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De nombreux éléments frappent dans le conflit russo–tchétchène :
la résistance tchétchène, la disproportion des forces,
l’extrême violence contre les civils,
l’obstination des dirigeants et de l’armée russes,
alors que les enjeux stratégiques sont désormais ailleurs.
A cela s’ajoute le mutisme des dirigeants occidentaux.
(d'après "le Dessous des Cartes" – mai 2004)
l'Implosion soviétique
En 1991, la fin de l'URSS libère les anciennes républiques soviétiques
en leur accordant l'indépendance.
les Mouvements séparatistes dans la Fédération de Russie
À l'intérieur de la fédération de Russie, quatre républiques autonomes,
dont la Tchétchénie-Ingouchie,
réclament leur souveraineté,
au même titre que les autres ex-républiques soviétiques
telles que la Géorgie, l’Arménie ou l’Azerbaïdjan.
les Revendications tchétchènes
Djokhar Doudaïev, un ancien général soviétique tchétchène, est élu président en octobre 1991.
Il proclame l'indépendance de la république caucasienne,
porté par un peuple qui garde dans sa mémoire deux siècles de résistance.
En revanche, pour l'administration russe, dont Eltsine a pris la tête, en 1991,
les enjeux régionaux sont trop importants pour céder aux revendications tchétchènes.
l'Évacuation du pétrole de la Caspienne
En 1991, commencent de grandes manœuvres pour l'évacuation du pétrole de la Caspienne :
soit par l'Iran, soit par la Turquie, soit par l'Afghanistan
ou soit par le réseau russe dont la Tchétchénie est traversée puisqu’un gazoduc
et d'un oléoduc entre la Caspienne et la mer Noire passe sur le territoire tchétchène.
l'Enjeu géostratégique du Caucase
Moscou veut éviter tout vide de puissance sur ses frontières sud.
Par conséquent, la Russie cherche à préserver :
l'Enjeu géostratégique du Caucase
- l'héritage des conquêtes impériales du XIXe siècle,
- le patrimoine soviétique, à travers ses bases militaires ;
- les accords de défense régionaux,
- ses intérêts économiques ;
- et la sécurité des civils russes vivant dans le Caucase.
la Stabilité régionale
Les incertitudes de la transition profitent aux trafics mafieux
et au développement de l'islam politique que la Russie cherche à éradiquer.
Face à ces menaces, la Russie a déployé ces garde-frontières au Sud de la Fédération
et reste présente militairement dans la zone tampon que forment
la Géorgie, l’Arménie, et l’Azerbaïdjan.
la Stabilité régionale
Par conséquent, dans la logique russe,
il est hors de question de s'accommoder des ambitions indépendantistes tchétchènes.
De plus, la Russie craint la désintégration de sa fédération.
la Première guerre de Tchétchénie
Pendant l'été 1994, la situation politique à Grozny s'envenime.
Elle oppose Doudaiev et ses partisans indépendantistes,
aux parlementaires pro-russes que le Kremlin soutient.
la Première guerre de Tchétchénie
Moscou instaure un blocus économique et aérien
et mène des campagnes de désinformation et des attentats
visant à déstabiliser la présidence locale.
Le 11 décembre 1994, les Russes lancent finalement une opération militaire
destinée à "restaurer l'ordre fédéral".
l'Avancée des Russes
Au terme d'un mois de bombardements intensifs, Grozny tombe le 9 février 1995.
Les troupes russes (en jaune sur la carte) s'avancent dans le pays
et conduisent la résistance tchétchène (en vert sur la carte)
à se replier dans les montagnes.
Fin avril, Doudaiev est tué par les Russes qui contrôlent bientôt toute la plaine.
la Victoire tchétchène
La situation rebondit en août 1996 quand le général tchétchène, Maskhadov,
prend Grozny d'assaut et plusieurs milliers de soldats russes en otage.
Le pouvoir russe est donc contraint de négocier un accord de paix
le 31 août, à Khassaviourt au Daghestan,
signant la victoire de quelque 5 000 résistants tchétchènes face à l'armée russe.
Bilan de la première guerre
La guerre a fait environ 100 000 morts, soit près de 10 % de la population tchétchène.
Il faut ajouter à cela, la présence de près de 200 000 réfugiés (en vert sur la carte)
au Daghestan et en Ingouchie.
En deux ans, plus d'un tiers de la population de Tchétchénie est tuée ou déplacée par cette guerre.
La capitale Grozny est détruite et vidée de sa population, et l'économie est dévastée.
l'Oléoduc de contournement
La Tchétchénie ne peut pas compter sur l'aide des Russes,
ni sur les dividendes du passage de l'oléoduc pour rétablir sa situation économique.
Pour réduire leur dépendance au territoire tchétchène,
les Russes construisent un oléoduc de contournement.
l'Oléoduc de contournement
Quant aux compagnies américaines,
elles choisissent le tracé entre Bakou et Ceyhan via Tbilissi pour exporter le pétrole de la région.
De plus, la situation n’est pas encore totalement fixée pour les Tchétchènes
puisque l'accord de paix signé entre les deux partis
ne fait que suspendre la situation de la souveraineté jusqu'au 31 décembre 2001.
la Montée de l’islam radical
La non résolution des revendications séparatistes favorise l’émergence d’un islam radical wahhabite,
plus conservateur que l'islam traditionnel soufi.
Les wahhabites s'organisent en force d'opposition politique armée,
ils affaiblissent l'autorité du nouveau président Aslan Maskhadov et de son équipe
qui ne parviennent pas à enrayer la criminalité.
la Montée de l’islam radical
On assiste à la multiplication des trafics mafieux,
à celle des enlèvements politiques et crapuleux.
les Causes de la deuxième guerre en Tchétchénie
Le wahhabisme et la criminalité vont servir de mobiles à l’armée russe
pour lancer une deuxième intervention en Tchétchénie à partir de 1999.
les Causes de la deuxième guerre en Tchétchénie
Le 4 août 1999, des unités islamistes daghestanaises stationnées en Tchétchénie
franchissent la frontière avec l'aide d'islamistes tchétchènes.
Elles prennent le contrôle de quelques villages avec l'intention
de faire du Daghestan un "État islamiste indépendant".
Maskhadov condamne aussitôt l'intervention.
la Deuxième guerre de Tchétchénie
Le 9 août, Vladimir Poutine devient Premier ministre
et déclare qu'il s'agit d'une agression délibérée des Tchétchènes contre la Russie.
De plus, en septembre, trois attentats à Moscou font des centaines de morts.
la Deuxième guerre de Tchétchénie
Les dirigeants tchétchènes sont désignés coupables sans preuve ni procès par Poutine,
qui déclare la guerre totale contre les "terroristes" Tchétchènes,
et ce avec le soutien de l’opinion publique russe sous le choc des attentats.
Une guerre "hors du Droit"
30 000 soldats russes positionnés prennent le pays en étau par la moitié nord.
Dès la fin du mois d'octobre, ils sont 50 000 à se diriger vers Grozny.
La reprise de la guerre se fait d’une manière non conventionnelle,
menée à huis clos, autant par l'armée que par le FSB, les services secrets russes.
Une guerre "hors du Droit"
Mais, la Russie ne respecte pas le droit de la guerre.
La terreur et la persécution touchant les populations civiles relèvent du crime de guerre.
Alors, pourquoi la Russie s’acharne-t-elle autant ?
Contrairement à la situation qui prévalait lors de la 1re guerre,
la Tchétchénie ne représente plus d'intérêt stratégique,
ni pétrolier, ni de risque d'éclatement de la fédération,
ni de contagion islamique.
Les raisons invoquées par Moscou sont connues :
il y aurait d'abord la lutte anti-terroriste,
et évidemment, le 11 septembre favorise cette crédulité ;
et deuxième motif, la lutte contre l'islamisme.
Les deux sont liés, mais…
1er amalgame, contrairement au mouvement Al Qaida
dont les actions sont globales,
l'indépendance de la république tchétchène,
est le seul objectif du terrorisme tchétchène.
2e amalgame, celui des Tchétchènes
avec des fondamentalistes musulmans.
Or, l'islam mobilise bien moins la population tchétchène
que le combat national.
L'islamisme est minoritaire et exprime plutôt
la détresse des jeunes et le désespoir des combattants.
Alors pourquoi une telle obstination russe dans cette guerre ?
D'abord, il y a les défaites et l'humiliation
qui dépassent les cercles militaires.
Défaites en Afghanistan, puis dans la guerre froide,
puis lors de la première guerre de Tchétchénie en 1996.
Ensuite, il y a la perte de l'empire heurtant le nationalisme russe,
et la relance de la guerre en 1999
compense peut-être le deuil de cet empire
en prenant un peu comme une revanche sur l'Histoire.
Il y a aussi le profit financier qu'en tirent ensemble
militaires, hommes d'affaires et mafias russes ou tchétchènes.
Et bien sûr, le profit politique qu'en tire Poutine,
les mesures d'exceptions donnant les pleins pouvoirs à l'exécutif.
Face à cela, les gouvernements occidentaux sont muets :
la Tchétchénie est "une affaire intérieure russe",
et il y a de toute façon des enjeux bien plus importants,
comme l'exploitation du gaz et du pétrole,
comme l'élargissement de l'Otan ou de l'Union européenne
aux portes même de la Russie.
La focalisation du nationalisme russe sur ce petit territoire
laisse tout le monde libre d'avancer sur ces autres questions
qui seraient plus importantes.
Mais ce silence des États formant la communauté internationale
a quelque chose de révoltant.
Les Tchétchènes n'ont aujourd'hui aucune raison d'espérer,
à moins que le droit international ne prévale,
ou que les opinions publiques ne se mobilisent.