avis takalire turquie juin 2013

Transcription

avis takalire turquie juin 2013
Avis « Takalire Turc » juin 2013
« Neige », Orhan Pamuk
Ka est un poète turc vivant en Allemagne depuis douze ans lorsqu’il rentre dans son pays.
Missionné par un journal local, il va enquêter dans l’est du pays, à Kars, sur une mystérieuse
vague de suicides de jeunes femmes voilées.
Sur place, Ka est confronté à plusieurs réalités qui le déstabilisent sérieusement
:
les
kémalistes activistes, des intégristes nocifs et une femme qu’il retrouve et dont il tombe fou
amoureux.
Atmosphère austère et oppressante, la neige est omniprésente.
Roman très politique. La lecture est ardue de part le manque de dialogues et les sujets
abordés (opposition laïcité/islam).
Prix Medicis étranger en 2005/ Prix Méditerranée étranger 2006
« La nuit des calligraphes », Yasmine Ghata
Ma mort me fut aussi douce que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l'encrier, plus
rapide que l'encre bue par le papier. " Ainsi parle Rikkat, la calligraphe ottomane, alors
qu'elle entreprend le récit de sa vie.
En 1923, adolescente, elle sait déjà que rien ne pourra la détourner de la calligraphie. La
même année, rompant avec l'islam, la république d'Atatürk abolit l'alphabet arabe au profit
du latin. Du jour au lendemain, des centaines d'" ouvriers de l'écriture " sont mis au rebut.
Le suicide de Selim, l'ancêtre virtuose, va sceller un pacte inviolable entre sa jeune élève
Rikkat et l'art des calligraphes. Avant de mourir, l'homme lui lègue son écritoire et son
encre d'or, et la charge de perpétuer l'art de la calligraphie.
Récit poétique et mystique
« Balcon sur la méditerranée », Nedim Gürsel
13 nouvelles s'y déclinent en fonction de 13 villes de la Méditerranée…
Il s’agit dans ce recueil de nouvelle de l’évocation des amours anciens. Mais ce sont des
amours-passions
qui
peuvent
se
transformer
facilement
en
violence
On trouve le même schéma narratif dans chaque nouvelle : un homme amoureux d’une
femme.
C’est très esthétique, érotique et descriptif. On a l’impression d’entrer dans un tableau
pour chaque nouvelle. La forme l’emporte sur le fond.
« Bonbon Palace », Elif Shafak
Nous voici à Istanbul, à Bonbon Palace. Bonbon Palace, c'est un immeuble construit au
début du XXème siècle par un riche Russe.
La première partie est consacrée à l’histoire de l’immeuble et de ses occupants. L’auteur
prend le temps d’installer le décor avant que naissent des relations entre les différents
personnages et qu’on découvre quel fil les relie.
Récit vivant, très animé qui permet de découvrir la culture populaire turque.
« La bâtarde d’Istanbul », Elif Shafak
Elif Shafak nous raconte ici les destins liés et croisés de deux familles, l'une turque, l'autre
arménienne, qui ne savent ni ne veulent rien savoir l'une de l'autre. Si les aînés préfèrent parfois
garder le silence et la distance, la jeune Armanoush a soif de vérité et elle décide de partir à la
recherche d'elle-même.
On entre lentement dans un univers de femmes pleines de sensualité et de tolérance et, peu à
peu, le sujet du génocide arménien prédomine. C’est une quête sur le passé, sur l’histoire de
ces femmes, de leur famille. Le nombre, les noms et pseudonymes des personnages ne doivent
pas décourager le lecteur.
« La ville dont la cape est rouge », Asli Erdogan
une jeune étudiante istanbuliote un peu trop fragile se perd dans l'enfer de la ville de Rio.
Özgür, une jeune femme arrivée de Turquie, se trouve happée dans Rio de Janeiro. Être
fragile, elle est confrontée à un univers dont la violence est inouïe.
C’est un roman très violent et très noir. Cette jeune fille a commencé à écrire un roman et
veut absolument le terminer mais c’est une quête dont elle ne voit pas le bout. Elle s’enlise
dans la misère sociale. C’est un texte intéressant qui dérange et qui interpelle.
« On a tué bisou ! », Mehmet Murat Somer
Le héros (héros le jour, héroïne la nuit) est une tenancière d’un club de travestis et se met à
enquêter sur la mort d’une de ses filles, Bisou.Ce roman nous plonge dans le milieu gay et
travesti d’Istanbul, d’ailleurs, l’enquête n’est qu’un prétexte pour nous décrire ce milieu.
Ca se lit bien, c’est drôle et pas violent.
« La moustache », Tahsin Yücel
« Un Turc sans moustache est comme une maison sans balcon », dit un proverbe turc ; et c’est ce que
nous illustre cette fable philosophique qui raconte l’histoire hautement symbolique d’une
exceptionnelle moustache turque, noire, épaisse, brillante, en forme de guidon de vélo, derrière
laquelle se cache Cumali, fils d’un notable de village, quelque part en Anatolie.
!Sa personnalité va se diluer complètement derrière sa nouvelle apparence qui lui octroit certes
un statut social exceptionnel, mais qui l’enferme surtout dans une superficialité finalement
dévastatrice.
« Gratte-ciel », Tashin Yücel
Dans ce roman d’anticipation, un architecte cupide décide de faire construire des gratte ciel dans
Isanbul. Il se confronte à l’opposition d’un propriétaire qui veut garder sa maison.
C’est une histoire de justice , de pouvoir de l’argent qui triomphe sur l’humain. Ca se lit facilement
même si les noms des personnages sont parfois difficiles à retenir. On se laisse émouvoir par ces
personnages attachants.
« Les averses d’automne », Tuna Kiremitçi
Rosella Galante vit à Genève. À la recherche de quelqu’un à qui raconter son histoire, elle passe une
annonce dans un journal. La jeune Pelin y répond et un pacte est conclu entre la vieille dame et la
jeune fille. À mesure que leur dialogue progresse et qu’elles se confient mutuellement leurs
secrets et leur passé, un lien se forge entre elles.
C’est un roman très émouvant. On a plaisir à retrouver les personnages. Coup de cœur.