Perdre son emploi : une épreuve ou une opportunité
Transcription
Perdre son emploi : une épreuve ou une opportunité
Perdre son emploi : une épreuve ou une opportunité ? I. Vivre un licenciement, c’est quoi ? Perdre son job, certains d’entre nous l’ont vécu, d’autres le vivront… Un licenciement, lorsqu’il ne correspond pas à un souhait conscient d’interrompre sa carrière est une épreuve, qu’il arrive subitement, qu’il soit pressenti (p.e. en cas d’annonce d’un plan de restructuration), ou qu’il advienne au terme d’un long processus de harcèlement moral. C’est une épreuve pénible car l’on passe en quelques instants du statut enviable de cadre à celui d’une personne désormais sans emploi. Qui n’a pas entendu parler de ces collaborateurs dévoués, qui après de longues années de service ont été priés de quitter leur entreprise en 30 minutes, escortés, et sans avoir même l’occasion de saluer leurs collègues. Il faut annoncer cette nouvelle à ses proches, éventuellement appréhender le jugement des autres, expliquer cette situation à ses enfants qui vous regardent, étonnés, le lendemain matin (« tu ne vas pas au bureau , papa (maman) ? »), garder le sourire quand la boulangère vous demande : « et alors, on a un pris un jour de congé aujourd’hui ? », regarder avec tristesse ses costumes (tailleurs) et sa collection de cravates (foulards), à partir de cet instant (provisoirement) inutiles … L’état dans lequel on se retrouve au lendemain d’un licenciement est une question éminemment personnelle et fortement liée aux circonstances du licenciement. Victime d’une restructuration, vous vous sentirez peut-être moins visé « personnellement » que si vous êtes « le seul » ou presque à avoir été licencié. De même, avoir été licencié d’une manière respectueuse de votre nouvelle situation, ou avoir été l’objet d’un harcèlement visant à obtenir votre départ, vous mettra dans une situation psychologique fort différente, pouvant être exacerbée par le sentiment que les efforts consentis pour votre ancien employeur l’ont été inutilement. Des psychologues ont estimé que la perte d’emploi est en importance la troisième cause de stress, immédiatement après la mort du conjoint et le divorce. Au lendemain de son licenciement, commence un processus de restructuration physique et psychologique. Les remèdes favorisant cette évolution sont variés : du repos (on sous-estime souvent la force réparatrice du sommeil - et quel plaisir de faire la sieste quand les autres sont au travail !), quelques jours de vacances, le cas échéant une aide médicale (ou simplement les conseils de son pharmacien). Il faut d’abord soigner sa douleur, et le conjoint doit se préparer à assister l’autre dans ses moments de déprime, d’angoisse ou de colère. II. Et vient le temps des bilans … Après cette étape, curatrice, mais indispensable, vient très vite le temps des bilans. Deux bilans bien différents sont à établir. i) le bilan matériel : concrètement, être licencié peut représenter la perte de divers avantages matériels, fort handicapante si on n’en dispose pas d’un exemplaire à titre privé : p.e. le gsm, le pc (et donc une adresse électronique et l’accès au web), l’imprimante, voire son véhicule. Il faut agir rapidement afin de se retrouver aussi vite que possible « opérationnel» et être prêt à se lancer dans la recherche d’un nouvel emploi. D’autre part, la perte d’emploi représente la suppression à terme de ses revenus professionnels. L’indemnité compensatoire généralement reçue assurera pendant quelques mois l’équivalent des rentrées financières habituelles ; celle-ci peut constituer un capital qu’il peut être opportun de placer judicieusement. Attention cependant : cette indemnité peut donner une fausse impression de confort (on gagne autant et en plus on peut rester à la maison…). Ne sachant quand un nouvel emploi sera trouvé, il vaut mieux être prévoyant et réduire quelque peu son train de vie. Ceci constituera, outre un exercice Solvay Alumni d’optimisation budgétaire parfaitement dans les cordes de tout diplômé en gestion, un « jeu » et l’on s’apercevra probablement de gisements importants d’économies disponibles au quotidien (on privilégiera pendant quelques temps le Colruyt au Rob, et le bon petit vin de pays au Château Margaux). ii) le bilan personnel : Priorité absolue, faites le deuil de votre ancien emploi : c’est du passé ! Mais avant de foncer « «tête baissée », il est opportun de dresser le bilan de ce licenciement ainsi que de sa carrière jusqu’à ce jour. Ce bilan peut être facilité par la consultation d’ouvrages spécialisés, par la discussion avec ses connaissances qui peuvent utilement jouer le rôle de « mentor », en particulier en aidant à décrypter le « pourquoi » des événements passés : « quelles erreurs ai-je commises ? Qu’aurais-je pu faire différemment ? Que s’est-il passé autour de moi ?». Le but n’est pas de se culpabiliser mais de tirer les leçons constructives d’une expérience négative et par là d’essayer de se prémunir contre d’éventuels problèmes similaires à l’avenir. De cette réflexion naîtra également une stratégie de recherche d’emploi : le bilan matériel imposera des contraintes à cette question et tout le monde ne pourra pas choisir de devenir rentier, mais le choix peut être relativement large : arrêter provisoirement de travailler, privilégier le temps partiel, choisir de nouvelles orientations comme l’enseignement (« vive les vacances ») ou les petites entreprises (« vive la convivialité »). Bref, c’est un temps où, à nouveau, l’avenir semble nous appartenir davantage que le seul horizon de la promotion tant attendue ! III. Une opportunité à exploiter En réalité, exploiter utilement cette période de temps « libre » est nécessaire afin de se (re)créer une image positive de soi, de ne pas se considérer comme un défaitiste et d’éviter de tomber dans une passivité extrêmement dangereuse. Bref, il faut éviter de se considérer comme étant en vacances prolongées, cette attitude mentale pouvant se retourner contre soi au moment de « remettre le pied à l’étrier ». Il faut s’organiser, et tout d’abord, élaborer un planning hebdomadaire de son activité : on est « chez soi » mais armé d’une mentalité « d’actif ». Il va falloir utiliser les jours de la semaine, certainement du lundi au vendredi, à des activités « productrices », en prévoyant des plages « recherche d’emploi » et des plages « autres activités utiles ». Il ne faut pas hésiter à se considérer le vendredi soir comme étant arrivé en week-end, ceci afin de garder un rythme « comme au bureau ». Ce faisant, on restera également en phase avec les autres membres de la famille et de son entourage. Pour ceux qui bénéficient des services d’un bureau d’outplacement, le rythme hebdomadaire pourra être retrouvé au sein des locaux d’outplacement. Par contre, ceux qui se retrouvent « à la maison » devront sans doute faire preuve de plus de discipline, dans un sens (activités productrices) comme dans l’autre (activités récréatives). Que faire, outre la recherche d’emploi proprement dite ? Il est très important de comprendre à ce moment qu’une période « libre » est une opportunité importante, afin de réaliser ce que la vie active ne laisse que très peu le temps de faire. Ne perdez pas de vue non plus que votre futur employeur potentiel tirera aussi des conclusions de la façon dont vous avez utilisé ce temps « libre », en tout cas, s’il se prolonge… Ainsi, par exemple, il sera bien vu d’essayer d’améliorer ses points faibles en s’inscrivant à des formations, à des cours de langues (et si on est déjà trilingue parfait, voilà l’occasion de devenir quadrilingue). On peut aussi développer ses connaissances en informatique ou les actualiser dans certains domaines (comptabilité, fiscalité). Nul besoin d’acheter des livres coûteux ou de s’inscrire forcément à de dispendieuses formations, tant Internet permet aujourd’hui à chacun d’étoffer ses connaissances dans de nombreux domaines différents. Ceci dit, certaines Solvay Alumni formations, qui vous aideront réellement à vous améliorer ou qui viendront en bonne place dans votre cv peuvent être bienvenues… A vous de les choisir judicieusement ! C’est également le moment d’aller s’informer sur les possibilités de créer son entreprise, si une envie d’entreprendre sommeille en vous. Après tout, même si vous deviez retrouver une activité de salarié, une activité accessoire d’indépendant est parfaitement envisageable. Ou encore d’aider un membre de la famille ou un ami dans sa propre entreprise… ou de réaliser votre vieux rêve de partir à la rencontre de nouvelles cultures… Pour prendre soin de votre moral, il est bon aussi de prévoir quelques heures d’activité physique. Quel bonheur de se balader à 10 heures du matin sous le soleil en forêt de Soignes, lorsque vous pensez aux milliers de malheureux dans leur bureau ! Profitez-en pour enfin avancer dans les multiples travaux d’intérieur ou d’extérieur que vous n’aviez jamais réussi à finaliser (voire à entamer) par manque de temps. De même, c’est le moment de profiter vraiment de ses enfants, par exemple en allant les chercher à l’école (vous avez peur « du regard des autres » ? Le mieux est d’expliquer la situation aux parents que vous connaissez, après tout, c’est cela aussi utiliser son réseau). Et pourquoi pas proposer gracieusement vos services de manière temporaire au secteur associatif, qui a bien souvent besoin de main d’œuvre à temps partiel (p.e. tenue de la comptabilité une après-midi par semaine). Pour résumer, trois objectifs devraient pouvoir se rencontrer dans le choix des activités de cette période de liberté: • • • bien entendu, rechercher de manière active, intelligente, construite, un emploi qui corresponde à votre envie ou à vos besoins ; vous faire plaisir en réalisant toutes les choses que vous n’avez jamais eu le temps de faire jusque là ; entreprendre des activités judicieusement sélectionnées qui, d’une part conforteront vos qualités professionnelles, et d’autre part, permettront de convaincre le recruteur de votre dynamisme (« non, je n’ai pas regardé Derrick tous les jours vautré dans mon fauteuil ») Solvay Alumni IV. Je déprime … Que faire ? Il se peut évidemment qu’après cette occupation active mise en place, tout ne se passe pas aussi bien que souhaité : vous ne supportez pas cette situation tout simplement, vous ne retrouvez pas d’emploi après plusieurs mois de recherche, la déprime vous guette …Que faire ? i) Tenter de se calmer. Si une situation vous angoisse particulièrement, essayez de vous détendre, buvez de la tisane (cela n’est pas fait que pour les bobonnes), faites de la relaxation, inscrivez-vous à un cours de yoga, prenez un bain chaud, écoutez votre musique préférée, partez en promenade. Bref, changez-vous les idées. Attention, si vous avez tendance à lutter contre votre stress en consommant des boissons alcoolisées ou des cigarettes, essayez de combattre, voire d'abandonner totalement cette habitude: bien que l'alcool et le tabac puissent vous détendre temporairement, ils aggravent les choses à long terme. ii) Rire. L’humour est un bon moyen de désamorcer l’anxiété, car le rire ralentit le rythme cardiaque. Exagérez la situation stressante jusqu’à la rendre ridicule. Regardez un film amusant, lisez un livre rigolo,... iii) Partager avec d’autres : des groupes existent et se rassemblent, qui permettent de discuter de ses problèmes. Il n’est pas indispensable d’aller voir un psy… iv) Relativiser les choses : par exemple, en se comparant à d’autres personnes ayant une situation professionnelle enviable mais qui connaissent des expériences personnelles ou familiales éprouvantes. Comme souvent pour les épreuves, la traversée de celle-ci vous rendra plus fort moralement, plus mûr, plus compréhensif, mieux préparé pour un avenir professionnel nouveau et très certainement positif. Solvay Alumni