Aide à la visite "En avant la musique"
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Aide à la visite "En avant la musique"
Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite En avant la musique Exposition présentée au Musée de la lutherie, Cours Stanislas à Mirecourt du 8 juin 2008 au 24 mai 2009 Les extraits musicaux choisis pour illustrer le parcours de visite et diffusés au moyen de bornes sonores sont signalés en bleu foncé dans le texte. A chacun son style (violons) Au départ, un instrument populaire peu considéré qui trouve peu à peu sa place dans l’orchestre Au16ième siècle lorsque le violon apparaît en Italie, c’est un instrument populaire joué par des musiciens ambulants, ménétriers et violoneux, qui animent les danses et les bals. C’est toujours en Italie au début du 17ième siècle que le violon trouve sa place comme instrument de concert. En France, Louis XIII crée «la Bande des 24 violons du Roy» en 1626, doublée en 1656 de la «Petite Bande» sous l'impulsion de Lully. Mais c’est véritablement à partir du 18ième siècle que la place du violon dans l'orchestre est valorisée avec des compositeurs comme Couperin (1668 -1733) et des violonistes-compositeurs comme Leclair (1697-1764). Giuseppe Tartini (1692-1770), Sonate en sol mineur « le Trille du diable » Interprète : J.J Kantorow. A l'origine de trois grandes écoles de lutherie européenne : italienne, allemande et française C'est à Crémone que se développe l’école italienne de lutherie. André Amati (15351610) est le premier à fabriquer des violons de qualité. Son fils Nicolas (1596-1684) effectue les progrès nécessaires tant sonores qu'esthétiques. La lutherie crémonaise atteint son apogée avec Antonio Stradivari (1664?-1737). Jacob Stainer (1621-1683) et Léopold Widhalm (1722-1776) sont parmi les plus appréciés des premiers luthiers allemands. L'école allemande va se développer à Mittenwald en Bavière. A Mirecourt, le premier contrat d'apprentissage connu est établi en 1629. La ville devient le centre d'apprentissage de nombreux luthiers français à partir du 19ième siècle. Aujourd'hui encore la formation des jeunes luthiers s'effectue principalement dans ces trois villes européennes. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 1 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite A la forme normalisée Trois grandes périodes marquent les changements de structure du violon, baroque, classique et moderne. Elles répondent aux exigences techniques des violonistes ainsi qu’aux nouvelles conditions de diffusion de la musique – dans des salles de plus en plus grandes. Pour une sonorité plus puissante on remplace les cordes en boyau de mouton par des cordes métalliques qui augmentent la force exercée sur la caisse. Il devient alors nécessaire d’allonger la barre d’harmonie pour résister à cette tension. Au 19ième siècle, de nombreux brevets d’inventions sont déposés pour améliorer les performances sonores de l’instrument. Certains ingénieurs, médecins ou luthiers, sur la base de principes acoustiques, tentent d’innover en proposant de nouvelles formes de violon. Citons Félix Savart (1791 – 1841) avec le violon de forme trapézoïdale présenté à l’Académie des sciences et à l’Académie des beaux-arts en 1819 mais aussi François Chanot avec le violon sans coins ou violon guitare. Ces tentatives sont restées sans suite. Camille Saint-Saens (1835-1921), Havanaise, op.83 Interprète : Ulf Hoelscher - New Philharmonia Orchestra Anton Dvorak (1841-1904), Concerto pour violon en la mineur Op.53 – Finale Interprète : Frank Peter Zimmermann- The London Philharmonic. Amplifié dans les musiques actuelles L’hégémonie des cuivres dans les ensembles de musiques populaires oblige les violonistes et les luthiers à trouver des solutions techniques pour adapter l’instrument à ces formations orchestrales de plus en plus importantes et sonores ! Dans les années 1925, l’utilisation des micros magnétiques et des amplificateurs est appliquée au violon. Mais les premiers violons électroacoustiques n’ont pas le succès des premières guitares amplifiées. Une première solution arrive avec les microscontact, d’abord magnétiques puis piézo-électriques ; fixés sur l’instrument, ils captent directement les vibrations de la table ou du chevalet. Ils permettent le retour du violon dans les musiques de jazz, de folk et de rock. On fabrique aujourd’hui des violons électriques à caisse pleine : conçus pour la scène et le studio, ils libèrent le musicien des problèmes de sonorisation et lui permettent d’exprimer pleinement la sensibilité des cordes frottées dans les contextes musicaux contemporains. Florin Nicuslescu et Bireli Lagrène, Embraceable you, 2001 Régis Huby, Féodal2., 1998 Jean-François Vrod, Voyage 2, 2000 Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 2 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite A chacun son style (guitares) On trouve référence de l’ancêtre de la guitare dès le 13ième siècle dans les enluminures espagnoles. Et c’est précisément en Espagne que l’instrument prend son essor. Avec le temps, les formes de la guitare évoluent : ses courbes s’arrondissent, sa taille s’affine et les éclisses, perpendiculaires à la table, distinguent peu à peu la guitare des autres instruments de la même famille, tels le luth et la mandoline. Des premières guitares aux guitares romantiques La première guitare conservée équipée de six cordes simples est construite à Orléans en 1773 par le luthier François Lupot, originaire de Mirecourt et père du célèbre luthier Nicolas Lupot. La facture de guitare apparaît à Mirecourt vraisemblablement au cours du 18ième siècle. Vers 1850, on y réalise la plupart des guitares françaises, malgré la présence à Paris de deux luthiers de renom, René Lacotte et Etienne La Prévotte, nés tous deux à Mirecourt à la fin du 18ième siècle. L’instrument à cette époque est un peu plus petit que la guitare classique actuelle, sa taille est étroite, la longueur des cordes en boyau est plus courte, le manche est étroit et fin. Elle a un son plus clair que de nos jours. On appelle aujourd’hui ces guitares des «guitares romantiques ». Pierre-Jean Porro (1750-1831), Duo Op.11 n°3, Rondo Gracioso amabile moderato, Interprète : Caroline Delume - Ensemble Adelaïde La guitare classique C’est Antonio de Torres Jurado, luthier espagnol du 19ième siècle, qui donne corps à la guitare classique moderne en accentuant les dimensions de la guitare, tout en lui conservant une taille bien resserrée. Il utilise des matériaux plus légers, des tables plus fines. Il développe surtout le barrage. Constitué de fines pièces de bois disposées à l‘intérieur de l’instrument, le barrage consolide la table de la guitare tout en lui laissant le maximum de liberté de mouvement. Les guitares classiques sont montées avec des cordes en boyaux ou en nylon. Francisco Tarrega (1852-1909), La Gran Jota, Interprète : Emmanuel Rossfelder Vers 1900, on observe une époque de transition : les catalogues de la maison Thibouville de 1887 – 1893 et de 1912 et celui de la manufacture d’armes et de cycle de Saint Etienne de 1914 proposent encore des instruments des deux genres : les «guitares romantiques» et les «guitares espagnoles». Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 3 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Guitares d’aujourd’hui Pour que le volume sonore des guitares puisse rivaliser avec celui des autres instruments, les luthiers américains, sollicités par les musiciens, inventent la guitare montée avec des cordes en métal, soit la guitare acoustique à table plate ou «flat top» ou la guitare à table bombée et aux ouïes en « f » ou «arch top» qui dérive des techniques de fabrication employées pour le violon (table et fond sont voûtés, sculptés dans une pièce de bois massive). Jacques Fuller, Lis-moi dans la main, Tzigane, 1950 Interprète : Roland Zaninetti La naissance et l’évolution de la guitare électrique sont d’origine américaine. Le micro tient lieu de point commun entre toutes les guitares électriques. La guitare électrique est dotée d’une caisse creuse (électro-acoustique) ou d’une demi-caisse ou quart de caisse (selon la hauteur des éclisses) ou d’une caisse pleine (solid body), d’un manche pourvu de barrettes et de 4 à 12 cordes. Dans les années 1980, pour agrandir la palette sonore des guitaristes, la guitare est dotée de capteurs et de convertisseurs pouvant piloter des synthétiseurs ou des modules de sons en MIDI ou Interface Numérique pour Instruments de Musique, le langage de communications des synthétiseurs et ordinateurs musicaux. On convertit le signal analogique provenant de la guitare en message électronique compatible avec les entrées des synthétiseurs. C’est la guitare synthétiseur. La guitare électrique Satisfied mind, Jeff Buckley (1966 – 1997) Et ses effets…. Le crunch : Johnny be good, Chuck Berry, né en 1926 La distorsion : Venus erotica, Forbidden site, groupe des années1996 à 2003 Le trémolo : Bang Bang, Nancy Sinatra, née en 1940 La wa-wa : Vodoo Chile, Jimi Hendrix (1942 – 1970) Le filtre : The power cosmic part II, Joe Satriani, né en 1956 La guitare synthétiseur : Duncan terrace, Hallan Holdworth, né en 1946 Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 4 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite A chacun son style (mandolines) Par sa forme générale la mandoline évoque un luth de petite taille. Elle possède une caisse de résonance à fond bombé, un manche court muni de frettes et terminé par un chevillier auquel s’accrochent les cordes. Ses origines La mandoline descend probablement de la mandore qui apparaît en France à la fin de la Renaissance. Vers 1650, la mandore arrive en Italie sous le nom de mandola ou mandolino. On l’appellera plus tard mandoline lombarde ou milanaise. Plusieurs types de mandolines La mandoline lombarde (ou milanaise) a une caisse de résonance modérément bombée, en forme d’amande, présentant un long chevillier en forme de crosse recourbé vers l’avant. C’est le cordier fixé sur la table d’harmonie qui fait office de chevalet. Elle est souvent percée de trois ouïes frontales. Au départ elle a 4 cordes, puis 5 et enfin six. Celles-ci sont doubles tout d’abord, puis simples à partir du 18ième siècle. Elles sont souvent en boyau, et pincées directement avec les doigts. Cette mandoline est accordée en tierces ou en quartes. Aujourd’hui elle est montée de 6 cordes simples de boyau accordées comme celles d’une guitare (mi, la, ré, sol, si, mi). La mandoline napolitaine, qui en dérive, apparaît vers 1750. Beaucoup plus répandue, elle possède une caisse au dos profondément voûté composée de nombreuses et fines côtes de bois. Les cordes métalliques s’attachent à la lisière inférieure de la table et sont soulevées par un chevalet. La touche plate comporte de petites frettes, le chevillier creux est légèrement incliné vers l’arrière. Les quatre rangs de doubles cordes sont accordés comme les quatre cordes du violon moderne (sol, ré, la, mi). Elle est jouée avec un plectre ou médiator, qui fut aussi un bec de plume ou une fine baguette de bois. Sa table d’harmonie s’ouvre d’une ouïe ovale, au-dessus de laquelle est incrustée une plaque d’écaille ou de bois dur pour la protéger des impacts dus au jeu du musicien. La mandoline ronde moderne qui en dérive comporte une touche pourvue de nombreuses frettes métalliques ; les chevilles latérales sont montées sur une mécanique qui facilite l’accord. Dès le 18ième siècle les mandolines forment une famille instrumentale qui comporte le soprano, l’alto et la basse ou mandole. Dans les graves, il existe encore le mandoloncello, la mandoline basse ou mandolone. Mirecourt et la mandoline La production de mandoline débute probablement à la fin du 19ième siècle. Elle se développe aussi bien dans de petits ateliers que dans les grandes manufactures comme Laberte et Thibouville. On fabrique des mandolines rondes ou plates, du modèle luxueusement marqueté et décoré au modèle le plus simple. La production Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 5 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite connaît son apogée entre les deux guerres mondiales. Aujourd’hui, deux ateliers fabriquent encore des mandolines. Avec la mandoline jazz et la mandoline électrique à caisse pleine, la production s’est adaptée aux musiques actuelles. Un répertoire varié Le répertoire populaire européen consiste le plus souvent en transcriptions de pièces pour solistes ou pour ensembles avec la mélodie sur accompagnement de guitares, joués par les orchestres à plectre appelés «estudiantinas» en Italie. La mandoline est jouée dans de nombreuses musiques populaires comme le choro au Brésil et le bluegrass et la country music aux Etats-Unis. La mandoline retient aussi l’attention des compositeurs. Vivaldi (1678 - 1741) écrit un concerto pour deux mandolines. D’Italie, elle passe en France vers 1760, puis en Allemagne. Mozart (1756 –1791) l’introduit dans la célèbre sérénade de Don Juan en 1787 et Beethoven (1770 – 1827) écrit diverses pièces avec mandoline. Peu jouée à l’époque romantique, elle retrouve une certaine faveur à la fin du 19ième siècle. On trouve un petit ensemble de mandoline dans l’Othello de Verdi (1813 – 1901). A.Schoenberg (1874 – 1901) utilise la mandoline dans sa Sérénade opus 24, Anton Webern (1883 – 1945) dans ses 5 pièces pour orchestre opus 10 et Igor Stravinsky (1882-1971) dans Agon. Antonio Vivaldi (1678-1741), Concerto pour deux mandolines et orchestre Interprète : Philharmonie de Lorraine Raffaele Calace (1863-1934), Prélude Interprète : Hélène Peret. Dirty Linen, The woods of Old Limerick, 1996 Joaquim Perez, Caribe Interprète : Cristobal Soto Marco Pereira et Aldir Blanc, O Teatro da Natureza Interprète : Hamilton de Holanda Francisca Gonzaga (1847-1935), Gaucho Interprète : Mélonious quartet Romani Gili Dschané, Ado dschavo Thierry Lecocq, Up and Down Hornpipe Christian Séguret, Four Fools Djavan, Oceano Interprète : Armandinho Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 6 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Le geste et l’outil… les bois de lutherie La matière première est l’élément essentiel de la sonorité d’un instrument. Le bois utilisé en lutherie fait ainsi l’objet d’une attention particulière et d’une sélection rigoureuse : il faut qu’il sonne juste. L’épicéa pour la table, l’âme et la barre Une pousse lente et régulière à une altitude de 1000 à 1500 m donne le meilleur bois. Un faible densité, une résistance importante à la déformation, des fibres bien droites et alignées le situe au premier rang des bois de résonance. La vitesse de propagation du son y est remarquable. Les meilleurs bois proviennent du Jura et du Tyrol. L’érable sycomore pour le fond, les éclisses, le manche et le chevalet L’érable doit avoir une croissance fine et régulière. C’est un bois homogène, d’une densité moyenne. Il possède une très bonne résistance à la compression, à la flexion et aux chocs. Ce sont ces caractéristiques qui en font un bois aux qualités acoustiques indéniables. Ses propriétés esthétiques ont également déterminé son choix pour la lutherie. Il a un très bel aspect, la structure ondée des fibres détermine des chatoiements du plus bel effet. Les meilleures essences proviennent plus particulièrement de Hongrie, de Suisse et de Bosnie. Et des bois exotiques recherchés pour leurs qualités spécifiques L’ébène pour la touche, le cordier, les chevilles du violon et la hausse de l’archet Ce bois tropical de couleur noire se caractérise par sa densité importante. Bois dur par excellence, il résistera à la pression exercée sur le manche par les cordes, par exemple. Il est utilisé aussi bien par le luthier que par l’archetier pour cette qualité. L’ébénier est un arbre tropical qui pousse - entre autres - sur l’île de Madagascar. Le pernambouc pour la baguette d’archet C’est une variété d’acacia provenant essentiellement de la forêt tropicale atlantique du Brésil. Déjà connu en Europe pour ses propriétés tinctoriales, c’est à partir du milieu du 18ème siècle que l’on découvre ses qualités pour l’archèterie. Sa rigidité, sa flexibilité, sa densité, sa beauté, sa capacité à conserver le cambre, font de cette essence de bois un matériau idéal pour la réalisation de la baguette d’archet. Le débit du bois spécifique pour la lutherie Le tronc débité en billes à la largeur de l’instrument (violon, alto, violoncelle) est coupé en «tranches» sur quartier. Les planchettes sont ensuite refendues et un joint collé est réalisé. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 7 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Le geste et l’outil… fabriquer un violon Montage des éclisses Les six éclisses d’érable sont assemblées autour du moule. D’abord courbées sur un fer à plier, elles sont collées aux deux tasseaux et aux quatre coins. L’ensemble est maintenu sur le moule par des happes. Ebauchage Dix ans au moins sont nécessaires au séchage des planches utilisées. La forme de la voûte, définie par le gabarit de voûte, est ébauchée avec des gouges et des rabots depuis la varlope jusqu’à la noisette. L’épaisseur des différentes parties de la voûte est contrôlée au 1/10ème de millimètre près, grâce au compas d’épaisseur. Filetage Le filet sert à renforcer la table et le fond et éviter qu’ils ne se fendent. Il est composé d’un brin d’érable et de deux brins d’ébène. Préalablement délimité grâce au traçoir à filet, la mortaise est creusée au bédane. Le filet est ensuite inséré avec un petit marteau. Finitions La table, le fond et les bords sont finis au ratissoir. Le dessin des ouïes ou ff est fait à main levée. Un gabarit d’ouie permettra de le reporter sur la table. Les ouïes sont ensuite creusées au canif. Sculpture du manche Le manche est réalisé dans un bloc d’érable à l’aide de gabarits et de gouges. La volute est sculptée avec des ciseaux de sculpteurs. Les trous de chevilles sont percés à l’aide de la lousse. Pose de la barre La barre d’harmonie est collée sous la table dans la longueur de l’instrument grâce à la pince à barre. Elle vient renforcer la table et agit sur la sonorité des graves par un effet de ressort. Montage du coffre Le fond, marqué au fer du nom du luthier qui a réalisé l’instrument, est collé aux éclisses. Ensuite le moule est ôté. La table est collée au coffre. L’ensemble est maintenu par des vis à tabler. Le manche est collé dans une mortaise pratiquée dans le tasseau du haut de la caisse. On utilise de la colle à base de gélatine à base de protéines animale (colle de peau, de nerf, d’os, etc.) obtenue à partir de dessiccation animale. La colle déshydratée se présente sous la forme de petites perles ou plaques ou poudres. Elle se dissout dans l’eau chaude. Le collage reste réversible et s’utilise à chaud. A cette étape de fabrication du « violon en blanc », le luthier a travaillé environ 80 heures. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 8 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Pose de l’âme, réglages L’âme est un petit cylindre d’épicéa inséré par une ouïe entre la table et le fond à l’aide d’une pointe à âme. Elle transmet les vibrations à l’ensemble de la caisse ; sa position et son ajustement vérifiés à l’aide du miroir de dentiste, déterminent la sonorité du violon. Vernissage Le vernis est composé de résines minérales ou végétales diluées dans de l’huile, des essences ou de l’alcool. De fines couches, sept au minimum, sont apposées au pinceau. Le vernis à un rôle de protection face à l’hygrométrie ambiante parce qu’il stabilise les mouvements du bois. Il protège également le bois des poussières et salissures et il évite le développement des moisissures sur les instruments. Enfin, il protège contre les chocs et les éraflures car l’épicéa et l’érable sont des bois fragiles et tendres. Par ailleurs, le vernis a un rôle esthétique : il met en valeur le bois et ses structures naturelles et il rehausse le dessin et la forme d’où la nécessité d’une transparence. Le vernis à un rôle acoustique : si le vernis ne favorise pas les performances acoustiques à proprement parler, il y participe, en ne paralysant pas le phénomène de vibration et s’il n’étouffe pas les sons. Un « bon » vernis, peut rendre le son et le timbre de l’instrument très agréable. Pose des accessoires La touche, maintenue lors de son façonnage par la guimbarde de touche, est collée sur le manche. Les cordes sont attachées au cordier. Puis, tendues à l’aide des chevilles (ajustées avec le taille cheville) elles passent sur le chevalet qui transmet les vibrations à la table. Le luthier et le musicien travaillent ensemble aux derniers réglages qui vont donner à l’instrument sa sonorité et sa personnalité en positionnant l’âme et en réglant la hauteur du chevalet. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 9 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Le geste et l’outil… petit dictionnaire des outils du luthier* * d’après « Dictionnaire de la lutherie et de l’archèterie », Eric Lehmann, Editions des Amis de la musique, Bruxelles, 2006 Bédane Outil de la famille des ciseaux. Fondu et trempé, cet outil étroit est plus épais que large. Son tranchant est dans le sens de l’épaisseur de la lame d’acier qui le constitue. En lutherie, le bédane sert à évider une mortaise (mortaise de tête ou mortaise de filet). Canif Outil comportant une lame d’acier aiguisée qui permet au luthier de parfaire la coupe du bois, notamment pour la finition des « F », des bords, de la barre, du chevalet, etc. C’est l’outil principal du luthier. Colle En lutherie, on utilise de la colle à base de gélatine et à base de protéines animale (colle de peau, de nerf, d’os, etc.) obtenue à partir de dessiccation animale. La colle déshydratée se présente sous la forme de petites perles, en plaques ou en poudre. Elle se dissout dans l’eau chaude. Le collage reste réversible et s’utilise à chaud. Compas d’épaisseur Outil qui permet de mesurer précisément l’épaisseur du fond et de la table dans toutes ses parties. Diapason Petit instrument d’acier en forme de fourche qui, mis en vibration, donne le « La » à la fréquence de 440 périodes. Equerre Outil qui sert à tracer ou à vérifier des angles droits. Fer à plier Outil qui est utilisé pour plier à chaud les éclisses à la courbure souhaitée. Une fois les éclisses humidifiées, on positionne ces dernières contre une forme métallique chaude plus ou moins cylindrique et à l’aide d’un guide métallique ou en bois (pliette), par simple pression, on obtient différentes courbures. Gabarit Modèle en bois, en carton ou en métal servant à tracer et / ou à vérifier la forme et les dimensions. Gabarit de voûte Modèle utilisé pour réaliser la forme de la voûte du fond et de la table avant leurs montages sur la couronne d’éclisses. Ces modèles varient en fonction du type d’instrument et de sa provenance. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 10 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Gouges Outil creusé en canal, à bout en acier tranchant et courbe. Guimbarde de touche Accessoire en bois qui permet de maintenir la touche lors de son façonnage avant collage. On utilise aussi ce terme pour désigner le même type d’accessoire adapté au chevalet. Happe Terme employé par les luthiers à Mirecourt. Ce sont des serres-joints métalliques destinés à assembler les tasseaux et les coins sur les éclisses. Lousse Ou louce. Outil servant à donner aux trous de cheville la forme conique nécessaire. Il est en acier de section concave dans sa largeur et tranchant des deux côtés. Marque au fer Elément d’identification réalisé grâce à une forme de métal chauffée qui est ensuite appliquée sur un support en bois. En lutherie, une marque au fer dans l’instrument permet son attribution au luthier qui l’a réalisé. Il en est de même en archèterie. Marteau à fileter Petit marteau utilisé pour insérer le filet dans la mortaise. Miroir de dentiste Il sert à vérifier le bon ajustage d’une âme dans la caisse d’harmonie. Il est également utilisé pour voir d’éventuels décollages. Pied à coulisse Instrument de précision qui est utilisé pour mesurer les distances linéaires (les droites) en centimètres, millimètres, dixième de millimètres et centième de millimètres. Pince à barre Terme de Mirecourt. Cet outil est utilisé pour coller la barre sur la table. Il est réalisé en bois de hêtre, d’érable ou d’alisier et se présente sous la forme d’une pince entaillée à l’intérieur. Pointe à âme Instrument en forme de lancette et courbé en « S » servant à glisser l’âme par l’ouïe du côté des cordes aiguës à l’intérieur de l’instrument de musique. Rabot Outil de menuisier, de luthier et d’archetier formé d’une lame de métal oblique ajustée dans un fût qui laisse dépasser le tranchant, servant à enlever les inégalités présentes à la surface d’une pièce de bois. Rabot noisette Petit rabot. Il est muni d’une semelle courbe servant à raboter les voûtes de la table et du fond. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 11 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Ratissoir Terme utilisé par les luthiers de Mirecourt. Outil en métal (plaque d’acier, affûtée sur l’un ou plusieurs de ses côtés) employé pour lisser une surface de bois, afin d’obtenir une surface parfaite et régulière sur la table et le fond des instruments. Règle Planchette allongée ou tige à arêtes rectilignes, en acier, aluminium ou plastique, qui est employée pour tracer. Elle sert à guider le crayon, le feutre, etc., quand on trace un trait. Elle permet de mesurer une longueur, une distance linéaire. Scie Outil, machine ou pièce de machine dont la partie essentielle est composée d’une lame dentée rectiligne ou circulaire. On s’en sert pour couper les matières dures. Taille – Cheville Outil servant à tailler les cônes des chevilles avant de les ajuster sur le chevillier. Tasseaux Pièces de bois qui se situent de part et d’autre de la caisse du violon. Le tasseau du haut et le tasseau du bas permettent de raccorder et de fixer la table et le fond, les éclisses et les contre-éclisses. Traçoir à filets Outil de lutherie en forme de gaine métallique comprenant deux fines lames pointues pour marquer l’emplacement des filets. Pour assurer une distance régulière du bord, le traçoir possède une prolongation latérale qui sert d’appui posé sur le chant de la pièce à fileter. Varlope Grand rabot muni d’une poignée pour planer ou dresser une surface de bois et dresser les joints de la table et du fond. Vernis Solution résineuse qui laisse sur l’objet à la surface duquel on l’applique, après évaporation ou solidification (polymérisation ou séchage), une pellicule unie et transparente. Elle est utilisée avant tout pour protéger le bois mais également pour le décorer (vernis de couleur). En lutherie, il existe différentes sortes de vernis : les vernis à l’alcool, à l’essence grasse, à l’essence pure, à l’huile. Vis à tabler Outil en bois qui est utilisé pour assembler la table et le fond sur les éclisses. Cet outil de serrage permet une pression nécessaire pour tabler et fonter. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 12 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite « L’archet, c’est le violon » * Fabriquer un archet La baguette Elle est réalisée en bois de pernambouc, ayant séché de trois à sept ans. Le bois est travaillé à chaud pour obtenir la cambrure nécessaire. Une baguette de qualité allie souplesse, nervosité et équilibrage. La hausse Elle est en ébène, ornée d’argent, d’or ou de maillechort, et de nacre. Autrefois, elle pouvait être en ivoire ou en écaille de tortue. L’archetier pratique une entaille appelée « coulisse » dans la pièce qui viendra s’adapter à la baguette. Un système de vis écrou permet de régler la tension de la mèche. La mèche La mèche est tendue entre la tête de l’archet et la hausse. Elle est constituée de crins de premier choix, provenant de chevaux mâles de Mongolie, de Chine, ou d’Australie. Passée à la colophane, mélange de résine de pin et d’essence de térébenthine, la mèche met les cordes de l’instrument en vibration. Le bouton Le bouton cylindrique reçoit la vis qui règle la tension de la mèche. La garniture Constituée d’un fil d’argent ou d’or enroulé autour de la baguette, elle protège le bois de l’usure. Son poids équilibre aussi la baguette. Typologie des archets A chaque instrument son archet C’est l’archet qui en frottant la corde la met en vibration. L’ensemble des instruments du quatuor, c’est à dire le violon, l’alto, le violoncelle et la contrebasse se jouent avec un archet qui leur est adapté. Les différences se font sur la taille, le poids et la mèche. Archet de violon : 74 cm pour 60 g environ Archet d’alto : 72 cm pour 70 g environ Archet de violoncelle : 70 cm pour 80 g environ Archet de contrebasse : 67 cm pour 115 à 145 g * Giovanni Battista VIOTTI (1755-1824), violoniste et compositeur italien Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 13 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite L’archet, prolongement du bras du musicien C’est en fonction du poids, du centre de gravité et des vibrations de l'archet que le musicien éprouve des sensations plus ou moins prononcées. Yehudi Menuhin nous fait part de son émerveillement : « Je ne peux cesser de m’étonner, de m’interroger et de m’émouvoir en songeant à la fabuleuse découverte que constitue l’archet : seule une prodigieuse étincelle de génie doublée d’une incroyable détermination intérieure pouvait inspirer à l’homme l’idée qu’il était possible de maintenir une corde en vibration constante, cela grâce au frottement continuel d’une mèche sur la corde. » François Xavier Tourte, créateur de l’archet moderne Il faut attendre la fin du 18ème siècle, pour que parallèlement à la transformation de la technique du jeu et de la fabrication du violon, l’archet évolue. C’est la famille Tourte qui apporte des changements significatifs tant dans la technique de fabrication que dans la reconnaissance de la profession d’archetier. Fils et frère d’archetiers, François Xavier Tourte (1748-1835) enrichit l'archet d'innovations multiples : Le pernambouc François Xavier Tourte adopte le bois de pernambouc importé du Brésil, dont le rapport entre la rigidité et la légèreté est optimum. Il scie et rabote des baguettes droites, qu'il courbe ensuite au-dessus d'une flamme. Ainsi la continuité des fibres du bois est préservée : l'archet sera nerveux. Le centre de gravité Pour optimiser l'équilibre, François Xavier Tourte utilise des pièces de métal qui renforcent aussi les endroits fragiles souvent victimes de fêlures (bouton, passant, et talon de la hausse). L'archet est mieux équilibré et plus solide. La tension de la mèche Enfin, l'archetier invente le passant qui fixe les crins formés en une mèche plate et régulière à l'aide d'une petite cale, le taquet. Puis il recouvre les crins sur le taquet avec un talon en nacre. La mèche est régulièrement tendue. Le modèle Tourte règne en maître pendant toute la première moitié du dix-neuvième siècle, puis François Nicolas Voirin fixe de nouvelles normes. Quelques uns des grands archetiers de Mirecourt Etienne Pajeot (1791-1889) Fils du luthier Louis Simon Pajeot, la marque au fer d'Etienne Pajeot apparaît vers 1815. Florissant, son atelier produit quantité d'archets de très belle facture, tandis qu'Etienne Pajeot s'essaye à toute une série d'innovations. Par exemple il est le Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 14 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite premier à solidifier le système de vis et écrou en utilisant de l'acier bleui. Ses archets se distinguent aussi par leur ornementation. Dominique Peccatte (1810-1874) Apprenti luthier chez Nicolas Vuillaume à Mirecourt, il travaille ensuite comme archetier à Paris chez Jean Baptiste Vuillaume. Il revient à Mirecourt en 1847, et en 1852 s'établit 8 rue des Cloîtres. Sa maison est signalée sur le Sentier des Luthiers. Il y poursuit sa fabrication d'archets, notamment pour Vuillaume. A la différence de Tourte, il réalise des archets dont la tête est large et vigoureuse. François Nicolas Voirin (1833-1885) Il fait son apprentissage à Mirecourt. Après de longues années d'archeterie dans l'atelier de Jean Baptiste Vuillaume il s'établit à son compte en 1870. François Nicolas Voirin crée un archet dont les qualités de jeu sont très différentes de celui de Tourte. En effet, il allège l'archet en amincissant sa tête, en réduisant la section de la baguette, et en modifiant la forme de la hausse et du mécanisme de réglage. Enfin il déplace la cambrure vers la pointe. Emile Auguste Ouchard (1900-1969) Fils et élève de son père Emile-François auquel il succède en 1937. Grand Prix de l'Exposition des Artisans de Paris en 1942, il s'installe à New-York en 1946, puis rentre en France en 1960. Conformément aux souhaits des violonistes d'orchestre, Emile Auguste Ouchard renforce le modèle Voirin en augmentant son poids. Charles Alfred Bazin (1907-1987) Né dans une famille de luthiers et d'archetiers, il fait son apprentissage d'archetier chez son père dont il reprend l'atelier en 1952. C’est à son initiative que le mot « archetier » rentre dans le dictionnaire : il avait écrit à l'Académie Française pour s'étonner « d'exercer un métier qui n'existe pas ! » Le petit Larousse intègre le mot « archetier » en 1981. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 15 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite En quantité industrielle ! Quelques jalons sur le développement de la lutherie à Mirecourt En 1629, Dieudonné de Montfort « maître joueur et faiseur de violons » signe le premier contrat d’apprentissage actuellement connu à Mirecourt. En 1673, Mirecourt compte quatre familles de luthiers. En 1698, la Cour de Lorraine passe commande aux luthiers de Mirecourt. C’est en 1732 qu’Elisabeth Charlotte, duchesse de Lorraine, signe la charte des luthiers de Mirecourt. Entre 1748 et 1758 : Le métier de « facteur d’archets » apparaît à Mirecourt. Auparavant ce métier n’était pas distinct de celui de luthier. En 1758, on dénombre 94 luthiers, marchands, facteurs d’archets, de chevalets, et de serinettes à Mirecourt. Avant la révolution, l’activité de lutherie est florissante à Mirecourt. Les instruments fabriqués sont exportés dans toute l’Europe et en Amérique. Des luthiers mirecurtiens s’installent à Paris et participent à la naissance de l’école française de lutherie. Le 19e siècle et l’émergence de l’industrialisation Au cours du 19e siècle, Mirecourt se spécialise dans la fabrication d’une lutherie industrielle et bon marché, produite en série, avec des procédés techniques nouveaux (moulage de la table, façonnage mécanique du manche, etc.). L’organisation du travail change : chaque ouvrier se voit confier une tâche particulière dans le cycle de fabrication d’un instrument. Trois entreprises marquent l’histoire de la Ville : Thibouville Lamy et Laberte – Humbert frères puis Couesnon. Ces entreprises commercialisent leur production dans leurs propres magasins à Paris et à l’étranger, chez des revendeurs, mais aussi grâce la diffusion de catalogues commerciaux. Elles participent aux expositions nationales et internationales. La création et le développement de l’entreprise Thibouville Lamy La famille Thibouville est originaire de la Couture Boussay dans l'Eure où elle fabrique des instruments à vent depuis le 16e siècle. En 1857, elle s'associe avec la maison Husson Buthod de Mirecourt pour la fabrication d'instruments à cordes. Le mariage de Louis Emile Jérôme Thibouville avec Marie Marguerite Hyacinthe Lamy de Mirecourt scelle la création à Mirecourt de la maison "Jérôme Thibouville Lamy" en 1861. Dès la fin du 19è siècle, cette entreprise soucieuse d'augmenter sa productivité adopte des méthodes de production plus efficaces par une mécanisation et une organisation du travail rationnelle. L'école de formation, le centre d'hébergement pour les ouvriers luthiers, l'usine hydraulique des Forces Motrices du Madon à Poussay pour la préparation des bois de lutherie, le "chantier" des artistes pour la production d'instruments haut de gamme en témoignent. La production atteint alors jusqu'à 30 000 instruments par an, commercialisés internationalement depuis le siège parisien de la société. Après la seconde guerre mondiale, la concurrence étrangère et la difficulté à s'adapter aux nouvelles pratiques instrumentales conduisent à la fermeture de l'usine en 1968. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 16 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite L’ascension de l’entreprise concurrente, la maison Laberte et Magnié La famille Laberte marque l'histoire de la facture instrumentale à Mirecourt. Ce sont 6 générations qui vont se succéder. Le fondateur de la lignée est luthier à Mirecourt en 1780. Deux de ses arrières petits fils, Maurice et Auguste, créent les établissements "Laberte Humbert frères" en 1876. Marc Laberte s'associe au luthier Fourier Magnié, en 1919, et la manufacture devient "Laberte Humbert Frères et Fourier Magnié Réunis". Enfin Philippe Laberte, après la seconde guerre mondiale, devient gérant de la nouvelle société "Laberte et Magnié". L'entreprise fabrique des instruments à cordes frottées - de l'instrument d'étude à l'instrument pour virtuose - des instruments à cordes pincées et de nombreux accessoires. Au moment de son apogée, en 1920, l'entreprise emploie jusqu'à 400 ouvriers. A partir des années trente, pour faire face à la crise, la société diversifie ses productions avec notamment la gamme Stradivox (poste de radio, gramophone). La mort de Philippe Laberte, en 1969, signe la fermeture de l'entreprise. En continuité de la maison familiale, le site industriel recouvrait les espaces occupés actuellement par la salle polyvalente et le supermarché. L’entreprise Couesnon Initialement la manufacture Couesnon – successeur de Gautrot - dont le siège social est à Paris est spécialisée dans la fabrication d'instruments à vent. En 1885, à Paris, la production de la manufacture se diversifie en fabricant des instruments à cordes sous la conduite du chef de fabrique Maurice Mermillot (1835-1901), ancien élève de Jean Baptiste Vuillaume. En 1901, il est remplacé par Georges Cherpitel (1870 – 1943) qui sort de chez Thibouville à Mirecourt. Installée à Mirecourt, au début des années 1930, la fabrique Couesnon s'agrandit en 1934 pour s'adapter à une production croissante et au développement d'une production semi industrielle. Archets, étuis, guitares, mandolines et accessoires complètent la production initiale. Après la seconde guerre mondiale, l'usine privilégie la fabrication des instruments à cordes pincées. La concurrence est telle que l'entreprise dépose le bilan en mai 1967. Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 17 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite Ensemble .... Le quatuor à cordes Le quatuor à cordes est un ensemble de musique de chambre qui regroupe deux violons, un alto et un violoncelle. Aux origines du quatuor à cordes C’est le quatuor vocal de la Renaissance, puis les quatuors de violes du 17ième siècle qui inaugurent le principe de l’association de quatre tessitures différentes mais complémentaires. Au 18ième siècle, parmi les instruments de la famille du violon, trois tessitures, donc trois instruments vont être conservés et perfectionnés : pour l'aigu le violon, pour le médium l'alto, et pour le grave le violoncelle. Avec Haydn et Mozart, la naissance du quatuor à cordes moderne La forme « sonate » en quatre mouvements, ainsi que la formation qui regroupe deux violons, un alto, et un violoncelle permettent de définir le quatuor à cordes moderne. Les premiers essais de composition de quatuor à cordes sont dus à Boccherini, même si la partie du premier violon reste prééminente, l'équilibre des parties devient réel grâce à l'indépendance et à l'apparition en soliste de chaque partenaire tour à tour. Avec 76 quatuors composés tout au long de sa carrière, Haydn développe la forme quatuor vers plus d'équilibre et d'expressivité. La diffusion de cette oeuvre suscite de nombreux émules, dont Mozart. Les compositions de ce dernier, d'un style moins rationnel, plus lyrique, favorisent également un échange mieux réparti entre les partenaires. Joseph Haydn (1732-1808), Quatuor à cordes op. 77 n°1 , 1799 Quatuor Stanislas, Nancy, 11/03/1996 Beethoven et Brahms, chefs de file des compositeurs pour quatuor au 19ième siècle Autour de ces deux compositeurs d'autres musiciens développent leurs propositions. Retenons par exemple celles de Schubert, Mendelssohn et Schumann en Allemagne celle d'Onslow en France, et de Verdi en Italie. A la fin du siècle, les compositeurs russes Borodine, Glazounov et Tchaïkovski, les tchèques, Smetana puis Dvorak, et le norvégien Grieg, colorent leurs compositions en s'inspirant des chants populaires de leurs pays respectifs. Ludwig van Beethoven (1770 – 1827), Quatuor à cordes n° 8 , 1806, Quatuor Stanislas, Nancy, 05/05/2003 Anton Dvorak (1841-1904), Quatuor à cordes n° 12 “Américain”, 1893, Quatuor Stanislas, Nancy, 10/10/2004 Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 18 Musée de la lutherie et de l’archèterie françaises Aide à la visite L'Ecole française avec Franck, Saint Saëns et Fauré, puis Debussy et Ravel A partir de 1875 et jusqu'en 1919, l'Ecole française de musique de chambre domine la période de transition entre le post-romantisme et la musique moderne. Cette transition s'exprime en trois domaines : la mélodie subit l'influence de modes anciens ou exotiques, l'harmonie incorpore des notes étrangères et dissonantes, et les formules rythmiques se diversifient. Maurice Ravel (1875 – 1937), Quatuor à cordes, 1902-1903, Quatuor Stanislas, Nancy, 06/11/2005 Le 20ème siècle ouvre des perspectives pour rompre avec le « moule » classique, peut être jusqu'à l'éclatement du genre ! Les quatuors de Bartok nous permettent d'apprécier combien l'architecture logique mais suffisamment souple du quatuor continue à offrir un cadre formel propice à la créativité. Inspiré du folklore de son pays, alternant les structures rythmiques, maîtrisant toutes les techniques de composition et de jeu, Bartok renouvelle les possibilités expressives du quatuor à cordes. Parallèlement avec Schönberg, Berg et Webern, l'Ecole Viennoise explore de nouveaux mondes sonores. En effet, le dodécaphonisme s'échappe de l'échelle traditionnelle des sept notes – la gamme, hiérarchisée en degrés faibles ou forts - par des combinaisons sonores plus variées des douze notes de la gamme chromatique. Ils en témoignent dans leurs quatuors à cordes respectifs. A leur suite, certains compositeurs vont intégrer au quatuor des compositions musicales ne relevant pas du cadre formel habituel : parties chantées, parties improvisées ; puis des éléments extra musicaux : des textes, des voix, des programmes, des mouvements de Taï Chi, des percussions, des effets visuels et des spatialisations. Par exemple Karlheinz Stockhausen (1928-2007) repense le cadre de l'exécution musicale de son « Quatuor pour hélicoptère ». Il s'est agit de faire jouer les membres d’un quatuor dans quatre hélicoptères en vol et retransmettre au sol les sons mêlés des instruments et des rotors ! Réalisée lors du Festival de Hollande en 1995, cette performance en laisse plus d’un stupéfait ! Guy Ropartz (1864 – 1955), Quatuor à cordes n°3, 1924 – 1925 Quatuor Stanislas, Nancy, 2005 Bela Bartok (1881 – 1945), Quatuor à cordes n°2, 1915-1917 Quatuor Stanislas, Tournai, 13/03/2006 Henry Dutilleux, né en 1916, Quatuor à cordes « Ainsi la nuit », 1973 – 1976, Quatuor Stanislas, 2002 Exposition « En avant la musique » © Musée de la lutherie – Mirecourt - 2005 -Tous droits réservés 19