Prostaglandines et post-partum chez la vache
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Prostaglandines et post-partum chez la vache
SYNTHÈSE SCIENTIFIQUE Prostaglandines et post-partum chez la vache ° D. BENCHARIF, ° D. TAINTURIER, °° H. SLAMA, ° J.F. BRUYAS, ° I. BATTUT et ° F. FIENI ° Service de pathologie de la reproduction, École Nationale Vétérinaire de Nantes, Atlanpole La Chantrerie, B.P. 40706, F-44307 Nantes Cedex 03 °° Service des sciences et de la pathologie de la reproduction, École Nationale de Médecine Vétérinaire, 2020 Sidi Thabet Tunisie RÉSUMÉ SUMMARY Les prostaglandines jouent un grand rôle, chez la vache, au cours du postpartum. Elles interviennent dans le mécanisme de la délivrance et de l’involution utérine qui peuvent être comparées à un véritable phénomène inflammatoire. Du point de vue thérapeutique la PgF2α ou ses analogues de synthèses peuvent être conseillés pour la prévention et le traitement de la non délivrance, de façon à diminuer la fréquence des retards d’involution utérine. Actuellement, elles sont déjà très utilisées dans le traitement des retards d’involution utérine ou les métrites à 60 jours post-partum à condition que l’utérus soit hypertrophié. Prostaglandins and post-partum period in cow. By D. BENCHARIF, D. TAINTURIER, H. SLAMA, J.F. BRUYAS, I. BATTUT and F. FIENI. MOTS-CLÉS : non délivrance - retards d’involution utérine - prostaglandines - vache. KEY-WORDS : placental retention - delayed uterine involution - prostaglandins - cow. Introduction 1. Post-partum normal La période péripartum chez la vache est considérée comme particulièrement importante dans la vie reproductrice d’une vache à cause de son influence sur l’efficacité de la reproduction (involution utérine, reprise précoce de l’activité ovarienne et enfin de la fertilité). Cependant les infections utérines post-partum sont la cause la plus fréquente de l’infertilité en élevage bovin et contribuent de manière importante aux pertes économiques puisqu’elles retardent l’involution utérine, augmentent l’intervalle vêlage-premier œstrus, vêlage-insémination fécondante et l’intervalle vêlage-vêlage [18]. A) MÉCANISME DE LA DÉLIVRANCE Après avoir effectué un rappel sur le déroulement physiologique du post-partum, l’objectif de cet article est de faire le point des connaissances actuelles sur l’intérêt des prostaglandines lors de non-délivrance, de retard d’involution utérine et enfin de métrites à 60 jours. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 Prostaglandins function is very important during post-partum period in cow. Prostaglandins strongly affect placental expulsion and uterine involution. Such process may be compared to inflammatory reaction. Consequently, PgF2α and agonists may be used in the treatment and the prevention of placenta retention. Such treatment and prevention may help to decrease the incidence of delayed uterine involution. Prostaglandins are currently used in delayed uterine involution and endometritis treatment, 60 days after calving, provided that uterus is hypertrophied. Chez la vache, la placentation est epithélio-choriale de type cotylédonnaire. Cependant dans les conditions naturelles, il faut retenir que, l’activité phagocytaire des neutrophiles au niveau utérin augmente durant la période qui précède la parturition, puis décroît rapidement au moment du vêlage, pour ensuite augmenter régulièrement pendant les 14 premiers jours de la période du post-partum [6, 50] ; cette baisse du chimiotactisme des neutrophiles juste au moment du vêlage a été incriminée comme un facteur favorisant la non-délivrance. De plus la sénescence du placenta s’accompagne, dans les jours qui précèdent le part, d’une chute de la sécrétion d’œstrogènes [66], et d’une augmentation de la sécrétion de prostaglandine F2α [14]. Cette augmentation de la concentration sanguine de la prostaglandine F2α est détectée par la mise en évidence de son métabolite principal, le 15 α 402 BENCHARIF (D.) ET COLLABORATEURS céto 13, 14 - dihydro prostaglandine F2α (PgFM), qui est plus facile à doser que son précurseur dont la demi-vie est très courte [15, 29, 51] ; cette sécrétion de prostaglandine F2α est associée à la lyse du corps jaune de gestation et à l’expulsion du fœtus. Au cours du post-partum, la concentration plasmatique de la PgFM augmente considérablement deux à trois jours après la mise bas, pour atteindre un pic de 10000 pg/ml [9], puis décroît progressivement pour retrouver son niveau de base aux environs du 20ème jour [13, 34]. B) MÉCANISME DE L’INVOLUTION UTÉRINE L’involution utérine se définit comme étant, le retour de l’utérus à son poids et à sa taille normales après la parturition, c’est-à-dire à un état prégravidique autorisant à nouveau l’implantation de l’œuf fécondé. Elle résulte : → Premièrement : de petites contractions utérines persistent, pendant les 24 à 48 heures suivant la mise bas. Elles vont aboutir à une rétraction de l’organe et une diminution de la taille des myofibrilles. → Deuxièmement : L’épithélium et les cotylédons se nécrosent, à la suite d’une diminution de la vascularisation de l’organe [10] et sont phagocytés. → Troisièmement : Une partie de l’utérus va se résorber. Cependant, la réduction du volume et du poids s’effectuent selon une courbe logarithmique puisque : → En 5 jours, le diamètre a diminué de moitié. → En une semaine, le poids a diminué de moitié. → En 10 jours, la longueur a diminué de moitié. La régression de la matrice est très rapide au cours des 15 premiers jours du post-partum puis elle est plus lente. En pratique, l’utérus est contournable à la main par voie transrectale à 15 jours post-partum ; à un mois après le vêlage, les cornes utérines sont regroupables dans le creux de la main, l’involution étant terminée. Le poids de la matrice, passe de 9 kg juste après l’accouchement à 500 g 30 jours plus tard. Par contre, l’involution du col utérin est plus longue que celle de l’utérus, puisqu’il retrouve sa taille normale au 45ème jour post-partum (Tableau I) [54]. Parallèlement à l’involution utérine, la vidange de l’utérus se poursuit sous la forme d’écoulement lochial que l’on peut définir comme étant des pertes d’origine utérine qui se pro- duisent dans les jours qui suivent la mise bas sans répercussion sur l’état général de la femelle. Ces lochies sont donc constituées d’un mélange d’eaux fœtales, de sang, du moins au début, de débris placentaires et utérins ainsi que de nombreux polynucléaires et bactéries surtout Arcanobacterium pyogenes (anciennement dénommé Actinomyces pyogenes), bactéries à Gram (-) anaérobies et E.coli (Figure 1) [39]. 100 % 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% FIGURE 1. — Influence de la non délivrance sur le pourcentage de vaches hébergeant des germes microbiens in utero le 2ème jour après vêlage [35]. En effet, celles-ci sont très nombreuses à l’intérieur de l’utérus dans les jours qui suivent la mise bas. Mais à la faveur de l’involution utérine et des écoulements lochiaux, l’utérus s’autostérilise en 15 jours à 3 semaines. La sécrétion de PgF2α est assurée par les caroncules à partir de l’acide arachidonique. La muqueuse intercaronculaire sécrète en fait très peu de prostaglandines [24]. Cette sécrétion débute avant le vêlage, plutôt chez les vaches qui vont présenter une rétention placentaire par rapport aux témoins (8 jours environ contre 2 jours) [9, 24, 37, 58]. Mais après le vêlage la sécrétion de prostaglandines F2α persiste moins longtemps chez ces vaches qui n’ont pas délivré que chez celles qui ont expulsé leurs annexes fœtales (8 jours contre 20 jours) [37]. TABLEAU I. — Évolution de la longueur, du diamètre et du poids de l’utérus (corne ex-gravide) après le vêlage [54]. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 PROSTAGLANDINES ET POST-PARTUM CHEZ LA VACHE 403 Cet arrêt prématuré de la sécrétion de prostaglandines au cours du post-partum favorise les retards d’involution utérine [37]. 2. Pathologie du post-partum Selon LINDEL et coll [38], l’administration biquotidienne de PgF2α (25 mg / jour) entre J3 et J13 raccourcit la durée de l’involution utérine chez les vaches qui ont vêlé normalement. Elles agissent certainement en stimulant la motricité utérine, mais aussi par leurs effets pro inflammatoire. Après l’accouchement, en moyenne 10 % des vaches ne délivrent pas, mais quelques fois le taux de non délivrance peut atteindre jusqu’à 20 - 30 % dans certains troupeaux. La rétention placentaire se complique souvent d’un retard d’involution utérine à l’origine de métrite, donc d’infécondité temporaire ou définitive et de pertes économiques importantes [10]. Cette affection peut être le témoin d’une maladie d’élevage responsable d’une placentite c’est-à-dire d’adhérences utéro-choriales qui peuvent survenir à la suite de maladies infectieuses comme la brucellose, fièvre Q... , ou d’une carence en vitamines et minéraux (Vit E, sélénium, calcium...). Mais les injections de PgF2α sont sans effets au cours de la 1ère semaine post-partum [46]. C) REPRISE DE L’ACTIVITÉ OVARIENNE 1) Vagues folliculaires Chez la vache laitière, la première vague folliculaire débute entre le 4ème et le 10ème jour suivant le vêlage [55]. Elle s’effectue plus fréquemment sur l’ovaire qui ne portait pas le corps jaune gestatif [25, 31, 53]. La première ovulation survient 15 jours après le vêlage, la deuxième ovulation a lieu le 30ème jour avec une durée du cycle de 15 jours, puis la 3ème ovulation se produit le 47ème jour et c’est souvent le premier œstrus visible, avec une durée de cycle de 17 jours. L’ovulation du 15ème jour peut être retardée jusqu’à la fin du premier mois, voire au cours du deuxième mois, en fonction de la race, de l’état de santé de la femelle, mais surtout de la production de lait. Cet intervalle est plus long chez les vaches bonnes laitières que chez les autres. Enfin, c’est à partir de la 3ème ovulation que la durée du cycle redevient normale, c’est-à-dire de 21 jours. 2) Contrôle hormonal de l’activité ovarienne Chez la vache laitière, très précocement après le vêlage, la GnRH est sécrétée par l’hypothalamus. Cette sécrétion entraîne une augmentation progressive du taux de LH hypophysaire mais sans modification de son taux plasmatique car la sensibilité hypophysaire à l’action de la GnRH, en ce qui concerne la décharge ovulante de LH, n’est retrouvée qu’entre le 7ème et le 10ème jour post-partum. Par contre, durant cette période, le taux de FSH hypophysaire diminue et son taux plasmatique augmente, témoin de sa libération sous l’influence de la GnRH. Cette FSH permet la croissance des premiers follicules ovariens puis à partir du 10ème jour post-partum, l’hypophyse qui devient sensible à l’action de la GnRH, libère des pics de LH, néanmoins ceux-ci sont souvent insuffisants pour assurer l’ovulation et ne permettent qu’une lutéinisation du follicule. En outre, le taux d’œstrogènes d’origine folliculaire est souvent insuffisant, d’une part pour provoquer un rétrocontrôle positif sur l’hypothalamus en vue d’augmenter la décharge de GnRH et d’autre part pour assurer les manifestations œstrales. L’ensemble de ces mécanismes ne seront fonctionnels qu’au cours du second cycle c’est-à-dire après le 30ème jour post-partum. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 A) NON DÉLIVRANCE Chez les vaches qui présentent une rétention placentaire au vêlage, la teneur plasmatique en PgFM a commencé à augmenter plus précocement par rapport aux témoins, mais le jour de l’accouchement, elle est moins élevée [9]. Ensuite HEUWIESER et coll rapportent que chez les vaches présentant une non délivrance, la concentration de PGEM (métabolite principal de la PGE2) diminue plus lentement par rapport à celles qui ont délivré normalement (différence statistiquement significative) [28]. De plus GROSS et coll en 1991, rapportent qu’à la suite d’induction de mise bas avec la déxamethasone, il se produisait une rétention placentaire due à la persistance des cellules géantes binuclées d’origine placentaire. Alors qu’in vitro la PgF2α provoque la destruction de ces cellules [23]. Par conséquent, les traitements visant à augmenter la sécrétion de PgF2α et des autres métabolites de l’acide arachidonique à activité ocytocique ou leucotactique, peuvent permettre de réduire la gravité des infections utérines [36]. L’administration de prostaglandine a été préconisée après le vêlage pour diminuer la fréquence des rétentions placentaires. Ainsi chez les vaches, dont le vêlage était induit par la déxamethasone 5 jours avant terme, GROSS et coll [22] ont obtenu un taux de rétention placentaire de 9 %, après un traitement à l’aide de 10 mg de dinoprost dans l’heure suivant le vêlage contre 90,5 % chez les témoins recevant du soluté isotonique de chlorure de sodium [22]. HERSCHLER et LAWRENCE, ont également noté une accélération de l’expulsion des enveloppes fœtales après un traitement à base de fenprostalène, environ 19 heures après le vêlage [27]. TAINTURIER et coll, en réalisant une injection de 15 mg de luprostiol (un analogue de la PgF2α) par la voie I.M dans l’heure qui suit l’accouchement, ont diminué de manière significative la fréquence des rétentions placentaires 12 heures après l’accouchement (14 % contre 60,8 % chez les témoins) [61]. Par contre GARCIA et coll n’ont pas obtenu d’effets favorables en injectant un analogue de la PgF2α dans l’heure suivant le vêlage provoqué par une association cloprostenol déxamethasone, ou déxamethasone seule chez des vaches allaitantes [20]. 404 Par ailleurs, STEVENS et coll, montrent que l’injection de 25 mg de dinoprost deux heures après le vêlage ne diminue pas l’incidence de la rétention des enveloppes fœtales et surtout n’améliore pas les performances de reproduction [59]. De même, HANZEN et BAUDOUX, malgré l’administration de dinoprost dans l’artère ipsilatérale à la corne gestante au cours de la césarienne, n’ont pas accéléré l’expulsion des annexes fœtales [36]. Par contre STOCKER et coll en 1993, en réalisant des césariennes sur deux lots vaches, injectent par la voie I.M 25 mg de dinoprost (un analogue de synthèse de la PgF2α) à la moitié des animaux et 5 ml d’une solution isotonique de chlorure de sodium à l’autre moitié. 80 % des vaches expulsent leur placenta dans les 12 heures qui suivent l’injection de prostaglandines contre seulement 58,5 % dans le lot témoin (la différence est statistiquement significative) [60]. L’effet favorable d’une injection de PgF2α ou de ses analogues dans l’heure qui suit le vêlage pour prévenir la rétention placentaire, ne semble pas agir par une stimulation de la motricité utérine [4, 5, 41], mais plutôt par une activation de la phagocytose [65]. En effet, la PgF2α, les leucotriènes B4 (LTB4), l’acide 5 hydroxyeicosa tétraénoïque (HETE), le 15 - HETE et la lipoxine B4, augmentent l’afflux leucocytaire au niveau de l’utérus au moment de la mise bas et stimulent l’activité des lymphocytes et des neutrophiles [36]. La rétention placentaire est considérée comme un facteur à haut risque pour le développement d’infections utérines précoces qui est à l’origine d’un retard d’involution utérine [11, 12, 16, 35]. GRÖHN et coll. [21] ont rapporté que les vaches à rétention placentaire ont 6 fois plus de risques voire 19 fois plus [33] de présenter une métrite que celles qui délivrent normalement. Le développement d’un grand nombre de bactéries dans la cavité utérine perturbe le processus physiologique de l’involution utérine ainsi que la synthèse des prostaglandines ou plus exactement de la PgF2α par la muqueuse utérine, par contre cette infection stimule la libération de la PgE2 [2, 13, 19, 49, 54]. Cette prostaglandine E2 a un effet anti-inflammatoire, immunosuppresseur (diminution de la concentration en immunoglobulines dans les sécrétions utérines et de la transformation lymphoblastique) et inhibiteur des contractions utérines [53]. D’ailleurs SLAMA et coll [46], ont montré qu’une injection intra utérine de PgE2 entre le 10ème et le 16ème jours post-partum retarde l’involution utérine. En pratique, lors de retard d’involution utérine, l’utérus libère autant de PgE2 que de PgF2α par rapport à un utérus qui a une involution normale chez qui la sécrétion de PgF2α est 20 fois supérieure à celle de PgE2. A titre prophylactique, l’administration de dinoprost, un analogue de la prostaglandine F2α, à des doses élevées 25 mg / animal deux fois par jour, (soit deux fois la sécrétion journalière après la mise bas) entre le 3ème et 13ème jours post-partum (période où la sécrétion endogène décroît), accélère l’involution utérine, mais sans améliorer les perfor- BENCHARIF (D.) ET COLLABORATEURS mances de reproduction, ni influencer le taux d’infection utérine [58]. Par contre le même auteur rapporte que, l’administration de deux doses de 25 mg de dinoprost par la voie IM entre le 10ème et le 16ème jours, améliore le taux de guérison et de fertilité par rapport aux animaux ne recevant qu’un placebo. De la même manière d’autres essais annoncent un taux de guérison beaucoup plus élevé, mais sans groupe témoin [43]. Alors qu’une seule injection réalisée 48 heures après la mise bas [64] ou entre le 14ème et le 28ème jour post-partum, est sans effet [1, 42]. Selon PETERS et LAVEN l’injection de prostaglandine en post partum précoce ne réduit pas les effets néfastes de la non délivrance [48]. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de l’administration systématique de prostaglandines au cours du post-partum dans le but d’améliorer les performances de reproduction. BOULET [3] administre 5 mg d’étiproston par la voie IM, le jour de la délivrance manuelle chez 111 vaches (24 heures après le vêlage soit la 1er jour post-partum) associé à un dépôt in utero de deux oblets gynécologiques. Une deuxième injection de 5 mg d’étiproston est renouvelée le 15ème jour. Au 30ème jour, 80 % des vaches ont une involution utérine normale et 6 % présentent une métrite. Chez les 94 vaches qui reçoivent seulement 2 injections d’étiproston associées à une délivrance manuelle, mais sans oblets gynécologiques, 70 % présentent une involution utérine normale à 30 jours mais 15 % sont atteintes de métrites. Chez les 61 témoins qui sont délivrées manuellement, et qui reçoivent 2 oblets gynécologiques mais sans prostaglandines, à 30 jours, seulement 36 % ont une involution utérine normale et 31 % présentent une métrite (Tableau II). ILARI [26] a refait cette expérimentation, mais sans délivrer les vaches, simplement en déposant à J1, 2 oblets gynécologiques, de façon à comparer une injection de 5 mg d’étiproston à J1 par rapport à 2 injections à J1 et J15 et à des témoins (3 lots de 20 animaux). A 30 jours, le retard d’involution utérine est de 50 % chez les témoins, 32 % chez les vaches qui n’ont reçu qu’une injection et 20 % chez celles qui ont reçu 2 injections. L’intervalle vêlage - insémination fécondante passe de 114 jours à 101 jours et 98 jours respectivement (Tableau III). MAMI [36] a refait la même expérience, mais en délivrant manuellement les vaches. Les résultats sont encore plus favorables, les retards d’involution utérine sont respectivement de 30 %, 20 % et 10 %, et ceux de l’intervalle vêlage - insémination fécondante de 153, 98 et 67 jours respectivement (Tableau IV). Ces trois essais permettent de conseiller chez les vaches qui ne délivrent pas, d’injecter 24 heures après le vêlage et 15 jours plus tard une prostaglandine ou un analogue de la PgF2α. La troisième expérience donne de meilleurs résultats que la deuxième, ce qui est en faveur d’une délivrance manuelle systématique des vaches 24 à 48 heures après le vêlage (Tableau IV). Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 PROSTAGLANDINES ET POST-PARTUM CHEZ LA VACHE * P < 0,001 Lot 1 : 2 oblets gynécologiques Lot 2 : Etiproston 5 mg à J1 et J15 Lot 3 : Oblets gynécologiques + 5 mg d’étiproston à J1 et J15 TABLEAU II. — Influence de deux injections de prostaglandines à 24 heures et 15 jours après le vêlage associées ou non à une antibiothérapie locale chez des vaches délivrées manuellement 24 heures après le vêlage [3]. 3 lots de 20 vaches * P < 0,05 V : Vêlage IAF : Insémination artificielle TABLEAU III. — Influence d’une ou deux injections de prostaglandines à 24 heures et 15 jours après vêlage sur des vaches présentant une rétention placentaire et qui ne sont pas délivrées manuellement [30]. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 405 406 BENCHARIF (D.) ET COLLABORATEURS B) RETARD DE L’INVOLUTION UTÉRINE En présence d’un retard d’involution utérine, 2 injections à 11 jours d’intervalle d’un analogue de la PgF2α (cloprosténol, étiproston,...) ou de PgF2α naturelle, donnent de bons résultats à conditions que la première injection ait lieu dans les 40 jours suivant le vêlage [63], et non 30 jours comme cela a été affirmé longtemps [8]. Le diamètre du col utérin et des cornes utérines diminuent en l’espace d’un mois. L’infection utérine guérit (les bactéries disparaissent ainsi que l’inflammation utérine). L’intervalle vêlage - insémination fécondante est de l’ordre de 100 jours, et plus de 75 % des vaches se retrouvent gravides [56, 62] (Tableau V), ces chiffres sont semblables à ceux des témoins qui avaient une involution utérine normale. 3 lots de 20 vaches * Les deux valeurs sont significativement différentes (P < 0,02) V : Vêlage IAF : Insémination artificielle TABLEAU IV. — Influence d’une ou deux injections de prostaglandines à 24 heures et 15 jours après vêlage sur des vaches présentant une rétention placentaire et qui sont délivrées manuellement [40]. V : Vêlage IAF : Insémination artificielle IF : Insémination fécondante RIU : Retard d’involution utérine IUN : Involution utérine normale TABLEAU V. — Comparaison de deux analogues de la PgF2α : l’étiproston et le cloprostenol, dans le traitement des métrites post-partum chez la vache [62]. Revue Méd. Vét., 2000, 151, 5, 401-408 PROSTAGLANDINES ET POST-PARTUM CHEZ LA VACHE Dans cette expérience, en clientèle rurale, il n’avait pas été possible de faire un lot témoin avec retard d’involution utérine, pour des raisons économiques, mais il est bien connu que chez ces animaux l’intervalle vêlage - insémination fécondante est supérieure à 150 jours et le pourcentage des vaches réformées souvent supérieur à 50 % [7]. Il faut remarquer que ces résultats ne sont pas améliorés par une antibiothérapie locale [32, 43]. Par contre une seule injection de 500 µg de cloprostenol par la voie I.M après le 24ème jour, chez des vaches présentant un retard d’involution utérine favorise la guérison [17, 52]. C) MÉTRITES À 60 JOURS Les prostaglandines conservent leur efficacité si l’utérus est encore hypertrophié, par contre elles sont sans effet si la matrice a retrouvé sa taille normale [57]. Les résultats sont moins bons que ceux obtenus par un traitement à 30 jours post-partum, le taux de stérilité est plus élevé et l’intervalle vêlage - insémination fécondante atteint 150 jours, soit une perte de 2 mois par rapport à un traitement précoce. Le protocole consiste toujours à effectuer 2 injections de prostaglandines à 11 ou 14 jours d’intervalle [57]. Conclusion Une injection de PgF2α ou d’un de ses analogues dans l’heure suivant le vêlage permet de diminuer la fréquence des non-délivrances dans les troupeaux où elle dépasse nettement 10 % pour une étiologie mal connue, mais non infectieuse. Chez les vaches qui ne délivrent pas, la délivrance manuelle 24 à 48 heures après le vêlage doit s’accompagner en plus des traitements classiques, d’une injection de prostaglandines, renouvelée au 15ème jour pour diminuer la fréquence des retards d’involution utérine. Le retard d’involution utérine peut aussi être traité avec succès par 2 injections de PgF2α à 11 jours d’intervalle, la première injection devant avoir lieu entre le 24ème et 40ème jour post-partum. La fécondité obtenue est identique à celle des témoins qui ont eu une involution utérine normale (sans utiliser des antibiotiques par voie locale). A 60 jours, les prostaglandines perdent leur efficacité pour traiter les métrites de la vache, sauf si l’utérus est hypertrophié, d’où l’intérêt d’un examen systématique de l’appareil génital des vaches un mois après le vêlage. Bibliographie 1. — ARCHBALD L.F., TRAN T., THOMAS P.G.A. et LYLE S.K. : Apparent failure Prostaglandine F2α to improve the reproductive efficiency of postpartum dairy cows that had experienced dystocia and/or retained fetal membrane. Theriogenology, 1990, 34, 1025-1034. 2. — BEKANA M., JONSSON P. et KINDAHL H. : Intrauterine bacterial findings and hormonal profiles in postpartum cows with normal puerperium. Acta. Vet. 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