Agroalimentaire

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Agroalimentaire
AGROALIMENTAIRE
Gérard Boivin
Président du Cos
DR
Gérard Mathieu
Vice-président
Thierry Bergier
Rapporteur
Gérard BOIVIN
Agroalimentaire
Taiga – Fotolia
Sur les 55 millions d’hectares que compte
le territoire métropolitain, plus de 28 millions
sont occupés par des activités agricoles.
ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016
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AGROALIMENTAIRE
Dans un contexte toujours affecté par la volatilité des prix des matières premières, l’impact
des tensions internationales sur le commerce
des produits agroalimentaires et plusieurs
crises sanitaires ou fraudes, agriculture et
agroalimentaire doivent faire face à des évolutions structurelles liées notamment à la
démographie, aux préoccupations de santé
publique en rapport avec l’alimentation, aux
innovations technologiques, au changement
climatique et à la concurrence entre débouchés alimentaires et non alimentaires.
Par ailleurs, la nécessaire anticipation est rendue d’autant plus délicate que de nombreuses
interrogations existent quant à l’impact des
évolutions des réglementations dans l’agriculture et l’agroalimentaire (la dernière loi
d’Avenir entraîne, par exemple, une transparence des résultats d’inspection qui conduit
à une réflexion sur l’harmonisation des
contrôles officiels) et à celui des évolutions de
la Politique agricole commune (Pac), dont le
cadre financier et réglementaire a été défini
en 2014. Sans oublier le projet de loi relatif à
la santé qui stipule que la déclaration nutritionnelle obligatoire peut être accompagnée
d’une présentation ou d’une expression complémentaire.
Le caractère stratégique de ce secteur de
l’économie française n’est évidemment pas à
démontrer. Lors du dernier recensement, le
secteur agricole comptait 515 000 exploitations
et 966 000 actifs permanents, 493 000 salariés
dans les industries agroalimentaires, ce qui
en fait le 2e employeur industriel de France.
L’ensemble contribue pour environ 3,5 % au
produit intérieur brut (PIB) français. Sur les
Le nouveau Programme
national pour
l’alimentation (PNA)
recèle des exigences
qui elles-mêmes
requièrent des outils
collectifs éprouvés.
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ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016
55 millions d’hectares que compte le territoire
métropolitain, un peu plus de 28 millions sont
aujourd’hui occupés par des activités agricoles.
Néanmoins, même si sa balance commerciale
demeure encore globalement excédentaire, en
quelques années, la France est passée du 2e au
5e rang mondial des exportateurs de produits
agroalimentaires, derrière les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil. Principaux
postes excédentaires : produits laitiers, produits céréaliers, boissons ou aliments pour
animaux. Principaux postes déficitaires :
tabac, viandes, fruits et légumes. Il s’agit dès
lors pour la filière de faire face à de nouveaux
défis de qualité, sécurité et compétitivité, tout
en répondant toujours mieux aux enjeux sanitaires, sociétaux et environnementaux.
La combinaison de ces actions permet, via
la mise à disposition de ces secteurs d’outils
consensuels pour établir des règles communes d’application volontaire répondant à
leurs enjeux, de :
répondre aux attentes des consommateurs
et des opérateurs, notamment en termes de
sécurité des produits et d’information ;
protéger des dénominations ou des caractéristiques spécifiques de produits ;
répondre aux enjeux nationaux et internationaux, tels que le développement durable ;
contribuer, tout en promouvant les pratiques
françaises, à l’organisation d’une concurrence
loyale à l’échelle internationale.
Elles font en outre écho à plusieurs axes retenus par le nouveau Programme national pour
l’alimentation (PNA) :
la justice sociale, avec notamment la nécessité
d’assurer la qualité (nutritionnelle et sanitaire)
des denrées distribuées dans le cadre de l’aide
européenne et, plus largement, d’améliorer la
qualité de l’offre alimentaire pour tous via l’engagement des professionnels dans des accords
collectifs avec l’État (dispositif incitatif qui vise
à faire évoluer la composition nutritionnelle de
l’offre, ainsi que la durabilité des modes de production, de transformation et de distribution) ;
l’éducation alimentaire de la jeunesse à une
approche globale de l’alimentation, centrée
sur l’importance du repas, de sa structuration, de ses rythmes et de ses rites, mais aussi
la sensibilisation des jeunes à des métiers
générateurs d’emplois ;
la lutte contre le gaspillage alimentaire,
grâce à la promotion de bonnes pratiques et
d’initiatives exemplaires.
Par le Comité stratégique de filière alimentaire (CSFA) :
développement de l’économie circulaire ;
ouverture du marché de l’alimentation fonctionnelle pour répondre aux besoins spécifiques des populations tout au long de la vie.
Ou encore par la Pac :
aides à la compétitivité et à l’adaptation des
exploitations, notamment pour les bâtiments
d’élevage (construction et bien-être).
Dès lors, le Cos appuie plus particulièrement
les actions permettant de :
demeurer à l’écoute des consommateurs ;
répondre aux évolutions réglementaires ;
favoriser le rayonnement de l’agriculture et
l’agroalimentaire français et la conquête ou
le développement des parts de marché à l’international. Pour appuyer cette stratégie, les
acteurs français de l’agroalimentaire sont très
actifs au sein des instances de normalisation
internationales (les responsabilités prises à
l’Iso s’élèvent à 17 % et celles prises au Cen à
20 %. Pour mémoire, tous domaines confondus, les responsabilités françaises s’élèvent à
10 % de moyenne à l’Iso et à 22 % au Cen) ;
favoriser l’établissement de la stratégie de
l’Iso pour 2016-2020 en mettant l’accent particulièrement sur la cohérence du corpus des
normes et la distinction de l’Iso d’organismes
développant des standards.
Gerhard Seybert – Fotolia
Éléments de contexte et enjeux
Le Cos a tout à fait conscience que ces outils
ne sont pas suffisamment connus, notamment
des PME. À ce titre, il inscrit aussi parmi ses
priorités de réflexion communication et formation à la normalisation afin de lever, dans
l’esprit des opérateurs, les confusions récurrentes entre règlements, normes et standards/
référentiels privés.
AGROALIMENTAIRE
Elle s’implique dans la normalisation…
Jennifer HUET
DR
Responsable Codex et normalisation au Centre national interprofessionnel
de l’économie laitière (CNIEL).
Comment au cours de l’année écoulée
s’est caractérisé votre investissement
dans les travaux de normalisation ?
Depuis plus de dix ans maintenant,
le secteur laitier français a souhaité investir
dans la normalisation. En France, cela
passe par le financement de la commission
de normalisation V04 A Lait et produits
laitiers, dédiée principalement aux méthodes
d’analyse pour le lait et les produits
laitiers. Cette commission réunit les acteurs
du secteur et leur permet d’exprimer leurs
besoins en termes de méthodes d’analyse,
d’être acteurs de la rédaction des méthodes
et de leur normalisation en France, en Europe
et dans le monde.
À l’échelle internationale, la Fédération
internationale du lait (Fil) collabore également
étroitement avec le comité Iso/TC 34/SC 5 Lait
et produits laitiers. Là encore, la France est
très impliquée : participation active des experts
français dans les groupes de travail, présidence
de comités, prise en charge de projets…
Au-delà du domaine analytique, le CNIEL
est présent dans plusieurs commissions
de normalisation, sur des sujets plus
transversaux présentant un enjeu pour
la filière, comme les commissions Afnor
sur le bien-être animal ou la microbiologie.
Je participe aussi au Cos Agroalimentaire.
Le CNIEL intègre la normalisation dans
le développement de ses projets et s’assure
que les positions portées par les experts
sont en accord avec les propositions faites
par les professionnels.
Quelle est la stratégie
de votre organisation pour les années
qui viennent en matière
de normalisation ?
En termes de méthodes d’analyse, décision
a été prise de poursuivre le financement
de la commission V04 A pour les trois années
à venir.
Au-delà du niveau national, c’est
l’international qui est visé : certains pays
ont bien compris l’intérêt stratégique
de la normalisation et ont investi le domaine.
Le secteur laitier français doit faire valoir
son expertise et son savoir-faire en étant force
de proposition.
Il faut aussi assurer une veille permanente
sur les nouveaux sujets proposés et les sujets
en cours pour identifier les enjeux et juger
de l’intérêt de s’impliquer pour y porter
nos positions. Celles portées par le CNIEL
représentent toujours l’expression des avis
d’une filière. C’est ce qui fait leur force.
En quoi les mécanismes collectifs
de normalisation peuvent-ils aider
à répondre aux défis qui se posent
à votre organisation ?
Les normes sont d’application volontaire.
Elles constituent cependant un socle
commun permettant de comparer facilement
des matériels, des pratiques et des résultats.
Dans certains cas, leur élaboration collective
peut les rendre plus faciles à appliquer,
car issues « du terrain ».
Les normes peuvent être reprises, directement
ou indirectement, dans le cadre réglementaire
français. C’est notamment le cas pour la qualité
du lait. Au niveau international, les normes
référencées par le Codex sont souvent utilisées
dans les échanges internationaux, et font
foi en cas de litige auprès de l’Organisation
mondiale du commerce (OMC). Autant
de raisons qui justifient de s’y investir !
Comment appliquez-vous les normes
qui concernent votre organisation ?
En tant qu’interprofession, nous
ne sommes pas directement utilisateurs
des normes sur lesquelles nous travaillons
ou à l’élaboration desquelles nous participons.
Elles servent cependant de base commune
sur certains sujets dans le cadre des discussions
qui peuvent avoir lieu au sein du CNIEL.
De nouveaux paramètres interfèrent-ils
dans vos réflexions et travaux ?
L’internationalisation des échanges
amène bien sûr la filière laitière à réfléchir
à de nouvelles problématiques.
Dans le cadre du développement des relations
entre Afnor et le SAC (organisme
de normalisation chinois), le CNIEL
a par exemple souhaité inscrire les méthodes
d’analyse pour le lait et les produits laitiers
à l’ordre du jour des discussions. Objectif : faire
reconnaître les normes Iso comme référence
pour faciliter les échanges entre ces deux pays.
Les questions sociétales, de plus en plus
présentes, nous poussent également à faire
valoir les bonnes pratiques françaises dans
la normalisation internationale.
Organisme :
Centre national interprofessionnel
de l’économie laitière (CNIEL)
– Domaine d’activité de l’organisme :
interprofession laitière.
Organisme représentatif de l’ensemble
de la filière laitière (producteurs de lait,
industries laitières privées, coopératives
laitières).
– Taille de l’organisme : 100 personnes.
ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016
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AGROALIMENTAIRE
Développer
la production agricole
Au-delà des normes liées aux pratiques, deux
axes de travail se font jour vis-à-vis de cette
thématique.
Tout d’abord des travaux à propos des
matières fertilisantes et supports de culture
(ceux-ci présentent la spécificité d’être, pour
partie, d’application obligatoire en France).
Dans ce cadre, après avoir choisi en 2015
de redevenir active au sein du comité technique Iso/TC 134 Engrais et amendements,
la France poursuit cette année ses prises de
r­esponsabilité notamment pour les engrais
organiques et organominéraux.
C’est aussi dans ce cadre que s’inscrivent plusieurs réflexions que le Cos suit en matière
de valorisation non alimentaire des produits
agricoles. Bien que ces sujets couvrent des
applications non alimentaires, ils ont en commun la ressource agricole et forestière. Afin
de réduire les risques de concurrence et de
favoriser l’accès des agriculteurs français à
ces nouveaux débouchés, le Cos suit avec
attention ces actions conduites sous l’égide
d’autres comités stratégiques.
NORMES ET DOCUMENTS NORMATIFS IMPORTANTS
PUBLIÉS EN 2015
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NF U 44-204
Matière fertilisante avec additif agronomique – dénominations
et spécifications
NF U 47-600-1
Méthodes d’analyse en santé animale – PCR (réaction
de polymérisation en chaîne) – partie 1 : exigences
et recommandations pour la mise en œuvre de la PCR
en santé animale
NF U 47-600-2
Méthodes d’analyse en santé animale – PCR (réaction
de polymérisation en chaîne) – partie 2 : exigences
et recommandations pour le développement et la validation
de la PCR en santé animale
NF V 45-071
Produits transformés issus de la pêche et de l’aquaculture –
conserves de sardines préparées à l’ancienne – spécifications
AC X 30-032
Développement durable et responsabilité sociétale – guide
d’utilisation de la norme Iso 26000:2010 pour la filière vin
NF EN 15948
Céréales – détermination de la teneur en eau et en protéines
– méthode utilisant la spectroscopie dans le proche infrarouge
sur des grains entiers
FD Cen/TR 16699
Produits alimentaires – détermination des résidus de pesticides
par CG-SM/SM – paramètres pour la spectrométrie de masse
en tandem
XP Iso/TS 21569-3
Méthodes horizontales d’analyse moléculaire de biomarqueurs
– méthodes d’analyse pour la détection des organismes
génétiquement modifiés et des produits dérivés – partie 3 :
méthode PCR en temps réel construit spécifique pour la détection
de la séquence P35S-pat pour criblage des organismes
génétiquement modifiés
NF EN Iso 12966-4
Corps gras d’origines animale et végétale – chromatographie
en phase gazeuse des esters méthyliques d’acides gras – partie 4 :
détermination par chromatographie capillaire en phase gazeuse
NF EN Iso 16649-3
Microbiologie de la chaîne alimentaire – méthode horizontale
pour le dénombrement des Escherichia coli bêta-glucuronidase
positive – partie 3 : recherche et technique du nombre
le plus probable utilisant le bromo-5-chloro-4-indolyl-3
beta-D-glucuronate
ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016
Garantir la sécurité sanitaire
des aliments
Qu’il s’agisse d’hygiène des denrées, de sécurité et de contrôle sanitaire ou de traçabilité
de la chaîne alimentaire, les normes peuvent
définir des règles communes, en l’absence de
réglementation, ou venir en appui de celles-ci,
qu’elles soient nationales ou européennes.
Bien que les récentes crises n’aient pas mis en
cause la sécurité sanitaire des aliments, elles
ont cependant montré que cet enjeu demeure
toujours d’actualité, avec une préoccupation
constante des consommateurs quant à la maîtrise des risques et la transparence des circuits
de production, transformation et distribution
des produits alimentaires.
Dans ce contexte, les travaux s’orientent de
plus en plus vers des normes d’organisation afin d’aider les entreprises à prendre
en compte un nombre croissant d’exigences
réglementaires (suite du paquet Hygiène
de l’Union européenne en particulier) ou
contractuelles, via la mise en place de systèmes de management de la sécurité des
denrées alimentaires. Exemple : de nouveaux travaux engagés en 2015 sur l’évaluation du niveau d’hygiène en restauration
commerciale. Ils pourront, le cas échéant,
être étendus à d’autres types d’activités dans
le domaine de la remise directe au consommateur final.
La coexistence de ces normes avec les nombreux référentiels privés développés par
la distribution – British Retail Consortium
(BRC), International Featured Standard
(IFS)… – a amené le Cos à, notamment,
recommander le développement de documents normatifs complémentaires à même
d’assurer l’équivalence de la norme Iso 22000
Management de la sécurité des denrées alimentaires avec ces référentiels et contribuer
ainsi à l’allégement, pour les entreprises,
de la pression d’audit liée aux démarches
de certification de la sécurité sanitaire des
aliments, mais aussi à réfléchir aux propositions de la Commission européenne
concernant l’article 8 du projet de nouveau
règlement européen sur les contrôles officiels. Cette proposition de rédaction, dans
la continuité des dispositions actuelles, si
elle était votée, permettrait aux autorités
compétentes d’effectuer des contrôles officiels en tenant compte de la fiabilité et des
résultats des autocontrôles effectués par les
opérateurs ou par un tiers à leur demande.
En d’autres termes, par exemple, une certification sur la base de l’Iso 22000.
Autre volet de la sécurité sanitaire des aliments : les matériaux au contact des denrées alimentaires (emballages, articles culinaires…) dont la réglementation a récemment
AGROALIMENTAIRE
Qualité des produits
et satisfaction des consommateurs
La qualité des denrées et de l’offre alimentaire
constitue, avec la sécurité, une autre attente
forte des consommateurs, à la satisfaction
desquels participe une information claire sur
les caractéristiques des produits, leur composition ou leur origine. La normalisation peut y
contribuer tout en permettant aussi une stratégie de différenciation des productions.
Quelques secteurs (charcuterie, produits de
la mer) ont déjà exploité cette potentialité de
différenciation en affichant dans des normes,
souvent nationales, les spécifications définissant le cahier des charges de leurs produits.
Pour les produits de la mer, les travaux ont
repris dès 2011. Et ce fut le cas en 2015 pour le
tonyu (un produit dérivé du soja).
Pour une meilleure information du consommateur à l’échelle européenne, le Cos a participé à l’évaluation de la faisabilité du développement d’une norme européenne pour
les denrées alimentaires halal. La mise en
œuvre des conclusions de cette étude, plus
longue que prévu initialement en raison de la
complexité du sujet, notamment quant à son
volet relatif à l’abattage rituel, a débuté dès
2013 avec la création d’un comité de projet
européen (Cen/TC 425 Aliments halal) et s’est
poursuivie depuis 2014 avec la mise en place
d’une commission de normalisation française
pour suivre ces travaux, dont on attend des
avancées cette année. Il était en effet important pour le Cos que la France soit représentée
sur un sujet présentant des enjeux tant économiques que sociétaux. Le segment « aliments
de l’enfance » a lui aussi choisi la normalisation pour favoriser l’information du consommateur. Suite à une étude de faisabilité, une
nouvelle commission de normalisation a été
mise en place en 2015.
À côté des normes de spécifications qui facilitent les relations clients-fournisseurs en
définissant le cahier des charges des produits,
la normalisation a développé un corpus de
méthodes d’essai et d’analyse permettant de
disposer de méthodes communes, comparables et fiables, pour évaluer la qualité des
produits, diminuer les entraves aux échanges
et réduire les litiges commerciaux. Dans ce
cadre, un groupe de travail sur l’authenticité des aliments devrait prochainement
démarrer au sein du Cen/TC 275 Analyse des
produits alimentaires – méthodes horizontales. Ce champ, qui concerne alimentation
humaine et animale, s’ouvre aussi aux aspects
nutritionnels, qui font l’objet de nombreuses
initiatives.
Enfin, suite à diverses fraudes survenues
ces dernières années dans les produits carnés, le Cos a invité la commission de normalisation chargée du développement de
méthodes d’analyse de biomarqueurs à
élargir son champ aux produits d’origine
animale afin de permettre le développement
de méthodes d’identification des espèces
animales dans les denrées alimentaires. De
nouveaux travaux internationaux ont d’ailleurs été lancés dans la foulée – soulignant
ainsi la qualité de la réflexion prospective
du Cos. Enfin, le Cos poursuivra son suivi
attentif du volet agroalimentaire de l’accord
de partenariat bilatéral avec le SAC, organisme de normalisation chinois, un acteur
dont la montée en puissance est notable ces
dernières années. L’une de ses dernières
initiatives a été la reprise en 2015 du secrétariat de l’Iso/TC 34/SC 6 Produits alimentaires – viandes, volailles, poissons, œufs et
leurs produits dérivés.
Développement durable
et amélioration des pratiques
de l’amont agricole
Les débats à propos de la transition écologique
mettent en lumière les attentes sociétales visà-vis de l’agriculture et de l’agroalimentaire
pour la prise en compte du développement
durable.
Dès 2005, agriculture et agroalimentaire lançaient des projets pilotes menés en partenariat
avec Afnor. L’amont agricole était particulièrement en pointe, comme l’illustrent les travaux
du Comité national interprofessionnel de la
pomme de terre (CNIPT). Dans le domaine
des céréales, bien que les chartes de production constituent toujours une référence technique reconnue par tous, ces ­dernières années
Tinglee1631 – Fotolia
évolué, entraînant le besoin de mettre à jour ou
de développer des méthodes ­d’analyse. C’est
dans ce contexte que la France a ­repris l’animation du secrétariat du Cen/TC 194 Ustensiles en contact avec les denrées a­ limentaires.
Pour renforcer les positions françaises, la coordination des travaux de normalisation avec
ceux menés dans d’autres instances, au premier rang desquelles le Codex Alimentarius
et l’Office international de l’épizootie (OIE),
est d’une importance capitale. Elle a donc été
inscrite dans le plan d’actions de l’Iso/TC 34
Produits alimentaires, dont la France assure
présidence et secrétariat en jumelage avec le
Brésil.
Enfin, le Cos a poursuivi ses réflexions autour
de l’élevage (après le bien-être) en ouvrant, à
la demande des pouvoirs publics, un nouveau
champ de normalisation sur les pratiques
de nettoyage-désinfection après un épisode
infectieux.
L’élevage animal est soumis à des normes
en matière de bien-être, mais aussi
pour les pratiques de nettoyage-désinfection.
ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016
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AGROALIMENTAIRE
Goodluz – Fotolia
La viticulture française s’est engagée dans
des programmes de management de la qualité,
de l’environnement, ou de responsabilité sociétale.
NORMES ET DOCUMENTS NORMATIFS IMPORTANTS
PRÉVUS EN 2016
8
NF U 44-001
Amendements minéraux basiques – dénominations
et spécifications
NF V 01-015
Traçabilité et sécurité des aliments – management et hygiène –
évaluation du niveau d’hygiène en restauration commerciale
NF V 09-503
Analyse sensorielle – mesure des performances d’un ou plusieurs
jury(s) effectuant des profils sensoriels conventionnels
NF V 30-001
Céréales à paille et maïs – bonnes pratiques de culture
et de stockage à la ferme – exigences et recommandations pour
l’élaboration d’une démarche de bonnes pratiques de culture
et de stockage à la ferme des blé tendre, blé dur, orge brassicole,
maïs doux, maïs grain et fourrage
NF EN 16802
Produits alimentaires – détermination des éléments et de leurs
espèces chimiques – détermination de la teneur en arsenic
inorganique dans les produits alimentaires d’origines marine
et végétale, par CLHP avec échange d’anions et spectrométrie
de masse à plasma induit par haute fréquence (ICP-SM), après
extraction par bain d’eau
NF Iso 16577
Analyse moléculaire de biomarqueurs – termes et définitions
XP Iso/TS 22002-6
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires –
partie 6 : production des aliments pour animaux
NF EN Iso 8968-4
Lait et produits laitiers – détermination de la teneur en azote –
partie 4 : détermination de la teneur en azote protéique et non
protéique et calcul des protéines vraies (méthode de référence)
NF EN Iso 11290-1
Microbiologie de la chaîne alimentaire – méthode horizontale
pour la recherche et le dénombrement de Listeria monocytogenes
et Listeria spp. – partie 1 : méthode de recherche
NF EN Iso 22964
Microbiologie de la chaîne alimentaire – méthode horizontale
pour la recherche de Cronobacter spp.
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ont vu apparaître d’autres initiatives, souvent
adossées à ces chartes, mais ne le revendiquant pas. Alors que les surfaces couvertes
augmentent, la visibilité des chartes diminue,
situation qui a amené les acteurs à porter cinq
chartes de production (blé tendre, orge de
brasserie, maïs grain, maïs fourrage, blé dur
et maïs doux) à la normalisation – dans l’esprit de ce qu’avait conduit le CNIPT – pour
rendre une prééminence à ces référentiels.
Cependant ces initiatives demeuraient souvent partielles en regard des principes du
développement durable, qui couvrent les
dimensions économique, environnementale
et sociale de la gouvernance et des comportements. Par ailleurs, la question de l’adaptation des normes transversales aux spécificités
des secteurs agricole et agroalimentaire méritait d’être posée.
Une dynamique plus large s’est mise en place
grâce à des initiatives destinées à partager des
pratiques spécifiques à l’agroalimentaire autour de la norme Iso 26000 Lignes directrices
relatives à la responsabilité sociétale. Le Cos
l’a poursuivie en menant une réflexion destinée à promouvoir cette expertise française à
l’échelle internationale.
Dynamisme des acteurs français
Reprise par la France de l’Iso/TC 166 Articles
en céramique, en verre et en céramique vitreuse à la suite de celle du Cen/TC 194 Ustensiles en contact avec les denrées alimentaires,
ouverture de nouveaux champs au sein de
l’Iso/TC 34 Produits alimentaires ou lancement de travaux sur la décontamination des
élevages après un épisode infectieux constituent des signes du dynamisme normatif des
acteurs français. Le pilotage par la France
de plusieurs structures, dont l’Iso/TC 34,
constitue un moyen de mise en œuvre et
d’internationalisation de ces stratégies particulièrement appréciable, notamment grâce
aux relations développées avec le Codex
­Alimentarius et l’OIE.
Au-delà de toutes ces actions, afin de cerner
plus précisément les besoins de l’agricul­ture
et de l’agroalimentaire, de positionner au
mieux les acteurs français, le Cos poursuit
cette année ses auditions d’acteurs clés de
plusieurs de ses secteurs afin – à partir de
leurs besoins et d’une cartographie du positionnement des différentes structures élaborant des « normes » – d’identifier les apports
possibles de la normalisation française, européenne (Cen) ou internationale (Iso) et de
réfléchir à l’actualité de certaines collections
de normes. ●

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