SAHEL ET AFRIQUE DE L`OUEST Perspectives sur la sécurité

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SAHEL ET AFRIQUE DE L`OUEST Perspectives sur la sécurité
SAHEL ET AFRIQUE DE L’OUEST
Perspectives sur la sécurité alimentaire
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Janvier à Juin 2010
Les disponibilités alimentaires continuent à être Figure 1. Estimation des conditions courantes de la
renforcées par la récolte de riz, des cultures de contre sécurité alimentaire, janvier 2010.
saison et de décrue. Les flux des produits se font normalement entre les zones excédentaires et les zones déficitaires. Dans le bassin très déficitaire Est, ces flux sont favorisés par les excédents de maïs de la zone soudanienne mais surtout par la faiblesse du naira vis‐à‐
vis du franc CFA. Grâce à ces échanges, une sécurité alimentaire générale prévaut dans les zones agricoles soudaniennes et du golfe de guinée avec une insécurité alimentaire modérée dans le sahel et élevé vers l’est du sahel (Figure 1). Dans la zone soudanienne, la sécurité alimentaire suivra le rythme normal du calendrier saisonnier. La soudure au golfe de Guinée risque d’être difficile cette année avec les mauvaises productions enregistrées durant la deuxième campagne agricole. Ils auront besoin des Pour plus d’information sur l’échelle d’insécurité du FEWS NET prière
de consulter: www.fews.net/FoodInsecurityScale
ventes de maïs et autres produits alimentaires à un prix réduit à travers les boutiques témoins comme c’est fait Source: FEWS NET
au Bénin par l’ONASA. À l’est du Sahel, les apports de la contre saison et de l’exode ne seront plus suffisants pour combler les déficits de production agricole et de pâturages. Les ménages pauvres, particulièrement des zones agropastorales, font déjà recours aux marchés pour leur alimentation en décembre, au lieu d’avril/mai en année normale. Les admissions des enfants malnutris dans la zone sont en hausse entre novembre et décembre contre la tendance normale de stabilité en cette période de post‐récolte. Les actions de facilitation d’accès (cash‐for‐work ou cash transfert, etc.) seront encore nécessaire jusqu’en mai et une assistance alimentaires d’urgence seront aussi nécessaire, particulièrement pour les populations pauvres et sédentaires des zones agropastorales et pastorales de juin à septembre/octobre. Calendrier saisonnier et événements critiques Source: FEWS NET FEWS NET Afrique de l’Ouest
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Janvier à Juin 2010
Conditions actuelles de la sécurité alimentaire D’une manière générale, les récoltes sont terminées pour les cultures pluviales, les cultures de décrue et la maturation généralisée des cultures de contre saison se poursuit. Les disponibilités alimentaires sont ainsi renforcées un peu partout dans la région. Les flux des produits se font normalement entre les zones excédentaires et les zones déficitaires sans aucune entrave. Cependant, les niveaux des prix nominaux des produits sont toujours plus élevés que les moyennes saisonnières dans plusieurs marchés notamment là où les nouvelles récoltes ont été mauvaises. La hausse prématurée amorcée dès novembre 2009 dans certains cas, s’est poursuivie jusqu’à ce mois de janvier 2010. Ce niveau élevé des prix, dans un contexte de faible revenu pour la plupart des ménages concernés, constitue actuellement un facteur important d’insécurité alimentaire dans la région. Leurs courbes d’évolution montrent aussi qu’elles ont atteint les points d’inflexion (reprendre la hausse après les baisses de post‐récolte) sur la plupart des marchés et pour tous les produits excepté le mil au Sénégal dans le bassin ouest. Les conditions actuelles de sécurité alimentaire varient du sud au nord et d’est en ouest en fonction de la répartition de ces disponibilités et des conditions d’accès des populations aux différents produits alimentaires. Ainsi, une situation alimentaire générale (dans la zone bimodale et soudanienne et dans tout le bassin ouest de l’Afrique de l’ouest, excepté la Mauritanie) et une insécurité alimentaire modérée (au Sahel), prévalent globalement dans la région (Figure 1). Cependant, ce tableau général présente des spécificités d’insécurité alimentaire dont l’acuité varie selon les zones et les groupes en présence. Ainsi, dans la zone soudanienne et dans la zone bimodale du golfe de guinée, les conditions de sécurité alimentaire continuent à être en général bonnes avec les récoltes supérieures à moyenne, enregistrées pendant la première saison agricole 2009. Cependant, dans la zone bimodale, la petite saison agricole dont la récolte intervient en fin novembre‐
décembre, n’a pas donné de bons résultats au sud Bénin et au sud du Nigeria. La baisse de production atteint 75 pourcent au Bénin. Normalement les pauvres agriculteurs de la zone bimodale vendent les produits de la première saison, difficile à conserver à cause de l’humidité, pour générer des revenues et gardent les produits de la seconde saison pour consommer jusqu’en juin/juillet. Ces ménages se trouvent en janvier avec des stocks céréaliers ménagers similaires à ce qu’on trouve normalement en avril et font face à une insécurité alimentaire modérée précoce cette année. Ils ont eu un recours précoce au marché et d’ores et déjà, des hausses de prix du maïs de plus de 20 pourcent ont été observées entre novembre et décembre 2009 sur les marchés du sud du Bénin. Au Sahel, d’une manière générale, des flux réguliers de produits alimentaires (céréales, légumes et tubercules), favorisés par les excédents enregistrés dans la zone soudanienne et surtout par la faiblesse du naira vis‐à‐vis du franc CFA continuent à intéresser le Sahel et à rendre adéquat l’approvisionnement des marchés même dans le bassin Est très déficitaire et notamment dans les zones les plus touchées du Niger et du Tchad, Les commençants céréaliers de la zone soudanienne du Nigeria apportent régulièrement des céréales et des aliments de bétails dans leurs zones pour les vendre au nord du Mali, du Burkina Faso, au Niger et au Tchad pour retourner au Nigeria avec du bétail atténuant ainsi les pertes liées au taux de change Naira/Franc CFA. Malgré tout, les conditions actuelles de sécurité alimentaire sont aussi variables, essentiellement dirigées par les résultats de la dernière campagne agricole et les difficultés d’accès aux aliments que font face certaines zones ou certains groupes sociaux. Ainsi, dans les zones agropastorales du sahel nigérien, tchadien, et au nord Nigeria une situation alimentaire générale continue à prévaloir au sud dans les zones contiguës à la zone soudanienne tandis qu’une insécurité alimentaire modérée sévit dans la partie nord de cette zone du fait de la Tableau 1. Pourcentage de différence des termes de
diminution des réserves alimentaires, des prix élevés et en l'échange de bétail à mil pour les espèces les plus sensibles
hausse. (bovins et ovins) sur les marchés de Mangaïzé et de
Tanout au Niger.
Dans la zone pastorale allant de l’est du Mali au Tchad en Ovins
Période
Bovins
Marché
passant par le Niger, le maintien du prix des céréales à un Dec.09/08
-18
-5
niveau élevé, couplé avec la diminution de l’embonpoint des Mangaïzé
animaux et la diminution de la demande de bétail avec la fin Dec.09/moyenne
-5
-26
des fêtes de fin d’année ont engendrée une détérioration des Dec.09/08
-40
-28
termes de l’échange en défaveur des populations. Par Tanout
Dec.09/moyenne
-29
-42
exemple, sur les marchés de Mangaïzé dans le département Source: SIMB et SIMA Niger
de Ouallam, à la frontière avec le Mali, et de Tanout au Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine
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Janvier à Juin 2010
centre du Niger, les termes de l’échange sont en baisse pour toutes les espèces de référence (Tableau 1). De ce fait, bien que les conditions globales varient entre une sécurité alimentaire générale et une insécurité alimentaire modérée dans la région, il est important de souligner que la situation des pastoraux au nord du Mali, au Tchad, au centre et à l’est du Niger ne s’est guère améliorée et doit être au Niger, au nord Mali et au Tchad, proche d’une insécurité alimentaire haute. Cela peut être déduit suite à l’observation de la mauvaise qualité du bétail actuellement commercialisé à partir du nord du Mali et de la zone pastorale du Niger en direction du Nigeria. Ce bétail, très maigre et acheté dans les zones pastorales reculées, est évacué dans des camions vers les grands marchés du Nigeria. La baisse du prix du bétail suite à cette commercialisation du bétail de mauvaise qualité, a amené les bouchers de Niamey à abaisser le prix de kilogramme de viande de 2.000 francs CFA en novembre 2009 à 1.750 francs CFA en fin décembre 2009. Scénario le plus probable de la sécurité alimentaire janvier à juin 2010 L’analyse du scenario le plus probable de la sécurité alimentaire pendant la période janvier à juin 2010 est basée sur les différents facteurs ci‐dessus précités à savoir les résultats connus de la campagne agricole 2009, les perspectives de fonctionnement des marchés, les prévisions saisonnières 2010 dans la zone bimodale, et les perspectives pastorales. Ainsi, les hypothèses soutenant ce scénario se présentent comme suit : • Les disponibilités alimentaires totales en Afrique de l’Ouest soient suffisantes pour couvrir les besoins. Cependant, la disponibilité est mal repartie. En rappel, les productions 2009 ont été globalement bonnes dans le bassin ouest, moyennes dans le bassin central, et mauvaises dans le bassin est. Du nord au sud, elles ont été mauvaises au Sahel, dans la vallée Mauritanienne du fleuve Sénégal, au Tchad et moyennes à bonnes dans la zone soudanienne et pour la première saison dans la zone bimodale des pays côtiers ; • Etant donné la mauvaise production locale dans le bassin est du Sahel, tous les ménages se rebattront plus précocement et plus intensément sur le marché pour leur alimentation que d’habitude. La mauvaise production de la deuxième saison dans la zone bimodale contribuera aussi à une demande en dessous du normal des petits producteurs déficitaires du sud du Nigeria, du Benin, et du Togo. Cette demande fera que les prix des céréales, déjà au dessus de la moyenne dans le bassin est, connaîtront une hausse saisonnière plus accentuée que la normale à partir de janvier/février jusqu’aux premiers récoltes en juin 2010 ; • A un certain moment, les commerçants du bassin est se rebattront sur les marchés du bassin central (Burkina Faso, Mali, Togo, Ghana et Côte d’Ivoire). Ainsi les prix du bassin centrale seront également plus élevés que d’habitude, mais modérément ; • Dans le bassin Ouest (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Sierra Leone, Liberia et Guinée), les prix auront une évolution saisonnière normale ; Figure 2. Analyse Canonique de Corrélation (CCA) de la
• Dans le bassin est, les éleveurs déstockeront probabilité d’une pluviométrie en dessous, en dessus, ou
davantage les espèces de bétail les plus approchant de la normale. Le rouge indique une forte
sensibles au manque de pâturages (ovins et probabilité d’une pluviométrie en dessous de la normale.
bovins) du fait du coût élevé de leur entretien et du besoin des ménages (plus les moyens et riches) de liquider des biens afin de reconstituer des stocks alimentaires et d’employer les ménages pauvres. Une hausse des présentations des animaux sur le marché avec un embonpoint en dessous du normal fera que les prix seront en baisse, aussi bien que les termes de l’échange de bétail à céréales. Par contre dans les bassins Central et Ouest; l’évolution des termes d’échange va globalement être normale. • L’épisode El Niño, étant à son pic en janvier un épisode dit « fort », continuera jusqu’en mai/juin. Ce phénomène correspond à une Source : NOAA/FEWS NET
diminution des pluies sur l’Afrique de l’Ouest. Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine
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Selon les prévisions saisonnières de Climate Prediction Center (CPC) de la NOAA, il y a une forte probabilité de précipitations en dessous de la normale dans tous les pays du Golfe de Guinée pour la période d’avril à juin (Figure 2). Il est donc aussi fort probable que la campagne 2010 sera mal entamée en mai/juin dans la zone soudanienne. Une mauvaise installation de la saison renforcera la hausse des prix et perturbera les marchés perturbés en cette période dans toute la région. La production du maïs, dont dépend le Sahel en période de soudure, sera affectée et ne pourra pas arriver comme d’habitude en juillet‐août au Sahel. Pour le moment on suppose que l’installation de la saison dans le Sahel sera normale. Aucune entrave majeur sur la libre circulation des biens entre les pays, particulièrement dans le bassin est. Les élections en Côte d’Ivoire et les événements politiques au Guinée ne provoqueront pas de mouvement important des populations ou des entraves majeurs sur le commerce. Les sanctions de la CEDEAO contre le Niger en 2010, ne viseront pas les secteurs vitaux de la sécurité alimentaire. Sur la base de ces éléments les perspectives par bassin se présentent comme suit (Figures 3 et 4): Dans le bassin est, regroupant le Bénin, le Niger, le Nigeria le Tchad, et le nord‐est du Mali Dans la partie bimodale (sud du Nigeria et du Bénin) la Figure 3. Perspectives de sécurité alimentaire, le scenario
première saison agricole (avril‐août) a donné une bonne le plus probable janvier à mars 2010.
production. Par contre, l’analyse de la pluviométrie estimée par satellite (RFE) montre que la petite saison pluvieuse au sud de l’Afrique de l’Ouest a été caractérisée par une mauvaise répartition temporelle aussi bien que des cumuls en dessous de la moyenne. Elle a été caractérisée par une installation timide dans l’ensemble et tardive surtout le long du littoral. Les précipitations importantes n’ont été enregistrées que pendant trois décades de la troisième décade d’octobre à la deuxième décade de novembre. Les productions de maïs et de niébé de la petite saison de septembre à novembre sont mauvaises. Or c’est cette production qui garantit la sécurité alimentaire des ménages vivant dans cette zone pendant la soudure. Par ailleurs, la soudure qui démarre normalement en fin avril dans cette zone risque de débuter précocement et de Source: FEWS NET/Afrique de l’Ouest
durer plus longtemps cette année à cause des mauvaises conditions d’installation de la campagne qui ne vont pas Figure 4. Perspectives de sécurité alimentaire, le scenario
permettre un développement normal des cultures de le plus probable, avril-juin 2010.
soudure comme les tubercules mais aussi à cause de la hausse accentuée des prix attendue. Cette zone sera en sécurité alimentaire générale jusqu’en février‐mars 2010 mais basculera en insécurité alimentaire modérée au moment de la soudure à partir de fin avril, pour les ménages sans stocks quand les prix vont augmenter, notamment ceux du niébé, du maïs et des tubercules. Dans la zone soudanienne : les récoltes de la campagne 2009 ont été globalement moyennes à bonnes. Cette zone est actuellement soumise à la pression de la demande des commerçants sahéliens et bientôt celle des commerçants de la zone côtière qui a enregistré de mauvaises productions de la petite saison. Ces pressions vont faire Source: FEWS NET
augmenter les prix. Les populations y vivant seront en Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine
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sécurité alimentaire générale jusqu’en juin 2010. Toutefois elles risquent de faire face à des conflits localisés entre les éleveurs venus du nord à la recherche de pâturages et les agriculteurs autochtones si les pluies s’installent en mai‐juin et si les conditions d’alimentation du bétail ne sont pas améliorées dans la zone pastorale du Sahel. Dans les zones agropastorales du sahel nigérien, tchadien, et au nord Nigeria, les productions 2009 ont été mauvaises. Les pauvres de ces zones vivent actuellement du marché approvisionné par des importations provenant de la zone soudanienne. Plusieurs ménages sont déjà sans stocks et font face à des prix élevés par rapport à la moyenne et des prix de mil en hausse depuis octobre/novembre, période pendant laquelle les prix sont normalement en baisse. Cette tendance va se maintenir et même s’aggraver les mois prochains jusqu’aux prochaines récoltes en octobre 2010. L’insécurité alimentaire sera globalement modérée dans les zones agricoles du Sahel et haute à l’est dans les zones agropastorales du Niger, du Tchad, ainsi qu’à Gao, Mali, qui ont accusé les plus importantes baisses de production agricole et pastorale en 2009. La hausse des prix sera importante, particulièrement en cas d’entraves à la régularité des flux entre la zone soudanienne et le Sahel, et contribuera à l’insécurité alimentaire haute à l’est et à l’Ouest du Niger, au Sahel tchadien et au niveau de certains groupes spécifiques comme les populations pastorales et les pauvres dans les centres urbains. Dans la zone pastorale allant de l’est du Mali au Tchad en passant par le Niger, la situation est mauvaise et continue à se dégrader à l’est du Mali et dans toute la zone pastorale du Niger et du Tchad. Les termes de l’échange continueront en général à baisser dans ces zones. Les difficultés alimentaires des populations pastorales de ces zones vont s’accentuer au fur et à mesure qu’on s’approchera de la prochaine saison des pluies. À Bahr el Gazel au Tchad, l’état nutritionnel de la population en décembre/janvier avoisinait déjà les seuils d’urgence selon une enquête récente d’Action Contre la Faim (voir Alerte sur la Sécurité alimentaire http://www.fews.net/docs/ Publications/Chad_Alert_2010_01_fr_final.pdf). Etant donné la détérioration normale de la sécurité alimentaire entre janvier et juin/juillet en zone pastorale et le délai de l’implémentation de l’assistance, il est peu probable que l’assistance mobilisée stabilisera la sécurité alimentaire pendant la soudure pastorale d’avril‐juin. Cette zone sera en insécurité alimentaire extrême au moins jusqu’à l’installation des pluies et pâturages en juillet. Dans le bassin central regroupant le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Togo Dans la partie bimodale (allant du Ghana au Liberia) et dans la zone soudanienne, les productions agricoles des saisons longue et petit également 2009 ont été moyennes à bonnes. Les populations vivant dans cette zone vont continuer à être en sécurité alimentaire générale jusqu’en juin 2010. Dans le Sahel burkinabé et malien, grâce aux flux des produits issus de la zone soudanienne, la situation de sécurité alimentaire générale qui y prévaut actuellement se maintiendra jusqu’en mars 2010. A partir de cette période, elle se transformera graduellement en une insécurité alimentaire modérée jusqu’en juin 2010 suite à un épuisement précoce des stocks et une montée modérée des prix.
Dans la zone pastorale centrale du Mali et du Burkina, les animaux continuent à trouver refuge dans le delta intérieur du fleuve Niger et dans les enclaves pastorales du sud. Ce refuge sera possible jusqu’à fin avril au plus tard, période durant laquelle ils doivent remonter normalement dans la zone pastorale. L’insécurité alimentaire modérée observée actuellement, peut être maintenue jusqu’en avril 2010.. Toutefois, les pâturages étant mauvais, en remontant dans la zone pastorale en mai‐juin, ils vont basculer vers une insécurité alimentaire élevée, notamment les éleveurs qui ont le nord –est du Mali (Gao, Ménaka) comme points d’ancrage. Dans le bassin ouest regroupant la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Liberia, le Sénégal et la Sierra Leone La situation agricole est globalement bonne. Les productions agricoles ont été en général supérieures à la moyenne. Les bonnes productions d’arachides et autres cultures de rentes permettront aux populations d’accéder à la plupart des aliments jusqu’en juin 2010. Aussi, les bonnes productions de riz enregistrées dans la zone permettront d’atténuer la hausse du riz importé et de rendre le produit encore plus accessible. Les tensions sur les marchés seront par conséquent moins fortes que dans les autres bassins, garantissant une accessibilité plus importante aux denrées alimentaires. Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine
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Compte tenu de ces conditions, une sécurité alimentaire générale continuera à prévaloir dans cette zone jusqu’en juin 2010, excepté à l’extrême nord du Sénégal et en Mauritanie où une insécurité modérée sera globalement observée à cause des prix élevés des céréales et du bas prix de bétail qui n’a pas encore recouvré son embonpoint. Tableau 2: Evènements pouvant changer le scenario le plus probable dans les six mois à venir.
Zones géographiques Evénements possibles •
Bassins central et est de l’Afrique de l’Ouest •
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Adoption de mesures restrictives à la libre circulation des produits alimentaires •
Sahel et zone soudanienne Impacts sur les conditions de sécurité alimentaire Mauvaise répartition des disponibilités dans la région ; Augmentation de la spéculation Flambée des prix (du maïs dans le sud de la zone bimodale du Bénin, du Togo et du Ghana et de toutes les céréales au Niger et au Tchad) et difficultés généralisées d’accès aux aliments dans toute la région • Epuisement des stocks villageois communautaires • Pertes des revenus pour les ménages dépendants • Augmentation de la malnutrition • Augmentation de la mortalité animale Insuffisance des aides pour atténuer l’insécurité alimentaire dans les zones agro‐pastorales et pastorales Probabilité d’occurrence* Zones pastorales et agropastorales du Sahel et nord des pays côtiers Appréciation de la Naira face au franc CFA • Baisse des approvisionnements au Niger et au Tchad du Nigeria • Hausse des prix au Niger et Tchad Mauvaise installation de la saison dans les zones pastorales du Sahel de l’Est du Mali au Tchad. • Non reconstitution à temps des pâturages; • Augmentation de la mortalité du bétail augmente • Baisse de la productivité du bétail • Baisse du prix du bétail et détérioration des termes de l’échange bétail‐céréales. • Augmentation des conflits agriculteurs‐éleveurs. • Flux transfrontaliers ; • Mesures gouvernementales ; • Etat approvisionnement des marchés ; • Prix des céréales sur les marchés de référence Moins probable Moins probable Niger et Tchad Indicateurs clés à suivre Non probable Moins probable • Situation des stocks nationaux et communautaires • Revenus tirés par les ménages • Evolution du taux de malnutrition • Evolution des approvisionnements en aliments de bétail. • Taux d’échange Naira au franc CFA • Flux transfrontaliers • Prix des céréales sur les marchés de référence • Etats des points d’eaux ; • Mouvement du bétail ; • Prix du bétail • Conflits agriculteurs –
éleveurs * Niveaux de probabilité Moins probable Description Pourrait se réaliser pendant la période de projection si les conditions changeraient légèrement. Non probable Pourrait se réaliser pendant la période de projection si les conditions changeraient significativement. Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine
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