Lettre d`information février 2015 - Cabinet d`avocat spécialisé en
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LE DROIT PRATIQUE D E L A V I E D E S A F FA I R E S # 102 / février 2015 DU BRÈVE RETOUR SUR LA MOIS LOI PINEL ET LES MODIFICATIONS DU BAIL COMMERCIAL La loi n°2014-626 du 18 juin 2014 relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, dite « Loi Pinel », et son décret d’application du 3 novembre ont modifié le régime des baux commerciaux et introduit une nouvelle répartition des charges et des dépenses entre le bailleur commercial et le locataire. Retour sur les principaux changements apportés… (suite au verso) HERVÉ LEHMAN PUBLIE UN BLOG CONTRE L’INSÉCURITÉ JURIDIQUE : ENTREPRISE ET CHÂTIMENT Observateur d’abord en tant que magistrat et depuis 25 ans en tant qu’avocat, Hervé Lehman a pu observer les dérives du droit, et l’insécurité juridique multiforme qui en découle. Pour l’entreprise il est aujourd’hui de plus en plus difficile de savoir ce qui est autorisé et ce qui est interdit, notamment en matière de droit économique et de droit pénal des affaires. Cette insécurité juridique n’est pas à mettre au compte des seuls juges, tant le législateur porte sa part de responsabilité. Dans son blog, semaine après semaine Hervé Lehman s’emploiera à décrypter les causes de ce mal français et ses ef- ACTU AVENS fets, mais aussi à proposer des remèdes. Titres des trois premiers « posts » : Lutter contre le terrorisme… et le chômage ; Plaider coupable pour en finir ; Dénoncetonpatron.com. www.entreprise-penal.com LES LES BRÈVES JURIDIQUES MINI BREVES QUEL EST LE DÉLAI IMPARTI À L’EMPLOYEUR POUR LEVER UNE CLAUSE DE NON CONCURRENCE ? Dès la rupture du contrat de travail, l’employeur doit verser l’indemnité de non-concurrence au salarié qui respecte son engagement sauf s’il décide de l’en libérer en levant la clause de non concurrence. En cas de levée tardive de cette clause, cette contrepartie financière est due dans sa totalité tant que le salarié respecte l’obligation mise à sa charge. La chambre sociale de la Cour de Cassation, dans un arrêt du 21 janvier 2015 (n°13-24.471), précise que la levée de la clause de non concurrence doit intervenir au plus tard lors du départ effectif du salarié, « nonobstant stipulations ou dispositions contraires »1. Ce qui signifie que tout contrat ou toute convention collective imposant un délai de renonciation postérieur au départ effectif du salarié lui serait inopposable. PRESTATION COMPENSATOIRE ET ATTRIBUTION FORCÉE D’UN BIEN PROPRE Dans un arrêt rendu le 10 juillet 2014, la Cour EDH condamne la France pour avoir, dans une affaire de divorce, décidé d’une mesure d’attribution forcée d’un bien propre à titre de prestation compensatoire. Les juges de Strasbourg, considèrent qu’un rapport raisonnable de proportionnalité entre les moyens employés et le but visé » doit être respecté « y compris pour les mesures privant une personne de sa propriété ». La cour s’appuie notamment sur une décision du Conseil Constitutionnel du 13 juillet 2011 qui indique que « l’atteinte au droit de propriété qui résulte de l’attribution forcée prévue à l’article 274 du Code civil ne peut être regardée comme une mesure proportionnée au but d’intérêt général poursuivi que si elle constitue une modalité subsidiaire d’exécution de la prestation compensatoire en capital. » Le requérant disposant d’une somme d’argent suffisante pour régler la prestation compensatoire, l’attribution forcée d’un bien propre n’était pas justifiée. APPRENDRE À PARAMÉTRER SON COMPTE SUR UN RÉSEAU SOCIAL : UNE QUESTION DE PREUVE ! La cour d’appel de Versailles, dans un arrêt du 13 novembre 2014, rappelle que la protection des données contenues sur le compte d’un réseau social doit être définie par son utilisateur qui dispose des outils nécessaires sous l’onglet « confidentialité » pour en restreindre ou non l’accès. Dès lors, en l’absence de toute configuration permettant de conserver les données sous un caractère privé, toute preuve qui peut en être issue est admissible car ouverte au public. 1 Cass ; Soc., 13 mars 2013 n°11-21150 ( ) DU BRÈVE suite MOIS Par Marguerite de Saint Vincent Juriste RETOUR SUR LA LOI PINEL ET LES MODIFICATIONS DU BAIL COMMERCIAL La loi Pinel modifie profondément et à tous les niveaux le statut des baux commerciaux. De la signature à la fin du contrat de bail, ce qu’il faut retenir… A LA SIGNATURE DU BAIL : RÉCAPITULATIF DES TRAVAUX ENVISAGÉS, INVENTAIRE DES CHARGES ET ÉTAT DES LIEUX. Pour les baux conclus ou renouvelés à partir du 1er septembre 2014, la loi Pinel impose un état des lieux contradictoire entre le locataire et le bailleur, à la conclusion du bail et à la restitution des locaux. Cette obligation vaut également pour les baux professionnels concernant les professions libérales, les sociétés commerciales ayant une activité libérale, les GIE ou les associations. Lors de la conclusion du bail, puis tous les trois ans, le bailleur devra désormais communiquer au locataire un état prévisionnel des travaux envisagés pour les 3 années à suivre, accompagné d’un budget prévisionnel et d’un état récapitulatif des travaux réalisés dans les 3 années précédentes. Le contrat de location devra également comporter un inventaire précis et limitatif des charges, impôts, taxes et redevances liés au bail, ainsi que leur répartition entre bailleur et preneur. Le bailleur devra en outre adresser un récapitulatif annuel à son locataire, et l’informer des nouveaux impôts, charges, taxes et redevances. DURÉE DU BAIL COMMERCIAL, FACULTÉ DE RÉSILIATION ET AUGMENTATION DU LOYER La loi Pinel vient également modifier les règles entourant la vie du bail commercial. Elle réaffirme le droit de résiliation triennale par le preneur, en posant néanmoins quelques dérogations, notamment pour les baux de plus de 9 ans, pour ceux à usage exclusif de bureaux, ou concernant des locaux monovalents. La faculté de résiliation unilatérale est également étendue par la loi aux ayants droits du preneur, à la mort de ce dernier. La loi Pinel introduit un « plafonnement du déplafonnement » concernant les augmentations de loyers. Pour les baux de plus de 9 ans, et à moins d’une modification notable des caractéristiques du local, de sa destination, des obligations des parties ou des facteurs locaux de commercialisation, l’augmentation du loyer ne pourra dépasser 10% du loyer de l’année précédente. Cette limite ne s’appliquera pas par exemple au bail de 9 ans qui se poursuit par tacite reconduction pendant plus de 12 ans, ni lorsqu’une clause du bail exclut expressément l’application des règles de plafonnement lors de son renouvellement. Enfin, A partir du 1er septembre 2014, l’indice du coût de la construction (ICC) est remplacé par l’indice de référence des loyers commerciaux (ILC) pour les révisions triennales légales et le renouvellement du bail. RÉPARTITION DES CHARGES ET DES DÉPENSES ENTRE BAILLEUR ET LOCATAIRE : LA DONNE CHANGE Depuis le 5 novembre 2014, ne pourront plus être imputés au locataire : > les dépenses relatives aux grosses réparations mentionnées à l’art. 606 du Code civil (gros murs, voûtes, poutres, etc.) > les dépenses liées à la mise en conformité avec la réglementation ou visant à remédier à la vétusté du local > les honoraires du bailleur liés à la gestion des loyers > les impôts, notamment la CET, les taxes et LES BRÈVES JURIDIQUES redevances dont le redevable légal est le bailleur ou le propriétaire En revanche, pourront être imputés au locataire certaines taxes comme la taxe foncière, les dépenses se rapportant à des travaux d’embellissement dont le montant excède le coût du remplacement à l’identique, et les frais liés à un service dont le locataire bénéficie directement ou indirectement. Attention donc à bien préciser leur sort dans le contrat de bail ! DURÉE ET FIN DES BAUX DÉROGATOIRES Pour permettre à l’entrepreneur de mieux mesurer la viabilité de son projet avant de s’engager sur une période plus longue, la loi Pinel a également modifié les mesures relatives aux baux dérogatoires. Auparavant limitée à 2 ans, leur durée est désormais étendue à 3 ans, à l’issue desquels le preneur et le bailleur disposeront d’un mois pour échapper au statut des baux commerciaux. Comme pour les baux commerciaux, la loi prévoit un état des lieux contradictoire obligatoire à la prise de possession de locaux et à leur restitution. La loi Pinel consacre également l’existence de la convention d’occupation précaire, qui échappe aux règles régissant les baux commerciaux. FIN DE BAIL : DROIT DE PRÉFÉRENCE, LIMITATION DE LA GARANTIE DE PAIEMENT DES LOYERS ET CONGÉ. A compter du 1er décembre 2014, le bailleur qui souhaite céder son local devra notifier au locataire les conditions de la vente envisagée. Le locataire disposera alors d’un mois pour répondre à l’offre, puis s’il l’accepte de deux mois pour réaliser la vente. Si le propriétaire du local décide de vendre à des conditions ou à un prix plus avantageux pour l’acquéreur, il devra en informer son locataire, et ce dernier disposera du même droit de préférence. Ce droit de préemption ne s’appliquera en revanche pas à certaines formes de cessions, notamment en cas de cession unique de plusieurs locaux d’un ensemble commercial, de cession d’un local au conjoint, à un descendant ou un ascendant du bailleur… Si la cession du bail s’accompagne d’une clause de garantie du cédant au bénéfice du bailleur, ce dernier devra informer le cédant de tout défaut de paiement du locataire dans le délai d’un mois à compter du défaut de paiement. Cette clause ne pourra être invoquée que dans les trois ans suivant la cession du bail. Pour finir, la loi Pinel laisse aux parties le choix de donner congé par acte d’huissier ou par courrier recommandé avec accusé de réception. A noter également qu’elle étend le champ d’application du statut des baux commerciaux à tous les étrangers. 67, BD HAUSSMANN 75008 PARIS TÉL. : 33 (0)1 40 67 87 67 FAX : 33 (0)1 40 67 97 16 [email protected] www.avens.fr LES BRÈVES JURIDIQUES - LETTRE D’INFORMATION MENSUELLE D’AVENS DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : HERVÉ LEHMAN - DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : YVES REPUSSARD