Où va Météo France ? Avons nous tous les
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Où va Météo France ? Avons nous tous les
re ib ib el un Tr Où va Météo France ? Avons nous tous les mêmes valeurs ? Il y a peu de temps de cela, un directeur de Météo France répondait vertement à ma question en me disant que Météo France était une entreprise, qu’une entreprise n’est pas démocratique et que si je n’étais pas en accord avec la politique menée, je n’avais qu’à partir. Peut être me prenait-il pour un collaborateur … comme chez Mac Donalds, vous savez …, il n’y a plus de salariés mais seulement des collaborateurs qui s’adorent. Nombreux parmi les personnels météos sont ceux qui sont entrés dans l’entreprise avec une formation scientifique où la curiosité, l’observation, l’analyse, la synthèse, la vérification l’emportent sur la consommation et la communication. Nous cherchons à savoir « d’où vient le vent » et nous ne souhaitons pas « vendre du vent » … Nos résignations, nos acceptations, mais aussi nos coups de gueule et nos révoltes contribuent à construire l’avenir de l’entreprise. De quelle façon voulons nous travailler demain ???. Christian Véron (MIR - Nantes) SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°124 MARS 2007 En tous cas, le constat est là. Petit à petit, le commerce prend le pas sur le souci d’améliorer la prévision météorologique. Dans les années « 80 », quelques prémisses montraient qu’on préférait travailler sur l’amélioration de la prévision à long terme (prévision à 10 jours) en laissant de côté les recherches sur la prévision locale : c’était plus médiatique. Mais la nécessité de faire face à une concurrence souvent sur-dimensionnée, la tragédie entretenue autour des américains qui vendaient nos données distribuées gratuitement, ont emporté la décision et convaincu tous et toutes. La prise en compte de dimensions commerciales était obligatoire. On ne pouvait rester une administration experte scientifique sous peine d’être mis à mort, à l’américaine, et de n’avoir plus à gérer que les données brutes. Plusieurs critiques sur l’évolution inéluctable du phénomène, sans alternatives possibles, ont pu à des moments contraindre à négocier. Mais aujourd’hui, tout montre qu’en dix ans notre métier, c’est à dire nos « savoir-faire », nos manières de faire, ont complètement changé. Nous avons perdu l’approche globale d’une vision de l’atmosphère au profit d’une gestion technique de la donnée. Signes des temps, les dernières orientations en matière de gestion de l’observation : le CREDO et le COMO préconisent la gestion capteur par capteur, mesu- Vers où cela nous mène--il ? On ne peut faire du commerce qu’avec des choses qui se vendent bien. Et la prévision météorologique cousue de nos doutes et de nos incertitudes scientifiques et technologiques, on ne peut pas dire que ce soit d’un bon rapport. Par contre, nous avons de l’or entre nos mains. Le réseau de veille automatisé permet la constitution de banque de données qui intéresse, chacune à leur niveau, nombreux clients potentiels. Comment expliquer autrement, l’automatisation à tous crins de l’observation jusqu’à la redéfinition de la donnée mesurée si besoin. L’automatisation permet d’ailleurs de justifier la suppression de l’observation humaine et donc la diminution du personnel. Au prix de certains sacrifices sur la qualité des mesures : le pluviomètre « précis mécanique » est devenu référence en matière de précipitations, le diffusomètre, capteur de temps présent, le devient pour la visibilité. Une rapide enquête montre la perte de fiabilité des mesures aux alentours de 3000m. Comment ne pas penser cela, quand on constate l’importance prise par le service au client, qui est toujours roi cela va sans dire, et la restriction de la dimension usager devenu synonyme de non-payant. Je l’ai déjà dit, d’autres données entrent en jeu. La politique de l’Etat, la montée des idées libérales favorisent cette situation. Certains rêvent d’une entreprise privée, de marché et de profits importants pour l’instant dessinés en filigrane. Pour eux, tout n’est plus que mondialisation, consommation et communication. Et puis les années à venir devraient voir chaque fonctionnaire passer d’une administration à une autre sans état d’âme ni qualification au gré d’une mission définie pour cinq ans. Ainsi la gestion des personnels de l’Etat pourrait se faire à partir d’une dizaine, pas plus, de grands corps et donc d’une dizaine pas plus de grilles salariales. Déjà, il est proposé aux agents des DRIRE, agents du ministère des Finances d’intégrer un grand ministère de l’Environnement. Voilà sans doute la suite des réformes qui nous est promise si nous ne voulons pas nous faire traiter d’archaïques par des bobos en mal d’aventures et de motivations. 19 Il est vrai que depuis une dizaine d’années, nos directeurs s’efforcent de bouleverser la culture scientifique de l’entreprise. Je crois même que le chantier fut lancé dès la fin des grèves de 1989. Les négociations n’étaient pas terminées et déjà certains ingénieurs parlaient de la nécessité d’une dimension commerciale. Bien sûr, il y en avait de plus radicaux qui auraient préféré la création d’un Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) à un EPA. Ceux là n’ont d’ailleurs peut-être pas encore dit leur dernier mot. Ils rêvent toujours… Et l’idée de la suppression des CDMs au profit d’une re-centralisation des Services faisait déjà son chemin. Ils y ont été aidé par les différents gouvernements qui se sont succédés : il y a belle lurette que le PDG n’est plus un « homme du sérail », scientifique au point sur les dernières recherches en matière de physique de l’atmosphère. Le candidat idéal est plutôt gestionnaire libéral. Et puis, pour convaincre les plus réticents, le passage dans le corps Ingénieur des Ponts et Chaussées (IPC) avec à la clé doublement ou triplement, je ne sais plus, du salaire ne pouvait certes pas inciter à faire la fine bouche. Il faut dire aussi que la politique de l’Etat est plutôt au recentrage sur les tâches régaliennes avec diminution systématique du nombre de fonctionnaires : il nous faudrait aujourd’hui passer de 3800 personnels à 3000. Ceci est sans doute le principal objectif de nos dirigeants avant toute autre considération. re par mesure. Ils laissent ainsi aux oubliettes du ringardisme d’archivistes la notion d’unité de site, unité spatiale et temporelle, ça vous rappelle quelque chose le principe consistant à ne pas rompre la chaîne de mesures pour garder l’équilibre du point de fonctionnement. Il est vrai que nous sommes dans des temps de « rupture tranquille ».