Le monde agricole s`inquiète des méga

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Le monde agricole s`inquiète des méga
PAYS : France
SURFACE : 102 %
PERIODICITE : Quotidien
17 juin 2016 - Edition Fil Eco
Le monde agricole s'inquiète des méga-fusions dans
l'agrochimie
Paris, 17 juin 2016 (AFP) Impact sur le prix des pesticides, expansion des OGM... Les trois méga-fusions en cours dans l'agrochimie,
Bayer-Monsanto en tête, suscitent l'inquiétude d'une partie de la planète agricole, qui attend toutefois d'en voir les
retombées sur le terrain.
Les négociations ne sont pas terminées mais en Allemagne, la société civile a rapidement dénoncé le "mariage
infernal" que constituerait le rachat par le laboratoire allemand Bayer de l'américain Monsanto, fabricant de
semences OGM et du très controversé désherbant Roundup, le plus utilisé au monde.
En parallèle, le chinois ChemChina est en passe de mettre la main sur l'agrochimiste suisse Syngenta, tandis que
les américains Dow Chemical et DuPont peaufinent leur fusion.
Les trois géants nés de ces fusions concentreraient deux-tiers du marché mondial des semences et des pesticides,
deux postes clés d'une exploitation agricole.
Même s'il faut encore attendre le feu vert des autorités de la concurrence en Europe et aux Etats-Unis, les ONG
spécialisées et les tenants de l'agriculture "paysanne", ne cachent pas leur inquiétude.
"Où qu'on mette le seuil pour définir un (oligopole) c'est évident que ces fusions vont diminuer encore plus les
choix pour les agriculteurs, surtout dans les pays du Sud", affirme Renée Vellvée, de l'ONG Grain, qui craint que
l'on donne "trop de pouvoir sur l'amont de la chaîne alimentaire à quelques conseils d'administration".
En Allemagne, le groupement de petits et moyens exploitants AbL redoute que "les gros acteurs décident
complètement de quelles sortes (de semences) se retrouvent sur le marché", résume Annemarie Volling. "Pour le
moment il n'y a pas d'OGM en Europe, mais c'est la question, est-ce-que Bayer va oser?"
Mais du côté des grosses exploitations et coopératives outre-Rhin, "ce n'est pas du tout un sujet, les exploitants ont
tellement d'autres préoccupations", comme la chute des prix du lait, explique Holger Brantsch, de la fédération
agricole du Brandebourg, dans l'est de l'Allemagne. "Cela ne les intéresse pas encore".
En France, la FNSEA, 1er syndicat agricole, se borne à surveiller les risques posés par une "concentration des
opérateurs économiques", "sans être intervenant" pour le moment.
- Réaction contrastée La réaction des agriculteurs américains est elle aussi contrastée. Une partie craint une hausse des prix des
semences et des engrais, mais pour l'American Farm Bureau Federation, cité par la presse allemande, "les prix
pourraient baisser, du fait d'économies" réalisées par un Bayer-Monsanto nouvellement fusionné, qui pourrait
aussi mettre plus rapidement sur le marché de nouveaux produits.
En Argentine, grand utilisateur de semences OGM pour ses champs de maïs, soja et coton, l'heure n'est pas encore
à la panique.
"Le scénario d'une hégémonie sur les prix est probable. Mais ce n'est pas une réalité immédiate. Ni les engrais ni
le glyphosate n'ont augmenté, au contraire leurs prix ont baissé ces deux ou trois derniers mois", en raison d'une
plus grande facilité à importer ces produits en Argentine, explique à l'AFP Carlos Marin, membre du consortium
d'expérimentation agro-pastorales, qui regroupe 2.000 entreprises agricoles.
En France, l'union de coopératives InVivo, qui détient près de la moitié du marché de distribution des pesticides,
estime avoir une taille suffisante pour peser dans les négociations sur les prix avec les mastodontes de
l'agrochimie.
"Il y a de nouveaux petits fournisseurs qui arrivent, notamment dans les génériques de pesticides, où il y a une
folie de concurrence. Cela permet une baisse des prix significative", estime Jean-Sébastien Bailleux, responsable
du pôle Agrofourniture.
Mais pour Pat Mooney, directeur de l'ONG canadienne ETC, "penser pouvoir résister à la pression (de
l'agrochimie) est une vue à court terme". Pour lui, les fusions en cours pourraient être le prélude à une entrée en
lice des grands fabricants de tracteurs, aux chiffres d'affaires bien plus importants que les boîtes d'agrochimie.
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PERIODICITE : Quotidien
17 juin 2016 - Edition Fil Eco
Une entreprise comme l'américain John Deere gagnerait selon lui à racheter un groupe comme Bayer-Monsanto,
prenant ainsi le contrôle de toutes les données récoltées par les divisions "agriculture de précision" développées
récemment par Monsanto notamment.
"Aucun agriculteur ne peut se sentir bien à l'idée d'avoir autant de ses facteurs de production contrôlés par si peu
d'entreprises", estime-t-il.
emi-bur/fz/sg
Afp le 17 juin 16 à 10 07.
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