Cette semaine à l`affiche … - Cultures Juives En Bretagne

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Cette semaine à l`affiche … - Cultures Juives En Bretagne
Cette semaine à l’affiche
Sortie le 4 novembre 2015
Film hongrois
Genre : Drame
Durée : 107mn
Réalisation : Laszlo Nemes
Scénario : Laszlo Nemes – Clara Boyer
Avec Géza Röhrig, Levente Molnar, Urs Rechn
3 prix au Festival de Cannes :
Grand Prix
Prix Fipresci – Compétition officielle
Prix François Chalais
Synopsis
Le film montre, début octobre 1944, deux journées de la vie de Saul Ausländer,
prisonnier juif hongrois à Auschwitz. Il fait partie du Sonderkommando de l'un des
fours crématoires, groupe d'ouvriers strictement séparé du reste du camp et qui, tout
en attendant leur propre exécution à tout moment, est forcé de participer à la
crémation et à la dispersion des cendres des victimes de l'extermination massive.
Saul croit reconnaître son fils dans un enfant mort, et décide d'accomplir l'impossible:
tenter de le sauver des flammes et d'entrer en contact avec un rabbin, avec qui il
l'enterrera et lui offrira une véritable sépulture. Entre-temps le Sonderkommando
désespéré se prépare à se révolter et à saccager le four crématoire, mais Saul se
détourne d'eux et a pour seule obsession de mener à bien son projet, pour son fils
dont il n'avait pas su s'occuper de son vivant
"Il est au milieu de l'usine de mort, il ne regarde plus cette usine, il ne regarde plus
les déportés, il ne regarde plus les cadavres. Ce qu'il regarde, c'est tout ce qui est lié
à sa quête, essayer d'enterrer ce garçon qu'il pense être son fils", explique László
Nemes.
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Tout savoir sur… ou presque !
Rubrique animée par Jean-Pierre KOSKAS
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acteurs, ou bien trouver des articles, des bibliographies, des livres sur celui-ci, voici
quelques sites pour vos recherches :
Tout savoir sur… Le film
Avis de Bruno Icher (TELERAMA)
Au dernier Festival de Cannes, Le Fils de Saul portait en lui la promesse d'un sévère
accrochage sur le front de la cinéphilie. Le premier long métrage du jeune et
talentueux Hongrois László Nemes, immersion en apnée dans la monstrueuse routine
d'Auschwitz, semblait en effet taillé pour raviver des querelles toujours à vif sur une
question esthétique et morale, « filmer l'infilmable », dont personne n'est jamais
sorti indemne. Si la bataille rangée n'eut finalement pas lieu sur la Croisette, Nemes
repartant même avec le Grand Prix du jury, ce ne fut pas faute, pour le cinéaste, de
se mesurer au tabou.
Saul est un prisonnier juif affecté aux Sonderkommandos, forçats en sursis contraints
de conduire les nouveaux arrivants à la chambre à gaz puis de transporter leurs
cadavres aux bûchers et aux fours crématoires. En découvrant un enfant encore
vivant au milieu des morts, Saul affirme qu'il s'agit de son fils et, quand celui-ci finit
par expirer, l'homme s'obstine à trouver un rabbin pour dire une prière. Il y a donc
ici une double fiction (celle du film et celle, peut-être, du personnage), une
incontestable volonté de cinéma imbriquée dans ce réel réputé irreprésentable.
Est-ce à dire que Le Fils de Saul a vaincu l'anathème ? C'est un peu plus compliqué.
Le parti pris de Nemes consiste à éviter au film de trébucher sur l'obstacle esthétique
d'une mise en scène, de « belles images » qui induisent mensonge et interprétation.
Le tout premier plan donne la clé. Une image fixe et floue qui laisse deviner le vert
printanier d'une forêt ou d'un champ. En arrière-plan, une silhouette s'approche
jusqu'à ce que le point se fasse sur le visage de Saul. Comme si le personnage était
entré en fiction en allant chercher le cinéaste et non l'inverse. Pendant près de deux
heures, ce visage en gros plan ne quitte plus l'écran. Et c'est dans le hors-champ que
l'enfer se déchaîne, évoqué par une bande-son peuplée de voix s'exprimant en
différentes langues, de gémissements et de bruits de coups.
…
… Suite
En instituant ce procédé, et en s'y tenant scrupuleusement jusqu'aux ultimes
secondes, Nemes réalise avant tout un film irréprochable. Une contribution à
l'histoire du cinéma qui ne pourra pas être associée aux polémiques virulentes qui
ont jailli à propos de tant d'autres, depuis Kapo, de Gillo Pontecorvo, en 1961,
première querelle fondatrice de la critique, à la Liste de Schindler, de Steven
Spielberg (1993), La vie est belle, de Roberto Benigni (1997) en passant par La
Trêve (1997), dernier film de Francesco Rosi d'après le roman de Primo Levi, ou
encore La Rafle, de Rose Bosch (2010). C'est à la fois sa prouesse, sa virtuosité, son
assurance tout-risque, mais aussi sa limite. Comme le travail d'un élève surdoué qui
prend à revers une équation sur laquelle plusieurs générations de cinéastes se sont
cassé les dents, sans pour autant la résoudre tout à fait.
Réduire Le Fils de Saul à un exercice de style brillant et habile relève peut-être de
l'injustice tant la difficulté semblait insurmontable. Pourtant, dans un paradoxe qu'il
contribue à perpétuer, le film renvoie chaque spectateur à ses propres
contradictions, à son désir malgré tout de regarder ce qui ne peut sans doute être vu
qu'à travers quatre photos floues prises secrètement à Auschwitz-Birkenau en 1944
par un certain Alex, Juif grec enrôlé dans les Sonderkommandos et mort dans le
camp, témoignage dérisoire et majeur qui ne montre presque rien et dit absolument
tout. — Bruno Icher
Avis de Vincent Malausa (L'OBS)
Il est assez attristant de mesurer combien un film aussi singulier que "Le Fils de
Saul" ne trouve grâce auprès du public qu'au nom d'une expérience d'immersion
recouvrant diverses appellations toutes plus obscènes les unes que les autres
("claque", "coup de poing", "électrochoc").
Le film de Laszlo Nemes n'a pourtant rien d'un tour de force volontariste et n'est pas
tout à fait l'épisode de "Vis ma vie de déporté" réalisé par Gaspar Noé que l'on
pouvait attendre.
"Le Fils de Saul" repose sur un récit d'une profonde intelligence qui emprunte
beaucoup plus au conte ou à la fable qu'à toute forme de documentaire en
immersion fondé sur des principes de faux reportage-choc.
La quête du kapo que le film ne lâche pas d'une semelle le plonge dans une
dimension onirique manifeste : enterrer le corps d'un enfant dont le personnage
s'imagine être le père (sans que jamais la réalité de ce postulat ne soit questionnée)
entraîne Nemes sur les rails d'un récit d'évasion ouvertement hallucinatoire.
Le camp, de fait, ne devient ni un espace qu'il s'agit de travestir en lieu d'une
évasion par l'imaginaire d'une intolérable facticité (comme c'était le cas dans "La Vie
est belle" de Benigni), ni le simple décorum d'une expérience d'apnée dont le
réalisme ou l'authenticité seraient les uniques enjeux.
Avec ce héros obsédé par une idée fixe, "Le Fils de Saul" ressemble à un cauchemar
éveillé que la mise en scène de Nemes ne tente jamais de replier dans une
dimension d'archive (cet horizon de fresque historique qui plombait "La Liste de
Schindler") mais qu'elle ouvre au contraire à une multiplicité de niveaux de réalité –
du conte populaire juif au classicisme hollywoodien du film de prison.
…
… Suite
La force du "Fils de Saul" tient à ce qu'il n'évacue jamais le spectre documentaire de
la question de la représentabilité de la Shoah mais trouve une forme en adéquation
totale avec son projet : une suite de plans-séquences gravitant autour du visage du
héros et rejetant dans le flou de l'arrière-plan ou du hors champ l'abomination du
camp.
La radicalité du dispositif, pour impressionnante qu'elle soit, vaut moins comme tour
de force – le fameux "coup de poing" évoqué un peu partout – que comme exercice
critique de représentation d'une extraordinaire puissance expressive et formelle.
Si "le Fils de Saul" frappe si fort, ce n'est pas parce qu'il veut frapper mais au
contraire parce qu'il ne cherche qu'à raccorder sa mise en scène à l'intelligence d'un
récit moins centré sur la figuration concrète d'Auschwitz ou sur la course à l'émotion
(l'axe Benigni) que sur l'impossible fuite de son héros.
Sur ce point, le film se rapproche de l'extraordinaire "Requiem pour un massacre
d'Elem Klimov" en cherchant du côté de l'hypnose, de la marche forcée et de
l'avancée aveugle plus que sur une volonté racoleuse "d'immersion".
Porté par une formidable foi dans la puissance de son écriture (jusque dans la scène
si périlleuse de l'évasion finale qui feint de basculer dans le mythe), Nemes réunit en
un geste admirable ces deux pôles irréconciliables du cinéma de l'après-Auschwitz :
la possibilité ou non de représenter la Shoah avec les moyens du cinéma.
L'opposition entre un axe Lanzmann et un axe Spielberg se dissipe à la vision du
"Fils de Saul" : prenant en charge 80 ans de débat sur l'éthique de la représentation,
Laszlo Nemes a su trouver une forme aux limites de l'abstraction – délestée en cela
de toute visée édifiante – dont la rigueur théorique et la puissance d'évocation
avancent main dans la main.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=237178.html
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557603&cfilm=237178.html
http://www.avoir-alire.com/cannes-2015-le-fils-de-saul-la-critique-du-choc-de-laszlo-nemes
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/le-fils-de-saul-contre-l-oubli_1732255.html
http://www.telerama.fr/cinema/films/le-fils-de-saul,500700.php
http://www.actuj.com/2015-11/culture/2534-laszlo-nemes-le-fils-de-saul-l-antisemitisme-esttoujours-un-enorme-business-politique-et-economique
http://www.franceinter.fr/evenement-le-fils-de-saul
http://www.festival-cannes.com/fr/archives/ficheFilm/id/5b1d72f6-2dfd-4bda-9404ed6d4bb09a60/year/2015.html
http://www.lesechos.fr/week-end/cinema/films/021411118038-lenfer-a-hauteur-dhomme1171947.php
http://fr.timesofisrael.com/le-fils-de-saul-dans-les-salles/
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… Suite
Tout savoir sur…le réalisateur Laszlo NEMES
Né à Budapest (Hongrie) le 18 février 1977, est un réalisateur et
scénariste hongrois d'origine juive.
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Arrivals (court métrage)
Une vie en l'air d'Emmanuel Malka (court métrage, second assistant)
Before Dawn de Bálint Kenyeres (court métrage, premier assistant)
L'Homme de Londres de Béla Tarr (second assistant)
Türelem (With a Little Patience) (court métrage)
The Counterpart (court métrage)
Az úr elköszön (The Gentleman Takes His Leave) (court métrage)
Le Fils de Saul (Saul fia) (premier long métrage, en post-production)
Tout savoir sur…les acteurs
Géza Röhrig
Rôle : Saul Ausländer
Levente Molnár
Rôle : Abraham
QUELQUES PHOTOS
Urs Rechn
Rôle : Biedermann

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