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CONSOMMATION - NOUVEAU BRAS DE FER POUR LES SOCIÉTÉS
CONCESSIONNAIRES
Autoroutes : des usagers veulent être
remboursés
le 14/02/2015 à 05:00 par Patrice BARRÈRE
© FRANCK LODI/SIPA
Le 13 février 2015 | Mise à jour le 13 février 2015
AFP
Les sociétés d’autoroutes françaises ont rappelé que les prix des péages étaient validés par l’État. Photo Jean François
SOUCHET
Obtenir une ristourne de 20 % sur son ticket de péage… C’est tentant. Une action collective
lancée hier matin a rapidement séduit près de 21 000 automobilistes. Mais son efficacité
juridique n’est pas garantie.
L’opération a démarré sur les chapeaux de roues. Hier, en moins de 24 heures, près de 21
000 usagers d’autoroutes se sont inscrits sur le site internet Actioncivile.com pour dénoncer
les tarifs des péages. « La fête est finie pour les concessionnaires. Cela montre un ras-le-bol
des consommateurs », explique l’ancienne ministre Corinne Lepage qui mène l’opération.
Si les automobilistes se rebiffent aujourd’hui, les sociétés d’autoroutes sont dans le
collimateur de la Cour des comptes et de l’Autorité de la concurrence depuis plusieurs
années. La première, en 2013, avait rendu un rapport dénonçant déjà des prix trop élevés. La
deuxième, en 2014, avait pointé des rentabilités excessives. Mais rien n’avait vraiment
bougé jusqu’au gel des tarifs pour 2015 annoncé fin janvier par le gouvernement.
Payer le juste prix
Depuis hier, tous les utilisateurs des autoroutes A1, A6, A7, A9
et A13 peuvent donc
rejoindre une action collective sur internet. C’est gratuit et cela peut rapporter des centaines
d’euros. Il faut avoir conservé ses tickets de ces cinq dernières années ou présenter son
relevé bancaire où figurent les paiements.
Si les juristes d’Actioncivile.com obtiennent gain de cause, soit par une procédure à
l’amiable, soit en préparant une saisine des tribunaux, une commission de 15 % sur les gains
de l’action sera prélevée. Un service gratuit pas tant que cela ! En cas d’échec, l’opération
est normalement blanche pour les usagers selon Actioncivile.com.
« Nous demandons aux concessionnaires de nous rembourser 20 % des prix des tickets.
Selon nos estimations, le tarif actuel est d’au moins 20 % supérieur à ce qu’il devrait être.
Nous exigeons tout simplement de payer le juste prix », explique Corinne Lepage. La
procédure concerne cinq autoroutes parmi les plus anciennes dont « le coût de construction
a été amorti depuis belle lurette ». « La loi est claire : les péages concernent des tronçons
précis. Ils doivent financer les coûts de construction, l’entretien, les investissements et les
amortissements du capital pour des tronçons bien identifiés. Les prix des plus vieilles
autoroutes auraient donc dû baisser », accuse Corinne Lepage.
UFC-Que choisir sceptique
Coup de pub ? Démagogie ? L’initiative de Corinne Lepage ne fait pas l’unanimité. « C’est
une mascarade » qui « ne repose sur aucune réalité juridique » réagit l’ancien président de
la Mission d’information sur la place des autoroutes dans les infrastructures de transport
Bertrand Pancher. Le député UDI de la Meuse n’a pas manqué de rappeler que c’est l’État
qui approuvait les tarifs.
« Grand foutage de gueule. La médiation a peu de chance de réussir. Ensuite, le service
proposé n’est pas une action de groupe. Le plaignant devra aller individuellement se
défendre devant le tribunal. Il y a des risques », rebondit dans lexpress.fr Alain Bazot, le
président de l’UFC-Que Choisir.
Le ministre des Finances Michel Sapin a cependant qualifié de « bonne chose » l’action
collective des consommateurs et automobilistes.
Hier, aucun porte-parole de l’association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) n’a
répondu à nos questions. L’ASFA s’est contenté de nous renvoyer vers un communiqué de
presse rappelant que les tarifs de péage étaient « fixés et approuvés par l’État dans le
respect strict de la loi ».

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