Oscar du meilleur film étranger

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Oscar du meilleur film étranger
Le film hongrois « Le Fils de Saul »,
Oscar du meilleur film étranger
Après le Grand prix du Festival de Cannes et un Golden Globes, le premier
long-métrage du jeune réalisateur hongrois Laszlo Nemes remporte la
récompense suprême
« Le Fils de Saul », lauréat dimanche de l’Oscar du meilleur film étranger,
offre une plongée simple et poignante au coeur même de la Shoah, à travers le
quotidien d’un Juif des Sonderkommandos, ces déportés forcés de participer à
l’extermination.
Premier long-métrage du jeune réalisateur hongrois Laszlo Nemes, 39 ans, ce
film déjà couronné par le Grand prix du Festival de Cannes et aux Golden
Globes faisait figure de favori.
Il l’a emporté face à l’ode à la liberté franco-turque « Mustang », au
western bédouin « Theeb » présenté par la Jordanie ainsi que « L’étreinte du
serpent » et « A War » qui représentait respectivement la Colombie et le
Danemark.
Le lauréat hongrois « est un film pur, intelligent », « une sépulture pour
les juifs de Hongrie », avait souligné récemment le cinéaste français Claude
Lanzmann, réalisateur du monumental « Shoah » (1985), et lui-même objet d’un
documentaire en lice aux Oscars.
L’action du « Fils de Saul » –une fiction dépouillée déjà saluée par la
critique et un large public– se déroule sur deux journées dans un camp
d’extermination allemand, en 1944.
Capture d’écran Laszlo Nemes (Crédit : YouTube)
Saul Ausländer, incarné par le New-Yorkais d’origine hongroise Géza Röhrig,
est un déporté juif hongrois forcé de travailler dans les chambres à gaz et
de brûler les cadavres dans les fours crématoires.
Un jour, au coeur de l’enfer, Saul découvre un jeune garçon dans lequel il
croit reconnaître son fils. Bouleversé, il décide de tout faire pour lui
offrir une sépulture digne.
Sons glaçants
Laszlo Nemes a choisi un parti pris cinématographique radical, filmant son
héros en plan serré et ne donnant à voir que ce qu’il voit, laissant presque
toujours l’horreur hors-champ, ou floue à l’arrière-plan.
Jusqu’à présent, « les films avaient souvent cette tendance à vouloir trop
montrer », avec « le plus possible d’émotion et de drame ». Mais « les
massacres y avaient lieu en silence », estime le réalisateur, dont une partie
de la famille a été assassinée à Auschwitz.
Saul, lui, « est au milieu de l’usine de mort, il ne regarde plus cette
usine, il ne regarde plus les déportés, il ne regarde plus les cadavres. Ce
qu’il regarde, c’est tout ce qui est lié à sa quête, essayer d’enterrer ce
garçon qu’il pense être son fils », avait-il confié au printemps dernier à
Cannes.
Oppressant, rythmé visuellement par les déplacements et les gestes de Saul,
le film l’est aussi par les sons glaçants du four crématoire : claquements
métalliques, bruit de pas et de mains qui tambourinent sur la porte de la
chambre à gaz, bruissement des corps que l’on tire, grincement des chariots
que l’on pousse, ordres criés en allemand, bribes de conversations en
diverses langues…
Malgré un budget serré (1,5 million d’euros) — le film n’avait pas réussi à
convaincre les investisseurs étrangers –, M. Nemes avait fait le choix de
tourner en 35 mm pour offrir au spectateur « une expérience plus ‘en
immersion’ ».
« Au milieu de l’enfer des enfers, qu’est-ce qui peut rester comme voie
intérieure? C’est la question qui est posée par le film », souligne Laszlo
Nemes, qui a travaillé pendant deux ans comme second assistant du cinéaste
hongrois Béla Tarr, après avoir étudié à Paris.
Succès à l’étranger, le film a également enregistré 140.000 entrées en
Hongrie, un record dans ce pays où la barre des 100.000 spectateurs est
rarement dépassée.
Le dernier Oscar pour un film hongrois avait été remporté en 1982 par Istvan
Szabo, pour « Mephisto ».
Pour tout savoir sur le ‘Fils de Saul’, cliquez ici.
Source :© Le film hongrois « Le Fils de Saul », Oscar du meilleur film
étranger | The Times of Israël