TEXTE sur le CHARISME RSV

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TEXTE sur le CHARISME RSV
RELIGIEUX ST-VINCENT-DE-PAUL
LE CHARISME RSV
LE CHARISME RSV
Par désir de fidélité, nous cherchons à mieux identifier le charisme de notre fondateur et celui
de notre Institut. Car notre Institut a un charisme hérité du Fondateur. Mais il est charisme
dans la mesure où chacun de nous vit l’Évangile selon la forme de vie approuvée par l’autorité
de l’Église et adaptée aux circonstances actuelles.
Lors de notre Chapitre général en mai 2002, après avoir voté les priorités apostoliques, le Père
Michel Dortel-Claudot partageait informellement les idées suivantes : votre charisme
correspond bien aux besoins de l’Église ; il sera bon de l’approfondir en l’éclairant, le
précisant ; il pourra devenir de plus en plus le moteur de votre unité.
Dans Vita Consecrata, Jean-Paul II fait une application aux Instituts de vie consacrée : « Les
multiples charismes des divers Instituts sont donnés par l’Esprit Saint en vue du Corps
mystique tout entier, à l’édification duquel ils doivent servir. » (VC 47 A) De là découle trois
éléments fondamentaux du charisme : 1) un don de l’Esprit, 2) fait à l’Eglise, 3) en vue de son
édification.
Dans « Mutuae Relationes, 1978, 11 B », il est dit : « Le charisme des fondateurs se révèle
comme une expérience de l’Esprit, transmise à leurs disciples, pour être vécue par ceux-ci,
gardée, approfondie, développée constamment en harmonie avec le Corps du Christ en
croissance perpétuelle. »
L’Esprit prodigue « de nouveaux charismes à des hommes et à des femmes de notre temps,
(Père Le Prevost est de ceux là), pour qu’ils fassent naître des institutions répondant aux
défis d’aujourd’hui. » (V.C. 62 A)
Le Père Laurent Boisvert ajoute : « Rien d’ailleurs ne s’oppose à ce que l’Esprit se saisisse de
plusieurs personnes à la fois pour en faire des cofondateurs. » Et ce charisme du fondateur est
transmissible contrairement à celui de fondateur. Dans ce sens que l’Esprit, dans une personne,
doit être partagée par les disciples, s’ils veulent être en harmonie avec le projet qui exprime
cette valeur.
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Conseil général et Supérieurs majeurs – juin 2004
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LE CHARISME RSV
PREAMBULE
DIEU EST AMOUR
(1 Jn 4, 8)
« Notre Dieu est le Dieu de la charité. » (L 5, 785)
confiance, bienveillance, bonté, douceur, zèle, amabilité, conciliation, paix.
« En tout et par-dessus tout la charité est notre règle et notre suprême loi. » (L 9, 378-1)
« L’esprit de piété ou de vie intérieure, l’esprit de famille ou de communauté, l’esprit de zèle
et de dévouement. » (L 2, 345)
« Ce principe de la charité restera essentiel parmi nous, car en tout et par-dessus tout la
charité est notre règle et suprême loi. » (L 9, 378-1)
Les RSV seront « des hommes de la vraie charité. » (L 9, 517-1)
« Aimons Dieu, mes frères, que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos
visages. » ( St V de P)
Quatre mois avant sa mort, le Vénérable Le Prevost écrivait :
« La chaleur du cœur attire comme celle du dedans en hiver ; chacun veut se chauffer là où
l’on sait que le feu pétille et brille, et ce feu de l’âme, comment l’éteindre ? N’est-ce pas
Dieu qui l’allume ? Loin de là, il faut le prier de l’entretenir et de l’accroître, de l’épurer, de
le transformer en vraie et douce charité. » (L 8, 1792)
« Il me serait doux, ayant commencé parmi les pauvres, de finir aussi au milieu d’eux. »
(L 8, 1703)
Notre vie, c’est la charité.
C’est la charité qui suscite tout autour de nous ;
c’est elle qui réveille les âmes,
les pousse et les rallie,
c’est elle aussi qui nous emporte
et nous enveloppe dans son action ;
la charité ne faillit pas
et ne reste pas en chemin,
une fois allumée,
il faut qu’elle s’étende, brille
et porte au loin sa chaleur.
Tout aussi lui sert d’aliment.
N’ayons donc pas peur, chers amis,
ne regardons pas trop à notre indignité
qui nous arrête souvent
et nous rend timides ;
la charité, comme la flamme, consume et purifie ;
par elle, nous serons pénétrés, vivifiés,
par elle, nous serons transfigurés.
Oh ! que cette pensée nous anime et nous console.
C’est la charité qui nous pousse et nous presse,
nous sommes mus par elle ;
par elle, si ardente, si puissante ;
par elle, force, volonté,
amour, amour infini, amour de Dieu !
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1e Partie
Charisme du Fondateur
Notre Vie c’est la charité ! lisons-nous aux premières pages de nos Constitutions. Là est
vraiment le cœur du Père Le Prevost. Que dans cette réflexion sur le charisme, l’Esprit Saint
ouvre nos yeux à ce que nous devons voir pour bâtir une unité plus grande entre nous !
Le préambule de nos Constitutions commence ainsi : « La Congrégation des Religieux de SaintVincent-de-Paul a été fondée en 1845 par Jean-Léon Le Prevost, avec l’aide de Clément
MYONNET et Maurice MAIGNEN, pour soulager les misères des ouvriers et des pauvres et
les ramener à la foi par la charité. » Le Père Fondateur présente nos origines en disant d’eux :
« qu’un vif attrait pour les œuvres de zèle et de miséricorde les avaient rapprochés, et qu’une
même pensée les avait frappés simultanément, savoir : que ces formes diverses empruntées de
nos jours par la charité pour attirer les âmes (institutions populaires, patronages, cercles,
conférences, réunions pieuses, etc.) semblent bien selon les vues de la divine sagesse, mais que
manquant généralement d’agents libres et dégagés pour les soutenir, elles languiraient bientôt
impuissantes, si Dieu ne suscitait des âmes dégagées de tout lien terrestre qui s’appliquassent
uniquement à les développer et à les affermir… » Il ajoute : « Notre vocation n’est pas autre
que n’a été depuis l’avènement du Sauveur celle de toutes les âmes dévouées qui ont voulu
marcher après Lui. Elles ont tendu à recueillir en elles son divin esprit, à le répandre autour
d’elles et à continuer sa mission sur la terre. Ces deux choses composent donc toute notre
tâche : Former Jésus-Christ en nous, le montrer aux autres dans nos œuvres. »
La venue de deux vocations, l’autorisation à établir une chapelle au sein de la communauté
locale de Grenelle, et la venue providentielle du premier prêtre, le Père Mathieu-Henri Planchat,
voilà ce qui a permis à Monsieur Le Prevost de dire : « nos premiers frères se crurent sûrs de
l’avenir. »
ELEMENTS CONSTITUTIFS DE SON CHARISME
1. La première œuvre et l’essentielle affaire chez nous, c’est d’aimer Dieu.
2. Cet amour doit faire de nous les hommes de l’absolu, du vrai et pur amour.
3. Nous avons trois grands points à sauvegarder :
L’esprit de piété ou de vie intérieure,
L’esprit de famille ou de communauté,
L’esprit de zèle et de dévouement ;
Il faut les concilier et les maintenir par la régularité.
4. Notre esprit tient en un seul mot : la charité.
5. La convenance manifeste d’une part, les circonstances de notre origine de l’autre, nous ont
placé comme naturellement sous la protection de saint Vincent de Paul, parfait modèle de la
vie intérieure et de la vie active. Une étude habituelle de ses œuvres de miséricorde, la
méditation surtout de ses vertus, de son parfait renoncement, de son ardent amour pour
Dieu, de son zèle pour les pauvres nous rendront participants de son esprit.
6. Vincent de Paul préférait « dénouer plutôt que briser. » Le Prevost de commenter : cela
veut dire : «éviter toute contestation, cédant dans les choses indifférentes, soutenant avec
calme et douceur les choses essentielles. » (L 3, 418)
7. Les frères n’auront à cette fin à exercer dans l’association de Saint-Vincent-de-Paul aucune
autorité, ni direction quelconque : ils seront les plus humbles et les derniers de ses
membres ; ils seront les agents et les gardiens de ses œuvres ; ils accepteront pour eux ce
que les autres ne pourront faire, s’attachant à se laisser oublier, rapportant tout honneur à
leurs confrères, et s’efforçant par leur zèle toujours bienveillant et doux de répandre de plus
en plus dans les œuvres l’esprit de saint Vincent, comme à faire aimer aux pauvres le Dieu
qu’il annonçait parmi eux.
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8. Les Frères ministres de la charité, les prêtres ministres ordonnés, dans la plus cordiale
coopération se prêtent à l’envi un appui réciproque, les uns préparant et soutenant les
œuvres, les autres y donnant la force spirituelle et la consommation.
9. Tous doivent concourir constamment à maintenir et à fortifier l’union des deux éléments
dans un apostolat commun.
10. Les Frères laïques sont l’instrument providentiel dont Dieu s’est servi pour faire naître la
Congrégation. C’est sur leur fidélité et leur zèle à correspondre à la grâce de leur vocation
que repose en grande partie l’avenir de l’Institut.
11. Les Pères poursuivent sur terre, avec la simplicité tant recommandée par saint Vincent de
Paul, l’œuvre du Christ. Dans son ensemble, leur condition accorde peu à la nature ; une
vie cachée, pauvre et laborieuse, voilà la part de chaque jour. Au-dehors, des ministères
humbles, l’apostolat des enfants ou des jeunes gens, des ouvriers ou des pauvres, telle est le
plus souvent leur mission de règle.
12. L’union des cœurs est parmi nous la compensation des travaux et des sacrifices.
13. La charité est notre règle et notre suprême loi.
14. Tous sont dévoués par le cœur, sans restriction volontaire.
15. Dans notre famille nous trouverons cette communauté de vie, de prières et d’apostolat, cette
simplicité et cette joie communicative qui unissent les esprits et les cœurs.
16. Chacun veillera à développer au maximum l’esprit de famille.
17. Il faut faire les deux choses ensemble : prier et agir.
18. Consacré à l’évangélisation des gens du peuple nous vivons comme eux dans la simplicité
et leur témoignons, avec bienveillance et respect, un dévouement sans réserve.
19. Les Frères de Saint-Vincent-de-Paul ne s’arrêtent exclusivement à aucune des formes de la
charité, laissant à la Providence le soin de les employer à son gré, selon les besoins du
temps.
20. Les efforts de ce petit nombre d’hommes sont multipliés dans la pratique des Œuvres par un
procédé qui caractérise l’esprit de l’Institut, et qui consiste à faire agir partout autour de
nous un certain nombre d’hommes de la classe dirigeante, qui s’instruisent et se sanctifient
en collaborant avec des religieux.
On peut évaluer à 300 environ le nombre de ces auxiliaires.
21. Ne jamais désespérer de notre temps, ni de nos frères, ni de nous-mêmes. N’oublions pas
qu’il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant, comme le
Christ les aime.
22. Dans toutes nos œuvres nous tendons au bien des âmes, notre unique fin est de les amener à
Dieu.
23. Comme il est juste et miséricordieux tout ensemble de se porter de préférence vers les plus
petits et les plus faibles !
24. Nos œuvres doivent tendre à un bien spirituel. Nous devons donc tourner particulièrement
nos efforts de ce côté et voir si nos moyens sont bien calculés pour atteindre cette fin…
Nous avons besoin d’y revenir de temps en temps par la pensée pour demeurer fermes dans
notre chemin.
25. Le premier sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Salette à Paris est l’œuvre du Père Le
Prevost. À cette occasion, il fait remarquer que ses religieux ont été choisis pour diffuser
cet appel à la conversion : « Faites-le passer à tout mon peuple », parce qu’ils étaient petits
et ignorés comme Maximin et Mélanie. Le Père Le Prevost sera jusqu’à la fin de sa vie, le
« prêtre Notre-Dame de la Salette. »
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2e Partie
Charisme de l’Institut
On ne peut parler de notre charisme sans regarder avec émerveillement là où chacun des
membres de notre famille religieuse s’enracine. Zundel a un texte magnifique : « Dieu est
notre racine commune. C’est en Dieu que notre vie a son origine et son berceau. C’est dans
le cœur de Dieu qu’elle jaillit à chaque instant. C’est en Dieu que nous atteignons à notre
véritable identité et c’est par là que nous pouvons réellement nous rencontrer les uns les
autres, nous aimer en échangeant Dieu, nous aimer en respirant sa Présence, nous aimer en
nous communiquant les uns aux autres ce bien infini qui est le Dieu vivant. »
N’oublions pas que le charisme du fondateur « se révèle comme une ‘expérience de l’Esprit’,
transmise aux disciples, pour être vécue par ceux-ci, gardée, approfondie, développée
constamment en harmonie avec le Corps du Christ en croissance perpétuelle. » (MR 11B)
Il faut rester fidèle à ce charisme du fondateur pour qu’il conserve sa vitalité, son actualité et
son authenticité. Notre Institut a le devoir de s’insérer dans l’Eglise avec ses activités vitales
non pas de manière vague, ambiguë et non définie, mais conformément à son identité qui est le
caractère propre que lui a transmis Jean-Léon Le Prevost.
Le charisme d’un Institut ne se réduit pas à être une simple répétition du passé et que cela vaut
particulièrement pour les activités apostoliques. Telle ou telle activité « était tellement liée à
une époque, qu’on ne pouvait plus la considérer comme partie intégrante du charisme de la
Congrégation, et qu’il fallait maintenant voir les choses autrement. » (P. Dortel-Claudot) « Il est
clair que les membres d’un Institut, par la médiation surtout de leur chapitre général ou
provincial, peuvent restreindre l’éventail des tâches permises par le charisme, ou encore fixer la
manière dont ils entendent les réaliser. S’ils ont à conserver autant que possible et à poursuivre
fidèlement les œuvres de l’Institut, ils doivent les adapter aux nécessités des temps et des lieux,
abandonner celles « qui ne correspondent plus à l’esprit des Instituts et à la mentalité vraie
d’aujourd’hui. » (PC 20 A) (Laurent Boisvert)
En quoi consiste exactement le charisme spécifique ou propre d’un Institut ? Il s’agit de
l’ensemble des composantes du projet de vie de l’Institut, unifiées selon une cohérence
spéciale, avec des accents particuliers. Pour illustrer cette cohérence, le Père Boisvert donne
l’exemple de 12 bouquets de fleurs, fabriqués par 12 personnes à qui on a remis un même
matériau. Le résultat, ce sont 12 bouquets différents, composés pourtant à partir d’éléments
identiques.
C’est sans aucun doute à partir des écrits du Père Le Prevost que notre charisme peut être
précisé. Ils sont le lieu où Dieu dévoile ses intentions sur l’Institut. Le projet institutionnel est
d’abord écrit dans la vie de cette personne.
Comment parler du charisme de notre Institut, donné par l’Esprit à l’Eglise, sans écouter Dieu
parler au fond de notre cœur. Autrement, nous nous égarerons et risquons de perdre notre
temps.
Pour aider à préciser le charisme d’un Institut, le Père Michel Dortel-Claudot adresse une
double interrogation : « D’après vous, quels gestes concrets du Christ, quelles attitudes face à
son Père, face aux hommes, sommes-nous invités à reproduire de préférence en raison de notre
charisme ? Faites cette recherche, Evangile en main, en essayant de ressaisir le charisme de
votre Congrégation, en référence à tel passage précis de l’Evangile, telle parole du Seigneur,
telle scène, tel mystère de la vie du Christ. »
Et il ajoute : « Bien sûr, il ne s’agit pas de réfléchir à une telle question d’une façon cérébrale ;
il s’agit de voir vers quels gestes du Christ, vers quels mystères de sa vie, notre instinct
spirituel nous conduit naturellement. Et si l’on peut constater que la majorité des membres
d’une Assemblée de Congrégation ont vibré aux mêmes scènes, se sont précipités sur les
mêmes passages, parce qu’ils s’y sont reconnus, on peut dire qu’on a trouvé une voie
d’approche sûre pour reprendre conscience de ce qui est le charisme de la Congrégation. Si ce
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visage de Jésus m’a séduit, c’est en effet à cause de ce que l’Esprit a mis en moi. L’expérience
démontre que, lorsque ce type de question est posé dans un certain climat spirituel, au terme
d’une sérieuse préparation, cela peut porter des fruits, en ce sens qu’on peut en tirer des
conclusions intéressantes pour une définition du charisme. »
D’après Perfectae caritatis, la rénovation des Instituts suppose le retour aux sources de la vie
chrétienne, à l’esprit originel des fondateurs, et l’adaptation aux conditions nouvelles des
temps. (PC2) Le Père Boisvert commente ainsi : « Dans le respect de leur propre charisme, et
pour qu’il connaisse de nouvelles incarnations, les membres d’un Institut sont appelés à lire les
signes des temps, à discerner dans la culture ambiante les valeurs à développer et les limites à
repousser... Seul un Institut en lien profond avec la culture du milieu peut actualiser son
charisme fondateur de façon signifiante. »
VIE SPIRITUELLE
En 1851, quatre orphelins font leur première communion dans la chapelle, rue de l’Arbalète.
Dans le journal de la communauté, M. Le Prevost dévoile ses sentiments. « C’est avec des
larmes de joie que nous avons offert au Seigneur ces prémices de notre petite œuvre.
Puissions-nous, avec le temps, lui préparer aussi beaucoup de jeunes cœurs instruits de sa
religion sainte et remplis de son amour. Ce doit être le but de tous nos efforts, comme ce sera
le couronnement de nos travaux. »
Souvent le Père Le Prevost expose sa pensée. Il ne s’agit pas de plaire aux hommes ou de
rechercher ce qui plaît aux yeux, mais travaillant « pour Dieu, nous voulons uniquement Lui
gagner des âmes, nous devons donc faire des œuvres sérieuses qui aillent au fond des
choses. » (L I, 814)
« Faisons moins, mais travaillons selon Dieu et avec Lui ! Là est le secret de notre avenir, si
nous la comprenons, nous vivrons. » (L II, 360)
« C’est toujours pour moi un regret de voir notre action s’éloigner du moral et du spirituel
pour s’absorber dans des détails matériels ; nous ne devons prendre de ces derniers que la
part indispensable au succès de l’œuvre spirituelle. » (L II, 834)
« Nos œuvres sont de futiles jeux d’enfants sans proportion avec leur fin, si la prière ne les
seconde et n’agrandit leur action. Notre seule force est là. » (L I, 328) « La prière est notre
vie et le souffle qui anime nos œuvres » (L I, 718) Deux siècles plus tôt, Vincent de Paul avait
dit la même chose : sans la vie intérieure « on ne produit que du bruit et des fanfares et peu de
fruit. »
« Nous avons l’esprit de Jésus-Christ, si nous avons sa charité, sa mansuétude, sa patience,
son esprit de mortification, de détachement, de sacrifice, de zèle et de dévouement »…
« L’imitation de ses vertus nous revêt de Jésus, le forme, pour ainsi dire en nous. » (S 794)
Le Prevost répétait que le Christ au tabernacle est le cœur de la communauté. Le no 99 de nos
Constitutions est capital : « C’est l’Esprit Saint qui répand en nos cœurs la charité de Dieu et
nous unit dans le Christ. »
Monsieur Le Prevost manifestait volontiers « son admiration pour l’amour des mères. » (L8,
1655) Rosalie Duchatard l’a certainement aidé à découvrir la richesse du mystère de Marie. La
Vierge Marie : la mère dans la famille, n’est-ce pas la dimension mariale de notre Institut? Il
l’exprime tendrement au frère Guillot : « Cherchez souvent au-dedans de vous ce que le
Seigneur vous dit et, selon la parole de la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère, faites tout ce
qu’il vous dira », et il poursuit : « si vous avez pour elle un esprit tout filial, vous sentirez son
amour maternel veiller à tout pour vous et vous entourer d’amour et de tendres sollicitudes. »
(L 3, 414)
L’apparition de la Vierge, le 19 septembre 1846, se rattachait aux origines de notre Institut. Le
message confié aux petits bergers de la Salette s’adressait au peuple des humbles, des ouvriers,
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et des travailleurs, ceux que Marie appelle « mon peuple. » Le Père Le Prevost a médité le
mystère et le message de Marie, son rôle de médiatrice. À la suite de « la bonne, la tendre et
miséricordieuse Mère » (L 6, 1012), le Fondateur invite ses enfants à la réconciliation avec Dieu
et entre eux.
VIE FRATERNELLE
« Les Frères de SVP sont constitués en vie commune afin d’opérer plus sûrement leur
sanctification par la pratique de la vie intérieure et de travailler au salut du prochain dans
les œuvres de zèle et de miséricorde. » (Règ prov.)
« La vie fraternelle nous conduira à un amour sans partage pour le Christ et à une
disponibilité plus grande aux appels de l’Eglise. » (Const. no 90)
« C’est une joie partagée ; c’est un bien de se retrouver ensemble, de prier en commun, de se
concerter pour la pratique des œuvres ; nous ne saurions marcher dans un même esprit sans
ces heureuses rencontres, prions Dieu de les favoriser toujours et de les rendre constamment
utiles et consolantes. » (L 5, 967)
« Notre Maison ne s’appelle pas en Communauté, c’est-à-dire qu’elle est la Maison de tous
nos frères, qu’ils y ont de droit leur place au foyer et qu’ils y sont toujours accueillis avec
bonheur. » (L 4, 63)
« Il faut commencer par prier, ensuite examiner les choses devant Dieu, enfin concerter
ensemble ce qui semblera de mieux à faire. » (L 2, 345)
« Nous devons tendre à mettre toujours nos travaux, nos sentiments, notre vie en commun
afin que le lien de la vraie charité ne se relâche pas entre nous. » (L 3,456)
La communauté qui répond aux vœux du Père Le Prevost est celle qui favorise : « le plein air
de la confiance et de l’affection réciproques » et aussi l’épanouissement de tous les cœurs,
c’est celle qui ne recherche que la gloire du Seigneur et le salut des frères. » (Un homme tout
charité p. 225)
VIE APOSTOLIQUE
Notre fondateur écrit : « les présentes Constitutions reposent donc sur cette double pensée :
Former Jésus-Christ en nous et attirer le monde à lui par nos Œuvres. » En termes
d’aujourd’hui, nous dirions : le but que nous devons chercher est l’évangélisation et la
formation chrétienne des bénéficiaires de nos œuvres qui sont des œuvres apostoliques et
charitables.
En 1869 au règlement provisoire de 1847 il est ajouté ceci : « Les frères de St-Vincent-de-Paul
s’adonneront ardemment au salut de toutes les âmes, prix du sang de Jésus-Christ ; leur zèle
et leurs prières les embraseront toutes ; mais leurs œuvres et leurs travaux seront consacrés
aux petits et aux pauvres ; ils croient que telle est la mission que le Seigneur leur a
donnée. »
En rédigeant les Constitutions en 1869, il n’est pas étonnant que le fondateur énumère une
panoplie d’œuvres. Elle montre à l’évidence que notre mission est large, elle s’adresse à toute
la famille des milieux populaires. Le but semble évident, il s’agit de leur faire connaître et
aimer le Christ.
« Dans ces oeuvres (…), nous avons constamment en vue une fin spirituelle, nous prêtant
volontiers au temporel pour le soin des pauvres avec empressement et joie, mais nous
donnant seulement à ce qui tend et ramène à l’esprit. » (L règ prov)
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« Nous avons embrassé tous les âges, depuis l’enfant jusqu’au vieillard, nous suivons le
pauvre et l’ouvrier dans son éducation, dans son travail, dans ses nécessités spirituelles et
temporelles et jusqu’en ses délassements… » (L 1484)
Dans les chroniques des Frères de SVP, on peut lire ce qu’a souvent cité le Père Doury : « La
maison d’œuvre, telle que conçue par le fondateur, comporte un patronage et une SainteFamille, entourés d’autres œuvres selon les besoins du milieu, tels la bibliothèque populaire,
le vestiaire des pauvres, les catéchismes, etc. ; elle est tout à la fois « la maison du peuple »,
« une mission permanente » et « un puissant instrument pour l’évangélisation des hommes. »
« Nous n’avons pas à désespérer de notre temps, de notre pays, de nos frères. » (L 177)
« Nous n’avons pas à travailler seuls, avec nos forces, avec nos mains », « l’impatience, les
désirs trop empressés » gâtent l’œuvre de Dieu, tandis que « l’humble prière de chaque jour,
le travail sagement soutenu, l’attente patiente et tendrement confiante » produisent des fruits
de grâce. (L 163)
« Il faut gagner les cœurs par la charité. » (L 355)
Jean-Léon Le Prevost a réalisé une communauté religieuse originale, composée de frères et de
pères vivant et travaillant ensemble. Comme l’écrit le Père G.-A. Boissinot, il a bien vu
comment maintenir l’harmonie, au sein de son Institut, entre religieux-frères et religieux
prêtres : « L’unique secret de cette heureuse conciliation, c’est la charité ; par elle, les
choses s’ordonnent et se classent sans choc et sans embarras, et l’on s’étonne journellement
de ne pas trouver l’ombre d’une difficulté où l’on craignait d’en rencontrer à chaque pas. »
(L 2, 355)
Notre Fondateur avait la « mystique » de la concertation, il la tenait comme une exigence et un
fruit de la charité : « Plus nos efforts seront concertés, plus notre action sera commune, plus
aussi nous ferons de bien et serons bénis de Dieu » (L 5, 811). « Il nous semble… qu’en
concertant bien nos moyens nous pourrons travailler un peu utilement au champ du Père
céleste. » (L 3, 409)
« Mettons-nous hors de cause dans nos œuvres, faisons les choses de Dieu et non celles de
notre esprit propre et de notre vanité. Quand on suit les choses avec contention et ténacité,
on se figure aisément qu’on défend une cause sainte et qu’on garde la position que Dieu luimême a donnée ; c’est presque toujours une grande illusion. Beaucoup concéder, beaucoup
accorder à l’indulgence et à la charité, c’est l’esprit de Jésus-Christ et c’est aussi l’esprit de
son Eglise. Aimons donc et cherchons uniquement Dieu en tout, aimons-le assez pour
chercher sa gloire dans les autres et dans leurs œuvres comme en nous-mêmes et dans nos
propres travaux. » (L 3, 434)
« Nous sommes les représentants des pauvres et leurs chargés d’affaires. Gérer leurs
intérêts, défendre leur droits, c’est là notre mission. » (Montrond p 166)
« La charité, intelligente autant que généreuse, tend à l’indigent une main secourable,
l’appuie, partage son fardeau, mais loin de favoriser, comme il n’est que trop ordinaire,
l’incurie et la nonchalance, elle réveille au contraire en lui l’énergie propre, le sentiment de
l’ordre, et, par un enchaînement nécessaire, les penchants honnêtes, l’amour de tous ses
devoirs. » (règlement de la caisse d’économie 1846)
« unir ensemble les associés et d’en faire vraiment une famille de frères », de « les unir entre
eux par les liens de la charité, afin d’adoucir leur peine et de diminuer leur faiblesse. »
(L 2, 19)
« Je pense que plus les œuvres font participer d’hommes dévoués au bien, plus elles sont
agréables aux yeux de Dieu ; en s’isolant, on va mieux à la fantaisie, sans doute, mais on est
assurément bien moins dans la charité. Je tâche de mon mieux de rester aussi dans cette
voie. » (L 5, 742)
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