Utilisation de l`hypnose en pratique quotidienne

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Utilisation de l`hypnose en pratique quotidienne
Utilisation de l'hypnose en pratique quotidienne
Elisabeth Barbier, Infirmière hypnothérapeute, Groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph
(GHPSJ), Paris 14e.
Présentation de la structure professionnelle
Le Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph est un hôpital privé à but non lucratif, participant au
service public hospitalier (PSPH).
Il est issu en 2006 de la fusion de trois hôpitaux du sud parisien fondés au 19ème siècle qui sont
Saint-Joseph, Notre-Dame de Bon-Secours et Saint-Michel auxquels s’ajoute le centre médicopsycho-pédagogique
Le
GHPSJ
est
et
l’institut
administré
et
de
formation
géré
par
la
en
soins
Fondation
infirmiers
hôpital
(IFSI).
Saint-Joseph.
L’hôpital dispose de 534 lits d’hospitalisation conventionnelle (dont 44 pour la maternité) et de 76
lits d’hospitalisation ambulatoire.
Il pratique des tarifs conventionnés sans dépassement d’honoraires.
Vingt-cinq spécialités médicales et chirurgicales soignent dans un même lieu la majorité des
maladies. La complémentarité des équipes soignantes (médicales et chirurgicales) offre aux
patients une prise en charge globale et facilite le suivi de leur pathologie.
Dans cet établissement 33 professionnels sont formés à l’hypnoanalgésie (cf graphique 1) :
− 6 ont suivi une formation longue
− 27 ont suivi une formation courte de 7 jours
Par ailleurs, 3 professionnels sont en cours de formation et 2 sont formés à la sophrologie.
Graphique 1 : Professionnels formés à l’hynoanalgésie
2
11
20
Médecins
Infirmères dont 5 IADE et 1 IDE expert
AS
Formation à l'hypnose suivie
J’ai suivi, de 2001 à 2003, une formation à la pratique de l'hypnoanalgésie et de
l'hypnosomatique à l’Institut Français d’Hypnose (IFH) à Paris, aujourd’hui domicilié dans le
10e arrondissement.
Cette formation est destinée aux médecins ainsi qu'aux différentes professions de la santé
sanctionnées par un diplôme d'état : sages-femmes, chirurgiens-dentistes, infirmières,
psychologues, psychomotriciens, kinésithérapeutes.
Elle apporte en 2 ans (soit 24 jours) des outils pratiques dans :
−
L’optimisation de la relation thérapeute (soignant)/patient,
−
Le traitement de la douleur aiguë et chronique,
−
Le traitement de l'anxiété et du stress,
−
Le traitement des troubles psychosomatiques.
Elle est validée par un diplôme de formation à l’hypnoanalgésie et à l’hypnosomatique
obtenu par la totale assiduité aux journées de formation et un retour régulier de sa pratique
clinique auprès des formateurs.
Poste et missions
Je travaille au sein du GHPSJ depuis un an sur un poste transversal d’infirmière
hypnothérapeute, après une expérience d’environ 9 ans dans un centre de lutte contre le
cancer et je dépends du Département d’Anesthésie-Réanimation.
Mes missions sont diverses :
•
Cliniques :
− Consultation d’hypnose médicale pour douleurs chroniques,
− Hypnoanalgésie dans les différents services (soins, examens douloureux..),
− Hypnosédation : endoscopie (coloscopies), bloc opératoire (résection de prostate au
laser, cure de hernie inguinale…).
•
Pédagogiques :
− Formation interne d’hypnose conversationnelle pour l’ensemble des professionnels de
l’hôpital,
− Supervision et perfectionnement des personnels intra-hospitaliers formés à l’hypnose.
Utilisation de l'hypnoanalgésie dans les douleurs provoquées
Mon activité étant transversale, j’utilise l’hypnoanalgésie dans différents services
(réanimation polyvalente et post-opératoire, radiologie, médecine, chirurgie et oncologie…).
J’interviens généralement à la demande des équipes médico-soignantes et ne m’occupe pas de
la réalisation technique du geste ou du soin.
Les indications sont les suivantes :
− Soins de plaies douloureux et /ou anxiogènes
− Examens invasifs (ponction lombaire, biopsies et coloscopies pratiquées aussi sous
hypnosédation)
− Mobilisations douloureuses (toilette, kinésithérapie)
− Kinésithérapie respiratoire (dans le cadre d’une sternotomie)
Par ailleurs, je souhaite proposer au sein du GHPSJ la pratique de l’hypnoanalgésie en
association à l’anesthésie locale pour les poses de chambres implantables dont j’ai une
expérience de plusieurs années.
Pour l’ensemble des indications citées précédemment, l’hypnoanalgésie permet de proposer
au patient une approche intégrant la globalité de l’individu et avec laquelle il peut se sentir
partenaire et acteur de ses soins.
CAS CLINIQUE : Soin de plaie douloureux
Mme E, 42 ans, trois enfants, traitée pour un cancer du sein par chirurgie, radiothérapie et
chimiothérapie est hospitalisée pour récidive locale sous-cutanée de la paroi thoracique droite
avec une plaie ulcéreuse, nécrotique, exsudative et douloureuse lors des soins quotidiens
Elle reçoit avant ses soins de plaie une pré-médication antalgique (Morphine® 10mg IV)
qu’elle tolère mal (nausées, sensations désagréables).
L’infirmière qui la prend en charge, ce jour-là, lui propose une séance d’hypnoanalgésie seule
(sans antalgique) avant et pendant le soin. Elle la sécurise en lui promettant d’arrêter le soin
s’il devient inconfortable à un moment ou à un autre et de recourir à l’antalgique
habituellement utilisé.
La patiente accepte malgré des réticences liées à une nature qu’elle qualifie de « speedée » qui
la fait douter de sa réceptivité à l’hypnose.
La séance est réalisée selon un schéma classique :
− Induction
− Dissociation et accompagnement en utilisant une image métaphore antalgique : « le
tissu protecteur »
− Retour à l’état de conscience ordinaire
Résultat :
•
Très bonne gestion de la douleur (sensation de gêne ponctuelle)
•
Absence d’effets secondaires
•
Etonnement et satisfaction de Mme E de ce qu’elle vient de vivre dans son corps.
La technique sera renouvelée à sa demande une deuxième fois, après laquelle elle utilisera
l’autohypnose pour gérer des douleurs post-opératoires avec une utilisation réduite des
antalgiques prescrits.