SORTIE CULTURELLE n° - le 29 mars 2013
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SORTIE CULTURELLE n° - le 29 mars 2013
SORTIE CULTURELLE n°25 - le 29 mars 2013 ESPERAZA – RENNES –le - CHATEAU Une journée de printemps 6h1/2 : le réveil sonne. Je vais ouvrir les volets : quel temps allons-nous avoir ? la météo était pour le moins imprécise . IL PLEUT ! Mais en arrivant à l’autre bout du trajet en métro, il ne pleut plus. Est-ce bon signe ? Hum …ce n’est pas gagné, mais l’espoir subsiste. Pendant le trajet, le soleil émerge quelques minutes de lourds nuages gris. Ce n’est toujours pas gagné…. Eh bien ! je vous le dis tout de suite : si ! on a eu une belle journée de printemps. Le matin pour le musée d’Espéraza, ce n’était pas un problème : les dinosaures étaient là, et bien à l’abri dans leurs 2500 m2. Je n’en croyais pas mes yeux ! La famille Fonquerne descendant de la haute vallée de l’Aude, j’ai donc souvent longé cette belle rivière . Je savais qu’à Espéraza il y avait un musée de la chapellerie et que les feutres de François Mitterrand venaient de cette fabrique autrefois réputée mais aujourd’hui éteinte. En 1992 un musée des dinosaures est venu s’ajouter à ce musée. Nous avons donc fait une halte pour amener les enfants voir « les œufs de dinosaures qu’on avait découverts ». Les œufs - et la reconstruction de l’ampelosaurus atacis (de 17 m ) qui valait bien une visite dans son modeste bâtiment près de la gare. Mais depuis 2002 c’est maintenant une construction moderne imposante qui abrite les deux musées d’Espéraza. Non, je n’en croyais pas mes yeux. La gare n’envoie plus de colis de chapeaux, mais nombreux sont les visiteurs car la visite est d’un grand intérêt. Le dinosaure local a été découvert par un groupe de paléontologues amateurs réunis autour d’un instituteur local plein d’activité : l’histoire est classique ! Les étagères d’une salle de classe deviennent vite trop petites tant les découvertes se multiplient. Les amateurs demandent à Paris une expertise, une identification, et oh ! surprise ! ce spécimen s’avère fort intéressant car un peu différent de ceux que l’on connaît : une histoire de vertèbres… On va donc lui donner un nom personnel, c’est l’ampelosaurus ( le dinosaure du vignoble ) atacis (de l’Aude ). Paris et le monde archéologique entier s’intéressent à ces découvertes et, faute de place à Paris, Espéraza va devenir un important laboratoire d’études d’où va naître le musée actuel dont le renom aide à couvrir les frais d’installation et de recherches. Une serre tropicale est aussi créée pour étudier la végétation de l’époque qui a nourri ces animaux géants. Bref ce musée est très documenté et très pédagogiquement présenté. Il retrace toute l’évolution de l’espèce ou plutôt des espèces dont la classification est très importante. J’avoue que j’ai peine à suivre le défilé des millions d’années de l’âge des dinosaures ( dont le nom signifie : les terribles lézards ) et que je reste impressionnée par les mesures de leurs squelettes. Notre guide paraissait minuscule lorsqu’il descendait dans ces fosses pour nous montrer tel ou tel détail. Une question se pose : pourquoi, comment ces géants ont-ils disparu ? l’hypothèse actuelle semble être la chute sur terre d’une météorite de 10m de diamètre qui aurait recouvert la terre d’une couche de poussière asphyxiante d’où n’aurait survécu qu’une minorité d’animaux très petits et pouvant survivre dans l’eau. Enfin un conseil : si cette histoire vous intéresse, une visite à Espéraza, petite ville tranquille de la vallée de l’Aude, ne vous décevra pas : les spécimens présentés dans les deux grandes salles sont de taille à vous impressionner ! et vous deviendrez rêveurs quand vous vous souviendrez que le poulet de votre assiette du dimanche est le descendant des ptérosaures ( les dinosaures volants). Et que le prénom Eva peut être celui du titanosaure de Campagne-sur-Aude que l’on est en train de redécouvrir, vertèbre après vertèbre, car les fouilles continuent. Nous avons eu un peu de mal à retomber sur terre après cette visite, mais la beauté du paysage qui nous a emmenés déjeuner à Rennes-le-Château, et surtout le beau soleil qui nous a accueillis à notre descente du car ont dissipé toute autre sensation que celle de notre faim. La salle des fêtes du village a été le théâtre bourdonnant de notre repas, simple mais délicieux. Et une pause bienvenue nous a permis de goûter le soleil tout en contemplant le décor magnifique des Pyrénées : le Bugarach majestueux tout proche, et la neige scintillante sur les hauts sommets plus lointains. Quel délice ! Une jeune guide sympathique et enthousiaste nous a réunis à l’église de Rennes pour nous raconter l’histoire de ce qui n’est plus qu’un village aujourd’hui, mais a été en d’autres temps une petite cour provinciale importante. Rennes s’appelait autrefois Rhèdes ( du nom gaulois signifiant : les roues du chariot ? allez savoir pourquoi ) puis Reda. Ayant abrité depuis l’antiquité une vie attestée par des découvertes variées, ce site privilégié de belvédère facile à défendre, ce sont les Wisigoths refoulés de Toulouse qui en font une place-forte fortifiée ceinturée de remparts. Puis Charlemagne en fit don à Carcassonne. L’un des descendants la vendit au roi d’Aragon, auquel on la racheta. La ville connut un déclin. Pendant la croisière contre les Cathares, Simon de Monfort donna ce bourg démantelé à l’un de ses lieutenants, Pierre Voisin. Son petit-fils construisit le château et l’église St Pierre. Mais routards et bandits, puis la peste vinrent à bout de Rhedae dont le nom disparut au profit de Rennes-le-Château. La dernière fille des Voisin épousa un seigneur espagnol, sa fille un Baron d’Hautpoul seigneur de Blanchefort, et la veuve, issue d’une riche famille du plateau de Sault, mourut sans héritier en 1781. Et là c’est le départ d’une incroyable histoire : en se sentant mourir la dame d’Hautpoul de Blanchefort confie un terrible secret à l’abbé Antoine Bigou, curé de Ste Madeleine, l’église de Rennes. Terrifié en ce ces temps troublé, l’abbé dissimule les documents dans le pilier wisigothique de l’église, fait graver d’étranges inscriptions sur la dalle de la célèbre dame et multiplie les précautions. D’abbé en abbé, le secret d’un étrange héritage passe à l’abbé Boudet, puis en juin 1885 à l’abbé Béranger Saunière, originaire de la Haute Vallée de l’Aude. Que savent-ils donc ? qu’un trésor inestimable gît dans le sous-sol autour de Rennes-le-Château , ainsi que des documents ayant une extraordinaire importance historique et religieuse. On parle de 12 caches. L’abbé Saunière hérite d’un presbytère inhabitable et d’une église en piteux état. Plein d’énergie il entreprend d’énormes travaux et trouve des appuis de diverses source, dont la Comtesse de Chambord, née Habsbourg, et son envoyé, le mystérieux Monsieur Guillaume. L’église est restaurée, peinte d’étrange façon : y aurait-il des codes dans la décoration ? qu’aurait trouvé l’abbé Saunière ? que voulait-il laisser à découvrir ? en tout cas il a disposé de grosses sommes, vécu richement avec sa conseillère, Marie Denarnaud, fille de sa gouvernante, et plus tard héritière de ses biens. Il fréquentait de hauts personnages de l’Eglise, beaucoup de monde à Paris, et des célébrités. Il acheta du terrain à Rennes et construisit une villa devenue aujourd’hui le musée, deux jardins avec un superbe panorama, une orangeraie et la tour Magdala pour abriter sa bibliothèque. Alors ce trésor, est-ce celui des Wisigoths (410) ? ou de Blanche de Castille, rançon pour St Louis prisonnier des Infidèles, trésor abandonné et caché lorsqu’on apprit la mort du roi (1240) ? Trésor cathare après la reddition de Montségur (1244) ? produits de pillages ? Que n’a-t-on imaginé ? Mais le plus mystérieux reste cette quête d’un document de très grande conséquence sur le plan historique ou religieux. Mystère aussi du lien entre le tableau des Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin et la devise de la famille Hautpoul de Blanchefort qui est Et in Arcadia ego gravée sur la tombe de la marquise. Mystère de la visite à Rennes de l’auteur du Da Vinci Code. L’abbé Saunière fut tour à tour protégé puis inquiété par les évêques de Carcassonne et les papes Léon XIII et Pie X ; l’église voulait-elle étouffer l’affaire ou en tirer parti ? Béranger Saunière avait certes trouvé une partie au moins du trésor mais avait-il tout découvert ? On a beaucoup fouillé depuis, beaucoup écrit. Mais il reste sans doute encore beaucoup à découvrir. En tout cas si cette affaire vous tracasse, n’allez pas pour autant essayer d’entreprendre des recherches à Rennes-le-Château : les fouilles sont interdites sur toute la commune ! Reste que le site est magnifique et mérite de votre part une visite, par une belle journée de printemps. Nicole Fonquerne