apprendre apprendre a apprendre - je veux je peux vaincre les

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apprendre apprendre a apprendre - je veux je peux vaincre les
APPRENDRE
A
APPRENDRE
ou
COMMENT AIDER
NOS ENFANTS
A ABORDER
LEURS APPRENTISSAGES SCOLAIRES
AVEC PLAISIR,
FACILITE ET
EFFICACITE.
« Fais donc un effort,
sinon tu auras encore une insuff à ton contrôle, demain ! »
« Mais Maman, y a rien qui rentre.. »
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PLAN
1. Introduction
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2. Fonctionnement du cerveau : 2 hémisphères, connexion,
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application : le topogramme
3. Les intelligences multiples
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4. Les « mécanismes » de l’apprentissage :
- le geste d’attention
- le geste de réflexion
- le geste de mémoire
5. Les « outils » de l’apprentissage : les fonctions cognitives
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6. Efficience de la mémoire
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7. Métacognition et médiation
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8. Méthodologie de l’apprentissage autonome
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9. Exercices de relaxation et Brain Gym
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10. Présentation du PEI 1 et d’Upbraining+
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1. Introduction :
Vous allez découvrir une méthodologie pour apprendre plutôt simple, naturelle, qui ne
demande pas trop d’efforts mais apporte le plaisir de connaître des choses nouvelles, et par
laquelle l’apprentissage deviendra plus efficace. C’est assez ambitieux, mais pas impossible !
Tout d’abord, quelques notions scientifiques concernant le cerveau, notre outil principal, et
son fonctionnement vont venir vous rafraîchir la mémoire.
Notre intelligence est multiple, elle n’est pas statique, déterminée une fois pour toute : elle est
en constante évolution, à tout âge. Etant multiple, il est possible de mobiliser celles qui sont
dominantes pour mieux apprendre.
Ensuite, vous allez découvrir les modes d’emploi des qualités requises pour que vos enfants
acquièrent avec succès les matières scolaires : ces qualités sont l’attention, la réflexion, et la
mémoire. Avez-vous déjà imaginé ce que doit penser un élève à qui on a dit « sois attentif,
réfléchis » ? Peut-être passe-t-il son temps à se dire « je ne dois pas écouter mon voisin, je ne
dois pas regarder par la fenêtre… » alors que le professeur débite sa leçon ! Qu’en aura-t-il
retenu ? Seulement que c’est bien difficile d’être attentif ! Donc, donnons-leur le mode
d’emploi, pour que cela devienne naturel !
Comme le jardinier qui utilise des outils spécifiques selon ce qu’il veut faire de son jardin, les
outils spécifiques de l’apprentissage vous seront présentés, ainsi que leur mode d’utilisation :
ce sont les fonctions cognitives, les briques de fondation de la maison « apprentissage »,
nécessaires à tout raisonnement. Chacun possède au fond de lui les fonctions cognitives
indispensables, le tout est de les mobiliser au bon moment et avec efficacité, c’est-à-dire
consciemment.
Vous apprendrez également quelques petits trucs pour mieux faire fonctionner la mémoire, et
ensuite quelques pistes pour aider votre enfant dans ses tâches de manière à ce qu’il acquière
de l’autonomie.
Vous trouverez enfin quelques mots de présentation de la méthode particulière qui s’appelle
Upbraining+, de Christine Mayer, que j’utilise lors des séances d’ « apprendre à apprendre »
que j’anime. C’est une méthode d’apprentissage par la médiation, très efficace pour les
enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage, quelles qu’en soit l’origine.
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2. Fonctionnement du cerveau :
Comprendre – un peu – comment fonctionne le cerveau ouvre la porte à des découvertes
passionnantes et nous donne une vue plus claire des ses immenses possibilités.
Notre cerveau comporte 1 000 milliard de cellules nerveuses, dont 100 milliard de neurones,
le reste servant à leur nourriture et leur soutien. Chaque neurone est constitué d’un corps
cellulaire, d’un axone et de dendrites qui permettent la connexion entre les neurones.
L’endroit où une dendrite en rencontre une autre est un petit espace appelé synapse. Le
neurone transmet les informations sous forme de signal électrique qui franchit les synapses
par réaction chimique. Lorsqu’il est utilisé, l’axone se recouvre progressivement de myéline,
une sorte d’isolant. Plus le neurone est utilisé, plus il se recouvre de myéline, et plus la
transmission des signaux électriques se fait facilement et rapidement.
Ce qui crée l’intelligence, ce sont les connexions entre les neurones, et la constitution de
réseaux de neurones : lorsque nous apprenons quelque chose, il se crée des connexions entre
les neurones qui ont stocké les informations séparées, cela permet le stockage de nouvelles
informations. Ces connexions qui se mettent en place forment progressivement des réseaux de
neurones ; au fur et à mesure des apprentissages, les réseaux de neurones se densifient, cela
permet à l’information de circuler de plus en plus vite et de plus en plus facilement, cela
devient des sortes d’autoroutes de l’information où la circulation devient de plus en plus
fluide.
Plus on pratique, plus cela fonctionne vite. Plus on pratique de manière différente, mieux cela
fonctionne.
Les impulsions électriques qui circulent dans le cerveau ont différentes fréquences, ou
longueurs d’onde, selon son activité. Les ondes Bêta sont les plus rapides, celles qui sont
dominantes lorsque nous sommes bien réveillés, lors de tout processus de réflexion, ou d’une
manière générale, lorsque nous exécutons plusieurs choses simultanément. Mais elles sont
sensibles au stress, à l’anxiété, à la peur.
Les ondes Alpha, à moitié moins rapides, deviennent dominantes lorsque nous sommes
calmes, détendus, mais cependant conscients du monde extérieur : c’est dans cet état de
vigilance détendue que nous sommes le plus réceptif à l’information, où notre mémoire à long
terme est le plus accessible.
Il existe encore des ondes plus lentes, caractéristiques au sommeil.
Lorsque notre enfant nous dit « il n’y a rien qui entre, je ne retiens rien… », son cerveau
fonctionne en onde Bêta, et l’apprentissage y est très difficile parce qu’il y a trop
d’informations qui se bousculent. Le moyen paradoxal de sortir de ce blocage est de se
détendre jusqu’à ce que les fréquences du cerveau diminuent et atteignent le mode Alpha, par
relaxation, ou par des exercices physiques simples.
Il est encore important de savoir que notre cerveau est constitué de deux hémisphères séparés,
ayant chacun une fonction distincte, et qu’ils sont reliés par un réseau extrêmement dense et
complexe de fibres appelé le corps calleux.
L’hémisphère cérébral gauche est principalement impliqué dans le langage et tout ce qui en
dérive (lecture, écriture, …), les processus mathématiques, la pensée logique et séquentielle,
l’analyse …
L’hémisphère droit est surtout concerné par la musique, les images visuelles, les formes en
trois dimensions, la reconnaissance des couleurs, …ainsi que la perception des structures
complexes, les relations des choses entre elles, la vue synthétique d’un processus, …
Les manières de fonctionner de chaque hémisphère sont également différentes : le gauche
fonctionne d’une manière plutôt linéaire, analytique, séquentielle, tandis que le droit utilise un
système global. L’hémisphère gauche voit les arbres, le droit voit la forêt !
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En situation d’apprentissage, il est souhaitable que les deux hémisphères fonctionnent en
bonne harmonie : leurs deux approches sont en effet complémentaires, l’une cherche
l’analyse, l’autre la synthèse. L’efficacité de l’apprentissage réside dès lors dans la liaison
entre les deux hémisphères : « J’ai trouvé la solution, il me reste à découvrir comment j’y suis
parvenu »
Et où se loge la mémoire dans tout çà ?
Curieusement, l’hémisphère gauche a très peu de capacité de mémorisation : il n’arrive à
mémoriser que par rabâchage, quand on range progressivement et en ordre les infos dans
certaines cases du cerveau. Le champion de la mémorisation, c’est l’hémisphère droit, qui
code l’information à sa manière non-verbale et la relie à des émotions et des images, des
formes, des couleurs…
Ainsi, pour favoriser l’apprentissage, il faut
- créer un environnement riche et varié, qui permette au cerveau d’utiliser les
capacités des 2 hémisphères,
- proposer une approche globale de l’information autant qu’une approche
analytique,
- favoriser les paramètres imagés et émotionnels pour mieux mémoriser.
En application à tous ces paramètres, il a été décrit une manière créative de mettre en forme
des idées et des infos, et de les relier entre elles : c’est le topogramme, ou le Mindmap, de
Tony Buzan. C’est un système simple et astucieux permettant de mettre un grand nombre
d’idées sur une seule feuille de papier. C’est un excellent outil pour apprendre, pour
mémoriser, pour organiser et développer ses idées.
Voilà comment on peut procéder :
• mettre l’idée générale au centre d’une grande feuille,
• pour chaque idée, créer une branche de couleur différente, puis des sous-branches,
• sur chaque branche, exprimer l’idée en un seul mot, écrit en lettres majuscules
• puis traduire l’idée de chaque branche par un dessin ou un symbole.
•
•
•
•
Ajouter ensuite des détails aux branches
Ajouter de nouvelles branches ou sous-branches
Mettre en évidence le rapport entre les idées par des flèches
Ajouter de la couleur.
Rien qu’élaborer le topogramme aide à retenir les idées essentielles. On peut ensuite le
comparer avec d’autres, l’afficher quelque part afin de le voir souvent, même
inconsciemment, le compléter…
Le topogramme peut être considéré comme alliant harmonieusement les fonctionnements
différents des 2 hémisphères cérébraux :
- il favorise le fonctionnement de l’hémisphère gauche par la recherche de mots
clefs pour exprimer l’idée de chaque branche (il s’agit de la conceptualisation)
- il favorise aussi l’hémisphère droit en utilisant des symboles, des dessins, des
couleurs, et en donnant une structure complète à l’idée de départ (c’est la
globalisation).
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3. Les intelligences multiples :
Il est totalement faux de croire qu’on possède à la naissance un quota d’intelligence
mesurable et définitif. Bien au contraire, l’intelligence naît essentiellement des connexions
entre les neurones, et non des neurones eux-mêmes, et ces connexions et leurs réseaux
peuvent s’établir tout au long de la vie.
Ce qui est vrai par contre, c’est que l’on n’apprend pas de la même manière enfant, adolescent
ou adulte : enfant, nous apprenons globalement ; adolescent, à travers un modèle que l’on
nous impose, essentiellement analytique et logique ; adulte, nous utilisons plus largement nos
expériences.
Le développement de l’intelligence est un processus complexe et global, qui implique tout le
corps, y compris les émotions. Notre intelligence se manifeste de manière différente pour
chacun de nous ; en fait elle est composée de différentes formes qui nous sont propres, qui
peuvent être complémentaires et que nous développons de manière préférentielle selon notre
personnalité.
On considère huit formes principales d’intelligence : l’intelligence verbale ou linguistique,
l’intelligence musicale ou rythmique, l’intelligence interpersonnelle, l’intelligence corporelle
ou kinesthésique, l’intelligence visuelle ou spatiale, l’intelligence logique ou mathématique,
l’intelligence intrapersonnelle, et l’intelligence du naturaliste.
Forts de cette théorie, on en déduit que le professeur, pour transmettre une connaissance,
devrait mettre en œuvre, par différentes activités, un faisceau d’intelligence, afin que chaque
élève puisse trouver le mode de compréhension et d’assimilation qui lui convient le mieux. Il
est aussi très utile de faire des activités intégrant plusieurs formes d’intelligence afin de
renforcer les intelligences faibles en les combinant avec des intelligences fortes.
Par exemple la course d’orientation, la musique instrumentale, certains jeux vidéo ( ! ).
On a constaté qu’en privilégiant en dehors du cadre scolaire des activités faisant appel à un
riche faisceau d’intelligences, on peut aider un élève en difficultés à les surmonter : en effet, il
va découvrir qu’il a une ou plusieurs intelligences préférentielles, pas forcément celles qui
sont essentiellement sollicitées à l’école (l’intelligence verbale ou mathématique), et qu’il
peut transformer le cours du prof pour qu’il soit mieux adapté à son intelligence
préférentielle.
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4. Les « mécanismes » de l’apprentissage :
Les qualités que l’élève doit mettre en action sont les sacro-saintes Attention, Réflexion et
Mémorisation. Mais de même que quand on met un clavier entre les mains d’un néophyte, il
faut lui en expliquer le fonctionnement, encore faut-il savoir comment utiliser ces qualités, de
quelle matière il faut les alimenter. Il ne suffit pas de dire à l’enfant « Fais attention,
concentre-toi, fais un effort pour apprendre », il faut lui expliquer comment : les gestes
mentaux d’apprentissage ne sont en cela pas bien différents des gestes physiques à apprendre
pour jouer du tennis ou pour taper efficacement sur un clavier.
La première chose à considérer, c’est que c’est l’image mentale qui nourrit l’attention, la
réflexion et la mémoire, qu’elle soit visuelle ou auditive.
Parlons d’abord du geste d’attention.
Voir et regarder, entendre et écouter, sont des couples indissociables, indispensables pour
démarrer le geste d’attention : on regarde parce qu’on différencie dans le champ du vu un
objet, un texte, une image qu’on privilégie, qui constitue l’objet regardé. De même, on
écoute parce qu’on différencie dans le champ de l’entendu des sons qu’on privilégie et qui
constituent l’objet écouté. Un incessant va et vient dans le mouvement de l’esprit entre le vu
non regardé et le vu regardé, entre l’entendu non écouté et l’entendu écouté, relance
l’attention et lui permet de se maintenir.
A partir de là, on considère que le geste mental d’attention est défini par le projet
de faire exister mentalement sous forme d’images ce que l’on regarde ou
écoute.
Le mode d’emploi est ainsi : « je regarde les éléments de ma leçon en ayant le souci de les
revoir dans ma tête ; puis je compare ma première image mentale avec celle de ma fiche, puis
je recommence jusqu’à ce que les images que j’ai dans ma tête collent précisément avec celles
de ma fiche. » « J’écoute les explications du maître avec le souci de me redire mentalement ce
que j’ai entendu et je fais exister sous forme d’images mentales auditives les points sur
lesquels le maître insiste ».
Le projet d’attention est donc le passage à l’existence mentale en la présence de l’objet perçu.
Nous verrons par la suite que le passage à l’existence mentale en l’absence de l’objet perçu
constitue le projet de mémorisation.
Et même si la matière enseignée n’intéresse pas à priori un enfant, le fait de lui apprendre le
geste mental de l’attention lui demandera un effort de volonté. Cet effort, quand il portera ses
fruits, pourra éveiller l’intérêt sur l’objet en question.
Immédiatement après le geste d’attention vient la compréhension. Le geste mental
d’évocation qui fait exister en représentation mentale un objet perçu, est spontané et suffisant
dans des situations où la matière enseignée est simple et repose sur des bases solides. Pour
peu qu’on aborde des choses plus complexes, il faut se livrer à un effort supplémentaire, celui
de la compréhension : on est obligé de se répéter plusieurs fois les images mentales, soit
visuelles, soit auditives, de comparer plusieurs fois avec les images d’origine.
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Ainsi, le geste mental d’attention est double : il y a d’abord le fait de regarder,
écouter, avec le projet de revoir, redire, dans sa tête ce qui est présenté par des
images visuelles ou auditives. Ensuite l’élève, en possession de sa propre
représentation visuelle ou auditive composée d’images similaires à l’objet exposé,
essaie de reproduire dans sa tête les rapports entre les choses, les classe, les
compare, les transforme…, cherche le sens de la chose apprise.
On a vu tout à l’heure qu’en chacun de nous cohabitent plusieurs formes d’intelligence, avec
l’une ou l’autre prédominante. Il en va de même pour les perceptions mentales : certains
enfants sont plus perméables aux perceptions visuelles, tandis que d’autres préfèrent les
perceptions auditives, ou même kinesthésiques. Pour aider le geste mental d’attention, il suffit
de présenter la matière de différentes manières, ainsi chaque enfant bénéficiera de la
nourriture intellectuelle la plus adéquate.
Abordons maintenant le geste mental de réflexion :
Il faut comprendre par là qu’on demande à l’élève de ré-fléchir, c’est à dire d’utiliser,
d’appliquer, à partir de l’objet perçu, une loi ou une règle préalablement apprise, sur cet objet
lui-même.
RE- implique un retour sur une loi ou une règle non donnée, mais préalablement connue, et
-FLEXION applique cette loi ou règle à l’objet donné. Dans une situation d’apprentissage
manuel, par exemple pour réparer une crevaison à son vélo, ce geste de ré-flexion se décrit
ainsi : un enfant qui a une plus grande qualité d’évocation visuelle utilisera un mode de
réflexion inductive : le geste ou l’image nourrit sa forme évocative visuelle, et il applique la
règle à travers l’exemple. A l’inverse, un enfant qui a une meilleure capacité d’évocation
auditive utilisera un mode de réflexion déductive : l’explication verbale nourrit sa forme
d’évocation auditive, et il expérimente la règle sur l’objet.
Dans le domaine de la connaissance intellectuelle, il se produit à peu près la même chose, la
réflexion s’articule en deux temps.
1. Retour de la conscience à un modèle composé d’images mentales visuelles ou
auditives. Ce modèle s’est constitué à partir de perceptions visuelles ou auditives que
l’attention a gérées en procédant à leur évocation dans le monde mental.
2. Application par la conscience de ce modèle aux données perceptives actuelles, au
problème à résoudre.
Il en découle une procédure fondamentale de réflexion :
a. perceptions des données (dans un champ perceptif)
b. évocation de celles-ci sous forme d’images mentales : ne surtout pas omettre
cette étape si on veut mettre en relation, établir un rapport entre ces données et
les acquis préalables !
c. retour aux lois, règles, apprises, enregistrées
d. application de celles qui conviennent aux données.
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Voilà qu’arrive le moment d’appliquer le geste mental de mémoire :
Le geste mental par lequel il faut mémoriser consiste en un projet de tenir à la disposition de
son avenir ce qu’on est en train de vouloir acquérir. Il en résulte, et c’est assez paradoxal, que
le lieu de conservation de l’apprentissage n’est ni dans le cerveau ni dans la mémoire, mais
dans l’imaginaire de l’avenir. La mémoire, prise sous cet angle, concernerait la conservation
du passé, mais la mémorisation, ou l’évocation des connaissances, est issue d’un lieu de
concrétisation, d’une imagination créative, qui est l’imaginaire de l’avenir. La
mémorisation s’effectue grâce à un geste mental qui trouve sa bonne
structure dans un projet de conserver un « objet de pensée » pour et dans
un avenir imaginé.
Par exemple, celui qui retient facilement des bonnes histoires, est celui qui, en les lisant ou les
découvrant, se met déjà en situation de projet de les raconter à d’autres : le plaisir qu’il
éprouve en écoutant ou en lisant se nourrit de celui qu’il éprouvera en les racontant à d’autres.
Il les stocke donc dans l’imaginaire de son avenir. Dès lors, retrouver les conditions dans
lesquelles on a eu le projet de stocker un souvenir revient à se remémorer le souvenir luimême.
Mais attention, il ne suffit pas d’avoir le projet de retenir, il faut surtout avoir le projet
d’évoquer le souvenir dans son avenir, sous peine de ne retenir que le fait qu’il ne fallait pas
oublier…
Lors d’apprentissage scolaire, il ne suffit pas non plus de lire sa matière avec le projet de
pouvoir la restituer dans un avenir esquissé mentalement, il faut procéder par réitération
visuelle ou auditive pour permettre de fixer dans l’avenir ce qu’on veut y conserver.
La méthode efficace d’utilisation des outils d’apprentissage se résume ainsi :
1. Je regarde ou j’écoute avec le projet de créer dans ma tête des images mentales
visuelles ou auditives de ce qui est à apprendre.
2. Je cherche les rapports entre les choses, le sens de ce qui est présenté.
3. J’évoque ce que je viens de regarder ou d’écouter avec le projet de revoir ou redire les
images mentales que je me suis créées ; je fais cette évocation en jouant la scène
d’avenir dans ma tête, où j’utiliserai ces connaissances que je suis en train d’évoquer.
4. Je recommence à jouer cette scène d’avenir jusqu’à ce que les connaissances soient
évoquées facilement, exactement et complètement.
Par exemple, il ne sert pas à grand chose de recopier 10 fois les mots de sa dictée si on n’a pas
le projet d’en créer une représentation mentale et qu’on n’a pas le projet d’évoquer cette
représentation mentale dans l’avenir, au moment du contrôle en classe : « ce n’est pas parce
que j’ai écrit quelque chose que je m’en souviens, c’est parce qu’en l’écrivant je l’ai
photographié en pensant que je m’en souviendrai en classe ».
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5. Les « outils » de l’apprentissage : les fonctions cognitives :
Comparons l’acquisition des connaissances à la construction d’une maison : il ne viendrait à
personne l’idée de construire une maison sans fondations solides. De même pour pouvoir
apprendre, être attentif, réfléchir, mémoriser, on a besoin de fondations : ce sont les fonctions
cognitives, les outils de l’apprentissage. C’est la reconnaissance de ce que l’enfant a mis en
œuvre pour trouver, pour réussir, afin d’en optimiser l’utilisation.
Un raisonnement simple comporte trois séquences :
- La première consiste à prendre les informations, à collecter les données,
comme la prise INPUT d’un appareil lui permettant d’entrer les données.
- La deuxième consiste à traiter l’information qui a été reçue, ce sera
l’ELABORATION.
- La troisième consiste à exprimer le résultat, à extérioriser la solution : c’est la
prise OUTPUT de notre appareil raisonnement.
Un raisonnement complexe nécessitera des allers-retours entre ces différentes phases, avec
toujours l’élaboration au cœur du raisonnement.
Il suffit qu’une des fonctions cognitives soit déficiente pour pénaliser l’enfant dans son
apprentissage. Mais chacune peut être améliorée par un travail ciblé. Développer une fonction
cognitive suppose de susciter d’abord le besoin, il s’agit de faire comprendre à l’enfant
pourquoi il n’a pas réussi, qu’est-ce qu’il a omis de faire, puis de faire naître cette capacité,
dans des contextes différents pour bien l’intégrer.
L’important, en situation d’apprentissage, ce n’est pas tant le résultat atteint, mais les
processus devant nécessairement être mis en œuvre pour réussir. Un élève va devenir un
apprenant autonome et indépendant quand il prend conscience de sa propre réflexion : il a
réfléchi à sa propre manière de réfléchir.
Quelles sont ces fonctions cognitives ? C’est ce qu’utilise l’enfant pour travailler
efficacement. Pour les découvrir, il doit se poser les questions suivantes : « Qu’est-ce qui est
difficile ? » « Pourquoi cet autre exercice est plus facile ? » « Comment ai-je fait pour
réussir ?» « Stop, je réfléchis ».
Ces fonctions cognitives ont été listées par l’auteur de la méthode PEI que j’utilise avec les
enfants présentant des difficultés d’apprentissage. En faire prendre conscience et amener
l’enfant à les enrichir est la base de cette méthode.
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6. Efficience de la mémoire :
Plusieurs composants peuvent donc rendre la mémoire efficace. Pour résumer, son
fonctionnement est optimal :
- lorsque l’information est fournie fréquemment dans un contexte riche et varié
(s’adressant aux deux hémisphères),
- lorsque l’information est présentée dans un contexte émotionnel fort,
- lorsque nous sommes très bien détendus, oxygéné, abreuvé, nourri…
- lorsque nous créons des images mentales de cette information.
Puisqu’il est très difficile de retenir quelque chose qui nous est totalement étranger, il nous
faut encourager la création de suffisamment de points d’ancrage, en diversifiant au
maximum les expériences de vie de nos enfants : toutes ces expériences permettent à l’enfant
de relier les connaissances de l’école à quelque chose de connu, ce qui lui rend son
assimilation plus facile.
On se souvient en général mieux du début et de la fin d’une information. Il en découle
l’intérêt de découper le temps d’apprentissage en segments suffisamment courts pour qu’il y
ait beaucoup de débuts et de fins, et de les jalonner d’éléments marquants ou uniques, plus
chargés émotionnellement. La période d’apprentissage efficace d’un enfant est d’environ 20
minutes. Organisons dès lors une pause de 5 minutes (pas plus pour ne pas en perdre le
bénéfice !) chaque 20 minutes, totalement déconnectée du sujet étudié. Les pauses présentent
en outre l’avantage de procurer des moments de détente, de permettre de relâcher les tensions
musculaires et mentales qui s’accumulent inévitablement pendant les périodes de
concentration. Quelques exercices physiques sont particulièrement appropriés aux pauses.
Rappeler les informations est une bonne manière de favoriser son intégration, surtout si ce
rappel est formulé chaque fois d’une manière différente (une question posée, réaliser un
topogramme, un jeu rapide…). Il existe un rythme de répétition de ce qui a été appris
particulièrement efficace : c’est le principe du 10/48/7, le rappel s’effectue 10 minutes après,
dans les 48 heures, puis la semaine suivante.
L’utilisation d’images mentales pour favoriser la mémorisation réclame quelques indications
complémentaires. Les images que se crée l’enfant doivent être colorées, exagérées, et inclure
du mouvement, un peu du type des images de dessins animés. Il existe un système de
localisation bien pratique pour mémoriser une liste de mots, par exemple la liste des mots en
OU prenant x au pluriel (hibou, caillou, chou, genou, bijou, joujou, pou) : on choisit comme
point d’ancrage un trajet qu’on connaît bien, puis on s’imagine en train de se déplacer sur ce
trajet, et en chaque endroit représentatif, on crée une image mentale (colorée, exagérée, en
mouvement) mettant en scène le mot à retenir. Par la suite, il suffira de se promener sur ce
trajet pour se remémorer les mots de la liste.
Il existe un autre moyen mnémotechnique très efficace et amusant, celui des mots-clés, qui
requiert au préalable la mémorisation d’une liste d’ancrage de 10 ou 20 mots, associés à leur
image mentale. Ces mots-clés, toujours les mêmes, peuvent être choisis à partir d’un repère
phonique fixe (chaque chiffre de 0 à 9 est associé à un son) ou sur base d’un système nombrerime.
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7. Métacognition et médiation :
Le recours à la métacognition consiste à amener l’enfant à réfléchir à la façon dont il apprend,
à ce qui se passe dans sa tête pendant qu’il résout un problème, aux liens qu’il établit avec
d’autres éléments de connaissance, et aux méthodes qui sont les plus efficaces pour lui, de
sorte qu’il puisse reproduire le tout dans d’autres situations.
La métacognition, c’est donc
- être conscient de ce que l’on sait
- comprendre comment nous avons appris ce que nous savons
- pouvoir reproduire ces processus dans un autre contexte.
« Comment as-tu fait pour apprendre, comprendre, réussir cet exercice »
« Explique-moi de quelle façon tu t’y es pris pour parvenir à ça ».
L’enfant doit construire son propre apprentissage, il n’est pas comme un vase à remplir, et il
est important qu’il se rende compte que le fait de comprendre sa façon d’apprendre l’aidera à
l’école, mais aussi dans sa vie.
L’enfant est donc amené à réfléchir sur les opérations mentales qu’il a effectuées au cours de
son activité d’apprentissage. Par exemple. Le fait de rechercher des similarités et les
différences permet de tirer des déductions…
Ainsi, « apprendre » revient à apprendre à maîtriser les outils intellectuels. C’est à nous, les
adultes, de permettre aux élèves de découvrir ses propres outils : à nous d’élaborer des
séquences d’apprentissage qui suscitent la réflexion de nos enfants, de nous donner en modèle
de réflexion, penser à haute voix, les aider à se rendre conscients de ces activités mentales, les
aider à les nommer et les mettre en pratique, de manière à ce qu’ils soient plus autonomes.
Si on veut qu’un enfant tire tout le bénéfice d’un apprentissage, l’adulte doit y jouer le rôle de
médiateur, c’est-à-dire celui qui organise l’environnement de manière à ce que l’enfant
puisse découvrir toute la richesse des informations, qui permet à l’enfant d’expérimenter tous
les stimulus intéressants, et ensuite qui aide l’enfant à prendre conscience de ce qu’il a appris
afin de généraliser ses connaissances dans d’autres domaines.
Afin d’atteindre ces objectifs, il y a trois critères indispensables : il faut d’abord que l’adulte
sache où il veut en venir, pourquoi il veut apprendre telle expérience à l’enfant, afin d’en
dégager toute l’importance. Ensuite, il faut que pour l’enfant, cet apprentissage ait un sens,
pas forcément instantané, mais dans une démarche ouverte permettant de relier les nouvelles
connaissances aux anciennes : toutes les informations reçues à l’école, et ailleurs, sont
étroitement imbriquées l’une dans l’autre pour fabriquer ce que nous sommes et serons.
Enfin, l’adulte-médiateur d’apprentissage doit garder présent à l’esprit qu’il doit amener
l’enfant à dépasser ses connaissances, à aller au-delà de ses besoins directs pour faire un pont
avec d’autres activités. Il faut aider l’enfant à généraliser le principe qu’il a appris en le
dégageant du contexte de l’expérience, et voir son application dans d’autres domaines.
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8. Méthodologie de l’apprentissage autonome :
Apprendre comprend trois grandes subdivisions :
- la manière dont nous recevons l’information,
- la manière dont nous traitons l’information,
- la manière dont nous utilisons l’information.
Et l’ensemble forme notre mode préférentiel d’apprentissage.
La première, la réception de l’information, dépend autant de l’environnement d’apprentissage
que de nos modalités personnelles d’acquisition, mentales et sensorielles (auditive, visuelle ou
kinesthésique, hémisphère gauche ou droit dominant).
La deuxième, le traitement de l’information, en est son intégration, et comprend trois parties :
une phase d’assimilation (c’est le processus de compréhension), une phase d’activation ou
d’expérimentation (avec l’utilisation des intelligences multiples), et un contrôle de qualité (le
feed-back immédiat).
La troisième, l’utilisation de l’information, est son élargissement dans divers domaines.
Voici un plan, une méthode (tiré du manuel de Christine Mayer : « enseigner efficacement par
la Médiation ») :
1) Je rassemble tout ce dont j’ai besoin :
-
j’utilise mes sens (écouter, voir, sentir, goûter, toucher) pour prendre les
informations (focalisation)
j’utilise un plan ou un système pour ne pas oublier ou sauter quelque chose
d’important (méthode)
je cherche le mot juste pour décrire (dénomination)
je dis où et quand (spatialisation, temporalisation)
je sais ce qui reste constant même si quelque chose semble changer
(conservation)
je suis exact et précis pour prendre les informations (rigueur)
je suis capable d’utiliser plusieurs choses à la fois (gestion)
2) J’utilise les informations :
-
je sais ce qu’on me demande de faire (problématisation)
j’utilise seulement ce dont j’ai besoin (projection)
je répertorie ce qui est pareil et ce qui est différent (comparaison)
j’ai tout ce dont j’ai besoin dans ma tête pour travailler avec (rétention)
je sais comment les choses sont reliées (jonction)
je prouve ce que je dis ou fais (autocritique)
j’ai une image dans la tête de ce que je dois faire (intériorisation)
je cherche les conséquences (inférenciation : si…alors)
j’examine toutes les possibilités (envisagement)
je choisis le contexte, les moyens pour résoudre mon problème (délimitation)
je connais les étapes pour atteindre mon but (planification)
j’utilise des concepts pour catégoriser (conceptualisation)
je compte, je résume (récapitulation)
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3) Je montre ce que je sais :
-
je parle et j’écris clairement pour que l’autre puisse me comprendre
(décentration)
j’applique ce que j’ai dans ma tête (projection)
je ne panique pas, je ne me bloque pas si je ne trouve pas la réponse, je trouve
une autre stratégie (activité)
je ne devine pas en faisant des essais et en risquant des erreurs (tactique)
je trouve comment dire les réponses (formulation)
je suis précis et exact en communiquant mes réponses (rigueur)
je recopie correctement (déplacement)
je réfléchis avant d’agir (circonspection)
4) Je fais de mon mieux :
-
je vérifie pour être sûr que j’ai bien fait (vérification)
je réfléchis à ma manière de réfléchir, comment j’ai fait pour y arriver,
j’écoute les autres qui parlent de leurs propres idées.
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9. Exercices de relaxation et Brain Gym :
Toute situation d’apprentissage créant en général des tensions, la relaxation pourra être
utilisée avec profit pour éviter que ces tensions freinent ou bloquent l’apprentissage.
Ici, il faut comprendre la relaxation comme une démarche active et volontaire, qui fait
intervenir à la fois le physique et le mental, et qui a pour but de diminuer les tensions,
également physiques et mentales.
Il existe bien sûr quantité d’exercices, selon ce qu’on recherche, du temps dont on dispose…
En voici quelques exemples :
1. le balancement de l’éléphant : cet exercice se fait debout, tête droite, bras tombants,
pieds à plat et parallèles. On fait porter lentement le poids du corps alternativement
dune jambe sur l’autre en tournant le buste d’un quart de tour du côté où se porte le
poids du corps. Le pied qui ne porte plus se soulève sur la pointe, le cou et la tête
suivent avec souplesse, les épaules laissent les bras osciller, le regard suite le
mouvement et va loin derrière le dos.
2. la respiration complète : on inspire (par le nez) en commençant par gonfler le ventre
(respiration abdominale, au niveau du nombril), puis on continue en écartant les côtes
(respiration thoracique), et on termine par le haut de la poitrine (respiration
claviculaire). Puis on expire doucement dans l’ordre inverse.
3. la petite salutation : cet exercice se fait assis. On laisse pendre les bras de chaque côté
du corps, en dégageant le cou des épaules et en décambrant les reins. En inspirant, on
lève doucement les bras devant soi, jusqu’à la verticale. En expirant, on descend les
bras verticalement pour que les mains se rejoignent derrière la nuque, les coudes sont
alors écartés de chaque côté de la tête. On pousse vers l’avant, comme si on voulait
faire basculer la tête, mais on résiste pour rester droit. Sans changer de position, on
inspire, puis on expire en descendant le buste très lentement vers l’avant, en gardant le
dos parfaitement plat (regarder un point devant soi !). On remonte alors doucement en
inspirant, et on ramène lentement les bras le long du corps en expirant.
4. la visualisation : création consciente et volontaire d’images mentales positives (riches
en détails, et multisensorielles) afin d’utiliser le lien entre les images qu’on crée et la
réalité, pour provoquer un état de réceptivité propice à l’apprentissage (voyage
intérieur, bio-feed-back, souvenir agréable, projection d’une scène future)
5. la technique de la clémentine de Paul Scheele : Imaginez une clémentine flottant
derrière votre tête et légèrement au-dessus, au point idéal d’attention. Imaginez que
toute votre attention est rassemblée en ce point. Cette technique de concentration
permet en particulier d’agrandir son champ de vision.
6. la musique : certaines musiques, essentiellement celles qui sont à la fois harmonieuses
et de construction complexe, comme les musiques classiques et romantiques, et en
évitant toute musique avec paroles, permettent de stimuler la connexion entre les deux
hémisphères cérébraux, condition indispensable pour un bon apprentissage. Par
ailleurs, toute personne qui écoute de la musique accorde automatiquement et
inconsciemment ses sentiments et son état d’esprit avec ce que lui transmet la
musique : ainsi une musique porteuse de vitalité, optimisme, équilibre, énergie,
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imagination peut aider à créer un environnement émotionnel positif et chaleureux,
propice à la réflexion. Les pièces de Mozart, Haydn, Beethoven sont essentiellement
porteuses de vitalité, tandis que la musique baroque de Lully, Purcell, Vivaldi, Bach
ou Haendel, d’un tempo proche de la fréquence cardiaque au repos, incite à la révision
en ouvrant tout grand les portes de la mémoire à long terme. Il ne s’agit pas d’écouter
la musique pour l’apprécier, mais de l’entendre pour mieux apprendre.
A côté de ces exercices de relaxation, le mouvement corporel est également une porte grande
ouverte pour l’apprentissage. Rappelez-vous votre enfant, tout petit qui rampait sur le tapis :
ramper, c’est une suite de mouvements très complexes qui utilisent de nombreuses parties du
corps de manière croisée (le bras droit et la jambe gauche avancent tandis que le bras gauche
se replie et que la jambe droite s’étend, la tête pivote, libérant alternativement une oreille puis
l’autre…) : au niveau du cerveau, cela se traduit par le développement du corps calleux, ce
réseau de fibres qui relie les deux hémisphères cérébraux et qui permet une bonne intégration.
Rappelez-vous aussi qu’une de nos formes d’intelligence est l’intelligence corporelle ou
kinesthésique, celle qui contrôle les mouvements de son corps ; le mouvement corporel peut
également aider à créer des images mentales favorisant l’intégration des notions étudiées.
Paul Denison, un américain, dans les années 70, a mis en évidence le lien étroit qui existe
entre le corps en mouvement et le fonctionnement du cerveau : en faisant certains
mouvements simples, on permet au cerveau de mieux fonctionner, de s’impliquer tout entier,
et donc de mieux apprendre. Il a dès lors créé les mouvements de la Brain Gym. Ces
mouvements ont trois objectifs :
- favoriser la connexion entre les deux hémisphères cérébraux : par des
mouvements croisés des différentes parties du corps, on aide la mise en place
de cette connexion cérébrale
- diminuer les tensions et le stress
- favoriser la concentration.
Voici quelques exercices faciles, à exécuter lentement, en coordonnant mouvement et
respiration :
1.
le cross-crawl (debout ou assis, yeux ouverts ou fermés) : on lève le genou
gauche et on le touche avec la main droite, puis on lève le genou droit et on la
touche avec la main gauche. En même temps, le bras libre peut se lever.
Variante : avec une main, on touche par derrière le pied opposé qui se lève,
puis on inverse.
2.
le jonglage avec deux balles
3.
le Hook-up (debout ou assis) : on croise les chevilles ; on tend les bras
horizontalement, en croisant les poignets de telle manière que les paumes
soient face à face, pouces vers le bas. On entrecroise les doigts, et on ramène
l’ensemble contre sa poitrine en faisant un mouvement de bascule vers le bas.
On laisse reposer les mains ainsi entrelacées contre la poitrine, les épaules
basses, en pressant également la langue contre le palais.
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4.
l’allongement du mollet, du bras : On s’appuie des deux mains contre un mur
ou sur le dos d’une chaise. On étend lentement une jambe en arrière et on se
penche en avant, en pliant le genou avant. Le buste reste droit. Au départ, le
talon arrière est décollé du sol : on l’abaisse alors doucement vers le sol en
poussant le genou de l’autre jambe vers l’avant, en expirant. Puis on inverse.
5.
le Huit paresseux : on met le pouce d’une main devant soi, à hauteur du
visage, le bras à moitié tendu, et on lui fait décrire lentement un huit couché.
On suit des yeux le déplacement du pouce, sans bouger la tête.
Progressivement, on agrandit le huit pour aller aux limites de son champ visuel.
On change de mains, puis on essaie les deux mains ensemble, pouces joints,
puis séparés.
6.
le crayonnage en miroir : au tableau ou sur une feuille de papier assez grande,
on dessine des deux mains à la fois des formes « en miroir », en gardant tous
les muscles détendus. Le dessin de formes réelles doit être un objectif possible
plutôt qu’une exigence
7.
la bicyclette : couché sur le dos, on lève la tête et les genoux, les mains sont
croisées derrière la tête comme soutien. On touche avec le coude le genou
opposé, puis on alterne le mouvement, comme si on faisait du vélo : on dessine
ainsi un X entre les hanches et les épaules.
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10. Présentation du PEI 1 :
Le Professeur Feuerstein a élaboré, dans les années 50, un programme appelé « Programme
d’Enrichissement Instrumental ». C’est un programme éducatif et pédagogique qui permet
l’évolution et le développement des fonctions cognitives. Il privilégie une appropriation
dynamique des connaissances et des habitudes cognitives afin d’encourager une adaptation
permanente à des situations nouvelles.
« Enrichissement », parce qu’en inculquant des stratégies d’apprentissage et de pensées, ce
programme enrichit l’esprit. « Instrumental », parce qu’il s’agit d’une série d’instruments (14
cahiers d’exercices en tout) destinés à susciter et à aiguiser des pré-requis cognitifs qui
peuvent être déficitaires, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte.
Chaque cahier est conçu de façon à remédier à un dysfonctionnement cognitif spécifique. Par
exemple : une vision fragmentée de la réalité (l’enfant n’arrive pas à établir des corrélations
entre les choses), une incapacité à faire des comparaisons, une impulsivité qui empêche
l’enfant de réfléchir, un manque d’organisation, une orientation spatiale déficiente, une
mauvaise appréciation du temps…
Les exercices proposés des cahiers du PEI ne sont pas une base de connaissances en soi, ils
ont pour objectif la mobilisation des fonctions cognitives pré-requises à l’activité de la
pensée, l’apprentissage et la construction des compétences métacognitives : ils doivent être
compris comme un soutien à une activité d’appropriation des connaissances. Le PEI est donc
intégré à d’autres contenus de formation.
L’originalité du programme est de faire dépendre la stimulation du fonctionnement cognitif de
l’intervention d’un médiateur. L’interaction entre l’enfant et le médiateur est primordiale :
c’est elle qui induit le changement. Le médiateur donne à l’enfant les moyens de tirer profit de
ses expériences et de ses savoirs antérieurs, de travailler systématiquement sur la mise en
marche de la « machine à penser » afin de l’équiper avec les outils intellectuels nécessaires à
la modifiabilité, de développer la confiance en soi, de l’amener à prendre conscience de son
propre fonctionnement dans la résolution de problèmes et d’en optimiser les effets, et de lui
permettre d’accéder à des conduites intellectuelles autonomes, transférables à tous les
domaines de la vie quotidienne.
Le médiateur identifie et formule les difficultés de l’enfant, le guide et l’encourage pour
l’aider à surmonter et compenser ses dysfonctionnements. Le médiateur n’est pas un
enseignant : il est moins soucieux du contenu que de la démarche grâce à laquelle il va rendre
l’enfant perméable aux expériences, et l’engager dans un processus où il sera capable
d’apprendre et de comprendre.
La méthode Upbraining+ de Christine Mayer s’inspire fortement de celle du Dr Feuerstein, et
va encore plus loin dans la démarche de médiation.
Ce n’est pas le développement psychologique de l’enfant qui conditionne ses performances
dans le domaine cognitif. Il se base plutôt sur la considération que le bien-être de l’enfant
dépend de ses capacités à réaliser son potentiel cognitif : le facteur cognitif, ou l’appréhension
que l’enfant témoigne face aux connaissances qui lui sont proposées, est en quelque sorte la
force qui sous-tend la matière. Le médiateur crée des conditions qui permettent à l’enfant de
générer de nouveaux sentiments. Il permet à l’apprenant de donner un sens personnel à son
apprentissage. Dès lors, s’il peut raisonner et utiliser ses capacités cognitives de façon
optimale, l’enfant arrivera beaucoup mieux à comprendre, contrôler, affiner ses sentiments.
« On n’apprend bien lorsque l’on ne sait pas que l’on apprend »
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