FEVRIER 2007 Numéro 3 Editorial Rubrique

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FEVRIER 2007 Numéro 3 Editorial Rubrique
FEVRIER 2007
Numéro 3
« Ecrire, c’est le moyen de parler sans être interrompu ».
Jules Renard
Editorial
2006, le bilan
Rubrique Internationale
Les pirates sont de retour
Rubrique Europe
Le troisième homme dans la
campagne présidentielle
française
Rubrique Belgique
Internationalisation des
entreprises belges
Un OVNI à Reyers, retour sur
un (petit) séisme
Carte Blanche
La « politique
étrangère » dans les études
internationales.
Responsabiliser la discipline
face à la complexité
Dossier
«Préserver les générations
futures du fléau de la guerre» :
le défi de l’Organisation des
Nations Unies depuis plusieurs
décennies
Editorial – 2006, le bilan
« Ce qui fut, cela sera ; ce qui s’est fait se refera ; et il n’y a rien de nouveau sous le
soleil
» 1.
Année du cochon pour les Chinois, que peut-il encore nous arriver en 2007 ? L’an
2006 a eu son lot de bonnes et de mauvaises surprises : synthèse de l’actualité nationale,
européenne et internationale.
En Belgique, 2006 n’a pas commencé sous les meilleurs auspices : la première
affaire marquante fut le meurtre de Joe par deux Polonais et cela pour un malheureux
lecteur MP3 – à même période, même affaire meurtrière, Bart est assassiné un an après
Joe. Suit le feu mis aux poudres par Olivier Chastel sur la mauvaise gestion de la ville de
Charleroi et toutes les révélations et découvertes qui s’ensuivront. Cascades de scandales au
sein du parti socialiste, Elio Di Rupo tentant d’y mettre bon ordre en déclarant ouverte la
chasse aux parvenus : Jean-Claude Van Cauwenberghe est poussé vers la sortie, Bernard
Anselme est rattrapé par la justice et Jacques Van Gompel, qui avait pourtant l’entier
soutien de son Président, est inculpé et arrêté. Entre les mailles de ces affaires se glissent les
élections communales et provinciales dans lesquelles chacun espère retrouver davantage de
sérénité et tourner la page sur les scandales politiques en tout genre de ce début d’année
2006. Rien de tout cela ! Que du contraire ! Place à présent au jeux des alliances entre partis
et des chaises musicales : c’est le cas à Dour où une candidate socialiste fait un pied de nez à
son parti pour se tourner vers le parti « Dour Renouveau » - avec une contrepartie
financière (?). Transferts, transfuges, ce sera aussi le cas à Binche ou à Schaerbeek ; le
citoyen ne sait définitivement plus à quel saint se vouer. Dernier fait marquant belge, la
mort annoncée de Volkswagen Forest avec plus de 3200 emplois supprimés sans oublier les
sous-traitants qui se comptent aussi en milliers d’emplois perdus. Cette dernière affaire
soulève la question de la marge de manœuvre de moins en moins importante du politique
face à la mondialisation. La suite de l’actualité en Belgique vous la connaissez, la Flandre a
pris son indépendance. Canular, désinformation, manipulation, la RTBF victime de son
opportunisme ? En tout cas, 89 pourcents des téléspectateurs sont tombés dans le piège le
temps d’un instant – je n’échappe pas à la règle. Etait-ce trop crédible pour être vrai ? A
part cela, Jean-François Revel et Oriana Fallaci nous ont quittés, il nous reste encore André
Glucksmann, Alain Minc et Alexandre Adler.
En Europe, l’Union s’agrandit : près de 30 millions de nouveaux résidents avec
l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie. Quand au Monténégro, il a proclamé, très
discrètement, son indépendance le 6 juin dernier. Mais le pays qui a fait la une de l’actualité
en cette année 2006 est sans doute la France : les manifestations anti-CPE (Contrat
Premier Embauche), on se serait presque cru en Mai 68 sans Daniel Cohn-Bendit. Sinon,
Nicolas Sarkozy se prépare à la Présidence de la France car sa principale rivale n’en finit
plus d’accumuler les bourdes et les « casseroles » : la vidéo parue sur le net lorsqu’elle
critique les enseignants, une photo avec un membre du Hezbollah au Liban, un voyage en
1
La Bible, extrait de l’Ecclésiaste.
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Chine « raté », un manque de communication avec le Premier Secrétaire du Parti Socialiste
– François Hollande, son compagnon – sur la question de l’impôt sur la fortune et, enfin,
une boutade douteuse sur l’indépendance de la Corse. Bref, Nicolas Sarkozy fait, petit à
petit, son nid à l’Elysée ; à quand son faux pas ? A part cela, la France n’est pas championne
du monde et Zidane a quitté son statut de Star pour redevenir simplement humain.
Sur la scène internationale, 2006 a été marqué par les questions de sécurité
internationale relatives au nucléaire militaire de l’Iran et de la Corée du Nord. Force est de
constater que l’ONU n’a plus la persuasion d’antan même si, concernant le nucléaire
iranien, un élément de réponse peut être trouvé davantage dans l’attitude des Etats-Unis
par rapport à Israël et à son potentiel nucléaire. Le déclencheur est sûrement les leçons
tirées de la deuxième guerre du Golfe (1991) : « ce qui a été retenu est que seule la maîtrise
d’une puissante arme de dissuasion met à l’abri d’un écrasement par la superpuissance »2.
En ce début d’année 2007, Georges W. Bush a présenté son « nouveau » plan pour l’Irak en
faisant très peu de cas des recommandations de Baker et Hamilton sur la situation
préoccupante en Irak. Finalement, Saddam Hussein vient d’être pendu, le monde en est-il
pour autant plus sûr ? L’Europe s’indigne, parlant de vengeance et d’irrégularité dans le
procès du dictateur. Il est dommage de constater que cette dernière ne s’indigne pas tant
lorsqu’elle signe un contrat lucratif avec la République de Chine qui comptabilise un nombre
d’exécutions judiciaires – autrement dit, la peine de mort – supérieur à celui de tous les
autres pays du monde réunis. A par cela, Anna Politovskaïa et Alexander Litvinenko ont été
assassinés et Augusto Pinochet est décédé sans avoir pu être jugé.
Finalement, l’année 2007 ne sera pas si différente que les années antérieures il y
aura toujours autant de victimes de la faim dans le monde, toujours un seuil de pauvreté
trop élevé en Belgique (14%), toujours autant de victimes en Irak et sûrement toujours aussi
peu de considération par les grandes puissances des changements climatiques que notre
planète subit. A part cela, Yves Leterme pourrait devenir le Premier Ministre de notre pays
et Nicolas Sarkozy, le Président de la République française. Quand à la Belgique, elle peut
d’ores et déjà se réjouir pour 2007 : elle vient d’être nommée comme membre non
permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU pour deux ans ; en espérant qu’elle ne prendra
pas le pli des « braves gens » dont parle Alexandre Adler qui « clament la paix, la paix à
tout prix en se joignant aux lâches, aux amis des brutes et aux antisémites ordinaires », ces
mêmes braves gens « qui peuvent, s’ils n’y prennent garde, assurer le triomphe des forces
du mal et de la régression ».
Grégory Piet
2e licence Sciences Politiques
2
Laïdi Z. (1993), L’ordre mondial relâché, Presses de la Fondation nationale des Sciences Politiques, p.119.
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Rubrique Internationale
navires dues à des pirates, on peut
Les pirates sont de retour
raisonnablement penser que les pertes
On croyait qu'ils appartenaient au
financières
(navires,
cargaisons,
passé, mais les pirates des mers ont
assurances) atteignent plusieurs milliards
effectué un retour remarqué depuis une
d'euros chaque année.
Les endroits les plus dangereux
dizaine d'années.
Les "Jack Sparrow" d'aujourd'hui
pour la navigation se situent aux abords de
ne se cantonnent plus à la Mer des
l'Indonésie (détroit de Malacca) ou des
Caraïbes et ne recherchent ni coffre
côtes somaliennes (détroits de Bab-el-
maudit, ni trésor enfoui sur une île perdue
Mandeb) mais de nombreuses attaques ont
(sauf au cinéma). Les pirates du 21e siècle
également lieu dans le Golfe de Guinée, à
appartiennent au crime organisé, sévissent
proximité du Nigéria, du Cameroun et plus
sur tous les océans du globe et leurs cibles
généralement tout le long de la côte nord-
sont
ouest africaine, ainsi qu'à proximité du
principalement
les
navires
de
continent sud-américain et du Canal de
commerce.
Quatre-vingt
pourcents
du
Panama.
commerce mondial empruntent les voies
La
technique
utilisée
par
ces
maritimes. Plus de quarante mille navires
nouveaux écumeurs des mers est simple.
et plus d'un million deux cent mille marins
Des commandos bien armés, utilisant des
sont
petites
concernés
par
le
transport
de
embarcations
très
rapides
marchandises. En 2005, ce sont près de
approchent d'un navire et ouvrent le feu
deux cents actes de piraterie dont cent
afin de l'obliger à ralentir et de pouvoir
trente en Asie et soixante autour du
monter à bord. Quand le cargo n'est pas
continent africain qui ont été déclarées aux
détourné vers le refuge des pirates, les
compagnies
d'assurances1
et encore ne
marchandises
s'agit-il sans doute que de la partie
d'autres
émergée
revendues
de
l'iceberg,
l'augmentation
sont
bateaux
sur
transbordées
pour
des
sur
ensuite
marchés
être
locaux,
exponentielle des primes d'assurances
générant ainsi des rentrées financières
incitant les armateurs à garder certains
extrêmement
incidents secrets.
l'équipage,
Bien
qu'il
soit
très
difficile
d'estimer le nombre exact d'attaques de
importantes.
il
est
le
plus
Quant
à
souvent
abandonné sur une île en cours de route
quand
il
n'est
pas
immédiatement
"éliminé".
1
Source : "Criminalité : État de la piraterie
maritime dans le monde", site consulté le 26
novembre 2006,
http://risquespays.blogs.com/risques_pays_/2005/1
2/risque_scuritai_2.html
Si la piraterie en soi est un
problème en raison des coûts financiers et
humains
qu'elle
implique,
les
liens
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potentiels entre piraterie et terrorisme ne
portée sur l'usine de traitement de déchets
cessent d'inquiéter les sphères politiques.
radioactifs de La Hague ?
Enfin, le risque existe qu'un cargo
Les revenus de la piraterie peuvent
parfaitement
financer
des
actions
aboutisse dans un port avec, à son bord,
terroristes, pensons par exemple aux
un
conteneur
transformé
en
arme
"Black Sea Tigers" Tamils du Sri Lanka,
nucléaire, chimique ou bactériologique.
mais un scénario bien plus catastrophique
Actuellement, la seule parade dont
est envisageable : la possibilité qu'un
disposent les armateurs pour défendre
groupe armé ne s'empare d'un pétrolier ou
leurs navires des attaques de pirates réside
d'un méthanier pour le saborder au milieu
en des mesures défensives passives telles
d'un détroit afin de paralyser l'économie
que l'installation d'une clôture électrifiée
ou le faire exploser à l'entrée d'un grand
sur le pourtour du navire ou l'utilisation
port commercial ou industriel est prise
d'un système émettant des sons (d'une
très au sérieux.
intensité
Imaginez un instant les dégâts
supérieure
à
150
décibels)
destinés à faire fuir les assaillants. Mais la
matériels, environnementaux et humains
tentation
que causerait l'explosion d'un supertanker
compagnies pétrolières qui disposent de
dans le port de Rotterdam ou dans celui
gardes armés sur leurs plates-formes et
d'Anvers !
d'engager des sociétés militaires privées
L'autre scénario possible serait
est
grande
d'imiter
les
pour protéger les navires.
l'arraisonnement d'un cargo par un groupe
Et dans ce cas, où s'arrêtera l'escalade ?
armé et son utilisation, depuis les eaux
L'utilisation
internationales, comme plate-forme lance-
toujours une réponse violente.
de
la
violence
engendre
missiles contre des infrastructures côtières
ou des installations pétrolières off-shore.
J-Didier ROSI
2e Licence Sciences Politiques HD
Que donnerait l'envoi d'un missile à courte
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Rubrique Europe
évènements de 2002, elle ne peut pas l’être
Le troisième homme dans la
ici.
présidentielle française
Depuis quelques semaines dans le
La France est aux prises à de fortes
paysage politique et médiatique français,
turbulences économiques et sociales qui
le débat sur le troisième homme tente de
ont tôt fait d’interpeller les analystes
s’installer singulièrement. Si il est vrai que
politiques
généralement
campagnes
présidentielle. C’est véritablement à partir
présidentielles françaises mettent dans
du choc d’avril 2002 (premier tour) que les
l’arène deux principaux candidats, eux-
décideurs politiques se sont vus confrontés
mêmes issus soit de la droite, soit de la
à la crise latente du pays dans son
gauche, un phénomène assez obscur, lié
mouvement
peut-être à la frénésie des sondages,
population, phénomène inquiétant faisant
propulse sur le devant de la scène un
le jeu des populistes de tout bord. On voit
troisième candidat qui risque de jouer les
déjà Philippe de Villiers, avec son Parti, le
de troisième
MPF, accomplir une percée significative
homme a été popularisé en 2002 lorsque
dans le débat français en égard à sa
Jean-Pierre Chevènement (gauche), dopé
médiatisation progressive. Jean Marie le
par les sondages, s’est vu affublé de ce
Pen, lui, compte bien, dans un élan ultime,
qualificatif face à Lionel Jospin et Jacques
capitaliser sur le bilan peu reluisant du
Chirac. Nous connaissons très bien le
quinquennat de Jacques Chirac et de
résultat du « tsunami » politique de 2002,
l’alternance droite-gauche de ces trente
saurons-nous néanmoins tirez les leçons
dernières années pour parvenir au second
pour
tour. Le président du Front National
trouble-fêtes.
la
les
Le
terme
campagne
présidentielle
de
sur
les
de
annonce même
réel était Jean-Marie le Pen ?
d’une plus grande
l’avis
des
sondeurs
et
rapport
aux
de
paupérisation
2007 lorsque l’on sait que le trouble-fête
Selon
enjeux
de
la
la
régulièrement un choc
« magnitude » par
dernières
analystes politiques, il apparaît dès à
présidentielles.
présent que Francois Bayrou, président de
espère
l’UDF, serait bel et bien le troisième
différence de son adversaire d’extrême
homme capable de s’immiscer dans le duel
droite, il accable moins Ségolène Royal
opposant la droite et la gauche. Grâce en
(PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) par sa
effet à des intentions de vote où le
position stratégiquement centriste devant
candidat
devancer
réconcilier la gauche et la droite avec les
sensiblement Jean-Marie le Pen dans le
Français. On comprend dès lors qu’il est
marathon à la présidentielle. L’équation
dans
aurait été simple en faisant fi des
candidats, soit pour la majorité de la classe
Bayrou
pourrait
aussi
l’intérêt
François
élections
Bayrou enfin
capitaliser,
des
deux
mais
à
la
principaux
politique, de voir François Bayrou dans la
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position du troisième homme et ne pas
moins de piquant dans les dernières
menacer l’establishment, à la différence de
semaines des élections. Par contre, si le
Jean-Marie le Pen.
Pen se trouve réellement dans cette
Dans cette logique, le président du
position et si en plus il parvient au second
FN accuse les médias de lui mettre des
tour, la tension se fera plus palpable mais
bâtons
voulant
le débat risquera d’être occulté à la
« l’opération Chevènement »
manière de « l’opération Chirac » contre
de 2002. Pourtant, bien que le leader de
le Pen en avril 2002. Dans un cas comme
l’UDF soit couramment considéré comme
dans l’autre, ce sera le PS ou l’UMP qui
un
gagnera les élections. Inéluctable !
dans
provoquer
homme
les
roues
creux
en
sans
charisme
particulier, il est admis que sa sincérité
envers les Français fait mouche. Mais si le
candidat est effectivement le troisième
Christian Moskwin
Licencié en sciences politiques 2006 FUCaM
Etudiant UCL - Master Gestion
homme, le débat français risque d’avoir
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Rubrique Belgique
L’internationalisation des
entreprises belges
Nous assistons actuellement au
commencement d’une ère nouvelle qui voit
se développer de façon significative un
mouvement d’extension des marchés et
des échanges, que ceux-ci soient culturels,
économiques, politiques, ou autres. Ce
phénomène s’apparente aux concepts de
mondialisation, internationalisation ou
encore globalisation que nous connaissons
maintenant depuis quelques temps.
Toutefois, nombre d’entre nous ne
connaissent pas encore les conséquences
réelles à long terme que cela peut
entraîner pour la société et l’économie en
particulier.
Puisque nous abordons l’économie,
intéressons-nous maintenant à sa pièce
maîtresse qu’est l’entreprise, un système
dynamique et ouvert sur l’environnement.
Nous savons que pour être leader et le
rester, une entreprise doit être proactive
vis-à-vis de son environnement et non
réactive. Elle doit en permanence faire son
propre diagnostic ainsi que celui de son
environnement dans le but de connaître
ses forces et faiblesses ainsi que d’anticiper
et de déceler les menaces et opportunités
qui se présentent à elle, tout ceci afin
d’agir en conséquence et d’adopter une
stratégie
appropriée.
Les
grands
visionnaires qui ont connu un succès
énorme
et
durable
connaissent
l’importance de la capacité d’anticipation,
d’adaptation et d’innovation pour une
entreprise. Ce sont ces éléments qui lui
permettent de créer des avantages
stratégiques et concurrentiels défendables
inimitables et dont la valeur est reconnue
par le marché auquel l’entreprise
s’adresse. La stratégie d’entreprise est
fortement tributaire de l’environnement
dans lequel se situe l’entreprise et trouve
ici tout son sens dans un contexte où le
monde évolue à un rythme effréné et de
manière globale.
Pour faire face à une complexité du
monde grandissante et survivre dans des
marchés où la concurrence s’accentue en
raison de l’apparition de nouvelles
puissances économiques de l’Est, un
concept hybride apparaît à l’entreprise,
celui de la « coopétition ». Ce concept
reliant les termes « coopération » et
« compétition » traduit de façon adéquate
le fait que l’entreprise, pour perdurer dans
un environnement toujours plus hostile,
ne peut pas jouer en solitaire. Elle doit
créer des alliances pour renforcer sa
position stratégique au sein de marchés et
optimiser son potentiel de rentabilité tout
en
prenant
en
considération
la
concurrence extrême existante à l’heure
actuelle.
Mais qu’en est-il de la Belgique ?
Quelle est la place de nos entreprises dans
ce monde en évolution ? Contrairement à
ce que certains pourraient penser, force est
de constater que notre pays recèle de
nombreux talents et que nos entreprises
disposent d’un potentiel de croissance et
de compétitivité largement sous-estimés.
Est-ce à dire que les entreprises belges
sont prêtes à jouer sur la scène
internationale ? Certainement s’il n’y avait
toutefois pas cet esprit d’entreprise et cette
volonté de s’expatrier, deux éléments
essentiels qui nous font tant défaut
aujourd’hui. Aussi étrange que cela puisse
paraître, cette situation est due au fait que
le Belge vit bien et ne ressent dès lors pas
l’envie ni le besoin de prendre des risques,
quels qu’ils soient. Les Belges seraient-ils
trop rationnels ?
Pour terminer, nous pensons que
nous devons croire en la nouvelle
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génération et faire confiance aux jeunes
qui sont l’avenir de notre société et de
notre économie. Cette foi et cette
confiance, appuyées par des moyens
suffisants, leur permettront de mettre en
Un OVNI à Reyers, retour sur un
(petit) séisme
Le 31 janvier un colloque a été
organisé à l’UCL sur le faux JT de la RTBF.
L’occasion de revenir sur l’accueil que
nous faisons à l’information, dans nos
salons, voitures, cuisines, trains, etc. L’info
est partout, et, discours facile nous noie
littéralement. Des effets voulus aux
impacts obtenus, de la déontologie à
l’éducation aux média, quelques pistes
pour
sortir
la
tête
de
l’océan
informationnel, autant de balises et bouées
en somme, tel était l’objectif du
séminaire…
Il était une fois un 13 décembre…
Bien que ce n’était pas un vendredi,
certains ont eu des sueurs froides,
d’aucuns souhaitant se rendre sous
l’Atomium « atomiser les barbares »…
Mais quittons le conte, abandonnons la
fiction et tentons de revenir objectivement
sur ce 13 décembre… Souvenez-vous, ce
soir-là, la Terre a tremblé… Entendonsnous bien, c’est d’un séisme audiovisuel
qu’il s’agit. Tout le monde ou presque se
souvient de la soirée où la chaîne publique
a annoncé la mort de la Belgique sous les
yeux médusés de plus de 530.000
téléspectateurs et les oreilles incrédules de
bien plus de Belges. C’est sur ce raz-demarée qu’est revenue, à juste titre, la
journée d’étude du 31 janvier, organisée
par l’Observatoire du Récit Médiatique de
l’UCL, en collaboration avec l’IAD,
l’IHECS et les FUCaM. Visant à éclairer
pratique leurs connaissances, d’affirmer
leurs convictions et de réaliser leurs rêves.
Martin Delépine et
Sylvain Dubuis
2e licence Sciences de Gestion
d’une lumière scientifique l’émission de la
RTBF afin de mettre en lumière ses
enjeux, ses impacts et les leçons à en tirer.
La matinée, consacrée au décryptage
scientifique du programme (dont le titre
exact est Tout ça ne nous rendra pas la
Belgique),
était
animée
par
des
professeurs et chercheurs auprès de
l’ORM. Ainsi Frédéric Antoine et Sarah
Sepulchre ont analysé l’œuvre de façon
systémique, Philippe Marion et Gérard
Derèze se sont attardés sur le mélange des
genres opéré par l’émission et la confusion
qui en a résulté tandis que Benoît Grévisse
et
Thierry
de
Smedt
se
sont
respectivement attachés à souligner les
enjeux déontologiques et la nécessité d’une
éducation aux média pour le spectateur.
L’après-midi fut quant à elle consacrée au
débat avec l’auditoire en petits ateliers ou
lors d’une table ronde récapitulative. Celleci, sous la direction de Marc Lits, a vu les
premiers orateurs être rejoints par de
nombreux intervenants, tant du monde
des média que du monde académique (M.
Konen, rédacteur en chef de la Libre
Belgique et ses homologues du Soir, de
Sud Presse et de Vers l’Avenir, M.
Rosenblatt (RTL-TVI), MM. Vaessen,
Thiran et Delrock de la RTBF ainsi que les
professeurs Sinardet (Université d’Anvers)
et Vercauteren (FUCaM), politologues. Le
cabinet de la ministre Laanan (PS) était
également présent.
Un Canada Dry ?
Tout comme la célèbre boisson qui
a le goût de l’alcool, la couleur de l’alcool
mais n’est pas de l’alcool, le « faux JT » de
Reyers avait le goût du JT, la couleur du
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JT mais…n’était pas un JT ! C’est
précisément cela qui a été reproché à la
chaîne, faire de la fiction et la faire passer
pour réalité. Pointé du doigt, le manque de
balises permettant au spectateur de
réaliser le caractère fictionnel de
l’émission. Le mélange des genres, la
stature idéalisée du « présentateur » et la
confiance afférente, le pouvoir de l’image
et de surcroît le fait que l’information
délivrée était « vraisemblable » ont
entraîné la confusion du téléspectateur.
Celui-ci d’une part peu enclin à remettre
en question le journal télévisé et d’autre
part, sensible affectivement au sujet. D’un
autre côté, en leur qualité d’observateurs,
les membres de l’ORM font remarquer de
nombreux non-sens et incohérences dans
le programme. À titres d’exemples : des
plans soi-disant en direct, l’un tourné de
jour et l’autre de nuit, tantôt l’été, tantôt
l’hiver ou encore le fait que le Roi ait été
présenté comme conduisant sa propre
voiture…pas très protocolaire de la part du
chef de l’État ! Néanmoins, force est de
constater que, sous le choc de
l’information, le téléspectateur, qu’il soit
averti ou non, n’était pas en condition
optimale pour focaliser son attention sur
ces invraisemblables détails. Au fil du
programme, toutefois, la farce s’évente, la
dixième
boule
de
l’Atomium
prétendument enterrée sous l’édifice, les
parachutistes détruisant la tour Reyers ou
simplement l’apparition du bandeau « ceci
est une fiction » dévoilant définitivement
la supercherie.
Battre le fer tant qu’il est
chaud…
Il ressort de cette journée,
plusieurs choses. Tout d’abord, la nécessité
d’éduquer aux média afin de permettre au
récepteur d’exercer (au mieux) son esprit
critique. Dénoncer cela était, avec le fait de
susciter le débat autour de la question du
séparatisme, l’objectif initial de la chaîne
publique. Objectif manqué puisque le
débat, s’il a bien eu lieu, s’est axé sur les
questions déontologiques et que le volet
« éducation aux média » est tombé à l’eau.
C’est quelque chose que déplorent de
nombreux professionnels, qui à l’image de
M. Konen, regrettent que la RTBF n’ait pas
« enfoncé le clou ». Toutefois, en partie
poussé par le cabinet de la ministre de
l’audiovisuel, Fadila Laanan, Yves Thiran,
directeur de l’information et de l’éthique
du Boulevard Reyers, assure que
l’émission sera suivie de programmes
allant dans ce sens. Et d’ajouter, un peu
maladroitement – ce qui suscitât bien des
éclats de rire – « faites-moi confiance... ».
Le fait que le débat ait glissé vers la
question de la déontologie aura débouché
sur de belles promesses pouvant devenir
de bonnes initiatives telles la création d’un
conseil de déontologie à la demande de
l’Association
des
Journalistes
Professionnels, dont le pendant flamand,
le RVJ, existe déjà. Tel l’Ordre des
Médecins, il serait le garant de la
déontologie et du « bon exercice » du
quatrième pouvoir. Les volontés sont là,
restent à fixer les compétences et la
question du financement…
À l’issue de ce colloque, des bouées,
nous n’en avons pas reçu beaucoup. A
contrario, de l’analyse, c’est à foison qu’il
nous en a été donné. Reste qu’il me brûle
de vous soumettre l’une ou l’autre
question, restée sans réponse au terme de
cette journée. Ainsi, le recours à cet
électrochoc,
génial
pour
certains,
scandaleux pour d’autres, ne traduit-il pas
un malaise face au peu d’intérêt que
suscitent certains sujets au demeurant
importants de notre paysage politique ? Et,
comme l’a souligné le professeur Derèze,
s’en souviendra-t-on dans cinq ans, hors
des cercles académiques ?
Thomas Feron
2e licence Sciences Politiques
La Revue FucaMonde
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Carte blanche – Fabian Giordano
La « politique étrangère » dans
les études internationales.
Responsabiliser la discipline face à
la complexité
Face à la complexité des relations
internationales, les internationalistes en
« herbe » sont souvent confrontés à la
nécessité d’opérer au choix pragmatique
d’une méthodologie en matière d’étude de
sécurité. Chargé de recherche à l’Institut
Royal Supérieur de Défense sis Ecole
Royal Militaire et Assistant en Relations
Internationales au Département Sciences
Politiques, je fais alors naturellement
partie des personnes ressources auxquelles
s’adressent les étudiants. De nos longues
conversations, je ne retiens que du plaisir.
Mais aussi ce conseil sur lequel je reviens
méthodiquement : centrer ses forces sur la
spéculation de la « politique étrangère ».
Plus qu’un conseil pragmatique,
c’est là la suite logique d’une démarche
méthodologique propre à mon expérience
d’analyste de défense. Envisagée comme
un « processus de médiation » visant à
articuler les sociétés nationales à la société
internationale, la politique étrangère se
définit alors, de manière extensive, comme
la « somme des relations extérieures
officielles conduites par un acteur
indépendant (généralement un État) dans
les relations internationales »1.
Ce que l’on appelle en anglais
« Foreign Policy Analysis » se situe donc à
un niveau intermédiaire entre d’une part,
le phénomène complexe des relations
internationales et, d’autre part, l’individu.
Tributaire des deux grands paradigmes
1 Christopher Hill, The Changing Politics of Foreign Policy
Basingstoke, Palgrave/MacMillan, 2003, p. 3.
« sources » que sont le Réalisme et le
Libéralisme,
les
étudiants
et
les
scientifiques se cloisonnent en effet
souvent à deux facettes alternatives d’un
même savoir métathéorique. D’un côté, le
« Réalisme » au sens large – tel
qu’enseigné dans les amphithéâtres –
relève, de par son caractère normatif, du
schéma Etat/anarchie/survie/puissance,
en ce qu'il ne comporte pas de structures
autres que celles dérivants du postulat
« homo homini lupus »2. Ce paradigme
souffre, dès lors, d’un manque évident de
scientificité. De l’autre, le libéralisme et
son
schéma
Etat/anarchie/coopération/institutionnalisme, en raison de la philosophie héritée
de l’idéalisme wilsonien auquel il s’est
toujours amené à faire référence, peut
également sembler orphelin d’une base
épistémologique solide et unanimement
reconnue. Si la théorie pure présente un
grand intérêt pour introduire et expliquer
les phénomènes fondamentaux, ses
hypothèses particulièrement restrictives la
rendent en effet peu adaptée à la
spéculation de la réalité internationale.
La « politique étrangère » permet
donc « d’individualiser » l’Etat et de
revivifier une catégorie de l’étude des
relations internationales négligée tant par
les néoréalistes (a) que par les néolibéraux
(b) ; qui s’intéressent respectivement (a)
trop à la structure du système
international en termes de distribution de
la puissance et pas assez à la structure
interne des États et (b) se centrent trop sur
2 « Homo homini lupus » est une expression latine
signifiant « l'homme est un loup pour l'homme ». Elle
souligne le caractère anarchique de la nature humaine. Elle
fut cultivée par Thomas Hobbes.
La Revue FucaMonde
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les processus de coopération et les
organisations internationales.
Les
approches
traditionnelles
mettent en effet l’accent sur l’éventail des
stratégies qui s’offrent aux Etats et ne
permettent pas d’expliquer pourquoi, à
structures comparables, les réactions sont
différentes d’une époque à une autre…
Simplement parce que les Etats choisissent
des stratégies différentes. Ce n’est pas in
fine les Etats qui édictent le phénomène
des relations internationales mais des
hommes qui font la politique étrangère. A
n’en pas douter, la prise en compte
explicite d’une panoplie de choix
stratégiques individuels constitue un pas
supplémentaire vers un idéal de
scientificité
et
une
meilleure
compréhension des déterminants des
résultats observés.
Un autre aspect intéressant de cette
démarche consiste à sortir la « politique
étrangère » d’une acception souvent
restreinte au jeu diplomatique entre
chancelleries. Protection des ressortissants
à l’étranger, projection de l’identité
nationale sur la scène internationale,
préservation de l’intégrité du territoire,
promotion des intérêts économiques
nationaux, interventions humanitaires,
négociation d’un ordre international
stable, protection des biens communs,
influence des firmes multinationales, des
ONG, des partis politiques, (…) une
conception extensive de la politique
étrangère peut devenir une variable
fondamentale
de
l’observation.
En
témoigne la politique étrangère en
gestation de l’Union européenne. Elle est
une « nécessité » pour cet acteur inédit qui
cherche à se profiler sur la scène
internationale.
En forme de conclusion, faire face à
la complexité et valoriser l’impact de la
décision humaine dans les relations
internationales
se
doit
d’être
responsabilisé. Comment expliquer quand
tout devient complexe ? Il n’y a pas de
méthode miracle. Plus qu’un titre
magistral3, ce verdict d’Alexander Wendt,
« The social construction of International
Relations »,
corrobore
mon
enseignement :
il
condamne
les
internationalistes à remettre en cause la
notion
même
de
« relation
internationale »,
que
sous-tend,
inévitablement,
l’inégale
profondeur
d’investigation entre l’homme et l’univers.
J’invite donc nos universitaires, face à ce
vide idéel qui les sépare de la vérité, à
méditer les débats épistémiques qui
secouent la discipline et la place que peut
occuper la « politique étrangère », vue
comme un system-level, dans les études de
sécurité. C’est là tout le sens de ma thèse.
Fabian GIORDANO
Assistant, Doctorant en Relations
Internationales
Académie Universitaire Louvain FUCaM - Département Sciences Politiques
Ecole Royale Militaire – Institut Royal
Supérieur de Défense
[email protected]
3 Alexander Wendt, The Social Construction of
International Relations. Cambridge University Press,
2000.
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Dossier – Laetitia Quenon
« Préserver les générations
objectif : la préservation des générations
futures du fléau de la guerre » : le
futures, sans réelle modification de l'ONU?
défi de l’Organisation des Nations
L’article 24 §1 de la Charte confie
Unies depuis plusieurs décennies
au Conseil de sécurité « la responsabilité
principale » en matière de maintien de la
L’organisation des Nations Unies,
fondée à la suite de la deuxième guerre
mondiale,
a été créée par des états au
moyen d’un traité (la Charte) en vue
d’atteindre un objectif déterminé : la paix
et la sécurité internationales. A cette fin,
elle
dispose
d’organes
permanents
(notamment le Conseil de sécurité) dotés
paix et de la sécurité internationales. La
tâche de cet organe a, durant la période
bipolaire,
personnels.
membres,
Au
à
nombre
sa
de
création,
51
états
ils
sont
aujourd’hui 191. L’adoption de la Charte
des Nations Unies, le 26 juin 1945, marque
un tournant radical dans l’Histoire des
Relations Internationales. Toute guerre ou
générations
futures
du
fléau
de
la
guerre » est perçu comme le but essentiel.
C’est, en effet, sur base de ce critère que
l’organisation est jugée par les peuples au
service
desquels
elle
L’organisation
de
diplomatique
qu’est
se
type
l’ONU
trouve.
politicoa-t-elle
intériorisé les changements extérieurs? La
modification
des
conflits
a-t-elle
compliqué les missions onusiennes? En
d'autres
termes,
est-il
possible
de
continuer à remplir correctement son
nombreuses
La chute du monde bipolaire a laissé un
paysage international modifié. Depuis lors,
tant l’offre que la demande ont augmenté
et changé.
En premier lieu, force est de
constater que l’organisation des Nations
Unies a considérablement augmenté ses
opérations de maintien de la paix à la suite
de la chute de la bipolarisation. Entre
1948 et 1989, cinq opérations ont été
totalisées ; depuis lors, plusieurs dizaines
ont été réalisées ou sont toujours en cours.
En second lieu, au cours de cette
toute autre forme d’intervention militaire
est, par principe, interdite. « Préserver les
de
difficultés, notamment par le jeu des vetos.
de compétences et de pouvoirs spécifiques,
ainsi que de moyens financiers et en
connu
dernière décennie, les menaces sur la paix
et la sécurité internationales se sont
transformées. Premièrement, des « zones
grises sont apparues » (effacement des
frontières civil/militaire, zones de nondroit,
multiplication
stratégiques
des
acteurs
non-étatiques,
etc.).
Deuxièmement, les conflits interétatiques,
comme le cas d’école de la Corée du Nord
envahissant
la
Corée
du
Sud,
sont
dorénavant beaucoup moins fréquents.
Depuis 1989, les enjeux ethnopolitiques
occupent une place prépondérante et se
matérialisent par des guerres de type intra
étatique, caractérisées d’une part, par la
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déprofessionnalisation des intervenants :
des notions de base sur lesquelles l’ONU
ce ne sont, en effet, plus les militaires qui
s’est
se battent mais des guérillas puisqu’au
multidimensionnelles
regard des chiffres, les guerres des années
fonctions très diversifiées, qui vont au-delà
90 montrent que 90% des victimes sont
des aspects militaires. Citons par exemple,
des civils. D’autre part, elles se produisent
la réinsertion des combattants, le retour
là où l’Etat est faible et se trouve en
des réfugiés ou la fourniture d’une aide
manque
humanitaire. Dans certains pays, cela a
de
légitimité,
tant
verticale
construite.
Les
ont
missions
donc
des
porté ses fruits, comme au Mozambique ou
qu’horizontale.
Ces évolutions ont eu une incidence
en Sierra Léone. Dans d’autres, la situation
sur le contenu des opérations des paix
s’est révélée plus délicate comme en
onusiennes. A ce jour, les missions sont
Somalie, en Haïti mais également en
plus
République démocratique du Congo.
exigeantes
et
dangereuses.
Quelles sont les raisons qui ont
Auparavant, les missions étaient de type
composées
engendré l’échec ? La première étape, à
essentiellement de trois éléments à savoir :
savoir le cessez-le-feu, était absente. Dans
le consentement des parties, l’impartialité
chacune des régions, le cessez-le-feu
et le non-usage de la force. Ce dernier
n’était pas en place sur le terrain. Signé
point
deux
par les dirigeants, il n’était pas accepté par
principes précédents. Puisque l’opération
les milices responsables des violences
n’est pas coercitive, qu’elle ne se fait
étant donné la faiblesse de l’Etat. Ces
qu’avec le consentement des parties et
échecs ont fortement affecté l’Organisation
qu’elle n’est pas destinée à départager les
des Nations Unies ainsi que son image
adversaires sur le terrain, il est logique que
auprès du public. C’est, en effet, un
les casques bleus ne soient dotés d’armes
capharnaüm gigantesque qui règne sur le
que pour des situations de légitime
terrain. Dès lors, l’organisation est entrée
défense.
dans une période d’examen des opérations
« traditionnel »
est
la
et
conséquence
des
Après la guerre froide, l’offre a
de maintien de la paix. Plusieurs groupes
évolué. Nous sommes passés du maintien
d’experts indépendants ont été appelés
de la paix dit « traditionnel » au maintien
afin d’étudier cette problématique. Deux
de la paix « multidimensionnel ». Ce type
éléments majeurs en sont ressortis. D’une
de mission implique, simultanément, des
part, la sécurité purement militaire tend à
composantes
de
devenir obsolète : il est temps d’aborder
de
une
rétablissement,
de
maintien,
d’imposition
et
notion
nouvelle
« la
sécurité
consolidation de la paix. Ces missions ont
humaine ». D’autre part, il était nécessaire
souvent
d’investir dans les « missions intégrées ».
été
effectuées
sans
le
consentement des parties. Il y a par
Le concept de « sécurité humaine »
conséquent, un « droit d’ingérence » qui
a été utilisé pour
la première fois
s’instaure peu à peu. Cette interférence
officiellement en 1994 par le PNUD, puis,
dans les affaires étatiques va à l’encontre
sera repris par Koffi Annan en 1999 lors
La Revue FucaMonde
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d’une interview pour le journal « Le
cohérence sur le terrain. Caractérisées par
Monde » :
le regroupement de l’ensemble des acteurs
« L’être humain est au centre de
(onusiens et non-onusiens), ces missions
tout.
allient
Le
concept
même
de
suivi
politique,
actions
souveraineté nationale a été conçu
humanitaires,
pour protéger l’individu qui est la
l’homme et questions sexo-spécifiques.
raison d’être de l’Etat et non
Enfin, elles conviennent particulièrement
l’inverse. Il n’est plus acceptable de
aux missions multifonctionnelles.
voir des gouvernements flouer les
droits
de
leurs
citoyens
sous
respect
des
droits
de
Pour conclure, certains considèrent
la période 1988-1994 comme un interlude
prétexte de souveraineté. »
dont quelques rares échecs (Somalie,
La sécurité humaine est une notion encore
Rwanda et Bosnie) auraient donné une
fort méconnue, or elle s’adapte plus
image
aisément
Cette
onusiennes. À l'opposé, d’autres estiment
conception abandonne l’approche de la
que l'ampleur des échecs de l'ONU est
sécurité militaire (approche réaliste) pour
considérable.
lui substituer celle du développement
l’utilisation trop intensive et les erreurs de
durable et de l’intervention humanitaire
la Yougoslavie ainsi que de la Somalie ont
(approche libérale). Ce concept inclut la
été fatales. Quoiqu’il en soit, l’organisation
sécurité
politique,
des Nations Unies est à l’heure de la
de
remise en question et de la réforme. Le
au
économique,
contexte
actuel.
personnelle,
alimentaire,
l’environnement et des soins de santé.
Les missions intégrées, quant à
elles,
permettraient
une plus
négative
des
Selon
interventions
ces
derniers,
nouveau secrétaire général, Ban Ki Moon,
relèvera-t-il le défi ?
grande
Laetitia Quenon
2e licence Sciences Politiques
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Nombre de tirage : 700 exemplaires.
Rédaction arrêtée le 7 février 2007.
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