Le génocide des Arméniens : Repères

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Le génocide des Arméniens : Repères
Le génocide des Arméniens
Mémoire - Histoire
L’Arménie
L’histoire des Arméniens remonte à plus de 2500 ans. La langue arménienne - de la famille
indo-européenne - a été dotée, depuis le début du Ve siècle, d’un alphabet propre qui a
permis de transcrire la Bible (les Arméniens se revendiquent comme première nation à
avoir adopté le christianisme comme religion officielle) et d’inscrire l’histoire et la mémoire
de ce peuple.
L’Arménie est un plateau montagneux de 300 000 km2 situé à l’est de l’Asie mineure.
Jusqu’en 1914, le Mont Ararat, sommet culminant de l’Arménie, était le point de rencontre
de trois empires, ceux de Russie, de Turquie et de Perse.
De nos jours, l’Arménie est partagée entre la République d’Arménie - qui n’occupe qu’un
dixième de son territoire historique-, la Turquie, l’Azerbaïdjan et l’Iran.
La foi et la langue sont les piliers de la culture arménienne ; l’église arménienne qui s’est
développée en dehors de l’orthodoxie grecque et de l’église romaine, demeure autonome.
Entre 1915 et 1916, pendant la Première Guerre mondiale, 1,5 millions d’hommes, femmes
et enfants – les deux tiers de la population arménienne de l’Empire Ottoman - ont été
systématiquement assassinés dans le cadre d’un génocide.
Eléments de chronologie.
Ressources génocide des Arméniens
• Le processus qui a mené au génocide.
– 1878 Après sa défaite dans la guerre turco-russe, l’Empire ottoman est amputé de ses anciennes
possessions balkaniques (Traité de San Stefano, puis Congrès de Berlin). La Serbie, le Monténégro,
la Roumanie deviennent indépendants, la Bulgarie accède à l’autonomie. Une partie de l’Arménie
turque est annexée par l’Empire tsariste, l’autre placée sous protection russe en l’attente de réformes
qui doivent être mises en place par les Turcs, visant à donner un statut aux Arméniens de Turquie.
Ces derniers se retrouvent au cœur d’un conflit opposant différentes puissances - en particulier
l’Angleterre, qui, pour des raisons commerciales, soutient la Turquie – : ils sont accusés de trahison,
d’entente avec les Russes, de « complot », et désignés en Turquie comme « ennemis de l’intérieur ».
Les Russes se retirent des territoires où vivent 3 millions d’Arméniens, bien que la Turquie continue
à rejeter tout projet de réforme.
Des tribus kurdes, armées par les Turcs, répandent la terreur dans les provinces arméniennes.
– 1879 Les menaces du Grand Vizir sont explicites : « Nous, Turcs et Anglais, méconnaissons le mot
Arménie, et nous briserons la mâchoire de ceux qui prononcent ce nom […] Nous supprimerons donc
et ferons disparaître à jamais le peuple arménien. Pour y parvenir rien ne nous manque : nous avons à
notre disposition les Kurdes, les Tcherkesses, les gouverneurs de province, les percepteurs, les agents
de police, en un mot tous ceux qui font la guerre sainte à un peuple qui n’a ni armes ni moyens de
défense. […] ».
- 1885 La résistance arménienne s’organise. Des partis politiques – parmi lesquels certains,
d’inspiration marxiste, partisans d’actions violentes - appellent aux réformes administratives et
passent à l’action face aux Kurdes et à l’armée turque.
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© Civisme et Démocaratie - CIDEM
• Le contexte géopolitique.
– Au début du XIXe siècle, les populations arméniennes se trouvent pour une petite part en Russie
(sud Caucase) et, majoritairement, dans sept provinces orientales de l’Empire ottoman - où vivent 3
millions d’Arméniens et autant de Turcs -.
– 1821, la Grèce déclare son indépendance. Cette date marque le début du démantèlement de l’Empire
ottoman constitué d’une véritable mosaïque de populations chrétiennes minoritaires (grecques,
slaves, syriaques, arméniennes…) au sein des populations musulmanes (turques, kurdes, arabes …).
C’est alors qu’éclate la « question arménienne ». Dans cet espace géographique, lieu de rivalité entre
les grandes puissances, et rempart entre l’Empire russe et les puissances européennes, le problème
des minorités - et notamment de la minorité arménienne – prend une ampleur attisée par les
différents intérêts.
Le génocide des Arméniens
Mémoire - Histoire
• Les premiers grands massacres systématiques.
- De 1894 à 1896, le Sultan Abdülhamid II –connu sous le surnom de « Sultan rouge » ou « grand
saigneur »- répond aux revendications arméniennes par des massacres de grande ampleur. Les
dissensions religieuses entre chrétiens et musulmans sont attisées jusqu’à la haine. La ‘méthode’
est toujours la même : dans les quartiers ou villages, les maisons habitées par les Arméniens
sont marquées à la craie. Des commandos de tueurs spécialement recrutés, soldats turcs, Kurdes,
Tchétchènes …, massacrent la population arménienne. Aucune région n’est épargnée, pas même la
capitale, Constantinople, où des occidentaux, témoins des massacres en 1896, en font connaître la
violence et l’ampleur. Les réactions en Europe sont indignées, Jaurès monte à la tribune et dénonce le
massacre des populations arméniennes.
A l’issue de cette vague de massacres (300 000 morts), de conversions forcées à l’Islam et d’exode, la
population Arménienne de l’Empire ottoman a diminué de 500 000 personnes
- Le début du siècle est marqué par le développement du panturquisme, une idéologie visant à créer
une grande Turquie turcophone, unifiée, où les peuples en minorité n’ont plus leur place.
- 1908- 1909 Un groupe d’opposants au Sultan, le Comité Union et Progrès (CUP) - connu en
Europe sous le nom de « Jeunes-Turcs » -, prend le pouvoir avec l’appui sur différentes minorités. Ils
développent, dans un premier temps, des idées démocratiques reposant sur les principes d’égalité,
de fraternité et de laïcité, avant de devenir de farouches nationalistes panturquistes. Ils s’en prennent
très vite aux Arméniens de Cilicie (sud-est de l’actuelle Turquie) où les massacres font plus 30 000
morts – dont 20 000 dans la seule ville d’Adana -.
- 1913 Les trois dirigeants du CUP, Talaat, Enver et Djemal établissent une dictature militaire.
1. Source “Atlas historique de
l’Arménie”, Claude Mutafian
et Eric Van Lauwe, Collection
Atlas, Editions Autrement,
Paris 2001. Cette carte est
reproduite en ligne sur
le site de référence www.
imprescriptible.fr . (DR)
- Août 1914 Les inspecteurs européens présents dans les provinces arméniennes sont expulsés
et le gouvernement des « Jeunes Turcs » met en place une « Organisation spéciale », chargée de la
destruction des Arméniens.
- Octobre 1914, la Turquie s’allie à l’Allemagne et entre en guerre.
- Janvier 1915, les 250 000 soldats arméniens de l’armée ottomane sont systématiquement désarmés
et affectés à des « bataillons de travail » qui assurent des travaux civils, voierie...
Le coup d’envoi du génocide est donné le 24 avril 1915
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Les populations arméniennes à la veille de la Première Guerre mondiale1 sont estimées entre 2,25 et 2,5
millions dans l’Empire ottoman. 1,5 millions pour la Russie.
La dernière étape vers le génocide est franchie avec la Première Guerre mondiale, théâtre de la destruction
planifiée des populations arméniennes de l’Empire ottoman par le gouvernement des « Jeunes-Turcs ».
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