James Lee BYARS James Lee BYARS

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James Lee BYARS James Lee BYARS
James Lee BYARS
Œuvres entrées dans la collection en
1984 :
A Drop of Black Perfume, 1983
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Dimensions : environ 30 m
Œuvre acquise en 1984, n° d’inventaire :
984.4.1
A Drop of Black Perfume, 1983
Dimensions : 0,08 x Ø 26,9 cm
Don de la galerie Éditions Média,
Neuchâtel, n° d’inventaire : 984.28.1
James Lee Byars, A Drop of Black Perfume,
1983. ©Blaise Adilon
A Drop of Black Perfume. L’action se déroule au sommet du col de la Furka, aux confins des
sources du Rhône, en Suisse.
James Lee Byars, inspiré des souvenirs qu’il a des moines et poètes japonais se retirant dans
de minuscules observatoires perdus dans la montagne pour observer le monde, y a convié
quelques amis. Debout, il avance lentement, puis soudain il quitte la route et se dirige vers les
bords du précipice tout en longeant une pente herbeuse. Il s’arrête bientôt et place avec la plus
grande attention une goutte de parfum noir dans une minuscule dépression cachée dans un
très gros rocher. James Lee Byars a revêtu un costume d’or surmonté d’un haut-de-forme.
Nous sommes le 24 juillet. Le parfum est volatile.
Peu auparavant, Marc Hostettler, directeur de la galerie Média de Neuchâtel, a aménagé un
hôtel à Furka Pass, à proximité du glacier du Rhône, accessible cent jours par an, tout comme
le col pris la plupart du temps par la neige.
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Marc Hostettler y organise chaque année une exposition et invite de nombreux artistes . James
Lee Byars a souhaité que son Event se tienne le premier jour de l’ouverture du col de l’année
1983.
De cette « performance », Byars conçoit de garder une trace à la
mesure de l’événement : deux disques de verre d’un diamètre de
e
1,26 m pour une épaisseur infime de 1 mm pour l’un et de 8/10 de
mm pour l’autre. Au centre de chacun des cercles d’une extrême
fragilité, une sérigraphie en corps de lettres minuscules porte la
simple mention : A Drop of Black Perfume. Les deux disques sont
exposés verticalement dans une salle noire. Tous les deux,
reposant sur le sol, sont appuyés sur le mur face à face sans
artifice et sans précaution particulière. Immergés dans l’obscurité
d’un espace rectangulaire obscur à peine éclairé par une semiouverture, les deux cercles peuvent à tout instant se rompre sous
l’action de leur propre poids. L’artiste compte sur l’acuité visuelle et
l’attention soutenue du public pour en déceler peu à peu la
présence. Au seuil de l’invisibilité, d’une extrême ténuité, les deux
cercles sont à la merci du moindre choc. Leur disparition
(invisibilité, cassure) est toute entière contenue dans leur
exposition qui en incarne le danger. Dès la première exposition, un
James Lee Byars, A Drop of
visiteur, pourtant attentif, brise l’un des deux cercles en reculant.
Black Perfume, 1983.
Le risque de la destruction étant intégré à l’exhibition, James Lee
©Blaise Adilon
Byars refuse le principe même de la restauration. Nous passons
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Panamarenko; Abramović/Ulay. C’est auprès de la galerie Média que nous acquérons un néon de Morellet,
ainsi que Peinture (1952), et plusieurs pièces de Marinus Boezem.
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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outre et réalisons un cercle de verre sérigraphié identique au premier. Mais à l’occasion de la
seconde exposition (9 juin-11 septembre 2000) le second verre est à son tour brisé.
À cette date, James Lee Byars est décédé. Aujourd’hui, cette œuvre, inscrite au patrimoine
sous le numéro d’inventaire 984.4.1, ne comporte plus qu’un seul cercle, tandis que la notice
en mentionne deux. La logique artistique, selon le vœu de l’auteur, se prononce pour la nonrestauration, tandis que la logique patrimoniale prêche pour la conformité originale de l’œuvre.
Dans ce cas, la loi muséographique et le droit d’auteur s’opposent. La première pense
intégralité et conclut à deux cercles ; le second pense intégrité et conclut à un seul cercle.
Nous n’avons à ce jour toujours pas tranché.
James Lee Byars
Né en 1932 à Detroit (États-Unis), décédé en 1997 au Caire (Égypte)
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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