Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 755
Fais-moi plaisir
30 juillet – 03 août 2009
http://cinemateur01.com
Synopsis
Ariane est persuadée que son compagnon JeanJacques fantasme sur une autre femme. Pour sauver
son couple, elle lui demande d'avoir une aventure avec
celle-ci, pensant qu'il s'agit du meilleur remède pour le
libérer. Lorsque Jean-Jacques se rend chez cette
femme qu'il connaît à peine, il ne sait pas encore qu'il
s'agit de la fille du Président de la République...
Changer de style ? Pourquoi pas. Emmanuel Mouret est un cinéaste disposé à faire plaisir, y
compris à ses détracteurs chagrins qui lui reprochent de réaliser toujours le même film. Au début,
pourtant, rien ne change : il y a l'acteur Mouret et son personnage de don Juan malgré lui, ingénu,
loufoque et bafouillant. Ambiance de grasse matinée lascive. Il est au lit avec sa compagne
(Frédérique Bel), qui ne cesse ce matin-là de repousser ses avances en se montrant fort
capricieuse, puis ensuite follement jalouse d'une mystérieuse femme, juste entrevue. Persuadée
que son Jean-Jacques pense à cette dernière, Ariane l'enjoint de réaliser son fantasme pour le
dépasser et « inscrire leur couple dans une force de progrès ».
On reconnaît la griffe de Mouret : des dialogues savoureux autour de ce qui est insignifiant ou
important dans l'amour, un badinage délicieux et absurde où la langue est reine. L'audace de
Mouret est d'enchaîner ensuite, lors d'une fête mémorable, avec une forme de comique qui n'a plus
rien de bavard. Invité par la mystérieuse passante (Judith Godrèche), qui s'avère être la fille d'un
personnage illustre, Jean-Jacques multiplie chez elle bévues et gaffes.
Les péripéties agrémentant cette fête très chic sont un pastiche, inspiré et révérencieux, du film
culte de Blake Edwards, The Party. Et plus largement un hommage à tout un cinéma graphique et
chorégraphique, qui va de Keaton à Tati. Les scènes sont composées comme des tableaux que le
charlot Jean-Jacques vient bousculer. Le moindre accessoire peut déclencher une catastrophe : le
maladroit se coince la main dans un vase, s'électrocute avec un grille-pain, accroche un rideau
dans sa braguette. Le plus drôle étant que ces dérapages n'entament en rien le désir de la
maîtresse de maison pour cet hôte singulier. Et dès que la situation devient érotique, une embûche
se profile - on est comme dans un mauvais rêve, à la fois excitant et paralysant.
Mais Mouret ne force pas le trait. Son film glisse, emprunte des passages secrets, alterne les
décors comme par enchantement. On se croirait dans un jeu de l'oie saugrenu, qui nous fait passer
du beau monde parisien à un nid douillet en banlieue, sans oublier la case "prison ". Les rencontres
tiennent du voyage fabuleux : un ministre japonais, une star de la musique, les quatre filles du
docteur March... Davantage de décors, de musiques, de sophistication dans la mise en scène :
Emmanuel Mouret franchit avec brio cette nouvelle étape, en plaidant pour la concision (une heure
trente) et pour une forme subtile de politesse. Car dans ce vaudeville, même les ascenseurs
réclament de la courtoisie.
Jacques Morice – TELERAMA.
Secrets de tournage
Les jeux de l'amour
L'action du film se déroule en "24 heures pendant lesquelles un homme a trois occasions avec trois femmes
différentes de passer un moment agréable, mais à chaque fois cela lui glisse entre les doigts", note le cinéaste, qui
précise : "Le film est construit comme une fable dont la morale pourrait être " qui croyait prendre est pris ", une
morale qui s'adresse à chacun des deux personnages du couple : Ariane, la copine de Jean-Jacques l'incite à aller
coucher avec une autre femme pour sauver leur couple. Elle préfère savoir qu'il la trompe avec une inconnue plutôt
qu'il fantasme sur elle et éventuellement la trompe dans son dos. Elle veut aborder son couple d'une façon
consciente et moderne. Jean-Jacques, de son côté, a peu d'hésitation et succombe à la tentation mais n'arrivera
jamais à ses fins."
Il est de la Party
On pense forcément à La Party de Blake Edwards en assistant aux déboires du héros, qui commet des maladresses
en série au cours d'une soirée mondaine... "Blake Edwards fait vraiment partie des réalisateurs de mon adolescence,
surtout avec The Party", reconnaît Emmanuel Mouret. "Le film est non seulement envoûtant, drôle, beau, élégant,
mais aussi profond, surtout grâce à l'interprétation de Peter Sellers. Il joue un homme qui essaie de tout bien faire et
qui fait tout mal, sauf dans le regard d'une tendre jeune femme. Quand on est adolescent, ou même adulte, et que
l'on se sent un peu dépassé par le monde qui nous entoure, c'est très réconfortant de savoir qu'il existe peut être une
personne qui pose un regard tendre sur nous."
Oh les filles ! oh les filles !
Emmanuel Mouret sait s'entourer... Après Marie Gillain (Laissons Lucie faire), Fanny Valette (Changement
d'adresse) ou Virginie Ledoyen (Un baiser s'il vous plaît), l'acteur-réalisateur a choisi deux autres charmantes
demoiselles : Judith Godrèche et Déborah François. A propos de la première, il note : "Judith a un potentiel comique
que je trouve extraordinaire (...) Elle n'a peur de rien, elle a quelque chose des actrices américaines, cette capacité à
aller à fond dans une direction tout en restant très sincère. Elle peut donc jouer la femme débordant de désir sans
jamais être vulgaire tout en restant très belle." Et à propos de Déborah François, il explique : "Je l'avais croisée un an
plus tôt dans un festival et j'avais beaucoup aimé notre rencontre (...) Je la trouve craquante. Et en même temps très
simple, très sobre. Je lui trouve un naturel plein de grâce et de modestie."
"être délicatement trivial"
Fais-moi plaisir ! a une dimension burlesque plus marquée que les précédents films d'Emmanuel Mouret. A propos
de son goût pour les gags et de son rapport au réalisme, le réalisateur précise : " Personnellement, je ne me soucie
guère d'être réaliste. Quand je suis au cinéma, je n'ai aucun problème à croire aux sentiments des extra-terrestres ou
des vampires. Le film se déroule à une époque qui ressemble à la nôtre et je m'en inspire bien évidemment. Mais je
ne veux pas que cela bride mes envies ! Un film pour moi ce n'est pas la vie. Et je crois que pour un grand nombre
des gens qui aiment le cinéma, le cinéma c'est un peu plus que la vie ! Quant au coup de la braguette [un des gags
du film], même si c'est trivial, c'est bien plus qu'un détail. C'est même une des choses qui m'a le plus motivé pour
faire ce film. J'adore ce genre de gag au cinéma ! C'est le burlesque qui au départ m'a donné envie de faire des films.
Et puis la trivialité a cela de passionnant qu'elle touche notre être le plus directement et intimement. Elle n'a rien à
voir avec la vulgarité, qui est pour moi synonyme de laideur. Etre délicatement trivial, voilà mon ambition."
Moi je joue
Comme dans ses précédents films, Emmanuel Mouret interprète lui-même le rôle principal. Il confie : "A chaque fin
de film, je me dis qu'il faut que j'arrête de jouer mais... Si j'ai commencé à jouer dans mes courts métrages, c'était
naïvement pour faire pareil que des cinéastes que j'admire : Woody Allen, Jacques Tati, Jerry Lewis, Sacha Guitry,
Buster Keaton... J'aimais dans leur film l'ironie et la complicité que leur présence produit avec le spectateur. Et puis,
j'ai observé que lorsqu'un metteur en scène joue dans son propre film, on oublie plus facilement les précédents rôles
des acteurs connus qui l'entourent. Cela rend le film plus personnel."
Toujours Bel
C'est la troisième fois qu'Emmanuel Mouret s'est choisi comme partenaire Frédérique Bel, actrice qui avait révélé sa
sensibilité dans Changement d'adresse et qu'on avait retrouvée dans Un baiser s'il vous plaît.
Clin d'oeil
Le producteur Frédéric Niedermayer fait une apparition dans le film, dans le rôle de Jean-Paul. Et au détour d'une
réplique, il est question d'une banque espagnole Niedermayer...
BONNES VACANCES A TOUS ! Nous nous retrouverons le 2 septembre
avec SUNSHINE CLEANING de christine JEFFS…..