Fiche Chanvre à Fibre et Lin - Chambre d`Agriculture du Gard
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Fiche Chanvre à Fibre et Lin - Chambre d`Agriculture du Gard
Fiche Technique Production Peu Développée en Languedoc-Roussillon Autre Production Septembre 2008 Chanvre à fibre et Lin Rédigée par : Christophe BONNEMORT Chambre d’Agriculture de l’Aude Définition Le chanvre (Cannabis sativa vulgaris) et le lin (Linum usitatissimum) sont des plantes annuelles, textiles par leurs fibres, et à graines oléagineuses (appelées chenevis dans le cas du chanvre). On distingue pour le lin des variétés oléagineuses et des variétés à fibre. Potentiel des marchés Production Principaux pays producteurs Les débouchés du chanvre sont essentiellement sur le textile, même si de plus en plus on utilise le chanvre comme éco-matériau pour ses capacités isolantes. Le lin peut être utilisé comme fibre ou comme oléagineux, avec des variétés spécifiques selon l’usage. L’Union Européenne importe 75% de ses graines de lin oléagineux. Les débouchés sont d’abord industriels : peintures, savons, détergents et lubrifiants spéciaux, linoléum, encres, produits de traitement du bois ou de carrelage, additifs de plastique, matériaux composites, papiers, litières. Le lin est également utilisé pour l’alimentation humaine (boulangerie) et de plus en plus en alimentation animale. Production en France Le chanvre est peu cultivé en France. Dans les années 90, des essais de production à échelle industrielle ont été tentés dans le Sud de la France (Sud Céréales), sans grand succès (problèmes à la récolte). Le lin est plus répandu, notamment dans le Nord de la France (13 000 ha de lin oléagineux en 2005). Indépendamment de ses usages, on distingue 2 types de lin : Le lin d’hiver, plus précoce de quelques semaines que le lin de printemps, qui échappe en général à la sècheresse estivale. Il peut être cultivé partout en France sauf dans le Nord Est, Le lin de printemps, exigeant en eau lors de la floraison, cultivé préférentiellement dans le Nord, la Bretagne et la Bourgogne. En Languedoc-Roussillon Pas de données statistiques Organisation commerciale En limite ouest de la région, la coopérative Coopéval développe depuis 2006 la culture de chanvre industriel en Haute Garonne. Son partenariat avec l’industriel espagnol Agrofibra a abouti à la création de l’usine de défibrage AGROFIBRE SAS de Cazères (31). L’outil industriel qui est entré en fonctionnement à l’automne 2007 peut absorber 30 000 tonnes de paille de Chanvre. Les co-produits du défibrage de la paille (fibre et chènevotte) sont destinés à la fabrication d’agromatériaux pour l’isolation, un marché en plein développement qui permet une valorisation de la fibre, supérieure de 50% par rapport à l’utilisation en papeterie. Pour relever ce défi industriel, Coopéval a mis en place au printemps 2007, 2 000 Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 1 Partie 2 : Fiche Chanvre à fibre et Lin ha de chanvre avec l’objectif d’atteindre 5 000 ha d’ici 3 à 4 ans. La coopérative recherche des producteurs dans un rayon de 100 km autour de l’usine (Haute Garonne et départements limitrophes). Si le chanvre est une culture à faible niveau d’intrants, il reste une culture industrielle technique et délicate. Prix Pour le chanvre, le débouché est totalement sécurisé par un contrat de production avec Coopéval. La coopérative a garanti en 2007 un prix départ exploitation, mais la comparaison avec les prix du tournesol qui se sont envolés a défavorisé les producteurs et compliqué la mise en place des semis 2008. Pour renforcer la valeur ajoutée de la culture du chanvre, Coopéval propose de valoriser la graine (le chènevis) qui se récolte début septembre. Très recherchée en huilerie ou en cosmétologie, le prix du chènevis oscille autour de 300 €/tonnes. Synthèse La production est organisée pour le lin en France autour du Comité Interprofessionnel de la Production Agricole de Lin, et pour le chanvre autour du Comité Economique de la production de Chanvre. En LanguedocRoussillon, il n’y a pas de filière organisée. La récolte du chanvre est difficile et ces deux productions entrent en compétition avec le tournesol tout en ayant une moins bonne adaptation aux conditions séchantes. Cependant il existe de nombreux débouchés : humain et animal (lin), textile, éco-construction (chanvre) et un développement de la demande en agromatériaux. Impact environnemental Impact des intrants Lin et chanvre sont des plantes rustiques nécessitant peu de fertilisants (moins de 100 unités/ha d’azote) et pas de protection fongicide ni insecticide. Impact sur la ressource en eau Le Chanvre est une culture d’été tolérante au manque d’eau… mais reste une culture d’été, exposée à la sècheresse estivale qui est forte en zone méditerranéenne. Le lin d’hiver permet d’éviter cette sécheresse estivale. Le lin de printemps n’est pas adapté à la région. Impact sur les paysages La floraison blanche du lin apporte au printemps une jolie note de couleur au paysage. Impact sur la biodiversité Le lin et le chanvre sont d’excellentes têtes de rotation qui diversifient les assolements céréales/oléagineux. Synthèse Bon effet environnemental notamment pour la diversification des cultures. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 2 Partie 2 : Fiche Chanvre à fibre et Lin Contraintes techniques agronomiques et Type de sols Le lin d’hiver s’adapte à tous les types de sols. Eviter cependant les sols très sableux. Le chanvre est une plante d’été à fort développement végétatif, qui se développe bien dans les terres profondes (à pH neutre) et fraîches, telles que les plaines alluviales ou les coteaux profonds. Il craint particulièrement les sols tassés, détrempés, trop acides ou trop légers. Topographie Choisir des parcelles planes Adaptation au climat Bonne tolérance au froid du lin d’hiver, adapté à nos régions. Pas de contraintes pour le chanvre. Implantation de la production Chanvre : la préparation du sol est un facteur de réussite, avec un labour de préférence. Lin : le lin d’hiver s’adapte bien aux techniques sans labour sur un sol bien structuré en profondeur favorisant un bon enracinement. Commencer la préparation juste après la récolte du précédent, broyer la paille (si elle n’est pas récoltée…) et l’enfouir. Le lin aime les structures rappuyées et ne tolère pas les lits de semences creux et soufflés. Rouler après le semis en sols argilo-calcaires. Conduite de la production Chanvre : son cycle de culture est similaire à celui du tournesol. Semis à 45 kg/ha (variétés tardives type Futura ou Delta), protection éventuelle avec un anti-limace, pas de désherbage, 60 unités/ha de N,P,K). Lin d’hiver : semer 350 à 400 graines/m² fin octobre, avec un semoir à céréales classique et un inter-rang le plus faible possible (15 cm). Positionner la graine à 1-2 cm de profondeur dans un sol finement émietté mais encore un peu motteux en surface ; 60 unités/ha en moyenne de N, P, K pour 20-25 q/ha (en sol en réserve en eau limitée ou avec un climat séchant). Désherber mi janvier en 2 fois : anti-graminées puis anti-dicotylédones (éviter de mélanger). Au niveau maladie, 1 seul fongicide suffit au printemps (contre la septoriose) et faire attention aux altises (à l’automne) et aux thrips (au printemps). Irrigation Le chanvre est une des cultures d’été les plus tolérantes à la sècheresse, mais c’est également une plante qui répond bien à l’irrigation dans l’optique d’une sécurisation de la production de paille et/ou de chènevis (graine). Contrainte de main d’oeuvre La phase de récolte est une opération essentielle pour ces 2 cultures. Il faut la réaliser dans des conditions sèches, en utilisant des moissonneuses batteuses bien réglées. Pour le chanvre, on passe tout d'abord la moissonneuse en direct en ne récoltant que le bouquet terminal. Ensuite on fauche et on réalise le chantier classique de "fenaison" en bottes carrées (préférable pour le coût du transport et la facilité stockage...) ou boules rondes avec ficelles non synthétiques Après la moissonneuse, dans le cas d’une récolte fibre, il faut également prévoir une presse. Contrainte foncière C’est une contrainte importante car il faut un parcellaire adapté à la mécanisation, ce qui n’est souvent pas le cas des parcelles viticoles de coteaux. Un minimum de 1,50 ha est requis de forme rectangulaire, avec un accès pour des engins agricoles de minimum 3 m de large. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 3 Partie 2 : Fiche Chanvre à fibre et Lin Mécanisation Nécessité de mécanisation spécifique (andainage, barre de coup, presse) pour la récolte. Risque financier et intérêt économique pour l’exploitant Sensibilité au précédent vigne Pas de références. Attention cependant pour le lin aux carences en zinc. Il existe trois types de situations à risque : Sols très calcaires ou sols ayant reçu un amendement calcique récent (blocage du zinc) Sols très sableux Terres froides et humides En cas de carence avérée (blanchiment du bouquet terminal), apporter 4 kg/ha de sulfate de zinc. Résultats économiques et facteurs de risque Chanvre : En sec, dans les simulations réalisées par Coopéval sur la base des récoltes (600 ha – 150 producteurs) et des essais 2006, la marge brute dégagée par le chanvre s’étale de 540 €/ha (pour des productions faibles de 4,5 tonnes de paille et 8 q de graines) à 990 €/ha (pour une production standard de 9 tonnes de paille et 11 q de graines). En irrigué, la marge brute varie de 690 €/ha (pour une production faible de 5,5 tonnes de paille et 8 q de graines) à 1 200 €/Ha, pour une production standard de 10,5 tonnes de paille et 11 q/ha de graines. Dispositif réglementaire auquel la production est soumise En lin, un itinéraire à niveau de charges réduit à 150 €/ha, adapté à nos situations séchantes à potentiel limité (20 q/ha de graines), peut permettre de développer un circuit local. Mais cet itinéraire technique reste à tester et ce circuit à créer… Le lin et le chanvre activent les mêmes DPU et aides couplées que le tournesol. Etat des références en LanguedocRoussillon Des expériences de production de chanvre ont eu lieu dans les années 90 dans la Plaine de Fourques (en lien avec le groupe Sud Céréales), et depuis quelques années dans l’Ouest audois avec la coopérative Coopéval. Elles ont donné lieu à quelques préconisations techniques et quelques simulations économiques, qui demandent à être validées à travers des expérimentations. Pour le lin, des références régionales plus précises mais anciennes existent au CETIOM, qu’il conviendrait également de réactualiser. Besoins de trésorerie Pour le lin d’hiver, les besoins en trésorerie restent modestes et doivent être assurés à partir du mois de septembre et jusqu’à l’entrée des produits (récolte et aides). Pour le chanvre, la période de culture est courte, avec un faible investissement au semis (environ 150 €/ha) en avril et un retour de trésorerie en septembreoctobre. Risques financiers liés aux investissements Moyens (récolte), à élevés si mise en place d’une transformation locale (défibrage). Pour une utilisation en circuit court, il est nécessaire d’investir dans une station de défibrage (avec la possibilité de la faire soi-même cf. opération pilote dans les Deux Sèvres). Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 4 Partie 2 : Fiche Chanvre à fibre et Lin Personnes ressources Chambres d’Agriculture : Christophe BONNEMORT, Jean Luc VERGE - Chambre d’Agriculture de l’Aude - ZA de Sautès à Trebès – 11878 CARCASSONNE Cedex 9 Aymeric DESARNAUTS, Chambre d’Agriculture de l’Aude – Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne Charly FABRE - Chambre d’Agriculture de l’Hérault - Mas de Saporta - CS 10010 – 34 875 Lattes Cedex Jean Michel GENIES - Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne Organisations professionnelles et interprofessionnelles : CHANVRE GARONNE : Président : Daniel SALVIAC « En Trouseile » 31 570 BOURG SAINT BERNARD [email protected] Technicien COOPEVAL Serge RIGAUD, 260 avenue de Fronton 31200 TOULOUSE – [email protected] Instituts techniques : Gilles BEUGNIET - CETIOM (Lin Oléagineux) – Domaine de BAYSSAN - Route de Vendres - 34500 BEZIERS Institut Technique du Lin (ITL) - 2 chemin du Moulin, 27170 ECARDENVILLE LA CAMPAGNE Bibliographie Documents internes COOPEVAL et CHANVRE GARONNE – 2007 – « Misez sur le chanvre avec Coopéval » Lin graine d’hiver – Edition Cetiom juin 2002 Lin graine de printemps – Edition Cetiom Juin 2002 PRODUCTIONS VEGETALES – grandes cultures- 2ème édition- Editions Synthèse agricole, mars 1999. Liens Internet : CETIOM : www.cetiom.fr ITL : www.lin-itl.com Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 5 Partie 2 : Fiche Chanvre à fibre et Lin