Extrait de synthèse-DDASS du Nord-Bientraitance du - Scribe-net
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( Pour exemple - Extrait de synthèse Scribe-net ) « ASSISES DÉPARTEMENTALES DE LA BIENTRAITANCE EN FAVEUR DES PERSONNES ÂGÉES » Synthèse des débats Lille, le 15 juin 2009 S om m a i r e Accueil ................................................................................................................................. 3 • Luc HOSSEPIED, Journaliste Ouverture ............................................................................................................................. 3 • Valérie LÉTARD, Secrétaire d’Etat à la Solidarité L’action de la DDASS du Nord en matière de promotion de la bientraitance des personnes âgées dépendantes ................................................................................... 8 • Pierre PRUEL, Directeur Départemental des Affaires Sanitaires et Sociales du Nord Le point de vue de l’autorité judiciaire sur la maltraitance des personnes âgées.......... 9 • Vincent LESCLOUS, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Valenciennes Le « 3977 » dans le Nord..................................................................................................... 9 • Claude MURIGNIEUX, Président de l’Association Alm’Age • Bernard DUPORTET, Président de l’Association Française pour la Bientraitance des Aînés et adultes Handicapés (AFBAH) Échanges avec la salle.......................................................................................................11 Table ronde « La bientraitance dans les établissements et services médico sociaux pour personnes âgées dépendantes : quelles réalités au quotidien ? »..........13 • Ruth BARROS, Infirmière coordonnatrice, Service de Soins Infirmiers A Domicile SSIAD) « Centre Barrois », Fournes-en-Weppes • Annie CARLIER, Aide-soignante, Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes « Résidence Obert », Wambrechies • Françoise OUACHÉE, Représentante des familles au conseil de vie sociale, EHPAD « Notre Dame d’Espérance », Lille • Frédéric KNOCKAERT, Infirmier coordonnateur, EHPAD « Villa Senecta », Bavay • Dr. Françoise KASZTELAN, Médecin coordonnateur, EHPAD « Les Flandres » et EHPAD « Les Acacias », Tourcoing • Richard MATUSZEWSKI, Directeur EHPAD « Résidence de l’Abbaye », Solesmes Échanges avec la salle.......................................................................................................18 Clôture ................................................................................................................................24 • Pierre PRUEL Accueil Luc HOSSEPIED, Journaliste Bienvenue pour une après-midi de réflexion autour de la bientraitance, afin de partager des pratiques positives, et peut-être reconduire des expérimentations. Madame Valérie Létard, merci d’ouvrir cette séance des Assises départementales du Nord. Ouverture Valérie LÉTARD, Secrétaire d’Etat à la Solidarité Mesdames, Messieurs, comme vous pouvez l’imaginer, c’est pour moi un grand plaisir d’être parmi vous aujourd’hui à Lille, pour ouvrir ces premières Assises départementales de la bientraitance en faveur des personnes âgées. Lorsque j’ai pris l’initiative de ces premières Assises départementales dans le cadre de l’opération de bientraitance des personnes âgées accueillies en établissement, je ne doutais pas qu’elles répondaient à une forte attente du public comme des professionnels. Je souhaite partager avec vous l’ampleur de l’implication des acteurs locaux et en premier lieu des préfets et des DDASS qui organisent ces assises. Ainsi, d’ici la fin du mois, ces Assises auront été tenues dans plus de la moitié des départements. Les autres se dérouleront dès la rentrée. Je suis tout particulièrement sensible à la mobilisation et à la réactivité des services de l’Etat dans le département du Nord, dont les Assises se tiennent parmi les premières et soyez-en remerciés chaleureusement. Le succès des Assises tient à la justesse de la cause. La maltraitance est inadmissible. Elle l’est d’autant plus quand la personne concernée est âgée, vulnérable et qu’elle peut difficilement réagir, encore moins s’opposer. L’opération de bientraitance s’adresse en priorité aux personnes qui souffrent, les personnes âgées victimes ; elle s’adresse aussi aux personnels, qui sont à leur service, lorsqu’ils sont confrontés à ces situations de crises qu’ils ne sont pas ou plus en mesure de résoudre. Aujourd’hui, 15 juin, c’est aussi la Journée mondiale contre la maltraitance des personnes âgées. Journée lancée en 2006, à l’initiative du réseau international pour la prévention de la maltraitance des adultes âgés. Il était donc tout à fait opportun d’organiser notre séance aujourd'hui même. La création de cette journée traduit l’inquiétude de nos sociétés à l’égard de la maltraitance dont peuvent devenir victimes nos aînés. Elle a pour but de sensibiliser l’opinion publique, sur un phénomène inacceptable et jusqu’à récemment tabou. Elle vise aussi et surtout à dénoncer et condamner collectivement ces situations. Cette journée est un appel à chacun d’entre nous pour se mobiliser et pour mettre en commun nos énergies et nos initiatives afin de promouvoir la bientraitance. C’est justement ce que vous ferez tout au long de cette après-midi de réflexion et de propositions, que je souhaite bien sûr riche et intense. Je dis avec force et conviction que le droit au respect des personnes âgées fonde notre pacte générationnel. C’est pourquoi la promotion de la bientraitance est au cœur de l’action menée par le gouvernement, en faveur des personnes âgées à domicile comme en établissement. Cette bientraitance est une démarche collective pour assurer le meilleur accompagnement possible pour la personne âgée, dans le respect de ses choix, et l’adaptation à ses besoins. C’est une démarche qui concerne chaque citoyen. Elle interroge notre image des personnes âgées, nos comportements, nos organisations, nos modes de financement, nos modes de fonctionnement, nos pratiques professionnelles. Aujourd’hui, je voudrais évoquer les aspects qui me paraissent essentiels : assurer les conditions idéales à la promotion de la bientraitance. En premier lieu, promouvoir la 3 bientraitance suppose de lever les tabous de la maltraitance des personnes âgées. C’est ce que j’ai voulu faire en février 2008, en lançant le 3977. Ce numéro d’appel national unique qui permet aux victimes, mais aussi à tout citoyen, de signaler des cas de maltraitance dont il a connaissance. Ce numéro est relayé nationalement, par des campagnes de communication régulières. La dernière a eu lieu en mai, dans les établissements. Après 18 mois de fonctionnement, le pari est en passe d’être gagné. Les victimes et plus largement les témoins prennent la parole. Ils peuvent s’adresser à un dispositif efficace, opérationnel, qui enregistre les signalements et les prend en compte localement. Aujourd’hui, le 3977, ce sont plus de 160 appels par jour, pris en charge par l’Association française pour la bientraitance des aînés et/ou handicapés, l’AFBAH. Monsieur Duportet, son Président, et par des plateformes locales qui prennent en charge des signalements, comme celles d’Alm’Age, dont je salue également le Président, Monsieur Murignieux. Grâce à l’action conjuguée du 3977, de ses deux associations et de leurs bénévoles, la maltraitance des personnes âgées et des personnes handicapées est désormais un phénomène visible et reconnu. Les cas signalés sont pris en compte. De plus, la connaissance des situations des victimes et des auteurs, est de nature à améliorer les actions de prévention à développer. En deuxième lieu, promouvoir la bientraitance implique d’organiser une vigilance de proximité. Dans chaque département, les services de l’Etat disposent d’un référent bientraitance, chargé notamment du recueil et des traitements des plaintes, ainsi que du suivi des contrôles des établissements. Les contrôles sont principalement à but de prévention du risque de maltraitance. Dans le cadre de l'opération de bientraitance, j’ai demandé qu’ils soient effectués, dans 80 % des cas, de façon inopinée. Je sais, Madame le Préfet, que dans le Nord, vous avez atteint un taux de 90 % et je pense que c’est un gage de meilleure efficacité. J’ai eu l’occasion de le dire : il ne s’agit pas de piéger les établissements, mais simplement de veiller qu’à tout moment, une personne âgée a droit au respect de sa dignité. Et à tout moment, l’état est là pour le contrôler afin de le garantir. Très vite, les services déconcentrés disposeront d’un nouvel outil, avec l’enquête flash, qu’ils pourront utiliser dès l’été, pour des contrôles restreints. Par ailleurs, je salue l’initiative du Conseil général du Nord, qui a mis en place un observatoire départemental, des maltraitances en direction de l’ensemble des personnes vulnérables, dont les personnes âgées et handicapées, et les victimes de violence au sein du couple. Au plan national, un réseau de signalement et de risques d’incidents est organisé selon un protocole formalisé, afin de veiller à une intervention efficace de l’Etat. En troisième lieu, il nous faut promouvoir la bientraitance. Pour ce faire, il faut agir concrètement sur les pratiques professionnelles. Cela suppose des référentiels de qualité, partagés. C’est tout le travail de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (l’ANESM). La recommandation bientraitance en constitue le socle. Ce socle est enrichi régulièrement de nouvelles recommandations, comme celles sur l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, et prochainement, celle sur le rôle de l’encadrement dans la prévention de la maltraitance. Agir concrètement, c’est aussi donner des outils aux acteurs. C’est ce que fait le Comité national de vigilance et de lutte contre la maltraitance, le CNV, que je préside, au travers du Guide de gestion des risques de maltraitance en établissement, adopté lors de sa dernière séance, le 4 novembre dernier. Et bientôt, du Guide de gestion du risque de maltraitance à domicile, à destination des services. Enfin, promouvoir la bientraitance, c’est former le personnel et valoriser les métiers du grand âge. C’est pourquoi j’ai proposé le dispositif de formation opérationnel qui concernera tous les personnels au contact des résidents, soit 250 000 personnels d’ici à trois ans. Les premiers cadres seront formés à La trousse MobiQual, élaborée sous l’égide de la Société française de gérontologie et de gériatrie et adaptée aux recommandations de l’ANESM dès 4 l’automne. A la suite, ils disposeront d’un Kit d’animation destiné à animer une journée de mobilisation dans chaque établissement. Les professionnels se verront proposer des formations adaptées, dont le cadre sera défini en partenariat entre les organismes collecteurs de la formation professionnelle et les fédérations. C’est au total un coût de dispositif qui est évalué à 132 millions d’euros. Développer une culture de la bientraitance, c’est aussi valoriser les métiers du grand âge. A l’horizon 2015, vous le savez, les effets démographiques ajoutés aux départs en retraite nous conduisent à recruter 400 mille personnes pour s’occuper des personnes âgées et handicapées. Et pourtant, les jeunes hésitent aujourd'hui à s’engager dans ce secteur. C’est tout l’objectif du plan actuellement expérimenté dans trois régions dont la vôtre. L’Etat apporte 8 millions d’euros aux régions expérimentatrices, pour amplifier leur action. L’Etat et la région Nord-Pas-de-Calais ont décidé en 2009, de conjuguer leurs efforts, et de mutualiser les financements, pour accompagner le développement des métiers de la dépendance, avec trois objectifs : répondre aux besoins croissants d’emploi, faciliter l’accès à la qualification, la mobilité et la promotion professionnelle, et renforcer la professionnalisation des services. Ces objectifs sont indissociables de la promotion de la bientraitance. La région Nord-Pas-deCalais, par exemple, se trouve, dans le cadre de son dispositif, avec une enveloppe équivalente à 6 millions d’euros, avec en fait, par cette mutualisation de moyens, et surtout une intervention de la CNSA – ce qui n’est a priori pas le cas dans les autres régions – de valoriser un budget qui aurait été entre 1 et 2 millions d’euros et de le passer à 6 millions, avec une aide de la DDTE qui représente à peu près 1 million d’euros et 2,7 millions d’euros supplémentaires de la CNSA, plus les organismes collecteurs qui accompagnent la démarche. Tout ceci pour dire que nous essayons vraiment de modéliser cela pour être plus proches du terrain, travailler avec les fédérations, repérer les besoins de chaque région, et de mobiliser des crédits beaucoup plus ambitieux que ce qui ne serait le cas, si nous n’avions affaire qu’à des crédits de droit commun, en fait, de l’institution compétente dans le domaine. A la fin de cette année, nous aurons normalement la capacité d’évaluer ces trois régions avec leurs spécificités et voir comment généraliser cette dynamique de mutualisation autour d’un plan des métiers adapté aux besoins de chaque région. Ces démarches d’amélioration de la qualité du dispositif et des pratiques s’appuient, bien évidemment, sur la consolidation des moyens financiers des établissements en 2009. C’est pourquoi le Gouvernement renforce les moyens en personnels soignants des établissements et les trois millions d’euros supplémentaires ouverts en 2009 pour cet axe de conventionnement tripartite permettent le recrutement de dix mille emplois soignants supplémentaires, au titre de la médicalisation et donc, de la signature de ces conventions. Le gouvernement soutient également la restructuration et la remise en sécurité des locaux, au travers des 330 millions d’euros d’aide à l’investissement qui sont identifiés sur le budget de 2009. Ces 300 millions sur les moyens humains pour les établissements qui fonctionnent déjà, viennent s’additionner aux 300 millions de l’année 2008. En fait, nous avons débloqué 20 mille emplois soignants supplémentaires, non pas pour de nouveaux établissements, mais pour ceux qui fonctionnent déjà. C’est l’effort que nous avons souhaité mettre en place pour accompagner ce renforcement nécessaire des personnels soignants, sur lequel nous allons continuer l’effort. Comme vous le constatez, l’Etat souhaite être tout à la fois présent pour donner la parole aux victimes ou témoins, organiser la vigilance au travers de contrôles, mais aussi pour accompagner les professionnels, les établissements, les services, pour améliorer leurs pratiques. C’est le message que je livre aux services de l’Etat et je connais l’engagement des services du Nord pour accompagner l’amélioration continue de la qualité dans les établissements du département. L’Etat est engagé, mais il faut aller plus loin, plus près des besoins des personnes âgées. Aller au plus près des besoins, c’est organiser la mobilisation 5 locale des acteurs, au travers des Assises départementales. La mobilisation locale est une condition nécessaire à la promotion de la bientraitance. Comme je l’indiquais en commençant, cinquante départements auront réalisé leurs assises départementales d’ici la fin juin. Cela a du sens. Que toutes les préfectures, en lien avec les conseils généraux, au même moment, réunissent les acteurs locaux de la prise en charge des personnes âgées, qu’ils affirment leur refus de la maltraitance, qu’ils réfléchissent ensemble au contexte et aux problématiques locales et qu’ensemble, ils se mettent d’accord sur leurs prochaines priorité. Support à la sensibilisation et à la mobilisation des acteurs de la salle autour des personnes âgées, ces Assises sont un temps commun aux acteurs, pour partager les enjeux de territoire des populations et des acteurs, et élaborer une politique efficace de promotion de la bientraitance. La richesse des programmes illustre la diversité des enjeux, propres aux différents territoires. Certains départements centrent leurs travaux sur les signalements ou la prévention des risques, quand d’autres élargissent leurs travaux au champ du handicap ; certaines Assises sont orientées vers les professionnels, d’autres sont ouvertes au grand public. Autant de situations locales, autant d’approches. Les travaux s’annoncent riches en initiatives et expériences opérationnelles. Elles ne sont pas une action isolée. La dynamique engagée ou amplifiée pour les départements qui sont en pointe se poursuivra d’ici la fin de l’année, par des ateliers interrégionaux. Organisés par l’ANESM ou avec le concours des partenaires locaux, ces ateliers pratiques, destinés à favoriser les démarches d’amélioration continue des pratiques, concerneront plus de cinq mille professionnels. Un atelier se déroulera à Lille. J’organiserai ensuite, d’ici la fin de l’année 2009, une manifestation nationale dans le cadre des travaux du Comité national de vigilance et de lutte contre la maltraitance, qui mutualisera les bonnes pratiques locales. Je ne suis pas de celles qui pensent que les territoires sont le simple relais des politiques nationales ; je suis de celles qui croient à l’Etat, bien sûr, mais qui croient tout autant à l’initiative locale. C’est dans l’articulation entre le niveau national et l’échelon local que se font la richesse et la pertinence d’une politique. C’est pourquoi, dès que mon agenda me le permet, je tiens à participer à ces Assises. J’ai demandé que les services de l’Etat me tiennent informée sur les travaux menés dans chaque département, afin de disposer d’une synthèse nationale. Il s’agit en priorité d’identifier ces bonnes pratiques pour les mutualiser. Elles seront présentées dans le cadre de ce CNV, qui pourra assurer leur diffusion auprès des autres départements. Ainsi, chacun pourra utilement enrichir sa réflexion et ses pratiques des expériences des autres. Si ces travaux font remonter des besoins particuliers d’accompagnement de la part de l’Etat, vous pouvez compter sur moi pour compléter le dispositif national de promotion de la bientraitance. Des pistes de réflexion intéressantes se dégagent d’ores et déjà. Les signalements et les suites données, un exemple en Creuse, avec un guide départemental du signalement, des situations de maltraitance à domicile et en établissement, concernant les majeurs vulnérables. L’amélioration continue de pratiques professionnelles et la formation. Un exemple dans le Haut-Rhin, avec un dispositif de formation composé de différents kits pratiques à destination du directeur, du médecin coordonnateur et du cadre soignant. La prise en compte de la maltraitance à domicile, un exemple dans le territoire de Belfort, qui s’engage dans une convention de formation avec le CNSA. Ce ne sont bien sûr que des exemples, mais qui vous montrent comment, en allant chercher encore une fois sur le terrain toutes ces initiatives, nous allons pouvoir contribuer à améliorer et à mutualiser toutes ces ressources. Pour le Nord, votre programme confirme ces préoccupations. J’écouterai attentivement la présentation des données de la maltraitance dans le Nord, par Messieurs Duportet et Murignieux. Derrière chaque appel, une personne est en souffrance : victime, témoin, voire auteur. La connaissance de la maltraitance est une étape indispensable à sa prise en 6 compte, qu’il s’agisse des situations individuelles, mais aussi de la compréhension des mécanismes de la maltraitance. Gardons en tête que dans 70 % des cas, la maltraitance est négligence. La question des suites données au signalement vient immédiatement après. Comment intervenir de façon adaptée après un signalement ? Bien sûr, la réponse se doit d’être rapide et efficace. Mais, tous les cas de maltraitance ne sont pas identiques et un traitement adapté et gradué paraît nécessaire, tenant compte de la situation de la personne, de l’auteur et de la gravité des faits. C’est pourquoi le point de vue de l’autorité judiciaire, présenté par Monsieur le Procureur Lesclous me paraît essentiel. De même, la convention de partenariat signée entre les parquets de Valenciennes, Cambrai, Avesnes-sur-Helpe et les services de l’Etat mérite une mention spéciale. Sachez que cette question des liens entre les différentes autorités concernées – Conseil général, Direction départementale de l’action sociale, parquet, Inspection du travail – est au cœur de nos réflexions au plan national. Je vois dans vos expériences locales et tout particulièrement celle-ci, un apport très utile à la réflexion. Expérience utile aussi, pour mieux cerner les actions à engager, afin de favoriser des modalités de travail coordonnées entre les autorités chargées du contrôle administratif et les services du parquet pour le traitement des situations de maltraitance. Je ne pourrai malheureusement pas assister à la totalité de votre table ronde sur « Bientraitance dans les établissements et services médico-sociaux pour personnes âgées dépendantes », mais soyez assurés que je le regrette. Réunir autour d’une même table, les points de vue des familles, des établissements et des services, exprimés par les différents métiers du grand âge – infirmières coordinatrices, médecins coordonnateurs, aides-soignantes ou directeurs – est un gage de débat nourri, dont je ne doute pas de la qualité. Ce plateau est à l’image de ce que je souhaite pour chaque établissement, un débat sur la réalité de la bientraitance, qui implique toutes les personnes d’un établissement, ainsi que le Conseil de vie sociale. C’est l’objet du questionnaire d’auto-évaluation que les établissements doivent renseigner d’ici au 30 juin. J’ai demandé, en octobre dernier, à l’ANESM d’élaborer un outil permettant, chaque année, aux établissements d’élaborer collectivement un diagnostic bientraitance. A partir de repères et d’indicateurs concrets, il permet aux équipes des établissements de s’interroger sur leurs pratiques, d’élaborer un diagnostic bientraitance et de dégager des pistes concrètes d’améliorations de leurs pratiques. L’année suivante, le nouveau diagnostic bientraitance enregistre les évolutions. Il s’agit de mobiliser les professionnels et d’agir concrètement sur les pratiques. Ce diagnostic est soumis à la signature du ou de la président(e) du Conseil de vie sociale, car promouvoir la bientraitance, c’est mettre le résident et ses besoins au cœur des pratiques et des organisations. Mais, c’est aussi donner toute leur place aux résidents et aux familles, dans le cadre de la vie sociale de l’établissement. Je crois au dialogue dans les établissements, entre professionnels et entre les professionnels, les résidents et leurs familles. Ainsi, la bientraitance de nos aînés est partie intégrante de toutes les politiques publiques engagées par le Président de la République et par le gouvernement. En témoignent le plan Alzheimer, la médicalisation des établissements et la signature de conventions tripartites, la création du 3977, l’opération bientraitance ou encore le plan des métiers en faveur des personnes âgées dépendantes, que j’ai lancé en 2008. Il y aura très bientôt un appel à projet sur des unités spécifiques Alzheimer avec des moyens renforcés et adaptés, dès cette année. Autant de dossiers qui vont nous permettre d’accompagner de façon plus qualitative, la prise en charge des plus fragiles d’entre nous. Je sais que cette démarche est au cœur de votre action et, pour cette journée, de nos débats. Vous me permettrez d’abord un dernier point qui me tient à cœur et qui me servira de conclusion : il s’agit des aidants familiaux. De ceux qui accompagnent l’un de leurs proches dans le grand âge et souvent, la dépendance. Une dépendance marquée de plus en plus fréquemment par des troubles liés à la maladie d’Alzheimer. La formation des aidants est une mesure indispensable, qui contribue à la promotion de la bientraitance de nos aînés 7 restés à domicile. Aussi, je suis fière d’avoir porté, devant le Parlement, tout récemment, dans les jours précédents, une mesure législative qui permettra, dès la rentrée, de financer des formations pour ces personnes. La loi ne nous permettait pas de le faire. C’est maintenant chose faite. Je suis tout aussi fière que l’Etat contribue d’ores et déjà, dans le cadre du plan des métiers de la région Nord-Pas-de-Calais, à des actions expérimentales de formation des aidants, qui nous ont permis, d’ailleurs, de servir de base à ce que nous avons proposé dans le cadre du texte HPST. Ces formations des aidants, qui sont formés aujourd’hui, tant pour l’accompagnement de l’autisme que pour la maladie d’Alzheimer. Cette action, à l’initiative du réseau régional de la mémoire Nord-Pas-de-Calais concerne 350 personnes ou familles dont 210 pour l’autisme et 140 pour la maladie d’Alzheimer. Cette action permet aux aidants de comprendre les comportements du malade atteint de ces maladies et, bien sûr, de les prendre en charge de la manière la plus adaptée et de mobiliser les ressources des professionnels, au moment opportun, évitant isolement et épuisement. L’action est en cours de réalisation. Je conclurai donc mon propos avec cette nouvelle illustration du dynamisme du Nord et de la fertilité des partenariats bien compris entre l’Etat et les collectivités territoriales. En cette journée internationale de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, je lance donc un appel pour que la bientraitance soit véritablement une cause de mobilisation intergénérationnelle et qu’elle reste au cœur de notre projet de société, car, comme j’ai pour habitude de le dire, à chaque fois que j’interviens, je pense qu’une société moderne est une société qui n’oublie pas de prendre en charge les plus fragiles d’entre nous et de les mettre véritablement au cœur de leurs projets. Je vous remercie pour votre attention et bon courage pour la tenue de ces travaux. Merci à vous tous. L’action de la DDASS du Nord en matière de promotion de la bientraitance des personnes âgées dépendantes Pierre PRUEL, Directeur Départemental des Affaires Sanitaires et Sociales du Nord Il s’agit bien de l’exercice de droits et de libertés individuelles, mais fondamentales ; de la bientraitance des personnes prises en charge en établissements, services sociaux et médico-sociaux. La loi du 2 janvier 2002 nous dit qu’il faut « garantir l’exercice effectif des droits et prévenir tout risque de maltraitance ». La notion de maltraitance peut-être l’émanation de personnes, mais aussi d’institutions. Une « maltraitance est qualifiée d’institutionnelle si l’institution laisse perdurer ou se reproduire sans réagir ou si elle adopte une réaction inappropriée qui place de fait ou délibérément l’intérêt de l’institution et de ses membres au-dessus de celui de la victime ». Développer une culture de bientraitance, c’est élaborer et diffuser des bonnes pratiques, généraliser l’évaluation. C’est entrer dans une démarche d’amélioration continue de la qualité des prises en charge. Un plan national de développement de la bientraitance et de renforcement de la lutte contre la maltraitance de mars 2007 nous dit qu’il faut améliorer les procédures de signalement, renforcer la fréquence et l’efficacité des contrôles, mettre en place une politique de prévention et de promotion de la bientraitance. L’opération bientraitance d’octobre 2008 nous demande 80 % de contrôles inopinés, de généraliser les démarches d’autoévaluation et de sensibiliser les acteurs. De quels leviers d’action disposons-nous ? D’abord, recruter du personnel qualifié et renforcer les ratios d’encadrement. Nous avons renouvelé les conventions tripartites avec 54 établissements, et injecté plus de 12 millions d’euros pour le recrutement. La DDASS diffuse les bonnes pratiques professionnelles, par le développement de la formation continue, à l’aide de crédits ponctuels spécifiques. Par ailleurs, nous contractualisons pour une démarche qualité en EHPAD, en améliorant les premières conventions tripartites et en demandant aux établissements de garantir le respect des droits des usagers. Nous améliorons également les circuits d’information en cas de fait présumé de maltraitance, à 8 l’aide d’une centralisation du dispositif des plaintes à la DDASS, du protocole national de signalement, enfin d’une convention de partenariat avec les parquets des TGI. Nous réalisons des missions d’inspection et de contrôle sur plainte des usagers ou de professionnels, dans le cadre du Programme national de prévention et de lutte contre la maltraitance, ainsi qu’à l’aide des 90 % des contrôles inopinés. La bientraitance, c’est aussi diffuser, impulser et contribuer à la réalisation de référentiels de qualité. Dans ce cadre, nous avons élaboré une Charte d’adhésion des professionnels de santé médicaux, paramédicaux, libéraux au projet de soins en EHPAD. Nous avons également adressé des questionnaires d’autoévaluation aux établissements. En conclusion, nous menons trois actions en termes de bientraitance : la prévention de la maltraitance institutionnelle, le respect des droits des usagers et l’amélioration continue de la qualité. Le point de vue de l’autorité judiciaire sur la maltraitance des personnes âgées Vincent LESCLOUS, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Valenciennes L’intervention d’un procureur dans un sujet administratif témoigne de la complémentarité entre l’action de l’Etat et celle de la justice. Pour un parquet, s’intéresser à la maltraitance ne va pas de soi ; c’est pourtant indispensable. Notre action en la matière est très technique, ne concerne que très peu de procédures et exige un gros investissement en termes de suivi, de construction juridique, etc. Sur la base du succès de notre politique de logement, le parquet s’est lancé dans la politique de lutte contre la maltraitance des personnes en institution. En début d’année, nous avons signé une convention visant à rapprocher deux univers. Ainsi, je parle d’infractions quand la DDASS parle de circulaires, de protocoles, etc. Nous devons donc trouver un langage commun, calibrer les signalements acceptables pour l’autorité judiciaire et rédigeables pour l’autorité administrative. Ensuite, la justice doit s’engager à un traitement raisonnable de la matière qu’on lui envoie. Une fois le traitement judiciaire terminé, il faut une retombée dans une logique de fertilisation croisée. La DDASS doit récupérer les fruits de son action, la justice doit voir son effectivité améliorée. S’agissant des infractions, c’est l’aspect maltraitance des personnes physiques individuelles qui pose problème. Les infractions sont soit intentionnelles, soit involontaires. La convention a également pour objet de capitaliser les expériences pour les faire redescendre devant les acteurs de terrain, de façon à ce qu’un message de prévention se diffuse par l’intermédiaire de l’administration d’Etat et que vous puissiez être exactement informés de ce qu’il se passe. Les personnels de ces établissements sont exposés, parce que les malades sont difficiles à traiter, les familles exigeantes et peuvent avoir des réactions parfois violentes. Malgré le côté un peu marginal de cette action de politique pénale, nous sommes décidés à nous y impliquer pleinement, même si notre population rencontre des difficultés importantes. J’ai désigné un substitut référent à cet effet. Faites attention à ce que vous faites. Prévoyez votre action en fonction des risques courus par votre personnel, vous-même, vos malades, de façon à agir en professionnel responsable et à parer ce qui doit nécessairement l’être. Le « 3977 » dans le Nord Claude MURIGNIEUX, Président de l’Association Alm’Age Alm’Age est à votre disposition, nous attendons au bout du fil, une personne en souffrance, qui a besoin d’être accompagnée, aidée, pour faire cesser cette souffrance. Ce téléphone est disponible en deux permanences physiques, le lundi matin et le jeudi après-midi, assurées par des bénévoles. La permanence pour libérer la parole et signaler ces 9 maltraitances est libérée grâce au dispositif 3977 mis en place l’année dernière au plan national. Ce tabou existe et survivra ; aussi, il n’est pas facile, pour une personne âgée maltraitée, de le signaler. Le monde du silence règne majoritairement. A 70, 80 %, les maltraitances se passent à domicile. Les territoires comptent beaucoup et leur psychologie propre accentue les différences. Néanmoins, l’on constate un trio infernal en la matière : l’argent, la maltraitance psychologique, enfin la maltraitance physique. Depuis la mise en place de ce numéro national, la parole s’est libérée et l’action est plus efficace au plan local, car la plateforme reçoit et recueille en permanence ces témoignages et ces plaintes. Elle les transmet ensuite aux différents centres départementaux, comme la structure Alm’Age. Aujourd’hui, les appels sont nettement plus nombreux, mais nous pourrions les traiter mieux que nous ne le faisons, faute de disponibilité. Le nombre d’appels a évolué de façon importante. En 2007, nous avions imaginé que nous serions en mesure de maîtriser assez facilement ces appels. Nous avons été tout à fait débordés, pour des raisons diverses : l’augmentation des appels qui correspondent à des situations avérées ou tout au moins supposées ; apparition d’un nombre important d’appels qui ne sont pas directement en rapport avec des situations de maltraitance avérée, mais avec des situations de souffrance. Nous devenons un véritable observatoire de la souffrance et depuis quelques semaines, nous avons pris l’initiative d’établir des liens beaucoup plus étroits avec les autres numéros d’appel de la téléphonie sociale. Il y a dix ans, le pic des personnes concernées se situait autour de 75 à 80 ans. Aujourd’hui, il est entre 85 et 90 ans, ce qui correspond à l’évolution sociologique des résidents dans les établissements et à l’évolution globale de la société âgée. Les enfants directs apparaissent toujours comme des maltraitants supposés « préférentiels ». Mais, il faut faire preuve d’une très grande prudence. Car, ceux qui sont accusés le plus facilement sont ceux qui s’occupent également au quotidien des personnes âgées au domicile. En EHPAD, cette maltraitance existe, essentiellement en termes de négligence dont il faut analyser les causes, et les conséquences. Pour autant, Il ne faut pas voir de la maltraitance partout. D’où l’importance de travailler en collaboration étroite, non seulement avec les services de l’Etat, mais aussi avec les services des collectivités territoriales. Valérie LÉTARD Avec le 3977, nous avons rendu lisible et accessible une main tendue face à une situation qui n’est parfois qu’un simple appel au secours d’une personne à un moment donné isolée, perdue, en situation de détresse par rapport à sa propre réalité. Tous les cas sont loin d’être des maltraitances avérées, physiques. Simplement, il était important d’avoir d’une part, des campagnes d’information, de sensibilisation, essayer de briser le silence. Les violences viennent souvent en premier lieu de la maison. Nous devons en tirer les leçons, le plus d’éléments positifs possible de tout ce qu’il nous remonte par ce numéro. Je ne sais si cela suscite des espoirs ; cela ouvre une porte vers des solutions. Nous avons la capacité d’écouter, d’essayer d’informer, d’orienter, d’accompagner en fonction de chaque réalité. Ensuite, les solutions à apporter à domicile et en établissement sont différentes. S’agissant des établissements, mon souhait est la formation à tous les niveaux de compétences et la capacité à travailler tous ensemble sur cette auto-évaluation, dans une construction partagée d’une bonne évaluation des atouts et des difficultés d’un établissement, dans l’ensemble de ses composantes, avec l’ensemble des acteurs administratifs, soignants et familles. Les questionnaires d’évaluation sont au cœur du dispositif dans les établissements. Ils nous permettront de travailler ensemble. Pour le domicile, je crois beaucoup à la formation des aidants familiaux et au travail partenarial avec tous les services d’aide à domicile. Le 3977 n’est sans doute pas la panacée ; il est vraiment un moyen d’aller beaucoup plus loin et de permettre une lisibilité et un accompagnement vers les bonnes démarches. 10 Echanges avec la salle Bernadette LAURENTY, Directrice EHPAD, Bondues et Mouvaux Madame la Ministre, l’EHPAD de Bondues est en cours d’extension, avec un accord favorable du CROSMS et des autorités, mais sans moyen de fonctionnement. Ainsi, je n’ai pas les effectifs nécessaires à son fonctionnement, ni correspondant au cahier des charges. Pourtant, la loi de février 2005 prévoit l’égalité des chances, le maintien et la continuité de l’accompagnement quel que soit l’âge de la personne. Valérie LÉTARD Cette question nous donne raison sur la partie médico-sociale du texte HPST qui nous permet le décloisonnement entre le sanitaire et le médico-social. Sur la fongibilité asymétrique et la possibilité de faire en sorte que les crédits du médico-social n’aillent jamais vers le sanitaire, mais que les crédits du sanitaire viennent vers le médico-social, c’est là un des premiers combats que nous avons gagné et qui permet, aujourd’hui, que ce soit sur la question de l’autisme, des transformations du SLD en EHPAD, avec des ratios qui doivent nous donner la capacité de transférer les moyens dans l’enveloppe médico-sociale à hauteur du niveau de dépendance de chaque structure qui passera d’une situation à l’autre. D’autre part, vous parliez des enveloppes, des autorisations CROSMS avec les financements qui ne suivent pas. La logique des appels à projets que nous défendons, c’est bien d’en finir avec les avis favorables donnés à des projets qui ne trouveront pas de financement. Chaque autorisation qui sera donnée dans le cadre de cet appel à projet, aura un financement ; puisque ces appels à projet correspondront, d’une part, aux besoins du territoire en termes de titres de structure et d’autre part, à une enveloppe disponible. Avec les commissions d’appels à projets, il y aura des possibilités d’expérimentation encadrées. Ensuite, vous parlez de la barrière d’âge : cette question sera évoquée dans le cadre du texte en préparation sur le Cinquième risque. Les ARS nous y aideront sans doute. Le volet médico-social du texte HPST a deux mesures essentielles : cette fongibilité asymétrique et les logiques d’appels à projets. Avec ces éléments, nous devrions résoudre une partie des éléments évoqués et continuer à faire évoluer les moyens. 920 millions d’euros, bien sûr, ce n’est jamais assez, mais 6,3 % d’augmentation budgétaire, peu de budgets de l’Etat ont évolué de cette façon. Nous devons continuer. Nous comptons sur votre action. Gérer un établissement ou un service d’accompagnement des personnes âgées ou handicapées est certainement ce qu’il y a de plus complexe, de plus difficile. C’est bien pour cela que nous engageons toutes ces démarches de diffusion, au sein de tous les établissements et de tous les services, des bonnes pratiques, pour donner les moyens de la formation, d’encadrement. C’est un ensemble de choses que nous sommes déterminés à faire avancer, avec votre aide, parce que c’est vous qui, au quotidien, faites le plus difficile, certainement, mais le plus formidable, humainement, en accompagnant ces personnes qui méritent de l’être dans les meilleures conditions possible. Nina MUTEBA, Directrice EHPAD, Neuville-en-Ferrain On a parlé de la prise en charge individuelle des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans mon établissement, 15 personnes sont concernées, mais je n’ai pas d’unité Alzheimer formalisée. Après être passé en convention tripartite, j’espérais des moyens supplémentaires pour les prendre en charge. Cela n’a pas été le cas. Luc HOSSEPIED Votre question est donc comment prendre en compte la réalité de la maladie d’Alzheimer, dans une population âgée dont la maladie évolue ? 11 Pierre PRUEL Il y a quelques années, le dispositif ne prenait pas suffisamment en compte la personne. Les conventions tripartites ont permis d’augmenter l’encadrement et la qualité. La maladie d’Alzheimer parmi d’autres a été prise en compte dans ce cadre. Sans doute encore il demeure des améliorations à apporter. Mesurons d’abord le chemin parcouru… vous pouvez cependant continuer à demander plus et souligner les particularités de certaines pathologies. Nous examinons chaque demande et y répondons en fonction de nos moyens. Christophe DOURNEL, Directeur EHPAD, Croix En termes de politique, comment conçoit-on la problématique des personnes issues et institutionnalisées déjà en psychiatrie, pour lesquelles, dès l’enfance, il y a pléthore de structures, qui ensuite évoluent sur des structures plus spécifiques de l’adulte et qui, passé le cap des 60 ans, se retrouvent dans des EHPAD dit généralistes ? Pierre PRUEL Vous posez une question très ancienne. On a connu auparavant les hospices, cela n’était pas si satisfaisant. Les malades mentaux et handicapés très lourds restaient dans les établissements et y demeuraient jusqu’à leur décès. Après, on a hésité entre deux politiques : un principe selon lequel ces personnes atteignant 60 ans sont des personnes comme d’autres, donc relèvent de maisons de retraite. Or, ces personnes n’ont pas les caractéristiques habituelles. Alors, il faut inventer quelque chose. Peut-être des établissements spécialisés ; peut-être aussi des sections dans des EHPAD, avec des prises en charge spécifiques. Au niveau national, les choses évoluent petit à petit vers cela. Luc HOSSEPIED Monsieur Duportet, est-ce que la maltraitance entre résidents au sein d’une maison de retraite vous arrive au niveau des appels ? Comment réagir alors ? Bernard DUPORTET, Président de l’Association Française pour la Bientraitance des Aînés et adultes Handicapés (AFBAH) Au niveau des établissements, la maltraitance n’est pas à sens unique : des agents maltraitent les résidents ; des résidents se maltraitent entre eux ; les agents parfois également. Les personnes handicapées vieillissantes posent aujourd’hui un énorme problème, mais je n’ai pas de piste précise à vous apporter. Car, l’on se trouve face à des populations aux modes de réactivité différents. Il y a dix ans, on parlait de sections Alzheimer à l’intérieur des maisons de retraite. Maintenant, on devrait faire des sections pour résidents non-Alzheimer à l’intérieur de maisons de retraite. Je crains qu’il en soit de même demain, pour les handicapés vieillissants et pour les malades psychiatriques vieillissants. En Essonne, nous avons mis en place une politique départementale de sensibilisation et de formation de l’aide à domicile et des EHPAD. Dans ce cadre, nous nous sommes rendu compte que, pour la première fois, trois établissements ont eu chacun, trois familles qui ont retiré les personnes âgées présentes depuis plusieurs années, faute de moyens matériels pour payer la maison de retraite. Cette population qui va retourner au domicile pour simple raison économique, risque de ne pas trouver un domicile performant et adapté. Or, il s’agit de personnes très lourdement dépendantes. Ensuite, lors d’une séance de travail avec le SAMU social, notre attention s’est portée sur l’extraordinaire croissance de la population âgée dans la rue. Ce thème va nous interpeller très fort dans les prochaines années. 12