APT Rapport Annuel 2006
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APT Rapport Annuel 2006
2006 RAPPORT ANNUEL Association pour la prévention de la torture Fondée en 1977 par Jean-Jacques Gautier Lauréat du Prix des droits de l’homme de la République française, 2004 Lauréat du Prix de la Fondation pour Genève, 2004 Qu’est-ce que l’Association pour la Prévention de la Torture ? L’Association pour la prévention de la torture (APT) est une organisation non gouvernementale (ONG), indépendante, basée à Genève, qui œuvre à l’échelle mondiale pour la prévention de la torture et des mauvais traitements. Elle a été fondée en 1977 par Jean-Jacques Gautier, banquier et juriste suisse. Idéal et mission L’APT rêve d’un monde où nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants tel que l’établit la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’APT concentre son action non pas sur la dénonciation de cas individuels, mais sur la prévention de la torture. Cette approche lui permet de travailler en étroite collaboration avec les autorités étatiques, les services de police, le pouvoir judiciaire, les institutions nationales, le monde universitaire et les ONG qui sont engagés dans les processus de réformes institutionnelles et désireux de voir les pratiques changer. L’APT a été l’un des fers de lance de la campagne internationale promouvant l’adoption, l’entrée en vigueur et la mise en œuvre efficace du Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture (le Protocole facultatif), un instrument de droit international visant à ouvrir tous les lieux de détention à une surveillance nationale et internationale. Pour prévenir la torture, l’APT articule son travail autour de trois objectifs liés les uns aux autres : 1. La transparence des institutions Promouvoir une surveillance régulière des institutions où les personnes sont privées de liberté et mettre l’accent sur les responsabilités des autorités en charge de celles-ci par le biais de mécanismes indépendants de visite ou d’autres organismes de contrôle. 2. Des cadres juridiques efficaces Veiller au respect et à la mise en œuvre des normes juridiques relatives à la prévention de la torture et autres mauvais traitements élaborées à l’échelon national, régional et international. 3. Le renforcement des capacités Former les acteurs nationaux et internationaux travaillant auprès de personnes privées de liberté, en encourageant l’acquisition de connaissances et leur mobilisation en faveur de pratiques préventives. Statut et fonctionnement L’APT est reconnue par les autorités suisses en tant qu’association à but non lucratif. Le travail du Secrétariat international, qui compte 17 personnes, est supervisé par un Conseil élu par l’Assemblée générale des membres de l’Association qui se tient chaque année. Financement L’APT peut mener son action grâce au précieux soutien financier des membres de l’Association, particuliers, organisations non gouvernementales, fondations, organes des Nations Unies et gouvernements cités dans le présent rapport. Secrétariat de l’APT Route de Ferney 10 Case postale 2267 1211 Genève 2 Suisse Tél : + 41 22 919 21 70 Fax : + 41 22 919 21 80 E-mail : [email protected] Site Internet : www.apt.ch Adoption de normes juridiques : L’APT a joué un rôle majeur dans l’établissement de normes et de mécanismes internationaux et régionaux visant à prévenir la torture, tels que le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture, le Comité européen pour la prévention de la torture et les Lignes directrices de Robben Island pour la prévention de la torture en Afrique de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Les dons à l’APT peuvent se faire par : Virement sur notre compte postal suisse CCP 12-21656-7 (depuis la Suisse uniquement) Virement sur notre compte bancaire UBS UBS SA Case postale CH-1211 Genève 2 Compte APT N° 279-C8117533.0 IBAN: CH62 0027 9279 C811 7533 0 BIC: UBSWCHZH80A Carte de crédit via le site Internet de l’APT: www.apt.ch Préface du Secrétaire général Table des matières 2006 : Un pas de plus vers une mise en œuvre universelle J’ai récemment rencontré le Directeur de l’Institut danois pour les droits de l’homme qui, en 2001, m’avait demandé comment j’imaginais l’Association dans cinq ans. J’étais fier de pouvoir lui dire que, à force de travail, d’aide précieuse et d’un peu de chance, nous avions réalisé nos principaux objectifs, à savoir : • Permettre l’adoption du Protocole facultatif à la Convention contre la torture (Protocole facultatif) ; • Assurer sa rapide entrée en vigueur ; • Elaborer une stratégie institutionnelle axée sur la prévention ; • Réunir une équipe professionnelle (au niveau du personnel et du Conseil) capable de répondre aux nouvelles demandes en matière de formation et de conseil pour les acteurs de terrain ; et • Assurer la transition entre une association qui se consacrait essentiellement à la mise en place de standards et une association davantage « opérationnelle » dans la mise en œuvre de normes et de pratiques dans le monde. Les succès de 2006 constituent non seulement l’apogée de ces cinq dernières années, mais aussi de trente ans de dur labeur fourni par des individus visionnaires au sein de l’APT, de ses organisations partenaires et des gouvernements. Il convient de louer ces derniers pour leur contribution aux deux événements historiques de 2006, soit l’entrée en vigueur du Protocole facultatif et la création d’un Sous-Comité international de la prévention. Outre ces événements d’envergure internationale, 2006 a vu l’APT se concentrer sur la création de mécanismes nationaux de prévention (MNP) efficaces effectuant des visites des lieux de détention. J’ai compris la nécessité d’avoir des MNP efficaces lors de ma présence au Paraguay en octobre dernier. En effet, j’ai été profondément bouleversé par les témoignages de victimes de torture dont les souffrances sont exacerbées par l’impunité de leurs tortionnaires et l’absence de réhabilitation. Profitant de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif, ces personnes conduisent le processus d’établissement du MNP, en coopération avec les ONG et le gouvernement. Le Paraguay illustre comment un pays avec une lourde histoire en matière de torture peut devenir un modèle de prévention par le biais d’un processus national inclusif. Les événements historiques de 2006 auraient été impossibles sans le travail exceptionnel fourni par notre personnel dévoué et par les membres de notre Conseil, et particulièrement Marco Mona, l’excellent Président de l’APT de ces 16 dernières années. Sans sa passion et sa sagesse, l’APT ne serait jamais devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Je lui dis tout simplement : merci ! Nous sommes heureux d’accueillir notre nouvelle Présidente, Mme Martine Brunschwig Graf, amie de longue date de l’APT et membre du Parlement de la Confédération helvétique. Je souhaiterais également remercier nos partenaires internationaux et nationaux qui effectuent un précieux travail et complémentaire à celui de l’APT. Dans le futur, nos partenaires auront besoin de notre soutien et de celui des autres acteurs clés pour assurer une prévention efficace de la torture. Les agences internationales, les fondations et les gouvernements donateurs doivent saisir l’opportunité offerte par le Protocole facultatif d’entrer dans une nouvelle ère de prévention, avec tous les défis que cela comporte. Au nom de l’APT et des bénéficiaires de nos efforts, je voudrais remercier les personnes qui soutiennent notre travail de prévention partout dans le monde. J’espère que vous lirez avec plaisir ce rapport sur certaines de nos activités en 2006. En espérant continuer notre collaboration dans le futur, Mark Thomson Secrétaire général ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 1 Préface du Secrétaire général 1 Prévention universelle de la torture : les activités de l’APT en 2006 2 Messages de l’ancien et de l’actuel Présidents de l’APT 3 En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité 4 Promouvoir la transparence des institutions 9 Aider à la mise en œuvre de cadres juridiques efficaces 11 Renforcer les capacités des principaux acteurs 13 Budget et comptabilité 17 Personnel de l’APT, 2006 18 Conseil et Conseil consultatif, 2006 19 Prévention universelle de la torture : les activités de l’APT en 2006 ORGANES INTERNATIONAUX ET REGIONAUX • Plaidoyer pour le Protocole facultatif auprès des organes de l’ONU, du Conseil et de l’Assemblée générale (Genève et New York) ; de la Commission interaméricaine (Washington) ; et de la Commission africaine (Gambie) • Réunion de l’OSCE sur la dimension humaine, Varsovie • Groupe de spécialistes sur les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme, Conseil de l’Europe, Strasbourg • Observations sur l’illégalité des détentions secrètes présentées au Conseil de l’Europe, à l’UE et à la Commission de Venise • Réunion sur la réforme des organes de l’ONU, Liechtenstein • Réunion de l’UIP sur l’administration de la justice, Genève • Réunion des Etats Parties au Protocole facultatif, Genève AFRIQUE • Plaidoyer pour le Protocole facultatif, Ghana, Sénégal, et Ouganda • Séminaire sur la mise en place d’un MNP, Afrique du Sud • Formation des services de police, Maurice ; formation du CICR pour la police, Afrique du Sud • Formation de la société civile, Ouganda • Formation des ONG africaines organisée par la FIACAT, Cameroun • Formation des ONG sur les Lignes directrices de Robben Island, Burundi 2 | RAPPORT ANNUEL 2006 AMERIQUES ASIE EUROPE ET ASIE CENTRALE • Séminaire sur la ratification du Protocole facultatif, Guatemala • Ateliers sur les MNP, Argentine, Honduras, Mexique, Paraguay et Uruguay • Atelier sur les visites des lieux de détention, Brésil • Formation des Ombudsman d’Amérique centrale, Panama • Plaidoyer pour le Protocole facultatif, Chili et Etats Unis • Suivi des recommandations du Comité contre la torture, Chili • Plaidoyer pour le Protocole facultatif, Indonésie et Philippines • Plaidoyer pour la Convention contre la torture, Thaïlande • Séminaire sur le MNP, Corée du Sud • Plaidoyer pour le Protocole facultatif, Espagne et Etats baltes • Séminaires sur le Protocole facultatif, Arménie et Monténégro • Formations sur la surveillance des lieux de détention, Azerbaïdjan et Kazakhstan • Séminaires sur les MNP, Arménie, Espagne, Géorgie, Moldova et RoyaumeUni • Atelier d’évaluation des visites de prisons du FHI, Sofia • Ateliers sur la prévention de la torture, Turquie • Surveillance et formation des services de police, Russie et Suisse • Réunion du Centre de plaidoyer pour les troubles mentaux, Budapest • Séminaire sur la prévention de la torture destiné aux INDH européennes, Pologne AFRIQUE DU NORD ET MOYENT-ORIENT • Réunion sur les garanties diplomatiques organisée par Amnesty International, Liban • Plaidoyer pour le Protocole facultatif, Maroc • Plaidoyer pour la prévention, Egypte Messages de l’ancien et de l’actuel Présidents de l’APT Voici mon dernier mot de président, qui lègue sa place à une présidente qui reprend la responsabilité et le plaisir de diriger une ONG très particulière, par son style, son créneau, mais aussi ses succès et la reconnaissance rencontrée. J’aimerai réitérer mon grand plaisir de voir Mme Martine Brunschwig Graf à la tête de l’APT. Je me considère un président sortant gâté, car j’ai pu partir sans souci; merci, Madame la Présidente, de mettre votre compétence et engagement au service de cette belle tâche. Pourquoi est-il question de Goliath dans le titre? Car je veux revendiquer le rôle de David pour l’APT, qui, pour réussir, a utilisé ses méninges. Pour ce que l’APT a accompli, il faut être non seulement intelligent, mais aussi tenace et infatigable. L’APT mérite cette défi nition qui est due à trois excellents Secrétaires Généraux, François de Vargas, Claudine Haenni et, Mark Thomson qui ont dirigé l’APT avec clairvoyance et passion et en ont fait ce qu’elle est: une ONG fière avec un grand potentiel. Elle est surtout due à une équipe formidable de femmes et hommes qui sont passés par l’APT depuis 1991 et avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. Je leur dois beaucoup et je suis leur débiteur heureux car je reste engagé dans la formation de la police ou la création des MNP prévus par le Protocole facultatif. Hier un policier m’a demandé la raison de mon engagement pour la prévention de la torture, vu que ce fléau persiste dans le monde. Doutant de l’impact de ce travail, je l’ai rassuré en expliquant que. nous, les ONG de droits humains, avons une longue haleine et, comme John Locke l’a dit, nous n’avons que l’ambition d’être engagés dans la corvée de libérer un peu le terrain et de remuer quelques déchets qui entravent la voie vers un monde meilleur et plus juste. Marco Mona Président (De 1991 à juin 2006) 2006 : un tournant pour l’APT Accepter la présidence de l’APT n’a pas été si difficile, tant Marco Mona m’a facilité le passage. 2006 représente l’aboutissement de ses efforts et de ceux de la « cabane ». Ils ont poursuivi ce que certains qualifiaient de chimères, jusqu’à la ratification du Protocole facultatif en juin 2006, accomplissant le rêve de Jean-Jacques Gautier. J’admire le parcours accompli par Marco. Il a pris les rênes de l’APT à une époque où les moyens financiers et la perspective d’atteindre l’objectif n’étaient pas garantis. Alors que ses compétences l’inclinaient à s’occuper de la mission même de l’APT, il a dû se confronter à l’intendance, aux chiffres rouges et à la nécessité de renforcer la professionnalisation de l’équipe. Un succès est rarement l’affaire d’une personne mais l’art d’un président est de permettre à celles et ceux qui sont au front de se donner pleinement pour la réussite du projet. Merci, Marco, d’avoir tant donné et de mettre tes compétences au service de l’APT avec toujours autant d’intelligence et de cœur. A Mark Thomson et à l’équipe, j’aimerais exprimer la reconnaissance du Conseil de l’APT et du Conseil Consultatif. Franchir une étape, c’est aussi affronter de nouveaux défis. La mise en place du Sous-Comité de la Prévention et la mise en œuvre des MNP créent de nouveaux champs d’intervention. Il fallait convaincre, il faut maintenant accompagner la mise en place des instruments de prévention, en offrant notre expertise et en évitant toute dispersion des forces. Il faudra être pédagogue et renforcer nos capacités en matière de communication. Le combat de l’APT ne se termine pas avec l’entrée en vigueur du Protocole facultatif ; il s’oriente vers la concrétisation de ses dispositions. Je suis certaine que nous saurons unir nos forces et assumer les responsabilités qui nous incombent. Martine Brunschwig Graf Présidente (Depuis juin 2006) ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 3 © DONNCHA O’CAOIMH Goliath n’était pas intelligent, il n’en avait pas besoin En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité 2006 a connu une réelle avancée dans la prévention universelle de la torture. Après près de 30 ans passés à travailler à l’élaboration d’un traité mondial de prévention de la torture, c’est avec plaisir que l’APT a salué le 22 juin l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention contre la torture (Protocole facultatif), suite aux 20 ratifications indispensables. Cet instrument a pour but de prévenir les actes de torture et les mauvais traitements en mettant sur pied un système de visites régulières des lieux de détention reposant sur deux piliers, à savoir des organes complémentaires national et international. Comme l’a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, M. Manfred Nowak, le Protocole facultatif constitue l’étape la plus importante pour une prévention de la torture qui soit universelle et efficace. A une période où l’interdiction totale de la torture est régulièrement mise à mal par la « guerre contre le terrorisme », l’entrée en vigueur du Protocole facultatif est des plus significatives. Dès l’adoption du Protocole facultatif en décembre 2002, l’APT a lancé une campagne de ratification pour veiller à ce que cet instrument entre en vigueur rapidement. Cette campagne s’est, en grande partie, concentrée sur la promotion du Protocole facultatif en Amérique latine et en Europe, car la plupart des pays de ces régions étaient susceptibles de le ratifier et donc d’en assurer une rapide entrée en vigueur. Cependant, l’APT a également mené sa campagne dans des régions sous-représentées telles que l’Afrique, l’Asie, et le Moyen-Orient. C’est dans ce cadre que des missions ont eu lieu en Afrique du Sud, au Ghana, au Maroc, aux Philippines, et en République de Corée dans le but d’amorcer des débats nationaux et le processus de ratification. L’Afrique du Sud et le Ghana ont compté parmi les six pays supplémentaires à devenir signataires du Protocole facultatif en 2006, tandis que le Maroc et la République de Corée envisageaient de prendre les mesures nécessaires à sa ratification. En outre, l’APT et ses partenaires locaux ont organisé des événements régionaux au Kazakhstan, en Lettonie et au Panama pour présenter cet instrument à un grand nombre d’acteurs provenant d’Etats d’Asie centrale, d’Amérique centrale et des Etats baltes. En plus des acteurs clés qu’elle sensibilise régulièrement lors des forums multilatéraux (la Commission africaine ou la Commission interaméricaine, par exemple), l’APT a étendu le réseau d’organisations souhaitant mener campagne en faveur du Protocole facultatif. Elle a donc établi des contacts avec des organismes tels que le Sommet civil du G8 de Moscou, le Secrétariat du Commonwealth, basé à Londres, et le Forum asiatique pour les droits de l’homme et le développement (FORUM-ASIA) à Bangkok. L’entrée en vigueur du Protocole facultatif SÉMINAIRE NATIONAL SUR LA PRÉVENTION DE LA TORTURE AUX PHILIPPINES. 4 | RAPPORT ANNUEL 2006 En décembre 2005, 16 Etats avaient déjà ratifié le Protocole facultatif. Il ne restait donc plus que 4 ratifications pour atteindre les 20 Etats Parties nécessaires à son entrée en vigueur. Le 23 mai 2006, c’était chose faite, avec 4 ratifications supplémentaires qui ont déclenché un compte à rebours de 30 jours, avant que l’entrée en vigueur tant espérée du Protocole facultatif ne soit effective le 22 juin. Cette année-là, ce ne sont pas moins de Etats des signatures et des ratifications du Protocole facultatif depuis son adoption en 2002 40 37 32 30 20 30 25 20 16 10 6 3 0 2003 2004 signatures 2005 2006 ratifications 14 pays qui ont ratifié le Protocole facultatif, faisant de 2006 une année record en nombre de ratifications. Au cours de sa campagne en faveur de la ratification du Protocole facultatif, l’APT a démarché près de la moitié de ces 14 gouvernements, à savoir, l’Arménie, le Bénin, l’Espagne, l’Estonie, le Honduras, le Pérou et le Sénégal. En 2006, l’APT a organisé des missions de promotion de la ratification du Protocole facultatif dans 19 pays. L’entrée en vigueur du Protocole facultatif a coïncidé avec la première session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en juin. Le Président du Conseil, M. Luis Alfonso de Alba, Ambassadeur du Mexique, a félicité les 20 premiers Etats Parties pour leur engagement en faveur de la prévention de la torture et a exhorté tous les Etats membres du Conseil n’étant pas encore Partis au Protocole facultatif de finaliser leur processus de ratification aussi rapidement que possible. Pour appuyer leur candidature, pas moins de 20 des 65 Etats en lice pour un siège au Conseil des droits de l’homme ont promis de faire de la ratification du Protocole facultatif un objectif prioritaire. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) et l’APT ont organisé ensemble un événement en marge du En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité Conseil intitulé « Un pas de plus vers la prévention de la torture », qui a réuni de nombreux représentants de gouvernements et d’experts des droits de l’homme. Cela a été l’occasion pour le Haut-Commissaire adjoint, Mme Khan Williams, le Rapporteur spécial sur la torture, Prof. Nowak, le Président du Comité contre la torture, M. Mavrommatis, ainsi que le Secrétaire général de l’APT, M. Thomson, de faire part de leur expérience et de leur point de vue sur le rôle du Protocole facultatif dans la prévention de la torture. Coopération avec l’OSCE pour la promotion du Protocole facultatif L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est un organe crucial pour ce qui est des politiques européennes en matière de droits de l’homme. L’APT travaille en étroite collaboration avec l’OSCE à la promotion d’un système de surveillance indépendant des lieux de détention, tel que prévu par le Protocole facultatif. L’APT a participé à des Certaines des activités de promotion du Protocole facultatif organisées en 2006 dans des régions les plus sous-représentées sont détaillées ci-dessous. La carte mondiale des activités permet de visualiser l’ensemble des activités (voir page 2). Promotion du Protocole facultatif au Maroc Au cours d’une visite au Maroc effectuée en mai, les représentants du gouvernement marocain ont répondu positivement aux arguments avancés par l’APT en faveur d’une ratification du Protocole facultatif et ont compris la place privilégiée qu’occupe le Maroc pour influencer les Etats d’Afrique et du Moyen-Orient. La délégation de l’APT a été accueillie par l’institution nationale des droits de l’homme du Maroc (le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme). Sa visite avait l’appui de UNE DÉLÉGATION VISITE UN NOUVEAU CENTRE DE DÉTENTION À PODGORICA, MONTÉNÉGRO. © OSCE ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 5 © DANZIGER, NICK M. MAVROMMATIS, MME KHAN-WILLIAMS, M. THOMSON ET M. NOWAK LORS DE LA RÉUNION DE L’APT-HCDH DU 22 JUIN. la Mission permanente du Maroc auprès des Nations Unies et de l’Ambassade suisse à Rabat. L’APT a pu rencontrer des représentants des Ministères de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères tout comme des membres du Bureau du Premier ministre qui se sont exprimés en faveur de l’adhésion au Protocole facultatif. Dans le but d’encourager un soutien massif au Protocole facultatif, l’APT a également rencontré des ONG locales militant pour les droits de l’homme, des organisations intergouvernementales et des diplomates étrangers, tous fermement engagés dans le processus de ratification. Depuis cette visite, il s’est dégagé un consensus parmi tous les ministères en faveur d’une ratification de cet instrument dans un avenir proche. En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité événements nationaux organisés conjointement avec les missions de l’OSCE au Monténégro, le plus jeune pays en Europe (juillet et novembre), et au Moldova (novembre). Avant que la deuxième table-ronde ait lieu au Monténégro, ce dernier est devenu signataire du Protocole facultatif. Les discussions de la table-ronde se sont concentrées sur les mesures à prendre pour établir un mécanisme national de prévention efficace. Elles ont également constitué le point de départ des débats nationaux quant à la ratification du Protocole facultatif. En février, l’APT a présenté le système de surveillance prévu par le Protocole facultatif au cours d’une conférence sur la surveillance indépendante des lieux de détention au Kazakhstan réunissant les acteurs d’Asie centrale. Ce séminaire a été l’occasion de réunir des représentants gouvernementaux et non-gouvernementaux provenant du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan pour évoquer l’apport d’un système indépendant de surveillance des lieux de détention dans l’éradication des violations des droits de l’homme. En octobre, en coopération avec Penal Reform International et les gouvernements de la Belgique, du Danemark, du RoyaumeUni et de la Suisse, l’APT a participé à l’organisation d’un événement en marge de la réunion annuelle de l’OSCE sur la mise en œuvre des engagements concernant la dimension humaine. Au cours de cet événement, des représentants de l’Arménie, de la Géorgie, du Royaume-Uni et de la Pologne ont fait part de leur expérience dans l’établissement des mécanismes nationaux de prévention à 70 participants issus de 30 pays. Ainsi, ces derniers ont acquis des connaissances de base sur le Protocole facultatif et sur l’importance d’organiser des débats nationaux ouverts et inclusifs afi n que le mécanisme national de prévention mis sur pied soit efficace. Par ailleurs, l’APT a exploré les possibilités de collaboration avec certains participants dans le domaine de la prévention de la torture dans cette région. Les nombreuses invitations émises par l’OSCE à l’intention de l’APT lui ont alors permis de renforcer sa position de partenaire incontournable dans la région. 6 | RAPPORT ANNUEL 2006 Surveillance indépendante des lieux de détention dans les Etats baltes Le concept de surveillance des lieux de détention menée par des organes externes indépendants en Estonie, Lettonie et Lituanie a été l’objet d’une table-ronde organisée par l’APT et le Centre letton pour les droits de l’homme. Des représentants gouvernementaux, non-gouvernementaux et du Bureau du Médiateur ont pu comparer les méthodologies de visites des lieux de détention appliquées par la Commission des droits l’homme d’Irlande du Nord, le système de surveillance des cellules de la police néerlandaise et le Comité européen pour la prévention de la torture. Au cours de la présentation du Protocole facultatif, les participants ont identifié les obstacles empêchant l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie de signer ou ratifier cet instrument, notamment le fait de devoir désigner ou créer au moins un MNP efficace. Un représentant du Département des Affaires constitutionnelles du Royaume-Uni a fait part de son expérience de la signature et de la ratification du Protocole facultatif et des mesures adoptées pour le mettre en œuvre efficacement. En décembre, l’Estonie a ratifié le Protocole facultatif. Faciliter l’établissement d’un Sous-Comité de la prévention efficace Le 18 décembre 2006 a vu la création du Sous-Comité de la prévention, un nouvel organe international d’experts disposant d’un accès illimité à tous les lieux de détention de tous les Etats Parties au Protocole facultatif. L’APT a accueilli favorablement l’élection par les Etats Parties d’un Sous-Comité. Afi n de veiller à ce que le Protocole facultatif dispose d’un Sous-Comité fort, l’APT a travaillé en étroite collaboration avec les représentants des mécanismes de visite nationaux, régionaux et internationaux au cours d’une série de réunion d’experts. Entre l’entrée en vigueur du Protocole facultatif et l’élection du Sous-Comité, l’APT s’est concentrée sur deux LES MEMBRES DU SOUS-COMITÉ Mme Silvia Casale (Royaume-Uni) M. Mario Luis Coriolano (Argentine) Mme Marija Defi nis Gojanovic (Croatie) M. Zdenek Hajek (République tchèque) M. Zbigniew Lasocik (Pologne) M. Hans Draminsky Petersen (Danemark) M. Victor Manuel Rodriguez Rescia (Costa Rica) M. Miguel Sarre Iguiniz (Mexique) M. Wilder Tayler Souto (Uruguay) M. Leopoldo Torres Boursault (Espagne) points saillants : la sélection de membres du Sous-Comité adéquats et l’attribution de ressources suffisantes pour assurer le bon fonctionnement du nouvel organe. Dans le but d’aider le Sous-Comité à se développer, l’APT a élaboré deux déclarations de principes en anglais, en français et en espagnol, adressées au HCDH, aux Etats Parties et aux ONG nationales de manière à ce que les candidats sélectionnés soient aussi compétents que possible. Le premier de ces documents était axé sur le mandat du Sous-Comité et identifiait les principales caractéristiques de ce nouvel organe, tandis que le second étudiait le processus de sélection de ses membres en interprétant les dispositions du Protocole facultatif pertinentes. Y était incluse la position de l’APT quant au processus de sélection au niveau national et aux critères à développer pour établir le profil-type des candidats. Cette liste de critères comportait notamment : une expérience préalable des visites des lieux de détention, des compétences juridiques ou médicales, être indépendant et avoir travaillé pour ou avec les services de police. Ces informations ont ensuite été transmises aux acteurs nationaux pour les aider dans leur processus de sélection. Pour que le Sous-Comité soit efficace, il fallait que les compétences des individus sélectionnés soient pertinentes pour ce poste et que le nombre d’avocats, de En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité Le Sous-Comité, en tant que nouvelle entité du système onusien, avait besoin d’un budget adéquat et d’un personnel en nombre suffisant pour remplir son mandat. L’APT a amorcé un dialogue avec certains Etats membres importants et les divisions compétentes du siège des Nations Unies et du HCDH, à Genève comme à New York, afin que le Sous-Comité se voit allouer les ressources humaines et fi nancières nécessaires. Les débats de la 5ème Commission, à New York, ont été l’occasion pour le HCDH d’annoncer qu’il avait dégagé les fonds pour que le Sous-Comité fonctionne dès 2007, avec une première session prévue dès février. Activités de recherche et de conseil sur l’efficacité des Mécanismes Nationaux de Prévention Le Protocole facultatif exige que chaque Etat Partie mette en place un Mécanisme National de Prévention (MNP) pour surveiller les lieux de détention au niveau national. Avec le SousComité, les MNP sont chargés des visites et de la surveillance de tous les lieux de détention dans chaque Etat Partie, dont les SÉMINAIRE PORTANT SUR LA RATIFICATION DU PROTOCOLE FACULTATIF EN RÉPUBLIQUE DE CORÉE. prisons, les postes de police, les institutions psychiatriques, les centres de détention pour les délinquants juvéniles et pour les migrants. Le travail des MNP et du Sous-Comité repose sur leur indépendance, les visites sans préavis et réitérées, les entretiens privés avec les détenus et ’accès à toute information jugée pertinente. Tandis que le Sous-Comité apportera aux divers contextes nationaux la large gamme de compétences de ses experts internationaux, les mécanismes nationaux pourront, eux, s’appuyer sur leurs connaissances du contexte national dans l’application des normes internationales. Pour un pays donné, ces derniers seront également à même de procéder à des visites plus fréquentes que celles du Sous-Comité. Suite à l’entrée en vigueur du Protocole facultatif, la mise en place de MNP forts et efficaces est devenue une priorité pour l’APT. Pour aider les acteurs nationaux à surmonter les difficultés liées à l’établissement de tels mécanismes au titre du Protocole facultatif, l’APT a produit un « kit de mise en œuvre des mécanismes nationaux de prévention ». Elle a également fourni aux acteurs nationaux des conseils d’ordre technique et juridique quant aux processus de mise en place et propositions concrètes de création de MNP. L’APT a formé et conseillé certains des principaux acteurs en Argentine, au Brésil, au Costa Rica, en Géorgie, au Honduras, au Mali, Mexique, au Moldova, au Monténégro, au Paraguay, en République de Corée, au Royaume-Uni et en Uruguay. Dans d’autres pays, au cours de missions de plaidoyer en faveur de la ratification du Protocole facultatif, les discussions se sont bien souvent étendues à l’établissement et à la mise en œuvre des MNP. Tel fut le cas en Afrique du Sud, au Chili, en France, au Guatemala, en République de Corée et en Suisse. L’APT s’est également prononcée ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 7 © GASSMANN, THIERRY médecins et d’autres experts représentant diverses régions y soit équilibré. L’APT a plaidé auprès des Etats Parties pour veiller au sérieux d’un processus électoral qui prendrait en compte les spécificités du mandat du Sous-Comité. En 30 ans, la prévention de la torture est devenue une réalité LE MANUEL SUR LE PROTOCOLE FACULTATIF DEVIENT UN OUTIL POUR LA POLICE EN URUGUAY. sur le développement d’un mécanisme national dans des pays dans lesquels elle n’a pas pu se rendre, sous forme de rapports remis notamment à la Nouvelle-Zélande et à l’Allemagne. Contrairement aux mécanismes de l’ONU déjà existants, le Sous-Comité et les MNP n’ont pas besoin d’invitation de la part d’un Etat donné pour y effectuer une visite. Tout Etat ayant ratifié le Protocole facultatif s’engage à ouvrir les portes de tous ses lieux de détention aux visites indépendantes effectuées par ces experts externes. Les visites, tout comme les autres formes de surveillance, constitueront la base des évaluations effectuées par les experts et des recommandations formulées par les MNP. De telles visites répétées et effectuées sans restriction aucune par des organes indépendants sont cruciales si l’on veut prévenir la torture de manière efficace. Elles ont non seulement un effet dissuasif, mais promeuvent simultanément un contrôle systématique et l’amélioration du traitement et des conditions de détention des personnes privées de liberté. Mécanisme national de prévention : l’exemple d’un processus inclusif au Paraguay En novembre, pour garantir la mise sur pied d’un mécanisme national de prévention efficace, le Paraguay a organisé 8 | RAPPORT ANNUEL 2006 une consultation inclusive à l’échelon national sur la mise en œuvre du Protocole facultatif. Celle-ci a réuni des survivants de la torture, des militants des droits de l’homme ainsi que des représentants du gouvernement, de la police et d’autres autorités nationales pour examiner les conséquences de la ratification du Protocole facultatif, et plus spécifiquement, celles de la désignation d’un MNP avant la date butoir de juin 2007. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Manfred Nowak, dont la visite officielle coïncidait avec cette consultation, a souligné le caractère complémentaire de son mandat et de celui du Protocole facultatif dans la prévention et la lutte contre la torture. Cet événement a été organisé conjointement par le Ministère des Affaires étrangères, par le réseau d’ONG de défense des droits de l’homme CODEHUPY et par l’APT. Il a été fi nancé par le Ministère des Affaires étrangères espagnol et l’Organisation des Etats Américains (initiative interaméricaine de partenariat avec la société civile). Après les débats, les participants ont élu un groupe de travail de 13 représentants de l’Etat et de la société civile pour rédiger une proposition de MNP pour le 31 mars 2007. Un deuxième forum national aura lieu en avril 2007 afin de mobiliser le soutien du monde politique en faveur de cette proposition. Promotion des mécanismes nationaux de prévention en Afrique du Sud En avril, l’APT a organisé conjointement avec la Commission des droits de l’homme d’Afrique du Sud (SAHRC) une tableronde sur la ratification et la mise en œuvre du Protocole facultatif en Afrique du Sud. Au cours d’une visite en octobre 2005, il avait été décidé d’amorcer un dialogue national au sujet du Protocole facultatif et d’établir un plan d’action en vue de sa ratification et de sa mise en œuvre. La table-ronde a réuni 70 participants représentant des institutions étatiques, des organes parlementaires, des institutions établies en vertu du Chapitre 9 de la Constitution d’Afrique du Sud, des diplomates, des membres de la société civile et du pouvoir judiciaire. Ils ont L’APT ET LE CHEF DES SERVICES DE POLICE D’AFRIQUE DU SUD. évalué le processus de ratification et analysé les conséquences d’une mise en œuvre du Protocole facultatif, notamment de l’établissement d’un MNP. Cette table-ronde a abouti sur la recommandation que la SAHRC réalise une étude sur les mécanismes de surveillance des lieux de détention déjà en place. Elle pourrait notamment procéder à l’examen du cadre juridique et identifier les lacunes du système actuel de prévention et d’élimination de la torture. La SAHRC s’est déclaré prête à établir et à soutenir un comité ad hoc sur la torture qui ferait campagne en faveur de la ratification du Protocole facultatif et de la criminalisation de la torture en droit national. Tous les principaux acteurs, tels que les membres du parlement, de la société civile, du gouvernement et des institutions établies en vertu du Chapitre 9, sont censés faire partie de ce comité. Celui-ci devrait, en sus, faire pression pour une restructuration des agences qui rempliront la fonction de MNP, et aider à diffuser les informations sur la Convention contre la torture et son Protocole facultatif aux acteurs nationaux clés, ainsi qu’aux pays avoisinants. Promouvoir la transparence des institutions © HEGER, BORIS Depuis ses débuts, l’APT a toujours œuvré pour la création de mécanismes indépendants de surveillance afi n que les institutions et lieux de détentions soient plus transparents et obligés de rendre des comptes. Dans ce contexte, l’un des plus grands succès de l’APT a été la rédaction, l’adoption et l’entrée en vigueur du Protocole facultatif. Ces 30 dernières années, l’APT a travaillé à promouvoir la surveillance régulière des institutions pour responsabiliser ces dernières, et réduire l’incidence de la torture dans les lieux de détention. L’APT a dès lors acquis une grande expérience dans ce domaine. En 2006, l’APT a décidé de consacrer plus d’attention à certains lieux de détention moins « traditionnels », conformément à la défi nition large des lieux de détention consacrée par le Protocole facultatif comme des lieux « où se trouvent […] des personnes privées de liberté ». En outre, l’APT a effectué des missions dans des pays qui n’avaient pas encore ratifié le Protocole facultatif pour veiller à ce que d’autres mécanismes de surveillance y soient mis en place. Afi n d’interpeler les membres de la communauté internationale chargés des questions relatives aux droits de l’homme, l’APT a également organisé une table-ronde intitulée « Un regard dans la prison ». TABLE-RONDE ‘UN REGARD DANS LA PRISON’. MME LOUISE ARBOUR PARTAGEANT SON EXPÉRIENCE ET SES ATTENTES SUR PROTOCOLE FACULTATIF LORS DE LA TABLE-RONDE. Un regard dans la prison : visiter les prisons et prévenir la torture En juin, pour célébrer l’entrée en vigueur du Protocole facultatif et pour attirer l’attention du public sur l’aboutissement de trois décennies au service de la prévention de la torture, l’APT a organisé une table-ronde intitulée « Un regard dans la prison » à laquelle a participé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Louise Arbour. En s’appuyant sur son expérience en tant que magistrate et présidente de la commission d’enquête sur les violations présumées des droits des détenus, Mme Arbour a mis en exergue le caractère innovant du Protocole facultatif et sa capacité à changer fondamentalement la perception que l’on peut avoir des détenus en tant que titulaires de droits. En outre, les membres du panel ont évoqué leur expérience en leur qualité d’inspecteurs-chefs des prisons, d’officiers de police, de membres du Comité pour la prévention de la torture (CPT) ou d’avocats spécialisés dans les droits de l’homme. Ils ont abordé le caractère crucial des visites dans la prévention de la torture et l’histoire du Protocole facultatif, tout comme son importance, dans le système international des droits de l’homme. Toutefois, un membre tunisien du panel ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 9 Promouvoir la transparence des institutions a fait remarquer que l’ouverture des lieux de détention à une surveillance indépendante et les instruments de droit international, tels que le Protocole facultatif, demeurent un vœu pieu dans bien des pays de la planète. Approfondir les connaissances de tous les lieux de détention L’APT travaille de plus en plus avec différents « lieux de détention ». Aussi a-t-il été nécessaire pour le Programme Visites de développer de nouveaux partenariats avec des acteurs spécialistes de certaines thématiques en lien avec la détention. A titre d’exemple, l’APT est devenue membre de la récente Coalition internationale sur la détention des migrants et a commencé à travailler en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la surveillance des instituts de santé mentale. Ce dernier projet impli- TRAVAIL EN GROUPE LORS DE L’ATELIER EN OUGANDA. 10 | RAPPORT ANNUEL 2006 quait l’élaboration d’un guide de l’OMS sur la surveillance des droits des personnes ayant un handicap mental. Le Programme Visites a également organisé des formations sur la méthodologie et les normes des visites pour les acteurs nationaux d’Azerbaïdjan, du Brésil, d’Ouganda et de la République de Corée. Le contenu de ces séances de formation était tiré d’une publication de l’APT « Visiter un lieu de détention : guide pratique ». En 2006, ce guide a été traduit par des acteurs nationaux en coréen et en turc, tandis que le PNUD se chargeait de sa traduction en arabe. De plus en plus, le Programme Visites travaille en étroite collaboration avec des acteurs travaillant sur des problématiques telles que les femmes et les enfants en détention, en permettant l’échange de connaissances et en mettant les outils existants à disposition des acteurs intéressés. Surveiller les lieux de détention dans la région arabe Dans certains pays du MoyenOrient et d’Afrique du Nord, les institutions nationales des droits de l’homme et les ONG exigent de plus en plus d’avoir accès aux lieux de détention pour pouvoir effectuer des visites préventives. Or, l’un des obstacles au travail de ces organisations est le manque d’instruments relatifs aux droits de l’homme en arabe. Pour pallier ce manque, le Programme du PNUD pour la bonne gouvernance dans la région arabe a offert de traduire « Visiter un lieu de détention : guide pratique » en arabe, offre que l’APT a acceptée. En décembre, au Caire, l’APT et l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme ont célébré la sortie de ce guide en arabe, dès lors devenu un outil mis à disposition des organisations de la région s’intéressant à la surveillance des lieux de détention. L’APT a également rencontré des partenaires potentiels avec lesquels elle a envisagé des voies de collaboration pour des projets de prévention au niveau national et régional. Brésil : formation pour une surveillance efficace des lieux de détention Pour veiller à ce que la méthodologie des visites soit mise en œuvre de manière efficace, l’APT organise des ateliers consacrés à la surveillance des lieux de détention et destinés au personnel des organes de visites. En 2006, le Secrétariat pour les droits de l’homme de la Présidence du Brésil a réédité et diffusé 5 000 copies de la version portugaise de « Visiter un lieu de détention : guide pratique ». Suite à la large diffusion de cette publication, l’APT a été invitée à organiser un atelier de formation sur la surveillance des lieux de détention pour les acteurs nationaux de huit Etats fédéraux. Cet atelier, qui s’est tenu en août, a été l’occasion pour les représentants d’institutions publiques et d’ONG d’échanger leurs expériences, de faire le bilan de leurs pratiques et de débattre de questions problématiques, telles que l’accès aux lieux de détention et les moyens d’éviter les représailles contre les personnes privées de liberté. Cet événement, en plus du soutien de l’APT à la campagne nationale de plaidoyer, a permis d’accélérer la ratification du Protocole facultatif. D’autres séances de formation destinées aux institutions publiques spécialisées et à la société civile sont prévues en 2007 et en 2008. Aider à la mise en œuvre de cadres juridiques efficaces tions du Comité, les experts ont également initié un modèle de suivi novateur avec la délégation chilienne qui avait présenté son rapport en 2004. La mission s’est terminée par une conférence organisée avec le Centre des droits de l’homme de l’Université du Chili. Suite à cette mission, les acteurs nationaux ont utilisé le rapport de l’APT dans leur travail de sensibilisation sur la nécessité d’adopter d’autres mesures et mécanismes pour prévenir la torture. Au niveau national Administration de la justice en Géorgie Promotion des mécanismes de prévention de la torture au Chili En novembre, l’APT et ses partenaires locaux ont débuté la planification d’un projet quinquennal de promotion de l’administration de la justice en Géorgie. Ce projet a pour but d’identifier les failles du pouvoir judiciaire et du parquet à réagir de manière appropriée aux plaintes de torture et de mauvais traitements. La publication de l’Université d’Essex intitulée « Combattre la torture : un manuel pour les juges et les procureurs » a été traduite en géorgien par l’Institut Raoul Wallenberg et le Bureau du Défenseur des droits de l’homme de Géorgie et son utilisation est recommandée au pouvoir judiciaire et au parquet. Une formation sur la base de ce manuel s’adresse aux juges et procureurs aura lieu par la suite. En mai, une délégation d’experts de haut-niveau s’est rendue au Chili pour promouvoir la mise en œuvre des recommandations émises par le Comité des Nations Unies contre la torture en 2004. La délégation a rencontré des représentants de hautniveau des autorités étatiques, des groupes locaux de défense des droits de l’homme et des diplomates pour discuter des questions d’impunité, de réparation et de conditions de détention. Pour assurer une meilleure application des recommanda- Interventions juridiques dans des affaires nationales LA DÉLÉGATION DE L’APT – M. MENDEZ, M. MONA, M. VAN BOVEN, MME GEREZ ET DR ROJAS – PRÉSENTENT LES RÉSULTATS DE LA MISSION À LA PRESSE AU CHILI. Au Canada, le rapport fi nal de la Commission chargée d’enquêter sur le traitement subi par M. Maher Arar a reflété de nombreuses préoccupations émises par l’APT et par ses partenaires non-gouvernementaux dans leurs rapports sur les mesures visant à empêcher les transferts de détenus pour les ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 11 © HEGER, BORIS Veiller à la mise en œuvre des normes internationales, régionales et nationales est l’une des activités au cœur du travail de l’APT. En 2006, alors que son travail se concentrait en grande partie sur le Protocole facultatif (ratification et promotion des MNP et d’un Sous-Comité efficaces), l’APT a poursuivi son travail juridique d’ordre plus général au sein des forums nationaux, régionaux et internationaux. Quelques unes de ces activités sont exposées ci-dessous. Aider à la mise en œuvre de cadres juridiques efficaces torturer à l’étranger et sur la surveillance civile des agences de sécurité nationale. L’APT a ainsi pris part à une coalition s’opposant à de tels transferts dans le cadre de l’affaire Ramzy c. les Pays-Bas portée devant la Cour européenne des droits de l’homme, et dont le jugement est attendu pour 2007. Au Royaume-Uni, l’APT et d’autres ONG ont obtenu la permission par la Chambre des Lords de déposer des observations dans l’affaire Al Skeini : cette affaire a trait aux droits des personnes privées de leur liberté par des forces militaires européennes agissant à l’étranger (dans ce cas précis, en Iraq) et sera entendue en 2007. du Conseil de l’Europe, au cours de laquelle ces directives devaient être examinées. L’APT a été satisfaite de voir que le Conseil de l’Europe avait fi nalement rejeté le projet, refusant par la même de donner son accord à l’usage de telles garanties diplomatiques. Au niveau régional Enquête sur les détentions secrètes de la CIA En février, l’APT a participé aux enquêtes concernant des allégations selon lesquelles des agents de la CIA auraient enlevé, transféré secrètement et/ou emprisonné des individus soupçonnés de terrorisme dans ou via des Etats européens. L’analyse juridique détaillée produite par l’APT à ce sujet (« Incommunicado, Unacknowledged, and Secret Detention under International Law ») a été saluée par les enquêteurs du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et de la Commission de Venise pour la démocratie par le droit. L’APT, en collaboration avec d’autres ONG, a également rédigé une déclaration exhortant les gouvernements européens à prendre 12 mesures pratiques pour mettre fi n aux violations des droits de l’homme dues aux extraditions et aux détentions secrètes. Plaidoyer contre les garanties diplomatiques L’APT a coordonné la préparation d’une déclaration commune d’ONG exprimant leur désaccord vis-à-vis d’un projet de directives du Conseil de l’Europe qui auraient permis d’arguer de « garanties diplomatiques » pour légitimer les transferts d’individus dans des Etats où ils risquaient d’être torturés. En mars, l’APT a été conviée à la réunion du Groupe de spécialistes sur les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme 12 | RAPPORT ANNUEL 2006 MME BRUNSCHWIG GRAF, M. JOHNSSON ET MME ARBOUR S’ADRESSENT AUX PARLEMENTAIRES LORS DU SÉMINAIRE DE L’APT-CIJ-UIP. Au niveau international Avec le concours de l’APT et de la Commission internationale des juristes, l’Union interparlementaire (UIP) a organisé un séminaire intitulé « Le droit et la justice : au crible des parlements ». Plus de 80 présidents et membres de comités parlementaires pour les droits de l’homme provenant du monde entier se sont réunis pour discuter leur rôle dans la prévention de la torture en engageant des campagnes de ratification du Protocole facultatif et en participant à l’établissement des MNP. A l’issue du séminaire, chaque participant avait connaissance des mesures pratiques à adopter pour prévenir la torture au niveau national. Renforcer les capacités des principaux acteurs le lancement d’un projet quinquennal ayant pour but de renforcer les capacités des organisations de la société civile et de l’UHRC pour qu’elles puissent surveiller les lieux de détention et militer en faveur d’une ratification du Protocole facultatif. Après une phase d’enseignement à distance, les participants à la formation mettront en œuvre un programme de surveillance sous l’égide de l’APT, avant de se retrouver en atelier pour partager les meilleures pratiques. Former la police à l’utilisation du Code de déontologie à Maurice En juin, dans le but de promouvoir la mise en œuvre du Code de déontologie de l’Organisation de coopération des chefs de police régionaux d’Afrique australe (SARPCCO), l’APT et les forces de police de Maurice (FPM) ont organisé deux ateliers destinés aux cadres supérieurs et intermédiaires. Des formateurs d’Afrique du Sud ont aidé à diriger l’atelier et ont partagé leur expérience en la matière. Le premier atelier a réuni 21 cadres supérieurs qui ont discuté des stratégies pour mettre en œuvre efficacement le Code au sein des FPM. Ils ont ensuite rédigé des recommandations ayant trait à la direction et la gestion, à l’éducation et la formation, à la communication, REPRÉSENTANTE DE L’APT LORS DE L’ATELIER DE FORMATION EN OUGANDA. Au niveau national Renforcer les capacités des ONG pour surveiller les lieux de détention en Ouganda En novembre, à Kampala, l’APT, la Commission des droits de l’homme de l’Ouganda (UHRC) et le Centre africain pour le traitement et la réhabilitation des victimes (ACTV) ont organisé un atelier visant à former les représentants de 12 organisations émanant de la société civile. Cet événement marquait LE CODE EST UN NOUVEL OUTIL POUR LA POLICE À MAURICE. ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 13 © HEGER, BORIS Dans son travail de prévention de la torture, l’APT a toujours tenté de travailler avec et par les autres. En 2006, ses activités de renforcement des capacités consistaient notamment à conseiller les Etats souhaitant établir des organes de visites indépendants ; à former d’une part les institutions nationales et les ONG sur les visites des lieux de détention et d’autre part le pouvoir judiciaire ainsi que les services de police sur les normes et garanties juridiques contre la torture. Les exemples suivants ont trait à des activités qui n’étaient pas directement liées au Protocole facultatif. Renforcer les capacités des principaux acteurs concernant des actes de torture et des mauvais traitements et de réagir adéquatement à des scénarios réalistes. Le séminaire a également été l’occasion de revenir sur l’importance de l’indépendance des systèmes de surveillance dans la prévention de la torture. Au niveau régional lier à Varsovie visant à renforcer les compétences pratiques par le biais d’une visite de prison. Au cours d’une troisième phase, les participants ont élaboré des plans d’action pour prévenir la torture dans leur institution. Renforcer la position des Ombudsman en Amérique centrale Renforcer les capacités des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) en Europe L’APT ET DES CADRES SUPÉRIEURES DES FORCES DE POLICE DE MAURICE. et enfi n, au contrôle et à la surveillance. Le deuxième atelier a, quant à lui, réuni 33 chefs d’unité ou de postes de police. Il visait à faire respecter les principes des droits de l’homme dans le travail quotidien des forces de police, à faire comprendre l’importance du Code et à identifier les façons de l’utiliser. Les participants ont conçu des plans d’action pour appliquer le Code et pour guider les agents moins expérimentés de manière à offrir des services de maintien de l’ordre ancrés dans le respect des droits de l’homme. L’APT a poursuivi son programme de renforcement des capacités destiné aux INDH, appelé « Acteurs pour le changement », en coopération avec le HCDH et l’ONG Fahamu. En 2006, après des cours dispensés en Afrique et en Asie, le programme s’est concentré sur les institutions européennes. Les participants provenaient d’Allemagne, de Bulgarie, du Danemark, d’Espagne, de Finlande, de Géorgie, de Grèce, d’Irlande, d’Irlande du Nord, du Kosovo, de Lettonie, de Macédoine, de Pologne et du Portugal. Ce cours combinait des modules d’enseignement à distance, utilisant un CD-ROM de formation, et des modules de tutorat individuel. Il était axé sur les aspects techniques et juridiques de la prévention de la torture et comprenait un ate- Former les avocats à la prévention de la torture en Turquie Axant de nouveau son travail sur la prévention de la torture, la Fondation pour les études sociales et juridiques, une ONG turque, a invité l’APT à participer à un séminaire de formation en novembre. Il s’agissait de la première des deux séances de formation visant à former les avocats pour qu’ils puissent mieux répondre aux plaintes en matière de torture et de mauvais traitements. Ce séminaire pratique avait pour but de développer les compétences des avocats en matière d’entretiens avec les victimes présumées de torture, de collecte des preuves 14 | RAPPORT ANNUEL 2006 VISITE DE L’ÉTABLISSEMENT CORRECTIONNEL DE BIALOLEKA LORS DE LA FORMATION À VARSOVIE. VISITE DE PRISON POUR FEMMES AU PANAMA LORS DU SÉMINAIRE RÉGIONAL. Dans le but de renforcer les capacités des bureaux des Ombudsman afi n qu’ils puissent surveiller tous types de lieux de détention, l’APT, l’Institut interaméricain des droits de l’homme et l’Ombudsman du Panama ont organisé un séminaire régional sur la surveillance des lieux de détention. Y ont participé des représentants des bureaux des Ombudsman du Belize, du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Panama et du Salvador, le Rapporteur spécial de la Commission interaméricaine des droits de l’homme sur les personnes privées de liberté, et des ONG, telles que le CEJIL et Mental Disability Rights International. Les participants ont analysé la situation des différents lieux de détention et ont débattu des conséquences nationales de l’adoption du Protocole facultatif par leur Etat. Le séminaire a été suivi par la visite d’une prison Renforcer les capacités des principaux acteurs Fournir des outils de prévention de la torture Les organes de traités : les droits de la personne en action Formation sur les Lignes directrices de Robben Island (LDRI) de la Commission africaine L’APT et la Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT) ont lancé la première phase d’un projet triennal pour assister les ACAT nationales d’Afrique francophone à mettre en œuvre les LDRI. Après avoir échangé points de vue et pratiques sur la question par le biais du courrier électronique, les représentants de 13 sections se sont réunis lors d’un séminaire de formation au Burundi, en décembre. Ce dernier leur a permis d’acquérir de plus amples connaissances sur les LDRI et d’adopter des plans d’action pour les appliquer dans leur propre pays. La mise en œuvre de ces plans fera l’objet d’un suivi par l’APT et la FIACAT au cours de l’année 2007. REPRÉSENTANTS DE L’ACAT LORS DU SÉMINAIRE AU BURUNDI. PRÉSENTATION DU DVD ‘LES ORGANES DE TRAITÉS’ LORS DE SA SORTIE LE 10 JUILLET. © MAX OETTLI L’une des réussites de l’APT est d’avoir coproduit un DVD sur le système onusien des organes institués en vertu des traités. Ce DVD, intitulé « Les organes de traités : les droits de la personne en action » a été produit avec le HCDH et réalisé par Tlaloc Films. Il a été conçu comme un outil de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs nationaux et internationaux spécialisés dans le domaine des droits de l’homme. Il présente le travail des organes institués en vertu des traités, explique la procédure des rapports et le système de plaintes individuelles et met en perspective l’avenir du système. Ce DVD est sorti en juillet et a été utilisé par l’APT au cours ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 15 © GASSMANN, THIERRY où les participants ont pu mettre leur expérience de surveillance en pratique. Cet événement a permis aux représentants de nouer de nouveaux partenariats entre les institutions et d’envisager une collaboration sur certaines questions, notamment celle des citoyens étrangers détenus dans des pays attenants. Renforcer les capacités des principaux acteurs d’activités de formation sur les droits de l’homme en Afrique, en Amérique latine, en Asie, en Europe centrale et orientale et au Moyen-Orient, ainsi que par le HCHD et d’autres ONG. Etablir les mécanismes nationaux et internationaux prévus par le Protocole facultatif Parmi les différents modes de collaboration avec ses partenaires au niveau national, régional et international, l’APT est heureuse de constater que certains de ses manuels et guides sur la mise en œuvre du Protocole facultatif ont été traduits dans diverses langues locales. A titre d’exemple, « Visiter un lieu de détention : guide pratique » a été traduit en arabe, coréen, portugais et turc, facilitant dès lors la diffusion de ce nouveau traité auprès des législateurs et de la société civile. Kit de mise en œuvre des mécanismes nationaux de prévention En 2006, suite à l’entrée en vigueur du Protocole facultatif, l’APT a produit de nouveaux outils pour faciliter la création du Sous-Comité de la prévention et des MNP. Pour assister les Eléments principaux du kit • Guide de mise en place et désignation des MNP • Rapport de situation par pays • Liste de critères pour évaluer les propositions d’établissement des MNP • Conseils specialisés pour les acteurs gouvernmentaux et non-gouvernementaux 16 | RAPPORT ANNUEL 2006 acteurs nationaux dans la conception d’un mécanisme national efficace en vertu du Protocole facultatif, l’APT a conçu un « kit de mise en œuvre ». La version en ligne du kit a été lancée en juillet, tandis que la version anglaise du guide a été imprimée en décembre. Ce dernier s’est avéré extrêmement utile aux Etats Parties et aux ONG dans les pays où le Protocole facultatif a été ratifié, tout comme dans ceux qui envisagent une ratification. Protection des droits de l’homme en Afrique L’APT a élaboré une compilation d’instruments relatifs aux droits de l’homme en Afrique. Cette publication est destinée aux universitaires, aux experts et aux défenseurs des droits de l’homme. Elle contient un nombre important de documents adoptés par des organisations africaines, ainsi que les normes internationales qui régissent l’établissement d’un système régional de protection des droits de l’homme en Afrique. Budget et comptabilité En 2006, l’APT a équilibré ses recettes et ses dépenses dans le cadre du budget qui avait été approuvé à hauteur de 1 591 914 CHF (soit € 993 717). Comme l’illustrent les graphiques ci-dessous, l’APT reçoit des fi nancements de sources variées, dont des gouvernements, des organisations internationales, des ONG, des fondations, des ventes du catalogue d’art moderne Artistes contre la torture, des membres de l’APT ainsi que d’autres individus. Ces dernières années, l’APT a cherché à diversifier ses sources de fi nancement et à accroître les contributions portant sur plusieurs années. En 2006, cette dernière catégorie représentait, à elle seule, près d’un tiers du revenu total de l’APT. Parmi les donateurs, les gouvernements demeurent la principale source de fonds de l’APT. Toutefois, le pourcentage de fonds provenant des fondations a augmenté pour atteindre 16% en 2006. Sources de financement 2005 / 2006 2005 Fonds JJG (2%) Dons privés (7%) 2006 Nations Unies (4%) Artistes contre la Torture (4%) Dons privés (5%) Divers (1%) Nations Unies (8%) Divers (3%) Fondations (16%) Fondations (14%) Gouvernements (68%) Gouvernements (68%) Suède Suisse Les trois événements majeurs de 2006 ont été l’entrée en vigueur d’un accord quinquennal avec le Ministère des Affaires étrangères néerlandais, l’obtention d’un fi nancement de la part du Sigrid Rausing Trust (Royaume Uni) et de VCEP (USA). Grâce à une subvention de la Fondation Hans Wilsdorf (Suisse), l’APT a pu renouveler son système informatique, ce qui a permis un gain de productivité du travail de l’organisation. Sigrid Rausing Trust Danemark Fondation Pro Victimis Pays-Bas Finlande Royaume-Uni Espagne HCDH Artistes contre la Torture VCEP Fondation Hans Wilsdorf Irlande 2006 Loterie Romande 2005 IPISC – OEA et OSI 0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000 CHF IPISC = Initiative interaméricaine de partenariat avec la société civile ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 17 Personnel de l’APT, 2006 Secrétaire général Mark Thomson, Royaume-Uni Programme Visites Barbara Bernath, France / Suisse Esther Schaufelberger, Suisse Programme ONU et affaires juridiques Edouard Delaplace, France Victoria Kuhn, Argentine Matt Pollard, Canada Philippe Tremblay, Canada Programme Afrique Jean-Baptiste Niyizurugero, Rwanda Programme Amériques Claudia Gerez, Mexique / Espagne Sylvia Diniz Dias, Brésil Programme Europe et Asie centrale Matthew Pringle, Royaume-Uni Programme communication Jennifer Katz, USA Adrian Moore, Irlande Lisa Myers, Suisse / Irlande Sabrina Oberson, Italie Administration Catherine Felder, Suisse Sylvie Pittet, Suisse 18 | RAPPORT ANNUEL 2006 Maintenance Haile Negash, Erythrée Consultants Lenka Koutnakova, République tchèque / Pays-Bas Massimiliano Desumma, Italie / Suisse Stagiaires Emilie Clerc, France Caroline Draveny, France / Suisse Caroline Frugier, France Lelia Jimenez, Mexique Gulia Grazioli, Italie Audrey Olivier, France Conseil et Conseil consultatif, 2006 Remerciements Présidents Marco Mona, Suisse (de 1991 à juin 2006) Martine Brunschwig Graf, Suisse (depuis juin 2006) L’APT remercie chaleureusement les donateurs suivants pour leur soutien en 2006 : Vice-président et trésorier Renaud Gautier, Suisse Membres du Conseil Dr. Daniel Dufour, Suisse Prof. Malcom Evans, Royaume-Uni Dr. Erik Holst, Danemark M. Krassimir Kanev, Bulgarie Dr. Jacques Lederrey, Suisse M. Hugo Lorenzo, Uruguay Mme Ottavia Maurice, Suisse / Italie M. Bacre Waly N’Diaye, Sénégal Mme Maggie Nicholson, Royaume-Uni M. Nick Nightingale, Royaume-Uni Prof. Christian Nils-Robert, Suisse M. John Noseda, Suisse Prof. Manfred Nowak, Autriche Mme Julienne Ondziel-Gnelenga, République du Congo Mme Monica Pinto, Argentine M. Bernhard Prestel, Allemagne M. Eric Prokosch, USA Mme Erica Schläppi, Suisse Dr. Paz Rojas, Chili M. Walter Suntinger, Autriche Membres honoraires Mme Catherine Gautier, Suisse Mme Martita Jöhr-Rohr, Suisse Conseil consultatif M. Nejib Hosni, Tunisie Prof. Paulo S. Pinheiro, Brésil M. Joseph Voyame, Suisse Dr. Jean-Pierre Restellini, Suisse Mme Shaista Shameem, Fidji Mme Hannah Forster, Gambie Prof. Walter Kälin, Suisse Mme Maggie Beirne, Royaume-Uni M. Marco Mona, Suisse Gouvernements Danemark Espagne Finlande Irlande Pays-Bas Royaume-Uni Suède Suisse Participation à l’élaboration de ce rapport Jennifer Katz Lisa Myers Audrey Olivier Mark Thomson Edition Matthew Pringle Matt Pollard Traduction Alia Rahal (d’anglais à français) Organisations internationales, fondations et autres institutions Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme Fondation Hans Wilsdorf Fondation Pro-Victimis Sigrid Rausing Trust Loterie Romande Initiative interaméricaine de partenariat avec la société civile (avec le soutien de l’Institut société ouverte et le Secrétariat du Sommet des Amériques) Conception et graphisme minimum graphics Individus Artists contre la Torture (surtout M. Ruedi Mettler), les membres de l’APT, et d’autres personnes généreuses. Photographie de couverture © 2003 Elizabeth Graves, avec l’aimable autorisation de Photoshare Impression PCL Photographies Carole Parodi Donncha O’Caoimh, http://ocaoimh.ie Bibliothèque et service de recherches du Comité International de la Croix Rouge Union Interparlementaire Véronique Botteron Nota bene : L’APT reste indépendante vis-àvis de ses soutiens fi nanciers quant aux questions de politique générale et de stratégies en lien avec ses activités. ASSOCIATION POUR LA PREVENTION DE LA TORTURE | 19