L`affiliation de 5000 membres redonne un souffle
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L`affiliation de 5000 membres redonne un souffle
Suisse Vendredi 24 avril 2015 page 4 A Lullier, les apprentis s’initient à la vente Valais: les paiements directs à la hausse Année mouvementée pour les vignerons Nouvelle association Qualité du paysage 9 10 11 12 CHAMBRE VALAISANNE D’AGRICULTURE L’affiliation de 5000 membres redonne un souffle financier à l’association Karine Etter La campagne de recrutement de membres lancée en 2014 par la Chambre valaisanne d’agriculture (CVA) a porté ses fruits: près de 5000 exploitations ou personnes ont adhéré à l’organisation, lui permettant de boucler ses comptes dans les chiffres noirs. L e budget 2014 de la Chambre valaisanne d’agriculture (CVA) prévoyait un déficit d’environ 194 000 francs. Ce sont finalement des comptes équilibrés et même un bénéfice de 26 976 fr. que le directeur de la CVA, Pierre-Yves Felley, a pu présenter aux délégués lors de l’assemblée générale, mardi 21 avril, à Conthey. Ce renversement de situation résulte du succès de la campagne de recrutement de membres individuels lancé par le comité de la Chambre l’année dernière. La démarche visait à trouver de nouveaux moyens de financement à la suite de la diminution importante des aides du canton. Elle a été menée auprès de toutes les exploitations agricoles valaisannes touchant des paiements directs ainsi que celles soumises à redevances. S’élevant à un montant forfaitaire de 50 fr. pour une année, la cotisation de la CVA se voulait incitative, donnant accès gratuitement à toutes les prestations fournies par la Chambre. Le président de la CVA, Willy Giroud, a salué le succès de la campagne: près de 5000 exploitations ou personnes se sont affiliées à l’organisation, lui permettant d’engranger au total 305 000 fr. de cotisations à la place des 102 000 fr. mis au budget 2014. Soulagé par ce dénouement positif, le président espère maintenant que les membres renouvelleront leur confiance à la Chambre et s’acquitteront avec le même élan de la cotisation 2015. Car l’Etat du Valais, à cause de ses difficultés financières, va continuer de réduire la voilure. Il prévoit de supprimer toute aide du canton à la promotion des interprofessions à partir de 2016 et d’attribuer l’aide cantonale uniquement à Valais/ Wallis Promotion (VWP). «Il est absolument légitime que le canton veuille améliorer la coordination du marketing agricole, mais les interprofessions ont fait un bon travail jusqu’à maintenant; leur supprimer toute aide cantonale serait irresponsable», a critiqué Willy Giroud. Il estime que les interprofessions disposent des compétences nécessaires pour faire la promotion de leurs produits «fers de lance de VWP pour la promotion agricole». Prix Agrivalais à la cave du Rhodan Willy Giroud, président de la CVA (à gauche), et Pierre-Yves Felley, directeur, sont heureux K. ETTER d’avoir pu recruter quelque 5000 membres à titre individuel en 2014. Exploitations de plaine à la peine La mise en œuvre de la politique agricole 2014-2017 a été l’autre sujet prioritaire abordé par le président et le directeur dans leur rapport d’activités. L’augmentation de 13% de l’enveloppe des paiements directs – à 121,3 millions de francs au total – pour l’agriculture valaisanne est évidemment un résultat positif. Mais le président nuance: «Tout n’est pas forcément rose pour tout le monde. Si les mesures de réseaux écologiques et de qualité paysagère ont fait de nombreux heureux en zone de montagne, force est de constater qu’elles laissent sur le bord de la route de nombreuses exploitations de plaine qui ont vu fondre comme neige au soleil leurs contributions». Willy Giroud a aussi relevé deux mesures positives introduites par la PA 2014-2017: la suppression de la limite de revenu et de fortune pour l’accès aux paiements directs et la possibilité d’obtenir des crédits d’investissement pour les cultures pérennes. «Je demande au service de l’agriculture qu’il accompagne les demande de crédits afin de permettre aux agriculteurs concernés d’avoir accès à ces crédits avec un minimum de paperasserie.» Fonction productive en perte de vitesse Chiffres à l’appui, le directeur Pierre-Yves Felley s’est Repères déclaré inquiet des conséquences induites par la réforme des paiements directs. La répartition des contributions fédérales versées aux exploitations valaisannes confirme le poids toujours plus important donné aux prestations environnementales au détriment de la production alimentaire. Ainsi, en 2013, moins de 10 millions de francs (9%) rémunéraient des mesures écologiques et près de 100 millions étaient liés à la production alimentaire. En 2014, 32 millions (27%) rétribuent les prestations écologiques et moins de 90 millions la fonction productive. Et dans ces 90 millions sont comptés 8 millions de contribution de transition qui vont inexora- blement diminuer et finalement disparaître afin de financer le développement des programmes environnementaux. «A court terme, les paiements directs écologiques vont correspondre à un tiers du total des contributions versées aux exploitations valaisannes», a souligné le directeur. La suppression de la prime à la vache a diminué l’intérêt d’avoir du bétail, surtout dans les zones où les éleveurs détiennent de petits troupeaux. «Le Valais figure parmi les régions sous-pâturées, il en découle une reforestation et une perte de SAU très nettement supérieures à celles enregistrées au niveau suisse.» Les collectivités publiques, communes en tête, vont devoir pallier au manque de bétail pour entretenir leur territoire et ainsi assurer la sécurité aux populations de montagne. Pénalisées par la PA 20142017, les exploitations de plaine produisant du lait d’industrie sont devenues très vulnérables avec la chute des prix. Pierre-Yves Felley tire la sonnette d’alarme: «La cessation de la production laitière devient une option en Valais même pour des exploitations techniquement performantes et rationnellement gérées.» Face à cette crise désastreuse, il appelle de ses vœux une solution nationale pour gérer les volumes produits au niveau suisse. La correction du Rhône fait débat Présidence Président de la CVA depuis 2010, Willy Giroud a été réélu par applaudissements pour un nouveau mandat de quatre ans. Les deux vice-présidents, Madeleine Fuchs Mabillard et Thomas Elmiger, sont eux aussi réélus. Comité Tous les membres du comité se sont portés volontaires pour un nouveau mandat et ont été réélus en bloc par l’assemblée. Ce sont: Gérald Carrupt, Jean-Yves Clavien, Pierre Dorsaz, Elisabeth Giroud, Pierre-Antoine Héritier, Benoit Moret, Henri Mottiez, Raoul Paccolat, Frédéric Rouvinez et Laurent Tornay. Comptes Grâce aux 5000 exploitations et personnes qui Olivier Mounir, patron de la cave du Rhodan (au centre), a reçu le prix Agrivalais 2015 pour sa production de lombriK. ETTER compost à base de marc. La Chambre valaisanne d’agriculture (CVA) a décerné le prix Agrivalais 2015 à la cave du Rhodan, à Salgesch, pour sa production de lombricompost avec du marc. Olivier Mounir, patron de la cave du Rhodan avec son épouse Sandra, a remercié la CVA pour cette distinction dotée de 6000 francs. Il a expliqué l’intérêt du lombricompost pour fertiliser le sol et la vigne autrement qu’avec des engrais chimiques. Les vers utilisés pour ce type de compostage sont les Lumbricus rubellus, appelés plus communément vers de terre rouge. Il faut compter un million de lombrics par 20 m2 de surface. Les vers recyclent le fumier d’exploitations bio et le marc de la cave du Rhodan avec de la poudre de roche. Le compost obtenu est riche en azote, phosphore, potassium, magnésium, calcium, fer et autres oligo-éléments. Les matières organiques issues du lombricompostage renforcent l’aération de la terre et facilitent l’infiltration de l’eau. A long terme, cet engrais naturel hautement nutritif améliore la structure du sol. Il est facilement assimilable par la vigne. KE ont payé les 50 fr. de cotisation pour devenir membre de la CVA en 2014, les comptes de l’association déjouent les prévisions fortement déficitaires portées au budget. La Chambre boucle l’exercice 2014 avec un bénéfice de 26 976 francs sur un total de charges d’environ 5,5 millions de francs. Budget Pour 2015, la CVA prévoit un résultat d’exploitation équilibré mais à la condition de dissoudre 178 100 fr. de réserves. Le soutien financier de l’Etat du Valais continue de diminuer, de 220 000 fr. en 2014 à 155 000 fr. en 2015. Les dirigeants de la Chambre espèrent que les 5000 membres renouvelleront leur confiance et soutien en payant à nouveau la cotisation volontaire en 2015. Site internet La CVA a complètement refait son site internet www.agrivalais.ch, afin de fédérer les membres individuels, les associations et les interprofessions agricoles. On y trouve le rapport annuel 2014, accessible depuis la page d’accueil. Ce document fournit une foule d’informations sur l’agriculture valaisanne et les activités de la Chambre. Dépannage Lancé en 2013, le service de dépannage proposé par la CVA n’a été sollicité qu’une seule fois en 2014, pour une prestation de 7 jours qui a coûté 6760 francs. KE Débat vif entre le ministre Jacques Melly et les députés référendaires Jérôme Desmeules et Willy Giroud. Bien argumenté, constructif et cordial, malgré des positions radicalement opposées, le débat organisé par la Chambre valaisanne d’agriculture (CVA) sur le financement de la 3e correction du Rhône a ouvert les feux de la campagne de votation. Les Valaisans sont appelés à se prononcer sur cet objet cantonal le 14 juin prochain. Le conseiller d’Etat Jacques Melly, chef du Département des transports, de l’équipement et de l’environnement, a défendu seul le projet gouvernemental adopté par le Grand Conseil. Face à lui deux députés dans le camp des opposants, le PLR Willy Giroud, président de la CVA et président du comité référendaire, et l’UDC Jérôme Desmeules, vice-président du K. ETTER comité référendaire. Si le référendum – qui a abouti en cinq semaines avec 8500 signatures, le seuil légal étant de 3000 paraphes – porte sur le décret de financement du projet Rhône 3, il est évident que les référendaires contestent aussi le concept technique retenu. Pour Willy Giroud, il y a la possibilité de choisir une autre variante «trois fois moins cher, trois fois plus rapide et sacrifiant trois fois moins de terres». En effet, la version actuelle utilisera 870 hectares, dont 300 ha de SDA (surfaces d’assolement) que «le canton devra entièrement compenser alors qu’il ne dispose d’aucune réserve, il faudra alors s’attaquer à la zone à bâtir», a souligné le président de la CVA. KE