La gestion du changement : vers l`entreprise numérique
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La gestion du changement : vers l`entreprise numérique
CIGREF L’ENTREPRISE NUMERIQUE La gestion du changement : vers l’entreprise numérique Les technologies de l’information transforment nos habitudes de travail quotidiennes. Elles les automatisent en partie, réduisent généralement le volume de tâches bureaucratiques et améliorent la coordination. Elles permettent également d’informer en communiquant des informations plus détaillées, contextuelles, destinées à la prise de décision individuelle et à l’intelligence collective. C’est pourquoi elles contribuent à accélérer les processus organisationnels et à en optimiser les coûts et la productivité. La transformation des entreprises : une réinvention du management La gestion du changement a toujours été et reste la pierre d’achoppement de la plupart des projets technologiques. C’est la principale cause d’échec des projets informatiques et des stratégies de transformation des usages mal préparées. 129 CIGREF L’ENTREPRISE NUMERIQUE Dans l’entreprise numérique, il s’agit pourtant de remettre en cause les pratiques existantes pour en créer de nouvelles. L’entreprise numérique bouscule les organisations existantes, les pratiques établies, les hiérarchies sclérosées. Le statut du salarié évolue ainsi par rapport à son employeur, qui peut être dans un autre pays ou continent. La notion de subordination qui exprimait un lien de dépendance très prégnant avec sa hiérarchie se trouve profondément modifiée. Le management communément pratiqué dans les entreprises d’aujourd’hui est issu d’un modèle de relation hiérarchique pyramidale fondée sur le lien de subordination. Ceci constitue à la fois notre base culturelle et nos habitudes de travail. Du fait de cette culture, chacun utilise les technologies en faisant essentiellement un usage individuel. Les outils collaboratifs exigent une culture managériale plus horizontale, une confiance dans le collectif, un esprit bienveillant et une réelle expérience du partage et de la circulation des informations. L’étude sur « L’efficacité collective » réalisée par Microsoft en 2006 avait montré que « le discours sur le potentiel du travail collaboratif et de l’efficacité collective pour la performance de l’entreprise est aujourd’hui partagé par tous les acteurs ». Il faut maintenant faire évoluer profondément les modes de management. 130 CIGREF L’ENTREPRISE NUMERIQUE Développer les compétences numériques Les évolutions organisationnelles doivent s’accompagner d’une transformation des compétences numériques. Le développement des réseaux sociaux sur Internet montre le besoin de chacun d’échanger, de communiquer et de partager, et laisse apparaître des nouvelles structures relationnelles et collaboratives. Si ces pratiques existent dans l’espace privé, notamment chez les jeunes publics, les salariés ne développent pas suffisamment ces pratiques dans leurs entreprises, et ce, pour des raisons de culture d’entreprise. Dans le cadre du CEN/ISSS (European Committee for Standardization / Information Society Standardization System) et avec le support de la Commission Européenne, une structure de pilotage nommé ICT Skills Workshop a été constituée dès 2004 pour définir et mettre en œuvre un plan d’action visant à promouvoir les compétences numériques dans l’Union Européenne. Le CIGREF a activement participé aux travaux de l’équipe d’experts pour la mise en œuvre du e‐Competence framework. Cet outil est suffisamment générique pour être adaptable aux spécificités des différents pays et aux évolutions technologiques des années à venir. L’utilisation de ce référentiel de compétences européen fournit des bases claires qui peuvent aider les entreprises à prendre les bonnes décisions concernant le recrutement, la gestion des carrières, la 131 CIGREF L’ENTREPRISE NUMERIQUE formation ou l’évaluation des personnels. Il effectue un lien avec les différents référentiels nationaux et propose une articulation des compétences, connaissances, et savoir‐faire numériques en phase avec le cadre de travail de l’entreprise. Trente-six compétences ont été définies. Elles ont été réparties dans une structure comprenant quatre dimensions qui reflètent les différents niveaux de décision en termes de gestion des ressources humaines : 1. La première dimension s’articule autour de cinq domaines de préoccupation directement issus des processus de l’entreprise : Plan, Build, Run, Enable et Manage. 2. La deuxième dimension définit un ensemble de compétences pour chaque domaine, avec une description générique pour chacune. Les trente-six compétences identifiées comportent une définition générique compréhensible par tous les acteurs européens. 3. La troisième dimension spécifie l’un des cinq niveaux de maîtrise et de responsabilité de chaque compétence en phase avec les niveaux trois à huit définis dans le référentiel de qualification européen (EQF6). 4. La quatrième dimension du référentiel est réservée aux connaissances (knowledge) et savoirfaire (skills). 132 CIGREF L’ENTREPRISE NUMERIQUE L’éducation et la formation Outre le développement des compétences adaptées aux transformations des entreprises, la révolution numérique conduit à repenser plus globalement les méthodes pédagogiques d’apprentissage. Les technologies fournissent l’occasion de construire des nouveaux dispositifs, par exemple avec les universités numériques. Le rapport sur les universités numériques, remis en 2007 au ministre de l’Enseignement supérieur, en a rappelé les deux enjeux majeurs : préparer l’insertion des étudiants « nés avec le numérique » dans la société de la connaissance en réseau, et insérer les universités dans les réseaux numériques de la connaissance. L’auteur du rapport souligne le fait que « les universités françaises sont encore trop faiblement présentes sur l’Internet et dans les réseaux de partage et d’échange en ligne autour de la connaissance. Cette absence est porteuse d’un risque de marginalisation certain au niveau international. Il convient donc de permettre aux universités de développer un patrimoine numérique qu’elles pourront valoriser par la diffusion, le partage et l’enrichissement croisé selon des modèles qui sont encore à inventer ». L’objectif est ambitieux puisqu’il consiste à insérer 100 % des étudiants dans la société du numérique, ce qui suppose, entre autres, d’améliorer la formation au métier d’enseignant, de repenser la production des ressources numériques et de favoriser l’essor de l’enseignement à distance. 133