Trop de bruit nuit aux droits de l`homme
Transcription
Trop de bruit nuit aux droits de l`homme
n° 109 03.2005 g le magazine de l’environnement sonore défavorables de la part des autorités municipales au regard des troubles, des gênes ou des nuisances qui pourraient en résulter, notamment lorsque par leur comportement, les propriétaires des autocaravanes ne sont respectueux ni des lois, ni des usages ni de l’environnement. C’est dans ce contexte que certains maires ont pu être portés à interdire de façon absolue le stationnement des autocaravanes sur l’ensemble du territoire de leur commune, provoquant ainsi auprès du Gouvernement les protestations des représentants des producteurs d’autocaravanes ainsi que des associations de défense des utilisateurs. Echo Bruit Écho des villes C’est pourquoi il a paru utile, par la présente circulaire, de rappeler le contenu et la portée des diverses dispositions législatives et réglementaires figurant au code général des collectivités territoriales, au code de la route et au code de l’urbanisme et permettant, sous réserve de l’appréciation souveraine des tribunaux, de fonder les décisions éventuelles des autorités locales en matière de stationnement des autocaravanes. Circulaire (Intérieur, Equipement, Tourisme) du 19 octobre 2004 relative au stationnement des autocaravanes dans les communes - NOR/INT/D/04/00127/C. ■ En août 1997, Mme Moreno Gomez présenta une réclamation auprès de la mairie de Valance et face au silence de l’administration, introduisit un recours contentieux-administratif devant le tribunal supérieur de justice de Valence. Son action fut rejetée par un arrêt du 21 juillet 1998. Madame Moreno Gomez forma alors un recours d’amparo qui fut déclaré recevable par le Tribunal constitutionnel. Cependant, par un arrêt du 29 mai 2001, le tribunal rejeta le recours de la requérante, au motif qu’elle n’avait pas prouvé l’existence d’un lien direct entre le bruit et le dommage allégué ni l’existence d’une nuisance au sein de son domicile emportant violation de la Constitution. … EU RO P E JURISPRUDENC E Trop de bruit nuit aux droits de l’homme La Cour européenne des droits de l’homme vient de condamner l’Espagne pour violation de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui protège le droit au respect du domicile et de la vie privée. Les faits… La requérante, Pilar Moreno Gomez, réside depuis 1970 dans un quartier résidentiel de Valence. En 1974, la mairie de Valence autorisait l’ouverture à proximité de son domicile de bars, pubs et discothèques rendant impossible le repos des personnes habitant dans ce secteur de la ville. Compte tenu des problèmes engendrés par le bruit, la mairie ordonna en 1993 une expertise de laquelle il ressortait que les niveaux sonores étaient inadmissibles et dépassaient les limites permises, atteignant 115 décibels les samedis à plus de 3 heures 30 du matin. Par ailleurs, selon un rapport de la police, qui fut transmis à la municipalité, les nombreuses plaintes des habitants du quartier étaient fondées et les établissements musicaux concernés ne respectaient pas toujours les horaires de fermeture. En 1996, la mairie de Valence déclara le quartier «zone acoustique saturée», ce qui entraîna l’interdiction de lancer de nouvelles activités bruyantes, comme l’exploitation de boîtes de nuit. En dépit de cela, un mois plus tard, le maire autorisa l’ouverture d’une nouvelle discothèque dans l’immeuble de madame Moreno Gomez. Cette autorisation fut annulée en octobre 2001. 31 n° 109 03.2005 le magazine de l’environnement sonore g Echo Bruit La décision… Le 22 novembre 2001, Madame Moreno Gomez a alors déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme. Elle soutenait que la pollution sonore provoquée par les boîtes de nuit situées à proximité de son domicile avait porté atteinte au droit au respect de son domicile en violation de l’article 8 de la convention (droit au respect de la vie privée et familiale) et en imputait la responsabilité aux autorités espagnoles. La Cour a constaté que l’administration espagnole avait certes adopté des mesures visant au respect des droits garantis par la Convention, mais qu’elle avait par ailleurs toléré l’inobservation réitérée de la réglementation qu’elle avait elle-même établie et y avait aussi contribué. Compte tenu de l’intensité des nuisances sonores, hors des niveaux autorisés et pendant les heures Écho des villes nocturnes, et du fait que ces nuisances se sont répétées durant plusieurs années, la Cour a conclu à l’atteinte aux droits protégés par l’article 8. En application de l’article 41 (satisfaction équitable) de la Convention, la Cour a alloué à Mme Moreno Gómez 3 884 Euros pour dommage matériel et moral, ainsi que 4 500 Euros pour frais et dépens. Cet arrêt doit inciter les maires de France à être attentifs à l’exercice des pouvoirs qu’ils détiennent en matière de lutte contre le bruit. Cour européenne des Droits de l’Homme - Arrêt de la chambre Moreno Gomez c. Espagne - requête n° 4143/02 (16 novembre 2004). Les arrêts de la Cour sont disponibles sur son site Internet : http://www.echr.coe.int ■ Beijing : première législation sur la pollution sonore La population chinoise va être consultée sur l’idée de projet de loi sur la prévention et le traitement de la pollution sonore en Chine a annoncé le 32 Bureau municipal pour la protection de l’environnement de Beijing (BMPE). Des députés de l’Assemblée populaire municipale de Beijing tenue début janvier ont proposé de légiférer la nuisance sonore, alors que les plaintes en la matière se sont multipliées ces dernières années, a indiqué Zhou Xiaofan, chef du Service juridique du BMPE. Selon des experts le bruit perturberait la vie quotidienne de plus d’un million d’habitants. Zhou a indiqué que les actuels « R é g l e m e n t s p r ov i s o i r e s s u r l’administration de la pollution sonore de Beijing» avaient été publiés en 1984, et ne tenaient pas compte des nouvelles sources de nuisance sonore causées par l’essor de la communication et des ■ constructions. VIENT DE PARAÎTRE Le bruit comment y faire face Lucie Guchet Les nuisances en général, et le bruit en particulier, constituent une source de conflit au sein des communes. Si la proximité des voisins, que l’on soit en maison individuelle ou en copropriété, oblige à supporter certaines contraintes, se pose la question du seuil audelà duquel ces contingences ne sont plus supportables et deviennent des troubles anormaux de voisinage. Nombre de textes existent en la matière mais reste encore à les appliquer à bon escient afin de prévenir, diminuer ou enfin faire cesser la nuisance anormalement provoquée par une tierce personne. • Comment lutter contre le tapage nocturne, diurne ? • Comment faire cesser la musique du voisin ? • Comment lutter contre le trafic aérien, routier ? • Comment réglementer une activité commerciale ? • Comment faire réglementer des fêtes intempestives ? • Comment mettre aux normes les revêtements de sol ? Tout en exposant les différentes nuisances et leur réglementation, cet ouvrage se propose d’aborder les solutions pratiques envisageables, les possibilités de conciliation et le cas échéant, à défaut d’accord, les solutions judiciaires. Le tout est agrémenté de jurisprudence et des “questions-réponses” pour en faciliter l’application. 206 pages -19,80 EUR Éditions du Puits Fleuri Collection Le conseiller juridique pour tous ISBN : 2-86739-250-0 www.puitsfleuri.com