Pas trop important pour le Président Mitterrand.

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Pas trop important pour le Président Mitterrand.
1994 Le Génocide Rwandais "Pas Trop Important" pour
François Mitterrand
mercredi14 avril 2004 | (4) Commentaires
« Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important », c’est dans ces termes choisis
rapportés par Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro du 12.01.98, que le président français
qualifiait un génocide perpétré par des Africains contre d’autres Africains, les Hutu
extrémistes du Rwanda contre les Tutsi, avec l’aide, le soutien et l’expertise française, avant,
pendant et après le génocide.
Les faits remontent au 06 avril 1994 lorsque l’avion -un Falcon 50, cadeau de François
Mitterrand- du président rwandais Habyarimana soutenu par la France, s’écrase à l’arrivée à
Kigali, abattu par un tir de roquettes d’origine non clairement établi à ce jour.
Les extrémistes hutu de l’ethnie au pouvoir depuis1962, qui règnent en vertu d’une
oppression systématique de la minorité Tutsi, mettent en œuvre d’avril à Juin 1994, un
véritable génocide de longues dates planifié, qui se solde par plus d’un million de Tutsi
massacrés à l’arme blanche presque jusqu’à extermination. Cette tuerie mobilise
principalement la garde présidentielle et les extrémistes irréductibles du régime du président
tué, caciques du Hutu Power qui encadrent des massacres collectifs à la chaîne, menés par une
population hutu conditionnée depuis plusieurs décennies à la haine anti-tutsi. La participation
à cette logique d’extermination associe les élites intellectuelles comme les autres catégories
de la population et tout particulièrement l’église catholique dont la responsabilité dans la
radicalisation des factions hutu et tutsi est historiquement écrasante.
Il s’agit dans un premier temps de s’arrêter sur toutes les victimes tombées, leur rendre un
hommage sincère et se souvenir du seuil franchi dans la faculté de l’Africain, de l’Humain à
menacer son espèce propre. Un tel degré d’horreur pose à l’Afrique crûment le problème de
son vivre-ensemble, de sa chose commune, fondamentalement la lourde épreuve de validation
du modèle d’état-nation sur lequel elle peut espérer bâtir son devenir à venir. Elle pose
l’épineuse question de l’ingérence africaine dans les affaires africaines, les modalités de
gestion des conflits inter et intra africains. Il n’est pas vain de rappeler que Hutu et Tutsi qui
partagent langue, culture et espace, ont vécu en harmonie des siècles durant, avant la
colonisation belge, qui en jouant les uns contre les autres, a réussit à fabriquer deux ethnies
vouées à une haine viscérale…
Le génocide rwandais est frappé du sceau particulier d’une contribution active des institutions
internationales, l’Onu notamment, des Etats européens et américains, la Belgique et les EtatsUnis, tous ayant eu des troupes sur les lieux des massacres alors que de notoriété publique le
génocide était en cours de préméditation, preuves à l’appui. Non seulement la lâcheté l’a
emporté lorsqu’il s’est agi pour des troupes des Nations dites Unies de quitter le Rwanda
devant une catastrophe qui se déroulait au vu et au su de tous, mais par la suite, ces pays se
sont murés dans un hypocrite silence et une pusillanimité sans pareil, paralysant le jeu de
l’Onu et de facto laissant les tueries se faire jusqu’au dernier sang.
Il est indispensable, à l’heure où, sur l’échiquier international, des guerres interminables
suscitent des interrogations vives relatives à l’efficacité, à la volonté réelle et à la capacité
collective de règlement des conflits planétaires, d’en apprendre sur ces acteurs de premier
plan dans le cadre de leur mission au Rwanda entre 1993 et 1994. Ces Etats, et les Nations
Unies comme organisation, sont tributaires in fine des contributions des citoyens du monde
devant lesquels ils doivent rendre compte, et les effets retour des politiques et stratégies
hégémoniques criminelles des grandes puissances, masquées derrière la fausse tutelle de la
solidarité internationale, devront être resitués dans leur historicité.
La responsabilité de la France, de l’avis de toutes les investigations crédibles, émanant de
sources diverses, politologues, journalistes, anciens coopérants français et européens, ONG,
est tout simplement accablante à la limite inimaginable. Et il est important que la France, qui
est à priori une démocratie, soit instruite dans ses couches les plus profondes, des crimes
imprescriptibles que des dominants et coalitions prédatrices au sommet de l’Etat, commettent
ou sous-traitent au nom d’une nation tenue scrupuleusement dans une ignorance construite.
Là encore nul ne saurait trop prédire quels effets boomerang pourraient à un moment ou à un
autre rétroagir sur des citoyens français probablement individuellement innocents…
Les termes utilisés par ceux qui ont enquêtés sur le génocide sont explicites. Pour Pascal
Krop : « Un génocide franco-africain » sous-titré « Faut-il juger les Mitterrand ? », pour
François-Xavier Vershave « Rwanda : complicité de Génocide ? », Mehdi Ba titre « Rwanda,
un génocide français », alors que Michel Sitbon parle d’« Un Génocide sur la conscience », il
ne s’agit rien moins que d’« Un Génocide Sans Importance » pour Jean-Paul Gouteux.
Le fait est que la France depuis 1975 avec Giscard, davantage sous Mitterrand et Balladur
-premier ministre de cohabitation- a procuré une aide totale aux génocidaires, avant les
massacres en formant l’armée ethnique hutu dont un des probables organisateurs des tueries,
en stoppant militairement en 1990 dans une guerre secrète décidée à l’Elysée, le FPR [Front
patriotique rwandais] en provenance d’Ouganda, l’armée des exilés tutsi qui tentaient de
rentrer dans leur pays. Ces interventions connues du monde politique, des journalistes de la
cour, de l’élite militaire et intellectuelle ont été soigneusement cachées au peuple français
avec la complicité des plus éminents médias. En fait depuis 1990 des officiers français sont
mêlés aux opérations les cruelles de tortures, de tueries, de massacres de Tutsi dans le cadre
d’opération spécifique, Noroît, Turquoise, Amaryllis, ou dans le cadre du contrat d’assistance
militaire liant les deux pays.
La France poussera sa contribution, sa co-production du génocide jusqu’à livrer des armes
aux exécuteurs du plan macabre que toutes les représentations diplomatiques occidentales
connaissaient pour en avoir été alertées par des sources directes hutu. Une radio haineuse et à
fort impact hutu diffusait sur les ondes nationales des messages quotidiens antitutsi, d’appel à
l’extermination, la tristement célèbre Radio des Mille Collines. Outre les aides par prêts
garantis par le Crédit Lyonnais pour l’achat d’armes -y compris de machettes- visant
l’anéantissement des Tutsi, la continuation de cette politique de subvention de l’horreur devait
se poursuivre malgré les tueries. La France allait apporter son appui au gouvernement
intérimaire rwandais, le GIR, qui se chargerait des basses œuvres, pis elle aurait co-constitué
ce gouvernement extrémiste, l’ambassade de France à Kigali en abritant une réunion. Tout
aussi grave, alors que tous les Occidentaux civils et militaires étaient censés avoir quitté le
pays pendant les massacres, des soldats français sont restés sur le territoire rwandais, en
marge de toute légalité, légitimité et mandat officiel…
La France développa une intense activité diplomatique liée au secrétaire général de l’Onu
Boutros Boutros-Ghali qu’elle soutenait, et qui serait après son éviction onusienne recyclé à la
Francophonie, afin d’assurer la présence du Rwanda, dirigé par les exterminationistes hutu,
aux Nations Unis. Hasard du calendrier [?], le Rwanda était opportunément membre non
permanent du Conseil de sécurité et y maintenait sa place grâce aux euphémismes et aux
contrevérités de Boutros Boutros-Ghali sur la situation rwandaise.
Lorsque l’armée tutsi arrêta les massacres par son entrée victorieuse à Kigali, la France décida
de protéger et d’ex-filtrer une partie des durs du régime Habyarimana, notamment la femme
du président assassiné, connue pour son appartenance à la ligne hutu radicale. Devant la
pression du FPR triomphant des FAR [armée hutu], l’armée française protectrice, sous
prétexte d’humanitaire, monta une opération de sauvetage des criminels hutu via l’opération
Turquoise, qui faisait suite à une première opération militaire tout aussi douteuse, Amaryllis,
officiellement conçue pour rapatrier les européens. Mais aussi pour livrer des armes aux
criminels …
Il faut préciser que l’église catholique et ses hautes sphères s’investirent de toute leur énergie
pour soustraire les prêtres génocidaires à la justice rwandaise et lancèrent leurs réseaux -opus
dei en tête- dans une campagne d’intoxication et de falsification des faits véridiques relatant le
génocide rwandais. Cette institution avait dès la période coloniale soutenu, préformé la
constitution d’une élite hutu exterminationiste antitutsi, et le premier président du Rwanda
indépendant, l’extrémiste hutu Kayibanda qui a organisé des massacres et persécutions de
masses de Tutsi, est un ancien séminariste, ancien secrétaire particulier de l’archevêque de
Kigali. L’église aura suscité une part significative de son action criminelle.
La France, l’armée française couvrit ainsi la fuite des responsables des massacres et permis à
beaucoup d’échapper à la justice de leur pays et au FPR, en renouant attache avec un des
dirigeants les plus contestés si ce n’était à l’époque un des plus honnis dans son pays, sur le fil
d’un règne finissant et ensanglanté, le Maréchal Mobutu Sese Séko…
Depuis, les dirigeants français ont fait bloc autour d’une stratégie de négation, de brouillage
de pistes, s’aliénant des médias de grande renommée dont la face cachée d’agent de
propagande sur des questions françafricaines, tombe au clair dans le domaine public.
Précisons, depuis que la séquence des faits est établie sans ambiguïté, les Etats-Unis se sont
excusés de leur inaction pour stopper la machine du génocide, la Belgique. Aucun
commencement de remords du côté des officiels français…
Il serait injuste de juger globalement la France et surtout de concevoir une aigreur voire des
rancoeurs contre les Français comme totalité nationale, sur la base de rapts antidémocratiques répétés, puisque preuve est régulièrement faite que depuis De Gaulle au moins,
l’Afrique est l’exception démocratique, l’exception des Droits de l’Homme, la transgression
naturelle des devoirs d’humanité de la France politique. La trop nébuleuse et trop coûteuse
Françafrique ! Il s’agit aussi d’un viol contre ceux des Français qui ont une conception
différente du rapport à l’autre, à l’Afrique.
C’est donc une question que les Français, dans l’intérêt de leur démocratie, de leur intégrité
aussi bien que de leur honorabilité, devront tôt ou tard mettre sur la table de discussion
politique. Quand aux Africains, ils devront nécessairement se regarder différemment et
imposer aux autres, à la France spécialement, un rapport foncièrement différent, ou demeurer
des humanités sans importance ainsi que le suggéra le président socialiste humaniste français.
Lire Jean-Paul Gouteux, Un Génocide Sans Importance. La Françafrique au Rwanda. Editions
Tahin Party 2001
A.Akamayon, A. Blé
UNE QUESTION SE POSE : CE MILITAIRE QUI VIENT DE MASSACRER CES
GENS, EST- IL DES FAR OU DE L’APR ?
REGARDER SES BOTTES, SA TENUE, SON ARME, MEME SON PHYSIQUE.