le secrétariat général du gouvernement
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le secrétariat général du gouvernement
14 LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DU GOUVERNEMENT Le SGG (secrétariat général du gouvernement) joue un rôle essentiel au sein de l’exécutif français. C’est sur cette institution essentielle mais au rôle non défini par la Constitution que reposent l’organisation et la qualité du travail gouvernemental. UN ORGANISME DISCRET Placé au carrefour des plus importantes institutions de l’État, le SGG a sa responsabilité propre dans le maintien de l’État de droit. En coordonnant les procédures d’élaboration et de publication des lois et règlements, il assure un ensemble de tâches indispensables au bon fonctionnement de la machine gouvernementale. Mais il reste au second plan de l’appareil d’État, et joue, dans le fonctionnement de nos institutions, un rôle discret, quasiment invisible du public. Ce rôle est particulièrement sensible pendant les périodes de transition gouvernementale au cours desquelles le SGG assure la mise en place de l’équipe ministérielle nouvelle et l’information des nouveaux responsables. Placée sous l’autorité du secrétaire général du gouvernement et relevant du Premier ministre, l’institution n’est pourtant ni une sorte de supercabinet ministériel, ni un élément de l’administration centrale. La loi n° 8857 du 5 avril 1988 portant création du Depuis la Première Guerre Secrétariat général du gouvernement lui assigne la mission de suivre l’élaboration, mondiale l’organisation et l’exécution du programme de travail du gouvernement. Le site Internet du premier ministre explicite la naissance du SGG. La première Le SGG est dirigé par un haut fonctentative de créer un secrétariat génétionnaire nommé par le président de la ral du gouvernement s’est produite en République en Conseil des ministres, qui 1917, pendant la Première Guerre prend le titre de secrétaire général du mondiale, à un moment où l’on voulait gouvernement et qui a rang de ministre. coordonner l’action gouvernementale C’est, avec la vice-présidence du Conseil pour mener la guerre. Cet organisme, qui s’appelait Section administrative, d’État, une des plus hautes charges de la disparut à la fin de la guerre, puis réapfonction publique. parut en 1924 avant d’être supprimé À deux exceptions près (en 1986 et en de nouveau, par mesure d’économie, en 1995), le secrétaire général du gouverne1926, avant de réapparaître définitivement reste habituellement en poste lors ment en 1936. des alternances. Cela en fait un haut fonctionnaire naturellement non politisé à un poste qui pourrait pourtant sembler très politique. Mais la raison essentielle relève de l’intérêt public: cela s’explique aussi, en effet, par la nécessité de ne pas introduire de rupture technique dans le gouvernement du pays. Le secrétaire général est assisté par un directeur, un cabinet, des conseillers techniques et des chargés de mission. 38 LE SUIVI DU TRAVAIL GOUVERNEMENTAL La mission première du SGG est la préparation et le suivi du « programme de travail du gouvernement », qui constitue en fait un agenda semestriel des mesures qui seront consacrées par une délibération du Conseil des ministres. Dans ce cadre, le SGG joue un Huit secrétaires généraux rôle essentiel dans la tenue du Conseil des ministres. La procédure est immuable : en soixante ans chaque vendredi matin, l’état-major du SGG se réunit pour préparer les ordres du Après André Segalat, de 1947 à 1958, sous 21 gouvernements différents, se jour des six prochains conseils des succèdent à ce poste R. Belin, de 1958 ministres. Une seconde réunion se tient à 1964, puis Jean Donnedieu de ensuite en présence des principaux Vabres, de 1964 à 1974. C’est à lui membres du cabinet du Premier ministre que succèdent Marceau Long en 1975, et du secrétaire général du gouvernement conseiller d’État, puis Jacques Fournier en 1982, Renaud Denoix de Saint Marc pour arrêter sur cette base les projets en 1986, Jean-Marc Sauvé, en 1995, d’ordres du jour qui sont soumis au chef et depuis 2006, Serge Lasvignes. de l’État pour approbation. Le secrétaire général du gouvernement assiste personnellement au Conseil des ministres, dont il rédige le compte rendu et le communiqué public. Le secrétaire général du gouvernement convoque les réunions interministérielles. Un de ses chargés de mission assiste obligatoirement à la réunion et rédige un compte rendu qui, en jargon administratif, est appelé « bleu » (cette appellation vient de ce que, dans les services du Premier ministre, le bleu est la couleur qui indique qu’un document a valeur décisionnelle). Quand le cabinet du Premier ministre a donné son accord, le secrétariat général du gouvernement assure la diffusion de ce « bleu » auprès des ministères intéressés. UN RÔLE JURIDIQUE Le secrétaire général du gouvernement joue également un rôle de conseil juridique: il travaille en étroite liaison avec le Conseil d’État. Il transmet à ses sections administratives les projets de textes les plus importants: lois, ordonnances et décrets en Conseil des ministres. Un chargé de mission assiste aux délibérations du Conseil d’État, afin de veiller à la cohérence des interventions des représentants des ministères. Il intervient enfin au cours des débats parlementaires. Il prépare le décret de présentation du projet de loi, puis prend en charge les navettes. Une fois la loi votée, il appartient au SGG de vérifier que le texte ne fait pas l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel. Si tel est le cas, le SGG présente, en liaison avec les ministères intéressés, les observations du gouvernement. Le SGG assure la publication de la loi au Journal officiel. En outre, le SGG fait en sorte que les décrets d’application des lois soient pris dans un délai raisonnable. Enfin, le SGG assure la direction plus ou moins directe de l’ensemble des services du Premier ministre, et notamment la logistique interministérielle (bâtiments, parc automobile, documentation, etc.). 39