Contribution PRSE Problématique du jardinage amateur

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Contribution PRSE Problématique du jardinage amateur
Contribution PRSE
Problématique du jardinage amateur
I. Le problème posé
Dans le cadre de leurs pratiques de jardinage, les particuliers utilisent des pesticides et des engrais chimiques.
Un pesticide est un poison destiné à tuer les organismes dit nuisibles (herbes indésirables, ravageurs,
maladies...).
Utilisés au potager mais également sur tous les espaces du jardin (pelouse, cours...) notamment sur des
surfaces imperméables, les pesticides vont ruisseler vers des sources d'eau, s'infiltrer dans le sol ou s'évaporer
dans l'air, atteindre des organismes non cibles (abeilles, coccinelles...), ou tout simplement rester sur place
dans des espaces de vie des habitants ou de la faune du jardin.
Les engrais chimiques sont souvent plus solubles et donc plus lessivables que les engrais organiques,
contribuant à l'eutrophisation.
Conséquence sur les milieux et la faune sauvage
Aujourd’hui, les mesures réalisées dans l’eau (réseau Corpep) ou dans l’air (Air Breizh) montrent une
contamination permanente de ces milieux tout au long de l’année.
Les agriculteurs, qui sont les principaux utilisateurs ne sont pas les seuls responsables. En effet, certains
pesticides, comme des désherbants totaux et sélectifs pelouse, sont retrouvés à des dates où les agriculteurs
ne les utilisent pas (en juillet par exemple). Ces contaminations sont donc dues aux acteurs non agricoles
(particuliers et collectivités)
Les sols sont également contaminés par ces produits mais peu de données existantes à ce jour.
La faune sauvage n’est pas épargnée : mort directe, mais aussi baisse de la fertilité et des défenses
immunitaires, réduction des stocks alimentaires, ingestion d’animaux contaminés…
Conséquence sur la santé
A court terme : contamination par contact direct (peau muqueuse), par inhalation, par ingestion peuvent
provoquer des symptômes principalement cutanés (brûlures, eczémas), digestifs (vomissements), oculaires,
neuromusculaires, Orl respiratoires et céphaliques (migraines).
Risque connu
A long terme : - Cancers (lymphomes et cancers de l’enfant (tumeurs cérébrales, leucémies, néphroblastomes)
- Troubles de la reproduction ; malformations congénitales, retards de croissance, mortalité
fœtale, infertilité masculine et féminine.
- Troubles neurologique : maladie de Parkinson
Risques émergeant – aucun rapport n’est catégorique à 100% car il faudrait avoir 30 ou 40 ans de recul…
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Pourquoi les particuliers utilisent-ils ces produits ? :
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Les jardiniers amateurs n’ont pas de formation sur l’entretien du jardin. Par contre, les publicités pour
les pesticides sont très présentes à la télévision et dans les journaux. Ces messages font croire au
jardinier amateur qu’il ne peut pas se passer de pesticides pour avoir un beau jardin. Même si les
publicités venaient à disparaître (discussions dans le cadre de la loi Grenelle II), il y aura toujours le
marketing agressif des firmes pour orienter les particuliers vers de mauvaises pratiques : « 50% offert »
« 7€ remboursés »…
-
Certains pesticides sont utilisés de manière involontaire. Des produits type engrais pelouse contiennent
également un désherbant sélectif et un anti-mousse (pesticides).
Origine du risque :
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Ce sont des produits par nature dangereux ; ils sont fait pour tuer.
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La réglementation ne prend pas en compte les effets de cumul des molécules et de synergies.
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Les particuliers sont incités à les utiliser constamment (quelque soit le problème au jardin, quitte à créer
des problèmes supplémentaires).
-
Information sur les risques et sur les alternatives quasi inexistantes en magasin, écrite en tout petit sur
les étiquettes par rapports aux visuels.
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Surdosage/mauvais dosage pour « plus d’efficacité ».
-
Peu de précautions et de protection à l’emploi.
Les populations touchées
Toutes les personnes ayant un jardin et utilisant ces produits sont touchés.
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L’applicateur : le jardinier qui applique les produits
-
Tout usager du jardin
-
Les enfants sont particulièrement exposés (jouant dans l’herbe traitée ou mangeant un fruit traité par
exemple).
Évolutions
Aujourd’hui, avec le travail mené par les associations et collectivités depuis 10 ans, de plus en plus de jardiniers
jardinent « au naturel » c'est-à-dire sans pesticides ni engrais chimique.
Néanmoins, les chiffres de vente des pesticides pour les particuliers ne baissent pas (évolution nationale de
0,3% des ventes des pesticides à usage amateur en volume entre 2005 et 2008 – source GFK) – pas de
données régionales.
Le jeu concours organisé au printemps 2009 dans les jardineries signataires de la charte « Jardiner au naturel,
ça coule de source ! », a montré que 41% des personnes ayant joué ne connaissaient pas les bases du
jardinage au naturel. Pourtant, les questions posées (qui nous paraissaient facile) trouvaient leur réponse dans
les jardifiches disponibles à côtés des bulletins de jeu. Des efforts sont encore à fournir sur l’information du
public.
La perception des risques par les populations
De plus en plus de jardiniers amateurs souhaitent jardiner en respectant l’environnement mais ne savent pas
toujours comment faire. Élément révélateur : les firmes de produits phytosanitaires créent de plus en plus de
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gamme dite « bio ».
Néanmoins, certains jardiniers pensent toujours que la petite dose qu’ils utilisent (par rapport aux agriculteurs),
n’aura aucun impact sur l’environnement.
De la même manière, une certaine part de la population pense souvent que les produits dangereux ne sont pas
en vente libre (« si ces produits étaient si dangereux ils ne seraient pas autorisés »).
L’importance de ces risques en Bretagne
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Risque pour la qualité de l’eau potable : l’eau est puisée à 80% dans les eaux de surface.
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Effet de cumul dans l’air et dans l’eau avec les pesticides dus à l’agriculture.
II. Les dispositifs de prévention existants
Action engagées pour réduire l’utilisation des pesticides à usage amateur
Réglementation :
Arrêtés préfectoraux de février 2008 qui interdit l’utilisation de pesticides à 1 mètre des fossés et dans les
caniveaux, bouches d’égout et avaloirs.
Action de sensibilisation du public :
Des actions sont engagées par les associations de consommateurs, d’environnement et de jardinage en
partenariat avec les pouvoirs publics depuis plus de 10 ans dans le cadre du Programme « Eau et Pesticides,
effets sur la santé et l’environnement », coordonné par la Mce, pour alerter le grand public sur les dangers des
pesticides et former aux techniques de jardinage au naturel, c'est-à-dire sans pesticides ni engrais chimique.
Entre autre :
Livrets, expositions et diaporamas : pesticides, danger !, comment jardiner sans pesticides, ces petits
animaux qui aident le jardinier, mauvaises herbes on vous aime…
Opération « Bienvenue dans mon jardin » : des jardiniers amateurs jardinant « au naturel » ouvrent pour
le temps d’un week-end les portes de leurs jardins afin d’échanger avec le public sur les pratiques. Ce
réseau de jardiniers est formé continuellement afin de faire le relais local de ces pratiques.
Charte « Jardiner au naturel, ça coule de source ! » : travail avec les jardineries afin de former les
vendeurs aux techniques de jardinage au naturel. Cette charte les engage à conseiller leur client vers
des méthodes alternatives et à mettre en avant ses produits et matériels en magasins.
Des actions de sensibilisation sont organisées régulièrement dans les différents territoires bretons : animation,
salon, conférence, démonstration de matériel, article dans les bulletins communaux… notamment via les
syndicats de bassins versant et les associations locales.
Les plans dans lesquels sont inscrites les actions
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PRSE - Drass
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Grand Projet 5 (GP5) du contrat de projets état-région (CPER) - Conseil régional, Conseils généraux,
Etat
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Plan régional de prévention des déchets (dans le cadre de la réduction des déchets verts) - Ademe
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Forces et faiblesses
Forces :
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Programme régional, avec des expérimentations locales
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Union des partenaires (associations, collectivités, institutionnels)
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Transversalité des thématiques (eau, sol, air, santé, déchets, biodiversité)
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Fort réseau associatif constitué en Bretagne dans une dynamique collective
-
Lien fort avec le terrain
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Action complémentaire entre l’offre et la demande
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Action sur la réglementation (agrément 1992 sur les conditions de vente, interdiction de la publicité,
arrêté fossé…)
Faiblesses :
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Turn over des vendeurs de magasins (formé dans le cadre de la charte jardinerie).
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Faible formation des vendeurs (voir dernière enquête de Que Choisir – octobre 2009 + enquête
Mce/Eau et Rivières de Bretagne 2007).
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Vendeurs de pesticides intéressés à la vente de leur propre rayon (et non à celle des alternatives).
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Faible connaissance de jardinage chez les nouvelles générations et réticence chez les plus anciens à
changer de pratique.
-
Difficultés pour toucher le public non initié.
III. Les préconisations
Les actions menées par les différentes structures doivent se poursuivre et s’amplifier.
La mise en place d’un nouveau programme « Eau et Pesticides » (le 6e programme se termine fin 2009) pourra
notamment y contribuer.
Actions envisagées :
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Poursuivre l’opération « Bienvenue dans mon jardin », agrandir le réseau de jardinier amateur sans
pesticides et organiser des journées d’échanges sur les territoires.
-
Poursuivre la formation des conseiller vendeurs sur les techniques alternatives par le biais de la charte
« Jardiner au naturel, ça coule de source ! » qui engagent les jardineries à mettre en avant les
alternatives en magasins et conseiller vers des solutions sans pesticides. Mettre cette charte en place
dans un maximum de territoire breton.
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Travailler avec les professionnels du jardin, les intervenants dans les jardins de particuliers (formation
sur les techniques alternatives, les risques, cahier des charges types…).
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Travailler sur l’acceptation des herbes spontanées.
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Poursuivre la production et la diffusion d’outils de sensibilisation (livrets, exposition, diaporama…).
Il est important également que les communes puissent atteindre le zéro pesticides (ou s’en approcher
fortement) pour le caractère exemplaire de la démarche.
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Conséquence à long terme si rien n’est fait
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Retour de l’utilisation des pesticides sous la pression des firmes qui dénigrent les alternatives à la
chimie
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Pollution de l’eau et problème de potabilisation
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Exposition accrue de la population
Contribution réalisée par :
Guénaelle LANEZ – Chargée de mission environnement
Maison de la consommation et de l’environnement – 02 99 30 35 50 – [email protected]
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