Discriminations - Collectif Contre Le Contrôle Au Faciès

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Discriminations - Collectif Contre Le Contrôle Au Faciès
Afriscope || « Stop le contrôle au faciès », le collectif se mobilise
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« Stop le contrôle au faciès », le collectif se mobilise
lundi 19 septembre 2011, Noémie Coppin
Il y a deux ans, une étude [1] mettait les pieds dans le plat : à Paris, les Noirs et les Arabes
courent respectivement six et huit fois plus de risques que les Blancs de se faire contrôler par
la police. De nombreux contrôles ne se fondent que sur lʼapparence et non sur un
comportement suspect. Pour mettre fin à cette pratique délictueuse, le collectif « Stop le
contrôle au faciès » multiplie les actions.
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Cette mobilisation contre le contrôle au faciès compte deux fronts. Un front
juridique tout dʼabord : un collectif dʼavocats se mobilise bénévolement depuis
un an pour dénoncer lʼinconstitutionnalité du contrôle au faciès. La technique :
le dépôt de « questions prioritaires de constitutionnalité » (QPC) démontrant
au Conseil constitutionnel le flou de la loi [2] et le pouvoir discrétionnaire des
agents de police.
Abusif et discriminatoire
Mots Clés
Discriminations
Racisme
contrôle au faciès
Parallèlement à cette action juridique, un front de terrain est porté par un
collectif regroupant des associations, des élus et des professionnels de la
jeunesse. Leur revendication : la mise en place dʼun récépissé lors de chaque
contrôle, contresigné par le contrôleur et le contrôlé. Une trace pour freiner les
contrôles abusifs. Un outil juridique qui a déjà prouvé son efficacité en
Espagne et en Angleterre, même si le recours à la loi antiterroriste est de plus
en plus fréquent pour effectuer des contrôles sans justification. Si les
questions prioritaires de constitutionnalité attaquent le cadre légal, le collectif
veut dénoncer la pratique du contrôle au faciès : « abusive, discriminatoire et
inefficace ». Un numéro a été mis en place : « Vous venez dʼêtre contrôlé ?
Envoyez "contrôle" par sms au 07 60 19 33 81 ou rendez-vous sur
www.stoplecontroleaufacies.fr ».
Web stories
Les premiers concernés par cette campagne ? Les jeunes, qui subissent
lʼécrasante majorité des contrôles. Pour les mobiliser, outre le numéro de
téléphone mis en place, le collectif lance « mon premier contrôle dʼidentité »,
une série de web stories de 2 à 3 minutes dans lesquelles des rappeurs
français tels que Sexion dʼAssaut, font le récit, drôle ou grave, du pire contrôle
dʼidentité quʼils aient subi. Le concept sʼélargira ensuite aux sportifs,
humoristes, célébrités, pour mobiliser le plus largement possible et ainsi « en
faire une question de société ».
Le but de cette action : dire non au fatalisme et redonner aux jeunes lʼenvie
dʼagir. Car bien que le contrôle au faciès ne soit que la partie émergée de
lʼiceberg des discriminations subies par la jeunesse des quartiers et plus
largement par les minorités visibles, il représente un combat gagnable à
moyen terme, un challenge pour changer les mentalités. Et si nul ne peut
anticiper lʼissue de lʼaction juridique, elle obligera tout au moins les politiques à
se positionner dans le contexte de la prochaine campagne présidentielle.
Du côté des syndicats de police
Les syndicats de Police nʼignorent pas la mobilisation. A Unité SGP Police,
majoritaire, on reconnait la pratique du contrôle au faciès. Yannick Danio y est
en charge de la communication : « Les contrôles au faciès existent bel et
bien. Comment faire autrement dans un contexte politique de chasse à
lʼimmigré ? Pour remplir les quotas, on doit faire du contrôle au faciès. Après, il
y a aussi la lutte contre la délinquance. Jʼai dans ma propre famille un ado mi
comorien, mi portugais. Il a des dreadlocks, et dès quʼil sort, il se fait contrôler.
Dans lʼambiance Police, inévitablement, le délinquant sera le petit beur, le petit
rasta, celui qui est susceptible dʼavoir du shit sur lui. Enfin, il y a le cas des
signalements, lors dʼagressions par exemple. On nous dit : agresseur, jeune,
type NA (nord-africain), jean basket. Nous on arrive et forcément, on cible ».
2 sur 3
Le syndicat connait lʼétude du CNRS, mais réfute lʼidée dʼun racisme policier.
« Cʼest plus un problème de politique intolérante que de policiers racistes. Les
instructions sont données au plus haut niveau. Lʼexemple doit toujours venir
du haut, nʼoublions pas certains propos tenus. La Police a changé. En 1984,
quand jʼy suis rentré, on était tous blonds aux yeux bleus. Aujourdʼhui, elle est
black-blanc-beur, à lʼimage de la société. Sur 103 000 gradés et gardiens de la
paix, on compte 24 000 policiers emplois jeunes. Après, que les instructions
données soient perçues comme racistes par les citoyens, je ne dirai pas le
contraire ». Lʼidée du récépissé, Unité SGP nʼest pas contre. Mais selon le
syndicat, cʼest surtout la politique de sécurité quʼil faut changer radicalement.
« Dʼune police de proximité, on est passés à une police dʼordre. Aujourdʼhui,
on parle de patrouilleurs, on est dans les termes guerriers. La sécurité est
devenue un cheval de bataille électoral : on ne parle pas de chômage, ni de
grande misère dans les quartiers, on évite tout constat dʼéchec. Mais si on
veut une vraie paix sociale dans les quartiers, la police nʼest pas seule à avoir
un rôle à jouer : il nʼy a plus dʼéducateurs de rue ».
03/11/11 01:43