les enjeux du changement technologique

'les enjeux du changement technologique"
Jean-Jacques Salomon et Geneviève Schméder
Ed. Economica, 1986
Cet ouvrage qui rend compte d'un cycle de conférences prononcées au CNAM à l'initiative du Centre de recherches
( sciences, technologies et sociétés ), aide à se repérer dans la complexité des causes attribuées à la crise que nous
traversons et par conséquent, à mieux apprécier ses conséquences sur l'emploi, l'éthique du travail et la formation.
Il serait en revanche illusoire d'y chercher des perspectives déterminées ou des solutions pour l'avenir tant il est vrai
que son principal mérite est de poser les problèmes et de remettre en cause le préjugé selon lequel, dans le désordre
apparent des événements, des experts savent manipuler sans faillir la machine économique qui commande les modes
de vie.
Quelle est la cause, par exemple, de la baisse de la productivité du capital remarquée aux États-Unis et dans le monde
industriel depuis quelques décennies ? La date même du début de la récession fait problème, le choc pétrolier de 1973
pouvant n'être que l'expression d'un processus plus long dont les causes sont controversées. La baisse de qualité du
capital, la dégradation de l'éthique du travail, le ralentissement de l'innovation concourent peut-être ensemble à ce
résultat.
Les auteurs mettent en évidence que, si l'innovation technologique est unanimement considérée comme un moteur du
développement économique, il s'en faut de beaucoup que des arguments rationnels puissent être fournis à l'appui de
cette opinion. La croyance en l'importance de ce facteur s'accompagne en fait chez les économistes classiques comme
chez les théoriciens ou décideurs actuels d'une relative incurie vis-à-vis de son développement. D'où souvent des
politiques insuffisantes dans le domaine de la recherche et de la formation ainsi qu'une confiance insuffisante dans le
capital humain.
Un autre facteur de tassement des initiatives en vue de stimuler le changement technologique est aussi l'idéologie de
la croissance zéro. Il peut paraître raisonnable de prendre acte 'd'une limite obligatoire de la croissance, mais toute
futurologie bute forcément sur l'ignorance des inventions à venir...
Un examen approfondi de certains changements technologiques comme
l'invention de la
moissonneuse-batteuse mise en parallèle avec les robots industriels, montre que les relations du
c
développement économique, de l'emploi et de l'innovation sont en forme d intera tion.
La difficulté d'évaluer à l'avance l'intérêt économique d'une innovation demeure d'ailleurs un obstacle à la coopération
entre industrie et université. L'argent de l'industrie, même s'il s'inves- dans la recherche, ne risque-t-il pas de
"corrompre" celle-ci ? Il faut se souvenir que, dans la longue durée, ce sont les connaissances scientifiques de pointe
qui ont donné lieu à des modifications des processus de production. Pourtant il ne faut pas imaginer que le savant
dans sa tour d'ivoire est le seul responsable de l'avancée de la science, qu'il ne s'agirait ensuite que d'appli quer. Les
ingénieurs représentent une masse de connaissances scientifiques disponible hors des laboratoires de haut niveau. La
recherche peut s'effectuer ainsi dans le cadre même de l'industrie.
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Il faut considérer enfin que la recherche dans le domaine de la technologie n'échappe pas à la concurrence, ce dont les
institutions publiques et les programmes gouvernementaux ont parfois du mal à tenir compte.
Compte rendu de lecture fait par Dominique Ottavi.
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