L`alcool ! Bien sûr cela n`arrive pas qu`aux autres.

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L`alcool ! Bien sûr cela n`arrive pas qu`aux autres.
L’alcool !
Bien sûr cela n’arrive pas qu’aux autres.
Mars 2009, un samedi matin, un élève de 1ère de Stanislas arrive très en retard. Accueilli par
les éducateurs, il n’est pas en état de travailler. On découvre qu’à un « dîner de classe », une
famille a reçu quinze élèves de la classe et a fourni de la bière plus que de raison. Des élèves
sont arrivés « chauffés » et l’un d’entre eux a été très fortement malade sur le canapé des
hôtes (tant pis pour eux). Les parents appelés emmènent leur fils et le père qui recevait,
revenu du cinéma, dit à notre élève malade en lui tapant sur l’épaule« Voilà c’est ta
première ! ».
Septembre 2012, nous apprenons qu’un ancien élève de classes préparatoires de Stanislas,
élève d’une des plus grandes écoles d’ingénieur, décède suite à une soirée très alcoolisée.
Noël 2012, un élève qui se dit sportif – un vrai sportif a une solide hygiène de vie – fait une
troisième mi-temps tellement arrosée qu’il est hospitalisé en état de coma.
Des exemples chez vos enfants, je pourrais en citer de nombreux, des gens bien, des bonnes
familles, des élèves de confiance. Vous pensez, ce sont des élèves de Stanislas !
Parents, ouvrez les yeux, ne soyez pas naïfs, ne dites pas « je lui fais confiance »… J’ai géré
des situations dramatiques où les parents n’avaient pas d’autres mots que : « je lui faisais
confiance ». Mais quelle confiance peut-on avoir en un élève sous l’emprise de l’alcool ?
Aucune. Il peut commettre des actes qu’il portera toute sa vie, il peut attenter à sa vie.
Ne soyez pas naïfs, l’alcool est un fléau chez tous, il l’est gravement chez les jeunes. Ils ne
savent pas dire non en groupe : il faut faire comme tout le monde, il faut se joindre au groupe.
Mais nos enfants sont inégaux devant l’alcool, certains le tiennent et courent alors le risque de
poursuivre leurs pratiques, inconscients des conséquences graves sur leur santé quelques
années plus tard ; d’autres le tiennent très mal et l’accident est très proche : soit leur corps
réagit mal, soit ne se contrôlant pas ils peuvent se tuer (un de mes anciens élèves s’est tué en
deux-roues contre un échafaudage dans Paris à deux heure du matin, il avait trop bu).
Vous devez connaitre quelques pratiques : certains jeunes cherchent à s’enivrer pour la
sensation ; dans les soirées, dans les dîners, il y a des courses à celui qui sera ivre le plus vite.
Avant d’aller rejoindre leurs amis, il faut un « before » ou « se chauffer », ce qui signifie boire
de l’alcool blanc (disponible dans toutes les petites épiceries ouvertes le soir) de façon à
arriver très « en forme ». Alors un ou deux verres suffiront pour l’excès.
Parents, que pouvez-vous faire ?
En premier, montrer l’exemple. Je pense à un père de famille qui, ayant fêté son départ d’une
société, est rentré chez lui en très mauvais état, réveillant même ses enfants qui, malgré leur
jeune âge, ont bien compris.
Bien entendu, il ne doit y avoir aucun rite initiatique auprès de ses adolescents.
Il convient de rester ferme sur l’interdiction auprès de ses enfants. On bannit l’alcool. Je suis
très frappé d’apprendre que tous les ans, des élèves de 4ème ou de 3ème se sont « soulés ». Fautil dire et redire qu’il n’y a pas de règles de vie différentes en temps scolaire ou en temps de
vacances ? Il n’y a pas la morale de Stan lorsqu’on en dépend et des écarts en tous genres les
week-ends et les vacances. Pourquoi l’alcool, le tabac, le joint, les relations sexuelles seraientils possibles en vacances ? Vous n’éduquez pas vos enfants pour être dans de bonnes
conditions de travail à Stanislas, vous éduquez vos enfants pour être des hommes et femmes
solides en tout temps.
Quelques conseils.
Le refus net est plus facile à gérer qu’un accord dans certaines conditions.
Votre enfant, même un aîné, ne sort jamais sans que vous ne sachiez chez qui il est reçu et
vous vous renseignez pour savoir si les parents sont là.
L’idéal est d’aller chercher votre enfant à une heure fixée, le sacrifice de votre sommeil en
vaut la peine. Sinon il est impératif que votre enfant vienne vous embrasser à son retour en
espérant qu’il ne bousculera pas trop de meubles en rentrant…
N’acceptez pas qu’il dorme chez les gens qui reçoivent, bien des choses se passent dans ces
fausses nuits après festivités.
Si vous acceptez que votre enfant reçoive à la maison, vous êtes présents pendant toute la
réception et avez le droit, le devoir d’aller, par exemple, dans la cuisine, ne soyez pas
enfermés dans votre chambre avec des boules Quiès. Attention au danger des parents qui
seraient tentés d’aller dans la résidence secondaire en laissant les grands enfants à Paris. Il y a
eu, il y a quelques années, un vrai problème à Versailles où des jeunes allaient de maisons
vides en maisons vides.
Précision : il n’y a pas de dîner de classe avec la caution de Stan. Nous n’encourageons ni ne
soutenons aucun de ces dîners. N’ayez pas la naïveté d’autoriser un dîner parce que ce serait
Stan. Je ne suis pas le « super chaperon ». Vous êtes les parents responsables.
Enfin et certainement le plus important, préparez votre enfant par le dialogue aux pièges de la
vie, de la fausse amitié. L’alcool n’est pas à confondre avec un bon verre au cours d’un bon
repas. L’alcool chez les jeunes est un vrai ravage, il détruit des vies et nous en connaissons,
nous avons des noms qui me permettent de vous redire que cela n’arrive pas que chez les
autres. Alors, soyez de vrais éducateurs, c'est-à-dire, prévenez et cadrez les soirées et les
festivités.
L’éducation est un chemin semé d’embûches et c’est le rôle de l’éducateur que de préparer les
jeunes à tous ces pièges de la vie.
Daniel CHAPELLIER
Directeur