ani, essager de la Lumière - Mani, Christ d`Orient, Bouddha d`Occident

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de
ani,
essager de la Lumière :
l’Illumination
à
la
« Je suis venu du pays de Babel pour faire retentir un Cri à travers le monde57 ».
C’est ainsi que Mani caractérisa sa mission en tant qu’« Envoyé »,
« Messager » ou « Apôtre de la Lumière » : apporter le message de la Libération
à tous ceux qui veulent s’élever, par un processus de transmutation, de la vie
matérielle jusqu’à l’Homme-Âme-Esprit, et cela en dehors de tous critères de
race, de nationalité, de religion ou de classe sociale.
M a n i
s u i v i
d ’ é l u s .
Re p r o d u c t i o n
M a i t r e
P o r t r a i t
Pe r e z
s u p p o s é
M .
d e
:
Sa vie nous offre un exemple clair, un modèle parfait, de ces différentes phases de transformations et d’épreuves par lesquelles tout être humain
doit passer s’il veut vaincre la mort, dès son incarnation présente, et atteindre
au statut de Né deux-fois, de Ressuscité, de Vivant.
Révéler les Mystères du christianisme gnostique, en tant que chemin d’initiation menant à la Vie divine, au Royaume, par un processus en trois temps (phases Jean, Jésus et Christ), telle était la véritable fonction du « mythe de la vie » de
Mani qu’aimaient à raconter et propager ses disciples.
Mani Christ d’Orient Bouddha d’Occident .
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d u
C i e l
Selon la légende Mani est né en Babylonie le 14 avril 216, dans une région
qui fut pendant plusieurs millénaires le foyer de grandes et puissantes civilisations,
comme Sumer ou la Perse. De là l’épithète de al-babilyu, le Babylonien, qui lui est
attribué par les auteurs arabes et ses titres de « messager du Dieu de la Vérité venu
de Babylonie », ou de « Médecin issu de Babel », que lui octroient les textes manichéens58.
Les conditions merveilleuses de sa naissance, annoncée par des songes et
des prédictions, l’apparentent au Bouddha, à Jésus, à Mahomet et à beaucoup d’autres grands instructeurs spirituels59 . Les traditions manichéennes font de lui un fils
de famille noble, proche des Arsacides, souverains parthes alors régnants, et le décrivent comme « boiteux » de naissance60. Dès l’âge de quatre ans, Mani est retiré à la
garde de sa mère, Maryam (Marie), et vient s’installer avec son père, Patîk, chez les
Elkhasaïtes. Il s’agit d’une communauté religieuse de type judéo-chrétien et gnostique qui respectait scrupuleusement les règles de pureté issues de la tradition juive
tout en restant fidèle à l’enseignement intérieur du Christ. C’est dans ce milieu privilégié et protégé que Mani grandit, forme sa pensée, et se prépare à sa
mission prophétique.
I
l
l
u
m
i
n
a
t
i
o
n
s
À douze ans, celle-ci lui est confirmée une première fois par une révélation
intérieure (c’est la première manifestation du Jumeau, du Double céleste), qui lui
découvre sa tâche particulière et le conduit à étudier toutes les religions et philosophies, aussi bien celles du passé que celles de son temps. Sa recherche aboutit à la
conclusion que la Vérité n’y est présente qu’en partie : les Évangiles chrétiens, en
particulier, ne sont pas des sources fiables en raison des altérations et des interpolations
auxquelles ont été soumis les textes originaux ; Mani rejette aussi l’Ancien
Testament parce qu’il appartient à une phase maintenant révolue du développement de l’humanité : l’enseignement du Christ, qui révéla la véritable nature du Père
et l’existence du Royaume en l’homme et hors de l’homme, a définitivement aboli
le règne de la Loi et a remplacé la soumission à des autorités extérieures – idées ou
personnes – par l’autonomie de la conscience individuelle61 . Le jeune prophète se
donne alors pour mission de remettre en lumière ce qui reste de la Vérité universelle
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dans les grandes religions et en vient à penser que le temps est venu où
un « Nouvel Appel » doit retentir. À l’âge de vingt-quatre ans, Mani
connaît une seconde révélation par l’intermédiaire de l’« Autre » en lui,
qu’il appelle son « Jumeau » ou son « Compagnon ». C’est l’Âme-Esprit
unie à l’Esprit de Vérité [Esprit-Saint] dans son microcosme, qui lui
apparaît directement, l’enseigne et le guide dans sa nouvelle tâche : établir
une nouvelle religion mondiale, tolérante et humaniste, une nouvelle
« Église intérieure », un nouvel ordre initiatique au service de la
« Fraternité de la Lumière » (ou encore : « Fraternité de Shamballa »).
L
e
«
V i v a n t
P a r a c l e t
»
Dans les textes manichéens coptes, ce Compagnon divin est encore
appelé « Saïs » ou le « Vivant Paraclet ». Le Paraclet ou « Consolateur » est,
nous le savons, l’une des désignations de l’Esprit-Saint dont le retour est
promis par Jésus à ses disciples dans l’Évangile de Jean. Souvent conçu par
l’esprit religieux comme un phénomène extérieur à l’homme devant se
manifester par le retour du Christ dans l’Histoire, le retour du Paraclet est
interprété par les gnostiques comme la révélation intérieure de l’Esprit à
l’homme illuminé, prélude à tout développement spirituel. Voici comment cet événement décisif de la « descente de l’Esprit » dans le sanctuaire de la tête – aussi appelé « couronnement » dans la langue des
Mystères – nous est rapporté par Mani dans les Kephalaïa coptes62 [il s’agit
de l’un des principaux ouvrages manichéens retrouvés en Égypte, en
1930, qui regroupe différents enseignements de nature ésotérique transmis par Mani, « l’Homme de lumière », à ses disciples] :
Dans les années d’Ardashir, Roi de Perse, je grandis et atteignis la maturité.
L’année même [240] où Ardashîr...(mourût), le Paraclet Vivant descendit vers moi et me
parla. Il me révéla le Mystère secret, caché aux mondes et aux générations, le mystère de
la Profondeur et de la Hauteur. Il me révéla le mystère de la Lumière et des Ténèbres,
le mystère du Combat et de la Guerre et de la Grande Guerre que les Ténèbres ont suscités. Il me révéla aussi comment la Lumière a (subjugué) les Ténèbres par leur mélange
et comment le monde a été fondé. Il m’expliqua là-dessus comment les Vaisseaux ont
été constitués afin que les dieux de la Lumière descendent en eux pour purifier la lumière extraite de la création et rejeter dans l’abîme le déchet et la défluxion ; (il m’expliqua)
le mystère de la formation d’Adam, le premier homme. Il m’enseigna aussi le mystère de
l’Arbre de la Connaissance dont Adam mangea (ensuite de quoi ses yeux furent capaMani Christ d’Orient Bouddha d’Occident .
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bles de voir). Aussi, le mystère des Apôtres qui ont été envoyés dans le monde afin
d’ « élire » les Églises ; le mystère des Elus et de leurs commandements, le mystère des
Catéchumènes, leurs auxiliaires, et de leurs commandements ; le mystère des pécheurs
et de leurs oeuvres, du châtiment qui les menace. De la sorte, tout ce qui a été et tout ce
qui sera m’a été révélé par le Paraclet. Tout ce que l’œil voit, et que l’oreille entend et que
la pensée pense [...], j’ai tout connu par lui, j’ai tout vu grâce à lui et je suis devenu (avec
lui) un seul corps et un seul esprit.
La seconde de ces « annonciations » [ou révélations de l’Esprit],
qui coïncide synchroniquement avec le couronnement de Shapur63
comme co-régent d’Ardashira, Roi de Perse et « Roi du Monde », marque
le véritable début de la nouvelle religion : l’Esprit-Saint, l’Esprit de Vérité,
confirme Mani dans sa qualité et sa vocation d’Apôtre de la Lumière,
d’Illuminateur suprême envoyé par Dieu.
Tableau 2 : Dates et points de repères64
14.4.216 Naissance de Mani en Babylonie.
28.4.224 Victoire d’Ardashir sur Artaban V. Fin de la dynastie parthe des Arsacides et
début de la dynastie perse des Sassanides. Vers 220, Mani rejoint son père
Fataq (Patiq) dans la communauté des Elkasaïtes.
1.4.228 Mani reçoit sa première révélation à l’âge de 12 ans.
18.4.240 Mani reçoit sa seconde révélation. Cette date correspond à la « naissanceselon l’Esprit » du Prophète et marque le début de sa Mission. Shapur est couronné « Roi » et co-dirige l’Empire perse avec Ardashir, son père. Voyages de
Mani en Inde et en Asie centrale de 240-243.
241
Mort d’Ardashir. Shapur lui succède comme Roi des rois.
243
Mani revient en Iran. Rencontre officielle entre le Prophète et Shapur. Pendant
les vingt-quatre années qui suivent, missions de Mani et des ses proches
disciples dans tout l’Empire iranien, le Nord-Ouest de l’Inde, jusqu’en Syrie et
en Égypte.
260
Victoire de Shapur contre les romains : l’empereur Valérien est fait prisonnier.
La Perse devient la première puissance mondiale de l’époque.
271
Mort de Shapur. Son fils Hormizd lui succède et meurt l’année suivante, probablement empoisonné par les Mages. Bahram, son frère accède au trône. Les
persécutions contre les manichéens débutent à l’intérieur de l’empire Perse, à
l’instigation du Grand Mage Kirdir.
31.1.277 Mani est arrêté, jugé et condamné à mort. Début de la « Passion ».
Après 26 jours de détention, la « Crucifixion » de Mani prend fin : mort du
Prophète de l’Iran (26.2.277).
. Shapur co-dirigera le pays avec son père Ardashir pendant deux ans jusqu’à la mort de
ce dernier. Ardashir est aussi le fondateur de la dynastie des Sassanides, qui dirigera l’Iran
jusqu’à l’invasion arabe en 637.
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Le temps est enfin venu pour lui de se manifester afin de divulguer et de répandre le message d’espoir et de salut qui lui a été révélé.
C’est probablement à cette occasion que le jeune homme change son
nom civil (qui nous est inconnu) pour celui de Mani.
Pour commencer, le nouveau Prophète de l’Iran se tourne vers
ses anciens coreligionnaires, mais en vain car ceux-ci le rejettent comme
« hérétique » et l’excluent de la communauté sous prétexte qu’il dévie de
la Loi pour se tourner vers l’ « hellénisme ». Suite à son éviction, Mani se
rend d’abord à Ktésiphon, accompagné de son père et de deux disciples,
puis dirige ses pas vers l’Inde en suivant l’itinéraire emprunté deux siècles
plus tôt par le légendaire apôtre Thomas, le « Jumeau de Jésus ».
U
n e
s a i s o n
e n
E n f e r
Dans un premier temps Mani tente d’implanter son Message dans les
communautés chrétiennes disséminées entre Caucase et Inde, se familiarisant
au passage avec la culture bouddhique et la riche pensée indienne. Mais ce premier voyage missionnaire au nord ouest de la péninsule indienne, dans le Turan
et le Makran, se révèle un échec, dont il témoignera en ces termes : « Ces gens
supportent des rois, accueillent les césars et les satrapes qui sont parmi eux.
Mais la Vérité que j’ai prêchée parmi eux, ils ne l’ont pas accueillie ; ils n’ont pas
écouté le message de Vie que j’ai dit parmi eux65. »
Deux ans plus tard Mani revient en Iran, après la mort d’Ardashir
(242), qui marque le début du règne unique de son fils, Shapur. Une entrevue
est alors ménagée entre lui et le nouveau Roi des rois par le plus jeune frère de
celui-ci ; au terme de cet entretien la permission lui est accordée de prêcher
librement sa nouvelle doctrine dans l’Empire iranien, alors immense et puissant,
puisqu’il se posait en rival direct de Rome. À cette occasion, une amitié solide
se noue entre les deux hommes : « l’homme le plus puissant du monde » fait de
Mani son conseiller et son médecin personnel et lui donne une place dans
sa « suite » (Keph. 1)66.
M
a r i e r
l ’ O r i e n t
e t
l ’ O c c i d e n t
Protégé par le pouvoir royal, Mani parcourt inlassablement
l’Empire en tous sens, à pied malgré son infirmité.
Mani Christ d’Orient Bouddha d’Occident .
Car te établie par Michel Tardieu, r epr oduite avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Le monde tel que Mani se le représente est divisé en quatre grands empires : Perse, Romain, Axoumite, Chinois. Son premier voyage le conduira du pays de Babel à Ctésiphon,
point de départ vers les « montagnes » du pays des Mèdes. De celui-ci, il atteint l’Arménie par Ganazak, puis revient sur ses pas pour s’embarquer à Farat à destination de
l’Inde (Deb), dans la Grande Mer. Le voyage de retour le conduira de nouveau à Ctésiphon par la Perside, le Hutzistan (Ozeos) et le pays de Babel. Treize ans plus tard(253),
le « cri » du prophéte iranien atteindra les régions limitrophes des empires romain (Adib et Arbayistan) et kouchan (pays des Parthes), lors de la première campagne syrienne de Shapur 1er contre les Romains.
Les voya ges de Mani
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Dans le Kephalaïa 76, il déclare avoir parcouru le monde, en courant littéralement « sur la pointe des pieds », prêchant partout la « bonne
nouvelle », l’« Évangile vivant », implantant des communautés et édifiant
des temples. Son grand projet, semblable en de nombreux points à celui de
Sohravardi, le fondateur de la Théosophie Orientale, est de fondre en une seule tradition spirituelle l’Orient et l’Occident, la gnose du Bouddha, le dualisme de Zoroastre
et le pur christianisme, enseigné par Jésus le Christ et Paul de Tarse. Mani voit dans
cette nouvelle religion universelle, tolérante et profondément humaniste
qu’il a élaboré un moyen de changer le monde par la non violence et la
non lutte.
La nouvelle religion de la Lumière ne doit connaître aucune limite à sa diffusion. C’est pourquoi Mani envoie ses disciples en mission à
l’étranger en leur intimant « d’errer perpétuellement dans le monde, prêchant la doctrine et guidant les hommes dans la Vérité ». Son message est
enseigné dans toutes les langues, proclamé dans toutes les villes et se
répand plus loin que toutes les autres religions. « Mon espoir, dira-t-il vers
la fin de sa vie, est parvenu jusqu’à l’orient du monde et en tous les
endroits de la terre habitée, aussi bien vers le nord que vers le sud. Aucun
des apôtres qui m’ont précédé n’a jamais fait une telle chose ! » (Keph.1).
E
crire et peindre pour servir l’humanité
Afin d’assurer la conservation et la transmission de son enseignement, le prophète iranien prend soin d’en fixer lui-même par écrit le contenu et de
l’illustrer par des calligraphies et des peintures67, dont le souvenir est, aujourd’hui
encore, vivace dans la mémoire des peuples orientaux (en particulier en
Inde, en Chine et en Iran). « Jamais, affirmera-t-il, il n’a été écrit ni révélé
de livres comparables à ceux que j’ai écrits68. »
La religion manichéenne ayant pour vocation d’être « entendue
dans toutes les langues », d’être « annoncée dans toutes les villes », de
« toucher chaque pays », Mani entreprit une réforme radicale de l’écriture, afin
que tous puissent lire ses ouvrages. Il substitua l’alphabet syriaque oriental à l’écriture pelhevie, dérivée du vieux perse, et abandonna le système
des idéogrammes, inapte, en raison de son archaïsme et du très petit nombre de signes (treize) qui le constituait, à porter et à restituer le souffle de
sa Révélation prophétique (l’un des objectifs poursuivis par Mani dans ce
projet de modification de l’écriture était de se rapprocher le plus possible de la langue parlée). « L’instrument qui résulta de cette réforme,
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nous dit M. Tardieu, instrument que l’on a coutume d’appeler « alphabet
manichéen » [plus riche en caractères que l’arabe], fut si pratique et si clair
qu’il devint, bien sûr, l’outil de propagande des manichéens sur toute
l’étendue du domaine iranien mais qu’il fut adopté aussi par des nonmanichéens (Sogdiens et Turcs) pour transcrire et traduire les Écritures
indiennes et bouddhiques. »
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En quelques années, le manichéisme connaît donc un essor foudroyant mais s’attire aussi de sévères inimitiés : les Mages mazdéens, qui
avaient porté Ardashir au pouvoir, supportent difficilement l’influence
grandissante exercée par Mani sur son successeur.
Il leur faudra attendre la mort du souverain sassanide et de son
fils, mystérieusement décédé, pour mettre à exécution leurs sinistres projets : établir le mazdéisme en religion d’État et éliminer par tous les
moyens leurs opposants. Les manichéens, au même titre que les juifs, les
bouddhistes, les brahmanes, les nazaréens ou les chrétiens feront l’objet
de persécutions impitoyables et sanglantes. Mani dira à ce propos dans un
psaume copte : « Depuis le jour de la grande persécution jusqu’au jour de
la Croix, il y a eu six années. Je les ai passées à marcher au milieu du
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monde, à la façon des captifs, parmi les étrangers. Les puissances du Mal se
sont ébranlées et agitées. Elles ont tourné leur épée contre l’homme humble.
Elles ne voulaient plus me voir dans les rues de leurs villes69. »
À l’instigation de Kirdir, le grand Mage mazdéen, Mani est arrêté, jugé, et condamné à mort pour « crimes contre Dieu » (comme
Sohravardi). Il est jeté en prison et couvert de chaînes, qui lui interdisent
tout mouvement.
L a
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Son agonie sera lente. Les derniers moments de son existence sont consacrés à son Église : il transmet le flambeau de l’Esprit à ses plus proches compagnons, et leur donne pour mission de continuer « la Guerre sainte » des fils de la
Lumière contre les fils des Ténèbres, qui ne finira que lorsque la dernière âme aura
été sauvée de « l’abîme du monde ». Le martyre du Prophète (sa Passion ou sa
Crucifixion, diront plus tard ses disciples), qui dura vingt-six jours, s’achève par cette
sublime prière, dernier « cri » d’une Âme vivante qui retourne à la quiétude de la
Vérité :
O Père, vois, le fer est sur moi.
O le plus grand par la Justice,
Entends ma voix,
Ecoute la voix de l’opprimé.
Que ma prière implorante
Fasse tomber tous les voiles.
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O Christ, ô Anges glorieux
et lumineux,
J’invoque vos noms :
Libérez mon esprit de sa prison,
Otez de moi ce manteau de douleur
Et conduisez-moi hors de ce monde.
O Père, ô Homme originel,
Ouvre les portes à ma plainte,
Qu’elle parvienne dans les hauteurs.
Vierge de Lumière,
Et vous, Anges,
Ecoutez ma supplique,
Délivrez l’enchaîné de ses fers.
A cet appel, dit une Homélie, il fut ainsi répondu :
Le Roi de l’Amour
Qui l’avait envoyé
Entendit sa voix…
Et lui parla.
L’Homme parfait
S’avança vers lui.
La Vierge de Lumière apparut.
Et les messagers de la Lumière
S’approchèrent en une ronde
Pour conduire sa grande Ame
Dans les Hauteurs.
La Parole protège la tête du Juste.
Elle le conduit
Dans les sphères de la Lumière.
L’envoyé de la Lumière
Est de retour chez lui.
Ainsi s’élève la perle de Lumière.
Au jour de son Ascension dans le « Jardin de lumière », dans
le champ de la Résurrection, Mani « le Vivant » avait, dit-on, environ
soixante ans70.
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