Papouasie, terre de paix

Transcription

Papouasie, terre de paix
Internationales Katholisches Missionswerk e.V.
Œuvre Pontificale Missionnaire
Secteur « Droits de l’Homme »
Dr. Otmar Oehring (éditeur)
Postfach 10 12 48
D-52012 Aachen
Tel.: 0049-241-7507-00
Fax: 0049-241-7507-61-253
E-mail: [email protected]
© missio 2006
24
Menschenrechte
Human Rights
ISSN 1618-6222
Numéro de commande 600 279
Droits de l’Homme
Neles Tebay
Démarches
interreligieuses
en faveur de la paix
en Papouasie
occidentale
Publications parues/en préparation
1
Le secteur Droits de l’homme a vocation à promouvoir la connaissance de la situation des droits
de l’homme dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie et de contribuer ainsi à l’améliorer. Pour
nous rapprocher de cet objectif, nous nous engageons dans des réseaux œuvrant pour les droits de
l’homme et nous nous attachons à promouvoir l’échange des partenaires religieux de missio en
Afrique, Asie et Océanie avec des responsables religieux et politiques en République fédérale
d’Allemagne. Dans sa série Droits de l’homme, le secteur Droits de l’homme publie des études
consacrées à différents pays, des études thématiques ainsi que les résultats de congrès spécialisés.
Depuis la prise en charge du territoire par l’Indonésie en 1963, les relations entre le gouvernement
indonésien et les Papous indigènes en Papouasie occidentale sont marquées par des conflits violents.
En 2000, les leaders de toutes les religions – chrétienne, musulmane, hindoue et bouddhiste – se sont
unis pour mener ensemble une initiative en faveur de la paix. Ils concrétisent leur coopération interreligieuse pour la paix par de multiples activités. Elle est devenue source d’espoir. Les chefs religieux
se sont regroupés pour agir ensemble en faveur de la paix, sous la devise « Papouasie, terre de paix ».
Leur initiative pacifique interreligieuse requiert le soutien de toutes les personnes et institutions
portant la paix dans leurs cœurs.
Cette étude sur les Démarches interreligieuses en faveur de la paix en Papouasie occidentale analyse
les menaces qui pèsent sur la paix dans cette région, examine les valeurs qui sous-tendent le
concept de « Papouasie, terre de paix », souligne la nécessité d’associer toutes les personnes vivant
en Papouasie occidentale, d’avoir le soutien déterminé du gouvernement indonésien, de l’armée et
de la société civile et expose la manière dont la communauté internationale peut apporter son
soutien à la campagne « Papouasie, terre de paix ».
Neles Tebay est prêtre dans le diocèse de Jayapura, en Papouasie occidentale. Entre 1998 et 2000, il
était journaliste pour le compte du Jakarta Post, un quotidien en langue anglaise qui parait à Jakarta,
capitale de l’Indonésie. Il a fait ses études à l’Institut catholique de philosophie et de théologie de
Jayapura et a obtenu son doctorat en missiologie en mars 2006 à l’université pontificale urbanienne
de Rome. Sa thèse de doctorat s’intitule « La mission de réconciliation de l’Église en Papouasie
occidentale à la lumière de la Reconciliatio et Paenitentia ». Il est l’auteur de West Papua: The struggle
for peace with justice, publié par l’Institut catholique pour les relations internationales (CIIR),
Londres, 2005.
La situation des Droits de l’Homme en République
populaire de Chine – Liberté de religion
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 201
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 211
en français (2002) – Numéro de commande 600 221
2 Droits de l’Homme en République Démocratique
du Congo: de 1997 à nos jours. Un défi pour les Eglises
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 202
en anglais (2001) – Numéro de commande 600 212
en français (2002) – Numéro de commande 600 222
3 La situation des Droits de l’homme en Indonésie
– liberté religieuse et violence
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 203
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 213
en français (2002) – Numéro de commande 600 223
4 La situation des Droits de l’Homme au Timor-Oriental
– La voie ardue de la fondation de l’État
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 204
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 214
en français (2002) – Numéro de commande 600 224
5 La situation des Droits de l’Homme en Turquie
Laïcisme signifie-t-il liberté religieuse ?
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 205
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 215
en français (2002) – Numéro de commande 600 225
6 Des chrétiens persécutés ? Documentation d’une
conférence internationale à Berlin
14/15 septembre 2001
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 206
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 216
en français (2002) – Numéro de commande 600 226
7 Mutilations sexuelles chez les fillettes et les femmes.
Evaluation d’une enquête exécutée auprès de
collaborateurs d’institutions de l’Eglise Catholique
en Afrique
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 207
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 217
en français (2003) – Numéro de commande 600 227
8 Mutilations sexuelles chez les fillettes et les femmes
Rapport sur l’état de la situation au Soudan
en allemand/en anglais/en français (2002)
Numéro de commande 600 208
9 La situation des Droits de l’Homme au Vietnam.
Liberté religieuse.
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 230
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 231
en français (2003) – Numéro de commande 600 232
10 La situation des Droits de l’Homme au Sri Lanka.
Sur l’engagement de l’Eglise en faveur de la paix
et de la dignité humaine
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 233
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 234
en français (2002) – Numéro de commande 600 235
11 La situation des Droits de l’Homme au Zimbabwe.
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 236
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 237
en français (2002) – Numéro de commande 600 238
12 La situation des Droits de l’Homme en Corée du Sud.
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 239
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 240
en français (2003) – Numéro de commande 600 241
13 La situation des Droits de l’Homme au Soudan.
État islamique et diversité culturelle
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 242
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 243
en français (2005) – Numéro de commande 600 244
14 La situation des Droits de l’Homme au Nigeria.
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 245
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 246
en français (2003) – Numéro de commande 600 247
15 La situation des Droits de l’Homme au Rwanda.
La vie arès le génoicide
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 248
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 249
en français (2003) – Numéro de commande 600 250
16 Les Droits de l’Homme au Myanmar/Burmanie.
L’Église sous la dictature militaire
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 251
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 252
en français (2004) – Numéro de commande 600 253
17 La liberté religieuse au royaume du Cambodge
en allemand/en anglais/en français (2004)
Numéro de commande 600 257
18 Les Droits de l’Homme au Lao – L’Église sous la dictature militaire
en allemand/en anglais/en français (2004)
Numéro de commande 600 257
19 Les Droits de l’Homme en Égypte
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 260
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 261
en français (2004) – Numéro de commande 600 262
20 La situation des Droits de l’Homme
– la Turquie sur la voie de l’Europe. Où en est la liberté religieuse
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 264
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 265
en français (2004) – Numéro de commande 600 266
21 Possibilités d’une coopération chrétienne-islamique
en vue du respect des droits de l’homme et de la mise
en place de sociétés civiles. Congrès technique en comité
restreint 11-3-2002 – 14-3-2002, Berlin – Volume 2
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 268
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 269
en français (2004) – Numéro de commande 600 270
22 Possibilités d’une coopération chrétienne-islamique
en vue du respect des droits de l’homme et de la mise
en place de sociétés civiles. Congrès technique en comité
restreint 11-3-2002 – 14-3-2002, Berlin – Volume 2
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 271
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 272
en français (2005) – Numéro de commande 600 273
23 La situation des droits de l’homme au Libéria : un rêve de liberté
– l’engagement de l’Église catholique pour la justice et la paix
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 274
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 275
en français (2005) – Numéro de commande 600 276
24 La situation des droits de l’homme en Papouasie (Indonésien)
en allemand (2006) – Numéro de commande 600 277
en anglais (2006) – Numéro de commande 600 278
en français (2006) – Numéro de commande 600 279
en indonésien (2006) – Numéro de commande 600 280
25 Le Timor oriental fait face à son histoire :
le travail de la Commission d’accueil, de vérité et de réconciliation
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 281
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 282
en français (2005) – Numéro de commande 600 283
en indonésien (2005) – Numéro de commande 600 284
Toutes les publications sont aussi disponibles comme fichiers PDF.
http://www.droitsdelhomme.missio-aachen.de
1
Contenu
2 Profil de la Papouasie occidentale
3 Introduction
4 1. Explication du concept de paix
5 2. Les menaces sur la paix
5 2.1. Les opérations militaires :
un instrument de choix
7 2.2. Violations de la dignité humaine
des Papous
8 2.3. La violence : un moyen de régler
les problèmes
10 2.4. La militarisation de la région
10 2.4.1. Extension du commandement
territorial
11 2.4.2. Augmentation du nombre
d’unités de combat
12 2.5. L’exploitation des ressources
naturelles
12 2.5.1. Industrie légale et illégale du
bois en Indonésie
14 2.5.2. Les exploitations minières
américaines d’or et de cuivre
14 2.6. L’indifférence délibérée face aux
violations des droits de l’homme
15 2.7. L’absence de système juridique
efficace
16 2.8. La culture de corruption
indonésienne
17 2.9. L’afflux de migrants indonésiens
19 2.10. La marginalisation des Papous
indigènes
19 2.11. Mésusage potentiel de la
pluralité à des fins politiques
20 2.12. Infiltration des milices Laskar
Jihad
22 2.13. La formation de nouvelles milices
23 2.14. La faible qualité de
l’enseignement
23 2.15. Un système de santé négligé
24 2.16. La propagation du VIH/SIDA
25 2.17. L’absence de politique
cohérente en Papouasie occidentale
28 3. Espoirs partagés de paix
28 3.1. Les bonnes relations entre
les chefs religieux
29 3.2. Sensibiliser aux droits de l’homme
29 3.3. L’appel interreligieux à la justice
30 3.4. Conforter le statut économique
des Papous
31 3.5. Pionniers de l’éducation
32 3.6. Santé
34 3.7. Société
34 3.8. Politique
36
36
38
40
40
42
42
43
45
45
46
47
48
48
49
50
51
4. « Papouasie, terre de paix »
4.1. Mission religieuse
4.2. La vision de « Papouasie, terre de paix »
4.3. Les valeurs sous-jacentes au concept
de « Papouasie, terre de paix »
4.3.1. La conscience et le respect de la
pluralité
4.3.2. La justice
4.3.3. L’unité
4.3.4. L’harmonie
4.3.5. La solidarité
4.3.6. La cohésion
4.3.7. La fraternité sincère
4.3.8. Le bien-être
4.4. L’engagement interreligieux
4.4.1. L’injustice et l’oppression portées
sur la place publique
4.4.2. Coopérer avec les autres
4.4.3. La prévention des conflits violents
4.4.4. L’exploration des ressources culturelles
52 5. Les initiatives interreligieuses pour la paix
52 5.1. Célébration du 5 février, Journée de
la paix en Papouasie
53 5.2. Célébration du 21 septembre,
Journée internationale de la paix
54 5.3. La promotion de « Papouasie, terre
de paix » comme plate-forme pour le
développement
55 5.4. Le rejet des milices
55 5.5. Promouvoir le dialogue
56 5.6. Appel à une enquête indépendante
sur les violations des droits de l’homme
57 5.7. Appel à une mise en œuvre
cohérente de la loi sur l’autonomie spéciale
58 5.8. La défense du droit à la vie
58 5.9. Promouvoir la démocratie dans
la société
59 5.10. L’exercice d’un contrôle social
61 5.11. Soutien aux Papous indigènes pour
devenir des acteurs du développement
62 6.Que faut-il faire en Papouasie occidentale ?
64 7. La nécessité d’un soutien national
66 8. Le rôle de la communauté internationale
67 8.1. Les organisations non
gouvernementales internationales
67 8.2. Les organisations religieuses
internationales
68 8.3. Les institutions intergouvernementales
68 8.4. Les entreprises transnationales
70 Conclusion
71 Annexe
76 Notes
2
3
Profil de la Papouasie occidentale
Nom du territoire
appelé « West Papua » ou Papouasie occidentale par les Papous
indigènes. Le gouvernement indonésien le désigne par
« Papouasie », jadis par « Irian Jaya ».
Statut
de 1828 à 1962, la Papouasie occidentale fut une colonie
hollandaise ; passée sous le contrôle indonésien en 1963, elle est
désormais une province indonésienne dotée d’un statut
d’autonomie spéciale.
Superficie
421 918 km2
Population totale
2 387 427 (2002)
Composition
démographique
1 241 462 Papous (52 %) ; 1 145 965 d’immigrés indonésiens
(48 %) (2002)
Espérance de vie
64 ans
Régime
Barnabas Suebu a été élu gouverneur pour la législature 20062011
Capitale
Jayapura
Économie
les principales ressources économiques sont le pétrole, le gaz, le
cuivre, l’or et autres ressources naturelles. 80 % de la population
vit en dessous du seuil de pauvreté. L’économie traditionnelle
de subsistance régit encore la population indigène papoue.
Religions
1 778 700 chrétiens ; 498 329 musulmans ; 7 249 hindous ;
4 123 bouddhistes.
Langues
Bahasa Indonesia (indonésien) et 252 langues tribales
Introduction
La Papouasie occidentale, autrefois connue sous le nom d’Irian Jaya ou de
Papouasie, est la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée. Son voisin oriental
est la Papouasie-Nouvelle-Guinée et elle partage une frontière maritime avec
l’Australie. De 1828 à 1962, la Papouasie occidentale fut une colonie du royaume
des Pays-Bas1 et était alors appelée Nederlands Nieuw Guinea ou NouvelleGuinée hollandaise.
Le 1er mai 1963, les Pays-Bas ont transféré la souveraineté à l’Indonésie. Le
premier président indonésien introduit la désignation d’Irian Barat (Irian occidental), puis, après 1973, le gouvernement indonésien appelle officiellement ce
territoire Irian Jaya. En l’associant à l’octroi d’un statut d’autonomie spéciale à
la région, le gouvernement indonésien changea son nom en Papouasie. Mais les
Papous indigènes appellent toujours leur territoire Papouasie occidentale,
désignation que j’utiliserai également dans cette étude, hormis pour les citations.
Sous la domination indonésienne, la Papouasie occidentale est devenue un
pays caractérisé par les conflits insolubles et violents entre le gouvernement
indonésien et la population indigène, les Papous ayant subi de nombreuses et
graves violations de leurs droits humains.
Pour mettre fin à la violence systématique, les chefs des différentes communautés religieuses – chrétiennes catholiques et protestantes, musulmanes,
bouddhistes et hindoues – ont pris l’initiative de lancer une campagne en faveur
de la paix et ont mis en place une coopération interreligieuse en 2000. Depuis
cette date, les chefs spirituels se sont résolument engagés ensemble en faveur de
la paix, sous la devise « Papouasie, terre de paix », surmontant les multiples difficultés et défis qu’une collaboration de ce type sous-tend.2
Cette étude se consacre à la coopération interreligieuse en faveur de
l’instauration de la paix en Papouasie occidentale. Nous aborderons brièvement
dans la première partie le concept de paix tel que l’entendent les chefs religieux
de Papouasie occidentale. La deuxième partie dresse la liste des divers facteurs
qui menacent la paix et la troisième partie décrit les espoirs communs de paix.
La quatrième partie introduit le concept de « Papouasie, terre de paix », tandis
que la cinquième décrit les diverses initiatives interreligieuses en faveur de la paix.
La sixième partie propose des recommandations pour appliquer l’idée de
« Papouasie, terre de paix » à l’échelle locale, la septième souligne l’importance
de la société civile indonésienne dans la promotion du projet de paix. La conclusion, enfin, se concentre sur le rôle que la communauté internationale peut jouer
en faveur de la campagne « Papouasie, terre de paix ».
4
1. Explication du concept de paix
L’existence d’un mouvement de résistance papoue en Papouasie occidentale est
un fait indéniable. Le gouvernement indonésien le qualifie de Gerakan separatis Papua (Mouvement séparatiste de Papouasie), mais il est connu à l’échelle internationale sous le nom de Free Papua Movement (Organisation de la Papouasie libre).
Depuis 1963, les Papous indigènes luttent contre la domination et l’oppression
indonésiennes qui se sont traduites par des injustices et des violations des droits
de l’homme de toutes sortes. Aucun signe de la fin de l’oppression n’étant à
l’horizon, la résistance papoue se poursuit.
Étant donné l’existence du mouvement de résistance, une initiative de paix
émanant de la société civile peut facilement être mal comprise par une des deux
parties au conflit. Et effectivement la campagne pacifique ne cesse d’être interprétée à tort comme une campagne en faveur de l’indépendance de la Papouasie
occidentale. Ce qui explique que les autorités indonésiennes se méfient beaucoup de toute action en faveur de la paix en Papouasie. Dans ses campagnes en
faveur de l’indépendance politique de la Papouasie occidentale, le mouvement
séparatiste instrumentalise les Églises à ses propres fins.3 Il s’impose donc dans
ce contexte de définir plus précisément le concept de paix tel que les chefs religieux de Papouasie occidentale l’entendent.
Leo Laba Ladjar, évêque du diocèse de Jayapura, entend la paix dans un sens
holiste. Dans sa conception, la paix englobe aussi bien la totalité de la personne
qu’une relation harmonieuse avec le Créateur, ses prochains, et l’ensemble de la
création. En ce sens, la paix comprend tous les aspects de la vie humaine : santé
physique, relations sociales et prospérité, une vie digne en qualité de membre
de la société et de l’État aussi bien qu’en tant qu’enfant de Dieu. La paix est plus
que la simple absence de conflit violent ; la paix recouvre la confiance, le respect
mutuel, la justice et des chances équitables de développement. La paix englobe
le développement social et économique, les droits culturels, la justice et la sécurité pour les êtres humains.4
Les chefs de toutes les religions de Papouasie occidentale sont tous persuadés que tous les hommes aspirent à la paix. L’ancien président du synode de
l’Église chrétienne évangélique (Gereja Kristen Injili / GKI), le révérend Herman
Saud, l’a exprimé très explicitement lorsqu’il a dit que « la paix était le désir le
plus profond de tous les humains sans exception ».5 Elle est donc aussi le désir
le plus profond de tous ceux qui vivent en Papouasie, sans distinction de race,
de religion, de tradition culturelle, de statut social, de profession ou de sexe.6
I Gusti Made Sunartha, le chef spirituel des hindous en Papouasie occidentale confirme qu’il existe un désir universel de paix. S’inspirant de la tradition
5
hindoue, Sunartha souligne que « la paix est ce dont rêvent tous les hommes
sur terre et ce qu’ils désirent ardemment ». La paix est même plus, elle est la
« racine du bonheur ». C’est ce sens fondamental de la paix qui amène les hindous à toujours terminer leurs prières par la formule Om Sanith, qui signifie « Que
la paix règne ».7
La campagne en faveur de la paix en Papouasie occidentale n’a clairement
rien à voir avec ce que le gouvernement indonésien appelle le « Mouvement séparatiste papou ». Le révérend Saud a expliqué sans équivoque que la campagne
pacifique qui œuvre sous la devise « Papouasie, terre de paix » n’est « pas identique à celle qui agit en faveur de l’indépendance politique de Papouasie occidentale ». L’objectif principal de la campagne initiée par les chefs religieux est
« de veiller à ce que la paix règne en Papouasie, qu’elle reste une province indonésienne ou qu’elle devienne un État indépendant ». En d’autres termes, « la campagne en faveur de la paix se distingue fondamentalement de celle pour l’indépendance politique »8 et il serait foncièrement erroné d’interpréter la campagne
de paix comme une campagne politique en faveur d’un État indépendant de
Papouasie occidentale.
2. Les menaces sur la paix
Les chefs religieux ont lancé une campagne interreligieuse en faveur de la paix
parce qu’elle faisait défaut en Papouasie. Si elle veut être un succès, la campagne doit identifier toutes les menaces qui pèsent sur la paix. De cette manière,
et quelles que soient leurs convictions religieuses, les habitants de Papouasie occidentale seront à même de surmonter les difficultés qu’ils rencontrent pour faire
de Papouasie occidentale une véritable terre de paix. Cette partie de l’étude se
consacre aux menaces qui pèsent sur la paix et qu’ont identifié les chefs religieux
de Papouasie occidentale.
2.1. Les opérations militaires : un instrument de choix
Le gouvernement indonésien a décidé de régler les problèmes en Papouasie occidentale en utilisant prioritairement la voie militaire. Du 1er mai 1963, date du
début de l’occupation indonésienne, jusqu’à ce jour, les forces de sécurité indonésiennes ont mené au moins douze opérations militaires de grande ampleur.
Chacune de ces opérations porte un nom différent.9
La première de ces opérations, Operasi Sadar, ou opération Conscience,
débuta en 1965 et dura deux ans.
6
La deuxième opération militaire portait le nom d’Operasi Brathayudha et commença en 1967. Au cours des deux années de cette opération, 3 500 personnes
environ perdirent la vie.
La troisième, Operasi Wibawa ou opération Autorité, fut menée en 1969.
Le premier gouverneur de Papouasie, Eliezer Bonay, estime que l’armée
indonésienne a assassiné environ 30 000 Papous entre 1963 et 1969. Frank
Galbraith, ambassadeur des États-Unis à Jakarta à cette époque, a informé
Washington en 1969 que les opérations militaires indonésiennes, qui s’étaient
déjà traduites par la mort de milliers de civils, généraient des rumeurs et des craintes selon lesquelles un génocide des Papous serait planifié.10
12 397 Papous ont été tués lors d’un massacre au cours de la quatrième opération militaire qui a débuté en 1977 dans le district de Jayawijaya.11
Lors de la cinquième, dite Operasi Sapu Bersih I dan II ou opération Nettoyage
I et II lancée en 1981, au moins 1 000 personnes ont été assassinées dans le district de Jayapura et 2 500 dans celui de Paniai.
En 1982, l’armée démarra la sixième opération, Operasi Galang I dan II ou
opération Renforcement I et II qui tua des milliers de Papous.
La septième, l’Operasi Tumpas ou opération Anéantissement, fut menée en
1983 et 1984.
En 1985, l’armée déclencha l’Operasi Sapu Bersih ou opération Nettoyage, au
cours de laquelle les soldats exécutèrent au moins 517 personnes et détruisirent
environ deux cents maisons.
Lors de la neuvième opération conduite en 1996 à Mapnduma, 35 Papous
furent fusillés, 14 femmes violées, 13 églises rasées et 166 maisons réduites en
cendres ; 123 civils périrent de faim ou de maladie après avoir cherché refuge
dans la forêt.12
En 1998, l’armée indonésienne suspendit le statut de zone d’intervention
militaire de Papouasie occidentale (Daerah Operasi Militer / DOM) ; cependant
la chasse aux Papous séparatistes continua de plus belle.
La dixième opération massive fut menée en 2001 dans le district de Manokwari ; quatre personnes furent assassinées, six autres torturées, une femme fut
violée, et cinq personnes disparurent.13,
La onzième opération se déroula entre avril et novembre 2003 dans la
région de Wamena, la capitale du district Jayawijaya. L’armée boucla toute la
région et empêcha les groupes religieux ou les collaborateurs d’organisations
humanitaires d’entrer dans la région pendant les opérations. Neuf personnes
furent assassinées, 38 torturées et 15 arrêtées arbitrairement. Des milliers de Papous
ont été expulsés de 25 villages et 42 d’entre eux périrent ensuite dans les camps
de réfugiés. Dans les villages, l’armée a brûlé les maisons, les lieux de culte, les
hôpitaux et écoles.13
7
C’est en 2004 que fut menée la douzième opération dans le district de Puncak Jaya. Au moins 6 000 Papous venant de 27 villages différents fuirent dans
la jungle, et 35 d’entre eux dont 13 enfants, décédèrent dans les camps de réfugiés que l’on avait édifiés là. Toute la région est désormais bouclée et les associations humanitaires ne peuvent y accéder.15
Ces opérations militaires en Papouasie occidentale avaient pour unique but
d’exterminer les Papous que le gouvernement indonésien considérait comme des
séparatistes. Selon les estimations d’organisations internationales et nationales
des droits de l’homme, les forces de sécurité indonésiennes ont assassiné au moins
100 000 Papous.
2.2. Violations de la dignité humaine des Papous
Affirmer que les Papous vivent en paix sous la domination indonésienne est dénué
de tout fondement. En effet, la dignité humaine des Papous n’a jamais été
respectée mais bien au contraire foulée aux pieds.
Les Papous sont les victimes de meurtres extrajudiciaires perpétrés par les forces de sécurité indonésiennes. Nombre d’entre eux ont été tués lors de leur garde
à vue ou ont péri dans des circonstances mystérieuses peu après leur libération.
Une fois, la chair d’un Papou mort a été grillée au barbecue, puis ses enfants et
son épouse furent forcés de manger leur père et époux.16 Une autre fois, les
soldats indonésiens capturèrent 30 hommes, les hissèrent dans des bateaux,
accrochèrent des pierres autour de leurs cous et les jetèrent par-dessus bord.17 Les
soldats indonésiens assassinèrent Nalogoban Kibak, un chef de tribu, emplirent
un seau de son sang et obligèrent les autres chefs de tribu, les professeurs et pasteurs de la région à boire ce sang.18 Des soldats ont enfoncé leurs baïonnettes dans
le vagin de femmes enceintes, ont ouvert leurs ventres jusqu’à la poitrine et ont
découpé en morceaux leurs fœtus.19
Un soldat indonésien peut assassiner impunément un Papou à toute heure,
en tout lieu et pour n’importe quelle raison. Les soldats ne se sentent jamais
coupables : ils ne tuent pas des Papous mais des séparatistes qui agissent en
ennemis de l’État indonésien.20
Depuis 1963, les forces de sécurité indonésiennes ont perpétré tortures et mauvais traitement à grande échelle contre les Papous. Ils ont infligé des électrochocs
par fils électriques posés sur les doigts, les orteils, la langue ou les organes génitaux des prisonniers ; ils ont battu les prisonniers avec des barres en fers, des bâtons
de bois, des pierres et des matraques en caoutchouc jusqu’à ce qu’ils s’écroulent.
Ils les ont frappé avec des crosses de pistolet, des bottes militaires, et les ont soumis à la « torture de l’eau », c’est-à-dire les ont immergé des heures durant dans
l’eau jusqu’à ce qu’ils perdent conscience.21 Certains Papous se sont vus infliger
8
des blessures au couteau avant d’avoir été forcés à boire une soupe au piment
très épicée.22
La torture et les mauvais traitements ne sont plus cantonnés aux villages isolés23 mais sont aussi perpétrés en ville et pendant des gardes à vue policières. Deux
Papous, John Karrunggu et Orry Doronggi, ont ainsi été torturés à mort pendant
leur garde à vue à Jayapura.24
L’expérience de Yance Pekey, un jeune Papou de Nabire torturé par les
forces de sécurité indonésiennes, est typique. Arrêté par un groupe de policiers
indonésiens alors qu’il rentrait chez lui, il fut conduit au poste où il fut ensuite
torturé. Il y fut interrogé, frappé avec un pistolet, rué de coups, on lui a brûlé
les doigts, administré des impulsions électriques sur les mains et on l’a frappé
jusqu’à évanouissement. Les policiers l’emmenèrent ensuite à l’hôpital et déclarèrent qu’ils l’avaient trouvé allongé dans la rue.25
Les femmes papoues – fillettes et femmes mariées – sont continuellement
victimes de sévices sexuels commis par les soldats et policiers indonésiens.26 Une
femme de soixante ans qui travaillait dans son potager a été violée par un membre des forces de sécurité. Une fille de trois ans fut également violée par un soldat indonésien.27
Ces crimes atroces font que les Papous indigènes sont intimement persuadés qu’ils « n’ont jamais été traités comme des êtres humains ou respectés
comme des citoyens indonésiens » sous la domination indonésienne.28 Les chefs
religieux de Papouasie occidentale confirment cette conclusion, en déclarant que
« les droits de l’homme des Papous sont bafoués ».29 Ils soulignent que ni le gouvernement central ni les autorités locales n’ont jamais fait attention à respecter
l’identité ou le droit à la vie des Papous indigènes.30
2.3. La violence : un moyen de régler les problèmes
L’absence de paix en Papouasie occidentale peut aussi être imputée, selon les
leaders religieux, à l’usage de la violence comme seul moyen de régler les problèmes. La violence est devenue une constante de la vie des Papous autochtones
sous le régime indonésien. Un rapport établi par l’Église catholique du diocèse
de Jayapura recense, pour la seule année de 2001, 35 cas d’usage de violence par
l’armée indonésienne (TNI), par des rebelles Papous (OPM) et des hommes non
identifiés.31 Les chefs spirituels mentionnent ces cas dans leurs déclarations
communes32 pour signaler ces faits à l’opinion publique. L’analyse de la documentation réunie par les leaders religieux permet de distinguer cinq sortes de
violences en Papouasie.
La première catégorie regroupe les cas de violences perpétrées par des
inconnus contre des policiers indonésiens qui protègent les biens d’entreprises
9
privées ou contre des migrants indonésiens qui travaillent dans ces compagnies,
contre les casernes militaires et les postes de police indonésiens. Sans enquêter
plus avant, les forces de sécurité indonésiennes imputent ces affaires aux rebelles
papous de l’OPM, ce qui suffit à légitimer toute opération de représailles militaires. À cet effet, les forces de sécurité bouclent en règle générale la totalité de
la région dans laquelle s’est produit l’incident et démarrent sans délai leurs opérations militaires qui s’étendent sur plusieurs mois. Durant ces opérations, les
Papous sont intimidés, chassés, torturés et assassinés. Leurs maisons, leur bétail
et leurs potagers sont systématiquement détruits. Parfois les forces de sécurité
brûlent également les lieux de culte, les dispensaires et autres bâtiments publics.
Les villageois se réfugient en général dans la forêt pour échapper aux militaires.
Nombre d’entre eux périssent de maladies ou de faim dans les camps de réfugiés établis là. Les forces de sécurité interdisent aux organisations humanitaires,
aux chefs des Églises et des autres communautés religieuses, ainsi qu’aux médecins et à tout le personnel soignant de rendre visite aux victimes des opérations
militaires.
La deuxième catégorie de violence est celle des meurtres non élucidés. Des
civils assassinés, qu’ils s’agissent de Papous ou d’immigrés indonésiens, sont souvent retrouvés assassinés par des personnes non identifiées. Des milliers d’immigrés indonésiens vivent en Papouasie occidentale. Néanmoins, la plupart des
victimes de meurtres non élucidés sont des indigènes, et pas seulement des leaders du mouvement de résistance33 mais aussi des Papous ordinaires.34 Il n’est pas
rare que des Papous soient retrouvés morts, dans la forêt, dans la rue ou dans
des buissons, après avoir été torturés par des inconnus. De nombreux cas d’enlèvements de Papous par des hommes masqués et armés sont avérés. Tous ces
faits créent un climat de peur et d’insécurité au sein de la population indigène.
La troisième catégorie de violence concerne les conflits et combats entre l’armée indonésienne et les forces de police, à l’instar du heurt entre des membres
du 753e bataillon d’infanterie et la police de Nabire le 13 mai 2001.35 Le 23 août,
un autre conflit violent s’est produit à Serui, dans le district de Yapen Waropen,
entre les membres du 611e bataillon d’infanterie et les unités Brimob (brigades
mobiles, forces spéciales d’intervention de la police indonésienne), au cours
duquel deux soldats périrent et de nombreux autres furent blessés.36
La quatrième catégorie recouvre les cas où l’armée indonésienne a tiré sur
des Papous non armés, lors de manifestations pacifiques contre la domination
indonésienne qui se déroulent dans toutes les grandes villes de Papouasie occidentale. En juillet 1998, trois Papous disparurent, huit furent assassinés par balle,
33 blessés, 150 arrêtés arbitrairement et torturés, et 33 corps ont été trouvés en
mer et le long de la côté de Biak.37 Tous ces faits sont advenus après que les forces de sécurité indonésiennes ont donné l’assaut lors d’une manifestation paci-
10
fique papoue à Biak. 45 Papous furent arrêtés par la police et torturés au cours
d’une manifestation pacifique à Fakfak les 28 et 29 mars 1999.38 La police indonésienne a donné un assaut extrêmement brutal lors d’une manifestation papoue
pacifique à Timika et tua un Papou directement sur les lieux. 19 personnes furent
blessées par balles lors de cet assaut et 118 furent par la suite torturées par la police indonésienne.39 Les forces de sécurité indonésiennes poursuivirent en 2000
leur politique d’usage de la violence contre les Papous indigènes.40 Lors d’un incident provoqué par la police à Wamena, 37 personnes ont été tuées, de nombreuses
autres blessées et huit arrêtées.41
La cinquième catégorie d’usage de la violence est liée à la présence massive
et à l’arrogance de l’armée indonésienne, ainsi qu’à sa participation directe ou
indirecte à des activités économiques. Les chefs religieux soupçonnent les
forces de sécurité indonésiennes de provoquer délibérément, voire d’orchestrer,
certains conflits violents pour justifier leurs interventions militaires. On tue une
personne pour motiver un groupe déterminé à se venger. La vengeance fournit
alors la légitimation nécessaire à l’appareil de sécurité pour mettre en place des
mesures de représailles.42
2.4. La militarisation de la région
La réduction de la présence militaire à Aceh a constitué une partie fondamentale des accords d’Helsinki. Mais il semble pourtant que l’armée prend exactement la direction inverse en Papouasie occidentale. Les Papous ont beau réclamer
que l’armée indonésienne réduise sa présence et que les unités de combat indonésiennes se retirent, le gouvernement indonésien persiste dans sa politique de
militarisation de la Papouasie occidentale. Celle-ci comprend une extension du
commandement territorial et une augmentation des effectifs des troupes de
combat.
2.4.1. Extension du commandement territorial
Conformément à son programme d’expansion, le gouvernement indonésien a
décidé de créer une série de nouveaux commandements militaires en Papouasie
occidentale. Il y a désormais un état-major unique pour l’ensemble du territoire
de Papouasie occidentale, le Komando Daerah Militer (KODAM), dont le quartier
général est installé à Jayapura.
Trois unités régionales de commandement, Komando Resort Militer (KOREM),
sont subordonnées au KODAM : la KOREM 171 / Praja Vira Tama dont le siège
est à Sorong, la KOREM 172 / Praja Vira Yakthi à Jayapura et la KOREM 173 /
Praja Vira Braja à Biak. Le 2 juin 2005, le gouvernement institua en outre un autre
11
commandement régional, la KOREM 174 / Anim Ti Waninggap (ATW) à Merauke,
dans le but d’optimiser la défense du territoire de la Papouasie occidentale.
Les unités régionales (KOREM) ont sous leurs ordres les commandements de
districts ou Komando Distrik Militer (KODIM). Du fait que de nouveaux districts
(kabupaten) sont en train d’être formés – on en compte 29 actuellement – de
nouveaux KODIM vont s’ajouter aux neufs existants. Par l’instauration de ces
nouveaux KOREM et KODIM, le gouvernement souhaite renforcer ses capacités
de défense.43
À l’échelon inférieur au KODIM, on trouve des commandements de sousdistricts ou Komando Rayon Militer (KORAMIL).
À l’échelon des villages, il y a des officiers de l’armée appelés BABINSA.
Le déploiement de la présence militaire à tous les échelons (province,
district, sous-district et village) se traduit par une augmentation des troupes
stationnées en Papouasie occidentale.
2.4.2. Augmentation du nombre d’unités de combat
Le stationnement de différents nouveaux bataillons en Papouasie occidentale
indique bien que le gouvernement poursuit une politique d’augmentation des
effectifs. Il y a déjà trois bataillons d’infanterie basés à Jayapura, Nabire et
Sorong. Pour faire face à l’augmentation des activités séparatistes, le gouvernement prévoit de déployer trois bataillons supplémentaires à Wamena, Timika et
Merauke,44 le bataillon de Timika étant déjà en place, afin de protéger les intérêts des exploitations minières américaines d’or et de cuivre.45 Des bataillons
supplémentaires supposent bien évidemment une augmentation du nombre de
soldats dans la région. Un bataillon comprend entre 700 et 1 000 soldats,
c’est-à-dire que l’implantation de six nouveaux bataillons correspond au déploiement de 4 900 à 6 000 soldats supplémentaires. Les membres de ces bataillons
sont qualifiés de ‘troupes organiques’, ce qui signifie qu’ils font partie des forces
armées régulières de la province et forment donc ce que l’on peut appeler une
armée permanente.
Le nombre de ‘troupes non organiques’ va également considérablement
croître car l’armée indonésienne prévoit de mettre sur pied une division du
Commandement de réserve stratégique militaire (KOSTRAD) en Papouasie
occidentale. Pour l’instant, le KOSTRAD se compose de deux divisions basées à
Java. Les unités KOSTRAD sont des troupes ultra spécialisées, équipées des armes
les plus modernes et dont les soldats ont derrière eux une formation au combat
particulièrement rude. La troisième et nouvelle division KOSTRAD sera basée à
Sorong, juste à côté du site où British Petroleum (BP) va exploiter du gaz naturel
liquéfié sous le nom de projet Tangguh. La mission de cette nouvelle division est
12
de combattre la ‘menace séparatiste’. Selon les propos du commandant en chef
du KOSTRAD, le général Hadi Waluyo, la décision d’étendre la présence militaire
est liée à la menace qui pèse sur la défense indonésienne. Avec une division basée
en Papouasie occidentale, il est possible de détecter plus rapidement les activités
séparatistes et d’y réagir sans délai.46
L’Indonésie est donc résolue à accroître sa présence militaire en Papouasie
occidentale. Le ministre de la Défense, Juwono Sudarsono, a annoncé l’envoi de
15 000 soldats en Papouasie d’ici à 2010. Cette augmentation de la présence militaire correspond à une croissance de cinquante pour cent de l’effectif militaire
en Papouasie occidentale, soit un passage de 30 000 soldats actuellement à
presque 50 000.47 Encore plus significatif que l’augmentation des chiffres : le fait
alarmant que ces troupes soient exclusivement des unités de combat. Ce déploiement de la présence militaire en Papouasie contraste fortement avec l’initiative
lancée par la société civile qui vise à faire de la Papouasie occidentale une terre
de paix.48
2.5. L’exploitation des ressources naturelles
La Papouasie occidentale dispose de grandes réserves de matières premières,
notamment de l’or, du cuivre, du pétrole, des minéraux, du gaz naturel liquéfié,
du bois et des poissons. Cette richesse en ressources naturelles devrait être une
bénédiction pour tous les habitants de Papouasie. Or leur exploitation inique en
fait un obstacle de plus pour la paix en Papouasie occidentale. Les chefs religieux
sont très inquiets du « vol et de la destruction des ressources naturelles ».49
2.5.1. Industrie légale et illégale du bois en Indonésie
L’industrie dont l’impact géographique est le plus influent est celle du bois, car
les concessions de cette matière première couvrent presque un tiers du territoire
de la Papouasie occidentale. Ces régions comptent 41,5 millions d’hectares de forêt,
soit 23 pour cent de la surface sylvestre totale de l’Indonésie (env. 180 millions
d’hectares au total). Aux côtés des secteurs protégés, environ 22 millions d’hectares
sont réservés à « l’exploitation industrielle ».50 Selon les données de la directrice
de Greenpeace pour l’Asie du Sud-Est, Emmy Hafild, plus d’un quart de la forêt
de Papouasie occidentale a été vendu à des exploitants forestiers, qui exportent
le bois au Japon, aux États-Unis, dans l’Union européenne et en Chine.51
En 2001, la Papouasie occidentale comptait environ 40 exploitations forestières. Entre 1995 et 2000, la contribution financière de l’industrie du bois issu
de Papouasie occidentale a rapporté annuellement environ 100 millions de
dollars américains au gouvernement indonésien.52
13
L’industrie du bois en Papouasie occidentale est aux mains d’une petite élite
groupée autour de l’ancien président Suharto, de son cousin et de sa famille. Parmi
les autres propriétaires de concessions on trouve des généraux en retraite, des
politiciens et des magnats industriels de Jakarta. Les bénéficiaires de cette industrie sont en premier lieu des hommes d’affaires proches de l’élite et en cheville
avec elle, l’armée, des hauts fonctionnaires et leurs familles, tous non-Papous.53
L’industrie illégale du bois est également très florissante en Papouasie occidentale.54 Les forêts sont la cible principale des exploitants illégaux. La pression
sur cette région va encore s’accroître car de nombreuses forêts d’autres régions
de l’Indonésie sont d’ores et déjà exploitées, alors que la demande étrangère, en
particulier provenant de Chine, ne cesse de croître. Environ 70 pour cent du bois
abattu qui sort clandestinement d’Indonésie, pour être vendu à des négociants
de Chine, Singapour, Malaisie et autres pays du monde entier, provient de
Papouasie occidentale. En 2003, la quantité de bois sorti illégalement de Papouasie
occidentale se montait à quelques 7,2 millions de mètres cube.55 Les Indonésiens
ne sont pas les seuls à être impliqué dans le trafic illégal du bois en Papouasie
occidentale, mais aussi des étrangers, en tout premier lieu des Malais.56 Il est avéré
que les forces de sécurité indonésiennes, l’armée comme la police, sont massivement impliquées, à la fois directement et indirectement, dans le trafic du bois
en Papouasie occidentale.57 Une enquête de l’Environmental Investigation Agency (EIA), basée à Londres, a mis en évidence que « l’industrie illégale du bois en
Papouasie implique typiquement des accords secrets entre l’armée indonésienne
et des gangs de bûcherons malais et repose sur l’exploitation des communautés
indigènes ».58
Alors que l’industrie du bois a été une aide pour le gouvernement indonésien, elle est une entrave à la paix en Papouasie occidentale. Les exploitations
forestières, qu’elles aient des activités légales ou illégales, ne se soucient guère
voire pas du tout de la question de la durabilité. La destruction des forêts en
Papouasie occidentale progresse inexorablement ; elles sont en voie de disparition.59
Les Papous, qui ne se doutent guère de la valeur du bois sur le marché, sont
généralement exploités et dupés par ces entreprises, qu’elles agissent sur des bases
légales ou illégales. Les droits fonciers héréditaires des communautés villageoises sont tout simplement balayés et les entreprises comptent sur la police et l’armée pour défendre leurs intérêts. C’est pour cette raison que l’on rencontre fréquemment des bases militaires et des postes de police sur les concessions. Les
Papous indigènes qui s’entêtent à défendre leur droit héréditaire sur la terre sont
taxés de rébellion et de séparatisme et sont intimidés par les forces de sécurité.60
14
2.5.2. Les exploitations minières américaines d’or et de cuivre
La société minière Freeport Indonesia (FI) est une filiale de la compagnie américaine Freeport McMoran et exploite des mines d’or et de cuivre en Papouasie
occidentale. FI est le plus gros contribuable d’Indonésie, le plus grand employeur
de Papouasie occidentale et génère plus de 50 pour cent du revenu global de
Papouasie occidentale.61
On a découvert en 1988 d’énormes gisements minéraux dans le Grasberg
Mountain, juste à côté d’une mine existante. Cette découverte a fait de la société Freeport l’un des plus gros producteurs mondiaux d’or et de cuivre et la
Papouasie occidentale a pris une importance encore plus grande aux yeux de
l’Indonésie. Freeport a des droits d’exploitation sur 92 millions d’hectares de terre,
situés hors du secteur actuellement exploité et espère y trouver des gisements
minéraux encore plus importants. Elle examine également les possibilités
d’extraction dans d’autres régions de Papouasie occidentale.62
Le statut de cette société est controversé à cause de sa collusion avec les élites du pays et l’armée durant l’ère Suharto. Depuis 1992, Freeport a payé plus
d’1,8 milliard de dollars américains d’impôts et autres taxes à l’État indonésien
et versé une somme supplémentaire à hauteur de dizaines de millions à l’armée.63
Dans les années 1990, Freeport a vendu des parts de mines et autres valeurs en
capital, comme une centrale électrique ou des hôtels et restaurants, à des hommes
d’affaires proches de Suharto.64 Depuis longtemps, des rumeurs circulent selon
lesquelles cette société s’approprie illégalement les biens des populations
locales et des violations des droits de l’homme seraient commises par sa garde
militaire.65
2.6. L’indifférence délibérée face aux violations des droits de
l’homme
Le gouvernement indonésien a reconnu que la politique centraliste n’avait
jusqu’ici pas suffisamment pris en compte les droits de l’homme en Papouasie
et que les violations des droits de l’homme dans cette région posaient un problème qu’il s’agissait de régler.66 Cependant le régime ne s’est en aucun cas
montré disposé à examiner les violations des droits de l’homme commises par
le passé et on ignore complètement la voie qu’il veut suivre à l’avenir.
Le gouvernement a autorisé la province de Papouasie à ouvrir une section
de la Commission nationale des droits de l’homme, dont la mission est de faire
respecter, encourager, protéger et promouvoir les droits de l’homme.67 Une section de la Commission juridique nationale (KOMNAS HAM) a été instituée en
Papouasie occidentale par mandat délivré par la loi n° 21/2001 sur l’autonomie
15
spéciale accordée à la province de Papouasie. La loi ne précise cependant pas comment traiter les violations des droits de l’homme perpétrées par le passé.
Le gouvernement provincial a déjà noté la nécessité d’enquêter sur les cas
de violations de droits de l’homme depuis 1963, c’est-à-dire depuis le début de
la domination indonésienne sur la Papouasie occidentale et a souligné la nécessité d’indemniser et de réhabiliter les victimes de violations des droits de l’homme,
leurs familles et leurs héritiers.68 Ces propositions n’ont toutefois pas été retenues
par le gouvernement indonésien lors de l’élaboration de la loi sur l’autonomie
spéciale de Papouasie. Plus encore, leur exclusion constitue une décision délibérée de protéger les exacteurs de violations des droits de l’homme. Le gouvernement indonésien n’a encore présenté aucune proposition à ce jour sur la
manière de traiter la question des violations impunies des droits de l’homme.
2.7. L’absence de système juridique efficace
Le régime indonésien a toujours affirmé que la République d’Indonésie était un
negara hukum, un État de droit, et effectivement de nombreuses lois ont été promulguées pour réglementer les affaires du pays. Il ne serait donc pas irraisonnable
d’attendre que le régime mette sa politique au diapason des lois qu’il a lui-même
voté. Les citoyens indonésiens sont appelés à respecter les lois du pays et on attend
des tribunaux du pays que leur jurisprudence concorde avec ces lois.
Or, la réalité est tout autre. Le régime indonésien peine à respecter pleinement ses lois, le domaine des poursuites pénales et de la justice en particulier
s’est révélé extrêmement problématique, comme cela devient flagrant dès lors
que l’on observe les mesures politiques du gouvernement, qui sont souvent
incompatibles entre elles. En 2001 par exemple, la présidente Megawati Soerkarno
Putri a approuvé et signé la loi n° 21/2001 sur l’autonomie spéciale de la province de Papouasie. Deux ans plus tard, la même présidente a publié le décret
n° 1/2003, qui prévoit de diviser la Papouasie occidentale en trois provinces. Les
deux mesures sont contradictoires.
Le problème des poursuites pénales est un signe de l’absence d’un système
judiciaire efficace. La justice indonésienne est corrompue à tous les échelons de
la procédure judiciaire, de la police aux juges en passant par les procureurs. Les
émoluments des fonctionnaires ne suffisant pas à leur survie, ils essaient
d’améliorer leurs salaires grâce à des pots-de-vin. Il est très courant que les juges
concluent des arrangements avec les procureurs qui étaieront insuffisamment
leurs affaires, permettant ainsi au juge d’acquitter plus facilement un accusé. Le
système judiciaire indonésien également a jusqu’à présent totalement manqué
à ses devoirs, dès lors qu’il s’est agi de demander des comptes à un auteur de gra-
16
ves violations des droits de l’homme. Une telle indigence conduit évidemment
à conforter la culture de l’impunité qui constitue une entrave à la paix.
Cette culture de l’impunité se révèle au grand jour dans le fait que, jusqu’à
présent, personne n’a été obligé de rendre des comptes pour les actes de torture
et les meurtres d’étudiants papous qui sont intervenus à Abepura en décembre
2000.69 Dans ce contexte, beaucoup de Papous sont convaincus que les auteurs
des graves violations de droits de l’homme commises à Wasior (13 juin 2001),
à Kimaam-Merauke (2001), à Wamena (4 avril 2003), à Maryedi Teluk Bintuni
(2004), à Mulia-Puncak Jaya (2004) et à Assue-Mappi (1995-2004) jouiront aussi
d’une impunité. Les Papous ont bien peu de raison de se sentir protégés par
l’État indonésien.
Après avoir mené une enquête approfondie sur les carences du système juridique du pays, l’International Crisis Group somma le gouvernement indonésien
d’appliquer rigoureusement la loi et de veiller à la protection et à la justice de
tous les citoyens. Car dès lors que le gouvernement n’applique ces lois qu’aux
rangs subalternes des fonctionnaires et des militaires et non pas aux échelons
plus élevés, beaucoup vont rester persuadés que les violations des droits de
l’homme continueront à être impunies à l’avenir. Ce qui reviendrait à assurer
aux victimes des graves violations des droits de l’homme, comme en Papouasie
occidentale, que l’État ne les protègera pas.70 Après avoir été confrontés aux
défaillances massives de la justice indonésienne, les chefs religieux de Papouasie
occidentale ont déclaré que « nous voyons que le droit ‘est vendu’ au plus
offrant… et que ceux qui détiennent le pouvoir n’ont pas à craindre d’être
poursuivis ».71
2.8. La culture de corruption indonésienne
L’Indonésie est considérée comme l’un des pays les plus corrompus de la planète.
La corruption est en effet très répandue et n’épargne aucun aspect de la vie de
ce pays. Elle affaiblit le système, retarde le développement du pays et constitue
le motif principal de l’incapacité du gouvernement à travailler correctement.
Les investisseurs privés doivent se débattre avec des procédures démesurément longues et des réglementations excessives. Pour fonder une entreprise, un
investisseur a besoin de concessions spéciales ; s’il veut également importer des
marchandises, il doit se démener pour obtenir d’autres signatures. Cela ouvre
grand la porte à la corruption et aux abus de pouvoir.
Le gouvernement indonésien est responsable du système juridique. Il promulgue des lois et des directives pour lutter contre la corruption. Mais le problème réside dans l’application de ces lois, ce qui se manifeste douloureusement
dans les tentatives d’application des contrats. À cet égard, l’Indonésie fait extrê-
17
mement mauvaise figure à l’échelle internationale. Sur 155 pays, elle se range à
la 145e place.72 La corruption provoque l’inefficacité du système juridique indonésien.
Le gouvernement indonésien a mis en place de nouvelles institutions comme
le tribunal anticorruption et la commission juridique, qui doivent se consacrer
à la lutte contre la corruption, et viennent s’ajouter à la commission suprême
de la Cour des comptes et au bureau du procureur général. Les cas avérés de corruption sont passibles de longues peines de prison. Mais cette menace pénale passe
à côté de la racine du problème, tant la corruption est profondément ancrée dans
les traditions culturelles du pays. Une lutte fructueuse contre la corruption
requiert donc de transformer la culture en profondeur.
La corruption est également omniprésente en Papouasie occidentale. Cependant il faut la rattacher au gouvernement central de Jakarta. Simon Patrick
Morin, Papou et député à la Chambre des représentants d’Indonésie, note que
la corruption en Papouasie occidentale est « le produit d’une machine qui était
déjà corrompue. Les Papous disent que la corruption est comme une rivière ; si
la rivière est déjà boueuse à la source, la rivière sera polluée tout au long de son
cours ».73 En d’autres termes : si le gouvernement central est corrompu, les gouvernements provinciaux et les autorités locales le sont aussi ; ce qui s’applique
bien évidemment aussi à la Papouasie occidentale. La corruption dans les
services gouvernementaux locaux de Papouasie occidentale reflète la culture de
corruption de toute l’Indonésie.
Les chefs des communautés religieuses voient dans cette culture de corruption un motif d’inquiétude74 car la corruption signifie que le gouvernement local
ne fonctionne pas correctement et elle constitue donc un obstacle à la paix en
Papouasie occidentale. En outre, elle affecte les programmes de développement.
Les moyens mis à disposition du développement en Papouasie occidentale sont
utilisés à d’autres fins, conduisant à ce que les mères ne reçoivent pas les soins
médicaux dont elles auraient urgemment besoin et que les enfants n’aient pas
accès à l’éducation.
2.9. L’afflux de migrants indonésiens
736 700 personnes vivaient en Papouasie occidentale en 1960, alors encore colonie des Pays-Bas. La population se composait presque exclusivement de Papous
et comprenait 252 groupes ethniques.
La structure démographique de Papouasie occidentale s’est profondément
transformée depuis la prise de pouvoir indonésienne en 1963. La population globale a presque triplée ; fin 2002 les données officielles avançaient le chiffre de
2 387 427 habitants, dont 1 241 462 Papous (soit 52 pour cent de la population
18
totale) et 1 145 965 non-Papous, précisément immigrés (soit 48 pour cent).75 Le
grand nombre de migrants indonésiens arrivés dans le pays a transformé la composition du pays.
On distingue deux sortes de migrants indonésiens : il y a d’abord ceux qui
ont été sciemment importés par le régime indonésien en Papouasie occidentale
dans le cadre d’un programme d’émigration cofinancé par la Banque mondiale.
245 130 ménages de migrants pour un nombre total de 546 693 personnes ont
été créés entre 1964 et 1999 en Papouasie occidentale. Le gouvernement a
édifié 216 colonies ou villages pour ces personnes.76 On estime que le régime indonésien a réquisitionné plus de 160 000 hectares des bonnes forêts de Papouasie
occidentale pour installer les immigrés indonésiens, passant outre les droits ancestraux des Papous sur cette terre.77 Les colons accèdent facilement aux villes car
le régime a construit des routes reliant ces dernières aux villages. Lentement mais
sûrement, les colonies d’immigrés vont se muer en villes avec une croissance
démographique galopante.
La deuxième catégorie renvoie aux ‘immigrés spontanés’. Ils ne sont pas
convoyés en Papouasie occidentale par le gouvernement indonésien, mais viennent de leur propre initiative grâce à l’amélioration des conditions de transport
passager maritime. Ils viennent en Papouasie occidentale pour échapper à la pauvreté et dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions de vie que dans l’ouest
surpeuplé de l’Indonésie. Ils s’installent dans toutes les grandes villes de Papouasie
occidentale.
Étant donné l’afflux continu d’immigrants indonésiens, le nombre de nouveaux arrivés croît toujours fortement. En 1980, 30 pour cent de la population
des plus grandes villes de Papouasie occidentale venait d’Indonésie. Dès 1988,
le pourcentage d’immigrés indonésiens dans les villes atteignait 65 pour cent pour
35 pour cent de Papous. Deux tiers des habitants dans les principales villes de
Papouasie occidentale sont donc des immigrés.78 Selon le quotidien indonésien
Kompas, le pourcentage d’immigrés continue de croître et chaque année des
milliers de nouveaux migrants viennent s’installer en Papouasie occidentale.79
Cette tendance est ostensible à Merauke, où 70 pour cent de la population est
immigrée ; les Papous indigènes n’en formant plus que 30 pour cent.80 À Jayapura, la capitale de Papouasie occidentale, le pourcentage de non-Papous s’élève à 80 pour cent.81 Les Papous sont en train de devenir des étrangers dans leur
propre pays.82 En 2002, 48 pour cent de la population totale de Papouasie occidentale était immigrée et 52 pour cent indigène.
Encore plus de migrants vont arriver à l’avenir pour exploiter le gaz naturel
liquéfié dans le cadre du projet Tangguh de BP.83 Étant donné que tous les
emplois, pas même la majeure partie, ne peuvent être occupés par des Papous,
BP va embaucher des immigrés supplémentaires pour ce projet. La présence de
19
BP va continuer à attirer de nombreux migrants dans le pays. Si cet afflux persiste, les Papous qui constituent une minorité de l’Indonésie en constitueront
également une dans leur propre pays d’ici quelques années à peine.
2.10. La marginalisation des Papous indigènes
Les immigrés indonésiens jouent un rôle dominant dans la société84 et excellent
dans le commerce, les services, la construction et les contrats. Les indigènes en
revanche font face à d’énormes problèmes économiques. Les chefs des communautés religieuses en Papouasie occidentale ont constaté « [qu’]il ne s’était
pas développé une économie centrée sur les gens et que la majorité des pauvres
n’avait plus aucune emprise économique ».85
Les Papous ont toutes les difficultés à s’imposer contre des immigrés mieux
formés, qui bénéficient en outre de réseaux d’affaires plus étendus, qui ont plus
d’expérience en matière de marketing et d’économie moderne et disposent de
capitaux plus importants. Agus Sumule, le plus grand sociologue de Papouasie
occidentale, conclut de son étude sur la vie économique à Timika qu’au « vu du
grand afflux d’immigrés, il est presque inévitable que les Papous perdent la compétition ».86 Presque tous les organes gouvernementaux et les entreprises privées
sont dominés par les immigrés.87 Les leaders religieux de Papouasie occidentale
reconnaissent que les Papous sont marginalisés et ignorés, tout particulièrement
les habitants des villages isolés et reculés.88
L’hégémonie des migrants suscite de l’amertume chez les Papous indigènes.
Ils ont l’impression « qu’on leur a volé leurs biens et leur pays, qu’on les a privés de droit à l’emploi, qu’ils sont impuissants dans la compétition ; ils sont jaloux
du succès d’autrui et se sentent regardés de haut, comme des personnes inférieures,
méprisés, sans parler de la stigmatisation dont ils font l’objet (idiotie, pauvreté,
fainéantise, etc.) ».89 Dans une situation de ce genre, un petit incident suffit pour
déclencher les hostilités entre Papous et immigrés, comme ce fut le cas en
novembre 2000, où 16 personnes furent blessées sur le marché public d’Abepura.90
Des conflits violents comme celui-ci peuvent se produire à toute heure et en tout
lieu de Papouasie occidentale, tant que d’amples mesures ne sont pas prises pour
aider à combler l’abîme grandissant entre migrants indonésiens et Papous indigènes.
2.11. Mésusage potentiel de la pluralité à des fins politiques
Fin 2002, la population de Papouasie occidentale se montait à 2 387 427 personnes ; il y avait parmi elles 1 235 670 protestants, 543 030 catholiques, 498
329 musulmans, 7 249 hindous et 4 123 bouddhistes.91 Il n’y a jamais eu jusqu’à
20
ce jour de conflit violent entre fidèles de confessions différentes. Ce qui ne signifie pas que les relations entre fidèles des diverses communautés religieuses
soient toujours sereines. Leurs leaders s’inquiètent de la méfiance qui règne entre
les différentes religions de Papouasie occidentale parce que, ainsi que le rappelait Monseigneur Leo, « la pluralité effective a souvent été manipulée et utilisée
pour provoquer des conflits religieux ».92 Cette méfiance est de plus partiellement
attisée par les conflits violents entre fidèles de différentes religions qui se déroulent dans d’autres régions et villes d’Indonésie, comme à Kalimantan, Poso et
sur les Moluques.
Les leaders spirituels reconnaissent que toutes les communautés religieuses
manquent d’entendement religieux et de sincérité dans la foi. En outre, la plupart des gens ignorent presque tout des autres religions. La communication et
la coordination au sein même des religions, et entre elles, ne sont pas non plus
suffisantes. Certaines régions exercent une discrimination envers certaines
minorités religieuses dans l’accès à la fonction publique, dans d’autres c’est la
religion de la majorité qui y vit qui n’est pas suffisamment reconnue. Des
conflits théologiques font jour également au sein même des communautés religieuses, et il existe une tendance à détourner les questions religieuses à des fins
politiques.93 Se basant sur ses propres observations, monseigneur Leo déclarait
que « même s’il n’existe pas d’hostilité entre les membres des différentes communautés religieuses, certains éléments renfermant des aspects politiques ou de
pouvoir peuvent aisément manipuler la différence identitaire des communautés, afin d’orchestrer des conflits violents à teneur ethnique et religieuse ».94
Les chefs spirituels voient que des démarches sont faites pour semer la dissension au sein de la population en manipulant et exploitant les différences en
matière de religion, d’appartenance ethnique, de statut social et d’ambitions politiques. Ils s’inquiètent en particulier de la fondation du Forum Komunikasi
Masyarakt Perantau, une plate-forme de communication interdite aux Papous et
qui provoque une certaine angoisse parmi les Papous.95
La pluralité des religions et traditions culturelles peut être détournée à des
fins politiques. Elle peut aussi être utilisée pour acquérir le pouvoir ou le conserver. Il y déjà des signes d’un tel mésusage du pluralisme en Papouasie occidentale. Les candidats à la fonction de chef de district (bupati) se servent des sentiments religieux et ethniques pour obtenir un soutien électoral.96
2.12. Infiltration des milices Laskar Jihad
Les musulmans fondamentalistes d’Indonésie et tout particulièrement les adeptes du groupe Laskar Jihad (Les combattants du Jihad)97 considèrent que les
21
Papous sont des païens (Kafir). Ils suspectent en outre les chrétiens papous de
séparatisme et pensent qu’il faut agir énergiquement contre eux.98 Ces mêmes
milices reprochent aux Églises chrétiennes de protéger le mouvement séparatiste
en Papouasie occidentale.99 Cette conception est d’ailleurs partagée par les forces de sécurité indonésiennes qui réaffirment constamment que les groupes chrétiens, sous couvert d’œuvrer en faveur des droits de l’homme, soutiennent en
réalité le mouvement indépendantiste.100
Le groupe Jihad s’est déjà infiltré en Papouasie occidentale. Jafar Umar Thalib, chef des Laskar Jihad formé en Afghanistan, confirme que son groupe a déjà
créé des sections par le biais d’un forum de communication intitulé Ahlus Sunnah Waljamaah dans plusieurs villes de Papouasie occidentale, comme Jayapura, Sorong, Fakfak, Timika, Nabire et Manokwari.101 Ahlus Sunnah Waljamaah est
en réalité un groupe de militants musulmans dont fait partie Laskar Jihad. Le porteparole de la milice, Ayip Syafruddin, a reconnu que les membres de Laskar Jihad
participaient à des activités de prosélytisme de l’islam et d’éducation, qu’ils
publiaient des bulletins ainsi qu’un journal destinés aux musulmans de Papouasie.
La présence de ces groupes a été officiellement signalée aux autorités des villes
concernées.102
Bien que ce groupe proteste que ses activités se cantonnent à la religion et
à des initiatives caritatives, il est prouvé que les membres de Laskar Jihad ont diffusé des cassettes vidéos qui montrent des luttes sectaires sur les îles Moluques,
qu’ils enjoignent les musulmans à se dresser contre les chrétiens dans des prêches enflammées et qu’ils ont distribué des brochures au contenu similaire.103 La
présence de ce groupe et leurs activités commencent à semer le trouble au sein
de la population en Papouasie.104
Ces musulmans fondamentalistes sont envoyés en Papouasie occidentale pour
soutenir les forces de sécurité dans leur lutte contre les séparatistes papous.105 Les
Papous soupçonnent que l’infiltration de combattants du Jihad est facilitée par
certaines personnes au sein du gouvernement indonésien et de l’armée. Le gouvernement nie la présence de Laskar Jihad dans le pays,106 mais la police indonésienne a arrêté quelques membres de ce groupe107 et a interdit la diffusion en
Papouasie occidentale d’un journal publié par le groupe.108 Les forces armées ont
été accusées de payer et d’apporter leur aide à Laskar Jihad pour leurs propres desseins,109 même si elles démentent tout soutien d’activité illégale.110 Laskar Jihad
a officiellement annoncé sa dissolution quelques jours avant l’attentat de Bali
en 2002. Mais il n’existe aucune information selon laquelle les membres de Laskar Jihad auraient quitté la Papouasie occidentale.
22
23
2.13. La formation de nouvelles milices
2.14. La faible qualité de l’enseignement
Outre l’infiltration de combattants Laskar Jihad, d’autres milices ont vu le jour
en Papouasie occidentale.
Mentionnons en premier lieu le Satgas Papua (Groupe d’intervention papou),
milice papoue. Les membres de ce groupe sont tous exclusivement des Papous
indigènes qui n’ont bénéficié que d’une formation scolaire rudimentaire voire
d’aucune. On ignore qui a fondé Satgas Papua ou quelles sont ses racines. On
sait que le groupe a subitement apparu en 1999 et qu’il est très populaire chez
les Papous. Le groupe protège tout chef Papou qui participe à des actions non
violentes contre l’autorité indonésienne en Papouasie occidentale et parraine les
initiatives non violentes des Papous indigènes menées sous l’égide du Conseil
du présidium papou (Presidium Dewan Papua / PDP). Les membres de Satgas Papua,
qui pour la plupart n’ont aucune formation professionnelle, sont entrés spontanément dans l’une des nombreuses sections locales qui ont émergé dans toute
la Papouasie occidentale, même dans les villages les plus reculés. Leur seule présence est un signe ostensible de résistance au régime indonésien. Ce groupe lutte
pour un État indépendant de Papouasie occidentale.
La deuxième milice porte le nom de Satgas Merah-Putih (Groupe d’intervention
rouge-et-blanc). Le rouge et le blanc renvoient aux couleurs du drapeau national indonésien. Les membres de ce groupe sont des Papous indigènes, recrutés
et formés par l’armée indonésienne, employés par elle et qui sont sous leurs ordres.111
Parfois ces groupes mènent des actions de représailles avec les forces armées indonésiennes contre la rébellion présumée de certains Papous. Lors d’opérations
menées dans certains villages, des membres de ces groupes étaient aux avantpostes et étaient soutenus par l’armée. Ainsi que le nom l’indique déjà avec sa
référence aux couleurs nationales, ce groupe paramilitaire se donne pour but de
lutter contre le mouvement de résistance papou et de veiller à ce que la Papouasie
occidentale reste sous domination indonésienne. Leur présence et leurs activités
engendrent la suspicion et la division au sein des Papous indigènes.
La troisième milice s’appelle Front Pembela Merah Putih (Front de défense rouge
et blanc) ; elle se réfère donc également au drapeau indonésien. Eurico Guterres,
célèbre chef de milice du Timor oriental et fondateur du groupe, est venu visiter
Timika en Papouasie occidentale, ville où est installé le géant minier américain
Freeport, et y rendit public la création du Front Pembela Merah Putih. Le groupe a
pour but de défendre le rouge et blanc, c’est-à-dire l’intégrité territoriale de l’Indonésie en combattant le mouvement pacifique d’indépendance papou.112 Les
membres de cette milice se recrutent essentiellement parmi les immigrés indonésiens. Compte tenu du vif rejet dont il fait l’objet au sein de la société civile et
de la police indonésienne, ce groupe n’a pas annoncé officiellement son implantation en Papouasie occidentale. Mais ses membres y sont apparemment actifs.113
La Papouasie recense 2 378 écoles élémentaires, 238 collèges, 105 lycées et deux
universités publiques, ainsi que quelques établissements supérieurs privés.114
L’éducation est considérée comme un élément vital pour le développement et
la prospérité du pays et occupe la première place du programme de développement du gouvernement provincial. Toutefois les chefs religieux s’inquiètent du
faible niveau de l’éducation en Papouasie occidentale.
Dans les régions reculées, où vivent exclusivement des Papous, nombreuses
sont les écoles à manquer crûment de matériel d’enseignement. Les bâtiments
sont dans un état déplorable et la plupart des écoles élémentaires manquent
d’équipement, de mobilier et de fournitures. Le déficit de professeurs fait que
de plus en plus d’écoles ont des difficultés à fonctionner correctement. Le salaire
des enseignants est faible, à l’instar de leur formation et de leurs aptitudes. Les
manuels scolaires ne sont pas convenablement distribués dans les villages.115
Beaucoup d’enfants papous ne savent ni lire ni écrire lorsqu’ils quittent
l’école élémentaire.116 La majorité des indigènes ne suit aucun enseignement scolaire ou très bref. Le taux d’alphabétisation des femmes papoues est de 44 pour
cent, alors qu’il est de 78 pour cent dans le reste de l’Indonésie, et pour les hommes le rapport est de 58 pour cent en Papouasie occidentale pour 90 pour cent à
l’échelle nationale.117 Seul 10 pour cent de Papous ont fréquenté le secondaire et
seulement 1 pour cent d’entre eux auront un diplôme d’études supérieures.118
La qualité de la formation ne s’améliore pas. Au contraire, comme le
remarque monseigneur Leo, « le secteur éducatif se dégrade de plus en plus, en
particulier dans les montagnes et dans les régions éloignées ».119
2.15. Un système de santé négligé
Le gouvernement indonésien a créé des centres médicaux dans chaque sous-district
de Papouasie occidentale. Mais selon les leaders religieux, ces centres n’ont ni le personnel ni les médicaments nécessaires, en particulier dans les régions isolées dans
lesquelles vivent exclusivement des Papous. De plus, les leaders religieux s’inquiètent
également des mauvaises conditions d’emploi et de travail du personnel soignant
ainsi que des faibles standards généraux, du manque d’équipement matériel et des
moyens financiers insuffisants mis à la disposition du secteur de la santé publique.120
Plus de 50 pour cent des enfants papous de moins de cinq ans sont sousalimentés. Seul 40,8 pour cent des enfants papous sont vaccinés contre les maladies alors que la moyenne nationale est de 60,3 pour cent. Avec 186 décès pour
mille enfants, la mortalité infantile est très supérieure à la moyenne nationale121
et la mortalité maternelle est trois fois plus élevée en Papouasie occidentale que
dans le reste de l’Indonésie.122
24
L’insuffisance de soins médicaux élémentaires se traduit par des décès consécutifs à des maladies qui auraient pu être évitées ou soignées. En 2005, 354 Papous
du district de Nabire sont morts de maladies de ce genre.123 En novembre de la
même année, 19 habitants du village d’Aibore, dans le sous-district de Siriwo (district de Nabire), périrent.124 37 personnes sont mortes en l’intervalle de deux semaines dans les villages de Sainowa et de Tagouto du sous-district de Topo (district
de Nabire) ; dans le district de Paniai, 155 personnes sont décédées dans les villages
de Hitadipa et de Wandae. Entre décembre 2005 et mars 2006 ce sont 154
papous qui perdirent la vie dans ce même district de Paniai ; entre mars et avril
2006, la diarrhée a tué 151 personnes dans le district de Jayawijaya et 30 personnes dans le district de Yahukimo.
Dans les villages reculés et isolés, dont la population se compose exclusivement de Papous indigènes, nombreux sont les papous qui meurent à cause de
l’indigence des soins médicaux. Pourtant, le gouvernement n’accorde aucune
attention à ces cas et néglige sciemment de mettre en place des services de santé
destinés aux Papous indigènes. Il préfère rejeter la responsabilité des décès sur
la culture locale.125
2.16. La propagation du VIH/SIDA
Il est évident aux yeux des chefs spirituels de Papouasie occidentale que le fort
taux de contamination par le VIH/SIDA représente une menace de plus pour la
paix en Papouasie occidentale. La délégation provinciale compétente pour la
Papouasie occidentale au ministère de la Santé a annoncé en juin 2004 que 596
patients parmi les 1 579 patients immunodéficitaires ont développé le SIDA. Les
983 autres sont porteurs du VIH.126 Selon certaines estimations, 5 pour cent de
la population est déjà contaminée par le virus. Si l’on considère que la population totale s’élève à 2,3 millions d’habitants, ce chiffre est alors le plus élevé
d’Indonésie. En raison de ce fort taux de porteurs du VIH/SIDA, la mortalité du
nourrisson devrait se maintenir à un niveau élevé dans la décennie à venir.127 Les
chefs religieux s’inquiètent de « la mauvaise sensibilisation au sein de la société
en ce qui concerne les questions de santé, la forte mortalité infantile et maternelle,
la propagation du VIH/SIDA et le faible niveau de l’aide sociale familiale. »128
Après dix ans de recherche sur le SIDA, la reproduction et la colonisation en
Papouasie occidentale, Leslie Butt, anthropologue canadienne de la santé, dresse toute une liste de raisons pour lesquelles il faut donner priorité au thème du
VIH. Elle souligne que la communauté internationale n’a pas suffisamment conscience de l’ampleur de ce problème. On met toujours la responsabilité de la propagation du VIH sur le dos de la culture locale, pendant que les bureaucrates mini-
25
misent leur responsabilité dans l’absence de sensibilisation à la sexualité protégée. Seuls les prostitués indonésiens reçoivent des informations sur l’utilisation
des préservatifs, alors que les Papous en ignore pratiquement tout, car personne
ne leur en distribue. En Papouasie occidentale, le taux de contamination VIH
est supérieur au sein de la population papoue que chez celles des immigrés indonésiens.129
2.17. L’absence de politique cohérente en Papouasie occidentale
La chute de la dictature de Suharto à la mi 1998 s’est traduite par un gain de démocratie en Indonésie. La population papoue a utilisé cette nouvelle donne démocratique pour parler d’elle-même et de sa détresse, ainsi que pour revendiquer
ouvertement et pacifiquement le droit à l’autodétermination. Dans toutes les grandes villes de Papouasie occidentale se sont déroulées des manifestations pacifiques
réunissant des milliers de participants, comme à Biak (2 au 6 juillet 1998), à Wamena (7 juillet 1998), Jayapura (1er juillet 1999), Sorong (5 juillet 1999) et Timika
(10 novembre au 2 décembre 1999). Le 1er décembre 1999, les Papous hissèrent
le drapeau avec l’étoile du berger dans toutes les villes de Papouasie occidentale.130
Ce drapeau est un symbole flagrant du nationalisme papou et de la résistance
contre l’oppression indonésienne.131 Les manifestations pacifiques réclamant le
droit à l’autodétermination continuent à se dérouler jusqu’à ce jour.132
Le 26 février 1999, B. J. Habibie, troisième président d’Indonésie, a convoqué une réunion avec 100 délégués papous, afin d’entendre personnellement leurs
motifs de revendication de l’autodétermination. Tous les ministres du gouvernement ainsi que l’état-major militaire et le chef de la police indonésienne ont
assisté à cette réunion qui s’est tenue dans l’imposant palais présidentiel Istana
Merdeka à Jakarta. Lors de cette rencontre, les délégués des Papous ont, devant
le président, ouvertement exprimé leur souhait de se séparer de l’Indonésie et
de fonder un nouvel État de Papouasie occidentale, indépendant. Ils avancèrent
trois raisons à cette revendication : 1.) l’Indonésie avait annexé illégalement la
Papouasie occidentale ; 2.) les habitants papous sont victimes de crimes contre
l’humanité perpétrés par l’armée indonésienne ; 3.) le régime indonésien ignore le droit des Papous au développement social, économique et culturel.133 Ces
revendications ont été soutenues par la Convention papoue134 qui s’est déroulée du 26 au 29 février 2000 ainsi que par le deuxième Congrès papou qui s’est
tenu du 29 mai au 4 juin 2000 à Jayapura.135
Le gouvernement indonésien, sous l’égide de son quatrième président,
Abdurrahman Wahid, répondit aux revendications d’autodétermination exposées par les Papous en leur accordant un statut spécial d’autonomie. La Cham-
26
bre des représentants indonésienne adopta la loi n° 21/2001 sur l’autonomie spéciale de la province de Papouasie, confirmée en octobre 2001 par la cinquième
présidente, Megawati Soekarno Putri. La loi autorise la Papouasie occidentale à :
– exprimer l’identité culturelle papoue par l’hymne et le drapeau papous ;
– instaurer une commission de vérité et de réconciliation devant procéder à
l’examen historique des événements du passé en Papouasie occidentale et à
créer une section locale de la Commission nationale des droits de l’homme
(KOMNAS HAM) ;
– exercer tous les pouvoirs gouvernementaux, à l’exception des affaires internationales, de la défense, de la politique monétaire et de la cour suprême ;
– percevoir 80 pour cent des revenus des industries sylvestre et piscicole ainsi
que 70 pour cent des revenus de l’exploitation gazière et pétrolière ;
– instituer un Conseil du peuple de Papouasie (Majelis Rakyat Papua / MRP), organe de représentation de tous les Papous indigènes ; les différentes ethnies, les
diverses religions et les organisations de femmes devaient être représentées
au sein de cette assemblée.
Le gouvernement provincial de Papouasie, le Parlement provincial de Papouasie,
les chefs spirituels et les universitaires comme les étudiants de la province saluèrent tous cette loi. La communauté internationale (l’Union européenne, le
Forum des îles du Pacifique et les États-Unis) fit également part de son soutien
en envoyant des experts et des moyens financiers pour assurer le succès de la mise
en œuvre de la loi sur l’autonomie. Tous étaient d’accord pour penser que
l’application correcte et effective de la loi sur l’autonomie renfermait des solutions réalistes et viables à de nombreux problèmes en Papouasie occidentale.
Après avoir reçu un vaste soutien local, national et international, le gouvernement indonésien modifia brusquement sa politique vis-à-vis de la Papouasie
occidentale. Il eut l’impression que la loi sur l’autonomie ne ferait que renforcer le mouvement séparatiste et accélèrerait la création d’un État indépendant
de Papouasie occidentale. Ainsi que le releva monseigneur Leo Labar Ladjar du
diocèse de Jayapura, « l’impression se fit croissante que le gouvernement central percevait la loi sur l’autonomie comme une arme dangereuse dont les
Papous pourraient se servir pour réaliser la transition vers l’indépendance ».136
Le gouvernement choisit alors une autre option pour affaiblir le mouvement
séparatiste de Papouasie occidentale : la diviser en trois provinces séparées.
C’est à cette fin que la présidente Megawati promulgua le décret présidentiel
n° 1/2003.137 Le gouvernement prit ce cap controversé sans avoir auparavant
consulté les Papous ou le gouvernement provincial.138
Les Papous indigènes s’opposèrent catégoriquement à cette mesure, car elle
renfermait la volonté de saper leur identité culturelle par la stratégie du diviser
27
pour mieux régner.139 Ce rejet fut partagé par le Parlement provincial,140 les leaders religieux,141 les chefs de tribus142 des Papous, les étudiants papous,143 et par
les organisations non gouvernementales installées à Jayapura.144
Cette politique de division perturba également profondément le Parlement
européen qui somma le gouvernement indonésien de retirer le décret présidentiel qui sapait la loi sur l’autonomie spéciale en Papouasie occidentale ainsi que
les engagements de l’UE en ce domaine.145
La pression publique força le gouvernement indonésien à repousser la création de la province centrale d’Irian Jaya, mais il mena à bien la division entre
les provinces occidentale d’Irian Jaya et de Papua. Cela signifie que la province
centrale d’Irian Jaya peut être créée à tout moment, sans que le gouvernement
n’ait pour cela à consulter la population de Papouasie occidentale.
Sous la présidente Megawati, la classe politique a également réussi à repousser la création du Conseil du peuple de Papouasie (Majelis Rakyat Papua / MRP),
qui est pourtant essentiel à l’application de la loi sur l’autonomie de la Papouasie.
Toutefois, Susilo Bambang Yudhoyono, sixième président indonésien, finit par
publier la réglementation gouvernementale visant la création du MRP en
décembre 2004,146 et les membres du MRP prirent leurs fonctions en novembre
2005.
Il faut cependant mentionner que le président Susilo n’a pas résolu le litige
portant sur la province occidentale d’Irian Jaya. Le Conseil du peuple de Papouasie et le Parlement provincial de Papouasie (Dewan Perwakilan Rakyat Papua /
DPRP) ont rejeté la décision du gouvernement de créer cette province. Conformément à la loi sur l’autonomie en Papouasie, il est impossible de créer une nouvelle province sans l’accord du MRP et du DPRP. Malgré ce rejet, le gouvernement central a autorisé la province occidentale d’Irian Jaya à tenir ses propres
élections pour le gouvernement régional le 11 mars 2006. Les élections régionales de la province de Papua se sont déroulées le 10 mars 2006.
Le gouvernement central est actuellement embarrassé ; s’il investit le gouverneur nouvellement élu de la province occidentale d’Irian Jaya dans ses fonctions, il enfreint l’article 76 de la loi sur l’autonomie spéciale pour la province
de Papouasie. Si le gouvernement se résout à mettre en œuvre la loi sur
l’autonomie de la Papouasie, il doit dissoudre la province occidentale d’Irian Jaya.
Le DPRP a pour sa part annoncé qu’il organiserait un referendum si le gouvernement central persistait à vouloir instituer cette province occidentale d’Irian
Jaya en violation de la loi sur l’autonomie. Pour l’instant, les discussions sont
dans l’impasse car le gouvernement central continue à vouloir créer la province sans l’approbation du MRP et du DPRP mais l’assemblée législative provinciale de Papouasie a menacé d’organiser un referendum si la province occidentale d’Irian Jaya était créée en violation de la loi d’autonomie de la province. Or,
28
cette loi ne peut être mise en œuvre complètement et effectivement si le problème d’une province occidentale d’Irian Jaya sans base juridique n’est pas résolu.
À observer les efforts du gouvernement central, il est flagrant qu’il n’a aucun
idée précise de la manière de résoudre les problèmes en Papouasie occidentale,
y compris les cas toujours non élucidés de violations des droits de l’homme, la
loi controversée sur la liberté de choix de 1969, la discrimination raciale et le
contrôle des civils par l’armée. Au lieu d’écouter les Papous, le gouvernement a
tenté de maîtriser la situation par une approche d’essai-erreur. Le gouvernement
central n’a aucunement l’intention de mettre en œuvre la loi sur l’autonomie,
et les problèmes de la Papouasie occidentale vont donc continuer à ne pas être
résolus. Les chefs religieux de Papouasie occidentale reconnaissent que « nous
avons vu nous-mêmes que l’autonomie spéciale n’a pas été en mesure
d’améliorer le sort des communautés papoues ».147
3. Espoirs partagés de paix
Toutefois, les chefs religieux de Papouasie occidentale voient que certaines activités contribuent à instaurer la paix. Ces activités pacifiques peuvent être des initiatives de l’une des communautés religieuses ou Églises ou reposer sur des démarches communes à toutes les communautés religieuses. Toutes ces activités en
faveur de la paix, passées ou actuelles, sont une nouvelle source de courage et
d’espoir pour les gens, qui incite à continuer à œuvrer pour la paix, en dépit des
indéniables difficultés et défis qu’ils rencontrent.
3.1. Les bonnes relations entre les chefs religieux
Les chefs religieux sont bien conscients de la nécessité d’être vus publiquement
ensemble par les fidèles de toutes les religions de Papouasie occidentale. Il est
crucial de nouer de bonnes relations mutuelles et, une fois établies, de les entretenir et de les maintenir. Les chefs religieux se rendent visite pour consolider leur
amitié, en particulier lors des fêtes et célébrations religieuses.148
En règle générale, les chefs religieux se réunissent, discutent de la situation
du moment, adoptent une prise de position commune et fournissent des informations véridiques à leurs fidèles. Lorsque des conflits aux mobiles politiques ont
explosé entre les communautés religieuses dans d’autres régions d’Indonésie, les
29
chefs des communautés religieuses ont débattu des problèmes dans quelquesunes des grandes villes de Papouasie occidentale et ont appelé à des prières communes pour empêcher d’autres conflits. Dans les villes dans lesquelles il existe
déjà des forums interreligieux, les rencontres entre leaders spirituels ne posent
aucun problème. Ce qui les incite à fonder des forums de ce type dans d’autres
villes de Papouasie occidentale. Le fort soutien que les communautés apportent
à leurs leaders religieux encourage ces derniers à poursuivre résolument leur travail commun en faveur de la paix.149
3.2. Sensibiliser aux droits de l’homme
Dans un contexte où la dignité humaine est bafouée et les droits de l’homme
systématiquement violés, les chefs spirituels soulignent combien il est important de sensibiliser la population aux droits de l’homme. L’Église catholique a
ainsi commencé à sensibiliser ses prêtres et ses paroisses dans les villages isolés
et reculés du diocèse de Jayapura sur les questions des droits de l’homme.
D’autres Églises proposent également une formation sur ces questions dans
leurs communautés respectives. Les chefs religieux peuvent donc légitimement
affirmer que « nous sensibilisons nos communautés aux droits de l’homme ».150
La sensibilisation aux droits de l’homme a été essentielle pour aider les gens
à découvrir leur dignité humaine et pour apprendre quelque chose sur leurs droits
et devoirs fondamentaux. Cette éducation permet aux gens d’être en mesure de
se défendre eux-mêmes et de défendre leurs droits, comme de respecter ceux de
leurs voisins. Le centre de la Justice et de la paix du diocèse de Jayapura l’exprime
en ces termes : « La formation que nous offrons dans les communautés locales
concerne les questions des droits de l’homme. Mais l’objectif principal est que
les communautés locales soient en mesure de mieux se comprendre elles-mêmes,
et de pouvoir prendre elles-mêmes en charge leurs affaires ».151 Les expériences
qu’ont pu faire les Églises sont devenues une source d’espoir pour les chefs spirituels et les encouragent à poursuivre ce travail de sensibilisation sur les droits
de l’homme et en faveur de la paix.
3.3. L’appel interreligieux à la justice
Alors que les violations des droits de l’homme sont incessantes en Papouasie occidentale, les leaders des communautés religieuses chrétiennes, musulmanes, hindoues et bouddhistes n’ont de cesse de publier des appels communs à la justice.152
Ils peuvent en conséquence proclamer à bon droit que « nous travaillons ensemble pour porter les questions de justice et de paix sur la place publique ».153
30
Cet appel interreligieux à la justice est dénué de toute motivation politique.
Il trouve sa source dans la foi et cherche à recouvrer la dignité humaine et la paix.
Monseigneur Leo expliquait que « nous exprimons à haute voix nos craintes pour
les droits de l’homme et œuvrons pour la paix, afin que les droits de l’homme
fondamentaux soient reconnus. Nous réaffirmons que cette mission se nourrit
de notre foi et n’est pas motivée par un quelconque dessein politique ».154
Les chefs religieux pensent que ces déclarations communes sont impératives, en particulier lorsque les victimes n’ont ni pouvoir ni moyen de se défendre. Les autorités ont pris en considération ces déclarations mais elles ne tiennent pas toujours compte des appels des leaders spirituels.
L’appel interreligieux à la justice nourrit aussi les espoirs des victimes
d’injustices, qui sentent que les chefs religieux sont à leurs côtés, qu’ils perçoivent leurs problèmes et reconnaissent leurs souffrances. Le fait que les chefs spirituels parlent d’une seule voix donne la force morale aux victimes de poursuivre leur combat pour la justice. En d’autres termes, un appel à la justice soutenu
par l’ensemble des communautés religieuses nourrit l’espoir d’un avenir pacifique.
3.4. Conforter le statut économique des Papous
Ainsi que les chefs religieux l’ont souligné, la Papouasie occidentale regorge de
richesses naturelles comme l’or, le cuivre, le pétrole, le gaz naturel liquéfié, le
bois, les poissons, etc.155 Pourtant, les Papous continuent à vivre dans la pauvreté.156
D’après le gouvernement local, 80 pour cent de la population de Papouasie est
pauvre.157 L’abondance de ressources naturelles n’est manifestement pas
synonyme de prospérité pour les Papous. Les gains issus des matières premières
sont en grande partie reversés au gouvernement central, et les Papous restent marginalisés sur le plan économique.158 Les Papous indigènes, qui souffrent d’un
manque extrême de formation et d’accès au capital, n’ont pas de ressources économiques et vivent dans une sorte d’économie de subsistance qui repose sur
l’agriculture, la cueillette et la chasse et sont largement à l’écart du circuit monétaire. Leur subsistance dépend souvent des ressources de la forêt.159
Conforter le statut économique de la population indigène est l’une des
priorités absolues des communautés religieuses et des Églises en Papouasie occidentale. Certaines d’entre elles ont mis sur pied des programmes de formation
dans les communautés locales, qui visent à consolider le statut économique.
L’Église catholique a ainsi créé un centre de formation géré par une fondation
proche de l’Église et qui s’adresse aux jeunes papous de la tribu Mee qui vivent
dans les montagnes de Papouasie occidentale. Depuis 1970, plus de 2 000 jeunes Papous venus de presque tous les villages de la région de Paniai ont été formés dans ce centre. D’autres communautés religieuses ont organisé des activi-
31
tés économiques qui doivent permettre aux indigènes de s’assumer économiquement. Toutes ces initiatives sont menées pour « s’assurer que les gens seront
des acteurs du processus de développement », pour « renforcer la position de négociation de l’économie communautaire » et pour « préparer les gens à s’impliquer
dans les activités économiques ».160 Les chefs religieux pensent que toute activité organisée par les communautés religieuses et visant à renforcer le statut économique des Papous renferme un espoir de paix pour la Papouasie occidentale.
3.5. Pionniers de l’éducation
Le développement des Papous indigènes est inconcevable sans l’implication des
communautés religieuses dans le domaine de l’enseignement et de la formation.
La Papouasie occidentale est sous domination indonésienne depuis 1963 ; pourtant le gouvernement indonésien a attendu 1975 pour commencer à établir des
écoles primaires publiques dans les villages isolés. Le président Suharto avait alors
promulgué un décret présidentiel. Les Églises, notamment catholique et protestante, avaient déjà ouvert des écoles privées pour les Papous avant que le gouvernement indonésien ne commence à ouvrir des établissements publics. Les Églises ont été de véritables pionniers dans le domaine de l’éducation et de la
formation. Presque tous les Papous qui exercent aujourd’hui une fonction de direction dans les organes gouvernementaux, une fonction politique ou qui dirigent
un ministère ont fréquenté un établissement scolaire confessionnel. Dans les villages isolés et reculés, peuplés exclusivement de Papous indigènes, les Églises ont
été les premières institutions à offrir un enseignement général.161
Les communautés religieuses n’ont pas uniquement créé des écoles mais aussi
un système de pensionnats, très bien accueillis et très appréciés par la population locale. Ces pensionnats pour filles et garçons sont ouverts dans les villes dans
lesquelles existent des collèges, des lycées et des établissements d’enseignement
supérieur. Les pensionnaires, de différents villages, tribus, confessions et religions,
vivent ensemble pendant la période scolaire. Ces foyers sont plus qu’un lieu
d’hébergement, ils sont aussi des lieux d’apprentissage des relations humaines.
Les pensionnaires doivent vivre en harmonie avec des gens qui ont une origine
totalement différente. Ils sont au défi d’accepter la pluralité, d’apprendre des
autres, de s’épauler mutuellement et d’élargir leurs propres conceptions du
monde. Les pensionnaires forment des persobatan, ce qui littéralement signifie «
amitié ». Ces nouvelles amitiés ne sont pas nouées sur la base d’une appartenance
familiale, clanique, villageoise, religieuse ou raciale, mais sur le fait que l’on appartient tous ensemble à la famille humaine. Il n’est pas rare que ces amitiés
conclues dans les foyers perdurent au-delà du temps des études et de l’école, alors
que les amis vivent depuis longtemps dans des villes différentes.
32
L’éducation formelle dans des établissements scolaires ne fait pas partie de
la culture des indigènes qui vivent dans les villages éloignés et isolés ; il faut
d’abord qu’ils s’y habituent. Ils connaissent mal l’importance de l’instruction pour
leur vie et pour leur participation aux programmes régionaux de développement.
Les leaders religieux ont donc pris l’initiative et se sont chargés d’expliquer
l’importance de l’instruction en s’appuyant sur tous les médiums imaginables.
Ils mènent donc des actions régulières d’information sur l’éducation et
l’instruction dans les villages, et les habitants sont incités à utiliser pleinement
les opportunités d’instruction mises à leur disposition, en envoyant leurs enfants
à l’école et en soutenant leurs études.
Les leaders religieux peuvent donc affirmer à juste titre que les communautés
religieuses « ont depuis longtemps un rôle pionnier dans le secteur éducatif et
ont mis à disposition des ressources humaines », qu’elles « ont créé de nombreuses
écoles, en particulier dans les villages reculés », « ont développé et entretenu un
système multiculturel de foyers » qui « promeut activement une plus large
acceptation de l’éducation dans les communautés et qui entend aussi l’éducation
comme un épanouissement personnel ».162 L’implication des communautés religieuses pour l’éducation a contribué à plusieurs niveaux à œuvrer dans le sens
de la paix en Papouasie. D’où leur intention de poursuivre leurs activités.
Les efforts des communautés religieuses dans le domaine de l’éducation
transparaissent également dans la fondation d’organisations non gouvernementales agissant dans ce secteur. À ce jour, trois ONG se vouent à l’éducation :
Yayasan Pendidikan Kristen (YPK), gérée par l’Église protestante ; Yayasan Pendidikan dan Persekolahan Katolik (YPPK) sous l’autorité de l’Église catholique ; et
Yayasan Pendidikan Islam (YAPIS) qui est administrée par la communauté musulmane.
3.6. Santé
Les chefs religieux de Papouasie occidentale sont persuadés qu’une bonne santé
est vitale pour la paix ; par conséquent toutes les communautés religieuses soulignent l’importance de la santé dans leurs communautés. Les communautés religieuses ont même pris l’initiative de fournir des services de santé locaux, en particulier pour les Papous indigènes. Les protestants et les catholiques sont très actifs
en ce domaine.
Les premiers missionnaires de Papouasie occidentale sont venus d’Occident.
Ils voulaient non seulement prêcher l’évangile de Jésus-Christ, mais aussi
s’engager dans le domaine de la santé. Les missionnaires ont apporté des médicaments aux villageois et leurs demeures, tout comme les monastères paroissiaux,
servaient en même temps de dispensaire. Les missionnaires ont ouvert des poly-
33
cliniques en de nombreux lieux et même, dans certains endroits, des hôpitaux
avec des médecins généralistes, des spécialistes et des infirmières qualifiées.
Sous le régime indonésien, le gouvernement commença à créer des centres
médicaux, comme les PUSKEMAS, dans tous les sous-districts (kecamatan) de
Papouasie occidentale. Par manque de médicaments et de personnel médical, ces
centres fonctionnent mal. En dépit des multiples difficultés et défis qui leurs sont
posés, les Églises maintiennent leurs prestations en matière de santé. Elles continuent à fournir des médicaments, en particulier dans les villages reculés et isolés, habités exclusivement par des Papous indigènes. Les Églises proposent des
formations sur la santé, organisent des initiatives pour améliorer l’alimentation
des mères et des enfants, effectuent un travail de sensibilisation sur le VIH/SIDA,
informent les gens sur la prévention contre les maladies, et promeuvent un style
de vie sain au moyen de campagnes.
Elles ont créé l’organisation non gouvernementale œcuménique Yayasan
Betesda (Fondation Betesda), qui se consacre principalement aux questions sanitaires. La fondation pourvoit la population en médicaments, propose des consultations médicales, organise des programmes de formation et s’engage dans la promotion d’un style de vie sain dans les villages.
Dans les villes, les Papous vivent aux marges de la société. Ils n’ont souvent
pas les moyens de s’offrir les services des hôpitaux publics présents dans les plus
grandes villes de Papouasie occidentale. Voilà pourquoi les Églises ont fondé des
hôpitaux163 et centres de soins destinés aux pauvres. Les gens peuvent se rendre
dans les hôpitaux ou centres de soins confessionnels sans risque de s’y voir discriminés. Même les communautés hindoues, dont les fidèles sont non-papous
et immigrés, proposent des services sociaux et des soins médicaux gratuits destinés aux Papous indigènes dans de nombreux villages et ouvre tous les dimanches
le centre médical de Jayapura pour dispenser des consultations et soins médicaux gratuits.164
Les chefs spirituels sont persuadés que leur engagement dans le secteur de
la santé contribue massivement à favoriser la paix en Papouasie et ils ont par conséquent l’intention de poursuivre ce travail. Sur cette toile de fond de participation des communautés religieuses et des Églises à la santé, leurs responsables ont
souligné que les communautés religieuses « initient, mettent en œuvre et promeuvent des services – prières y compris – pour améliorer la santé pour la communauté », « aident à améliorer le niveau d’alimentation des mères et des
enfants », « gèrent des cliniques », « assurent un travail de sensibilisation sur le
VIH/SIDA et sur d’autres maladies dans les communautés », « et organisent des
campagnes vantant un style de vie sain ».165
34
3.7. Société
La société de Papouasie occidentale se compose de personnes issues de groupes
ethniques différents, qui ont tous une culture et une religion distincte. Les
chefs spirituels sont convaincus que cette diversité est une source de richesse pour
la société de Papouasie occidentale.166 Ils envisagent donc la diversité comme un
don divin dont il faut se réjouir, qu’il faut louer et soigneusement cultiver, afin
de promouvoir des relations sociales saines, le développement régional et la paix
en Papouasie.
Les leaders religieux encouragent en outre l’empathie sociale. Ils soulignent
combien il est important de faire preuve de solidarité avec autrui, en particulier
avec les nécessiteux et ceux qui sont tombés dans la misère, sans distinction
d’origine. Les gens sont invités à vivre comme des frères et sœurs au sein d’une
unique famille humaine et à partager leurs soucis et afflictions. Les fidèles de toutes les religions de Papouasie occidentale ont manifesté spontanément leur solidarité avec ceux qui sont dans la souffrance. La communauté hindoue par
exemple montre sa solidarité en « aidant nos frères et sœurs qui ont été touchés
par des catastrophes naturelles, comme celle de Nabire ».167
Les communautés religieuses s’engagent également dans le domaine de la
prospérité sociale en Papouasie occidentale. Cela se reflète dans la création
d’orphelinats gérés par les diverses communautés religieuses et qui prennent en
charge des garçons et des filles de divers groupes ethniques et couleurs de peau.
Ainsi l’Église catholique romaine tient un orphelinat à Jayapura, appelé Putri Kerahiman, dans lequel vivent plus de 100 garçons et filles issus de divers groupes
ethniques et raciaux.168 De plus, les communautés religieuses proposent une formation et un apprentissage professionnel à ces jeunes gens et tentent d’aborder
les problèmes sociaux grâce à la pastorale et à d’autres initiatives sociales.169 Voilà
quelques exemples d’activités pacifiques qui donnent de l’espoir aux chefs spirituels et qui les encouragent à poursuivre leur travail en faveur de la paix en
Papouasie occidentale.
3.8. Politique
La mission des religions est dénuée de toute motivation politique. Les religions
ne sont pas un moyen de parvenir au pouvoir ou de le conserver, et elles ne doivent pas l’être. Les religions ne doivent pas permettre que les gouvernements leur
dictent ou définissent leurs idéaux, missions et activités. Même si les gouvernements œuvrent tout comme les communautés religieuses pour le bien des gens,
ils le font chacun de leur côté. Concevant les religions comme des institutions
indépendantes, les chefs spirituels pensent que « les religions ont une position
spécifique de négociation ».170
35
Les leaders religieux de Papouasie occidentale sont conscients que les politiciens divisent les gens entre ceux qui sont pour l’autonomie et ceux qui sont
contre, ceux qui soutiennent la division de la Papouasie occidentale en plusieurs
provinces distinctes et ceux qui refusent cette scission. Le morcellement de la
société s’accroît avec la méfiance suscitée par les quarante années d’oppression
que le régime indonésien a exercée sur les Papous indigènes. Cette oppression
a semé la discorde parmi les Papous indigènes, entre migrants indonésiens et indigènes ainsi qu’entre le gouvernement indonésien et les Papous indigènes. Les
communautés religieuses ont tenté de contrer cette division, en encourageant
conjointement le sentiment communautaire des habitants de Papouasie. Ainsi
que le soutenait monseigneur Leo, les leaders spirituels se sont engagés à « travailler ensemble et à avancer ensemble car notre mission est d’édifier la paix et
la communion entre tous les hommes ».171 Dans leur travail de soutien de la communauté, les communautés religieuses ne cherchent pas à soutenir tel ou tel groupe ou parti, mais à défendre et à promouvoir les valeurs et droits fondamentaux
de la vie humaine.172 Considérant le rôle unificateur des communautés religieuses en Papouasie occidentale, les leaders religieux relèvent que les « religions
sont une ‘ceinture de sécurité’ et contribuent à l’unité ».173
Les chefs spirituels constatent l’absence de démocratie. Le régime indonésien n’autorise pas les habitants de Papouasie occidentale à exercer leur droit de
participer au processus décisionnel. Il n’est accordé aucune place aux communautés traditionnelles, aux communautés religieuses et aux femmes afin qu’elles
puissent participer pleinement et activement au processus de développement.174
Le gouvernement utilise généralement une approche top-down, du haut vers le
bas. Depuis le début de la domination indonésienne sur la Papouasie occidentale, la plupart des décisions politiques prises par le régime à propos du développement en Papouasie occidentale bafouent la valeur de la dignité humaine,
la réalité d’une société plurielle, les appels à la justice, une planification participative au développement, les droits de l’homme et le respect de l’intégrité de
la création.175 En dépit de toutes les difficultés, les chefs spirituels ont insisté à
maintes reprises sur « l’importance de l’éthique dans la prise de décision et sur
l’importance d’utiliser une voie pacifique et de respecter la dignité humaine pour
résoudre les problèmes »176 sur la voie de la paix en Papouasie occidentale.
36
4. « Papouasie, terre de paix »
La description qui précède présente les menaces qui pèsent sur la paix ainsi que
les espoirs de paix et met en lumière le contexte dans lequel les chefs religieux
ont lancé la campagne sous la devise « Papouasie, terre de paix ». Pour bien comprendre l’initiative interreligieuse en faveur de la paix, il convient d’expliquer
le concept de « Papouasie, terre de paix » tel qu'il est interprété par les leaders
religieux en Papouasie occidentale. Ce chapitre explore la motivation, la vision
et les valeurs qui sous-tendent le concept de « Papouasie, terre de paix » ainsi
que l’engagement pris par les chefs spirituels d’œuvrer ensemble en faveur de la
paix en Papouasie.
4.1. Mission religieuse
L’engagement en faveur de la paix des leaders religieux de Papouasie occidentale repose sur leurs convictions religieuses et s’inscrit dans le prolongement de
leur mission religieuse. Ils reconnaissent que chaque religion enseigne comment
vivre dans la paix et comment la cultiver. Comme le souligne monseigneur Leo,
œuvrer pour la paix est « notre mission religieuse et cela correspond au désir de
chaque individu ».177
Aux yeux des chrétiens, la paix est une valeur prêchée dans l’Évangile et le
souhait le plus profond de tous les individus sans exception. Ainsi, l’engagement
des chrétiens en faveur de la paix n’est pas motivé politiquement mais repose
uniquement sur la valeur accordée à la paix dans l’Évangile. Pour les Églises, œuvrer pour la paix est un appel de Dieu. Par conséquent, malgré les réserves exprimées par certains en ce qui concerne leur travail pour la justice, les droits de
l’homme et la paix, les Églises de Papouasie occidentale « ont une vocation et
un engagement à continuer de jouer un rôle prophétique par égard pour la dignité humaine conférée par Dieu, en collaboration avec tous les gens de bonne volonté ».178 La volonté des chefs des Églises de collaborer avec d’autres religions dans
l’intérêt de la paix repose sur la croyance selon laquelle « les religions peuvent
apporter la paix si les fidèles transcendent leur adhésion institutionnelle et
convergent sur le plan de la foi et de l’expérience d’un Dieu qui incarne le commencement, la source et la destination de l’humanité ».179
L’engagement de la communauté musulmane dans la lutte pour la paix en
Papouasie occidentale est ancré dans la tradition musulmane, qui considère
qu’œuvrer pour la paix est une mission religieuse. Par conséquent, « l’islam défend
fermement la paix » comme l’affirme Zuweir Husein, président de la branche
papoue du Conseil indonésien des oulémas (Majelis Ulama Indonesia / MUI). Car
37
« islam » est synonyme de « paix, joie et prospérité ». C’est d’ailleurs ce
qu’exprime la formule de salut traditionnelle « Assalamu alaikum warahmatullahi wabarakatuh » qui signifie « Que la paix soit avec vous avec la bénédiction
d’Allah Tout-Puissant ». Cette formule est une prière proférée pour que la personne que l’on rencontre reçoive les grâces de Dieu. Ainsi, la personne formulant ces vœux prononce en réalité une prière de paix. L’islam reconnaît le rahmatan lilalamin, ce qui signifie que l’islam apporte sa bénédiction à tous les peuples
du monde entier sans aucune discrimination. En outre, l’islam est à la recherche de la connaissance et de la compréhension au sein des différents groupes de
la société.180
Pour la communauté hindoue de Papouasie occidentale, œuvrer pour la paix
est l’expression de sa foi, comme le soulignait l’un de ses chefs, I Gusti Made
Sunartha, en déclarant que la paix constitue l’objectif de la vie d’un individu.181 Cela
est clairement exprimé dans le terme Santih et décrit dans le Yajurveda xxxvi.17 :
Puissiez-vous être en harmonie avec l’air, le ciel et la terre. Puissiez-vous ne
former qu’un avec les eaux, les plantes et les herbes médicinales, sources de
votre bien-être. Puissent les différentes divinités et Dieu Tout-Puissant nous
accorder paix et harmonie. Puissent tous les coins de la terre être en harmonie.
Puisse cette harmonie venir à nous.
Le mot « paix » est toujours présent dans les prières de la communauté hindoue.
À la fin d’une prière, les hindous disent toujours « Om Santih », qui signifie « Que
la paix soit faite ». Ils prient donc pour la paix.
La paix est considérée comme étant à l’origine du bonheur individuel.
L’hindouisme enseigne la manière de vivre dans la paix selon trois concepts :
– Tat Twam Asi, la réalisation de l’amour pour tout ce qui compose l’univers ;
– Tri Karya Parisuda (Trois règles de conduite saintes), c’est-à-dire pensées pures,
discours pur et conduite pure ;
– Tri Hitha Karana (Trois sources de paix et de bonheur), c’est-à-dire Dieu,
l’humanité et l’univers.
Les membres de la communauté hindoue participent à la promotion de la paix
en appliquant le Tat Twam Asi, le Tri Karya Parisuda et le Tri Hitha Karana au quotidien. Ils partagent également ces valeurs religieuses avec les fidèles d’autres religions en travaillant avec eux en faveur de la paix en Papouasie.
Enracinés dans leurs traditions religieuses, les chefs spirituels de Papouasie
occidentale sont convaincus que les religieux peuvent apporter la paix. Leur mission religieuse les enjoint à travailler ensemble en faveur de la paix. Ainsi que
l’explique monseigneur Leo, les leaders religieux « souhaitent travailler et avan-
38
cer ensemble, car notre mission est d’édifier la paix et la communion entre tous
les hommes ».183
La motivation religieuse de la coopération interreligieuse pour la paix est bien
exprimée dans la prière hindoue OM Santih Santih Santih OM, qui signifie « Avec
la grâce de Dieu, nous apporterons la paix dans vos cœurs, dans le monde et dans
la vie à venir ».184 La paix est donc la fin et l’objectif à atteindre par le biais de la
coopération interreligieuse. Les chefs religieux pensent que l’engagement de faire
de la Papouasie une terre de paix est un acte de foi en Dieu.185 C’est pourquoi ils
se sont engagés à promouvoir la Papouasie occidentale comme terre de paix.186
4.2. La vision de « Papouasie, terre de paix »
Bien que l’engagement interreligieux pour la paix soit crucial, il ne suffit pas à
lui seul, car un engagement de cette nature a besoin de se manifester dans des
activités communes. L’initiative interreligieuse en faveur de la paix doit être guidée par une vision clairement définie et dirigée vers cette même vision partagée
et approuvée par les chefs de toutes les religions de Papouasie. Cette vision est
bien rendue dans l’expression « Papouasie, terre de paix », une déclaration commune des leaders de toutes les religions publiée le 5 février 2003. « Papouasie, terre
de paix » est par la suite devenue la devise de la campagne en faveur de la paix.
La déclaration interreligieuse est le résultat d’une réflexion sur des activités
précédemment initiées par des Papous indigènes. De jeunes Papous et étudiants
avaient lancé l’idée d’une zone de paix à l’occasion d’une rencontre tenue en
juin 1999 à Serui, capitale du district de Yapen Waropen. Les étudiants souhaitaient que cette rencontre soit pacifique afin d’éviter qu’elle ne soit perçue
comme subversive par les forces de sécurité indonésiennes et qu’elle soit interrompue pour cette raison. Après avoir obtenu le soutien du Conseil du présidium
papou (Presidium Dewan Papua / PDP), Marthen Tanawane, chef tribal des Papous
à Serui, a déclaré le district de Yapen Waropen zone de paix. Une déclaration
publique à cet effet a été proclamée en présence des Papous et des non-Papous
le 17 septembre 2000.187
L’idée d’une zone de paix fut ensuite débattue plus en détails par le Conseil
coutumier papou (Dewan Adat Papua / DPA), qui a trouvé qu’il s’agissait là d’une
expression parfaitement adaptée à l’engagement en faveur de la paix en Papouasie.
À l’occasion de leur congrès annuel, les chefs de tribus ont donné leur soutien
aux Papous indigènes pour définir la Papouasie occidentale comme « territoire
exempt de violence, d’oppression et d’affliction ».188 La proclamation de la
Papouasie comme « zone de paix » a trouvé un large écho parmi les Papous indigènes, car elle reflète leur profond désir de vivre dans la dignité sur leurs terres,
en étant traités comme des êtres humains et non pas comme des séparatistes.
39
L’institut pour la défense et la promotion des droits de l’homme, Lembaga Study
dan Advokasi Hak-hak Asasi Manusia (ELSHAM), une organisation non gouvernementale des droits de l’homme basée à Jayapura et soutenant la campagne en
faveur de la paix lancée par les Papous indigènes a organisé, en collaboration avec
le gouvernement provincial, le Conseil législatif provincial et la police, une
conférence visant à discuter du concept de « Papouasie, zone de paix ». Telle que
définie lors de la conférence, « Papouasie, zone de paix » désigne une situation
dans laquelle la Papouasie et ses habitants se sentent libérés de tout conflit physique et psychologique. Dans cette quête vers la paix, toutes les politiques de développement doivent prendre en compte les conditions sociales et culturelles de la
Papouasie occidentale. Le concept de « Papouasie, zone de paix » devrait être formulé dans une loi.189 Le 1er décembre 2002, Tom Beanal, vice-président du
Conseil du présidium papou (Presidium Dewan Papua / PDP) et leader amungme
a déclaré la Papouasie occidentale zone de paix.190
Les chefs religieux soutiennent pleinement la déclaration d’une « zone de
paix » du fait que les Papous indigènes tout comme les immigrants indonésiens
désirent la paix et souhaitent voir la Papouasie occidentale se transformer en un
territoire pacifique. Tout le monde place ses espoirs dans une Papouasie occidentale « exempte de violence, de conflit et d’effusion de sang ».191 Après un examen plus détaillé, les chefs spirituels ont interprété le concept de « Papouasie,
zone de paix » comme signifiant non seulement « un territoire sans violence »,
mais également une « région dans laquelle les hommes soutiennent la fraternité, rejettent la violence et renoncent à tout conflit ».192
En poussant la réflexion un peu plus loin, les leaders religieux se sont rendu
compte que le terme « zone de paix » risquait d’être mal compris. Par exemple,
certaines régions de Papouasie occidentale pourraient être déclarées zones de paix
tandis que d’autres seraient considérées comme zones de guerre. Ils ont donc opté
pour « Papouasie, terre de paix ». Au travers de cette proclamation, les chefs religieux ont souhaité indiquer clairement que l’ensemble du territoire de Papouasie occidentale était une terre de paix et non pas seulement certaines régions. Il
s’agit d’un appel à tous les habitants de Papouasie à se faire entendre et à œuvrer pour la paix.193 Ainsi que le soulignait le révérend Andreas Ayomi, président
à l’époque de la communion des Églises en Papouasie (Persekutuan GerejaGereja di Papua / PGGP), travailler pour la « Papouasie, terre de paix » est une
responsabilité qui incombe à tous ceux qui vivent en Papouasie afin que la paix
continue de fleurir ».194
Mais le concept de « Papouasie, terre de paix », tel qu’il est envisagé par les
chefs religieux, englobe bien plus que l’absence de violence. Ainsi que le décrit
le révérend Herman Saud, l’objectif de « Papouasie, terre de paix » « est non seulement de mettre un terme à la violence perpétrée par l’armée et la police indo-
40
nésiennes, mais également de créer une atmosphère permettant aux habitants de
Papouasie de jouir de relations harmonieuses avec Dieu, entre eux et avec
l’ensemble de la Création ».195 Cela signifie que le concept de « Papouasie, terre
de paix » est une condition sociale et non pas un simple territoire196 « sur lequel
tous les hommes peuvent grandir et se réaliser pleinement en tant qu’êtres
humains ».197
Dans la perspective de la création d’une « Papouasie, terre de paix », les leaders religieux ont tout mis en œuvre pour construire une union spirituelle et avancer ensemble avec les fidèles de toutes les religions. Ils se sont engagés dans des
efforts communs pour mettre fin aux affrontements et désamorcer d’éventuels
conflits violents, convaincus que « ce n’est que dans la paix que chaque individu peut grandir et se développer en toute dignité en tant qu’être humain ».198
4.3. Les valeurs sous-jacentes au concept de
« Papouasie, terre de paix »
Prenant le concept de « Papouasie, terre de paix » comme vision de la campagne
en faveur de la paix, les chefs religieux se rendent compte de la nécessité
d’identifier certaines valeurs fondamentales sans lesquelles la paix ne pourra
jamais régner en Papouasie occidentale. Après avoir mené une réflexion sur les
menaces qui pèsent sur la paix, les véritables besoins des populations et le désir
le plus profond de chaque individu vivant en Papouasie occidentale, les chefs
spirituels ont souligné que la campagne pour la « Papouasie, terre de paix » doit
être basée sur et guidée par certaines valeurs fondamentales telles que la conscience et le respect de la pluralité, de la justice, de l’unité, de l’harmonie, de la
solidarité, de la cohésion, de la fraternité sincère et du bien-être. Telles sont les
valeurs qui sous-tendent le concept de « Papouasie, terre de paix ». Les leaders
religieux sont convaincus que la Papouasie deviendra une terre de paix si ces
valeurs fondamentales sont pleinement intégrées dans la vie de chacun et dans
tous les domaines de la société.
4.3.1. La conscience et le respect de la pluralité
La pluralité religieuse est l’une des caractéristiques de la société de Papouasie occidentale. Ses membres appartiennent à différentes religions telles que le christianisme, l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme et les religions traditionnelles.
Étant donné que la majorité de la population est de confession chrétienne, la
Papouasie occidentale se positionne comme un territoire chrétien dans l’un des
plus grands pays musulmans du monde : l’Indonésie.
41
La majorité des Papous indigènes est divisée en différentes Églises et dénominations. Les Papous vivant dans la partie nord du territoire sont des fidèles
des Églises protestantes tandis que ceux vivant dans la partie sud ont plutôt tendance à être catholiques. Seule une minorité de Papous adhère aux religions traditionnelles (2 pour cent) et à l’islam (2 pour cent). La majorité des migrants indonésiens sont musulmans.
La société de Papouasie occidentale est également pluraliste sur le plan ethnique. Même si tous les Papous indigènes sont de la même race, mélanésienne,200
ils appartiennent à 252 groupes ethniques différents. Les migrants indonésiens
de race malaise se répartissent également en différents groupes ethniques comme
les Javanais, les Buginais, les Manadonais, les Ambonais, les Bataks, etc. Bien
qu’ils communiquent entre eux en Bahasa Indonesia, la langue nationale de
l’Indonésie, chaque groupe ethnique, papou ou non-papou, a sa propre langue.
Les leaders religieux sont parfaitement conscients que promouvoir la paix
dans une société pluraliste nécessite une prise de conscience approfondie et le
plein respect de la diversité légitime.201 La condition préalable à la création
d’une « Papouasie, terre de paix » est une attitude de reconnaissance mutuelle
entre les individus et les groupes. Les différences religieuses, raciales, ethniques
et professionnelles doivent être reconnues et acceptées comme un cadeau (rahmat).202 Une attitude opposée, à savoir le refus de l’existence d’autres personnes
ou groupes, peut déclencher de violents conflits dans la société.
Une attitude de reconnaissance mutuelle permet à chacun de s’ouvrir à
l’autre, d’en savoir plus sur ses propres traditions et d’en apprécier la richesse et
la particularité. La connaissance d’autres peuples et groupes permet d’accéder à
une meilleure compréhension mutuelle et de découvrir la présence de valeurs
stimulantes contenues dans les traditions d’autres individus. Tout cela aide à promouvoir une attitude basée sur l’acceptation mutuelle.
Dès lors que les hommes commencent à s’accepter les uns les autres, ils développent une attitude de respect mutuel. Ils finissent par apprécier la richesse non
seulement de leurs propres traditions culturelles et religieuses mais aussi de celles des autres. Par ailleurs, ils s’entraident pour muer les différentes approches
de la mort existant dans chaque communauté religieuse et ethnique.
Les chefs spirituels de Papouasie occidentale ne considèrent pas la diversité socioculturelle comme un fardeau ou un obstacle à la paix, mais comme une source de
richesse dont il faut se réjouir et qui mérite d’être encouragée. La diversité culturelle et religieuse est vue comme un cadeau divin qui doit être soigneusement nourri dans la perspective de la paix et du développement.203 Les leaders religieux invitent
et encouragent tous les hommes vivant en Papouasie « à reconnaître et accepter la
diversité ethnique, religieuse et culturelle comme un cadeau de Dieu ».204
42
4.3.2. La justice
43
Les chefs religieux de Papouasie occidentale sont convaincus que la paix est toujours le fruit de la justice. Aussi, il ne peut y avoir de paix durable en Papouasie
sans justice. La justice doit être encouragée pour que se réalise la vision d’une
« Papouasie, terre de paix ».
De par le contexte historique de la Papouasie occidentale, la justice sociale
revêt une grande importance. Critère décisif de moralité dans la sphère interpersonnelle et sociale, la justice régule les relations sociales entre les individus
et les groupes. Les relations sociales régulées par la justice doivent être exemptes de domination, manipulation et exploitation.
Néanmoins, la justice n’est pas uniquement une simple convention humaine, car ce qui est « juste » n’est pas déterminé en premier lieu par la loi mais par
l’identité profonde de l’être humain. La justice transposée en comportement doit
reposer sur la volonté de chacun de reconnaître l’autre comme une personne,
en d’autres termes, il s’agit de reconnaître les droits et les devoirs humains émanant de la dignité humaine. Rendre la justice signifie respecter les droits des autres
et s’acquitter de ses devoirs. Cela implique la reconnaissance des droits mutuels
et l’accomplissement des devoirs respectifs. De cette manière, la reconnaissance
sincère est conférée aux droits et devoirs réciproques dans les relations sociales.
Inversement, la paix ne peut prévaloir là où violence est faite aux libertés inaliénables de l’homme, là où la personnalité de l’être humain est ignorée ou dégradée et là où discrimination et intolérance ont droit de cité.
La justice ne suffit cependant pas à elle seule. En effet, elle peut même se trahir. La trahison de la justice se manifeste lorsqu’un voisin est blessé, tué, privé
de sa liberté ou dépouillé de ses droits fondamentaux, et ce au nom de la justice.
C’est pourquoi la justice doit être ouverte à un pouvoir plus profond : celui de
l’amour. La justice doit émaner de l’amour miséricordieux. Rendre justice aux
autres signifie montrer de l’amour pour son prochain. Les chefs spirituels de
Papouasie occidentale invitent et encouragent donc le peuple de Papouasie
« à l’amour du prochain comme profession de foi ».205
tions sociales entre les hommes sont souillées par une méfiance mutuelle. À partir de l’expérience vécue dans les provinces indonésiennes et en Papouasie occidentale, les chefs spirituels s’accordent à dire que les intérêts politiques, économiques,
ethniques et religieux peuvent facilement diviser les hommes et déclencher de
violents conflits. Ainsi, la Papouasie occidentale ne peut devenir une terre de paix
que s’il existe une unité générale.
Construire une unité en faveur de la paix en Papouasie occidentale devient
une priorité pour les chefs religieux. Ils se rendent compte que l’unité ou la communion entre les hommes ne peut pas et ne doit pas trouver son fondement dans
la force des armes, la terreur ou l’abus de pouvoir. Les individus, êtres sociaux,
tendent à s’unir les uns aux autres, non pas en raison de multiples formes
d’organisations, de communautés, de politiques et de plans économiques, mais
parce que chaque individu est un membre vivant appartenant à la famille
humaine. C’est parce que tous les membres de la famille humaine sont des êtres
humains qu’ils sont tous égaux en vertu de leur dignité humaine.
L’unité telle qu’elle est comprise par les leaders religieux de Papouasie occidentale ne doit pas être confondue avec l’uniformité. L’unité qu’ils encouragent
est destinée à être réalisée dans la diversité. Cela exige donc une reconnaissance
du pluralisme légitime et l’acceptation de la diversité de tous les groupes. La réalité pluraliste n’est pas rejetée, car tout refus de la diversité culturelle et religieuse au nom de l’unité ne ferait que creuser la division et déclencher de violents
conflits au sein de la société. C’est pourquoi aucune religion ou culture en particulier n’est prise comme fondement de l’unité ou comme critère de jugement.
La dignité humaine, le respect mutuel et l’amitié, l’interdépendance dans
la coopération et l’intérêt commun peuvent et doivent fournir une base solide
pour créer une communion entre les hommes vivant en Papouasie occidentale.
Comme l’a confié monseigneur Leo, ce que les chefs religieux de Papouasie
occidentale ont commencé à promouvoir sur ces fondements c’est « l’établissement
d’une communion pacifique avec tous les groupes culturels, ethniques et religieux et avec les différents courants politiques ».206
4.3.3. L’unité
4.3.4. L’harmonie
Les leaders religieux considèrent l’unité comme l’une des valeurs fondamentales
de leur travail pour la « Papouasie, terre de paix ». Travailler pour l’unité en Papouasie occidentale est devenu une tâche plus contraignante, car l’oppression permanente exercée par le gouvernement indonésien a engendré méfiance et division entre les différentes communautés de la société. Étant donné que la
population en Papouasie occidentale est déjà divisée selon des critères ethniques, religieux, raciaux et de genre, elle ne peut vivre dans la paix si les rela-
L’harmonie est l’une des valeurs étayant le concept de « Papouasie, terre de paix ».
C’est la raison pour laquelle les chefs de toutes les religions de Papouasie occidentale promeuvent les trois aspects de l’harmonie : l’harmonie avec Dieu, avec
son prochain et avec l’ensemble de la création.207
Dans un premier temps, les leaders religieux soulignent l’importance de vivre
en harmonie avec Dieu.208 Ils défendent l’idée selon laquelle une « relation harmonieuse avec Dieu est la clé de bonnes relations avec toutes les créatures ».209
44
Cette relation verticale nécessite la reconnaissance de Dieu comme Créateur et
la reconnaissance des êtres humains comme Ses créatures. Une relation harmonieuse avec Dieu doit se manifester dans une relation harmonieuse avec les autres
et avec la nature, car « la foi en Dieu ne peut être dissociée du respect envers les
êtres humains et l’amour de Dieu n’est que mensonge si l’amour des autres est
absent ».210 Si les êtres humains manipulent Dieu pour satisfaire leurs propres intérêts, ils détruisent leurs relations harmonieuses avec les autres et l’ensemble de
la création.211 C’est pourquoi les chefs spirituels dénoncent toute tentative
d’utiliser le nom de Dieu et la religion comme un instrument servant à obtenir,
maintenir ou légitimer le pouvoir politique. De telles tentatives « font des fidèles non pas des porteurs de paix mais de conflits et de troubles débouchant sur
des actes de violence ».212 Les leaders religieux s’opposent donc à tout groupe fondamentaliste projetant d’éradiquer l’existence des autres et prêt à user de tous
les moyens pour y parvenir.213
Dans un deuxième temps, les chefs religieux soulignent l’importance d’une relation harmonieuse entre les peuples.214 Cette relation devrait toujours reposer sur
le respect de la dignité de la personne humaine. C’est pourquoi ils appellent tous
les hommes à traiter leurs semblables comme des êtres humains et des enfants
de Dieu. Respecter la dignité de la personne humaine est le seul moyen d’établir
de bonnes relations entre les individus et les groupes de la société. Car « ce n’est
qu’en respectant les autres comme des créatures de Dieu et des enfants de Dieu,
chéris par Dieu en personne, que nous réussirons à construire une société pacifique ».215 Pour être harmonieuses, les relations entre les hommes doivent être
empreintes d’honnêteté, de confiance mutuelle, de justice, d’égalité, d’amitié et
de fraternité ainsi que de respect mutuel et de reconnaissance en tant qu’êtres
humains. Si ces valeurs ne sont pas mises en pratique, les relations harmonieuses
sont détruites à la suite des désaccords résultant d’aspirations politiques incompatibles, de divisions socio-économiques, d’abus de positions et de pouvoir, de
la méfiance et de la division entre les groupes ethniques et religieux, et d’actes
de violence perpétrés par les forces de sécurité ou les civils.216
Dans un troisième temps, les chefs spirituels soulignent qu’une relation harmonieuse avec la nature est essentielle pour la paix,217 car elle permet de maintenir une vie harmonieuse dans la société. Inversement, « une relation non harmonieuse avec la nature débouche sur une relation non harmonieuse entre les
hommes ».218 La réalité en Papouasie occidentale a montré que la nature peut être
facilement détruite par l’exploitation arbitraire des ressources naturelles destinée à satisfaire des intérêts égoïstes. À son tour, une relation détériorée avec la
nature détruit non seulement l’habitat matériel et spirituel de beaucoup
d’individus, les écosystèmes des forêts et les ressources telles que la nourriture
et l’eau, mais également la vie humaine. D’où l’accent mis par les leaders reli-
45
gieux sur la nécessité de préserver la nature et d’utiliser les ressources naturelles
à bon escient afin de garantir la vie humaine.219
Les chefs religieux de Papouasie occidentale sont convaincus qu’il n’y aura pas
de paix si les hommes ne parviennent pas à vivre en harmonie. Ils invitent et encouragent donc chaque individu vivant en Papouasie à « conserver communion et harmonie avec Dieu, confrères et consœurs de la communauté et la nature ».220
4.3.5. La solidarité
Une autre valeur qui sous-tend le concept de « Papouasie, terre de paix » est la
solidarité,221 qui signifie « souffrir avec ». Ainsi, être solidaire signifie souffrir avec
ceux qui sont affligés. La solidarité met en lumière de manière très particulière
la nature sociale intrinsèque des êtres humains.
La solidarité n’est pas un sentiment de vague pitié pour les nécessiteux, ni un
sentiment d’affliction superficielle à l’égard du malheur des autres. C’est avant tout
une vertu morale authentique qui implique une ferme détermination à s’engager
pour l’intérêt commun, car nous sommes tous responsables de nos semblables.
La solidarité représente également une vertu sociale fondamentale dans
laquelle se reflète une volonté de donner pour le bien de son prochain sans le
moindre intérêt personnel. Cela implique une auto-privation pour le bien des
autres. Une attention particulière est accordée aux victimes des catastrophes naturelles, mais aussi aux victimes de désastres causés par l’homme. Car la solidarité se manifeste à travers un acte d’amour préférentiel envers ceux qui sont rejetés, exclus, marginalisés et privés de leurs droits et de leur dignité humaine ou
encore oppressés par la société et l’autorité.
Exercer la solidarité signifie traiter les victimes d’injustice et de catastrophes
naturelles comme des frères appartenant à l’unique famille humaine sous la paternité de Dieu. La solidarité vise à redonner aux victimes leur plein statut
d’enfants de Dieu, à établir des relations justes et aimantes entre les individus
et les groupes de la société, à les aider à jouir d’une vie emprunte d’intégrité et
de dignité et à accéder à la plénitude de l’existence qui découle d’une communion de vie entre les individus, les communautés et avec Dieu.
4.3.6. La cohésion
Vivant dans une société pluraliste, les chefs religieux de Papouasie occidentale
mettent l’accent sur la valeur de cohésion. En indonésien, cette valeur porte le
nom de kebersamaan.222 Dans la vie de tous les jours, on constate que cette
valeur découle d’une origine géographique, appartenance ethnique, religion,
nationalité, etc., identique. Mettre l’accent sur la valeur de cohésion revient à
46
pousser les individus à reconnaître la présence d’autres personnes, groupes
sociaux et religions. Chacun est prié de se comporter et d’agir comme il se doit
afin de ne pas ébranler les relations harmonieuses avec les autres. La présence
des autres et leur différence légitime doivent être respectées. Aucune forme de
discrimination n’est tolérée.
Là où aucune considération n’est accordée à la valeur de cohésion, l’existence
des autres est tout simplement passée sous silence. Les individus et groupes sociaux
se mettent à se comporter de manière exclusive et pharisaïque. On constate
l’absence de volonté d’engager le dialogue avec les autres. Les individus imposent peu à peu leurs intérêts aux autres. Ils utilisent la culture ou la religion comme
critère de jugement. Au lieu de défendre l’intérêt commun et de travailler en ce
sens, ils donnent la priorité aux intérêts de leur propre communauté ou groupe. Tout cela débouche sur de violents conflits entre les communautés. Les autres
sont considérés comme des ennemis devant être éliminés pour garantir la sécurité. Les groupes ou communautés défendent leur existence en tant qu’entité
et commencent à se détruire les uns les autres, comme ce fut le cas dans les violents conflits qui ont eu lieu à Poso et sur les Moluques. C’est pourquoi « nous,
chefs spirituels de Papouasie, sommes au défi de construire un réseau plus solide
pour travailler ensemble afin que nos hommes ne soient pas entraînés dans des
conflits religieux ».223
Les leaders religieux de Papouasie occidentale constatent que la « Papouasie,
terre de paix » ne peut pas être créée en adoptant une attitude fanatique. D’où
leur engagement pour la promotion de la valeur de cohésion dans la société. Ils
encouragent les populations à être ouvertes et à entrer en contact et tisser des
relations sociales avec d’autres groupes afin d’éviter des conflits violents dans la
société. Car la « clé est de croire en les autres, d’honorer les autres et de comprendre la foi des autres ».224
4.3.7. La fraternité sincère
Les chefs religieux de Papouasie occidentale ont inclus la fraternité sincère dans
les valeurs fondamentales qui sous-tendent leur concept de « Papouasie, terre
de paix ». Ils sont convaincus que la fraternité sincère doit être encouragée par
les efforts consentis pour faire de la Papouasie occidentale une terre de paix.
La fraternité sincère, telle qu’elle est entendue par les chefs de toutes les religions de Papouasie occidentale, n’est pas basée sur la même couleur de peau, tradition culturelle, religion, race ou encore sur le même sexe. Toute fraternité basée
sur ces éléments n’engendra jamais la paix, mais uniquement la méfiance, division, discrimination et de violents conflits entre les individus. La fraternité sin-
47
cère prend en compte l’origine, la nature et la destinée communes de tous les
membres de la famille humaine et l’égalité de leurs droits fondamentaux.
La fraternité sincère, encouragée par les leaders religieux de Papouasie occidentale, est enracinée dans la dignité de la personne humaine. Le fondement ultime de la fraternité sincère entre tous les hommes, indépendamment de leur race,
de leur religion, de leur nationalité, de leur sexe, de leur origine ou de leur tradition culturelle, est l’identité de la dignité humaine, qui repose sur la croyance selon
laquelle tous les êtres humains sont égaux en raison de leur dignité naturelle. Ils
sont créés par Dieu et dotés d’une âme rationnelle. Ils ont la même nature et la
même origine. Ils ont la même vocation et destinée divines. Tous les êtres humains
sont égaux en dignité et en droits. Ainsi, la dignité de la personne humaine constitue le véritable fondement de l’égalité des hommes entre eux. Selon Zuweir Husein,
chef de la communauté musulmane de Papouasie occidentale, « l’islam insiste sur
le fait que tous les individus ont la même dignité, le même prestige et le même
statut, qu’aucun groupe dans la société n’est meilleur qu’un autre, qu’il s’agisse
d’une nation, d’une religion, d’une classe sociale ou d’un groupe politique ».225
L’affirmation selon laquelle certains êtres humains sont par nature supérieurs
tandis que d’autres sont inférieurs est donc fausse. Par conséquent, aucune
communauté sociale ou religieuse est supérieure ou inférieure par nature. Toutes les communautés sont dotées de la même dignité naturelle, car les membres
qui les composent sont tous des êtres humains. Toute forme de discrimination
sociale ou culturelle basée sur le sexe, la race, la couleur, la condition sociale et
la religion ne peut et ne doit être justifiée. Il s’agit au contraire d’empêcher et
d’éradiquer toute discrimination. Étant donné que les êtres humains sont dotés
de raison et d’une conscience, ils sont appelés, même s’ils appartiennent à différentes religions, à agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
« Nous devons nous efforcer de nous comprendre les uns les autres. Il est de notre
devoir de nous rendre compte que nous avons besoin de reconnaître les membres d’autres confessions, car nous formons une seule et même famille ».226
4.3.8. Le bien-être
Le bien-être fait partie des valeurs fondamentales qui sous-tendent le concept
de « Papouasie, terre de paix ».227 Cette valeur ne se limite pas aux besoins vitaux
que sont la nourriture, l’eau potable et l’hébergement, mais englobe également
la santé, l’éducation et un environnement propre : il s’agit là de besoins primaires
nécessaires à chaque individu. L’apport de bien-être tel que défini précédemment
implique une vaste contribution à la création de « Papouasie, terre de paix ». Les
chefs religieux sont convaincus que la paix ne peut s’établir en Papouasie si les
besoins fondamentaux des populations ne sont pas satisfaits.
48
Le bien-être est également lié à la distribution des fruits du développement.
En Papouasie occidentale, le développement, les activités économiques et les services publics encouragés par le gouvernement, telles la santé et l’éducation, sont
concentrés dans les villes composées aux deux-tiers de migrants indonésiens. Les
Papous indigènes, eux, continuent de vivre dans des villages isolés où les programmes de développement n’ont que très peu d’impact. Les ressources naturelles de Papouasie occidentale sont exploitées par des entreprises privées nationales et multinationales ; cela ne permet pas d’améliorer le bien-être des Papous
indigènes qui restent pauvres et marginalisés. La richesse qui provient des ressources naturelles n’est pas distribuée équitablement au sein de la population.
Or, il ne peut y avoir de paix sans une distribution équitable de la richesse entre
les habitants de Papouasie.
Les leaders religieux pensent que les richesses de la terre ont été créées par
Dieu pour être utilisées à bon escient par tous et non pas par une poignée de personnes. Ces richesses doivent être partagées équitablement en accord avec les
principes de justice et de charité. Les activités de développement doivent être
au service des individus et de l’intérêt commun. Tous les membres de la communauté, notamment la communauté des Papous indigènes, doivent avoir la
chance de se développer et d’avoir accès comme les autres aux formes collectives
de la richesse.
La question du bien-être est donc intimement liée à la situation politique
et gouvernementale. Pour cette raison, les chefs spirituels appellent le gouvernement central et régional à « donner aux Papous la chance d’occuper une place
légitime d’acteurs dans le processus de développement et d’utiliser les ressources naturelles pour le bien-être et la prospérité du peuple papou ».
4.4. L’engagement interreligieux
Au vu des valeurs susmentionnées sous-jacentes au concept de « Papouasie, terre
de paix », les chefs religieux se sont unis et engagés pour œuvrer ensemble en
faveur d’une paix durable en Papouasie occidentale. Dans leurs efforts visant à
faire de la Papouasie occidentale une terre de paix, ils cherchent à porter les questions d’injustice et d’oppression sur la place publique, à coopérer avec d’autres,
à prévenir les conflits violents et à explorer les ressources culturelles.
4.4.1. L’injustice et l’oppression portées sur la place publique
Les leaders religieux sont convaincus que la paix est le fruit de la justice. En
d’autres termes, un manque de justice constitue une menace pour la paix. Il est
très important que la justice soit soutenue en Papouasie occidentale, où les valeurs
49
de l’individu, de dignité humaine et des droits de l’homme sont menacées de
manière systématique. Il ne peut y avoir de paix si les droits des individus sont
bafoués. Le respect inconditionnel et effectif des droits inaliénables est essentiel
pour que la paix puisse régner dans la société de Papouasie occidentale.
Les chefs spirituels reconnaissent que ce sont les Papous indigènes qui ont
le plus souffert des violations des droits de l’homme sous le régime indonésien
établi depuis 1963. Parmi ces violations, on compte les meurtres sommaires, les
actes de torture et d’intimidation, la détention arbitraire et les sévices sexuels.
Les Papous ont également été victimes d’autres formes d’oppression comme le
séparatisme, l’imposition d’une police gouvernementale, la présomption
d’incompétence, le dénigrement, l’aliénation culturelle, le refus de l’identité et
de l’expression culturelle et la domination sociale. Toutes ces violations ont amené
les chefs religieux à reconnaître que les « droits de l’homme des Papous étaient
bafoués ».229
Les leaders religieux de Papouasie occidentale pensent qu’il est de leur vocation et de leur devoir de promouvoir la dignité de l’individu humain.230 C’est pourquoi ils se sont unis et engagés ensemble en faveur de la promotion de la « Papouasie, terre de paix », en « portant sur la place publique l’injustice et toutes les formes
d’oppression subies par la société et plus particulièrement par les Papous indigènes ».231 En d’autres termes, ils cherchent à défendre haut et fort et avec courage les droits des plus démunis et à se battre contre toutes formes d’injustice
indépendamment de la raison de tels abus, à s’élever contre les violations des
droits de l’homme sous toutes leurs formes, à promouvoir et défendre la dignité humaine fondamentale, à donner la parole aux « sans voix », à réformer les
structures sociales arbitraires et à permettre aux victimes d’injustice et d’oppression
d’assumer une responsabilité quant aux décisions qui déterminent leur vie et de
participer à ces décisions.
Dans cette quête de justice, les chefs religieux ont besoin de développer une
stratégie efficace de défense et d’investigation, visant à lever le voile sur l’injustice
et l’oppression, ainsi qu’une stratégie de médiation et de négociation. Ces différentes stratégies sont nécessaires pour découvrir les problèmes, chercher des
solutions appropriées, maintenir la suprématie de la loi et mettre fin à la culture
de l’impunité.232
4.4.2. Coopérer avec les autres
La paix étant le plus profond désir de chaque individu, les Papous indigènes et
les migrants indonésiens sont appelés à participer aux efforts consentis pour construire une culture de paix. Ainsi que le rappelait IGM Sunartha, chef de la communauté hindoue, « La paix ne peut pas être créée par les habitants locaux ou
50
les nouveaux arrivants uniquement, par un seul groupe ethnique ou une seule
classe. La paix nécessite un ralliement général ».233 Les chefs religieux de Papouasie
invitent et encouragent donc tous les hommes à « s’engager dans des activités
en faveur de la paix ».234
S’il est vrai que la campagne en faveur de la paix est menée par les leaders
de toutes les religions de Papouasie, faire de la Papouasie occidentale une terre
de paix ne relève pas uniquement de leur responsabilité. Cela nécessite aussi la
participation active de toutes les parties. Les chefs spirituels admettent que
d’autres groupes et institutions travaillent également activement pour la paix.
On compte pas moins de 140 organisations non gouvernementales opérant en
Papouasie dans les domaines de l’éducation, de la santé publique, du handicap
socio-économique, de la nutrition, des droits civils et politiques et de
l’environnement. Dans le même temps, les instituts coutumiers papous s’occupent des conflits concernant les ressources naturelles, défendent les droits
autochtones à la terre et aux ressources, offrent des mécanismes autochtones pour
résoudre les conflits et défendent les intérêts des Papous indigènes. En outre, il
existe des organisations de femmes, de la jeunesse, des organisations professionnelles et différents services gouvernementaux. La campagne en faveur de la
« Papouasie, terre de paix » nécessite la participation active de ces différents groupes et institutions.
Les chefs religieux ont promis de coopérer intensivement et efficacement avec
ces différentes entités. Ils se sont également engagés à étendre leur coopération
à d’autres groupes sociaux et institutions, comprenant le gouvernement et les
forces de sécurité, à Jakarta et en Papouasie occidentale. L’engagement pris par
les chefs religieux de coopérer avec d’autres pour servir la paix se manifeste particulièrement bien dans une déclaration commune qui s’énonce comme suit :
« En notre qualité de chefs religieux, nous nous sommes engagés à faire de
la Papouasie une terre de paix … au travers d’efforts visant à accroître l’efficacité
de la coopération et de la communication entre les chefs spirituels, les chefs
coutumiers, les chefs de la jeunesse, les chefs des femmes, les organisations
gouvernementales et non gouvernementales et toutes les personnes de bonne
volonté ».235
4.4.3. La prévention des conflits violents
L’expérience a montré que les violents conflits en Papouasie occidentale sont à
l’origine de pertes de vies humaines, d’une recrudescence de la souffrance
humaine, d’un déclin de la qualité de vie, de la destruction des relations sociales, de coûts sociaux élevés et d’autres formes de préjudices. Les chefs religieux
se sont impliqués dans la reconstruction post-conflit de la société.
51
En instituant la Papouasie comme terre de paix, les chefs religieux se rendent compte qu’il ne sert à rien d’attendre que la violence fasse irruption pour
intervenir et donner une réponse interreligieuse. Ils sont parfaitement conscients
que, par un travail de coopération, les religions peuvent jouer un rôle de prévention des conflits violents. Plutôt que de réparer les dommages causés par les
affrontements, ils voient une nécessité à agir ensemble pour prévenir ces conflits
sous toutes leurs formes et manifestations. La prévention des conflits peut
contribuer au maintien de la paix et de relations harmonieuses.
Les leaders religieux se sont engagés à agir proactivement plutôt que réactivement. Il s’agit donc d’identifier les risques de conflits violents et d’y répondre
de manière pacifique. Les chefs spirituels doivent donc définir les moyens de
s’attaquer aux prémisses.
L’engagement des chefs religieux de Papouasie occidentale en faveur de la
prévention des conflits violents se fonde sur les valeurs sous-jacentes au concept
de « Papouasie, terre de paix » telles que la conscience et le respect de la pluralité, de la justice, de l’unité, de l’harmonie, de la solidarité, de la cohésion, de la
fraternité sincère et du bien-être. Les leaders religieux ont choisi ces différentes
valeurs comme critères de jugement. De plus, ils accueillent toutes les politiques
ou programmes de n’importe quel pays ou institution susceptibles d’aider à faire
de la Papouasie occidentale une terre de paix. Par conséquent, ils se voient
contraints de refuser tout projet ou action allant à l’encontre des valeurs qui soustendent le concept de « Papouasie, terre de paix ». Ils ont déclaré que « en tant
que chefs religieux, nous nous sommes engagés à faire de la Papouasie une terre
de paix : … au travers d’efforts visant à écarter tout projet ou action contrevenant aux valeurs sous-jacentes au concept de ‘Papouasie, terre de paix’ ».236
4.4.4. L’exploration des ressources culturelles
En cherchant à faire de la Papouasie occidentale une terre de paix, les leaders religieux ont décidé d’explorer les ressources en faveur de la paix au sein des cultures locales,237 convaincus que les cultures locales de Papouasie occidentale recèlent en elles un concept culturel de vie humaine, une compréhension culturelle
de la paix et un moyen d’arriver à la paix ainsi que des méthodes culturelles pour
résoudre les conflits. Ces ressources culturelles peuvent être utilisées dans le processus de réconciliation qui mène à la paix.238
Les cultures coutumières papoues peuvent en effet fournir des méthodes de
médiation, des rites, des gestes et des mots permettant d’établir des relations harmonieuses entre les communautés en conflit. Bien que la méthode de résolution
des conflits varie d’une tribu à l’autre, les Papous continuent de s’engager dans
la réconciliation culturelle afin de résoudre les conflits communaux.
52
La dernière cérémonie de réconciliation en date remonte à septembre 2003 :
elle marquait la fin d’une guerre tribale entre les Papous de la tribu Amungme
et les Papous Dani à Timika, en Papouasie occidentale. Le processus de réconciliation culturelle se déroule en trois étapes. La première étape porte le nom de
Menoret bora win et consiste dans l’organisation d’un banquet en l’honneur des
hommes qui ont combattu. Ce banquet est organisé séparément par chaque partie belligérante, chaque partie déterminant qui est inclus dans le groupe. La deuxième étape porte le nom de Iwinoret bora win : tous les membres de la famille de
chaque groupe, femmes et enfants compris, participent à un banquet. La dernière étape du processus de réconciliation porte le nom de Wem Kamaya ou de
Arma kuriwin : tous les membres des parties belligérantes participent à un banquet organisé pour tout le monde. Une fois le rituel de réconciliation terminé,
la tribu de l’offenseur restaure la relation altérée en offrant réparations et compensations à la tribu victime. Ce processus contribue au rétablissement d’une relation harmonieuse entre les communautés. Les membres des deux tribus sont ainsi
de nouveau dans une position leur permettant de s’engager dans des relations
amicales.239
5. Les initiatives interreligieuses
pour la paix
L’engagement conjoint des chefs de toutes les religions de Papouasie occidentale trouve son expression dans une multitude d’activités interreligieuses. Ce chapitre examine les initiatives interreligieuses en faveur de la paix menées sous la
devise « Papouasie, terre de paix ».
5.1. Célébration du 5 février, Journée de la paix en Papouasie
Pour mettre en lumière la promotion de la paix et refléter son importance dans
la vie de tous les jours, les leaders de toutes les religions ont décidé en 2003 de
déclarer le 5 février « Journée de la paix en Papouasie ». Le choix du 5 février n’est
pas un hasard, car cette date marque l’arrivée des missionnaires allemands, J. G.
Geissler et C. W. Ottow, sur l’île de Mansinam en Papouasie occidentale en 1855,
apportant avec eux l’Évangile du Christ. L’avènement de l’Évangile évoque l’entrée de la paix dans les cœurs des habitants de Papouasie. Le jour de l’arrivée de
l’Évangile est donc célébré chaque année, par les fidèles de toutes les religions,
53
comme la Journée de la paix en Papouasie.240 À cette occasion, les chefs religieux
de chaque ville de Papouasie occidentale organisent des activités liées à la paix
soit par religion, soit sous forme collective.
5.2. Célébration du 21 septembre, Journée internationale de la paix
Les chefs de toutes les religions de Papouasie occidentale reconnaissent la nécessité de célébrer la Journée internationale de la paix établie par les Nations Unies.
Les célébrations sont conduites par les chefs spirituels travaillant en collaboration avec d’autres groupes et institutions de Papouasie occidentale.
En 2002, la Journée internationale de la paix fut marquée par des veillées et
une marche de prières menée par les leaders de toutes les religions (christianisme,
islam, bouddhisme et hindouisme) dans les rues de Jayapura, capitale de la
Papouasie occidentale. Les cinq chefs religieux marchaient devant, se tenant par
la main en signe d’amitié et d’unité. La marche fut ponctuée de cinq haltes au
cours desquelles des prières furent récitées et un appel en faveur de la paix fut
lancé, à chaque fois par des personnes différentes : au Parlement, par le chef de
la communauté bouddhiste ; à la mosquée principale, par le président de la
branche papoue du Conseil indonésien des oulémas (Majelis Ulama Indonesia /
MUI) ; à l’église protestante de Pengharapan (Espoir), par les chefs des Églises protestantes et à l’église St. François d’Assise, par l’évêque de Jayapura. À chaque halte,
tandis qu’un des groupes religieux récitait les prières en accord avec sa croyance, les autres groupes s’adonnaient à la méditation dans la prière.241
Au moins 1 500 personnes, toutes religions confondues, ont participé à cette marche de prières pour la paix. Le message principal était exprimé sur les bannières sur
lesquelles on pouvait lire damaiku, damaimu, damai kita, damai itu indah (en indonésien), ce qui signifie « ma paix, ta paix, notre paix, la paix c’est merveilleux ».
Se référant à la marche de prières pour la paix à l’occasion de la Journée internationale de la paix, monseigneur Leo a déclaré que la prière était la manifestation d’un engagement commun pour maintenir la Papouasie pacifique en butte
à de réelles tensions. Dans une telle atmosphère, on ne ressentait plus la division
religieuse. Les prières offertes par chaque groupe religieux laissèrent transparaître
une expérience différente de Dieu. Ainsi, la communauté bouddhiste offrit
l’expérience du « Dieu de la Sagesse », les musulmans celle du « Dieu le Très-Haut »,
les chrétiens celle du « Dieu, notre Père aimant » et la communauté hindoue celle
du « Dieu, l’Esprit le plus haut ». Ce fut une riche expérience de foi mêlée à un
sentiment d’amitié. La Journée internationale de la paix a été célébrée en mettant particulièrement l’accent sur la prière, car « nous nous plaçons devant le Créateur et la Providence, le commencement et la fin de toute la Création ».242
54
La Journée internationale de la paix fut l’occasion pour les leaders religieux
de se réunir et de mener une réflexion plus approfondie, par le biais de séminaires
et d’ateliers, sur la signification de la paix et sur la mission qui incombe aux porteurs de paix en Papouasie. Ils ont également discuté des menaces qui pèsent sur
la paix et réaffirmé la nécessité de renforcer leur engagement en faveur de la paix,
de trouver des moyens de promouvoir la paix dans chaque aspect de la vie et
d’inviter les fidèles de toutes les religions et le gouvernement à travailler ensemble pour faire de la Papouasie une terre de paix.
Le dernier atelier interreligieux sur la paix, auquel ont participé quelques 87
chefs de toutes les religions, s’est déroulé du 11 au 15 septembre 2005. Les participants étaient tous ensemble dans le même foyer, occasion d’apprendre à se
connaître, de partager ses opinions et expériences et de forger de nouvelles relations. Passer plusieurs jours ensemble s’est révélé être une expérience précieuse
comme ils le concèdent volontiers :
« Nous avons fait l’expérience de vivre ensemble et éprouvé un sentiment
de solidarité au cours de cet atelier. Les séries de réflexions, les échanges
d’opinions et d’expériences ainsi que les nombreuses discussions organisées
pendant ces quatre jours ont été pour nous une expérience enrichissante ».
À la fin de l’atelier, ils ont déclaré leur engagement conjoint de travailler ensemble en faveur de la paix. La déclaration qu’ils ont faite est connue sous le nom
de Deklarasi September ou Déclaration de septembre.243
5.3. La promotion de « Papouasie, terre de paix »
comme plate-forme pour le développement
Les chefs spirituels de Papouasie occidentale ont le sentiment que les activités
de développement en Papouasie occidentale ne devraient pas être séparées de
la campagne « Papouasie, terre de paix ». S’il s’agit de deux points différents, ils
n’en restent pas moins liés et ne doivent donc pas être mis en opposition.
Les leaders religieux pensent qu’il est urgent de mettre en œuvre des activités de développement pour que la paix puisse régner en Papouasie. Il n’y aura
pas de paix si le secteur de l’éducation n’est pas pris en compte, si la santé est
négligé, si le problème de la propagation du VIH/SIDA n’est pas traité de manière systématique, si les gens vivant dans les villages reculés et isolés continuent
de souffrir de malnutrition, si l’abîme social grandissant entre les « nantis » et
les « démunis » n’est pas comblé, si la corruption rampante n’est pas éradiquée
et si les gens continuent de vivre dans la peur. Tous ces différents problèmes doivent être traités par le biais de politiques et d’activités de développement.244
55
Les chefs religieux soulignent donc l’importance d’une politique de développement et soutiennent activement les activités qui traitent des véritables problèmes auxquels sont confrontés les individus. Ils pensent que les activités de
développement devrait être menées pour permettre de réaliser le rêve de faire
de la Papouasie une terre de paix. Les leaders religieux encouragent la campagne « Papouasie, terre de paix » comme une plate-forme en faveur du développement en Papouasie occidentale.245
5.4. Le rejet des milices
Les chefs religieux rejettent fermement l’infiltration des combattants du groupe Laskar Jihad ou Jihad et l’établissement des milices rouge et blanc dont la présence est source d’inquiétude dans la société et qui risquent de provoquer de violents conflits entre les civils. Ils rejettent avec fermeté tout plan, tentative ou
activité susceptible de déclencher violence, conflit et division au sein de la
population. Ils rejettent également tous les groupes de milice associés à une religion particulière ou à une cause politique ayant le potentiel de déclencher un
conflit, une agitation et engendrer de la violence dans la vie de la société.246 En
d’autres mots, les chefs religieux ne tolèreront jamais et n’accueilleront pas non
plus de milice sous quelque forme que ce soit.
5.5. Promouvoir le dialogue
Les chefs religieux sont profondément inquiets face à l’usage de la violence qui
est de plus en plus envisagé comme le seul moyen de résoudre les problèmes rencontrés en Papouasie occidentale. Ils sont convaincus que la violence ne produira
jamais la paix et ne fera qu’engendrer toujours plus de violence. Cet état de fait
entraîne à son tour une perte de sérénité.247 Les leaders religieux continuent donc
d’appeler toutes les parties à ne pas faire usage de la violence pour résoudre les
problèmes.
Les chefs spirituels reconnaissent que beaucoup de problèmes n’ont pas été
résolus en Papouasie occidentale. Le gouvernement indonésien impose souvent
des solutions non démocratiques sans que les gens ne soient consultés de
quelque manière que ce soit. L’imposition de la volonté du gouvernement aux
Papous et l’orchestration politique par les autorités débouchent sur une non prise
en compte des soucis du quotidien et sur de violents conflits. Dans l’intérêt de
la paix, les leaders religieux poussent le gouvernement à engager le dialogue,
manière digne de résoudre les problèmes en Papouasie occidentale. Ils pensent
que le moyen de parvenir à des solutions justes et démocratiques est d’écouter
56
et de comprendre. Ils encouragent donc toutes les parties à résoudre les problèmes en ayant recours à des moyens pacifiques comme le dialogue. Si les individus se traitent mutuellement comme des enfants de Dieu et vivent dans un esprit
de cohésion, ils pourront engager le dialogue, moyen digne de trouver des solutions pacifiques.249
Les chefs religieux exhortent le gouvernement central à faire en sorte que
les autorités soient plus ouvertes afin qu’elles puissent bien comprendre et de
manière exhaustive les problèmes qui se posent en Papouasie occidentale.250
5.6. Appel à une enquête indépendante sur les violations des
droits de l’homme
L’être humain a toujours tendance à rejeter sur les autres la responsabilité
d’actes de violence. Lorsque les victimes de violences sont des non-Papous ou membres des forces de sécurité indonésiennes, par exemple, l’armée accuse généralement les guérilleros papous, sans se donner la peine de mener une enquête indépendante. Cela lui permet ainsi de justifier une intervention militaire.
Face à cet état de choses, les chefs religieux s’accordent sur la nécessité de
réclamer conjointement une enquête indépendante pour que la vérité soit faite
sur les auteurs et les motifs de ces actes de violence. Cette démarche est dans
l’intérêt de la justice et doit permettre de surmonter les suspicions mutuelles au
sein de la population civile.251
Les chefs spirituels apportent également leur soutien total à l’équipe humanitaire composée d’organisations non gouvernementales locales qui surveillent
la situation, mènent des enquêtes préliminaires, accompagnent les victimes
d’opérations militaires et effectuent des missions humanitaires dans les régions
où l’armée indonésienne exécute ses opérations. Ces organisations demandent
en outre à toutes les parties concernées d’assurer la protection légale et la sécurité des travailleurs humanitaires.252
Les leaders religieux ont pris l’initiative de faire appel à la Commission nationale des droits de l’homme pour mettre en place un comité d’enquête indépendant et mener des investigations sur les graves violations des droits de
l’homme commises par les forces de sécurité indonésiennes.253 À la suite de cette
démarche interreligieuse visant à réclamer une investigation indépendante,
la Commission nationale des droits de l’homme a enquêté sur l’enlèvement et
l’assassinat de Theys Hiyo Eluay, important chef tribal et président du Conseil
du présidium papou (PDP), commis par les tristement célèbres forces spéciales
de l’armée indonésienne (Kopassus) en 2001.254 Les chefs spirituels ont également
exigé une enquête indépendante sur la mise à mort de deux Américains et d’un
Indonésien à Tembagapura.255
57
Les chefs religieux insistent sur le fait que leurs appels communs en faveur
d’enquêtes indépendantes sur de graves violations des droits de l’homme servent
uniquement les intérêts de la justice.256 Ils ne constituent pas une forme de revanche contre les auteurs de ces violations et ne poursuivent aucun intérêt politique.
Leurs appels communs portant sur les droits de l’homme sont uniquement fondés sur leur devoir de sauvegarder la dignité humaine et de faire respecter
l’égalité des droits pour tous.257
5.7. Appel à une mise en œuvre cohérente de la loi
sur l’autonomie spéciale
Le gouvernement indonésien a offert à la Papouasie occidentale un statut
d’autonomie spéciale en réponse à la demande du peuple papou d’un droit
d’autodétermination. La loi n° 21/2001 sur l’autonomie spéciale de la province
de Papouasie a été adoptée en octobre 2001 par la cinquième présidente indonésienne, Megawati Soekarno Putri, après avoir été votée par la Chambre des représentants indonésiens.
Les leaders religieux de Papouasie occidentale ont salué l’introduction de la
loi sur l’autonomie de la Papouasie, alors que cette dernière avait été violemment
rejetée par certains Papous se battant pour l’indépendance. Bien que la loi ne
traite pas des violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité indonésiennes contre les Papous indigènes depuis mai 1963 ni n’uniformise
les différentes interprétations de la loi du libre choix adoptée en 1969, elle aborde
de manière claire l’un des trois problèmes fondamentaux : le bien-être de la
population.
Les chefs spirituels estiment qu’une mise en application totale et efficace de
la loi sur l’autonomie de la Papouasie laisse non seulement espérer de meilleures conditions de vie pour les Papous mais permet également la résolution de
problèmes de bien-être, jette un pont sur le fossé social entre Papous et non-Papous
et répartit les fruits du développement parmi les marginaux et les démunis, tout
particulièrement les habitants des villages isolés et reculés.
Les chefs religieux reconnaissent que la loi sur l’autonomie de la Papouasie
offre aux Papous un champ d’action leur permettant de s’organiser afin de pouvoir s’attaquer aux problèmes sociaux et politiques dans la paix et la dignité.
Cette loi n’a cependant pas répondu à toutes les attentes qu’elle avait fait
naître. Le gouvernement indonésien fait preuve d’un manque de volonté politique pour mettre en œuvre l’autonomie spéciale en Papouasie et mène plutôt
des politiques contradictoires. Il n’a pas été en mesure de surmonter les problèmes
culturels, économiques, sociaux et politiques auxquels sont confrontés les
Papous indigènes. Les leaders religieux ont bien fait comprendre que la raison
58
principale de cet échec était l’absence d’une application totale, efficace et cohérente de la loi sur l’autonomie de la Papouasie par le gouvernement indonésien.258
Par conséquent, les chefs religieux de Papouasie occidentale ont renouvelé
leur appel au gouvernement central et aux autorités locales à mettre la loi sur
l’autonomie de la Papouasie en pratique de manière totale, efficace et cohérente.
Ils ont rejeté d’une seule voix la politique controversée du gouvernement indonésien visant à diviser la Papouasie occidentale en trois provinces sans consulter la population et dans le non-respect de la loi sur l’autonomie. Ils invitent fermement le gouvernement à être cohérent dans la mise en œuvre de la loi sur
l’autonomie de la Papouasie, à ne pas mener de politiques susceptibles d’entraîner
de violents conflits au sein de la population civile en Papouasie occidentale et
à reconsidérer sa politique de division du territoire en trois provinces sans
consultation aucune auprès des Papous.259
5.8. La défense du droit à la vie
Les chefs spirituels croient que la vie humaine est sacrée, que l’humanité n’est
composée que d’une seule famille et que chaque vie humaine a autant de valeur
que toutes les vies humaines réunies. Ils sont convaincus que la protection du
caractère sacré de la vie représente leur vocation et leur mission.
Le meurtre, quel qu’en soit le motif, est considéré comme la destruction du
droit à la vie. Un acte de violence commis sous quelle forme que ce soit contre
un individu ou un groupe de personnes détruit le droit à la vie.
C’est pourquoi les chefs religieux demandent à toutes les parties concernées,
y compris les forces de sécurité indonésiennes, de respecter pleinement le droit
à la vie de toute personne vivant en Papouasie, car la vie est un don du Créateur
à tout être humain. Ils s’unissent pour appeler à la cessation de la violence et prient
tous les protagonistes du conflit de respecter le droit à la vie en réglant les problèmes de la société par le dialogue.260
5.9. Promouvoir la démocratie dans la société
Les habitants de la Papouasie occidentale vivent sous un régime de dictature
depuis plus de quatre décennies. Ils ne savent pas ce que signifie de vivre dans
un climat démocratique et n’ont jamais eu l’occasion de participer pleinement
et activement aux processus décisionnels.
Dans leur effort de faire de la Papouasie occidentale une terre de paix, les
leaders religieux encouragent la démocratie dont l’un des principaux piliers est
la participation active des citoyens aux processus décisionnels.
59
Diverses occasions doivent être présentées au peuple pour qu’il puisse exercer son droit à la participation, par exemple en lui permettant de prendre part
de manière active à des discussions portant sur les problèmes le concernant et
leurs causes profondes ainsi qu’en y trouvant des solutions. Cela aidera les
Papous à devenir des agents de la transformation sociale et de leur propre développement. Les chefs religieux encouragent les individus à respecter les différences
d’opinion et d’aspiration et à chercher des solutions dans le calme.
Les leaders spirituels font régulièrement appel au gouvernement afin qu’il
accorde plus de place au peuple pour s’engager dans des discussions systématiques
et en profondeur sur ses doléances et les causes de ces griefs et pour mettre au
point des solutions viables à son niveau. Ils réclament également aux forces de
sécurité indonésiennes de maintenir un climat exempt de danger et propice à
la discussion.261
Par ailleurs, les chefs religieux incitent le gouvernement et les forces de sécurité indonésiennes à ne pas adopter d’approche politique et fondée sur la sécurité pour résoudre des problèmes sociaux. Une telle approche ne permet pas aux
civils de participer aux processus décisionnels et aux activités de développement
dans leurs villages et régions.262
5.10. L’exercice d’un contrôle social
Les leaders religieux reconnaissent que l’un de leurs devoirs dans leur œuvre de
paix est l’exercice d’un contrôle social du processus de développement et du travail du gouvernement.263
Ayant observé la manière dont les activités de développement étaient menées
et analysé les causes des dysfonctionnements au sein du gouvernement, les chefs
religieux ont exprimé leurs critiques et demandé au gouvernement de remplir
sa fonction de manière appropriée. Le contrôle social qu’ils exercent sur le gouvernement est décrit dans une déclaration commune, par l’intermédiaire de
laquelle ils font appel au gouvernement central et aux autorités locales pour
– former un gouvernement bon et honnête ;
– entamer un dialogue avec les citoyens à propos de l’application de la loi
n° 21/2002 sur l’autonomie spéciale (n° 21/2002), par le truchement du Conseil
législatif provincial de Papouasie ;
– encourager la suprématie de l’État de droit en rejetant toute impunité et en
traduisant en justice tous les auteurs de violations des droits de l’homme, de
corruption, de vol de ressources naturelles, d’actions illégales et de toutes formes de violence ;
– considérer le développement dans le respect des cultures et de l’environnement ;
60
– entreprendre une politique financière saine ;
– interdire la distribution d’alcools forts, tous les types de boîtes de nuit et toutes formes de jeux d’argent ;
– engager des actions sérieuses avec les organisations non gouvernementales pour
enrayer la propagation du VIH/SIDA en mettant en place des prestations de santé
adéquates et en s’efforçant de s’attaquer aux racines de sa prolifération ;
– s’engager dans la planification, l’adoption, la mise en œuvre et l’évaluation
de programmes de développement avec les communautés (y compris les
communautés traditionnelles, les communautés religieuses, les organisations
de femmes et celles pour la jeunesse) ;
– respecter et soutenir les activités des organisations religieuses ;
– employer le dialogue comme l’instrument prioritaire dans la résolution des
problèmes en Papouasie ;
– garantir le droit à la vie à toutes les personnes vivant en Papouasie ;
– faire respecter la justice en traitant toutes les violations flagrantes des droits
de l’homme commises en Papouasie et en bannissant l’impunité ;
– accorder aux Papous la possibilité d’occuper leur juste place d’acteurs principaux dans le processus de développement et l’utilisation des ressources naturelles, et pour
– utiliser les ressources naturelles pour le bien-être et la prospérité du peuple
papou.264
Les chefs spirituels ont également lancé un appel interreligieux aux membres du
Conseil législatif de Papouasie, lequel est élu lors d’élections parlementaires, afin
que ces derniers exécutent leurs devoirs de manière adéquate. En Papouasie occidentale, où les perspectives de paix sont incertaines, les habitants ont mis de
grands espoirs dans un nouveau système social promettant bien-être et justice
à tout citoyen de Papouasie. Les membres élus du Parlement sont appelés à éclairer le droit chemin et à donner espoir à la population dans une situation d’incertitude. Ils sont encouragés à agir comme de vrais représentants du peuple et
à travailler dans un esprit de vérité, d’honnêteté, de crainte de Dieu et
d’abnégation. Leur tâche est de surveiller le gouvernement et de l’encourager à
s’occuper correctement des vrais besoins du peuple dans les domaines de
l’économie, de la santé, de l’éducation, de la sécurité et de la législation. Des solutions adéquates et cohérentes dans tous ces domaines ouvriront la voie vers la
justice, la paix et le bien-être des habitants de Papouasie.265
61
5.11. Soutien aux Papous indigènes pour devenir des acteurs
du développement
Les Papous n’ont par le passé jamais eu l’occasion de devenir acteurs de leur propre développement et de provoquer des transformations sociales dans leur pays,
et ce n’a pas été le cas non plus en 40 ans de domination indonésienne. Cela est
dû au fait que le gouvernement décide habituellement des politiques de développement et force les Papous à les accepter. Toute critique émise par les Papous
est considérée comme une expression de volonté de séparatisme. Le gouvernement ignore généralement leurs opinions et les forces de sécurité les réduisent
au silence. En fin de compte, les Papous sont devenus les victimes des politiques
du gouvernement et de réponses militaires.266
Les leaders religieux ont le sentiment que la loi sur l’autonomie de la Papouasie accorde plus de liberté d’action aux Papous indigènes pour être acteurs du
développement de la Papouasie occidentale. Elle a rendu possible la création du
Conseil du peuple de Papouasie (Majelis Rakyat Papua / MRP). Cette assemblée
est la seule représentation culturelle des Papous indigènes reconnue par la loi
indonésienne. Les membres du Conseil des Papous sont des représentants traditionnels (adat), féminins (perempuan) et religieux (agama). La mission du MRP
est de défendre et de protéger les droits des Papous indigènes,267 en particulier le
droit à la survie des Papous désormais menacés d’extinction. Les chefs spirituels
ont apporté leur soutien total à la création du MRP en tant qu’organisme représentatif culturel permettant aux Papous indigènes d’exprimer leurs opinions.268
Les Papous indigènes se sont mis à faire part de leurs inquiétudes, de leurs
problèmes et de leurs propositions pour le développement de la Papouasie occidentale par l’intermédiaire du MRP. Ils ont également entrepris d’examiner les
politiques du gouvernement du point de vue des droits des Papous indigènes.
Ainsi, le MRP a pour tâche de rejeter toute politique du gouvernement ne respectant pas les droits des Papous indigènes ou menaçant le droit des Papous à
l’existence, ce dont il s’acquitte. Par ailleurs, le MRP salue et soutient toutes les
politiques garantissant l’unité culturelle et économique des Papous indigènes et
améliorant leur bien-être.
L’exemple le plus récent en est le rejet par le MRP de la décision controversée du gouvernement indonésien de créer la province sans base juridique d’Irian
Jaya occidental et d’y organiser des élections de gouverneur. La raison de
l’opposition du MRP à cette décision repose sur la crainte que celle-ci pourrait
entraîner la formation de commandos militaires ou policiers supplémentaires
dans la province, une croissance non contrôlée du flux de migrants indonésiens,
l’exposition des Papous à une plus forte menace d’extinction ainsi que l’éclatement
de l’unité économique, sociale et culturelle des Papous indigènes.269 Bien que le
62
rejet du MRP ait été ignoré par le gouvernement indonésien, ce qui a permis à la
province d’Irian Jaya occidental de tenir une élection de gouverneur le 11 mars
2006, le MRP a malgré tout commencé à exercer son devoir de protection des droits
des Papous indigènes, comme le prévoyait la loi sur l’autonomie de la Papouasie.
6.Que faut-il faire en Papouasie occidentale ?
L’instauration d’une coopération interreligieuse entre les leaders religieux de
Papouasie est une très bonne évolution. Cette coopération est la lumière d’espoir
de tous les fidèles des différentes religions de voir s’instaurer la paix dans cette
Papouasie occidentale sujette au conflit. La variété des activités interreligieuses
s’est révélée une expérience enrichissante pour tout le monde. Les leaders religieux sont unis et ont tous l’intention de poursuivre leurs démarches pour faire
de la Papouasie occidentale une terre de paix.
Toutes les activités pacifiques interreligieuses des chefs spirituels méritent
d’être soutenues. Néanmoins, il est important de mettre certains points et propositions particulièrement en relief :
– Le territoire de Papouasie occidentale est, et devrait toujours être, l’objet de la
campagne en faveur de la paix. Cela requiert que la majorité, si ce n’est la totalité, des personnes qui vivent en Papouasie occidentale s’engage pour faire de
la « Papouasie, terre de paix » un désir commun et une mission collective. Le
concept de « Papouasie, terre de paix » doit être profondément gravé dans le
cœur des gens de toutes les religions et groupes ethniques grâce à de multiples
activités organisées séparément par chacune des religions et d’autres menées
en commun. Cela comprend aussi l’organisation d’une campagne efficace.
– Il existe d’autres acteurs qui peuvent foncièrement contribuer à faire de la
Papouasie occidentale une terre de paix : les étudiants, les chefs de communautés ethniques, les institutions théologiques, les groupes et organisations
de femmes, le Conseil traditionnel de Papouasie, les organisations non gouvernementales, le Conseil du peuple de Papouasie (MRP), le Parlement provincial de Papouasie (DPRP), les journalistes et les municipalités. Chaque institution a besoin d’une formation pour être à même de consolider la société civile
en Papouasie occidentale. Il faut en outre établir et renforcer les liens horizontaux entre les différentes organisations.
– Il convient de célébrer la Journée de la paix en Papouasie (5 février) et la Journée internationale de la paix (21 septembre) dans chaque ville et chaque village, en organisant toute une série d’activités relatives à la paix. Ces célébrations
doivent être bien organisées et préparées.
63
– Le concept « Papouasie, terre de paix » doit être plus intelligible et plus clair. Il
faut élaborer une vision théologique fondamentale de ce concept. Chaque religion est conviée à présenter en termes simples son concept de paix et à expliquer
comment l’on peut réaliser la paix. Il faut permettre aux institutions théologiques
en place d’élaborer une vision théologique de la « Papouasie, terre de paix ».
– Il convient de développer un concept culturel de la paix, afin que la campagne pacifique soit pertinente pour les Papous indigènes. En dépit de la diversité des groupes ethniques de Papouasie, tous partagent des valeurs fondamentales mélanésiennes. Il faut explorer et présenter systématiquement ces
valeurs culturelles.
– Compte tenu de la résistance pacifique que les Papous opposent à la domination et à l’oppression indonésienne, il est indispensable de promouvoir le
concept de résistance non violente. Il est impératif de mener des recherches
théologiques, culturelles, philosophiques et politiques sur la résistance non
violente. De même, il faut étudier les cas où, par le passé, la résistance non
violente s’est traduite par un succès dans différentes régions du monde. Il
convient d’intégrer diverses religions et différents experts dans ces recherches.
– La sensibilisation à la paix doit être introduite dans toutes les écoles de Papouasie
occidentale. Le concept « Papouasie, terre de paix » doit être intégré dans les
programmes scolaires de tous les établissements d’enseignement, de
l’école primaire à l’université, et également étudié à l’aune des symboles, des
métaphores, des images, des rites, et des histoires des cultures locales.
– Afin que plus de gens participent au processus de paix, il faut organiser des
programmes réguliers de formation sur la résolution du conflit, la transformation du conflit, les analyses sociales, les droits de l’homme, la justice, la
paix, la réconciliation et l’intégrité de la Création pour tous les groupes qui
prônent l’interaction entre les religions, les Églises, les ethnies et les races.
– Il convient d’accorder une attention toute particulière à la formation des femmes en leur offrant une aide financière et en organisant des programmes de
développement de compétences destinés aux groupes et organisations de femmes. Il est très important d’intégrer les femmes dans la réalisation de la paix.
– Il faut mettre en place une commission pour la justice et la paix dans chacune des communautés confessionnelles chrétiennes, afin de permettre une
coopération efficace pour la justice, la paix et l’intégrité de la Création. En outre,
il faut créer un forum interreligieux entre les leaders spirituels dans chacun
des districts (kabupaten), de sorte à ce qu’ils œuvrent ensemble pour la paix.
– Il faut soutenir le gouvernement provincial et le Parlement provincial de
Papouasie (DPRP) afin que le concept de « Papouasie, terre de paix » devienne la plate-forme principale de toutes les activités et politiques de développement en Papouasie.
64
7. La nécessité d’un soutien national
Étant donné que la Papouasie continue à être sous domination indonésienne,
la campagne « Papouasie, terre de paix » devrait s’étendre à toutes les villes et
régions d’Indonésie. Mais cela requiert de mettre au point un concept clair de
la « Papouasie, terre de paix ». Les religieux doivent donc expliquer sans ambiguïté que la campagne « Papouasie, terre de paix » n’a rien à voir avec le mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance de la Papouasie occidentale.
Il est urgent de mener la campagne « Papouasie, terre de paix » au sein de
toute la société civile d’Indonésie pour deux raisons.
Premièrement, rares sont les Indonésiens à avoir entendu parler des menaces qui pèsent sur la paix ou des initiatives pacifiques interreligieuses en Papouasie occidentale. Logiquement donc, la société civile a jusqu’à présent accordé peu
d’attention ou de soutien à cette campagne « Papouasie, terre de paix ».
Deuxièmement, la campagne « Papouasie, terre de paix » est partiellement
déterminée par la politique du gouvernement indonésien basé à Jakarta. Les approches contradictoires du gouvernement ont créé des dissensions et des conflits
horizontaux en Papouasie occidentale. Les Papous subissent des outrages réguliers de la part des milliers de soldats déployés par le régime indonésien dans toute
la Papouasie occidentale, et par le biais des opérations militaires qu’ils mènent
avec arrogance et cruauté. Il est indispensable de modifier ces politiques pour
que la paix s’instaure. Il est impératif, pour y parvenir, de bénéficier du soutien
de l’ensemble de la société civile indonésienne.
L’objectif principal de la campagne est précisément d’obtenir ce soutien de
la société civile indonésienne, afin que la Papouasie occidentale puisse devenir
une terre de paix. Les leaders religieux, qui coopèrent avec d’autres organisations
de la société civile en Papouasie occidentale, doivent désormais relever le défi
de lancer la campagne « Papouasie, terre de paix » dans chacune des villes et des
régions d’Indonésie, d’une manière aussi systématique qu’efficace.
En vue de concrétiser cet objectif, nous émettons les recommandations suivantes :
– Les organisations de la société civile de Papouasie occidentale doivent entamer une coopération officielle avec leurs institutions homologues basées en
Indonésie. Les leaders spirituels pourraient à cet effet prendre l’initiative de
mettre en place un réseau interreligieux qui associerait des chefs spirituels
d’autres régions d’Indonésie et organiserait des rencontres régulières en et hors
de Papouasie occidentale, en vue de partager les expériences et de convenir
d’actions communes. Ils pourraient ainsi adopter des positions communes sur
65
les questions de la paix, de la justice et de la dignité humaine. Il faudrait organiser des rencontres de ce type dans différentes villes et provinces d’Indonésie.
Il conviendrait de créer un réseau semblable entre les universités, les organisations non gouvernementales, la classe politique et les chercheurs à titre personnel.
– L’université publique de Papouasie à Manokwari et l’université publique Cenderawasih de Jayapura pourraient commencer à monter un réseau avec les universités publiques d’autres villes indonésiennes et avec l’Institut scientifique
indonésien (LIPI), dans le but de mener ensemble des projets interdisciplinaires
de recherche en Papouasie occidentale. La publication de leurs résultats, y compris leurs recommandations, servirait les intérêts de la paix en Papouasie occidentale.
– Il est crucial d’établir un réseau d’ONG et d’institutions œuvrant dans le domaine
des droits de l’homme, de la paix, de la démocratie, de l’environnement, des
femmes, de l’enfance et de la justice. Un réseau de cette nature est utile pour
défendre notre cause au niveau régional comme national.
– Les chefs religieux doivent encourager le gouvernement provincial de Papouasie
et les deux universités publiques de Papouasie occidentale à mettre sur pied
une équipe chargée de défendre la loi sur l’autonomie spéciale de Papouasie
occidentale à Jakarta. L’équipe doit être composée de Papous et de nonPapous vivant en Papouasie occidentale et à Jakarta. Il doit s’agir d’experts de
différents domaines, qui jouissent de la confiance des Papous indigènes, sont
profondément préoccupés par la dégradation de la situation en Papouasie occidentale et prêts à s’engager activement pour faire de la Papouasie une terre
de paix. L’équipe devrait agir en qualité de gardien de la loi d’autonomie spéciale et convaincrait les gouvernements aux différents échelons de mettre en
œuvre l’esprit et la lettre de la loi.
– Les leaders religieux et le gouvernement provincial de Papouasie occidentale
doivent constituer un réseau avec les journalistes nationaux et locaux, en vue
d’obtenir le maximum de publicité sur les menaces qui pèsent sur la paix en
Papouasie occidentale et sur les initiatives interreligieuses en faveur de cette
dernière.
66
8. Le rôle de la communauté internationale
Si l’on excepte l’aide financière, le gouvernement indonésien fait appel avec réticence au soutien de la communauté internationale pour surmonter les problèmes qu’il rencontre dans le pays. Il est très susceptible sur l’ingérence étrangère
dans la question de la Papouasie occidentale. En Papouasie occidentale, les
étrangers sont constamment suspectés de soutenir le mouvement séparatiste
papou, qui lutte depuis plus de quarante ans contre le joug indonésien.
Les menaces sur la paix et les initiatives en sa faveur menées en Papouasie
occidentale n’ont pas bénéficié d’une grande publicité. Une des raisons en est
que le gouvernement indonésien a délibérément coupé le territoire du reste du
monde en interdisant aux journalistes étrangers de s’y rendre. La Papouasie occidentale dans sa totalité est devenue une zone interdite aux journalistes étrangers. L’interdiction d’y entrer étant toujours en vigueur, les médias occidentaux
ne sont le plus souvent pas en mesure de rendre compte des menaces qui pèsent
sur la paix et des initiatives pacifiques menées en Papouasie.
La communauté internationale a assuré l’Indonésie de son soutien dans la
mise en œuvre totale, effective et conséquente de la loi sur l’autonomie papoue,
qui représenterait pour toutes les parties une solution aux problèmes de Papouasie occidentale. Le régime indonésien a cependant délibérément torpillé le soutien international à l’application de cette loi en poursuivant une politique
contradictoire en Papouasie. Le gouvernement manque de volonté politique pour
mettre en œuvre sa propre loi sur l’autonomie spéciale de Papouasie occidentale.
L’encouragement pressant de la communauté internationale est donc impératif pour le forcer à mettre en œuvre fidèlement et de façon conséquente ses propres mesures législatives. Sans pression internationale, le gouvernement indonésien n’apportera pas son appui aux efforts de la société civile visant à faire de
la Papouasie occidentale une terre de paix.
Dans la perspective papoue, les institutions formant la communauté internationale incluent les organisations non gouvernementales internationales, les
institutions religieuses, les organisations intergouvernementales et les entreprises transnationales. Toutes ces institutions ont à jouer un rôle unique et important dans la réalisation du projet « Papouasie, terre de paix ». Si la communauté internationale n’intervient pas, la campagne « Papouasie, terre de paix » ne
pourra pas se traduire par un succès. La communauté internationale est donc
conviée à soutenir l’initiative interreligieuse en faveur de la paix en Papouasie
occidentale et à jouer le rôle unique et fondamental que nous allons maintenant
esquisser.270
67
8.1. Les organisations non gouvernementales internationales
Les organisations non gouvernementales peuvent apporter un appui à la campagne « Papouasie, terre de paix » par le biais des activités suivantes :
– en collectant des informations sur les menaces qui pèsent sur la paix et sur
les initiatives pacifiques en Papouasie occidentale et en les diffusant par
médias électroniques et imprimés, dans des petits et grands quotidiens et magazines dans tous les pays ;
– en soulevant la question de la Papouasie occidentale dans les forums nationaux et internationaux ;
– en surveillant la situation des droits de l’homme et de l’espace démocratique
en Papouasie occidentale et en transmettant les informations sur la situation
actuelle aux députés parlementaires et aux membres du gouvernement ;
– en collaborant avec d’autres organisations non gouvernementales à mettre
en lumière certains problèmes, en particulier le péril d’extinction que connaissent les indigènes.
8.2. Les organisations religieuses internationales
Les organisations religieuses internationales comprennent les communautés
religieuses, les Églises de toutes dénominations, ainsi que les ONG et mouvements
religieux. Elles sont les principaux partenaires des chefs spirituels de Papouasie
occidentale. Pour soutenir la campagne « Papouasie, terre de paix », les organisations et communautés religieuses sont appelées à
– inclure régulièrement les Papous opprimés dans leurs prières et intercessions ;
– faire circuler des informations sur la situation actuelle en Papouasie occidentale
au sein de leurs institutions et communautés ;
– diffuser les inquiétudes, les espoirs et les appels des leaders de toutes les religions de Papouasie occidentale ;
– prier pour la paix en Papouasie occidentale, tout particulièrement le 5 février
(Journée de la paix en Papouasie) et le 21 septembre (Journée internationale
de la paix) ;
– soutenir, par tous les moyens, les démarches des leaders religieux de Papouasie
occidentale pour concrétiser la « Papouasie, terre de paix » ;
– élever leurs voix, seuls ou avec les autres institutions religieuses, en signe de
solidarité avec les personnes qui souffrent en Papouasie occidentale ;
– rejoindre le réseau religieux de Papouasie occidentale défendant la « Papouasie, terre de paix ».
68
8.3. Les institutions intergouvernementales
Au nombre des institutions intergouvernementales, on compte les Nations
Unies, le Forum des îles du Pacifique, l’Union européenne et l’Association des
nations du Sud-Est asiatique (ASEAN). Ces associations peuvent soutenir de
multiples manières la campagne « Papouasie, terre de paix », qui n’est pas identique au mouvement d’indépendance de Papouasie occidentale. Elles peuvent
encourager le gouvernement indonésien à
– protéger et respecter les droits des peuples indigènes, en particulier leur droit
à vivre dans leur propre pays, la Papouasie occidentale ;
– renoncer à toute politique contradictoire qui génère des dissensions, des suspicions et des conflits violents au sein de la population civile et déclenche des
conflits verticaux entre Papous indigènes et gouvernement indonésien ;
– garantir l’application totale, effective et conséquente de la loi n° 21/2001 sur
l’autonomie spéciale de la province de Papouasie ;
– respecter la voix des Papous indigènes opprimés, telle qu’elle s’exprime par
le biais du Conseil du peuple de Papouasie (MRP) ;
– créer un espace sûr dans lequel les Papous indigènes pourrait exercer leur droit
de participer au processus décisionnel sur le développement de Papouasie occidentale ;
– résoudre le problème politique que représente la Papouasie occidentale par
un véritable dialogue entre le gouvernement indonésien et les Papous indigènes, avec l’aide d’une partie tierce et neutre, servant de médiateur ;
– enquêter et instruire sur tous les crimes présumés contre l’humanité qui ont
été perpétrés par les forces de sécurité indonésiennes depuis le 1er mai 1963 ;
– déclarer la Papouasie occidentale, terre de paix. En signe de son engagement,
le gouvernement devrait procéder au retrait de toutes les unités de combat,
dissoudre toutes les milices et interdire toutes les participations commerciales
légales ou illégales de l’armée indonésienne en Papouasie occidentale ;
– inviter le rapporteur spécial de l’ONU sur les questions des assassinats extrajudiciaires, sur la torture et sur la violence à l’encontre des femmes ainsi que
le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour observer la situation des droits de l’homme en Papouasie occidentale ;
– faire pression sur le gouvernement indonésien pour qu’il fasse la lumière sur
les graves violations des droits de l’homme qui ont eu lieu à Manokwari (2001)
et Wamena (2003) ;
– ouvrir le territoire de Papouasie occidentale aux journalistes étrangers, aux chercheurs et aux collaborateurs d’associations humanitaires internationales, afin
qu’ils puissent se faire leur propre opinion sur les réalisations du gouvernement indonésien en matière de politique de développement sur une période
de plus de quarante années ;
69
– garantir le soutien nécessaire au gouvernement indonésien pour maintenir
l’État de droit, afin qu’il puisse lutter contre les violations des droits de l’homme,
l’impunité et la corruption rampante ;
– mettre un terme à toutes les formes de discrimination des peuples papous.
8.4. Les entreprises transnationales
Les entreprises transnationales opérant en Papouasie occidentale incluent la société Freeport McMorand, dont le siège est à la Nouvelle-Orléans et qui exploite de
l’or et du cuivre, ainsi que la British Petroleum, qui veut exploiter du gaz naturel liquéfié dans le cadre du projet Tangguh. Ces deux multinationales sont vivement conviées à soutenir la campagne « Papouasie, terre de paix » ainsi qu’à
– adopter un code de conduite sur leurs activités et à faire en sorte que leurs relations avec les institutions étatiques indonésiennes respectent les droits, la dignité, la santé et les moyens existentiels des peuples papous, conformément aux
normes de l’ONU sur les responsabilités des compagnies transnationales et autres
entreprises économiques en matière de droits de l’homme ;
– évaluer la mise en œuvre de cette politique et produire un rapport annuel sur
son impact ;
– présenter des rapports transparents sur tous les engagements financiers auprès
des institutions étatiques d’Indonésie, y compris de l’armée et de la police ;
– considérer et accepter les peuples indigènes des régions des concessions minières
comme une partie prenante au processus de décision de l’entreprise.
70
71
Conclusion
Annexe
Avec ou sans soutien du gouvernement indonésien, les leaders religieux de
Papouasie occidentale sont unis et résolus à œuvrer ensemble pour la paix. En
dépit des défis et des difficultés, ils vont continuer à promouvoir la paix avec la
devise « Papouasie, terre de paix ». Les valeurs qui sous-tendent le concept de
« Papouasie, terre de paix » vont servir de mesure et de critère pour juger leurs
démarches communes en faveur de la paix en Papouasie.
Les démarches interreligieuses en faveur de la paix ne pourront se traduire
par un succès que si elles ont le soutien total des fidèles de toutes les religions
de Papouasie occidentale. Si elle veut être efficace, la campagne de « Papouasie,
terre de paix » doit donc être lancée dans la société pluraliste de Papouasie occidentale.
Il est tout aussi important pour la campagne pacifique en Papouasie occidentale de garantir la participation active du gouvernement indonésien et celle
des forces de sécurité à Jakarta que de s’assurer du soutien de la société civile indonésienne. Cela requiert d’établir un réseau efficace entre les leaders religieux et
les organisations de la société civile en Papouasie occidentale et dans toutes les
villes et régions d’Indonésie.
La paix en Papouasie occidentale a besoin du soutien de la communauté internationale. Les chefs spirituels doivent briser l’isolement de la Papouasie occidentale imposé par le gouvernement indonésien en fournissant à longueur de
temps des informations sur la situation actuelle dans la région, ainsi qu’en
réclamant des prières et toute forme possible de soutien aux différents acteurs
internationaux. Sans la solidarité de la communauté internationale, la menace
qui pèse sur la paix en Papouasie occidentale continuera à exister.
DÉCLARATION COMMUNE DES LEADERS RELIGEAUX DE PAPOUASIE
Jayapura, le 15 septembre 2005
1. Nous, 87 leaders spirituels de toutes les régions de Papouasie (rassemblant 20
protestants, 23 catholiques, 22 musulmans, 11 hindous et 11 bouddhistes),
considérons que le symposium qui s’est déroulé à Jayapura du 11 au 15 septembre
pour célébrer la Journée internationale de la paix était remarquable et précieux.
Nous y avons expérimenté un sentiment de cohésion et de solidarité et nous nous
sommes enrichis par les réflexions, par l’échange de pensées et d’expériences et
par les maintes discussions qui se sont tenues durant ces quatre journées. Le symposium qui portait sur le thème des « Religions, acteurs de la justice et de la paix »,
nous a aidé à mieux cerner les problèmes variés et inquiétants de la Papouasie
à l’heure actuelle, et nous emplit d’espoir dans nos efforts pour faire de la
Papouasie une terre de paix.
POINTS D’INQUIÉTUDE COMMUNE
Il y a un certain nombre de points d’inquiétude qu’il faut régler si la Papouasie
veut devenir une terre de paix.
2. En tant que chefs religieux, nous nous inquiétons de la méfiance qui règne
entre les personnes de religions différentes. Nos communautés religieuses manquent d’entendement religieux et de sincérité dans la foi. Les gens ne possèdent
en outre que peu de connaissance sur les religions, celles des autres comme la
leur. Il y a un manque de communication et de coordination au sein de chacune des communautés religieuses et entre elles. Nous notons avec inquiétude une
tendance à exploiter la religion à des fins politiques, ainsi que le conflit théologique déclenché par la politique gouvernementale, qui va à l’encontre de
l’esprit du droit à la liberté religieuse ancré dans la Constitution de l’Indonésie.
Nous sommes inquiets de la discrimination dans l’accès au service public des
minorités religieuses (à l’échelle nationale) et du manque de reconnaissance des
religions qui représentent une majorité de la population dans certaines régions.
3. En ce qui concerne les droits de l’homme et les droits juridiques, nous avons
nous même été témoins de la manière dont le droit est « vendu » au plus offrant.
Les droits de l’homme en Papouasie sont bafoués, les droits coutumiers ne sont
pas respectés et ceux qui détiennent le pouvoir jouissent de l’impunité pénale.
72
73
4. Sur le plan économique, nous sommes alarmés par le vol et la destruction des
ressources naturelles, ainsi que par le manque de véritable engagement pour promouvoir le développement en Papouasie. Nous voyons qu’il n’est pas mis en place
d’économie centrée sur les gens et que la communauté majoritaire des pauvres
est privée de pouvoir économique. La dotation en équipements économiques
et en infrastructures est injuste.
propre font défaut. Les communautés traditionnelles, les communautés religieuses
et les femmes n’ont aucune place dans le processus de développement. Nous avons
pu nous convaincre par nous-mêmes que l’autonomie spéciale n’a pas permis
d’alléger la misère des communautés papoues.
5. Nous sommes préoccupés par la généralisation de faux diplômes universitaires et
professionnels dans le secteur de l’éducation en Papouasie. Il n’est pas fait assez
d’efforts pour élaborer un programme scolaire qui prennent en compte les cultures
locales. La formation et les aptitudes des enseignants sont faibles, leur rémunération
est mauvaise. Les manuels scolaires ne sont pas correctement distribués dans les zones
rurales. Le gouvernement et les institutions pédagogiques ne soutiennent pas suffisamment le développement de ce secteur de l’éducation en Papouasie.
Malgré ces inquiétudes, nous avons plusieurs raisons d’espérer que la Papouasie devienne une terre de paix :
6. En ce qui concerne la santé, nous observons avec inquiétude qu’il est difficile
d’avoir accès à des médicaments, en particulier dans les zones reculées, et qu’il
manque de personnel médical dans les villages. Nous sommes alarmés par les
mauvaises conditions de travail, la faiblesse des standards de prestation, le
manque d’équipements et d’installations sanitaires, ainsi que par l’insuffisance
des financements du secteur sanitaire de la communauté. Nous sommes en outre
inquiets du faible niveau de connaissances de la population sur les questions de
santé, de la forte mortalité infantile et maternelle, de la propagation du VIH/SIDA
et du faible niveau de l’assistance familiale.
7. Nous nous inquiétons de constater que les problèmes sociaux, y compris les
abus d’alcool, la violence domestique et la négligence des enfants, ne bénéficient
pas de l’attention qu’ils requièrent. Nous sommes préoccupés par l’absence de
tolérance envers les différences au sein de la communauté. Les infrastructures
et équipements sociaux sont en outre inappropriés.
8. En ce qui concerne la politique et la gouvernance en Papouasie, nous sommes alarmés par le fait que les gens considèrent que la politique est un foyer de
corruption. Nous voyons combien le droit se compromet pour servir les intérêts
de certains groupes ou de certaines personnes. La politique a tendance à créer
des divisions au sein de la communauté, à faire dépendre la politique de l’argent,
à affaiblir la démocratie en n’impliquant pas complètement les citoyens dans le
processus de décision politique. La culture de corruption constitue un autre motif
d’inquiétude. Nous voyons qu’une bonne gouvernance et qu’une gouvernance
ESPOIRS PARTAGÉS
9. Nous reconnaissons les bonnes relations qui existent entre les leaders religieux.
Nous savons apprécier combien la communication interreligieuse et les prières,
les forums de communication entre les chefs spirituels, le dialogue entre les leaders religieux et les prières communes contribuent à prévenir les conflits. Nous
reconnaissons l’indépendance de chacune de nos religions respectives, le soutien des communautés religieuses à leurs leaders et la qualité de leur direction.
10. En ce qui concerne le droit et les droits de l’homme, les chefs religieux apportent leur soutien à tous les efforts visant à maintenir l’État de droit. Nous
menons des réunions de sensibilisation sur les droits de l’homme dans les communautés et soutenons toutes les démarches visant à promouvoir le respect de
la dignité humaine. Nous collaborons pour parler d’une seule voix sur les questions de la justice et de la paix.
11. Nous identifions des ressources humaines très prometteuses dans le secteur
économique et nous menons des programmes de formation dans les communautés sur les questions de la prise en charge économique. Nous nous efforçons
de faire en sorte que la population devienne un acteur du processus de développement, nous travaillons à consolider la position de négociation de l’économie
de la communauté et préparons les gens à s’impliquer activement dans les activités économiques.
12. Les religions sont actives depuis très longtemps dans le secteur de l’éducation
et de la formation professionnelle. Elles ont créé de nombreuses écoles, en particulier dans les régions reculées, ont mis en place et entretenu un système de
foyers interculturel. Nous poursuivons une éducation « civilisatrice », qui trouve ses racines dans la culture traditionnelle, aspire à ce que plus de gens puissent avoir accès à l’éducation au sein de la communauté et nous concevons
l’éducation comme un épanouissement personnel.
74
13. Dans le secteur de la santé, les religions initient, mettent en place et promeuvent des services pour améliorer la santé publique de la communauté. Les
religions aident à améliorer la nutrition des mères et des enfants, promeuvent
des campagnes anti-avortements, gèrent des centres médicaux, sensibilisent les
communautés au VIH/SIDA et à d’autres maladies infectieuses, et mènent des
campagnes encourageant un style de vie sain.
14. Sur le plan social, les religions informent la population sur la force de la diversité sociale, soulignent l’interdépendance des gens en ce qui concerne le bienêtre de la communauté, promeuvent l’assistance sociale (au moyen d’orphelinats et de programmes de formation professionnelle pour les jeunes), cherchent
à résoudre les problèmes sociaux et encouragent l’esprit de communauté.
15. Les religions ont une position spéciale de négociation dans le domaine politique et de la gouvernance. Elles sont en effet une « ceinture de sécurité » et forment une entité. Nous soulignons l’importance de l’éthique dans le processus
décisionnel tout autant que l’importance d’utiliser des voies pacifiques et respectant la vie humaine dans la résolution des problèmes.
NOTRE ENGAGEMENT ET APPEL COMMUN
16. En tant que chefs religieux, nous sommes résolus à faire de la Papouasie une
terre de paix
– qui repose sur la reconnaissance et le respect de la diversité, de la justice, de
l’unité, de l’harmonie, de la solidarité et de la cohésion sociale ;
– en parlant ouvertement des injustices et de toutes les formes d’oppression
qu’ont subi les communautés, en particulier celles des Papous indigènes ;
– grâce à des efforts pour accroître l’efficacité de la coopération et de la communication entre leaders spirituels et en organisant des démarches communes avec les chefs coutumiers, les représentants des jeunes et des organisations
féminines, avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales, et avec toutes les personnes de bonne volonté ;
– grâce à des efforts pour prévenir tous les plans et actions qui vont à l’encontre des valeurs qui sous-tendent le concept de « Papouasie, terre de paix », et
– en explorant toutes les ressources pacifiques des cultures locales.
17. Nous invitons et encourageons toutes les personnes vivant en Papouasie à
– participer activement aux initiatives de paix ;
– aimer leurs prochains en signe d’expression de leur foi ;
75
– considérer et accepter la diversité ethnique, religieuse et culturelle comme un
don divin ;
– donner la priorité au dialogue, instrument de résolution des problèmes ;
– entretenir des relations harmonieuses avec Dieu, les fidèles de la communauté
et la nature ;
– jouer un rôle actif dans la surveillance de la gouvernance et des activités de
développement et à
– résister à la provocation comme à éviter de se laisser influencer par les conflits
qui se déroulent dans d’autres régions de Papouasie, à l’extérieur de Papouasie ou qui sont orchestrés par le régime.
18. Nous sommons les gouvernements central et régional à
– former un gouvernement bon et honnête
– entamer un dialogue sur la loi de l’autonomie spéciale (n° 21/2001) avec les
citoyens, par le truchement de l’assemblée régionale ;
– rejeter l’impunité et à encourager la suprématie de l’État de droit en traduisant
en justice tous les auteurs de violations des droits de l’homme, de corruption, de
vol de ressources naturelles, d’actions illégales et de toutes formes de violence ;
– considérer le développement dans le respect des cultures et de l’environnement ;
– mener une politique financière saine ;
– interdire la distribution d’alcools forts, tous les types de boîtes de nuit et toutes les formes de jeux d’argent ;
– engager des actions sérieuses avec les organisations non gouvernementales pour
enrayer la propagation du VIH/SIDA en mettant en place des prestations de santé
adéquates et en s’efforçant de s’attaquer aux racines de sa prolifération ;
– s’engager dans la planification, l’adoption, la mise en œuvre et l’évaluation
de programmes de développement avec les communautés (y compris les
communautés traditionnelles, les communautés religieuses, les organisations
de femmes et celles pour la jeunesse) ;
– respecter et soutenir les activités des organisations religieuses ;
– employer le dialogue comme l’instrument prioritaire dans la résolution des
problèmes en Papouasie ;
– garantir le droit à la vie à toutes les personnes vivant en Papouasie ;
– faire respecter la justice en traitant toutes les violations flagrantes des droits
de l’homme commises en Papouasie et en bannissant l’impunité ;
– accorder aux Papous la possibilité d’occuper leur juste place d’acteurs principaux
dans le processus de développement et l’utilisation des ressources naturelles, et à
– utiliser les ressources naturelles dans le sens du bien-être et de la prospérité
du peuple papou.
76
77
Annotations
30
31
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
P.W. VAN DER VEURS, « Dutch New Guinea », in P. RYAN, Encyclopaedia of Papua and New Guinea, Melbourne: Melbourne University Press, 1972, vol. I, p. 276.
LEO LABA LADJAR, OFM, « Different Religions United in Building a Culture of Peace in the Land of Papua », in
ALDABA FERNANDO T. – PETILLA MA. JOSEFA P. (dir.), CIIR Round Table on Inter-Faith Collaboration for Peace and
Development in West Papua and Mindanao, Londres: CIIR, 2004, pp. 30-31. Désormais cité ainsi : LEO LABA LADJAR,
Different Religions United in Building a Culture of Peace in the Land of Papua.
« Masalah Papua sangat kompleks », Kompas, 24 mars 2006.
LEO LABA LADJAR, OFM, « Membangun Damai di Papua: Program Pastoral Keuskupan Jayapura » (Construire la paix
en Papouasie : le programme pastoral du diocèse de Jayapura), p. 1.
Contribution présentée lors d’un colloque d’experts sur la « Papouasie, terre de paix » à Soesterberg, Pays-Bas,
25-26 octobre 2005. Désormais cité ainsi : LEO LABA LADJAR, Membangun Damai di Papua.
RÉV. HERMAN SAUD, « Promoting Peace in the Midst of Violence: The Role of the Churches and Other Religious
Institutions in Papua » in J. BUDI HERNAWAN (dir.), Papua Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace in West
Papua, Jayapura: SKP Jayapura, 2005, p. 96. Désormais cité ainsi : HERMAN SAUD, Promoting Peace in the Midst of
Violence.
LEO LABA LADJAR, OFM, « Bersama Membangun Damai » (Construire la paix ensemble), in Berita Keuskupan Jayapura, 54 (2001), p. 1. Désormais cité ainsi : LEO LABA LADJAR, Bersama Membangun Damai.
I GUSTI MADE SUNARTHA, Membangun Damai di Tanah Papua: Komunitas Agama Hindu (Construire la paix en terre
de Papouasie : la communauté religieuse hindoue), p. 1. Contribution présentée lors d’un colloque d’experts sur
la « Papouasie, terre de paix » à Soesterberg, Pays-Bas, 25-26 octobre 2005. Désormais cité ainsi : I GUSTI MADE
SUNARTHA, Membangun Damai di Tanah Papua.
HERMAN SAUD, Promoting Peace in the Midst of Violence, p. 99.
Pour de plus amples détails sur les opérations militaires de grande ampleur menées par les forces de sécurité indonésiennes contre les Papous indigènes entre 1963 et 1987 cf. BUDIARDJO CARMEL – LIONG L.S, West Papua: The
Obliteration of a People, Londres: Tapol 1988, pp. 18-86. Désormais cité ainsi : West Papua.
THE NATIONAL SECURITY ARCHIVE, Indonesia’s 1969 Takeover of West Papua Not by « Free Choice », sur www.nsarchieve.org (consulté pour la dernière fois le 30 novembre 2004); cf. également LOBE, J., « U.S. Sacrificed Papua to
Suharto Court », Asia Times, 13 juillet 2004.
TEAM ELSHAM PAPUA, Potret HAM, Jayapura: Elsham, 2003, p. 125.
Cf. le rapport des Papous à Mapnduma diffusé par LEMBAGA STUDY DAN ADVOCACY HAK-HAK ASASI MANUSIA
/ELSHAM, 21 février 2000.
AMNESTY INTERNATIONAL, Grave Human Rights Violations in Wasior, Papua, Londres: Amnesty International, 2002;
cf. également « Security Forces Accused of Murder and Torture », Laksamana.Net. 3 septembre 2004.
Pour de plus amples informations sur l’opération militaire déclenchée à Wamena cf. KOALISI LSM, Laporan Awal
Kasus Wamena 4 avril 2003 (Premier rapport sur le cas de Wamena, 4 avril 2003), Jayapura: KOALISI LSM, 2003.
Rapport non publié.
WIDIIYANTI A., « Warga Papua Laporkan Kekerasan Oleh TNI ke Komnas HAM » (Rapport des Papous devant la Commission nationale des droits de l’homme sur les violences commises par l’armée indonésienne), Detikcom, 22 novembre 2000.
BENNY GIAY, Menuju Papua Baru: Beberapa pokok pikiran sekitar emansipasi orang Papua (Quelques réflexions sur
l’émancipation des Papous), Jayapura: Elsham and Deiyai, 2000, p. 7.
West Papua, pp. 79-80.
ROBIN OSBORNE, Indonesia’s secret war: The guerrilla struggle in Irian Jaya, Sydney: Allen & Unwin, 1985, p. 71.
Ibid., p. 50.
SANTOSO A., « The Indonesian corps that can do no wrong », The Jakarta Post, 20 décembre 2000.
West Papua, pp. 82-84.
« We saw soldiers use torture, say PNG police », Sydney Morning Herald, 4 janvier 2000.
Une description détaillée des tortures subies par les Papous se trouve dans SEKREATRIAT KEADILAN DAN PERDAMAIAN, Hak-hak Asasi Manusia di Wilayah Paniai dan Tigi (Les droits de l’homme dans les régions de Paniai et
Tigi), Jayapura: SKP Jayapura, 1998.
ITEN O., Prison, Torture and Murder in Jayapura, West Papua: Twelve days in an Indonesian jail, sur www.koteka.net
(consulté pour la dernière fois le 3 décembre 2004). Il s’agit d’un récit d’un journaliste arrêté par la police pour
avoir photographié les brutalités commises par cette dernière à Jayapura, puis incarcéré dans la prison dans laquelle
moururent les deux Papous.
Un rapport détaillé des tortures subies par Yance Pekey se trouve dans SEKRETARIAT KEADIALAN DAN PERDAMAIAN, Laporan Situasional Nabire (Rapport sur la situation à Nabire), Jayapura: SKP Jayapura, 2000.
Pour un rapport sur quelques cas de sévices sexuels commis par l’armée indonésienne, cf. SEKRETARIAT KEADILAN DAN PERDAMAIAN, Dampak Kehadiran Aparat Keamanan bagiSituasi Kemasyarakatan dan Hak-hak Asasi Manusia di Wilayah Pegunungan Bintang tahun 1998-awal 1999 (L’impact des forces de sécurité sur la situation dans la
société et sur les droits de l’homme dans la région de Star Mountain en 1998 et au début 1999), Jayapura: SKP
Jayapura, 1999.
ELSHAM, Laporan Pelanggaran Hak-hak Asasi Manusia di Mapnduma (Rapport sur les violations des droits de l’homme
à Mapnduma), Jayapura: Elsham, 1998.
HERMAN SAUD, Promoting Peace in the Midst of Violence, p. 95.
September Declaration, n° 3.
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
55
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
Seruan Pimpinan Agama di Papua, appel interreligieux des chefs spirituels de Papouasie occidentale, publié le 5 août
2005.
Pour des informations sur les violences survenues en 2001 cf. THEO VAN DEN BROEK – J. BUDI HERNAWAN –
FREDERIKA KORAIN – ADOLF KAMBAYONG, Memoria Passiones di Papua: Kondisi Sosial-Politik dan Hak Asasi Manusia 2001, Jayapura: SKP Jayapura and Jakarta: Lembaga Studi Pers dan Pembangunan (LSPP), 2003, pp. 182-185.
On peut lire des exemples des violences commises en 2001 dans Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua
publié le 14 juin 2001, appel à mettre un terme à la violence en Papouasie, publié les 5 octobre 2001 et 14 juin
2002.
Willem Onde et Yohanes Tumin, chefs de la résistance papoue (TPN / OPM) dans le sud de la Papouasie occidentale, ont été torturés puis retrouvés morts dans le fleuve Maro, district de Merauke, le 12 septembre 2001. Cf. Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua (Appel à mettre un terme à la violence en Papouasie) publié par
les leaders religieux à Jayapura, 5 octobre 2001.
Pour des exemples de simples Papous trouvés morts à Nabire cf. Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua
(Appel à mettre un terme à la violence en Papouasie) publié par les leaders religieux à 14 juin 2001.
Ibid.
Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua (Appel à la cessation de la violence en Papouasie) publié par
les leaders religieux à Jayapura, 5 octobre 2001.
ELSHAM, Laporan Pelanggaran HAM Biak, Jayapura: Elsham, 1999.
INSTITUTE FOR HUMAN RIGHTS STUDY AND ADVOCACY, State Violence against the People: Portrait of Human Rights
Conditions in West Papua, January to December 1999, p. 7.
INSTITUTE FOR HUMAN RIGHTS STUDY AND ADVOCACY, The Bloodshed in Timika, Jayapura, 2000.
On peut trouver des détails sur les actes de violence commis en 2000 par les forces de sécurité indonésiennes à
l’encontre les Papous dans YAFET KAMBAI, Gerakan Papua Merdeka di Bawah Bayang-bayang Mega-Haz, Jayapura:
ELSHAM, 2003, pp. 34-40.
Pour connaître toute l’histoire de la violence et son analyse politique, cf. HUMAN RIGHTS WATCH, Violence and
Political Impasse in Papua, vol. 13, n° 2, juillet 2001; cf. également Tapol, « West Papua: Wamena Tragedy a Provocation », in Tapol Bulletin Online, 161, mars/avril 2001, consultable sur www.gn. apc.org./tapol; AARON MANNES,
Armed Forces against Civilians: Witness Actions by Government of Indonesia Armed Forces against West Papuan Civilians, consultable sur www.koteka.net.
AT IPENBURG Papuans at Risk: Some personal observations 1995-2002, p. 10. Non publié, 2003.
« TNI-AD akan Tambah Tiga Korem dan 19 Kodim » (L’armée indonésienne se renforce par trois commandements
de secteurs et 19 commandements de district) in Suara Pembaruan, 22 mars 2005.
« Manuver Kapal Perang Asing Hanya Latihan bukan Menantang » (Manœuvre de navire de guerre étranger à titre
d’exercice uniquement, sans implication de menace) in MIOL, 19 juillet 2003.
EMMY KUSWANDARI, « TNI tambah Pasukan di Freeport dan exxonMobil » (L’armée indonésienne augmente ses
effectifs auprès de Freeport et d’exxonMobil), Sinar Harapan, 24 janvier 2006.
« Kostrad Tambah Satu Divisi di Papua » (Kostrad dispose d’une division supplémentaire en Papouasie), in MIOL,
16 mars 2005; cf. également « Kostrad akan dikembangkan menjadi tiga divisi » (Scission du Kostrad en trois divisions), Kompas, 17 mars 2005; « Army to station extra division in Papua », The Jakarta Post, 19 mars 2005; « TNI to
establish new third division in West Papua », RFK’s HUMAN RIGHTS CENTER, The West Papua Report, novembre
2005.
RIDWAN MAX SIJABAT, « Protest increases against heavy military presence in Papua », The Jakarta Post, 3 décembre 2005.
TAPOL Briefing Paper, 21 juin 2005, en ligne sur : http://tapol.gn.apc.org.
September Declaration, n° 4.
BPS, statistiques indonésiennes sur www.bps.go.id/profile/irja.html (consulté pour la dernière fois le 2 décembre
2000).
« Suspend sales of Papua forests: NGO », The Jakarta Post, 15 avril 2006.
Assosiasi Pengusaha Hutan Indonesia (APHI), communiqué de presse du 2 mars 2000.
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Resource and Conflict in Papua, Jakarta / Bruxelles: ICG, 2002, pp. 14-16. Désormais cité ainsi : Resource and conflict in Papua.
Pour plus de détails sur l’industrie illégale du bois en Papouasie occidentale, cf. ENVIRONMENTAL INVESTIGATION AGENCY (EIA) et TELAPAK, The Last Frontier: Illegal Logging in Papua and China’s Massive Timber Theft, Londres et Jakarta: Environmental Investigation Agency and Telapak, 2005.
KEARNEY M., « Illegal Loggers Turn to Papua », South China Morning Post, 14 novembre 2003; cf. également NETHY
DHARMA SOMBA, « Papuan Police Seize Illegal Logs in Raid », The Jakarta Post, 26 novembre 2004.
« Two Malaysians Arrested in Indonesia over Illegal Logging », Bernama.com, 14 mars 2003; cf. également « Terlibat Penebangan Liar 15 Warga Malasya Ditangkap » (Impliqués dans l’industrie illégale du bois, 15 Malais arrêtés),
Kompas, 30 janvier 2004.
« Papua Illegal Logging May Involve Senior Officers », The Jakarta Post, 3 novembre 2004; cf. également « Kapten
Kaspar jadi tersangka illegal loging » Media Indonesia, 22 mars 2005; « Penebangan liar, 4 perwira polisi diperiksa »
Kompas, 24 mars 2005.
« Massive timber theft uncovered in Papua: Environmentalists », The JakartaPost.com, 18 février 2005.
« Deforestation in Indonesia worst in the world », Laksamana.net, 28 octobre 2003.
Op. cit.
Cf. LEITH D., « Freeport’s Troubled Future », sur www.insideindonesia.org (consulté pour la dernière fois le 1er décembre 2004).
Resource and Conflict in Papua, pp. 17-22.
78
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
79
POWEL, S., « West Papua Mine Paid $18.5m to Military », The Daily Telegraph, 15 mars 2003; cf. également SIBORO, T. – SARASWATI, M.S., « Freeport Confirms Allowances for Military, Police in Papua », The Jakarta Post, 16 mars
2003.
Pour une analyse plus approfondie de la société américaine Freeport installée en Papouasie occidentale, cf. DENISE LEITH, The Politics of Power: Freeport in Suharto’s Indonesia, Honolulu: University of Hawaii Press, 2003.
Concernant les violations des droits de l’homme commises par l’armée indonésienne en relation avec la filiale indonésienne de Freeport, cf. ABRASH A., The Amungme, Kamoro and Freeport: How Indigenous Papuans have Resisted the
World’s Largest Gold and Copper Mine, sur www.culturalsurvival.org (consulté pour la dernière fois le 29 novembre
2004); cf. également COAH CAROLYN D., Papua Gold: A Blessing or a Curse? The Case of the Amungme, sur www.culturalsurvival.org (consulté pour la dernière fois le 29 novembre 2004).
Penjelasan Atas Undang-Undang Republik Indonesia n° 21 Tahun 2001 tentang Otonomi Khusus bagi Provinsi
Papua, I.
Undang-Undang Otonomi Khusus Untuk Provinsi Papua, chapitre XII, art. 45.
Cf. « Draft Law on Special Autonomy for the Province of Papua in the form of a Self-Governing Territory », chapitre XII, article 41. Je me réfère ici au projet de loi sur l’autonomie spéciale rédigé par les universitaires papous
puis soumis par le gouverneur de Papouasie à la Chambre indonésienne des représentants (DPR) et au gouvernement central pour de plus amples débats.
« Vonis Bebas, Bukti Pemahaman HAM Rendah », Kompas, 14 septembre 2006.
ICG, Indonesia: Impunity Versus Accountability for Gross Human Rights Violations, Jakarta et Bruxelles: ICG, 2001.
September Declaration, n° 3.
PAUL WOLFOWITZ, « Corruption the biggest threat to Indonesian development », The Jakarta Post, 13 avril 2006.
JOHN WING et PETER KING, Genocide in West Papua? The role of the Indonesian state apparatus and a current needs
assessment of the Papuan people, Sydney: Centre for Peace and Conflict Studies at the University of Sydney and Jayapura: ELSHAM, 2005, p. 14.
Cf. September Declaration, n° 8.
Tiré de données statistiques sur l’administration provinciale de Papouasie, citées in LEO LABA LADJAR, OFM,
« Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace », in J. BUDI HERNAWAN (dir.), Papua Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace in West Papua, Jayapura: SK Jayapura, 2005, p. 84. Désormais cité ainsi : LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace.
« Transmigran di Papua » (Transmigrants en Papouasie), Kompas, 4 novembre 2002.
Cf. AGUS SUMULE, « Papuan People’s Rights Concerning Natural Resources and their Involvement in Modern Economy », in THEODOR RATHGEBER Economic, Social and Cultural Rights in West Papua, Wuppertal: Department for
Justice, Peace and Integrity of Creation of the United Evangelical Mission, 2005, p. 105. Désormais cité ainsi : AGUS
SUMULE, Papuan People’s Rights Concerning Natural Resources and their Involvement in Modern Economy.
Lavalin International Inc., Regional Development Planning for Irian Jaya, vol. I, 1988, p. 17, cité par VAN DEN BROEK,
T., « Social Aspects in Papua », in THEODOR RATHGEBER, Economic, Social and Cultural Rights in West Papua,
Wuppertal: Department for Justice, Peace and Integrity of Creation of the United Evangelical Mission, 2005, p. 138.
« Transmigran di Papua » (Transmigrants en Papouasie), Kompas, 4 novembre 2002.
KRISTIAWAN R., « Indigenous people marginalized at Wasur National Park », The Jakarta Post, 19 avril 2005.
« West Papua: The Facts », New Internationalist, 344 (2002), p. 12.
ELMSLIE J., Irian Jaya under the Gun: Indonesian Economic Development versus West Papua Nationalism, University of
Hawai’i Press, Honolulu, 2002, p. 77. Désormais cité ainsi : ELMSLIE J., Irian Jaya under the Gun.
MCBETH J., « Turning on Tangguh », Far Eastern Economic Review, 26 août 2004.
Pour plus d’informations sur l’expansion économique et l’hégémonie des immigrés indonésiens, cf. ELMSLIE J.
Irian Jaya under the Gun, pp. 70-129.
September Declaration, n° 4.
AGUS SUMULE, Papuan People’s Rights Concerning Natural Resources and their Involvement in Modern Economy, p. 107.
SAYADI (dir.), Aceh Jakarta Papua: Akar Permasalahan dan Alternatif Penyelesaian Konflik (Aceh Jakarta Papua: les racines du problème et les alternatives de résolution du conflit), Jakarta: YAPPIKA, 2001, pp. 103-104.
Pesan Persamaain dan Harapan Para Pemimpinan Agama-agama di Papua, message unitaire de paix et d’espoir des
leaders spirituels en Papouasie occidentale, publié le 20 décembre 2003.
THEO VAN DEN BROEK, « Social Aspects in Papua », in THEODOR RATHGEBER, Economic, Social and Cultural Rights
in West Papua, Wuppertal: Department for Justice, Peace and Integrity of Creation of the United Evangelical
Mission, 2005, p. 141.
« Abepura Market brawls leave 16 injured », The Jakarta Post, 14 novembre 2000.
LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 84.
LEO LABA LADJAR, Different Religions United in Building a Culture of Peace in Papua, p. 30.
The Joint Statement by Papuan Religious Leaders, déclaration commune des leaders religieux de Papouasie publiée
le15 septembre 2005 à Jayapura, n° 2. Désormais cité ainsi : September Declaration.
LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 85.
Seruan Para Pemimpin Agama di Papua, appel interreligieux des leaders spirituels publié le 5 août 2005.
Potret Hak Asasi Manusia di Tanah Papua, communiqué de presse des sections de justice et de paix des cinq diocèses
de Papouasie occidentale publié le 18 février 2005.
La responsabilité de l’aggravation des conflits religieux à Maluku et Poso en Sulawesi centrale a été imputée au groupe
Laskar Jihad. Ces conflits ont fait des milliers de morts et ont contraint des milliers d’autres personnes à fuir.
« Umat Islam Maluku Nyatakan Perang terhadap Separatisme di Seluruh Indonesia » (Les musulmans de Maluku déclarent la guerre au séparatisme en Indonésie), sur www.laskarjihad.or.id (consulté pour la dernière fois le 15 février
2002).
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
134
135
136
137
138
Bulletin Laskar Jihad, janvier 2002.
The Jakarta Post , 22 mars 2002.
« Komando Jihad Masuk Papua » (Un commando du Jihad infiltre la Papousie), Bangkit, n° 26, 1-7 avril 2002.
R.K. NUGROHO et SRI WAHYUNI, « Laskar Jihad Members Start to Upset Papuans: Thaha », The Jakarta Post, 12
avril 2002.
PRANGTIP DAORUENG, « Papuans Fear Trouble with Militant Group in Town », Inter Press Service, 15 avril 2002.
« Laskar jihad di Papua meresahkan » (Les combattants du Jihad sèment le trouble en Papouasie), in Suara Pembaruan, 28 mars 2002; cf. également « Papuan Anxiety over Militias », Laksamana.net, 2 avril 2003.
Cf. ENGLAND V., « Islamic Warriors ‘sent to fight in Papua », South China Morning Post, 23 janvier 2003.
« Tidak ada Aksi dan Laskar Jihad di Sorong » (Aucun combattant du Jihad n’est actif à Sorong), Papua Post, 5 mars
2002; cf. également « Tak ada Laskar jihad di Papua » (Pas de combattants du Jihad en Papouasie), Timika Pos, 26
mars 2002; « Belum ada Anggota Laskar jihad Masuk Papua » (Les membres des combattants du Jihad ne sont pas
encore arrivés en Papouasie), Kompas, 15 May 2002.
« Papua police arrest two members of Laskar Jihad », The Jakarta Post, 18 avril 2002.
« Police in Papua Town Ban Newspaper of Militant Muslim Group », AFP, 10 juin 2002.
TIMBERLAKE I., « Military Linked to Militias », The Washington Times, 3 mai 2002.
« Jakarta Denies Helping Muslim Militants in Papua », Reuters, 23 janvier 2003.
« KODIM 1702 Jayawijaya Bentuk Satgas Merah Putih », (KODIM 1702 jayawijaya forme des milices rouge et blanc),
Elsham News Service, 17 avril 2002.
MARIANNE KEARNEY, « Timor’s Guterres Forms Papua Militia », South China Morning Post, 2 décembre 2003.
NETHY DHARMA SAMBA, « Ex-militiaman defers Papua plan for nationalist group », The Jakarta Post, 10 décembre 2003.
« National Education Minister Opens Papua University », The Jakarta Post, 6 janvier 2001.
September Declaration, n° 4.
« Lulusan SD Pedalaman Buta Huruf », Kompas, 8 mars 2006.
PNUD, Human Development Report 2002.
KAKISINA S., Development in the Land of Papua, for Whom?, contribution présentée à la table ronde sur les droits de
l’homme en Papouasie, organisée par Orville H. Schell Jr. Center for International Human Rights, Yale Law School,
New Haven, 25 mars 2002.
LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 89.
September Declaration, n° 6.
« Papua Miliki Angka Kematian Balita Tertinggi di Dunia » (La Papouasie a la mortalité infantile la plus élevée de la
planète), Cenderawasih Pos, 22 février 2003.
« West Papua: the Facts », New Internationalist, n° 344, avril 2002.
Pour un rapport détaillé sur les décès des Papous indigènes dans le sous-district de Nabire en 2005 cf. KOMISI PERDAMAIAN DAN KEADILAN GEREJA KEMAH INJILI INDONESIA, KLASIS NABIRE, Laporan Kematian Orang Papua
di Districk Nabire, Kabupaten Nabire, sejak Januari sampai Desember 2005. Rapport non publié.
Laporan Gereja Kemah Injil Sinode Papua, avril 2006.
« KLB Diare di Papua dipicu Kebiasaan memasak dengan bakar batu », MIOL, 12 mai 2006.
« HIV/AID Membayangi Paluang Otonomi Khusus Papua » (Les menaces du VIH/SIDA assombrissent les opportunités qu’offre l’autonomie spéciale de la Papouasie), Kompas, 1er novembre 2004.
GREEN C.W., « Spread of AIDS in Papua at Alarming Level », The Jakarta Post, 3 octobre 2002.
September Declaration, n° 6.
LESLIE BUTT, AIDS in West Papua: Ten Reasons to Worry. Étude non publiée.
Pour de plus amples informations sur les manifestations pacifiques des Papous cf. VAN DEN BROEK T. – HERNAWAN J.B., Kondisi Hak Asasi Manusia dan Gerakan Aspirasi Merdeka, 1999 (La situation des droits de l’homme et les
ambitions du mouvement d’indépendance en 1999), Jayapura: SKP Jayapura et Jakarta: LSPP, 2001.
BROEK T.V.D. – SZALAY A., « Raising the Morning Star: Sixth Month in the Developing Independence Movement
in West Papua », The Journal of Pacific History, 1, (2001), pp. 77-92.
« Papuans Demand Referendum Re-run », The Jakarta Post, 19 octobre 2004; également « Mahasiswa Papua demonstrasi menunntut Hak Penentuan Nasib Sendiri di Sulawesi » (Les étudiants papous manifestent pour le droit à
l’autodétermination à Sulawesi), Detik.com, 1er novembre 2004.
Pour de plus amples détails sur la rencontre entre les Papous et le président B. J. Habibie, cf. ALUA A.A., Dialog Nasional Papua dan Indonesia 26 Februari 1999: Kembalikan Kedaulatan Papua Barat, Pulang dan Renungkan Dulu (Dialogue national entre la Papouasie et l’Indonésie, 26 février 1999 : rendre sa souveraineté à la Papouasie occidentale
après une réflexion approfondie), Jayapura: Presidium Dewan Papua et Biro Penelitian STFT Fajar Timur, 2002.
Pour de plus amples informations sur la Convention papoue, cf. ALUA A.A., Mubes Papua 2000: Jalan Sejarah, Jalan
Kebenaran (Convention papoue 2000 : La voie historique, la vraie voie), Jayapura: Presidium Dewan Papua and Biro
Penelitian STFT Fajar Timur, 2002.
Pour de plus amples informations sur la Convention papoue, cf. ALUA A.A., Kongres Papua 2000 21 Mei – 4 June:
Mari Kita Meluruskan Sejarah (Convention papoue 2000 du 21 mai au 4 juin : Rectifions l’histoire de la Papouasie
occidentale), Jayapura: Presidium Dewan Papua et Biro Penelitian STFT Fajar Timur, 2002.
LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 87.
Instruksi Presiden Republik Indonesia Nomor 1 Tahun 2003 tentang Percepatan Pelaksanaan Undang-undang Nomor
45 Tahun 1999 Tentang Pembentukan Propinsi Irian Jaya Tengah, Propinsi Irian Jaya Barat, Kabupaten Paniai, Kabupaten Mimika, Kabupaten Puncak Jaya, dan Kota Sorong.
Jaap Salosa, alors gouverneur de Papouasie occidentale, a affirmé qu’il n’avait jamais été consulté sur la division
de la Papouasie occidentale en trois provinces. Cf. « Pemekaran Provinsi, Melanggar Aturan » (La division de la province viole les réglementations), Cenderawasih Pos, 7 février 2003.
80
139 « Ribuan Warga Tolak Inpres Pemekaran Papua » (Des milliers de personnes rejettent le décret présidentiel sur la
division de la Papouasie), Suara Pembaruan, 10 février 2003; cf. également « Papuans Protest New Province »,
The Jakarta Post, 11 mars 2003.
140 NETHY DHARMA SOMBA, « Councillors Urge Government to Delay Papua Split », The Jakarta Post, 15 mars 2003.
141 Surat Kepada Presiden Megawati Sukarna Putri, lettre commune adressée par les chefs religieux de Papouasie occidentale à la présidente Megawati Soekarno Putri, datée du 5 février 2003.
142 « Tokoh Adat Papua Tolak Inpres Pemekaran Propinsi » (Les chefs de tribus papoues rejettent le décret présidentiel sur
la division de la Papouasie), Kompas, 4 février 2003.
143 NETHY DHARMA SAMBA, « Students protest new KPU establishment », The Jakarta Post, 25 octobre 2003.
144 Cf. le communiqué de presse commun de Lembaga Study dan Advokasi Hak Asasi Manusia (ELSHAM) anetd Lembaga Bantuan Hukum (Legal Aid Institute), février 2003; cf. également « Enam Organisasi Tolak Pemekaran Papua »
(Six organisations refusent la division de la Papouasie), Cenderawasih Pos, 10 février 2003.
145 Cf. le texte adopté par le Parlement européen sur la situation en Indonésie, en particulier sur les provinces d’Aceh
et de Papouasie, sd., pp. 10-11.
146 Peraturan Pemerintah Republik Indonesia Nomor 54 Tahun 2004 tentang Majelis Rakyat Papua (directive gouvernementale n° 54/2004 sur le Conseil du peuple de Papouasie).
147 September Declaration, n° 8.
148 LEO LABA LADJAR, OFM. Agama-agama Bersatu Membangun Budaya Damai di Tanah Papua, n° 4.
149 September Declaration, n° 9.
150 September Declaration, n° 10.
151 THEO VAN DEN BROEK, « A Peace Mission: The Church Response to Conflict, West Papua Conflict », J. BUDI HERNAWAN, Papua Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace in West Papua, Jayapura: SKP Jayapura, 2005,
p. 72.
152 Toutes les déclarations communes publiées par les chefs religieux de Papouasie occidentale sont consultables sur
www.hampapua.org.
153 September Declaration, n°10.
154 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 90.
155 September Declaration, n° 11.
156 PNUD, Human Development Report, 2002.
157 « Penduduk Miskin di Papua capai 80 persen » (80 pour cent de la population de Papouasie est pauvre), Kompas, 22
mars 2005.
158 Pour de plus amples informations sur les raisons expliquant pourquoi l’exploitation des ressources naturelles ne
se traduit pas par une amélioration des standards de vie des Papous indigènes, cf. LARGERBERG K., West Irian and
Jakarta Imperialism, Londres: C. Hurst & Company, 1979; cf. également KAKISINA, S., « Development in the Land
of Papua, For Whom? », contribution présentée à la table ronde sur les droits de l’homme en Papouasie, organisée par Orville H. Schell Jr. Center for International Human Rights, Yale Law School, New Haven, mars 25, 2002.
159 RUMANSARA A. – KAKISINA S., « The Indonesian Political Economy and its Impact on the Papuan People’s Economy: Some Critical Issues to be Considered in the Decentralization Era », contribution présentée lors de la table
ronde sur le développement social et politique en Papouasie, Berlin, Allemagne, 29-30 juin 2000; cf. également
SUMULE AGUS, « Towards Sustainable Forest Management with Significant Participation of the Customary Communities in Papua, Indonesia », contribution présentée lors du colloque international sur la gestion durable des
forêts, Bali, Indonésie, juin 2001.
160 September Declaration, n° 11.
161 L’Église catholique, par exemple, gère dans le diocèse de Timika 106 écoles primaires, 103 d’entre elles se trouvant
dans des villages reculés et isolés. Cf. « Lulusan SD Pedalaman Buta huruf », Kompas, 8 mars 2006.
162 September Declaration, n° 12.
163 L’Église catholique a par exemple ouvert un hôpital dans le diocèse de Jayapura,le Dian Harapan à Jayapura. Cf.
LEO LABA LADJAR Membagun Budaya Damai di Papua.
164 IGM Sunartha, Membangun Damai di Tanah Papua.
165 September Declaration, n° 13.
166 Ibid., n° 14.
167 IGM SUNARTHA, Membangun Damai di Tanah Papua.
168 Les données citées par le YAYASAN PUTRI KERAHIMAN s’appuient sur une interview effectuée par l’auteur avec
sœur Josephine Tekege, SMSJ, directrice de la fondation, le 28 août 2005 à Jayapura.
169 September Declaration, n° 14.
170 Ibid. n° 15.
171 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 88.
172 TIM SKP, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi: Dasar Menangani Konflik di Papua, Jayapura: SKP Jayapura, 2006,
p. 15. Désormais ainsi citée : TIM SKP JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi.
173 September Declaration, n° 15.
174 Ibid. n° 8.
175 SOSTENES SUMIHE, CLEOPATRIZA RUHULESSIN, ROWIRO KARETJI, CALVIN MANSNEMBRA, JERRY SAWAI, Mewujudkan Papua Tanah Damai, pp. 12-13. Article non publié.
176 September Declaration n° 15.
177 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 83.
178 HERMAND SAUD, Promoting Peace in the Midst of Violence, p. 96.
179 LEO LABA LADJAR, Different Religions United in Building a Culture of Peace in the Land of Papua, p. 30.
81
180 ZUBEIR HUSSEIN, « Believing, Honouring and Understanding Each Other in Dialogue », in ALDABA FERNANDO
T. – PETILLA MA. JOSEFA P. (dir.), CIIR Round Table on Inter-Faith Collaboration for Peace and Development in West
Papua and Mindanao, Londres: CIIR, 2004, pp. 33-35. Désormais ainsi cité : ZUBEIR HUSSEIN, Believing, Honouring
and Understanding Each Other in Dialogue.
181 I GUSTI MADE SUNARTHA, Membangun Damai di Tanah Papua, p. 1.
182 « Semogalah serasi (damai) dengan atmosfir, dengan langit dan bumi. Semogalah selaras dengan air, tumbuh-tumbuhan
dan tanaman obat sebagai sumber kebahagiaan. Semogalah para deawata dan Tuhan yang Mahaesa menganugrahkan
kedamaian dan keharmonisan kepada kita semua. Semogalah terdapat keserasian di seluruh pelosok. Semogalah keharmonisan itu dating kepada kami. » (op. cit.).
183 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 88.
184 « Atas Karunia Tuhan kita wujudkan damai di hati damai di dunia dan damai di akhirat », I GUSTI MADE SUNARTHA,
Membangun Damai di Tanah Papua, p. 3.
185 Cf. « Damailah Papuaku, Damailah Indonesiaku » Cenderawasih pos, 7 février 2005.
186 Cf. Komitment Damai di Papua, engagement interreligieux publié le 7 février 2004 à Jayapura.
187 Pour de plus amples informations sur la déclaration publique du district de Yapen Waropen comme zone de paix
cf. BENNY GIAY, West Papua peace zone: A possible dream, the role of the Church in West Papua and Local Initiatives in
the Struggle for Human Rights, 2005, contribution non publiée.
188 Résolution adoptée par le Dewan Adat Papua (Conseil coutumier papou), n° 8.
189 J. BUDI HERNAWAN, « Papua as a Land of Peace: a journey towards conflict resolutions in Papua » in ID (dir.), Papua
Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace in West Papua, Jayapura: SKP Jayapura, 2005, p. 55.
190 Cf. le discours prononcé par Tom Beanal lors de la célébration le 1er décembre 2002 à Jayapura.
191 « Kita merindukan Papua yang aman dan damai , bebas dari kekerasan, kerusuhan, dan pertumpahan darah » LEO LABA
LADJAR, Bersama Membangun Damai, p.1.
192 « PAPUA ZONA DAMAI, suatu daerah tanpa kekerasan, satu wilayah dimana penghuninya cinta persaudaraan, menolak
kekerasan dan menjauhi segala konflik » Pernyataan Sikap dan Seruan Bersama Pemimpin-Pemimpin Agama di Papua (Déclaration et appel des chefs religieux de Papouasie occidentale), publiée le 10 avril 2002, n° 1.
193 Kerangka Acuan Lokakarya Hari Damai Se dunia di Tanah Papua (Termes de référence de l’atelier sur la Journée internationale de la paix en terre de Papouasie), 11-15 septembre 2005.
194 Discours prononcé par le révérend Andreas Ayomi lors de la commémoration des 150 ans de l’évangélisation de
la Papouasie le 5 février 2005. Cf. « Damailah Papuaku, Damailah Indonesiaku » (Paix en Papouasie, paix en Indonésie), Cenderawasih Pos, 7 janvier 2005.
195 HERMAN SAUD, Promoting Peace in the Midst of Violence, p. 97.
196 THEO VAN DEN BROEK, FREDERIKA KORAIN, RUDOLF KAMBAYONG, « Building a Culture of Peace: Towards «
Papua, a Land of Peace » in J. BUDI HERNAWAN (dir.), Papua Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace
in West Papua, p. 6. Désormais cité ainsi : THEO VAN DEN BROEK, FREDERIKA KORAIN, RUDOLF KAMBAYONG,
Building a Culture of Peace.
197 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 89.
198 Ibid., p. 84.
199 September Declaration, n° 16.
200 BERNARD NARAKOBI, The Melanesian Way, Port Moresby: Institute of Papua New Guinea Studies, and Suva: University of the South Pacific, 1983, p.18.
201 Pour de plus amples informations sur l’importance de la valeur de respect mutuel pour la construction de la paix
dans la société de Papouasie occidentale cf. TIM SKP JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi: Dasar
Menangani Konflik di Papua, (Construire une culture de paix et de réconciliation : notions de base pour la résolution du conflit en Papouasie), Jayapura: SKP Jayapura, 2006, pp. 39-40.
202 Pesan Perdamaian dan Harapan Para Pimpinan Agama-agama di Papua Akhir Tahun 2003, appel interreligieux publié
le 20 décembre 2003.
203 « Damailah Papuaku, Damailah Indonesiaku », Cenderawasih Pos, 7 février 2005 ; cf. également Seruan Pimpinan Agama
di Papua, appel religieux des chefs religieux publié le 5 août 2005.
204 September Declaration, n° 17.
205 Op. cit.
206 LEO LABA LADJAR, Interfaith Communion to Make Papua a Land of Peace, p. 88.
207 LEO LABA LADJAR, OFM, Membangun Budaya Damai (Construire une culture de paix), contribution présentée lors
de la conférence sur la paix organisée par la police indonésienne, l’Institut pour la défense et la promotion des droits
de l’homme (ELSHAM) et le Conseil du présidium papou (PDP) à Jayapura les 15 et 16 février 2002. Manuscrit non
publié. Désormais cité ainsi : LEO LABA LADJAR, Membangun Budaya Damai.
208 Relation adéquate avec Dieu, ibid., n° 3.
209 « Hubungan yang baik dengan Tuhan itu malahan menjadi seperti poros untuk hubungan yang serasi dengan semua mahluk », ibid., n° 1.1.
210 « Iman kepada Allah tidak mungkin terpisah dari sikap hormat kepada manusia, kasih kepada Allah menjadi kebohongan kalau tidak ada kasih kepada sesama », ibid., n° 3.2.
211 Ibid., n° 1.2.
212 “Orang-orang beragama tidak menjadi pembawa damai tetapi sebaliknya menjadi pembawa ketegangan dan kerusuhan
dengan segala tindak kekerasan”, ibid., n° 3.1.
213 Op. cit.
214 Relation entre les individus, ibid., n° 2.
215 « Hanya dengan menghargai manusia lain sebagai ciptaan Tuhan dan anak-anak Allah yang dikasihi oleh Allah sendiri,
kita dapat membangun masyarakat yang damai » LEO LABA LADJAR., Pidato Radio Menyambut Natal dan Tahun Baru,
(discours radiodiffusé célébrant Noël et accueillant la nouvelle année), 23 décembre 1999, n° 7.
82
216 LEO LABA LADJAR, Membangun Budaya Damai, n° 2.1.
217 Relation adéquate avec la nature, ibid., n° 4.
218 « Relasi dengan alam yang tidak serasi menyebabkan selanjutnya hubungan yang tidak selaras antara manusiamanusianya », ibid., n° 4.1.
219 September Declaration, n° 18.
220 Ibid., n° 17.
221 Description de la valeur de solidarité cf. THEO VAN DEN BROEK, FREDERIKA KORAIN, RUDOLF KAMBAYONG,
Building a Culture of Peace, p. 10.
222 Valeur de cohésion cf. TIM SKP JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi, pp. 28-30.
223 LEO LABA LADJAR, Different Religions United in Building a Culture of Peace in Papua, p. 30.
224 ZUBEIR HUSSEIN, Believing, Honouring, and Understanding Each Other in Dialogue, p. 35.
225 Ibid., p. 33.
226 Op. cit.
227 Cf. TIM SKP JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi, pp. 31-33.
228 September Declaration, n° 18.
229 Ibid., n° 3.
230 Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua (Appel pour mettre fin à l'action violente en Papouasie), appel
interreligieux des chefs spirituels publié le 14 juin 2001.
231 September Declaration, n° 16.
232 TIM SKP JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi, pp. 36-37.
233 IGM SUNARTHA, Membangun Damai di Tanah Papua.
234 September Declaration, n° 17.
235 Ibid. n° 16.
236 Op. cit.
237 Op. cit.
238 J.BUDI HERNAWAN, Mengisi gagasan pembentukan Komisi Kebenaran dan Rekonsiliasi, contribution non publiée présentée dans le cadre de l’atelier de la Commission de vérité et de réconciliation organisé par KONTRAS du 10 au
14 juin 2002 à Jayapura, p. 7.
239 Pour une brève description de la cérémonie traditionnelle de réconciliation dans la tribu Amungme cf. WOLAS
KRENAK, « 'Wem Namung' Sang Pembayar Denda Korban Perang di Papua » (Eem Namung, responsable des réparations de guerre en Papouasie), Suara Pembaruan, 6 septembre 2003.
240 Cf. « Agama-agama bersatu membangun budaya damai di Tanah Papua », n° 6.
241 Textes des prières récitées par chaque religion cf. « Hari Doa/Jaga Damai Sedunia » in Berita Keuskupan Jayapura,
55 (2002), pp. 2-6.
242 LEO LABA LADJAR OFM, Different Religions United in Building a Culture of Peace in the Land of Papua, p. 29.
243 September Declaration publiée par les chefs religieux le 15 septembre 2005 à Jayapura.
244 Cf. Pernyataan Damai Pimpinan Agama-Agama di Tanah Papua, déclaration commune des chefs religieux de Papouasie
publiée le 21 septembre 2005.
245 Cf. Surat Kepada Dewan Perwakilan Rakyat Papua, lettre commune envoyée par les chefs religieux au Conseil législatif papou le 25 août 2005, n° 6.
246 Cf. la déclaration publiée par les chefs religieux le 10 avril 2002.
247 Cf. Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua, appel interreligieux publié par les chefs religieux de Papouasie
occidentale le 14 juin 2001.
248 Cf. Surat Kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune envoyée par les chefs religieux de Papouasie à la présidente indonésienne le 7 septembre 2002.
249 Cf. Pernyataan Damai, déclaration interreligieuse de paix publiée par les chefs religieux le 21 septembre 2005.
250 Cf. Komitmen Damai di Papua, 7 février 2004.
251 Cf. Surat Kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune adressée par les chefs spirituels de Papouasie occidentale
à la présidente indonésienne à Jakarta le 10 avril 2003.
252 Op. cit.
253 Tous les appels communs lancés par les chefs religieux de Papouasie occidentale en faveur d’une enquête indépendante
sur les violations flagrantes des droits de l'homme sont consultables sur www.hampapua.org.
254 Cf. Surat kepada Presiden Indonesia, lettre commune adressée par les chefs religieux de Papouasie occidentale à la
présidente indonésienne le 14 décembre 2001 ; cf. également Surat kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune adressée par les leaders religieux à la présidente indonésienne le 2 février 2002 ; Surat kepada Komisi Nasional Hak Asasi Manusia, lettre commune adressée par les chefs spirituels de Papouasie occidentale à la Commission
nationale des droits de l’homme le 24 novembre 2001 ; Tentang Rencana Penyelidik Nasional, communiqué de presse des chefs religieux publié le 22 janvier 2002.
255 Cf. Surat Kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune adressée par les chefs spirituels de Papouasie occidentale
à la présidente indonésienne le 7 septembre 2002.
256 Cf. Surat Kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune adressée par les leaders spirituels de Papouasie occidentale à la présidente indonésienne le 10 avril 2003.
257 Cf. Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua, appel commun des chefs religieux publié le 14 juin 2001.
258 Cf. Surat kepada Dewan Perwakilan Rakyat Papua, lettre commune adressée par les chefs religieux de Papouasie occidentale au Conseil législatif de Papouasie le 25 août 2005, n° 3 ; cf. également Pernyataan Damai pimpinan Agamaagama di Tanah Papua, déclaration interreligieuse sur la paix des chefs spirituels publiée le 21 septembre 2006 et
Pesan Perdamaian dan Harapan Para Pimpinan Agama-agama di Papua, message unitaire de paix et d’espoir des chefs
spirituels de Papouasie occidentale publié le 20 décembre 2003.
83
259 Cf. Surat kepada Presiden Republik Indonesia, lettre commune adressée par les chefs religieux de Papouasie occidentale à la présidente Megawati Sukarno Putri le 5 février 2003.
260 Cf. Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah Papua, appel interreligieux des leaders spirituels de Papouasie occidentale publié le 14 juin 2001.
261 Exemple d’appel des chefs religieux pour que les Papous puissent participer de manière active à des discussions sur
les problèmes les concernant dans un climat de liberté d’action et exempt de danger est donné dans Seruan Gereja-gereja di Papua kepada umatnya dalam menyikapi pelaksanaan MUBES 24-26 Februari 2000, appel des chefs religieux
au peuple publié le 20 février 2000 à l’occasion de la Convention papoue.
262 Cf. Surat Kepada Ketua Dewan Perwakilan Rakyat Papua, lettre commune adressée par les leaders spirituels de Papouasie
occidentale au président du Conseil législatif de Papouasie le 25 août 2005.
263 Op. cit.
264 September Declaration, n° 18.
265 Cf. Himbauan Kepada Para anggota Legislatif di Tanah Papua Periode 2004-2009, appel interreligieux des chefs spirituels aux membres du Conseil législatif de Papouasie le 4 septembre 2004.
266 Cf. Pesan perdamaian dan harapan para pimpinan agama-agama di Papua akhir tahun 2003, appel interreligieux des
leaders spirituels de Papouasie occidentale publié le 20 décembre 2003.
267 Cf. Loi n° 21/2001 sur l’autonomie spéciale de la province de Papouasie, article 5.
268 Cf. Surat Pimpinan Agama Kepada Pimpinan Dewan Perwakilan Rakyat Papua, lettre commune adressée par les chefs
religieux de Papouasie occidentale au président du Conseil législatif de Papouasie le 25 août 2005, n° 1.
269 Pour de plus amples informations sur le rejet par le Conseil du peuple de Papouasie (MRP) de l’élection de gouverneur dans la province d’Irian Jaya occidental qui avait été autorisée par le gouvernement indonésien, cf. MAJELIS RAKYAT PAPUA, Laporan Temuan Konsultasi Publik tentang Sikap and Keberadaan Provinsi Irian Jaya Barat, Jayapura: MRP, 2006.
270 Pour plus de détails sur les attentes à l’endroit de la communauté internationale, cf. FAITH-BASED NETWORK ON
WEST PAPUA, Geneva Appeal on West Papua: Papua Land of Peace, La Haye: Faith-Based Network on West Papua,
2006.
84

Documents pareils