Fire and Fury: The Allied Bombing of Germany 1942-45
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Fire and Fury: The Allied Bombing of Germany 1942-45
Critiques de livres Fire and Fury: The Allied Bombing of Germany 1942-45 Par Randall Hansen Toronto, Éditions Doubleday Canada, 2008 353 pages ISBN 978-0-385-66403-5 Compte rendu du Colonel Randall Wakelam, C.D., Ph. D. En automne 2008, des journaux canadiens ont publié bon nombre de lettres de lecteurs ravivant une fois de plus le débat sur l’exposition du Bomber Command au Musée canadien de la guerre et sur les modifications à apporter au texte. Les auteurs de ces réfutations étaient les historiens canadiens Robert Bothwell et Margaret MacMillan (Paris 1919) et le politologue canadien Randall Hansen, dont l’ouvrage sur la campagne de bombardement, que ce soit un hasard ou non, a été publié à la mi‑octobre. L’auteur de Fire and Fury soutient que l’insistance d’Arthur Harris à raser des villes et à bombarder des zones n’a pas écourté la guerre, comme le prétendait le commandant en chef du Bomber Command, mais que le fait de ne pas viser des systèmes d’objectifs a plutôt allongé le conflit. Ce propos n’est pas vraiment innovateur, mais ce n’est pas ce que M. Hansen veut véritablement démontrer. Celui-ci dépeint plutôt Arthur Harris, de façon plutôt délibérée, comme un commandant qui était tout simplement décidé à bombarder des villes, et ce, sans tenir compte de l’efficacité ou de la moralité de la pratique. L’auteur raconte très longuement comment les supérieurs d’Arthur Harris ont tenté de convaincre ce dernier d’adopter des attaques de précision, et comment celui-ci a réfuté leurs arguments et a, au moins passivement, ignoré leurs ordres. M. Hansen juxtapose la soif de sang d’Arthur Harris et le zèle apparent que mettait la United States Army Air Force à effectuer des bombardements de précision. Il souligne que les Américains avaient élaboré diverses technologies et tactiques qui permettaient d’atteindre des cibles militaires précises. Il décrit aussi comment les Américains, tant au niveau du commandement qu’individuel, s’opposaient vivement à tout ordre d’attaquer des villes et des civils, ce qui était la pratique habituelle du Bomber Command. Malheureusement pour les lecteurs, M. Hansen ne présente pas les faits historiques fidèlement. Il néglige les sources qui montrent clairement que les Américains ont bombardé massivement certaines régions et, pis encore (selon Hansen, pourrait-on conclure), ont tenté de dissimuler ce fait en affirmant que leurs techniques visuelles, même lorsque le ciel était couvert 10/10, leur permettaient de viser avec précision. De plus, M. Hansen parle seulement en quelques lignes des bombardements incendiaires et atomiques des Américains contre le Japon. L’auteur est également coupable d’avoir mal interprété des données objectives. Il prétend dans un cas que 11 000 bombardiers ont attaqué Dortmund le 12 mars 1945, alors qu’il y en a eu 1 100. Ailleurs, il interprète mal une étude importante en affirmant que le rapport Butt, rédigé en 1941, a démontré que les deux tiers des PRINTEMPS 2009 • Vol. 2, No. 2 Fire and Fury 55 LA REVUE DE LA F RCE AÉRIENNE DU CANADA bombardiers de la Royal Air Force larguaient des bombes à plus de 120 km de leurs cibles, alors que le rapport mentionne que les avions bombardaient dans un rayon de 8 km autour de leurs cibles (une zone de 120 km2). Un lecteur méfiant pourrait conclure que ces erreurs ont pour but de renforcer les attaques de M. Hansen contre Arthur Harris. Les historiens de la puissance aérienne s’entendent généralement pour dire qu’Arthur Harris est un cas spécial. Pourquoi a‑t‑il insisté pour continuer à attaquer des régions, alors que ses troupes étaient en mesure d’effectuer des attaques plus précises que les Américains à partir du milieu de 1944 et que les Alliés étaient en voie de remporter une victoire décisive? Si l’ouvrage de M. Hansen nous incite à méditer sur cette question, et sur celle de la légitimité de la guerre sous toutes ses formes, il a alors pour les aviateurs et les militaires professionnels une valeur qui fait oublier ses imperfections. ■ Le colonel Randall Wakelam est actuellement Directeur de la recherche et des symposiums au Collège des Forces canadiennes. No clear flight plan: Counterinsurgency and Aerospace Power Publié sous la direction de James Fergusson et William March Compte rendu de James R. McKay, Ph. D. Winnipeg, Centre for Defence and Security Studies, Université du Manitoba, 2008 244 pages ISBN 978-0-9780868-4-8 À l’heure actuelle, la tendance est à la guerre asymétrique terrestre que des acteurs non étatiques livrent contre de grandes coalitions dirigées par les États‑Unis. Le recours à la guerre asymétrique (sous la forme d’une insurrection) signifie que l’ennemi se présente rarement d’une manière qui convient à ce que la collectivité orientée vers l’aérospatiale considère comme l’application optimale de la puissance aérospatiale. Ces dernières années, cette puissance a souvent fini par jouer un rôle de soutien pour les forces terrestres dans le cadre d’opérations anti-insurrectionnelles, à savoir les missions de surveillance/reconnaissance, ou par servir d’« artillerie aérienne ». Pour une collectivité issue de la croyance selon laquelle le meilleur moyen d’appliquer la puissance aérospatiale consiste à le faire de manière décisive (c’està-dire le moyen qui permet de gagner une guerre) contre un adversaire de force presque égale, ce n’est pas une position confortable sur le plan intellectuel. Elle se rapproche dangereusement des débats existentiels du passé. En conséquence, les effets possibles des contre-insurrections constituent un problème que les forces aériennes ne peuvent pas se permettre de négliger. Cette anthologie d’exposés est le fruit de deux conférences qui ont eu lieu en 2007 et qui visaient à explorer les questions entourant les effets de l’accroissement des contre-insurrections sur les forces aériennes. Il s’agissait de la conférence sur l’histoire de la Force aérienne tenue à Toronto et du 3e forum biennal sur la 56 No clear flight plan PRINTEMPS 2009 • Vol. 2, No. 2