Un monde de retard Nouvelle Gauche_vf

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Un monde de retard Nouvelle Gauche_vf
Un monde de retard :
analyse d’un mouvement politique (1993-2008)
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Février 2009
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« Ce siècle enfin verra la concurrence entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel toucher à son maximum de passion. Il est manifeste
en effet que le pouvoir temporel sera pris au cours des années qui viennent, est déjà pris de vertige devant son redoutable accroissement de
puissance. La centralisation politique, un peu partout, fait dépendre la machine politique de quelques postes bien placés ; les fascismes la
poussent à l’extrême ; le pouvoir politique et le pouvoir économique ont tendance au profit tantôt de l’un, tantôt de l’autre, de passer dans
les mêmes mains. En face d’un tel cartel de puissance, il ne reste plus que la citadelle des personnes, de leur conscience et de leur liberté :
l’Etat totalitaire commence à affirmer son droit sur ce dernier domaine. Et comme un nombre d’hommes indéfiniment croissant aura de plus
en plus accès à la vie spirituelle ou culturelle, on voit quelle menace risque d’être l’étendue de ce pouvoir. Dès aujourd’hui, toute prétention,
si faible soit-elle, du nationalisme et de l’étatisme doit être surveillée, combattue comme le symptôme d’une maladie grave, la maladie
propre au XXe siècle, avec laquelle nous n’avons pas fini de batailler : la divination du pouvoir public.
Notre jeunesse a sa ligne de vie maintenant tracée. Demain, peut-être, une catastrophe née de l’explosion du désordre semblera
l’interrompre. Des yeux se fermeront, des voix ne parleront plus les paroles des hommes. Présomptueux qui la croira vaincue. Saluons à
l’avance ceux dont nous savons qu’ils la recueilleront, un jour, dans leurs ardeurs nouvelles, et en accompliront les fruits. »
Emmanuel Mounier, Lignes d’avenir, mars 1935.
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Le Parti Socialiste est en crise depuis 1995. C’est un fait. La mort de François Mitterrand suivie de
l’appel hélas vain à Jacques Delors pour l’élection présidentielle, puis la défaite de 1995 malgré les
divisions de la droite ; les ratés du gouvernement de gauche plurielle suivis de l’élimination de Lionel
Jospin du second tour de l’élection présidentielle en 2002 ; la fracture du 29 mai 2005 ont déjà
tristement ponctué les 13 dernières années de crise politique du PS.
Beaucoup de militants ou personnes extérieures à la gauche ont déjà avancé leurs analyses et leurs
explications sur cette crise.
À l’heure où le capitalisme dérégulé est en faillite et où chaque jour les inégalités, l’exploitation,
l’exclusion et l’oppression se renforcent partout dans le monde au détriment du respect, de la dignité
et de la solidarité, à l’heure où la France entre dans une ère qui inquiète le citoyen, les gauches, la
gauche doivent répondre présentes pour apporter une alternative à un monde que l’homme refuse de
subir. Or ce rendez-vous, la gauche française, le PS est en train de le manquer du fait d’une crise
politique dont il n’arrive pas à se sortir.
Cette crise du PS ne doit pas être compris par les seuls initiés. Cette crise n’est pas une affaire qui
concerne le microcosme politique de la gauche française. Responsables et adhérent du PS, militants
associatifs, syndicalistes, citoyens, nous sommes en droit de comprendre ce qui a mené, ce qui mène
et ce qui va mener le PS droit dans le mur, c’est-à-dire à son incapacité à battre la droite une nouvelle
fois et à prendre le pouvoir.
L’avenir de la gauche et du PS passe par ses nouvelles générations. L’arrivée de Martine Aubry à la
tête du Parti Socialiste a conduit une nouvelle génération de militants socialistes à occuper des postes
importants au sein du parti. Ces « jeunes », tous issus de la motion C « Un monde d’avance », mais
plus précisément d’un courant politique historique précis, Nouvelle gauche, ont le même parcours
militant. De Benoît Hamon, premier d’entre eux et aujourd’hui porte-parole du PS, à Bruno Julliard,
secrétaire national à l’éducation, les « jeunes » de la direction sont des anciens cadres du MJS, de
l’UNEF ou d’autres organisations liées.
Ce texte propose une analyse politique approfondie du courant Nouvelle Gauche (ses
hommes, ses idées, ses méthodes) de 1993, son année de naissance, à 2008, son arrivée aux
responsabilités au sein du PS.
Pourquoi avons-nous choisis de consacrer à Nouvelle Gauche un tel texte ?
La réponse est simple. Aujourd’hui, l’importance qu’a atteint ce courant est indéniable. Nous
connaissons très bien Nouvelle Gauche par nos expériences militantes et syndicales, notamment
dans les organisations de jeunesse. À travers cette analyse réaliste et maîtrisée de ce mouvement
nous souhaitons informer les militants, jeunes d’abord mais aussi plus âgés, ainsi que les
responsables politiques du Parti Socialiste. Nouvelle Gauche a su construire sa propre culture
militante avec des méthodes et des stratégies politiques qui nous sont connues, nous les exposons
dans ce texte afin de mieux comprendre ce courant politique.
Nous émettons des réserves sur ce que représente Nouvelle Gauche pour le PS. Nouvelle Gauche
est aujourd’hui un courant politique qui est essentiellement composé de jeunes formés dans des
organisations provenant du : MJS, UNEF, UNL, LMDE, principalement. Ces jeunes sont porteurs
d’une culture politique qui ne semble pas être celle du parti de Jaurès et de Mitterrand. Pourtant en
s’installant au cœur du Parti il y a quelques mois, ils incarnent à priori l’investissement du Parti
Socialiste dans les nouvelles générations…
Parce que nous ne sommes pas en accord sur la démarche de ce courant, ce texte espère être aussi
la première étape à la construction d’une culture politique différente de NG, en phase avec les valeurs
historiques du Parti Socialiste.
Il en va aujourd’hui de son avenir.
Barnabé LOUCHE, SF Ardèche
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Diego MELCHIOR, CA 18 GC
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SOMMAIRE
A – Nouvelle Gauche, un mouvement politique.
1. Naissance historique d’un courant : 1993-1995.
2. Construction et verrouillage.
B – NG : quelles références et quelles idées politiques ? quelles
méthodes ?
1. Un corpus idéologique passéiste.
2. Le retour des « vieilles méthodes ».
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A – Nouvelle Gauche, un mouvement politique.
1. Naissance historique d’un courant : 1993-1995.
En mars 1993, la droite obtient une victoire écrasante aux élections législatives où le PS ne
totalise que 18% des suffrages au second tour. Le FN réalise un score important au premier tour
(8%). L’époque du mitterrandisme triomphant paraît alors tournée pour bon nombre de responsables
socialistes. L’avenir du parti semble confié à ses successeurs, à d’autres leaders tels que Michel
Rocard ou Lionel Jospin.
Le 3 avril, Michel Rocard s’empare du Parti Socialiste avec pour objectif de rénover ses
1
pratiques et ses fonctionnements (Etats généraux en juillet, puis congrès en octobre 1993) .
Une de ses premières actions importantes, et elle restera emblématique de son passage à la
tête du PS, est l’octroi de l’autonomie au MJS qui élit à présent ses dirigeants et choisi sa propre
orientation politique indépendamment du PS…
En 1993, le courant rocardien est présent dans de nombreuses associations et syndicats,
dans le mouvement social. La deuxième gauche dont Michel Rocard est, depuis les Assises du
Socialisme, un des principal représentant politique au PS a toujours milité en faveur de liens avec la
société civile. Cette conception est bien loin de la culture mitterrandienne présente au sein du PS qui
considère que parti et société civile doivent être strictement séparés, voire que le parti soit
l’organisation qui impulse les idées dans la sphère sociale, une conception somme toute très jacobine
du rôle du parti, et par la même de l’Etat.
Pour la deuxième gauche, en revanche, l’analyse est exactement inverse : les parcours de
militants syndicaux ou associatifs doivent être directement valorisés dans le parti qui devrait quant à
lui s’inspirer des idées développées par la société civile, considéré comme plus en phase avec les
citoyens. Plusieurs générations de militants ont fait leur classe au sein de la CFDT, centrale syndicale
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qui porte les idées de la deuxième gauche depuis ses origines .
Du côté des organisations de jeunesse, les rocardiens animent, dans l’UNEF-ID, la Tendance
Avenir. De même, les premiers dirigeants de l’UNL sont proches des idées rocardiennes. Michaël
3
Delafosse , premier président de l’UNL, rejoint lors de son arrivée à l’UNEF, la tendance Reconstruire
et finira président de la LMDE, après le travail de récupération de la MNEF mené à la fin des années
1990 par Pouria Amirshahi. Au Mouvement des Jeunes Socialistes, ce sont des jeunes rocardiens qui
s’emparent de la structure en 1993 : le premier président du MJS autonome n’est autre que Benoît
Hamon, aujourd’hui porte-parole du PS.
En 1993, en parallèle à l’autonomisation du MJS, la majorité « Cambadélis » historique de
l’UNEF menée par Philippe Campinchi, président de l’UNEF-ID, éclate et une tendance d’opposition
menée par Pouria Amirshahi (soutien de la motion C au Congrès de Reims de 2008 et aujourd’hui
4
secrétaire national aux Droits de l’Homme ) se crée : c’est le Tendance Indépendance et Action. Elle
critique le réformisme de la majorité, sa proximité trop grande avec le PS et ses liens privilégiés avec
les rocardiens de la Tendance Avenir.
Au Congrès de Clermont-Ferrand de l’UNEF-ID, la Tendance Avenir soutient la majorité (la
Tendance pour la Confédération des Jeunesses Scolarisées) et lui permet de garder de justesse le
pouvoir dans l’UNEF-ID. Cependant, le résultat élevé de la Tendance Indépendance et Démocratie
(regroupement de la TIA, de la Tendance pour une Gauche Syndicale – réputée proche de la LCR –
et de la Tendance Sursaut ou Déclin – réputée proche de Julien Dray –) déçoit les militants de la TA
qui décide de revoir leur alliance.
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Au Congrès de Paris en 1994 , une partie de la Tendance Avenir, menée par Olivier Girardin
(aujourd’hui premier secrétaire de la Fédération de l’Aube du PS et soutien de Benoît Hamon), lâche
la TCJS pour devenir la Tendance Reconstruire qui fait alliance avec la TID. Le regroupement de la
TID, de DEMOS (Démocratie et égalité dans une majorité d'orientation syndicale, tendance
fabiusienne) et de la Tendance Reconstruire donne naissance à la Tendance pour un Avenir Syndical
6
qui obtient la majorité au Congrès. Pouria Amirshahi devient président de l’UNEF avec un Bureau
1
Dictionnaire historique de la vie politique frnaçaise au XXe siècle, PUF, 2004.
Hamon Hervé, Rotman Patrick, La Deuxième Gauche : Histoire intellectuelle et politique de la CFDT, Paris, Seuil, 2002.
Michaël Delafosse, Qu’est ce que la LMDE ?, L’Archipel, 2006.
4
http://www.liberation.fr/politiques/0101303790-du-vieux-du-neuf-des-femmes-a-la-tete-du-ps
5
Yassir Fichtali, Qu’est-ce que l’UNEF ?, L’Archipel, 2003.
6
http://www.humanite.fr/1994-12-19_Articles_-L-UNEF-ID-a-un-nouveau-president
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National dominé par des proches de la Gauche socialiste et les ex-jeunes rocardiens proches de
Nouvelle Gauche , ces deux composantes forment la « majo majo » de l’UNEF-ID.
La TCJS quant à elle se réduit progressivement pour devenir la Tendance S’entraider. La
partie restante de la Tendance Reconstruire qui avait refusé de rejoindre la TID à cause de son trop
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grand radicalisme prend le nom de la Tendance Pour une Alternative Syndicale. Au 77 Congrès de
l’UNEF, la TPAS et une partie de la tendance S’entraider fusionne pour donner naissance à la
Tendance Syndicale. Les opposants à la fusion de la Tendance S’entraider créent la Tendance pour
la Confédération des Etudiants qui devient par la suite la Tendance Refondation Syndicale qui existe
toujours dans l’UNEF (7% au Congrès de Lille en 2007). La Tendance Syndicale quant à elle, après
son refus de la réunification des deux UNEF en 2001, quittera l’UNEF pour créer la Confédération
8
étudiante .
La nouvelle alliance hétérodoxe (en effet, la TID a constitué sa base militante sur la
stigmatisation de la tendance rocardienne) entre ex-jeunes rocardiens, la Gauche socialiste et l’équipe
issue de la majorité historique autour de Pouria Amirshahi s’explique en partie par la prise de distance
des jeunes rocardiens aussi bien dans l’UNEF qu’au MJS vis-à-vis des réseaux rocardiens historiques
9
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(Alain Bauer, Manuel Valls) . Benoît Hamon par exemple s’éloigne très vite des réseaux d’origines,
de même que des idées pour une ligne plus radicale et nettement influencée par le contexte du
11
mouvement de 1995 . Cette schizophrénie explique encore aujourd’hui une part de la haine déversée
par Benoît Hamon, ses amis et l’UNEF contre la CFDT et Michel Rocard : tuer un père n’est jamais
chose facile…
Michel Rocard mis à l’écart lors du Congrès de Liévin en 1994, après la cinglante défaite du
12
PS aux élections européennes, c’est Henri Emmanuelli qui prend la tête du parti ce qui facilite la
dissolution des derniers réseaux rocardiens déjà bien en déliquescence. Une séquence ponctuée de
peu de victoires pour le courant rocardien, ouverte au Congrès de Metz en 1979, s’achève
définitivement au Congrès Liévin en 1994.
Néanmoins, depuis le MJS, la nouvelle génération « rocardienne » (qui n’a de rocardien que
l’histoire mais ni les idées ni les méthodes) structure un nouveau mouvement « Nouvelle gauche »
(référence certaine à la Nouvelle Gauche – New Left – des années 1970 incarnée en France par la
13
deuxième gauche) qui réunit les responsables de l’UNEF-ID issus des réseaux rocardiens et la
14
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nouvelle direction du MJS (Benoît Hamon et Jean-Patrick Gille) . Au Congrès de Liévin du PS, il
dépose une contribution qui signe la naissance de leur courant : « A quoi peut prétendre la jeunesse
en 1995 ? ».
2. Construction et verrouillage.
Dès lors Nouvelle Gauche va structurer son réseau, élaborer sa culture politique et partir à la
conquête des organisations de jeunesse. Dans l’UNEF-ID, une chose est sûre les ponts avec les
rocardiens historiques sont définitivement coupés et leur alliance avec la Gauche socialiste se
renforce si bien qu’au Congrès de Montpellier en 1997 (le premier depuis le changement de majorité),
la majorité nationale réalise 80% des voix.
Deux ans plus tard, au congrès suivant, la direction de l’UNEF-ID, conformément à la nouvelle
ligne que s’est fixée la majorité nationale, s’éloigne de la majorité en place au PS (incarnée par Lionel
Jospin) et de la tradition réformiste pour préférer une approche plus contestataire (hérité du
compagnonnage avec la gauche radicale du mouvement de 1995). En ce sens, la volonté de
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réunification avec l’UNEF-SE (l’autre UNEF tenue par les communistes , mais moribonde) est
naturelle et signe bien là une rupture fondamentale dans les pratiques. NG acte dans l’UNEF son
refus du réformisme qui avait caractérisé le socialisme français hérité de Jean Jaurès.
Ainsi, au sein de la majorité nationale de l’UNEF-ID, Nouvelle Gauche continue son
développement tout en maintenant son alliance avec la Gauche socialiste qui elle, en revanche, est
soumise à des soubresauts politiques provenant directement des évènements qui ont lieu au sein du
Parti Socialiste. Nouvelle Gauche, en plus de verrouiller l’appareil syndical, chose d’autant plus facile
7
Gauche socialiste : courant du PS fondé en 1998 par Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon qui intègrera des personnalités comme Marie-Noëlle
Lienemann et Gérard Filoche par la suite.
8
Soutenue par la CFDT lors de sa création, en moins de 6 ans, la Cé est devenue une organisation étudiante représentative dans le paysage
étudiant avec 1 élu au CNESER et des sections syndicales dans 60 universités.
9
Témoignage de Pascal Cherki - MVE006/134 : http://www.cme-u.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=97&Itemid=44
10
http://benoithamon.fr/2008/05/13/entretien-avec-mediapart/ et http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2297/articles/a388099.html
11
Cf. B)1)
12
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&num_notice=5&total_notices=11&insee=62510
13
http://www.journalisme.sciences-po.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=274&Itemid=58
14
L’instrumentalisation de l’UNEF au service d’une recomposition de la gauche, analyse de la Cé datée de novembre 2005.
15
http://www.republique-des-lettres.fr/10525-benoit-hamon.php
16
http://www.unef.org/
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que le MJS est lui-même verrouillé depuis 1995, joue en outre un double jeu astucieux avec
l’extérieur.
En effet, Nouvelle Gauche tout en étant l’allié de la Gauche Socialiste dans l’UNEF, en
laissant un espace de développement à celle-ci au sein du MJS et en gérant un subtil équilibre de
force chez les lycéens (UNL pour NG et FIDL pour Gs), s’affiche aussi, en parallèle, comme le
premier rempart politique chez les jeunes qui souhaitent combattre les orientations radicales de la
Gauche socialiste. Avec leurs interlocuteurs (mutualistes, syndicalistes, politiques), Nouvelle Gauche
a pratiqué un double langage constant : s’affirmant comme les défenseurs du camp réformiste dans
les organisations de jeunesse (UNL, UNEF, MJS), ils opéraient pourtant des choix directement
opposés lorsqu’il s’agissait de passer à l’acte ! On l’a bien vu : critique permanente de la gauche
plurielle entre 1997 et 2002, opposition à la réforme des retraites en 2003, appel à voter non au TCE
en 2005, campagne contre Ségolène Royal pendant l’élection présidentielle de 2007, etc.
En 2002, la Gauche socialiste éclate. Jean-Luc Mélenchon fonde le courant Nouveau Monde
avec Henri Emmanuelli qui ne tiendra que trois ans, Jean-Luc Mélenchon le quittant pour son propre
courant tandis que Henri Emmanuelli et son nouveau courant Alternatives socialistes rejoignent le
NPS la veille du Congrès du Mans, en 2005.
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C’est en 2002 que le NPS, suite à l’appel de Vincent Peillon, Julien Dray (pour la Gauche
socialiste), Benoît Hamon (pour Nouvelle Gauche) et Arnaud Montebourg, se structure comme un
courant minoritaire opposé à la direction nationale du PS et à François Hollande. L’excellent résultat
du NPS au Congrès du Man, en 2005, entraîne une division en son sein. Julien Dray rejoint la majorité
du PS menée par François Hollande. Par la suite, c’est Arnaud Montebourg qui quitte le NPS pour
fonder son propre courant Rénover Maintenant, puis Vincent Peillon qui rejoint Ségolène Royal. Le
NPS laissé aux mains de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli devient rapidement un outil politique
essentiellement contrôle par Nouvelle Gauche, une fois les réseaux jeunes d’Alternatives socialistes
dissous dans NG.
Cette reconfiguration politique a un impact direct sur les organisations de jeunesse où est
présente NG et la Gauche socialiste. À l’UNEF, la nouvelle majorité nationale est rapidement
contrôlée par Nouvelle Gauche qui écarte la Gauche socialiste menée par Carine Seiler en 2003. Les
répercussions de cette opération politique au sein de l’UNEF sont immédiates au sein de la LMDE en
pleine reconstruction. Nouvelle Gauche en prend le contrôle total après élimination de la Gauche
socialiste (Carine Seiler avait pourtant été présidente pendant trois ans de la LMDE) en 2003, puis de
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la FAGE en 2005 .
Au sein du MJS, les évolutions sont moins prononcées. Benoît Hamon venant du rocardisme
dérive rapidement vers des positions totalement opposées. Il passe ainsi que ses fidèles dans les
cabinets de Martin Aubry où ils acquièrent réellement sa culture politique, une culture en rupture totale
avec celle énoncée par les pères de la deuxième gauche, en cela ils sont à l’image de Martine Aubry
(politiquement opposée en tous points à son père Jacques Delors).
Nouvelle Gauche verrouille finalement le mouvement et ne laisse que peu de places aux
tendances, y compris à la Gauche socialiste. Presque tous les présidents du MJS ont trouvé leur
place dans la nouvelle direction du PS : Régis Juanico, Charlotte Brun, Gwenegan Bui, Razzy
Hammadi ainsi que Bruno Julliard, ancien président de l’UNEF…
Aujourd’hui au sein du MJS, NG a pris le nom de Transformer à Gauche et semble avoir
commencé son opération de verrouillage du parti. Au Congrès de Reims, les anciens leaders de NG
étaient tous regroupés dans la motion C « Un monde d’avance, pour une gauche décomplexée ». De
fait, le nombre d’anciens cadres du MJS, de l’UNL et de l’UNEF qui tiennent aujourd’hui des secteurs
clefs au PS est impressionnant et appel à une réaction immédiate car, plus que des hommes, ce sont
des idées contraires aux principes du parti qui ont commencé à se diffuser dans toute sa structure.
B – NG : quelles références et quelles idées politiques ? quelles
méthodes ?
1. Un corpus idéologique dépassé.
17
http://nouveau-ps.teikhos.fr/delia-CMS/quest_ce_que_nps/zoom/article_id-317/topic_id-86/appel-aux-militants-pour-batir-un-nouveau-partisocialiste.html
18
http://spip.univ-poitiers.fr/asso_apus/IMG/pdf/CDP.pdf#search=%27afges%20fedeB%27
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1995 restera une année historique pour la gauche dans son ensemble. La naissance d’une
nouvelle génération de militants à cette même époque est significative. C’est à cette date que
Nouvelle Gauche se dote d’une culture politique et militante qui lui est propre. Cette culture est dès le
départ en rupture avec la culture rocardienne historique qu’incarnaient les générations qui les avaient
précédés.
En 1995, les responsables et militants en place dans les structures de jeunesses font le choix
de la ligne contestataire et du compagnonnage avec les éléments extrémistes et mouvementistes de
la gauche de la gauche. La démarche intellectuelle de Nouvelle Gauche se construit autour d’un
énorme contresens politique, produit d’une analyse erronée des évènements sociaux de 1995. De ce
point de vue-là, ils sont comparables aux nombreux militants de la deuxième gauche et de la CFDT
qui quittent, pour des mouvements plus radicaux, leur courant et leur confédération d’origine par refus
de la démarche réformiste. Ils sont alors nombreux à rejoindre ATTAC, les syndicats Solidaires ou des
partis d’extrême gauche. Les plus jeunes constitueront au sein des organisations syndicales des
sensibilités NG : dans certains syndicats CFDT, à la CGT-jeunes, à FO-jeunes et à l’UNSA-jeunes, à
la MGEN ou encore à la FCPE…
La première génération de jeunes de NG fait ses armes dans la contestation du CIP en 1994.
Nouvelle Gauche profite du mouvement de jeunesse de l’époque pour recruter et poser les bases de
son courant. Mais c’est en 1995 que Nouvelle Gauche choisit définitivement son camp et ses idées.
19
Alors que le plan Juppé de réforme de la sécurité sociale entraîne une division au sein de la gauche ,
Nouvelle Gauche mobilise les jeunes du PS ainsi que les AGE (Assemblée Générale d’Etudiants) de
l’UNEF qu’elle contrôle sur les mots d’ordre de la gauche contestataire de rejet global des réformes.
Opposés à l’Appel pour une réforme de fond de la Sécurité sociale publiée le 24 novembre
1995 par la revue Esprit, une jonction s’opère entre la gauche d’origine communiste (CGT, PCF, LCR
et la direction de FO contrôlée à l’époque par les trotskystes) et une partie des militants de la
deuxième gauche, en rupture par rapport aux orientations de leur courant (certaines fédérations de la
CFDT et aussi bien sûr les ex-jeunes rocardiens du MJS et de l’UNEF regroupé à présent dans NG).
Cette gauche de la gauche participera activement aux grèves de 1995 en se caractérisant par un
refus total de toute négociation, une volonté de contrôle global de type « léniniste » sur le mouvement
social, des mots d’ordre globaux d’ordre sociétal et le rejet du réformisme assimilé à de
20
l’ « accompagnement » .
Dès lors le corpus idéologique de Nouvelle Gauche, s’il ira en s’affinant, ne changera en rien
dans le fond. En 1995, les grandes lignes étaient déjà tracées. D’abord, c’est l’abandon du réformisme
21
et de la tradition socialiste des origines . Les références sont claires : c’est Guesde plutôt que
22
Jaurès .
D’une part, Nouvelle Gauche fait le choix de l’alliance privilégiée avec la gauche radicale au
détriment de la responsabilité. La démarche de la motion C au dernier congrès du PS est analogue à
la démarche de la droite décomplexée : c’est l’alignement direct sur l’extrême gauche de la même
manière que Nicolas Sarkozy s’est aligné sur le FN. Cette stratégie nous semble s’éloigner de la
culture de notre parti qui a toujours privilégié l’alliance avec les Verts et, lorsqu’il s’agissait du
Programme Commun avec le PCF, c’était dans l’optique de l’affaiblir et non de valoriser ses idées.
D’ailleurs, NG souhaite aller au-delà de nos alliés traditionnels à gauche, la preuve en est les critiques
répétées durant les cinq ans de gouvernement de la gauche plurielle comme la stigmatisation
permanente des démocrates qui, pourtant, aux dernières présidentielles ont totalisés un nombre
important de voix.
D’autre part, la stratégie de NG vis-à-vis de la société civile confirme le socialisme qu’il a
choisi. NG, aujourd’hui TàG, estime que le parti doit être tout puissant et le seul capable de relayer les
23
idées du mouvement social. Cette stratégie du parti d’avant-garde a déjà montré ses limites. Jaurès
lui-même, dans son conflit avec Guesde à propos du rapport que devait entretenir le socialisme avec
la CGT anarcho-syndicaliste d’alors, avait mesuré toute l’importance de ne pas empiéter sur les
plates-bandes du syndicat mais de travailler cependant ensemble dans une même direction :
l’émancipation de la classe ouvrière. Jaurès qui s’adresse aux mineurs de Carmaux, c’est un
19
Rétrocontroverse 14 - 1995 : le plan Juppé fait éclater la gauche, Le Monde, 11/08/07.
Voir à ce propos l’analyse éclairante de l’intellectuel de gauche Claude Lefort dans une tribune, « Les dogmes sont finis.», publiée le 4 janvier
1996 dans Le Monde qui montre bien toute la réalité politique désastreuse d’une partie du mouvement de 1995 menée par la gauche radicale.
21
« Changer le centre de gravité du parti socialiste » : http://www.liberation.fr/politiques/120113-benoit-hamon-invite-de-liberation-fr
22
Cet article d’un ancien animateur fédéral du MJS 57 est révélateur de l’état intellectuel de NG : comment peut-on qualifier la scission de Tours
de parenthèse ? http://emirdeniz.blogg.org/offset-50.html
23
« Il lui faut aussi formuler, imaginer et se donner les moyens de construire ce qu'elle [la France qui dit non] veut. Elle l'a déjà fait, dans son
histoire. Elle peut le refaire. Et c'est là que notre responsabilité devient écrasante. Car c'est à nous, parti politique réputé démocratique et
progressiste, et a ce titre outil de réflexion collective qu'il appartient d'exprimer le projet qui lui permettra d'assumer et de surmonter un défi auquel
elle est, si l'on veut bien y réfléchir, condamnée à réussir. » La lettre aux militants du NPS, n°11, mai 2006, extrait de l’intervention d’Henri
Emmanuelli.
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socialiste qui fait la démarche de soutenir les travailleurs, non de les remplacer, et de les représenter
dignement au Parlement. Les salariés d’aujourd’hui ne demande rien de plus qu’une opposition digne
de ce nom qui relaye leurs propositions dans le Parlement, pas d’un PS qui récupère leurs luttes en
espérant mieux les mener.
Cet alignement sur la gauche radicale est allé jusqu’au soutien de régimes contestés comme
24
ceux de Chavez, Morales en Amérique latine, des régimes où la démocratie semble chahuté. En
effet, Nouvelle Gauche n’est pas un courant internationaliste. En 2005, UNEF comme MJS avaient
25
appelé à voter non au Traité établissant une Constitution pour l’Europe alors que plus de 50% des
étudiants s’y sont montrés favorables et que le PS avait choisi à 60% de faire campagne pour le oui
Enfin, pour l’élection présidentielle de 2007, le MJS a mis toute sa mauvaise volonté à faire campagne
26
pour une candidate qu’il rejetait totalement .
Aujourd’hui, Nouvelle Gauche s’approvisionne en idées notamment depuis le think-tank créé
par Benoît Hamon et Noël Mamère, La Forge. NG a donc formé des générations de militants autour
de ces logiques : domination du mouvement social par la sphère politique, refus du réformisme, rejet
de l’Europe et alignement sur les positions de la gauche radicale.
En ce sens, Nouvelle Gauche alimente sa réflexion à partir de modèles hérités du passé et
qui ne sont plus d’actualités depuis au moins plus de quarante ans.
2. Le retour des « vieilles méthodes ».
« Ils ont dans le sang ce poison de la division, dans des proportions que l'on n'a jamais
27
connues auparavant. » Ce sont les propos de Benoît Hamon rapportés le 27 décembre 2008 dans
les quotidiens français concernant les partisans de la motion E de Ségolène Royal.
28
Une telle phrase n’est pas sans rappeler les rhétoriques hygiénistes des léninistes
29
historiques (Lénine traite ses adversaires de « parasites », « poux », « insectes nuisibles » ). En
effet, les méthodes de Nouvelle Gauche découlent directement de leur culture politique et des
30
combats qu’ils ont menés. Comme le précise cet adhérent à l’UNEF-ID de l’époque , les premiers
militants de NG qui ont pris la majorité dans l’UNEF par exemple et qui sont aujourd’hui les lieutenants
de Benoît Hamon sont nés avec cet idée que la fin justifie toujours les moyens. Par la suite, cette
mentalité politique est passée de génération en génération.
Les « vieilles méthodes » de NG se déclinent aussi bien dans le MJS que dans les
organisations étudiantes qu’elle contrôle, et mieux encore au sein de la LMDE. Ainsi lors du scrutin de
février 2003, Nouvelle Gauche, par l’intermédiaire de listes UNEF, propose et met en œuvre vingt et
31
une mesures de verrouillage de la LMDE : pressions téléphoniques sur les candidats des listes
concurrents, suppression des règles générales des élections, suppression du vote par
correspondance, suppression du contrôle indépendant, allongement des mandats, suppression du
délai de convocations, etc.
Le fonctionnement et les méthodes de l’UNEF sont identiques. Sont-elles nombreuses les
organisations politiques ou syndicales qui autorisent leur porteur de mandat à pouvoir porter quinze
32
procurations en congrès ?
Plus graves encore sont les comportements des militants NG de l’UNEF au moment des
33
élections étudiantes : fiches méthodes pour contrôler un mouvement social , destructions d’urnes
34
durant les élections du CROUS en 2006 , soupçons de fraude vis-à-vis des listes SUD-FSE durant le
35
36
CNESER 2008 , exclusion des opposants politiques à l’interne , etc. Enfin, l’UNEF, au lieu
d’organiser les étudiants pour leur donner les moyens d’être acteurs du changement, s’emploie au
24
http://www.mjsfrance.org/article.php3?id_article=568
Dominique Reynié, Le vertige social-nationaliste, Editions de La Table Ronde, 2005.
Par exemple, le dimanche 10 septembre 2006, lors de la fête de la Rose à Quimperlé, dans le Finistère, Ségolène Royal se fait harceler de
questions accusatrices de la part de militants du MJS.
27
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/benoit-hamon-denonce-les-adeptes-du-poison-de-la-division_728412.html
28
Dominique Colas, Le Léninisme, PUF, 2é éd. 1998.
29
Nicolas Werth, Crimes et violences de masse des guerres civiles russes (1918-1921), Online Encyclopedia of Mass Violence, Sciences Po,
2008.
30
« Or, en 1993, les contestataires, dans leur volonté de prise de la direction, ont éduqué toute une génération dans l’idée que la fin justifie les
moyens. Précisément le type de raisonnements avec lesquels nous étions quelques uns à vouloir rompre en quittant le PCI en 1986. »
http://www.reyo.net/spip.php?article45
31
« L’UNEF propose et met en œuvre 21 mesures de verrouillage de l’appareil LMDE », document produit par la Tendance Syndicale de l’UNEF
en 2003.
32
Résolution pour un congrès réussi lors du dernier collectif national de l’UNEF qui s’est tenu à l’IEP de Paris le 8 février 2009.
33
Le vade-mecum de l'UNEF pour le parfait mobilisateur étudiant, Le Monde, 26 février, 2006.
34
http://unef-veritas.blogspirit.com/archive/2006/03/27/brulons-les-urnes.html
35
Communique de presse de SUD-FSE : http://nantes.indymedia.org/article/14661
36
La direction de l'UNEF veut exclure des militants de la Jeunesse communiste révolutionnaire, Le Monde, 28 juillet 2006.
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contraire à les conscientiser pour qu’il soit conforme aux moules prédéfinis par la direction de
37
l’organisation .
Le MJS n’a rien à envier à l’UNEF. Les pratiques sont semblables : contrôle du débat en
interne, centralisme démocratique sous couvert de droit de tendances, bourrages d’urnes lors des
38
congrès, fausses cartes , suppression des liens avec les fédérations opposées à TàG,
embrigadement doctrinaire des jeunes militants, pratiques d’apparatchik, etc.
Nouvelle Gauche soumet en outre les organisations qu’elle contrôle à un paradoxe
permanent. Alors qu’elles prétendent être des actrices de la transformation sociale, elles proposent
depuis des années et des années, les mêmes recettes et les mêmes idées. Au MJS, c’est le même
39
programme depuis 1995. À l’UNEF, on revendique toujours l’allocation d’étude rebaptisée allocation
d’autonomie, mais il s’agit tout simplement de l’allocation qui figure dans la Chartre de Grenoble de la
Grande Unef des Trente Glorieuses, c’est-à-dire une proposition qui pouvait avoir sa pertinence à une
époque donnée mais qui aujourd’hui n’a plus aucune résonance politique réelle.
Qu’ont gagné ces organisations en l’espace de quinze ans ? Bien peu. Aucune de leurs
revendications n’a été reprises par un quelconque gouvernement que ce soit. Les campagnes de ces
organisations sont malheureusement inefficace pour parler aux jeunes citoyens ou même
repoussoirs… Celle du MJS pour la campagne présidentielle de 2007 a été particulièrement
40
douteuse : l’assimilation politique de Nicolas Sarkozy à Jean-Marie Le Pen a énormément desservi
le PS, la diabolisation de la droite étant une stratégie à coup sûr contre-productive. Dans la même
veine, la concentration des attaques de Nouvelle Gauche contre François Bayrou avait remplacé les
attaques contre la droite dans les derniers mois de la campagne présidentielle … Ce choix stratégique
adopté ensuite par le parti lui-même a donné le résultat que l’on connaît : la victoire de la droite alors
que les forces du centre-gauche et de la gauche étaient majoritaires en voix dès le premier tour.
Nouvelle Gauche, incarnée dans la motion C « Un monde d’avance » menée par Benoît
Hamon, au Congrès de Reims, n’a qu’un seul objectif : la prise du parti et son verrouillage complet.
Nouvelle Gauche, au sein du PS, pratique ouvertement le double encartement : au PS et au NPS…
41
Cette stratégie a un nom : c’est du fractionnisme, interdit par les statuts du parti . Enfin, la motion C,
pourtant minoritaire, agit au sein du PS comme si elle était majoritaire : un résultat médiocre lors du
vote du 6 novembre (18,52%) mais l’obtention de nombreux postes clefs pour Nouvelle Gauche
42
(après élimination des petits courants de la motion) au sein de la direction du parti .
En 1993, Nouvelle Gauche s’était fixée l’objectif lointain de prendre le contrôle du principal
43
parti de gauche. NG a, en l’espace de quinze ans , accumulé un capital politique important en termes
d’hommes, de réseaux, de pratiques, d’idées ; aujourd’hui les anciens cadres du courant sont bien
placés dans le PS. Il est donc clair que NG entend poursuivre sur cette lancée. Au regard des
éléments décrits précédemment, allons simplement en prendre acte ou réagir ?
37
Le témoignage de cet étudiant au moment de la réforme LMD est à ce propos très éclairant : http://victor.joueb.com/news/je-n-irai-plus-jamaisa-une-manifestation-de-l-unef
38
Témoignage d’un ancien adhérent du MJS : http://mandret.wordpress.com/2007/10/31/feu-nourri-contre-razzye-hammadi/
39
Unef, où sont tes victoires ? De l’état du syndicalisme étudiant en général, de l’UNEF en particulier, analyse du mouvement étudiant par la
Confédération étudiante.
40
http://mjs69.fr/blog/200611/17/33/preparons-le-changement-clip-video/
41
Statut du PS, Titre 1 Dispositions générales - Article 1.4 : modalités de discussion au sein du Parti « La liberté de discussion est entière au sein
du Parti, mais nulle tendance organisée ne saurait y être tolérée. »
42
http://www.liberation.fr/politiques/0101315293-hamon-un-pion-d-avance
43
http://www.marianne2.fr/Benoit-Hamon,-40-ans_a169202.html
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Comprendre ce qu’est Nouvelle Gauche, c’est la première étape à la déconstruction d’un
mythe. Si, effectivement, NG a su construire un mouvement politique aujourd’hui suffisamment
audible pour ne pas faire l’impasse sur son existence, on voit bien aussi que ses fondements sont
déconnectés de la réalité. Politiquement, les idées sont celles d’un ancien socialisme remâché et
relookés selon l’air du temps. Du point de vue des méthodes, elles rappellent celles d’une gauche qui
n’est pas la nôtre et que le PS a toujours combattu.
Nouvelle Gauche fédère en vérité bien moins de militants du PS qu’on veut bien le croire.
Aujourd’hui, Nouvelle Gauche (à l’UNEF comme au MJS) est capable de rassembler au grand
maximum quatre cents jeunes à ses Conseils Nationaux. C’est bien peu au regard du nombre de
jeunes citoyens engagés dans la vie de la cité et c’est encore bien peu lorsqu’on sait que NG est un
mouvement qui existe depuis quinze ans et qui déclare avoir prise sur les enjeux de notre société.
En réalité, Nouvelle Gauche ne fédère que peu de monde et se contente d’organiser un milieu
et un microcosme politique. Ce mouvement, s’il est en croissance du point de vue de sa structuration,
nous l’avons vu, ne l’est sûrement pas du point de vue de l’extension de son nombre de
sympathisants, adhérents et militants. Cependant, aujourd’hui, ils donnent l’impression d’être très
présent, mais cela s’explique tout simplement par le fait que les militants historiques du courant ont pu
accéder à des postes importants dans les organisations qu’ils s’étaient donnés pour objectif de
conquérir.
Ensuite, bien sûr, la question générationnelle est primordiale . NG concentre en son sein de
nombreux jeunes rôdés aux pratiques d’appareil et capables dans les dix ans à venir de prendre la
relève de la génération des aînés sur le départ. C’est pourquoi, il faut redonner aux jeunes l’envie de
faire de la politique dans un parti réformiste en leur proposant un engagement démocratique et libre.
La stratégie politique de NG, parce qu’elle est déconnectée des réalités du terrain, conduirait
à ce que le PS se maintienne perpétuellement dans l’opposition : conception du parti comme avantgarde, refus de l’alliance avec le centre, rejet de l’Europe, tentative de prise de contrôle des syndicats,
etc. sont autant d’attitude qui font et feront que le PS perdra des soutiens, même ceux qui auraient pu
paraître définitivement acquis.
Il est donc indispensable aujourd’hui de repenser la jeunesse dans le PS, de lui donner un
nouveau rôle. Valoriser la pluralité des engagements des jeunes de gauche ; leur permettre d’accéder
aux responsabilités à tous les échelons du parti ; retisser des liens, dans un rapport d’égal à égal,
avec la sphère associative et syndicale ; refonder nos idées autour de valeurs communes (respect,
solidarité, dignité, tolérance, démocratie participative, ouverture).
Nous vivons un moment historique pour la gauche. Nous devons être capable de s’en saisir
pour défaire le PS des vieilles pratiques qu’il avait coutume d’utilisé avec la jeunesse et construire une
alternative afin d’être acteur du changement. Les jeunes ont besoin de la gauche, mais pas de la
gauche telle qu’elle est aujourd’hui, et encore moins de cette « nouvelle gauche », mais bien d’une
autre gauche capable d’agir et de transformer le quotidien : une gauche du choix et des actes.
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