Livret conjugal 2007-06-18 - Paroisse Saint

Transcription

Livret conjugal 2007-06-18 - Paroisse Saint
Quelques mois après le forum sur le couple qui a eu lieu en octobre 2006 sur notre paroisse,
et pour répondre à l’attente de certains participants, nous vous offrons pour vos vacances ce modeste
livret, avec :
> des extraits des ouvrages utilisés au stand « construire et nourrir son couple », en espérant qu’ils vous
donneront envie de lire directement leurs auteurs :
– Gary Chapman : les langages de l’amour (p3), les saisons du mariage (p6), couples et complices (p9)
– Xavier Delacroix : les mirages de l’amour (p14)
– Jacques Salomé : parle-moi j’ai des choses à te dire (p16)
>
>
les témoignages sur les joies et exigences du mariage déjà distribués aux visiteurs du forum (p18)
une conférence du cycle sur le couple organisé cette année par la paroisse ND de Versailles (p20)
N’hésitez pas à diffuser largement ce livret. Vous pouvez aussi réagir et nous demander sa version
informatique en écrivant à: [email protected]
Pour certains, ce livret donnera l’espérance, le courage, et des informations constructives.
Pour d’autres, il pourra sembler écrasant : est-ce réalisable pour moi ? Par où commencer ?
Surtout dites- le nous, ne restez pas isolé !
[email protected]
Paroisse St Michel 01 39 51 21 65
18 rue des Célestins 78000 Versailles
– 1 –
Quand la Bible nous parle d’amour
St Paul aux Corinthiens (chapitre 13)
Évangile selon Saint Jean (chapitre 13, 34)
Quand je parlerais les langues des hommes et des
anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain
qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
Je vous donne un commandement nouveau :
Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai
aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.
Et quand j'aurais le don de prophétie, la science
de tous les mystères et toute la connaissance,
quand j'aurais même toute la foi jusqu'à
transporter des montagnes, si je n'ai pas la
charité, je ne suis rien.
A ceci tous connaîtront que vous êtes mes
disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les
autres.
Et quand je distribuerais tous mes biens pour la
nourriture des pauvres, quand je livrerais même
mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la
charité, cela ne me sert de rien.
Un des scribes s'approcha, et lui demanda: « Quel
est le premier de tous les commandements ? »
La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la
charité n'est point envieuse; la charité ne se vante
point, elle ne s'enfle point d'orgueil, elle ne fait
rien de malhonnête, elle ne cherche point son
intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne
point le mal, elle ne se réjouit point de l'injustice,
mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout,
elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
La charité ne périt jamais. Les prophéties
prendront fin, les langues cesseront, la
connaissance disparaîtra.
Car nous connaissons en partie, et nous
prophétisons en partie, mais quand ce qui est
parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra.
Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un
enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais
comme un enfant; lorsque je suis devenu homme,
j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant.
Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir,
d'une manière obscure, mais alors nous verrons
face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais
alors je connaîtrai comme j'ai été connu.
Maintenant donc ces trois choses demeurent: la
foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande de
ces choses, c'est la charité.
– 2 –
Évangile selon Saint Marc (chapitre, 12, 28)
Jésus répondit : « Voici le premier : Écoute,
Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique
Seigneur; et: tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de
tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta
pensée, et de toute ta force. Voici le second : tu
aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a
pas d'autre commandement plus grand que ceuxlà. »
Le scribe lui dit : « Bien, maître; tu as dit avec
vérité que Dieu est unique, et qu'il n'y en a point
d'autre que lui, et que l'aimer de tout son coeur,
de toute sa pensée, de toute son âme et de toute
sa force, et aimer son prochain comme soimême, c'est plus que tous les holocaustes et tous
les sacrifices. »
Évangile selon Saint Jean (chapitre, 15, 9)
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements, vous
demeurerez dans mon amour, de même que j'ai
gardé les commandements de mon Père, et que je
demeure dans son amour.
Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en
vous, et que votre joie soit parfaite.
C'est ici mon commandement : Aimez-vous les
uns les autres, comme je vous ai aimés.
Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa
vie pour ses amis.
Les langages de l’amour – Gary Chapman, (éditions Farel)
! Ce résumé ne tient pas compte des multiples exemples dont le livre est truffé, qui
ê
illustrent ses propos de façon étonnante et très concrète
Avec tous les livres et revues existants, pourquoi si peu de couples conservent-ils leur
amour vivace après le mariage ? Parce qu’une vérité primordiale a été négligée : nous ne
parlons pas tous la même langue, et il est rare que des conjoints parlent la même langue.
Nous parlons d’amour, mais le message ne passe pas. Notre « réservoir émotionnel », qui a besoin d’être
empli d’amour, est donc souvent vide, ce qui modifie nos comportements. Souvent, notre agressivité va
s’expliquer par notre besoin de soutirer de l’affection.
Veillez donc à maintenir votre réservoir plein, car vouloir faire marcher son couple avec un réservoir vide
peut couter beaucoup plus cher que de rouler dans une voiture sans huile !
Le coup de foudre.
Il dure en moyenne deux ans. Nous finissons alors par voir les imperfections de l’autre, admettre que
certains traits de caractère sont irritants, certaines habitudes lassantes (cheveux dans le la vabo, toilette WC
pas baissée, éclaboussure sur le miroir, chaussettes sales pas dans le panier à linge…). Mais heureusement
que nous ne restons pas sur un nuage romantique toute notre vie, sinon nous aurions du mal à travailler,
nous engager dans des associations, au niveau de la société !
Le coup de foudre
– ne procède pas d’une décision ni d’un choix conscient ;
– n’est pas de l’amour car il ne nécessite aucun effort ;
– ne nous rend pas soucieux du développement personnel de l’autre. Nous sommes à l’apogée du
bonheur et n’avons pas envie de faire progresser l’autre qui nous plait parfaitement comme il est.
Les cinq langages de l’amour
> Les paroles valorisantes
Des compliments motivent plus que des remontrances.
Il se peut que votre conjoint recèle des ressources inexploitées dans un ou plusieurs
domaines ; il n’attend peut-être qu’un mot d’encouragement de votre part pour les mettre en
valeur. Il
ne s’agit pas de faire pression pour que l’autre se lance dans ce que vous désirez, mais de l’encourager
dans un désir qu’il a déjà.
Ainsi certains hommes poussent leur femme à perdre du poids, mais leurs « encouragements » peuvent être
interprétés comme une condamnation si la motivation ne vient pas d’elle.
Nous avons presque tous un potentiel supérieur à celui que nous exploitons. Ce qui nous retient, c’est
souvent le manque de courage. Un conjoint prévenant et aimant nous servira de déclencheur et
d’accompagnateur.
-Les paroles aimables. L’intonation compte autant que le message.
-Les paroles humbles. L’amour formule des requêtes et non des exigences. Si l’autre se conforme à mon
exigence, je ne saurai jamais si c’est par amour ou par crainte, culpabilité. La requête offre au contraire la
possibilité d’exprimer réellement son amour en y répondant.
-Valoriser l’autre en son absence en disant du bien de lui. Tôt ou tard, quelqu’un finira par le lui rapporter.
-Mettre l’autre en valeur en société, même en sa présence.
– 3 –
> Les moments de qualité : dialogue et / ou activités
Vivre dans une proximité physique ne veut pas dire se consacrer mutuellement du temps.
Regarder un match de foot en parlant à sa femme ne permet pas une attention pleine.
En soi l’activité à faire ensemble est secondaire. Elle n’est là que pour créer le lien d’unité, susciter des
émotions.
Quand une femme confie ses soucis, elle ne recherche pas un conseil, mais une oreille bienveillante.
L’homme qui croit devoir fournir absolument une solution passe à côté de l’écoute attendue. Nous ne
devons donner des conseils que s’ils nous sont demandés, et jamais de manière condescendante.
Comment passer un moment de qualité :
– regarder l’autre quand il parle ,
– ne rien faire d’autre en écoutant son conjoint,
– ne pas interrompre,
– reformuler,
– demander des précisions.
Certains ont du mal à s’ouvrir aux autres, ils ont grandi dans des milieux où le partage des pensées et des
sentiments était plutôt condamné.
Pour apprendre le langage du dialogue de
qualité, commencez par noter les émotions que
vous ressentez quand vous n’êtes pas chez
vous. Apprenez ainsi à repérer vos émotions
pour ensuite pouvoir les communiquer, en
sachant bien qu’une émotion n’est jamais ni
bonne ni mauvaise, elle n’est que la réaction
psychologique face à un événement.
Événement
Émotions
Automobiliste trop près
Colère
Station essence trop chère
Irritation
Pas de secrétaire
Dépit
Projet à remettre dans 3 jours
Inquiétude et frustration
En couple, prévoyez chaque jour de partager trois faits vécus ce jour-là et les émotions qu’ils ont suscitées.
Quant aux activités partagées, elles créent une banque de souvenirs dans lesquels les conjoints prendront
également plaisir à puiser plus tard.
> Les cadeaux.
Dans toutes les cultures les cadeaux font partie intégrante de la conception du mariage et de
l’amour. Les alliances sont bien le signe extérieur visible d’un lien intérieur et spirituel.
Offrir un cadeau, c’est montrer à l’autre qu’on a pensé à lui ; sa valeur marchande n’a pas
d’importance, et de toute façon vous y gagnerez toujours si c’est bien le langage de
prédilection de votre conjoint. Ce langage est un des plus faciles à maîtriser. Dressez la liste
des cadeaux que votre conjoint a appréciés au fil des ans, et vous saurez ainsi ce à quoi il est le plus
sensible.
> Les services rendus
Il m’a fallu beaucoup d’années avant de comprendre que laver la vaisselle c’était aimer ma
femme !
Jésus a admirablement illustré ce principe de l’amour lorsqu’il a lavé les pieds de ses
disciples.
> Le toucher physique
Il ne s’agit pas seulement de la sexualité, mais aussi d’être blottis l’un contre l’autre, de
s’embrasser en rentrant du bureau, marcher main dans la main, passer la main dans les
cheveux de l’autre.
L’infidélité sera plus gravement vécue par le conjoint dont le langage premier est celui du
toucher.
– 4 –
Découvrir son langage et celui de l’autre
On a tous un langage privilégié, qui ne dépend pas de notre sexe, mais de notre passé et de notre caractère.
–
–
–
–
Qu’est-ce qui me fait le mieux comprendre que l’autre m’aime ?
Qu’est-ce que je désire et réclame le plus ?
Qu’est-ce qui me manque le plus ?
Comment manifestez-vous de l’amour à l’autre ? Il est probable que vous faites pour lui ce que vous
aimeriez qu’il fasse pour vous.
Deux types de personnes peuvent avoir du mal à trouver leur langage, celles dont le réservoir émotionnel
est plein ou au contraire vide depuis longtemps.
Comment aimer celui qui n’est pas aimable, voire que vous haïssez
Si vous pensez que vous n’aimez plus votre conjoint, qu’il est trop tard, n’oubliez pas que l’amour résulte
d’une décision.
Quitter son conjoint entraînera un lot de souffrances.
Allez le voir et dites-lui « j’ai beaucoup réfléchi à notre situation, et j’ai décidé de tout faire pour être un
meilleur conjoint. Je suis ouvert à toutes les suggestions que tu pourrais me faire en ce sens. Tu peux me
dire tout de suite ce que tu en penses ou réfléchir et me faire connaître ton sentiment plus tard, mais sache
que je désire sincèrement devenir un meilleur conjoint pour toi. »
Quelque soit la réaction de l’autre, positive ou négative, il aura entendu l’information, et connaîtra vos
intentions. A la fin du premier mois, après vous êtes entraîné à parler le langage de l’autre, demandez-lui
ce qu’il pense de vos efforts, et accueillez sa réponse comme une information. Quoiqu’il dise, sarcastique,
désinvolte ou élogieux, ne discutez pas, acceptez et assurez-lui que vous voulez vraiment vous améliorer et
restez ouvert à ses suggestions.
Continuez ainsi pendant six mois (n’oubliez pas que vous n’avez rien à perdre, tout à gagner !)
Une semaine après avoir reçu le premier témoignage favorable de sa part, vous pourrez formulez une
requête, quelque chose qui vous ferait vraiment plaisir et est en rapport avec votre propre langage. Soyez
précis et concret, ne parlez pas de vague désir. « J’aimerais que nous passions plus de temps ensemble est
trop vague ».
Certains estimeront qu’il leur est impossible d’aimer un conjoint qui ne les aime pas. Un tel amour requiert
évidemment des ressources spirituelles.
Le livre se termine par un guide de réflexion avec des questions à traiter en couple ou en groupe de
discussion, pour répondre à chacun des chapitres détaillé avant.
– 5 –
Les saisons du mariage – Gary Chapman (éditions Farel)
Le mariage est en état de perpétuelle transition : il passe continuellement d’une saison
à l’autre, au gré des changements auxquels nous sommes confrontés dans la vie et de la
façon dont nous y réagissons (naissance, décès, déménagement, emploi, voyage,
vacances, poids, argent, humeur, logement.)
Toutes ces situations demandent des réponses. Notre réaction passe par des émotions, des attitudes et des
actes. La combinaison des trois facteurs détermine la saison dans laquelle se trouve notre mariage à un
instant donné. Notre société pense que nos émotions doivent guider nos actions. Or celles-ci doivent être
soumises à la raison.
> L’hiver : rigidité, refus de considérer le point de vue de l’autre, de parvenir à un compromis.
Les conversations tournent uniquement autour de choses pratiques. Si les époux parlent de leur relation,
cela tourne à la dispute. La rudesse de l’hiver peut inciter à sortir de la crise.
> Le printemps : nourrir, chacun essaie d’améliorer la vie de l’autre, d’approfondir la relation.
Les attitudes positives engendrent des actions positives qui débouchent sur des émotions positives.
L’hiver
Le printemps
Émotions
souffrance, colère, déception, rejet
Enthousiasme, joie, espoir
Attitudes
état d’esprit négatif, découragement, désespoir.
optimisme, reconnaissance, amour, confiance
Actions
destructrices, violentes :
absence de parole
ou
nourrir, planifier, communiquer, rechercher de
l’aide si nécessaire
Climat de
la relation
détachement, froideur, dureté, rigueur.
Le couple n’est pas disposé à passer outre ses
différences ; les discussions virent à la dispute ou
au silence pensant.
vitalité, tendresse, ouverture, souci de l’autre.
époque du renouveau ; la communication passe
librement. Vivre est enthousiasmant. Projets
d’avenir, en vue de récolter du bonheur.
paroles
dures
> L’été : confort.
On a l’impression de vivre avec son meilleur ami, et on a travaillé pour en arriver là.
Parler est la clé de cette réussite, et permet aux époux d’apprendre à se connaître, à travailler dans un esprit
d’équipe. Attention toutefois aux conflits non résolus qui peuvent ressurgir.
> L’automne : absence totale d’action.
Les feuilles ne tombent pas toutes le même jour, et le paysage a l’air beau.
L’été
L’automne
Émotions
bonheur, satisfaction, accomplissement, intimité
peur, tristesse, abattement, appréhension, impression de ne pas être apprécié, découragement.
Attitudes
confiance, désir de progresser, détente
inquiétudes, incertitude, reproches
Actions
communiquer de manière constructive, accepter
les différences, lire des livres, aller à des
conférences
négligence, réticence à aborder les problèmes.
Climat de
la relation
confort, attachement, soutien, compréhension.
Les rêves du printemps se sont réalisés, d’où
satisfaction. Les époux savent mettre fin aux
conflits de manière positive. Unité au-delà des
différences.
éloignement, découragement.
Le couple sans que quelque chose se passe, sans
savoir vraiment quoi. Un désengagement
émotionnel semble s’installer et chacun blâme
l’autre. Le changement peut être perceptible par
l’entourage.
– 6 –
Sept stratégies pour améliorer les saisons du mariage.
1. Régler les erreurs du passé
> Les identifier :
– Prendre 2 heures pour lister toutes nos défaillances, depuis la rencontre, les fiançailles, la lune de
miel, les débuts du couple…sans chercher à se disculper en accusant l’autre, mais en acceptant sa
part de responsabilité.
– Demander à ses enfants (après l’école maternelle), ses parents, ou des amis de confiance de nous
dire les fois ou nous avons été dur avec notre conjoint, en leur expliquant que nous travaillons à
l’amélioration de notre relation.
– Lister tout ce que l’autre a fait de blessant pour nous depuis des années : faire une lettre commençant
par « j’ai ressenti »
– Échanger les lettres de chacun, les comparer, pour vérifier qu’on n’a rien oublié dans ses propres
torts (sinon les ajouter)
> Reconnaître ses torts devant l’autre conjoint
– Ligne après ligne, en prenant du temps pour chacune, avouer son tort et dire qu’on est peiné d’avoir
blessé l’autre.
> Demander pardon
– Le pardon n’est pas un sentiment mais une décision d’annuler la sanction des erreurs passées et
d’affirmer à l’autre qu’elle est excusée. Ne pas mettre en doute la sincérité du partenaire.
2. Adopter une attitude positive, briser le cercle de la négativité
Ce que nous pensons influe largement sur ce que nous faisons. Nos actions influencent nos émotions. Ce
n’est pas ce qui nous arrive mais notre interprétation de ce qui nous arrive (notre attitude) qui nous mène
au succès ou à l’échec.
– Reconnaître son mode de pensée négative. Aussi longtemps que nous jugerons légitimes nos
attitudes, elles ne changeront pas.
– Lister les qualités de son conjoint
– Se concentrer sur les qualités de son conjoint (parcourir régulièrement la liste, en se réjouissant des
qualités de l’autre)
– Exprimer des parole s valorisantes
3. Apprendre à parler le langage d’amour de son conjoint. On l’assimile en l’utilisant.
Pour repérer le langage de l’autre, voici les plaintes des mal-aimés :
–
–
–
–
–
Tu ne m’as rien ramené ? Est-ce que je t’ai seulement manqué ? (cadeaux)
Nous ne passons plus jamais de temps ensemble (moments de qualité)
Je pense que tu ne me toucherais jamais si je n’en prenais pas l’initiative (toucher)
Je ne fais jamais rien de bien ici. Tu passes ton temps à tout critiquer (paroles valorisantes)
Si tu m’aimais, tu ferais quelque chose à la maison. Tu ne lèves jamais le petit doigt pour m’aider
(services rendus)
4. Développer l’écoute
L’empathie, c’est entrer dans l’univers de l’autre, essayer de se mettre à sa place et de voir le monde de son
point de vue.
–
–
–
–
Être disposé à comprendre, sans être égocentrique
S’abstenir de juger
Soutenir même en cas de désaccord : remercier d’avoir partagé ses idées, ses sentiments.
Attendre pour exprimer ses propres idées
– 7 –
5. Aider son conjoint à réussir dans la vie
Réussir, c’est tirer le meilleur parti de ce qu’on est avec ce qu’on a reçu.
Le chemin qui mène vers le haut passe par le bas : la vraie grandeur est dans le service, pas dans
l’accomplissement de ses propres objectifs.
Le sens de la vie se trouve dans le don, pas dans l’obtention.
Trois questions sont à poser à son conjoint :
´ Que puis-je faire pour t’aider ?
´ Comment puis-je te faciliter la vie ?
´ Comment puis-je devenir un meilleur conjoint ?
Quelques conseils :
–
–
–
–
L’encouragement = donner du courage
Soutien concret
Soutien émotionnel : permettre à l’autre d’avoir des émotions positive et négatives
Respect : reconnaître la valeur de l’autre.
6. Tirer parti des différences
Il n’existe pas de différences inconciliables. Il n’y a que des gens qui refusent de se concilier.
Les différences sont fréquentes :
–
–
–
–
les bavards épousent des personnes calmes et réfléchies
les lève-tôt des couche-tard
les casaniers des personnes qui aiment sortir ou recevoir
les pingres des paniers percés…
Déterminer ses différences :
> Dresser la liste des choses qui agacent chez le conjoint.
– Pourquoi ces caractéristiques m’irritent-elles ?
– Quelles différences cette irritation révèle -t-elle ?
> Rechercher les avantages de ces différences
> Tirer des leçons de ses différences
> Remplacer la critique par l’acceptation
> Adopter un plan pour en tirer parti
7. Prendre l’initiative du changement
Vous ne pouvez pas changer l’autre mais vous pouvez l’influencer : vos paroles et vos actes ne seront
jamais sans effet sur lui.
Pour cela, appliquer les 6 premières stratégies, qui porteront nécessairement des fruits.
Rien ne peut changer davantage le climat culturel général que des mariages enrichis ? Quand vous
travaillez à l’amélioration de votre relation, vous êtes un moteur pour vos amis, vos enfants, les générations
à venir…
– 8 –
Couples et complices – Gary Chapman (éditions Farel 2005, version anglaise 2003)
L’enrichissement conjugal se situe au cœur même de la mission de l’Eglise dans le monde
moderne.
A l’échelle humaine, le mariage est le plus intime de tous les liens. La relation conjugale
perdure au-delà du lien qui unit le parent à l’enfant qui va un jour quitter le nid.
Dieu a choisi l’union conjugale pour illustrer sa propre relation avec son peuple.
Une épouse dont les besoins émotionnels ne sont pas satisfaits dans le mariage peut chercher à combler ses
attentes auprès de ses enfants. Elle investit alors toute sa vie dans sa progéniture et s’effondre quand celle ci quitte la maison, ou au contraire devient dominatrice et l’empêche de prendre son indépendance.
Or un mariage vécu dans l’amour est le don le plus précieux que tout couple puisse réserver à ses enfants.
Comment atteindre une grande intimité conjugale :
– Les solutions durables sont dans la Bible
– Notre relation avec Dieu améliore notre relation de couple
– La communication est le premier moyen grâce auquel un couple est uni, tout en gardant chacun son
individualité
– La sexualité était l’idée de Dieu qui a les meilleurs conseils en la matière
– La conception biblique de l’union conjugale implique la rela tion sexuelle mais aussi l’union
intellectuelle, spirituelle, émotionnelle et sociale
Aucune relation n’exige autant de détermination dans tous les domaines que le mariage.
Dans notre société, l’amour se fonde avant tout sur les sentiments. Or dans la Bible, l’amour est aussi une
attitude, un choix.
Du contrat…
> établi pour une période donnée. Si les circonstances changent, on peut rompre l’accord.
Cette mentalité prédispose le couple à divorcer quand la relation travers une période
difficile
> portant sur des actes précis, même informels
> s’appuyant sur la mentalité « si tu...alors je » :
« J’étais prêt à rendre ma femme heureuse si elle me rendait heureux »
> motivé par le désir d’obtenir ce que nous voulons
> parfois tacite
… à l’alliance
> initiée au bénéfice de l’autre
> caractérisée par une promesse inconditionnelle
> reposant sur un amour constant
> nouée dans un engagement constant
> exigeant la confrontation et le pardon, qui sont la réponse que Dieu propose à nos échecs qu’il a prévu,
car personne n’est parfait : nous finirons toujours par nous décevoir, ne pas respecter tous nos
engagements.
– 9 –
A l’image de l’alliance de Dieu avec son peuple, qui fut renouvelée et étendue à travers l’ancien et le
nouveau testament, l’alliance conjugale doit être renouvelée et étendue au fil des années.
Pour cela, il faut être au service de l’autre, et pouvoir le vérifier grâce à ces trois questions :
´ Comment puis-je t’aider ?
´ Comment puis-je te faciliter la vie ?
´ Comment puis-je être un meilleur conjoint pour toi ?
Quelques conseils :
Le but ultime du mariage n’est pas simplement d’en jouir, mais d’être le meilleur soutien de l »autre pour
qu’ensemble nous accomplissions chacun plus pour le royaume de Dieu que nous aurions pu le faire seuls.
Le degré d’intimité mesure le degré de satisfaction du mariage
La communication est le moyen d’une intimité réussie.
86% des divorces ont échoué par manque de communication.
Minimum quotidien indispensable : raconte-moi trois choses qui te sont arrivées aujourd’hui et comment tu
les as vécues.
Et la routine ? Même si des tâches sont répétitives, nous n’avons pas les mêmes pensées ni sentiments.
Rien d’important ? Mais c’est votre vie, et pour connaître l’intimité dans le mariage, vous devez la
partager.
Raconter sa journée en un mot, « super, nul » ne peut résumer 10 heures de séparation.
Quatre schémas de communication inappropriés :
> La colombe : la paix à tout prix, jamais de désaccord, quelques soient les sentiments
> Le faucon : tout est de ta faute, je n’ai jamais tort, pas besoin de la réponse de l’autre, puisqu’ j’ai déjà
mon opinion
> Le hibou : soyons raisonnables, impassible face au désaccord de l’autre, réponse logique à toute
question soulevée
> L’autruche : laisse couler, ignore les actes et réactions de l’autre, surtout si je les trouve désagréables
Cinq niveaux de communication
Œ Conversation de couloir. Ca va, très bien et vous
• Journaliste : les faits, rien que les faits : tel enfant est malade, il a une mauvaise note, j’ai raté mon train
= catalogue à la Prévert
Ž Discours intellectuel : ce que je pense. A ce niveau commence la possibilité d’un désaccord voire d’un
conflit, mais chacun doit laisser la liberté à l’autre de penser différemment
• Discours émotionnel : ce que je ressens. Ce sont mes sentiments qui reflètent ma personnalité. Personne
n’éprouve la même chose que moi sur un sujet précis. Nous pouvons parvenir à une même conclusion
sans partager les mêmes sentiments
• Discours de vérité, dans l’amour et la sincérité. Nous sommes francs sans condamner, ouverts sans rien
imposer.
– 10 –
Compréhension de soi
> Nous expérimentons la vie à travers nos cinq sens
> L’expérience mène à l’interprétation. En fonction de notre passé, de notre état d’esprit actuel et de notre
vision de l’avenir, ainsi que de notre expérience sensorielle, nous interprétons les événements. Nos
interprétations doivent être considérées comme provisoires et nous devons rester disposé envers à
l’autre à la modifier à la lumière de détails nouveaux. Toujours distinguer interprétation et événement
pour éviter les conflits.
> Les émotions et sentiments sont personnels. Ils ne sont pas des pêchés, mais des témoins lumineux qui
nous informent d’un problème dont nous devons nous préoccuper. Il ne faut pas les nier.
–
–
–
–
Elles apparaissent de façon impromptue
Elles présentent des degrés d’intensité différents
Elles sont souvent groupées
Elles entrent parfois en conflit
> Les désirs sont les messagers de notre cœur. Agir pour réaliser les bons, ne pas alimenter plus les
mauvais
> Le comportement révèle notre choix.
La société, qui valorise les émotions et désirs aux dépens de la raison et du choix, nous a fait croire que
sans les écouter nous ne pouvions être heureux. Or il s’agit également d’y réfléchir et d’y porter notre
volonté, au risque de rester immature.
Nous devons communiquer à partir de notre compréhension de nous-mêmes :
révéler nos expériences, interprétations, sentiments, désirs et comportement.
Le choix de s’informer également à l’avance des activités à venir et de laisser l’autre donner son avis
contribue à une meilleure intimité.
Se préparer à grandir : définir des priorités et des objectifs
Priorités : Dieu, famille, travail, santé…
Quels sont les 5 ou 10 points les plus importants pour moi ?
Trouver à deux un compromis respectueux.
Les objectifs sont des tremplins pour concrétiser nos priorités, et sont mesurables.
J’aimerais que l’entente familiale s’améliore n’est pas un objectif bien défini et risque d’être voué à
l’échec. Définir des rendez-vous, une sortie, un rythme, une activité permet de résoudre le problème.
Il est très possible que vous n’ayez jamais discuté ni convenu de la fréquence à laquelle vous aimeriez
exprimer votre amour sexuellement, ce qui peut induire des insatisfactions.
Même en sexualité, la méthode spontanée ne marchant pas toujours le mieux, rien n’ interdit de « prendre
rendez-vous ».
Prendre du temps pour ce qui correspond à ses priorités, déléguer certains responsabilités (enfants, aide
extérieure), garder des moments de solitude, planifier ce qui nous importe.
– 11 –
Identifier nos différences
L’amour attire les contraires. Ce qui nous séduit en l’autre, c’est ce qu’on n’a pas. De plus, nous sommes
différents parce que Dieu est très créatif, que nous avons grandi dans un contexte familial unique, avons
appris à remplir des rôles culturels et sexuels distincts et avons notre identité génétique propre.
Transformer nos différences en atouts
Identifier les différences pénibles, et pourquoi elles constituent une entrave à notre bien-être.
Chercher la raison profonde de notre irritation. La plupart du temps la réponse est dans notre passé.
En parler à son conjoint, ce qui dépassionne le sujet et peut aider à trouver une solution.
Réactions défensives
Elles sont involontaires, et nous permettent de protéger quelque chose de nous ou de résister à quelqu’un.
Elles sont dues à une mauvaise estime personnelle, menacée par les commentaires de notre conjoint, d’un
conflit irrésolu ou de privations physiques (sommeil, exercice, alimentation…)
Exemples types
– Riposte verbale : protection ou opposition
– Retrait, prise de distance, qui ne laisse pas la possibilité de traiter les blessures, et donc d’apprendre
de cette expérience. Or les sentiments réprimés referont surface dans d’autres domaines de la vie,
parfois dans des symptômes physiques.
– Utilisation des enfants
Après un réflexe défensif, il convient de partager sur le vécu émotionnel qui explique ce comportement
– Qu’ai-je ressenti : colère, peine, déception, honte ?
– Quel message m’a transmis les propos de mon conjoint : je suis inapte ? Je ne compte pas pour lui ?
– Quel message ma réaction a-t-elle communiqué à mon conjoint : je le désapprouve, je ne l’aime pas,
il ne peut avoir aucune influence sur moi ?
– Que révèle ma réaction,
o au vu de mon passé ?
o au vu de l’opinion que j’ai de mon conjoint : je le considère inférieur intellectuellement, je le
trouve passif, agressif, dominateur
o au vu de mon mariage :
En prenant l’habitude de communiquer sur ses défenses, on apprendra comment partager ses idées sans
déclencher les déclencher. Ne condamnez pas votre conjoint pour ses réactions défensives, mais tirez
enseignement de ces expériences en les abordant ouvertement et tendrement. Vous apprendrez à renforcer
votre estime personnelle mutuelle.
Intimité émotionnelle
Sentiment d’être connecté à son conjoint, regard bienveillant, réponse aux trois besoins suivants :
> Amour : l’autre se soucie de mon bien-être
> Respect : conviction que l’autre a un regard positif sur ma personne, mon intelligence, mes aptitudes,
ma personnalité
> Appréciation : l’autre estime a sa juste valeur notre contribution à notre relation
Pour être sûr de pouvoir partager positivement ses émotions négatives, ne pas hésiter à demander si c’est le
bon moment pour le faire.
– 12 –
Intimité intellectuelle
Elle n’est pas centrée sur la profession, mais résulte du partage des idées, expériences et désirs
ouvertement exprimés.
Intimité sexuelle
La relation sexuelle a pour but
–
–
–
–
La procréation
L’intimité, la complicité, absent dans un acte sexuel sans engagement
L’amour
Le plaisir
Pour comprendre la sexualité, il faut savoir la différence dans la nature du besoin de chacun.
Celui de l’homme est physique : ses testicules produisent continuellement des spermatozoïdes, qu’il a
besoin de libérer.
Celui de la femme est davantage lié à ses émotions, à son désir de se sentir aimée.
Le mari doit donc accorder une importance plus grande à l’amour non sexuel de sa femme, au risque de ne
pas la sentir réceptive sur ce plan. Il ne doit pas s’attendre à se réconcilier sur l’oreiller avant que sa femme
se soit remise émotionnellement d’une dispute.
S’il est stimulé par la simple vue du corps, la femme l’est plus par les caresses, les mots doux, les services
(en fonction de son langage de l’amour). L’intimité sexuelle résulte d’une relation alimentée par la
communication qui ne commence pas au lit mais bien 12 à 16 heures avant le coucher.
La réaction de l’homme en sexualité est rapide et explosive, alors que celle de la femme est plus lente et
longue. Beaucoup de couples croient normal d’avoir un orgasme simultané à chaque rapport, alors que ce
n’est pas essentiel.
Nos désirs sexuels, naturels et créés par Dieu, doivent être satisfaits dans le mariage, pour éviter les
tentations extérieures.
Un couple qui n’a pas le temps de se parler dans la journée n’a pas le temps de s’aimer sexuellement !
En cas de problème, en parler à des spécialistes, mais ne pas blesser l’autre en l’étalant à des proches.
Intimité spirituelle :
La croissance spirituelle, c’est ressembler de plus en plus à Jésus. Il ne s’agit pas de la simple participation
à des activités religieuses (ne confondons pas les moyens et la fin) mais d’un changement de l’être
intérieur, qui se traduit dans le comportement, les valeurs et le mode de vie.
L’intimité, c’est
– parler de son cheminement personnel, sans avoir honte de son stade actuel de croissance : action de
Dieu dans nos vies, ce qui nous touche dans telle ou te lle Ecriture, sermon, livre chrétien…
– prier ensemble
– étudier les Ecritures ensemble
– servir ensemble
Pourquoi personne ne m’a-t-il rien dit, se demandent ceux qui échouent ?
Combien de prêtres ont chargé un couple de la responsabilité spécifique de l’enrichissement conjugal dans
leur paroisse ?
Chaque communauté devrait organiser des événements réguliers et continus sur cet enrichissement.
Chaque couple doit assister à un événement consacré à son enrichissement conjugal une fois par an, et lire
ensemble un livre sur le mariage.
– 13 –
Les mirages de l’amour, Xavier Lacroix, (Bayard Editions, 10/1987)
L’amour fait l’unanimité : c’est un
mot magique.
Mais il est à la source des plus
grandes joies comme des plus
grandes souffrances.
On pourrait donc s’attendre à une certaine
ambivalence à son égard. Or au contraire notre
société occidentale le vénère, notre culture si
prompte à débusquer les mythes et dénoncer les
désillusions n’applique pas son esprit critique en
ce domaine.
L’amour sera-t-il alors capable d’assumer l’écart
entre le rêve et la réalité ? Oui si on fait appel à
d’autres ressources que celles de l’émotion, de la
passion, du désir.
Le mythe de l’âme sœur est dangereux, car
quand on commence à découvrir les failles,
faiblesses, conflits de l’autre, on risque de
vouloir chercher ailleurs un autre idéal irréel.
L’adoration correspond à une surcharge de sens
et de valeur : c’est le tout ou rien binaire du ça
passe ou ça casse.
Est-ce parce qu’une intuition reconnaît en
l’amour une source unique de sens, la réponse au
désir le plus profondément inscrit dans le cœur
de l’homme, au-delà de toute analyse ?
Or le lien est constitué d’autres ingrédients que
l’amour : histoire, confluence de deux passés,
recomposition de deux psychismes, œuvre
commune, fondation, fécondité, communauté…
Dans un monde de plus en plus complexe, vaste,
le couple devient la planche de salut, et on attend
de l’amour la révélation de son identité.
L’amour ne suffit à pas à tout résoudre : les
difficultés à communiquer, exprimer ses désirs,
ses peines, savoir dire non sereinement, peur
d’être englouti dans la relation, résurgence des
images parentales, manque d’imagination pour
renouveler la longue conversation qu’est la vie
de couple. On peut s’aimer et être incapable de
vivre ensemble, incapables psychiquement de
supporter la proximité, de contrôler ses affects,
de vaincre les obstacles qui ne sont peut-être pas
insurmontables mais que l’on ne sait pas lever.
Mais que serait l’union de deux êtres encore
imprécis, inachevés, dépendants, nous dit Rilke ?
Le mariage qui autrefois avait une fonction
sociale, n’a plus aujourd’hui qu’une finalité
presque exclusivement affective.
Or trop d’attente vis-à-vis de l’amour tue
l’amour, ou accentue sa fragilité :
– on acceptera mal les difficultés
– les ressources du sentiment sont trop
faibles pour les surmonter
L’impatience des jeunes de connaître l’amour
n’est-elle pas tentative ou tentation d’éviter les
vrais combats de l’existence, qui accompagnent
toute croissance personnelle ? Peut-on construire
une relation véritable et une existence
personnelle digne de ce nom sur la fuite de la
solitude ? N’est-ce pas une façon de désespérer
de soi que de ne concevoir sa vie qu’accrochée et
justifiée à celle d’un autre ?
En même temps la relation est un des plus grands
bienfaits de ce monde, qui permet d’accéder à la
vraie vie, qui est dépassement, oubli de soi,
libération par rapport aux pesanteurs et aux
entraves de notre ego.
Le risque est aussi de diviniser l’autre ou du
moins l’amour.
– 14 –
Il faut aussi du savoir-faire et du savoir être en
couple. L’amour ne lève pas tous les handicaps.
Vivre ensemble doit faire l’objet d’un
apprentissage. Il n’est pas dit que cet
apprentissage puisse avoir lieu dans un contexte
exclusivement duel.
Il appelle la référence à des tiers, sans oublier le
rôle de l’institution que représente le mariage, le
serment, la parole solennelle d’alliance devant
des témoins et devant la loi, qui fait que les
couples mariés sont deux fois plus solides que
les couples de concubins.
L’amour est paradoxal, comme l’existence. Les
mythes nient la difficulté de la rencontre, alors
que même en mystique chrétienne, l’amour n’est
pas tout : il y a aussi la foi et l’espérance.
Comment se fait-il que dans notre langue ce mot
désigne des réalités si diverses voire opposées :
le dévouement, la convoitise, la jouissance,
l’élan vers Dieu, le désir, l’attachement,
l’affection, le plaisir vénal, la passion dévorante,
l’amour conjugal, du chocolat ou d’un tableau ?
En arabe il existe cent termes pour désigner
l’amour.
En grec il y a quatre manières d’aimer :
– sterguein, chérir, aimer tendrement
– eran,
désirer,
être
épris,
aimer
passionnément
– philein, aimer d’amitié
– agapan, l’amour gratuit, divin, traduit par
caritas, charité en latin.
St Thomas d’Aquin, dans Somme théologique,
distingue
– la convoitise, amour de l’autre pour soi
– l’amitié, amour de l’autre pour lui-même
– la dilection¸ qui est élection, amour de
préférence
– la charité, amour du prochain quel qu’il
soit.
Une première différence entre amour et amitié
s’indique dans leur naissance. Celle de l’amour
provient d’un élan, d’un choc amoureux, alors
que l’amitié est plus modérée, continue.
L’amitié s’accommode d’aspects partiels de
l’autre, de manifestations toujours inachevées de
sa vérité, alors que l’amour vise au tout.
C’est pourquoi lorsque l’amitié commence à
devenir exclusive ou se laisse envahir par le désir
sexuel, ses frontières avec l’amour deviennent
floues.
Les taches psychiques de l’adolescence sont
l’accès à la maturité affective et la construction
de l’identité. Une vie de couple ne peut le
favoriser, dans une affectivité encore infantile.
Or l’affectivité a besoin de se développer, de
s’enrichir dans l’éveil de la diversité des
émotions grâce à une vie sociale et culturelle
soutenue. Sinon, confondant émotion intense et
sentiment amoureux, les jeunes vivent une
relation superficielle sans avoir accédé aux
conditions de l’amour humain.
Quel que soit mon âge, je ne grandirai pas en
maturité en passant d’une relation fusionnelle
(parentale) à une autre, d’une identification à une
autre. Etre sujet, c’est être séparé. Assumer cette
séparation et sa traduction concrète dans
l’expérience du silence, du vide, de l’absence,
n’est pas chose facile. Que certains, pour des
raisons diverses, n’en soient pas capables,
n’enlève rien au caractère irremplaçable de cette
confrontation.
– 15 –
Le temps de la solitude sera une chance de faceà-face avec soi-même comme épreuve de vérité,
et non comme narcissisme. Quelle est ma
vocation ? C’est la rencontre entre l’appel d’une
intériorité profonde et les appels de l’extérieur.
Beaucoup de couples se forment en prenant pour
une relation d’alliance ce qui n’était qu’une fuite
de soi, de son mal être, de sa famille.
Une relation d’amour suppose que chacun ait
une personnalité bien assise, que les partenaires
ne soient pas fascinés l’un par l’autre mais que
leur rencontre leur ouvre le monde.
« C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde »
dit Eluard dans « Dominique aujourd’hui
présente ».
Une rencontre vraie se fonde sur
– la parole
– une maturité affective, l’aptitude à
supporter la solitude
– la séparation affective d’avec ses parents
– la maîtrise de soi, la patience, et la
capacité d’attendre le moment voulu pour
s’engager dans une plus grande intimité.
Mais comment concilier amour et durée, désir et
liberté ?
Il faut une alliance, une promesse pour soutenir
la volonté et l’amour qui seuls ne peuvent
suffire. L’épreuve du temps permet de grandir
l’amour, d’aimer l’autre non seulement malgré
mais dans ses défauts. Aimer quelqu’un, c’est lui
donner du temps.
C’est à partir de la véritable déception surmontée
que commence l’authentique histoire de la
rencontre.
Ce don ne peut être sans limites que si l’autre est
reçu comme in-fini, que je n’aurai jamais fini de
rencontrer. Dans ce temps l’autre sera apaisé, il
n’aura pas à faire ses preuves.
Ensuite, c’est tout un art de trouver la bonne
distance, de renouveler la conversation, savoir
dire ses aspirations et ses peines, inventer une
manière sage de vivre les relations avec les
familles d’origine, accorder place aux amis,
habiter une maison, pratiquer l’hospitalité…
Parle- moi j’ai des choses à te dire – Jacques Salomé (Éditions de l’homme)
Citations
« L’histoire d’un couple est fondue toute entière dans une ignorance réciproque qui se
dévoile ou qui s’embourbe. » Evelyne et Claude Gutman
« Il y a rencontre quand la réalité arrive à éblouir même le rêve. »
« Aller plus loin avec quelqu’un, c’est souvent aller plus près. »
« Changer ce n’est pas devenir quelqu’un d’autre, c’est devenir qui on est… et l’accepter. »
« Le partage total entre deux êtres est impossible et chaque fois que l’on pourrait y croire, il s’agit d’un
accord qui frustre l’autre, ou même tous les deux, de la possibilité de se développer pleinement. Mais
lorsque l’on a pris conscience de la distance qui sépare deux êtres, une merveilleuse vie « côte-à-côté »
devient possible. Il faut être capable d’aimer cette distance qui sépare et grâce à laquelle chacun aperçoit
l’autre, entier. » R.M. Rilke.
Toute relation amoureuse commence par un malentendu.
La rencontre est le temps de l’illusion que l’incomplétude fondamentale de chacun va être comblée, le
mirage d’une réparation possible des blessures de l’enfance.
Or il faut beaucoup de temps pour démystifier sa propre façade et celle de l’autre.
La vie de couple sera le lieu privilégié d’expression des tendances archaïques et névrotiques de la
personnalité.
Contre la solitude réelle et inéluctable, il ne semble pas y avoir dans notre société d’autres solutions que
celle d’un couple. Mais c’est une solution insuffisante et imparfaite. Il y a notamment dans la solitude une
dose de liberté à laquelle on se refuse de croire tant qu’on ne l’a pas perdue.
Il faut veiller à la vie quotidienne, et faire attention :
– aux rituels (lever, coucher, retour au foyer après le travail, repas)
– à la communication non verbale (regard, sourire, caresses)
Quelques supports doivent nourrir dialogue :
– le plaisir partagé dans le don et l’accueil
– la complicité, ce degré de compréhension immédiate et d’intelligence spontanée, dans la
bienveillance et le non-jugement
– le projet, capacité d’inventer ensemble un avenir accessible, concret pour les deux.
Vivre une relation privilégiée en couple, c’est vivre l’essentiel ensemble et d’autres relations ailleurs.
La relation créatrice doit permettre un développement optimal de chacun. Elle suppose l’indépendance :
– géographique (un territoire commun, un autre réservé)
– financière
– culturelle (mes origines, ma culture, mes valeurs et intérêts sont-ils reconnus et valorisés par
l’autre ?)
– affective (puis-je avoir des sentiments, relations et liens affectifs sans menacer l’autre et sans me
sentir coupable de les vivre ?)
– 16 –
Personne ne peut se dire profondément sans favoriser l’échange aux différents niveaux d’expression d’un
message :
–
–
–
–
les faits
le ressenti (il faut personnaliser ce que l’on dit de façon plus directe, accepter de dire où l’on en est)
l’imaginaire (à quoi cela me renvoie -t-il de mes peurs et désirs ?)
le ressentiment (ne pas hésiter à revenir sur le vécu commun)
Il faut créer dans les échanges un espace de négociation. La réponse « fais ce que tu veux » est un piège
car elle ne permet pas à chacun d’exprimer ses désirs. Avant d’avoir un point de vue commun, mettre en
commun nos différents points de vue. En offrant d’entrer dans le choix de l’autre sans dire son propre
choix, on ne lui permet pas de choisir et on le laisse dans le leurre que son choix a été accepté.
Quelques exemples de freins à la communication :
> Relations passionnelles fondées sur les intentions prêtées à l’autre (« tu »…) plus que sur les faits ou
son propre ressenti (« je »…)
> Espoir que l’autre me comprenne sans que j’aie besoin de dire les choses
> Pauvreté du dialogue, par manque d’envie de dire les choses
> Sentiment de dévalorisation
> Cécité, surdité, sélectivité dans l’échange et l’écoute : on ignore ou on amplifie les choses
> Le ressentiment, la rancœur, l’importance du passé
– 17 –
Conférence du père Charles Henr i O’neill sur le mariage
(février 2007, Église Notre-Dame de Versailles)
La seule réponse aux problèmes du couple, c’est une bonne préparation, tout au long du mariage.
I – Face à l’exigence du mariage, quelles sont les difficultés ?
Le mariage fait appel à beaucoup de dimensions : intime, sociale, dans une promesse de fidélité pour
toujours.
Il couvre de nombreux sujets de la vie : logement, argent, autorité, profession, bien commun, désir,
éducation, amitié, santé, caractère…
Le premier besoin des enfants c’est la qualité du dialogue conjugal.
Pour y parvenir, le sentiment et la sincérité ne suffiront pas.
Autour de nous on constate des divorces, mésententes, manques de dialogue, infidélités, difficultés liées
au chômage ou au contraire au sur investissement professionnel.
Cela est dû à notre fragilité, à notre manque de confiance en nous, à la routine, au manque de temps.
Il y a trois obstacles à la fidélité
1. Le primat de l’émotion sur le sentiment
Exister, c’est vibrer. Quand ça ne suffit plus, on cherche des émotions choc.
Or la relation sexuelle n’est pas une simple impulsion, mais le corps à corps de
deux âmes.
2. La conformité à la norme, la tyrannie des apparences
Or la valeur de chaque personne ne dépend pas d’une norme.
On fait vite le tour des apparences de son conjoint
3. L’encombrement des choses
Le chemin de l’intériorité se perd et le goût de la vie s’affadit.
Etre plus, c’est avoir plus. Les distractions sont devenues le centre de la vie
humaine. Le temps qu’on y prend nous empêche de nous parler, et donc de nous
aimer.
Les questions et aspirations qui fondent la dignité de la personne, Notre dignité,
sont mises à l’écart
L’oubli, la relativisation de l’histoire du couple nous font isoler des moments particuliers, déconnectés de
notre passé, auxquels on va vouer un culte.
Pourquoi ? Parce qu’avec la mondialisation, l’existence est devenue fragile, et notre envie de vivre se mêle
à la peur de vivre. Le besoin de se sentir exister, reconnu est amplifié. La société solide est passée, nous
sommes dans la modernité liquide, fluide.
Pour se protéger, on essaie de vivre des émotions.
– 18 –
II – Le rôle prépondérant de la Parole
Entre le tout du sacrement et l’horreur du concubinage, il n’existe rien.
Ceux qui veulent célébrer un mariage à l’Eglise recherchent souvent un rituel chrétien, alors qu’on y
célèbre un sacrement : par l’autre, on découvre comment Dieu continue de parler à l’humanité.
Dieu ne nous survient pas de l’extérieur. La grâce du mariage n’est pas un parachutage. Dieu vient de
l’intérieur de nos actes par lesquels notre liberté choisit, se met en marche pour l’avenir.
La parole fonde et crée l’histoire. Faire des choses ensemble ne suffit pas. L’amour s’entretient en
s’exprimant par des paroles, des gestes, des démarches, des disputes.
Les fiancés et mariés, même cultivés, sont souvent incapables de se dire leur amour. Il faut les aider à se
parler, et non à discuter.
Une relation amoureuse trop vite axée sur la relation sexuelle ne permet pas d’explorer ce dialogue, qui
sera toujours nécessaire.
C’est en parlant que Dieu crée le monde.
« Dieu DIT, que la lumière soit. »
« Au commencement était le Verbe. »
Nous ne sommes pas des êtres fabriqués mais appelés.
L’amour c’est l’acceptation d’une relation à créer tous les jours avec quelqu’un qui se fait connaître.
L’expérience de Dieu a permis d’aller très loin dans la relation humaine, notamment dans les centres de
préparation au mariage où presque tout ce qui est proposé pourrait l’être pour tous les couples qui se
marient, à l’Eglise ou non.
Conclusion
Est-on prêt à passer de
« Je t’aime, tu es à moi, je te veux, nous sommes un » à
« Je t’aime, tu n’es pas à moi, tu es, nous sommes l’un à l’autre. »
L’amour, c’est trouver l’autre aimable même dans ses faiblesses, malgré notre société qui prône l’homme
fort. La fragilité nous humanise.
L’Église a été précurseur dans le domaine de la santé, puis de l’éducation.
Désormais, le XXI° siècle devra être celui de la famille.
– 19 –
Témoignages (1/7)
Joies du couple
Bonheur de marcher ensemble cote à cote dans la bonne direction ... même s'il arrive parfois de vouloir
passer l'autre par la fenêtre.
Quelle joie, toutes ces petites têtes blondes ou brunes ... même si elles sont parfois irritantes…voire
crispantes (elles et 1eurs amis).
Chaleur des f êtes familiales, des bons moments ou vacances passées ensemble.
Bonheur de les voir vivre leur vie, réaliser, servir.
Bilan au soir d'une vie
Sécurité de marcher à deux engagés à la vie, à la mort, dans le bonheur, l'adversité, la vieillesse, avec le
point d'appui irremplaçable qu'est l'engagement définitif.
Appui aux enfants et petits enfants.
Inter-soutien familial physique, psychologique, affectif, financier, religieux.
Évangélisation familiale.
Participation à l'édification d'un avenir aussi heureux que possible pour nos descendants.
Le couple, c'est comme un feu de bois dans la cheminée.
Au début, le petit bois fait rapidement une grande flamme (coup de foudre).
Sa chaleur permet d'enflammer les grosses bûches qui ont plus de mal à prendre (débuts du mariage),
mais qui donneront une chaleur durable.
Si on ne remet pas de bois dans le feu (paroles affectueuses, services, moments privilégiés, pardons...), le
feu se meurt.
Si l'un verse de l'eau dessus, l'autre doit d'autant plus s'activer pour faire repartir la flamme, sinon le feu
se meurt très vite.
Quand il n'y a plus que de petites braises sous la cendre, c'est plus dur de le refaire partir, mais en
soufflant bien et avec du temps, on y arrive.
Mais qu'il est agréable d'être devant un bon feu de bois à deux …
Rédigé par elle (65 ans) et lui (70 ans) – 43 ans de mariage – 5 enfants et 9 petits enfants
– 20 –
Témoignages (2/7)
Nous avons décidé de nous marier sur un projet de vie : ce n’est pas à la base le
coup de foudre qui nous a réunis mais nos idéaux communs. « Aimer, ce n’est pas
se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction », disait si
bien St Exupéry.
Nous étions d’accord sur le fond, ce qui était l’essentiel, et avons dû apprendre à nous accorder sur la
forme pour dépasser nos fausses notes et accepter le regard de l’autre dans nos faiblesses, défauts, goûts
et opinions personnelles non partagées.
Nos vies, nos histoires passées, nos familles, ont tissé une toile, non pas d’araignée qui emprisonne sa
proie, mais de peinture qui se dessine et se dévoile par petites touches, sous nos yeux émerveillés, car plus
le temps passe, plus notre attachement grandit.
Le dialogue a été le fil conducteur de cette évolution : échange ininterrompu à deux, et participation à des
groupes de couples qui nous ont permis de prendre du recul sur les événements.
Le monde nous parait de plus en plus complexe, et nous ne nous sentons pas trop de deux pour affronter
les changements, les épreuves, les défis. Ensemble nous avons plus de courage, d’énergie. Nous nous
complétons avec nos talents et sommes plus forts à deux: nous nous rassurons, nous avons plus de projets,
plus d’imagination et plus d’audace pour entreprendre ce qui semble impossible à l’un.
L’amour nous permet de donner de la profondeur et de la fantaisie à notre existence, et la vie quotidienne,
si souvent et injustement décriée, de nous apporter la sécurité nécessaire à nos sentiments : avoir près de
soi quelqu’un de fidèle en qui nous avons confiance, savoir qu’il nous connaît et peut nous comprendre,
qu’il sera là pour nous consoler, nous écouter, est une source de sérénité incomparable pour aller de
l’avant. Certes il y a bien eu des disputes, mais le temps et l’âge nous ont appris à les relativiser : nous
avons chacun mis toute notre vie dans notre engagement du mariage, pour le meilleur et pour le pire, et
avons appris à faire la différence entre des détails de forme et la valeur de notre lien.
Après des débuts fusionnels, nous avons fini par trouver le bon équilibre entre des passions et
engagements communs qui nous rapprochent, et des activités personnelles qui nous ouvrent sur le monde
extérieur, et nous permettent de nous enrichir mutuellement.
Nous nous sommes chacun aidés à devenir et rester un peu plus nous-mêmes, sous le regard encourageant
et bienveillant de l’autre. La dépendance, loin de nous appauvrir, nous enrichit. C’est dans la fragilité et
le dénuement que chacun peut délivrer sa vérité et sa nature profonde.
La récolte n’est pas finie, et nous voulons continuer de voir la vie de façon optimiste :
notre foi en Dieu nourrit notre foi en la vie et en l’amour, et inversement
Car la joie entraîne la joie, l’amour entraîne l’amour, et quand un grain de sable vient enrayer cette belle
mécanique, nous nous dépêchons de remettre les pendules à l’heure pour ne pas sombrer dans un cercle
vicieux. L’expérience nous a appris que quand tout va bien, tout va de mieux en mieux, et quand tout va
mal, tout va de mal en pis. Voilà pourquoi nous maintenons le cap, et ne laissons jamais de malentendu ou
différent nous opposer longtemps.
En nous mariant, nous avons dû affronter le pessimisme de notre entourage et de la société sur les
difficultés et risques de la vie à deux. Nous ne nions pas avoir fait beaucoup d’efforts pour en arriver là
où nous en sommes, mais voudrions dire à quel point nous avions sous-estimé notre idéal pourtant déjà
« détonant » à l’époque, au point d’avoir été jugé naïfs. En réalité, il n’y a pas de mot assez fort pour
décrire nos sentiments de couple et de parents, si ce n’est de vous confier à quel point la vie partagée
dans l’amour est belle, vaut la peine d’être vécue, nous surprend et nous ravit chaque jour un peu plus.
20 ans de mariage, 4 enfants
– 21 –
Joies et exigences du mariage (3/7)
Nos joies
Avoir lancé dans la vie d'adulte nos enfants en leur transmettant les valeurs qui nous sont chères tout en
respectant leurs propres choix, pourtant parfois très différents de nos espoirs.
Avoir traversé à deux quelques épreuves communes, en nous soutenant l'un l'autre.
En dehors de la vie familiale proprement dite, avoir fait tous deux équipe pour participer à des
réalisations communes.
Avoir su se faire assez souvent des petits cadeaux, preuve d'attention à l'autre.
Avoir su à peu près s'aimer soi-même et aimer notre conjoint.
Nos exigences
Parler des petits riens de nos vies quotidiennes.
Parler des sujets importants pour définir ensemble notre position de couple (principes de l'éducation des
enfants, orientations professionnelles, relations avec les parents, relations avec les enfants mariés, loisirs
communs, etc.)
Discuter patiemment, surtout quand ça ne va pas et en disant chacun ce qu'on ressent mal; face à des
difficultés, en parler calmement sans se laisser paralyser par la peur ou entraîner par l'agressivité (ne pas
dire « tu me ... » mais plutôt « je ressens mal ».)
Maintenir à chacun des conjoints une grande autonomie, chacun ayant besoin d'avoir aussi ses opinions,
ses activités et ses loisirs personnels.
Essayer de changer soi-même de comportement plutôt que de vouloir changer l'autre tout en acceptant ses
propres limites et les limites de l'autre et en respectant les différences de caractère et de tempérament de
chacun.
Eviter ce qui divise, ce qui blesse par exemple ne jamais se critiquer l'un l'autre en public, tenir ce à quoi
on s'engage vis à vis de l'autre. Casser les routines.
40 ans de mariage - 5 enfants - 4 petits enfants
– 22 –
Témoignages (4/7)
C'est en répondant "OUI" que nous nous sommes donné le Sacrement de mariage.
Ce "OUI" engageait toute notre vie, nous le savions, même si nous n'en étions pas totalement conscients.
Ce "OUI", nous devions nous le redire chaque jour.
Que ce soit un jour heureux ou un jour de tristesse ou d'épreuve,
Que ce soit un "OUI" des lèvres ou un "OUI" des yeux, mais toujours un "OUI" du cœur, un "OUI"
d'amour.
C'est à dire qu'en 50 années, ce sont 36500 OUI que nous avons vécus, même s'ils n'ont pas toujours été
exprimés.
Aimer les jours de soleil. Aimer aussi les jours de pluie, les jours d'o rage, les jours sans lumière.
Nous ne vivons pas 50 ans de vie commune sans connaître des difficultés, des épreuves.
Nous ne pouvons les éviter.
Nous devons les dépasser, les surmonter.
Pas de potion magique autre que 1'amour mutuel.
Amour alimenté par la Foi, cette Foi qui a présidé à notre engagement mutuel.
50 ans de mariage
– 23 –
Témoignage (5/7)
A notre époque où le zapping est roi, sans être des héros, non non, et encore moins des modèles, nous
sommes mari et femme depuis 25 ans, heureux ensemble, avec nos trois f illes, nos familles, nos amis,
Forts de notre "expérience de vieux ménage", nous pouvons, nous voulons, vous dire que "oui, l'amour est
possible, l'amour est don de Dieu, oui, il est source de vie, source de bonheurs multiples, source
d'aventures humaines très variées".
Depuis 25 ans, nous découvrons encore et toujours que "le lien conjugal", comme on dit, est une
construction à faire au quotidien; c'est un vouloir, un art aussi et un don.
C'est vouloir que notre amour déborde vers un futur, vers l'accueil de ce qui arrive d'un horizon que l'on
sait inconnu mais que l'on veut commun. C'est vouloir tenir, dépasser les pannes et les crises.
C'est vouloir être homme et femme, dans le respect des différences.
C'est l'art de savoir dire oui, de savoir dire non. C'est l'art de demander, de savoir faire connaître à
l'autre ses désirs, ses attentes, ses déceptions aussi ; c'est donc l'art de parler -et j'en vois qui sourientc'est l'art de se taire aussi.
C'est l'art de cultiver le désir, les gestes de tendresse. C'est l'art des petites attentions dans le banal du
quotidien, l'art des clins d'yeux complices, et donnés et reçus comme autant de « je t'aime ».
C'est l'art de faire alliance, de se lier, curieusement, pour ce faire, nous avons dû apprendre à nous délier,
lui vaquant à ses occupations, à ses loisirs, moi, aux miens, pas forcément les mêmes (la retraite
approchant, l'art de se délier nous paraît important - voire vital - pour éviter la fusion, mère de la
confusion.)
C'est un don, don de l'amour de Dieu. C'est un cadeau que cette certitude d'être aimé sans conditions,
accepté tel que l'on est, pas seulement pour ses qualités. C'est un cadeau d'être reconnu par l'autre comme
unique et donc irremplaçable.
En nous donnant le sacrement de mariage, nous avons demandé à Dieu d’être à l’origine de notre
aventure, d’en être le partenaire, Lui dont la fidélité sans faille est le roc de la nôtre; Lui qui nous invite
à répondre avec confiance à Son amour; amour qui ne se lasse pas de nous appeler à exister, à vivre
toujours plus ; amour de Dieu qui fait de nous des êtres vivants, des êtres libres et heureux.
25 ans de mariage
– 24 –
Témoignage (6/7)
LUI:- Quand, avec Jésus, Dieu renouvelle son alliance, il dit aux hommes: "Aimez, aimez comme je vous
aime '". Il n'y a pas de "Parce que", il n'y a pas de "Si", il n'y a pas de "Mais", et surtout, il n'y a pas de
« Sauf ».
Comment imaginer qu'un tel amour puisse exister?
Notre OUI devant Dieu, ce n'était pas seulement un contrat entre nous, qu'il serait possible de déchirer à
la moindre difficulté. C'était un engagement de vivre nos différences, la confrontation journalière, les
tracasseries et les épreuves, de la vie que l'on donne, et la vie que l'on voit partir.
˜™
ELLE De quoi peut-on témoigner sans avoir l'air de donner des leçons à ceux qui n'ont pas "tenu aussi
longtemps", comme nous disait un vendeur du marché. Sans doute de l’impression de fraîcheur que l'on
éprouve et qui fait dire: "Déjà 25 ans ! "
Mon sentiment le plus profond est celui d'un cadeau renouvelé chaque jour et que personne ne mérite
vraiment. Même si souvent nous ne sommes pas un cadeau pour celui ou celle avec qui nous vivons.
Mon étonnement, c'est que contrairement à ce qu'on raconte partout, l'habitude de vivre ensemble ne tue
pas l'amour. Et même, si on accepte de pardonner à l'autre ce qu'on trouve tout naturel qu'il nous
pardonne, si on a un minimum de patience, c'est de mieux en mieux.
A qui dire merci pour ce cadeau ? A lui ? A Dieu qui doit bien y être pour quelque chose ?
Oui, à Dieu dont je ne pourrai commencer à comprendre l'amour libérateur et total qu'avec ma petite
expérience de l'amour d'un homme.
25 ans de mariage
– 25 –
Témoignage (7/7)
Quelques lignes sur nous, sur notre mariage ... Pas si facile ...
Et pourtant nous en sommes si fiers l’un et l’autre ! Heureux de pouvoir nous dire que si c'était à refaire,
on redirait ce « oui » sans hésiter devant Dieu et les hommes.
Pour ma part, en tant qu'épouse, je peux vous dire que ce bonheur dans le mariage est dû au charisme de
mon mari qui croit toujours fortement à notre union pour le meilleur et pour le pire.
Je le sais toujours honnête et droit.
Il me regarde comme si j'étais extraordinaire (et pourtant je vous assure que ce n’est pas le cas)·et cela
me valorise terriblement et me rend meilleure.
Au début de notre mariage, il avait du mal à communiquer les choses qui le touchaient vraiment et éludait
tout ce qui n’allait pas. Moi je ne comprenais pas pourquoi il ne m’en parlait pas (à cette époque il y avait
des problèmes de famille). Je l'ai asticoté jusqu'à ce qu’il craque et me sorte tout ce qu’il avait sur le
cœur.
J'ai alors découvert que nous avions les mêmes préoccupations et cela m'a beaucoup soulagée. Je suis
devenue moins agressive vis-à-vis de cela car je savais ce qu’il en pensait, et lui a compris que j’avais
besoin de transparence.
L'important dans .un couple, selon moi, est dans la communication qui doit passer entre les deux sous
peine de n'avoir un jour plus rien à se dire.
Donc communication et « attention à l’autre ». En effet, j’ai toujours eu le sentiment d’être écoutée par lui
et que mon avis compte.
En tant que mari, le mariage m’a apporté équilibre, joie quotidienne, assurance pour la vie ;
Ma femme est extraordinaire, temple d’humilité, elle s’intéresse à tous. Elle est jolie, coquette,
intelligente… Elle est la vie au cœur de la maison. C’est elle qui nous donne envie de vivre chaque jour.
C’est vrai qu’elle m’a titillé pour savoir ce que je pensais et cela m’a fait un bien fou !
Dans un couple, il faut savoir qui est l’autre, s’intéresser à lui, le valoriser, l’écouter, l’aimer.
Dans la vie tout n’est pas rose au quotidien, mais c’est tellement formidable de savoir que l’on est
attendu, toujours.
Que c’est merveilleux d’être marié !
« Heureusement qu’on s’a »
Je reprends la parole : ce tableau peut vous paraître idyllique et pourtant nous restons avec nos doutes,
nos regrets, notre insatisfaction sur bien des points.
Mais malgré tout nous sommes conscients du grand bonheur qui nous habite de nous aimer toujours aussi
fort après 23 ans de mariage. Nous avons 4 enfants dont notre petit dernier au ciel, bien placé pour nous
aider !
25 ans de mariage
– 26 –
Notes personnelles
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[email protected]
Paroisse St Michel 01 39 51 21 65
18 rue des Célestins 78000 Versailles
Version 18/06/2007
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