critiques des films ( PDF

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Boudu sauvé des eaux, Jean Renoir, France, 1932
Boudu sauvé des eaux a été remasterisé dans le cadre de Cannes Classics par
Pathé.
Dans ce film français de Jean Renoir en noir et blanc, les personnages principaux
sont Boudu, magnifique clochard, Monsieur et Madame Lestinguois, couple
bourgeois et Anne Marie leur employée de maison.
Le film est particulièrement basé sur l’humour : Boudu se cire les chaussures avec le
couvre lit de Madame Lestinguois avant d’aller chez le coiffeur.
Le désespoir de Boudu commence avec la perte de son chien. Il se jette dans la
Seine depuis le Pont des Arts. Ce qui est également amusant, c’est la relation
cachée entre Monsieur Lestinguois et Anne Marie.
Renoir semble dénoncer ici l’hypocrisie de la morale bourgeoise. Boudu, recueilli au
sein du foyer Lestinguois est celui qui vient rompre cette hypocrisie. Il met à mal tous
les codes de la bonne société.
C’est ce qui fait tout le charme de ce film. Boudu le clochard finit par tenir toute la
place dans une maison qui n’est pas la sienne. Mais sa vie est ailleurs : libre de toutes
contraintes, couché au bord de l’eau….
Farid El Mourad
Copie conforme,Abbas Kiarostami, Iran 2010
(Compétition officielle)
Deux personnes, un homme et une femme se rencontrent lors d’une conférence en
Toscane sur le dernier essai « Copie conforme » d’un écrivain. Elle (Juliette Binoche)
arrive en retard et repart avant la fin.
Lui (l’écrivain) décide par l’intermédiaire d’un ami présent à la conférence de la
retrouver sur son lieu de travail, une galerie d’art.
Le film ne montre qu’une journée de leur vie mais en dit bien plus. Leur relation est
ambiguë : on se demande s’ils sont mariés ou non. Ils communiquent en trois langues
différentes : anglais, italien, français. Cela nous incite à penser que ce vrai/faux
couple veut cacher sa relation aux yeux des autres.
La musique est absente dans ce film, cela accentue une lenteur difficile à supporter.
La fin nous laisse une certaine incompréhension. Le véritable lien entre les deux
personnages principaux reste vague.
Gautier Leroux, Natacha Merlin, Anthony Minnia, Steven Ntela.
Todos vos sodes capitans, de Oliver Laxe, Espagne
(Quinzaine des réalisateurs)
Un réalisateur européen réalise un film avec les enfants d’un centre social à Tanger.
Durant le tournage, et en raison de ses méthodes, sa relation avec les enfants va se
dégrader et transformer le devenir du projet.
A la demande des professeurs du centre, le réalisateur cesse le tournage. Un
enseignant vient le remplacer et propose aux enfants une escapade dans la
campagne loin du regard de la caméra.
Le film rend alors hommage à la nature : on voit les enfants principalement en
extérieur. Le choix du noir et blanc peut rappeler la vétusté du matériel de tournage
utilisé en début du film. Cela accentue aussi le sentiment d’être dans un temps
révolu, une autre époque. Le temps s’est arrêté à Tanger.
Oliver Laxe semble faire un constat : la vie est bien misérable dans cette ville mais ses
habitants sont libres de vivre au rythme de la nature.
Mohamed Benamas
Udaan, de Vikramaditya Motwane, Inde
(un certain regard)
Motwane a opté pour un film classique en Inde, de nos jours.
Il marque le grand retour du cinéma indien. En effet, depuis 2003 aucun film n’a été
présenté au festival.
Rohan, après avoir été placé huit ans dans un pensionnat, se fait exclure.
Il revient dans sa ville d’origine, Jamshedpur, une des villes les plus pauvres de l’Inde.
De retour chez son père, très autoritaire et violent, il fait la connaissance de son
jeune demi-frère, Arjun, dont il ignorait l’existence. Contraint de travailler dans l’usine
sidérurgique paternelle et de poursuivre ses études d’ingénieur, il tente malgré tout
de réaliser son rêve : devenir écrivain.
La musique est loin des comédies musicales de Bollywood. Elle accompagne les
scènes où l’action s’accélère, aussi bien que les grands moments d’émotion.
Ces moments sont nombreux qui nous transportent du rire aux larmes. Nous vivons de
manière très forte le besoin infini de liberté de Rohan, la rigidité effrayante de son
père, le désarmant regard du petit Arjun. Et c’est bien lui en définitive, qui donnera
la force à Rohan de quitter la maison paternelle, celle de l’enfermement, du refus
de l’épanouissement personnel.
Tout le film repose sur cette double structure : la soif de liberté et la censure du père.
Rohan pris au piège dans le foyer familial, l’usine, les cours. Rohan prenant la route
un soir avec ses amis, libre, enfin un peu libre.
C’est un film magnifique, bouleversant.
Nous espérons la caméra d’or pour ce long métrage porteur d’espoir.
Antony Chalon, Toiouliou Madi, Cédric Moscardini, Idriss Tir