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Antiparkinsoniens de Synthèse et Troubles du Contrôle des Impulsions David Devos INSERM U1171 Pharmacologie Médicale & Neurologie Université, Faculté de Médecine, CHU LILLE FRANCE Maladie de Parkinson Épidémiologie: Au 2ème rang des maladies neuro-dégénératives après la maladie d’Alzheimer • Nombre de malades > 100 000 en France • Âge moyen de diagnostic : entre 55 et 65 ans • 2 % de la population âgée de plus de 65 ans • Prévalence augmente avec l’âge au-delà de 65 ans •H≤F Triade classique: Akinésie Tremblement de repos Traitement efficace dès 1969 Hypertonie parkinsonienne Maladie de Parkinson § Il existe classiquement une atteinte d’une très petite structure du cerveau: la substance noire. Hassler en 1938 montre que les lésions sont constamment retrouvées dans la substance noire et le locus coeruleus, Noyau basal de Meynert, noyau dorsal du vague (-) (-) (+) (+) Parkinson Maladie de Parkinson Maladie neuropsychiatrique Nombreux troubles cognitivo-comportementaux - Très invalidants avec altération qualité de vie - Précoces (inauguraux) et tardifs (fluctuations) – Anxiété (60%), dépression (20-40%), hallucinations, délire, psychose, apathie (32%), troubles cognitifs, démence parkinsonienne,… à Prise de conscience de “conduites addictives (2000) à Observations de plus en plus nombreuses Autres voies dopaminergiques -Hallucination -Apathie dopa (Thobois et al., 2010) -Fluences verbales, mémoire de travail -… Autres systèmes de transmission -Démence cholinergique (Emre et al., 2004) Dégénérescence striatale -Apathie cholinergique prédeméntielle? (CHOPA) - Non améliorée par la L-Depression noradrenergique? (Devos et al., 2008; dopa Richard et al., 2012) -Freezing noradrenergique? (Moreau et al., 2012)… Conduites addictives • Nombreuses dénominations employées Comportement compulsif, syndrome de dysrégulation dopaminergique, dysrégulation homeostatique hédonistique, addiction aux traitements dopaminergiques, comportements répétés,… • Diagnostic differentiel avec les pathologies psychiatriques – Hypomanie (compt excessif exaltation de l’humeur) – Troubles obsessionels compulsifs (↓ anxiété) • Vers une systématisation en syndrome? (Weintraub, 2008) MAIS pas de mécanisme univoque et pas de consensus à Trouble du contrôle des pulsions (ICD) à Syndrome de dysrégulation dopaminergique à Punding Trouble du contrôle des pulsions dans MP • Définition (DSM-IV-R) – Incapacité à résister à une pulsion ou à la tentation de réaliser une activité apportant du plaisir qui conduit la personne dans une situation de souffrance ou autrui en raison de son caractère excessif • Formes – Jeux pathologique (gambling), le plus classique – Achat pathologique compulsif – Comportement sexuel compulsif – Comportement alimentaire compulsif (binge eating) Syndrome de dysrégulation dopaminergique (SDD) – Consommation excessive (“craving”) de levodopa (dispersible) ou agoniste dopaminergique à durée d’action brève (apomorphine) – Sans relation avec état moteur réel – Impossible de réduire TT, automédication, mensonges,… à Evoque toxicomanie à la levodopa (cocaïne?) PUNDING – Comportement moteur stéréotypé complexe sans but précis et peu productive avec fascination (Friedman, 1994, Giovanni, 2000; Evans 2004) – Activités complexes (hobbies, écriture, ordinateur) ou plus simples (collection, classement, manipulation, déambulation) – Faible contrôle des pulsions sans plaisir ni récompense à une prise de risque à Conséquences motrices d’un excès de dopamine? « Addictions » dans MP • Prévalence incertaine (cf revue Weintraub 2008) – – – – Jeux pathologique: 2 à 6% Comportement sexuel compulsif: 2 à 10% Achat pathologique compulsif: 0,4 à 2% Punding 1,5 à 14 % des MP (Evans 2004 ; Miyasaki 2007) • Prévalence plus élevée dans MP vs pop générale – Risque 25 fois + élevée de jeux patho dans MP (Stucki, 2008) • Sous estimation – Découverte récente – Outils non adaptés dans les études retrospectives – Non avoué par les patients Trouble du contrôle des pulsions dans MP • Corrélations cliniques – – – – – – Jeune (mais biais doses ↑ agonistes) +++ Homme +++ Longue durée d’évolution et début précoce Symptomatologie préexistante à la MP Histoire personnelle ou familiale d’addiction (alcool) Histoire familiale maladie bipolaire • Problèmes des co-morbidités psychiatriques – Dépression, désinhibition, irritabilité, impulsivité, trouble du comportement alimentaire Trouble du contrôle des pulsions dans MP • Agonistes dopaminergiques +++ – Dans 50 à 100% selon les études – 100 % si troubles sévères et actifs – Surtout si dose élevée – Temps variable mais ↑ avec utilisation – Effet de classe (pergolide = pramipexol = ropinirole) • Pas de relation avec dose équivalente de levodopa • Amantadine? SDD et punding • Traitements dopaminergiques – Doses élevées de levodopa +++ – Doses élevées d’agonistes à durée d’action brève (apomorphine, cabergoline) • Association SDD et punding +++ • Comorbidité avec ICD +++ • Corrélations cliniques – Jeune age et début maladie précoce – ATCD de surconsommation médicamenteuse – Plus grande impulsivité Hypothèses physiopathologiques? Trouble du contrôle des pulsions Syndrome de dysrégulation dopaminergique Punding Maladie de Parkinson : les agonistes dopaminergiques • Classification : Agonistes de première génération : - bromocriptine (PARLODEL®) - lisuride (DOPERGINE®) - pergolide (CELANCE®) - piribédil (TRIVASTAL®) Dérivés de l’ergot de seigle (fibrose, valvulopathie) Agonistes de deuxième génération : - ropinirole (REQUIP®) à formes LP - pramipexole (SIFROL® Mirapexin) à formes LP - rotigotine en patch (NEUPRO® ) - cabergoline (DOSTINEX®) • Mécanisme d’action : Différent profil de stimulation des récepteurs dopaminergiques striataux Modification Score de Handicap Nombre de mois Comparaison de levodopa/benserazide, levodopa/benserazide/selegiline et bromocriptine sur la progression des symptômes de la maladie de Parkinson. (249-271 patients dans chaque groupe). Avant le traitement, la moyenne du taux de déclin était de 0.7 unité/an. Les 3 traitements produisent une amélioration du score initial pendant 2-3 ans, mais les effets déclinent, soit par perte d’efficacité soit par progression de la maladie. La bromocriptine apparaît moins efficace que la lévodopa et avec plus de sorties d’étude en raison d’effets indésirables. (Parkinson's Disease Research Group 1993 Br Med J 307: 469-472.) DISTRIBUTION DES RÉCEPTEURS DOPAMINERGIQUES DANS LES PRINCIPALES RÉGIONS DU CERVEAU HUMAIN D1 D2 D3 D4 D5 +++ +++ +++ +++ ++ +++ 0 0 0 0 Région hippocampique + 0 Gyrus denté Hippocampe +++ ++ ++ ++ + ++ ++ ++ ++ ++ + ++ ++ +++ 0 + 0 0 0 0 0 Ganglions de la base Caudé-Putamen Noyau accumbens Cortex 0 0 Régions dopaminergiques Substance noire compacta Aire tegmentale ventrale Maladie de Parkinson : agonistes dopaminergiques L-DOPA Récepteur D1 Pergolide Apomorphine Récepteur D2 Récepteur D3 Bromocriptine Lisuride Pergolide Piribédil Ropinirole Cabergoline Pramipexole Apomorphine Apomorphine Ropinirole Pramipexole Piribédil Hypothèses : traitement Implication des récepteurs dopaminergiques D3? - Ratio D3/D2, D3/D1: ↑ agonistes dopa > levodopa Noyau acccumbens Diffus Caudate-putamen = striatum SN Peu représenté Hypothèses physiopathologiques Voie dopaminergique mésocorticolimbique àImpliquée dans la récompense et le renforcement Addiction Neurones dopa N Accumbens Action directe sur recapture de la dopamine : -Cocaïne, -Amphétamines -Ecstasy Neurones dopa dans VTA -Recept Ach : tabac -Récept CB1: THC - Récept GABA: alcool -Récept endorphines: héroïne, opiacés -Récept CRF : effet stress Substances psychoactives responsables d’une addiction • opiacés • amphétamines • cocaïne • nicotine • alcool • cannabis Une voie finale commune : voie dopaminergique mésolimbique Substance psychoactive DA Agonistes dopaminergiques et des comportements addictifs DOPAMINE Addictions ? Hyperdopaminergique Maladie de Parkinson Hypodopaminergique Maladie de Parkinson Traitement Structures DA Addictions Hypothèses : traitement • Stimulation pulsatile artificielle (Fiorillo et al, 2003) à Mécanismes pharmacocinétiques à Mécanismes pharmacodynamiques • Stimulation dopaminergique voie ventrale : – Phasique si récompense attendue – Fortement phasique si récompense inattendue – Tonique si une récompense attendue n’arrive pas Transmission dopaminergique Motivation (renforcement +) Addiction Phénomène de tolérance (down regulation) Euphorie Dysphorie Manque (renforcement -) Désir de reprendre cause et conséquence de la tolérance Hypothèses : traitement Etude PET-scan 11C-raclopride (marqueur D2 D3) dans le DDS (Evans et al, 2006) – Augmentation du relargage de dopamine striatale ventrale déclenchée par la levodopa – Sensibilisation du circuit striatal ventral corrélée avec le désir de médicament (wanting) et non les sensation apportées par la prise (liking) Maladie de Parkinson Traitement Structures DA Addictions Hypothèses : Maladie de Parkinson Stade 2 Stade 3 Altération précoce du système limbique Braak (2000-2003-2004) à Comorbidités psychiatriques à Conduites addictives Hypothèses : Maladie de Parkinson Déséquilibre: dégénérescence striatum dorsal État déplétion dopaminergique STRIATUM VENTRAL STRIATUM DORSAL Signes moteurs parkinsoniens Hypothèses : Maladie de Parkinson Déclenchement: déséquilibre balance Stimulation dopaminergique STRIATUM DORSAL STRIATUM VENTRAL Impulsion-compulsion avec sensation de plaisir = addiction “overdose dopaminergique limbique” Hypothèses : Maladie de Parkinson Maintien àIncapacité à apprendre de ses erreurs Dégénérescence voie striatofrontale et cortex préfrontal à Syndrome dyséxécutif àAltération des capacités de feedback négatif pour changer de stratégie Prise en charge thérapeutique Evaluation clinique neurologique – Education du patient avant la mise sous agoniste dopaminergique +++ – Contrôles réguliers à chaque consultation +++ – Pas d’échelle globale validée • Minnesota Impulsive Disorder Interview • Autres échelles plus spécifiques de gambling Evaluation psychiatrique des comorbidités +++ Trouble du contrôle des pulsions Prise en charge thérapeutique Arrêt ou diminution importante de l’agoniste +++ – Remplacement par levodopa (Parfois changement d’agoniste à dose + faible) – Remission complète ou partielle – Pb DDS: difficile Influence de la stimulation subthalamique – Amélioration ICD, punding (Voon et al, 2003; Ardouin, 2006; Azulay, 2007) – Pas de différence ICD sur faible cohorte (↑ l’impulsivité) (Hälbig, 2009) – Cas d’aggravation précoce transitoire (Smeding, 2007) – Cas d’aggravation de l’impulsivité (Frank, 2007) lien suicide? – Dépend des prescriptions d’agonistes et des comorbidités Trouble du contrôle des pulsions Prise en charge thérapeutique Intérêt des IRS? – Empirique, peu de données Intérêt des antipsychotiques? – Quetiapine (Sevincok, 2007), risperidone (Dodd, 2005) – Clozapine ? – Essai négatif olanzapine chez les non parkinsoniens Antagonistes opioïde nalmefene, naltrexone (Potenza, 2007) Prise en charge comorbidités psychiatriques Thérapie cognitive comportementale Conclusions - Trouble du controle des pulsions nécessite l’arrêt de l’agoniste dopaminergique: rôle D3? - DDS et punding nécessitent la réduction des doses élevées de lévodopa - Intérêt de la stimulation NST à confirmer mais possibilité de complications à court terme (apathie, dépression, impulsivité, suicide) - Meilleure compréhension des spécificités parkinsoniennes est nécessaire