Effets de la dose et de la période de pulvérisation foliaire d`urée sur
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Effets de la dose et de la période de pulvérisation foliaire d`urée sur
Revue Ezzaitouna 3 (1 et 2), 1997, 26 - 38 EFFETS DE LA DOSE ET DE LA PERIODE DE PULVERISATION FOLIAIRE D'UREE SUR LA PRODUCTIVITE DE L’OLIVIER DE TABLE C.V. MESKI (Résultats préliminaires) M. M'SALLEM* et Ch. CHARFI-MASMOUDI** Résumé Dans le but d'améliorer la productivité de l'olivier de table "Meski", variété locale, des pulvérisations foliaires d’urée (46% d'azote) ont été effectuées sur des oliviers âgés de 10 ans, à la floraison, à la nouaison et à la sclérification du noyau. Les doses utilisées ont varié de 0,6% à 2%. L'essai s'est poursuivi pendant plusieurs années successives, entre 1994 et 1997 dans une parcelle expérimentale à Borj El Amri. Les résultats obtenus ont montré que le meilleur traitement à l'urée est N 2%, correspondant à deux applications: la première, à la nouaison et la seconde, à la sclérification du noyau, toutes les deux à la dose de 2%. Ce traitement a augmenté les pourcentages de sclérification et de maturation des olives. Il a également amélioré la production par arbre, le poids moyen de l'olive, sa longueur et le pourcentage de chair. Enfin, ce traitement n'a pas induit d'effet dépressif notable sur la croissance. Mots clés : Urée, Floraison, Nouaison, Olivier Meski, Production et Qualité. ----------------------------------------------------------------------------------------EFFECTS OF UREA SPRAYS PERIOD AND CONCENTRATION ON THE PRODUCTIVITY OF MESKI OLIVE-TREE (Preliminary results) Abstract To improve the productivity of Meski olive-tree, experiments are carried out on 5 year-long period, to test the effects of two concentrations of urea sprayed on foliage at two or three periods : blooming, fruit-set period and endocarp sclerification period. The results obtained shows that the best treatment is that applied on fruitset and endocarp sclerification periods, by using an urea concentration of 2%. This application increases the fruit-set and the number of olives reaching maturity. It improves also the average tree-production, the average olive weight and their length. With this treatment no depressive effect was observed on growth. Key words : Urea, Blooming, Fruit-set, Meski-olive-tree, Production and Quality. ----------------------------------------------------------------------------------------------------26 * Chargé de Recherche, Institut de l'olivier, Station de Tunis; Sise INRAT. ** Attachée de Recherche, Institut de l'olivier, Station de Tunis; Sise INRAT. I- Introduction L'olivier, comme toute autre espèce cultivée, a besoin d'eau et de nutriments pour végéter et pour produire. Ses besoins en fertilisants sont particulièrement importants pendant la floraison et entre la nouaison et la véraison (Loussert et Brousse, 1978). Or, au cours de cette dernière période, généralement sèche, l'emploi de l'ammonitrate est proscrit, car cet engrais ne peut être solubilisé en l’absence d'une certaine humidité dans le sol. Partant de ces considérations et en tenant compte d'une part de l'importance de la fumure azotée pour l'olivier et d'autre part de son aspect contraignant, particulièrement en oléiculture sèche, plusieurs tentatives d'utilisation de l'urée (46% d'azote) ont été entreprises. Il s'agit notamment des travaux de Hermoso (1984), de Klein et Weinbaun (1984), de Kheder (1986), de Boujnah et Hellali (1994) et de Sikaoui (1995). Les essais menés par ces auteurs ont montré que les effets de l'urée sur les plantes ligneuses cultivées sont nombreux mais parfois contradictoires. Son action de reverdissement rapide du feuillage est cependant indéniable, car elle est absorbée et assimilée à plus de 60% dans un délai ne dépassant pas les 24 heures (Klein et Weinbaun, 1984). Par contre, son impact sur la croissance, la fructification et la production peut varier, car il dépend de plusieurs paramètres notamment de la variété, de la dose d'urée utilisée et de l'époque de son application (Klein et Weinbaun, 1984 ; Kheder, 1986 ; Baratta et al., 1989 ; Cimato et al., 1989 ; Boujnah et Hellali, 1994). C'est pourquoi, nous avons tenté dans cet essai de tester différentes doses et dates d'application de l'urée sur la variété "Meski" tout en observant son comportement vis-à-vis de ce mode de fertilisation. L’impact de l’urée a été évalué sur la fructification, les paramètres pomologiques et de production et enfin sur la croissance de la pousse printanière. II - Matériels et Méthodes L’essai «fertilisation azotée à l’urée » a été entrepris sur l’olivier de table « Meski » entre 1994 et 1997. La parcelle expérimentale est située à Borj El Amri. Les plants sont âgés de 10 ans. Cet essai a consisté en l’apport d’azote sous forme d’urée en pulvérisation foliaire, à la floraison (début Mai), à la nouaison (fin Mai) et à la sclérification du noyau (début juillet). Les doses utilisées ont varié de 0,6% à 2%. Les traitements sont les suivants : En 1994 : - Témoin ; 27 - F 0,6% : correspondant à trois applications à 0,6% (floraison plus nouaison plus durcissement du noyau), totalisant une dose de 120 g d’urée/arbre ; - F 0,8% : correspondant à trois applications à 0,8% (floraison plus nouaison plus durcissement du noyau), totalisant une dose de 160 g d’urée/arbre ; - N 0,6% : correspondant à deux applications à 0,6% (nouaison plus sclérification du noyau), totalisant une dose de 80 g d’urée/arbre ; - N 0,8% : correspondant à deux applications à 0,8% (nouaison plus sclérification du noyau), totalisant une dose de 107 g d’urée/arbre. En 1995, 1996 et 1997 : Les pulvérisations d’urée ont été effectuées aux mêmes périodes, en testant cependant des doses plus élevées, celles de 1% et de 2%. Ces traitements sont notés F 1%, F 2%, N 1% et N 2% . Les paramètres suivis sont : - La fructification, représentée par les pourcentages de nouaison, de sclérification du noyau et de maturation. Ces pourcentages sont définis comme suit : . Le pourcentage de nouaison est le rapport entre le nombre de fruits noués et le nombre de fleurs initiales. . Le pourcentage de sclérification est le rapport entre le nombre de fruits sclérifiés et le nombre de fruits noués (pourcentage rapporté à la nouaison) ou entre le nombre de fruits sclérifiés et le nombre de fleurs initiales (pourcentage rapporté à la floraison). . Le pourcentage de maturation est le rapport entre le nombre de fruits mûrs et le nombre de fruits noués (pourcentage rapporté à la nouaison) ou entre le nombre de fruits mûrs et le nombre de fleurs initiales (pourcentage rapporté à la floraison). - la production (exprimée en Kg par arbre) et la pomologie du fruit. Celle-ci est représentée par le poids moyen du fruit et du noyau et par le pourcentage de chair dans le fruit. Ces paramètres étant mesurés sur 100 fruits chacun. - la croissance, évaluée par la mesure de la longueur de la pousse printanière (considérée comme la plus élevée chez la variété Meski, connue pour sa faible vigueur) selon les quatre orientations. Pour chaque point cardinal, nous avons considéré deux rameaux. Enfin, notons que pour chaque paramètre suivi, les observations sont effectuées sur 15 arbres à raison de trois arbres par traitement. Les valeurs données dans la partie "Résultats", représentent les moyennes des observations effectuées. 28 Par ailleurs, la dite parcelle a reçu des engrais azotés sous forme d’ammonitre dans le sol à raison de 100 g par arbre et par année d’âge apportés en deux fois (une moitié en automne et l’autre au printemps). La pluviométrie collectée chaque année est consignée dans la tableau suivant qui fait ressortir la grande variabilité des quantités tombées allant de 132 mm la première année de l’essai jusqu’à 568 mm en 95/96. De même, nous constatons que les pluies sont généralement concentrées durant les mois d’automne et d’hiver, alors qu’à partir de Mars, les quantités tombées ne dépassent pas les 15 mm sauf pour l’année 95/96 où l’on a enregistré 62 mm au mois de Mai. Ceci pour dire que pendant la période de pulvérisation foliaire d’urée, les conditions sont plutôt sèches . Tableau I: Pluviométrie enregistrée pendant les quatre campagnes de l’essai Mois/Campagne 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 Septembre 23 37 41,5 42 Octobre 10 35 24,5 12 Novembre 21 16 33 4 Décembre 14 10 23,5 38 Janvier 14 76 73,3 57 Février 25 2 142 46 25 34 3 12 93 37 Mars Avril 12 Mai 3 Juin 8,25 62 36 12,5 Juillet 1 4 Août 15,5 24,5 38 267 568 283 Total 132 5 III - Résultats A - Effets de l'urée sur les pourcentages de nouaison, de sclérification et de maturation Les données relatives à ces pourcentages sont représentées dans le Tableau II pour l'année 1994 et dans le Tableau III pour les années suivantes (95, 96 et 97). 29 Tableau II : Effet de l’urée sur les pourcentages de nouaison, de sclérification et de maturation rapportés à la floraison (Fl) ou à la nouaison (N) : Année 1994. 1994 T F 0.6 % F 0.8 % N 0.6 % N 0.8 % %N 1,2 1,35 1,42 %T - + 12,5 + 18,3 % Sclér.(Fl) 0,22 0,31 0,33 0,33 0,35 + 40,9 +50 + 50 + 60 23 23,5 26,6 29,4 + 27,7 + 30,55 + 47,77 + 63,3 0,27 0,27 0,24 0,24 + 125 + 125 + 100 + 100 19,6 18,7 19,3 19,5 + 104,2 + 94,8 + 101,04 + 103,12 %T % Sclér.(N) 18 %T % Mat.(Fl) 0,12 %T % Mat.(N) %T 9,6 % T : variation par rapport au témoin. L'analyse de ce tableau montre que l'urée améliore la fructification de l'olivier "Meski" et en particulier les traitements F 0,8% et N 0,8%. L'application F 0,8% améliore le pourcentage de nouaison de 18% par rapport au témoin, alors que le traitement N 0,8% augmente aussi bien le pourcentage de fruits sclérifiés que ceux arrivant à maturité de 60% pour le premier et de 100% pour le second. Après cette première année de l'essai et de par l'effet positif constaté de l'urée d’une part et l'absence de symptômes de toxicité d’autre part, nous avons testé des concentrations plus élevées, de 1% et de 2% et ce durant les trois années qui ont suivi. Les données y afférentes sont présentées dans le Tableau III. Les résultats obtenus en 1995, 1996 et 1997 suite aux traitements à l'urée, ont montré que les applications F 1%, N 1% et N 2% sont favorables quant à l'amélioration des pourcentages de nouaison (F1%), de sclérification et de maturation. Le traitement N 2%, semble par ailleurs, se distinguer des deux autres, puisqu'il n'a pas diminué les pourcentages de sclérification et de maturation (rapportées à la floraison) en 1996, considérée comme année "moins" et pendant laquelle tous les traitements à l'urée ont occasionné une baisse importante de ces paramètres. 30 Quant à l'application F 2%, celle-ci a eu, un effet le plus souvent dépressif (1996 et 1997), en particulier sur la nouaison (baisse de 50% par rapport au témoin), la sclérification et la maturation lorsque ces deux dernières sont rapportées à la floraison (1996 et 1997). Tableau III : Effets de l'urée sur les pourcentages de nouaison, de sclérification et de maturation rapportés à la floraison (Fl) ou à la nouaison (N) : Années 1995-1996-1997. 1995 %N %T % Sclér.(Fl) %T % Sclér.(N) %T % Mat.(Fl) %T % Mat.(N) variation % T 1996 %N %T % Scléri.(Fl) %T % Scléri.(N) %T % Mat.(Fl) %T % Mat.(N) %T 1997 %N %T %Sclér.(Fl) %T %Sclér. (N) %T % Mat. (Fl) %T % Mat. (N) %T T F1 3 0,79 25,3 0,55 18,3 T 1,35 0,55 40,9 0,5 37,1 T 1,6 1,1 68 0,88 55 F2 3,5 + 16,7 1,86 + 135,44 52,3 + 107 0,89 + 61,8 25,5 + 39 F1 0,79 -41 0,44 \ 55,6 + 36 0,37 \ 46,4 + 25 F1 1,94 + 21,3 1,4 + 27,3 72 +6 1,19 + 35,2 61,5 +12 31 3,1 + 3,33 1,56 + 97,4 50,7 + 100 0,84 + 52,73 27,4 + 49,7 F2 0,66 -51 0,29 \ 44,3 + 8,3 0,26 \ 42 +13,2 F2 0,82 - 49 0,62 \ 75,4 +11 0,51 \ 62,7 + 14 N1 N2 1,32 + 67,09 43,7 +73 0,67 +21,82 23,2 + 26,8 N1 1,67 + 111,39 53,9 + 113 0,86 + 56,36 27,6 + 50,8 N2 0,51 \ 66,2 + 62 0,39 \ 51,1 + 38 N1 0,56 + 1,82 58,5 + 43 0,49 +2% 50,7 + 37,6 N2 1,39 +26,4 87,8 + 29 1,3 + 44,3 80,6 + 47 1,42 + 29 86,5 +27 1,22 + 38,6 74,6 + 35,6 B - Effet de l'urée sur le nombre total de fruits restants jusqu'à maturité En 1994, le nombre total de fruits, estimé entre le 23/5/1994 (nouaison) et le 27/9/1994 (prématuration), a augmenté en fonction des traitements et particulièrement pour les applications N 0,6% et F 0,6%. Ce nombre, estimé en pourcentage de fruits mûrs par rapport au nombre de fruits noués, passe de 9,66 pour le témoin à 19,6 pour les traitements F 0,6% et N 0,8%, soit une augmentation de l'ordre de 10%. Pour l'année 1995, l'effet de l'urée sur le pourcentage de fruits mûrs (rapporté à la nouaison) s'est traduit par une augmentation par rapport au témoin variant de 5 à 9% (N 2%). En 1996, l'amélioration par l'urée a augmenté davantage, puisque le nombre de fruits mûrs rapporté à la nouaison est passé de 37,2 % pour le témoin à 51 % pour N 1% et N 2 %. Enfin, en 1997, ce nombre a été de 55 % pour le témoin et de l'ordre de 80% pour N 1 % et de 74,4 % pour N 2%, suggérant un effet cumulatif de l'urée à travers les 4 années de l'essai. Cette évolution du nombre de fruits restants jusqu'à maturité rend compte de l'importance des chutes après la nouaison et de l'effet des traitements sur celles-ci. En effet, le pourcentage de chute évalué entre la nouaison et la sclérification du noyau, montre que le nombre de fruits qui tombent diminue en fonction des traitements et particulièrement pour ceux entrepris à la nouaison. Pour l'ensemble des traitements effectués en 1994, les valeurs calculées, oscillent autour de 80 % (N 0,8 %), avec un maximum de 90% chez les arbres non traités. Pour les traitements les plus favorables (F 0,8% et N 0,8%) de cette même année, la baisse de la chute est évaluée à 10% environ par rapport au témoin. Pour l'année 1995, la chute des fruits, évaluée à la prématuration (et rapportée à la nouaison), diminue davantage pour atteindre une valeur minimale de 72 % pour l'application la plus favorable (N 2%). Cette baisse s'accentue en 1996 et en 1997, où elle est estimée à 49 % pour les traitements "N" de 1996 et variant de 14 à 20 % pour les mêmes applications en 1997. Par ailleurs et en suivant l'évolution de la chute entre 1994 et 1997, on observe que les valeurs diminuent sensiblement. En effet, si pour le témoin elles sont pour 1994, 1995, 1996 et 1997 respectivement de 90 %, 82 %, 63 % et 45 %, elles descendent à 80, 72, 49 et 14 % pour le traitement N 2%. En résumé, on peut dire que les traitements N 1% et N 2% entrepris à la nouaison et à la sclérification du noyau, aux doses respectives de 1 % et 2 %, ont été les plus favorables quant à l'augmentation du pourcentage de sclérification, de maturation et du nombre de fruits restants et à la diminution du pourcentage de chute. Les traitements effectués à la floraison bien qu'ils aient été moins favorables, ont permis d'améliorer la nouaison et de réduire la chute des fruits d'environ 10 % par rapport au témoin. 32 C - Effets de l'urée sur les paramètres de production et la pomologie du fruit Les résultats obtenus concernant l'effet du traitement sur les paramètres de production (rendement par arbre, poids du fruit) et la pomologie des olives sont rapportés dans le tableau IV. Tableau IV : Effets de l'urée sur les paramètres de production (Production et poids du fruit) et la pomologie de l'olive "Meski". T Poids moyen fruit (g) 1994 Variation par rapport au Témoin % Poids moyen fruit (g) 1995 Variation par rapport au Témoin % Poids moyen fruit (g) 1996 Variation par rapport au Témoin % Production (Kg/arbre) 1996 Variation par rapport au Témoin % Production (Kg/arbre) 1997 Variation par rapport au Témoin % % chair 1994 Longueur Largeur (cm) F 0, 6% F 0, 8% N 0, 6% N 0, 8% 6,17 6,45 7,61 6,99 7,09 T 5,7 +4,54 F1% 7,24 +23,3 F2% 6,7 +13,3 N1% 6,77 +14,9 N2% 7,23 5,96 +27 5,35 +17,5 5,59 +19 5,67 +27 5,69 -10 -6,2 -4,8 -4,5 10 8 9 19 +17,6 -5,9 +6,25 +123 9,8 11,2 10,1 15 17,3 90,8 2,8 2,3 +14 89,1 2,7 2,2 +3,1 89,2 2,9 2,2 +53 90,6 2,5 2,1 +76,5 89,1 2,6 2,2 8,5 L'analyse de ces données montre que l'application de l'urée améliore la production moyenne par arbre et particulièrement lorsqu'elle est pulvérisée à la nouaison à la dose de 2%. Ce traitement a permis, en effet, de doubler la production en 1996, qui est passée de 8,5 kg/arbre pour le témoin à 19 kg/arbre pour le traitement N 2%. En 1997, ce traitement a été également le meilleur puisqu'il a amélioré la production moyenne par arbre de plus de 76%, pour atteindre une valeur de 17,3 kg/olivier. L'urée augmente également le poids des olives et particulièrement par les traitements F 0,8% (amélioration de 23,3% en 1994 avec un poids 33 maximum de 7,61 g/olive), F 1% et N 2% pour 1995 (amélioration de l'ordre de 27%). Les autres traitements ont donné des valeurs plus faibles mais largement supérieures à celles du témoin. Quant à l'année 1996, considérée comme année "moins", l'effet de l'urée s'est traduit par une diminution du poids moyen des olives. La baisse la moins importante est obtenue par le traitement N 2%, engendrant une diminution de 4,5% par rapport au témoin. Enfin, concernant le calibre du fruit (longueur et largeur) et la qualité des olives, appréciée par le pourcentage de chair, les valeurs obtenues en 1994, montrent que le traitement F 0,8% est celui qui donne également les fruits les plus longs, alors que l'application de l’urée à la dose de 0,6% fournit les olives les plus charnues. Le poids moyen des fruits est aussi amélioré par ce traitement N 0,6%. D - Effets de l'urée sur l'allongement de la pousse printanière L'effet de l'urée sur la croissance végétative a été évalué en mesurant l’allongement de la pousse en fonction des traitements. La longueur finale de la pousse est portée au Tableau V. Tableau V: Effets de l’urée sur la croissance végétative Longueur finale de la pousse printanière (cm) 1994 Variation par rapport au Témoin % T F 0, 6 % 12 11,4 11,7 9,7 13 -5 -2,5 -25 +8,3 T Longueur finale de la pousse printanière (cm) 1995 Variation par rapport au Témoin % Longueur finale de la pousse printanière (cm) 1996 variation par rapport au Témoin % F1% F 0, 8 % N 0, 6 % F2% N1% N 0, 8 % N2% 13 15,6 14 13,6 -10 +7,6 -3,4 -6,2 14,2 13,9 14,4 13,9 +4,41 +2,2 +5,8 +2,2 14,5 13,6 L'effet de l'urée sur la croissance végétative s'est traduit globalement par la réduction de la longueur finale de la pousse printanière chez les 34 arbres traités. Ce résultat n'est cependant pas généralisable puisque l'année 1996, considérée comme année "moins" pour les paramètres fructifères et le poids des fruits, a été favorable pour la croissance végétative. Par ailleurs, le traitement N 0,8% appliqué en 1994, ainsi que tous les traitements de 1996, ont occasionné une augmentation de la pousse variant de 2,2% à 8,3% (N 2%). IV - Discussion et Conclusion La pulvérisation foliaire de l’urée à différents stades phénologiques de l’olivier « Meski » depuis la floraison jusqu’à la sclérification du noyau, a affecté les paramètres fructifères, de production et la croissance végétative. La réponse de la plante à cet effet a varié selon la dose et le stade d’application de l’azote foliaire, comme l’on déjà rapporté Klein et Weinbaun (1984) et Baratta et al. (1989). L’effet de l’urée durant l'année 1994, sur les pourcentages de nouaison, de sclérification et de maturation, s'est traduit par une augmentation importante, particulièrement par les applications F 0,8% et N 0,8%. En effet, l’urée appliquée à la floraison à la dose de 0,8%, a augmenté le pourcentage de nouaison de 18,3%, alors que le traitement N 0,8% a amélioré les pourcentages de sclérification et de maturation de 60% et de 100% respectivement. Ce même traitement a occasionné une baisse de la chute des fruits de l'ordre de 10%, qui s’est traduite par un nombre plus élevé de fruits mûrs. Pendant l’année 1995, les traitements à l’urée ont augmenté les pourcentages de nouaison, de sclérification et des fruits restants jusqu'à maturité, respectivement de 16,7% (F 1%), de plus de 100% (F 1% et N 2%) et d'environ 10% (N 2%). En 1996, considérée comme année "moins" et contrairement aux années précédentes, les applications d'urée ont provoqué une baisse des pourcentages de nouaison (de plus de 50%), de sclérification et de maturation lorsque ces deux derniers sont rapportés à la floraison. Rapportés à la nouaison, ces paramètres augmentent sensiblement et particulièrement par les traitements "N 1% et N 2%" (amélioration de 40% environ). Pendant l'année 1997, l'urée a induit de nouveau une augmentation des pourcentages de nouaison, de sclérification et de maturation. Les meilleurs traitements ont été F 1% (amélioration de la nouaison de plus de 21%), N 1% et N 2% avec une augmentation variant de 26% à 29% pour la sclérification et de 35% à 47% pour la maturation. Enfin, signalons pour cette même année 1997, l'effet particulièrement dépressif du traitement F 2% sur l'ensemble des paramètres étudiés. 35 Ces résultats bien que variant d'une année à l'autre et en fonction des doses et de l’époque de traitement, corroborent ceux de Boujnah et Hellali (1994), de Merzougui (1986) et de Miladi (1989) qui ont constaté dans les conditions de leurs expérimentations, d’une part une amélioration par l’urée du pourcentage de nouaison et d’autre part une diminution de la chute des fruits. Ces constatations s’expliqueraient par la disponibilité d’une quantité plus importante d’azote, d’autant plus que l’urée est rapidement assimilée. Ceci a pour effet d’activer la division des cellules et la migration de l’azote vers les inflorescences et les fruits ; ce qui se traduit au niveau des processus physiologiques par une diminution de la compétition entre les différentes parties de l’arbre et en particulier les fruits, conduisant ainsi à une meilleure production (Bouat, 1964 ; Klein et Weinbaun, 1984). A cet effet et en évaluant l’impact de l’urée sur les paramètres de production et la pomologie du fruit, les résultats ont montré que l’urée agit favorablement sur le rendement moyen par arbre et le poids moyen des olives. En effet, appliquée en 1994, l’urée a augmenté le poids des fruits pour l'ensemble des traitements et d'environ 23% pour F 0,8%. En 1995, l'amélioration a augmenté davantage pour atteindre 27% pour les traitements F 1% et N 2%. Quant à la production, celle-ci a été doublée par le traitement N 2%, considéré comme étant le plus favorable aussi bien en 1996 qu'en 1997. Ces résultats rejoignent ainsi ceux de Boujnah et Hellali (1994), lesquels ont constaté une amélioration significative du poids des rée à la sclérification du noyau. u’l à seétiart « Picholine »olives L’amélioration occasionnée par leurs traitements a été de 11,6% pour une dose de 1% d'urée et de 15,7% pour une concentration de 2%. Quant à l’effet de l’urée sur le pourcentage de chair et la proportion moyenne du noyau par rapport à l’ensemble du fruit, les résultats montrent que le meilleur traitement est N 0,6% (1994), conduisant à des fruits d’une meilleure qualité, avec un poids et un pourcentage de chair plus élevés. Ces caractéristiques sont particulièrement recherchées chez l’olive de table. Enfin, concernant l’effet de l’urée sur le calibre des olives en 1994, les résultats ont montré que l'urée a stimulé la longueur du fruit, confirmant de ce fait les observations de Rejeb et al. (1989) et Ben Abdelaali (1987) et Miladi (1989), lesquels ont observé une amélioration du calibre et une augmentation de la production suite au traitement à l’urée et d'autant plus que celle-ci est appliquée sur plusieurs années. Concernant l’effet de l’urée sur la croissance végétative, évaluée par la mesure de l’allongement de la pousse printanière, il s’est traduit globalement par un ralentissement de la croissance engendrant une réduction de la longueur finale de la pousse. Cependant, pour l’année 1994, le traitement N 0,8% a fait exception puisqu'il a stimulé le développement 36 végétatif et ce aux différentes dates de mesures (effectuées entre Mai et Septembre). Son effet a été d’autant plus marqué que l’on s’est rapproché de la fin du mois de Septembre, donc de la fin du cycle végétatif. Pour l’année 1995, la réponse de la plante à l’urée s’est aussi traduite par une réduction de la longueur de la pousse sauf pour F 2 %, occasionnant une augmentation de 7,6 %. Enfin, l'urée appliquée en 1996, considérée comme année "moins" pour les paramètres fructifères, a amélioré la croissance dans des proportions variant de 2 % à 6 %. Ces résultats variant au sein d’une même année tantôt par un effet dépressif de l’urée sur la croissance, tantôt par une stimulation de la pousse, corroborent d’une part ceux de Gautier (1973), de Rejeb et al. (1989) et de Boujnah et Hellali (1994) qui rapportent un effet stimulateur de l’urée sur la croissance végétative à des doses variant de 2% à 2,5% et d’autre part les résultats de Klein et Weinbaun (1984) qui ont observé une réduction de la croissance végétative sur olivier « Manzanilla » traitée à 2% d’urée. En conclusion, on peut dire que l'application N 2% de l'urée, correspondant à deux pulvérisations foliaires, à la nouaison et à la sclérification du noyau, à la dose de 2% a été la plus favorable, car elle a amélioré la production par arbre et le poids moyen de l'olive. Elle a également stimulé le maintien d'un nombre plus élevé de fruits sur l'arbre, en affectant simultanément les pourcentages de nouaison et de maturation, qui ont augmenté et la chute des fruits qui a diminué. Par ailleurs, ce traitement n'a pas eu d'effet dépressif important sur la croissance végétative. Références bibliographiques - BARATTA B., CARUSO T., CRESCIAMANNO P.L. and INGLESE P., 1989. Using urea as thinning agent in olive: the influence of concentration and time of application. Olea 20, septembre 1989. - BOUAT A., 1964. L’analyse foliaire et L’olivier. Coll. Europ. pour le Cont. de la Nutr. et de la Fert. Min. des plantes méditerranéennes. Montpellier (France), 253-264. - BEN ABDELAALI N., 1987. Amélioration de la production du Poirier (Pyrus communis L.) « Dr Jules Guyot » par pulvérisations foliaires d’urée et de GA3 dans la Basse vallée de la Medjerda et à Borj-El-Amri, Mémoire de Spécialisation de l’INAT, 171 p. - BOUJNAH D. et HELLALI R., 1994. 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