitez pleinement des loyers, qui
constituent un bon complément de revenu.
Reste la question centrale, faut-il acheter dans le neuf, dans l’ancien, nu ou meublé ? Le rendement
de chacun de ces placements est déterminant mais pas suffisant. Il convient également de prendre en
compte le poids de l’impôt qui va venir obérer ce rendement. Tous vos gains, loyers ou dividendes de
parts de SCPI, sont soumis à la fiscalité des revenus fonciers. En clair, ils sont taxés dans votre
tranche d’imposition et aux prélèvements sociaux de 15,5 %, soit un taux marginal de 60,5 % pour
ceux qui sont dans la tranche à 45 %, mais encore 56,5 % pour ceux qui sont dans la tranche à 41 %…
Rédhibitoire.
« Imaginons un contribuable taxé au maximum, le rendement net final de son investissement, sera,
après impôt et une fois le crédit remboursé, de 1,2 % en moyenne seulement pour un appartement
neuf acheté en Pinel, de 1,8 % dans l’ancien, mais de 3,45 % en immobilier géré », calcule Benjamin
Nicaise.
Les revenus nets de l’immobilier géré sont meilleurs. D’abord parce que structurellement les
rendements sont plus élevés : « 3,50 % à 4 % pour les résidences étudiantes, 4 % à 4,40 % pour les
résidences seniors, 4 % à 4,80 % pour les résidences de tourisme, 4,20 % à 4,60 % pour les résidences
médicalisées (Ehpad) et de 4,30 % à 5 % pour les résidences affaires », selon Benjamin Nicaise. Mais
aussi parce que la fiscalité des revenus dégagés est beaucoup plus douce. « Vous restez certes taxé
dans votre tranche d’imposition, non plus au titre des revenus fonciers mais à celui des bénéfices
industriels et commerciaux. Vous pouvez donc amortir votre bien sûr trente ou quarante ans. Pendant
la phase de crédit, vous déduisez de vos loyers imposables, les intérêts d’emprunt et
l’amortissement ; ensuite, une fois le crédit remboursé, seulement l’amortissement. Ce qui allège
encore sensiblement la note », fait valoir Gilles Etienne, associé en charge de la clientèle Gestion de
Fortune, chez Cyrus Conseil.
« En ce moment, privilégiez les résidences de tourisme. C’est le pire marché commercialement, mais
le meilleur techniquement ! Suite aux difficultés du secteur, il a très mauvaise presse. Mais
aujourd’hui tous les ajustements sont faits : les mauvais exploitants ont disparu et les loyers ont
baissé. Surtout, en raison du désamour des épargnants, il y a actuellement beaucoup d’opportunités
sur les prix d’achat », fait valoir Benjamin Nicaise. Dans un autre registre, vous pouvez aussi acheter
(à crédit ou pas) des SCPI de rendement, « très appréciées parce qu’elles offrent des revenus stables,
environ 5 %, et qu’elles sont décorrélées des marchés financiers », conclut Edmée Chandon Moët,
présidente du family office Family & You.
L’assurance-vie, systématiquement
152 500 euros en exonération de droits de succession par bénéficiaire
Avec sa souplesse sans égale, l’assurance-vie est absolument incontournable pour la préparation de
la retraite. « Vous pouvez verser ou retirer ce que vous voulez, quand vous voulez. Vous pouvez faire
prospérer votre épargne en fonction de vos besoins et de votre profil. Au bout de huit ans, il arrive à
maturité fiscale - le fameux délai au-delà duquel la fiscalité des gains devient très alléchante »,
explique Boris Batchourine, agent prévoyance et patrimoine chez AXA. L’assurance-vie vous permet
de faire face à vos dépenses imprévues avant la retraite (les Perp ou Madelin, étant réservés à la
préparation de la retraite, sont déblocables en cas de coup dur : invalidité, décès du conjoint, fin de
droits chômage).
L’assurance-vie, tout comme le Perp ou Madelin, vous permet surtout de profiter des marchés
financiers mondiaux, de faire votre répartition sur différents supports d’investissements et de la
modifier avec le temps, en fonction des données de marché. Même s’il ne rapporte plus grand-chose
(2,50 % en moyenne en 2014, ce qui reste malgré tout bien mieux que les autres placements
financiers sans risque de type Livret A), le fonds garanti en euros reste précieux, pour sécuriser vos
avoirs à l’approche de la retraite, ou pour faire office de refuge en cas de grosse tempête boursière.
Enfin et surtout, outre la fiscalité sur vos gains, très allégée après huit ans, l’assurance-vie bénéficie
d’un régime d’exception en matière de droits de succession. Grâce à elle, vous pouvez transmettre
152 500 euros à chacun de vos bénéficiaires (quel que soit leur lien de parenté avec vous), en totale
exonération de droits, sous réserve d’avoir effectué vos versements avant vos 70 ans révolus. Ces
bénéficiaires, s’ils sont aussi vos héritiers, peuvent cumuler cet abattement spécifique à l’assurancevie avec celui dont ils bénéficient au titre du droit des successions classique (100 000 euros par enfant
par exemple). Et si vous désignez dix bénéficiaires – par exemple, vos enfants et vos petits-enfants –
ce seront 1 560 000 euros qui changeront de main en totale exonération d’impôt. Vraiment
incontournable !

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