VHB/VHC - Hépatites Info Service
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HÉPATITES B ET C SYNTHÈSE DES SOLLICITATIONS 2011 Nature des données SIS Association SIS Association réunit différents services d’aide à distance concernant le VIH, les hépatites virales et la santé sexuelle (Sida Info Service, Hépatites Info Service, LiveChat, Droit des Malades Info, Ligne Azur, Sida Info Droit, VIH Info Soignants, Sida Info Plus, Contraception IVG Aquitaine). Les entretiens sont renseignés via une fiche informatisée permettant de recueillir des informations, sans avoir une finalité d’enquête. Ces renseignements sont de différentes natures : âge, sexe, département d’appel, thème(s) évoqué(s), prises de risque, etc. tout en préservant l’anonymat des personnes. Une zone de texte libre permet aux écoutants de retranscrire les témoignages des appelants et/ou de laisser un commentaire éclairant l’appel. Ces textes viennent illustrer les données quantitatives. Les chiffres de 2011 Au total, près de 120 000 échanges ont été menés sur l’ensemble des services de SIS Association dont 6 000 sur les hépatites B (VHB) et C (VHC), et ce, dans des proportions comparables : • Les deux tiers des appelants sur le VHB sont des hommes (66,2 %). La moyenne d’âge est de 34 ans, sans différence selon le sexe. • Moins de trois appelants sur le VHC sur cinq sont de sexe masculin (57,6 %). Leur moyenne d’âge varie selon le sexe : 44 ans pour les femmes contre 39 ans pour les hommes. Observatoire SIS Association 1 Les 3 000 entretiens sur l’hépatite ’hépatite B • La vaccination, des craintes toujours d’actualité Près de la moitié des appelants sur le VHB ont indiqué ne pas connaitre leur statut vis-à-vis vis de cette pathologie. Ces entretiens ont permi un échange d’informations concernant les risques es liés aux hépatites. Ainsi, trois appelants sur cinq (62,3 %) ont abordés ordés des prises de risque sexuel, en lien avec la proportion élevée d’appelant masculin sur cette pathologie (66,2 %). En effet, l’homosexualité et le fait d’être un homme sont des 1 facteurs associés à la présence d’anticorps anti-VHB anti . Les appelants masculins évoquent d’ailleurs plus ce type de prise de risque (65,1 % d’entre eux contre 51,3 % des femmes). Situation vis-à-vis vis du VHB, n=3 004, en %, SIS Association Dit ne pas être atteint 22,5 Dit être atteint 16,5 Ne sait pas / Risque évoqué 46,1 Non évoquée 15 « Quel est le risque et comment faire un test fiable de dépistage du VHB si fellation avec un partenaire occasionnel ? » Homme, 32 ans, Hépatites Info Service En lien avec les questions sur les risques sexuels, près de la moitié des es appelants sur l’hépatite B questionne question sur le dépistage (46,6 %). La dernière campagne d’incitation au dépistage menée par l’Institut National de Prévention Préventi et d’Education à la 2 Santé (INPES) date de l’été 2011. Elle ciblait les infections sexuellement transmissibles (IST) dont l’hépatite B . Les délais d’attente et la validité des tests sont au cœur de ces échanges (40,2 %). Certains appelants demandent également une aide afin de comprendre les résultats de leur test. Entre anticorps anti-Hbc, Hbc, marqueur d’un contact antérieur avec le VHB, et antigène Hbs, marqueur d’un portage du virus, virus la lecture des résultats peut-être être complexe et nécessite des explications d’un professionnel de santé. SIS Association est alors sollicitée soit à la remise des résultats et avant le rendez-vous chez le médecin,, soit en complément d’explications des professionnels. profes « J'ai eu un risque et je suis allé faire un test. test. J'ai fait ça dans un labo directement. On m'a donné les résultats en me disant d'aller voir mon médecin traitant. Pour le VIH c'est négatif, mais il y a écrit "antigène HBs positif" et "anticorps "anticor anti HBc négatifs", qu'est ce que cela signifie ? » Homme, 39 ans, Sida Info Service « J’ai fait un dépistage de l'hépatite et le médecin me dit que je l'ai eue et que je suis guéri. Mais je n'ai pas tout compris. compris Estce qu'il y a des séquelles ? Est-cee que je vais avoir un cancer ? Une cirrhose ? » Homme, 44 ans, Sida Info Service En lien également avec les prises de risque sexuel, un quart des échanges sur l’hépatite B porte sur les moyens de prévention (23,4 %). Des partenaires de personnes vivant avec l’hépatite B aux professionnels de santé, les l questions portent essentiellement sur la vaccination (97,4 %). Elle est obligatoire pour « les personnes exerçant une activité professionnelle les exposant à des risques de contamination dans un établissement établissement ou organisme de soins ou de prévention » et est 3 recommandée aux personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples . « J’ai rencontré quelqu’un. Il m’a dit qu’il était VHB+. Si je veux me protéger avec lui que dois-je dois faire ? » Femme, 34 ans, Hépatites Info Service « J’ai besoin de savoir pour la vaccination de l’hépatite VHB combien y a-t-il a d’injections prévues es ? Pour débuter ma formation d’ambulancier, on me demande d’être à jour, d’être d’ê vacciné contre l’hépatite B. » Homme, 47 ans, Sida Info Service La contre indication au vaccin pour antécédent familial de sclérose en plaque est parfois abordée, notamment par les personnes directement concernées. 1 MEFFRE C, LE STRAT Y, et al. Prévalence des hépatites B et C en France en 2004. Saint-Maurice Saint Maurice : Institut de veille sanitaire, 2007. 114p. [consulté le 04/11/2011]. Disponible sur www.invs.sante.fr 2 Plus d’informations sur http://www.inpes.sante.fr/70000/cp/11/cp110630.asp 3 Institut de Veille Sanitaire. Le Calendrier des vaccinations et les recommandations vaccinales 2012 selon l’avis du Haut Conseil de la santé sant publique. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2012 ; 14-15 : 162-188 188 Observatoire SIS Association 2 « […] Pour le vaccin je ne peux pas le faire parce que j'ai un grand frère qui, après l'avoir fait, a déclenché une sclérose en plaque. » Homme, 19 ans, Hépatites Info Service Mais la vaccination contre le VHB est au cœur d’un débat plus global. En France, suite à des suspicions sur un risque de 4 maladies auto-immunes , un moratoire a suspendu la vaccination en 1998. Depuis, ces mises en cause n’ont jamais pu être confirmées malgré de nombreuses études. Le ‘Center for Disease Control’ des Etats-Unis (CDC) rejette l’association entre 5 vaccination et sclérose en plaque en décembre 2005 . Mais ces années de doute ont suffit à impacter la couverture vaccinale. ième En France, 62,4 % des adolescents en classe de 3 en 2000-2001 étaient vaccinés contre 42,4 % en 2003-2004, soit une chute de 30 %. Si depuis les vaccinations semblent reprendre, les craintes persistent en population générale, mais aussi parmi certains professionnels de santé. Une communication de grande ampleur sur le thème précis de l’absence de risque liée à cette vaccination semble nécessaire afin de déconstruire ces croyances. « Il hésite à se faire vacciner par rapport au VHB car son généraliste lui dit que ce vaccin n'est pas sûr... » Commentaire de l’écoutant, homme, 36 ans, Hépatites Info Service « Je pars faire un voyage de trois semaines au Vietnam, et mon médecin me conseille de me faire vacciner pour les hépatites B et A. L'hépatite A encore je veux bien, mais pour la B, je ne sais pas si c'est vraiment utile, avec tout ce qui c'est passé à cause de ce vaccin... » Femme, 45 ans, Hépatites Info Service La vaccination remontant souvent à l’enfance, parfois les appelants ne connaissent pas leur statut vaccinal. De plus, le schéma vaccinal de trois injections n’est pas systématiquement respecté et les appelants s’inquiètent alors de l’efficacité de la protection. « Une de ses amies a fait les analyses biologiques et on lui a trouvé des anticorps contre le VHB. Dans le passé elle avait eu une seule dose de vaccin. "Est-ce possible qu'elle soit contaminée puisqu’elle n'a pas fait tous ses vaccins ?" » Commentaire de l’écoutant et de l’appelant, femme, 39 ans, sur Hépatites Info Service Enfin, pour les personnes non vaccinées et ayant pris des risques, la question d’un traitement d’urgence est parfois soulevée. Alors que les appelants ne connaissent pas leur statut, les examens et traitements sont au cœur des échanges dans 5,9 % sur l’hépatite B. « Hier soir j'ai eu un rapport avec mon mari qui a l'hépatite B et le préservatif a craqué. Je n'ai eu que deux injections du vaccin. Mon mari me dit qu'il y a un traitement d'urgence, et là nous sommes en Italie. Qu'est-ce que je peux faire ? » Femme, 31 ans, Hépatites Info Service • Hépatite B et sexualité En France métropolitaine, l’hépatite B sous sa forme chronique touche plus de 280 000 personnes. Sur SIS Association, plus de 500 personnes vivant avec une hépatite B ont été comptabilisés en 2011. La plupart précise être en phase chronique de la maladie (85,6 % d’entre eux). Les hommes doutent davantage de leur statut alors que, les femmes semblent les plus concernées (21,3 % contre 15,7 %, 6 p=0,001). Pourtant, la prévalence de l’antigène HBs chez les hommes (1,10%) est plus élevée que pour les femmes (0,21 %) La moyenne d’âge des appelants vivant avec une hépatite B est de 36,5 ans [IQ : 27 ; 45], sans différence selon le sexe (p=0,272). Le fait d’être âgé de plus de 29 ans est un facteur associé au VHB. 4 DGS, Comité technique des vaccinations. Guide des vaccinations Édition 2012, Hépatite B. Dossier Varia, INPES Editions, 2012, p107-122 Pour plus d’informations sur la position du CDC : http://www.cdc.gov/vaccinesafety/Vaccines/multiplesclerosis_and_hep_b.html 6 MEFFRE C, LE STRAT Y, et al. op cit. 5 Observatoire SIS Association 3 Le diagnostic peut arriver bien après la contamination contamin et l’évolution de la maladie et varie selon les personnes, la moitié des personnes vivant avec une hépatite B (50,6 %) ne connaissent pas leur mode de contamination. contamination « Elle a été diagnostiquée d'une hépatite B il y a quatre ans pendant sa grossesse […]. Elle lle dit vivre avec une épée de Damoclès sur la tête et de plus c'est très dur de ne pas savoir comment et quand elle a été contaminée. contaminé » Commentaire de l’écoutant, femme, 34 ans, Hépatites Info Service Mode de contamination par le VHB, en % (n=79), SIS Association 2011 Usage de drogue 2,5 Tatouage piercing 2,5 Autre 3,8 Produit sanguin avant 1992 1,3 Acte invasif sans transfusion avant 1997 3,8 Ne sait pas 50,6 Maternofoetale 19 Voie sexuelle 16,5 Une personne sur cinq indique avoir ir été contaminée à la naissance (19 %). « Je suis porteuse saine de l'hépatite B depuis ma naissance. Ma mère a attrapé l'hépatite B quand elle m'attendait, il n'y avait pas de vaccin alors. » Femme, 32 ans, Hépatites Info Service Suivant la transmission materno-fœtale, fœtale, la contamination par voie sexuelle est le deuxième mode de contamination cité (16,5 %). La prise en charge du VHB dans les pôles de référence met en évidence 19 % d’exposition sexuelle pour les 7 personnes provenant d’un pays de forte endémicité endé . « Je viens d'attraper une hépatite B et j'aimerais bien voir avec vous comment j'ai pu l'attraper justement. J'ai eu des rapports rappor avec des garçons, par exemple des fellations, et il y a trois mois, je suis actif, j'ai pénétré un garçon sans protection. prote Est-ce que ça peut être un moyen ? » Homme, 67 ans, Hépatites Info Service Le fait d’être originaire d’une zone où la prévalence d’hépatite B est élevée est également un facteur associé à la présence d’anticorps anti-VHB. VHB. Sur SIS Association, 8,8 % des appelants vivant avec une hépatite B sont des personnes migrantes. Une enquête spécifique sur la santé des migrants et concernant plus particulièrement le VIH et le VHB a été lancée en début 8 d’année 2012 par l’ANRS . « On vient de lui trouver une hépatite B, sans doute chronique. Elle demande ce qui va se passer, si elle aura besoin de traitement et si cela peut jouer sur sa demande de titre de séjour. » Commentaire de l’écoutant, femme, 28 ans, originaire du Gabon, Hépatites Info Service Les examens et traitements restent le premier sujet d’appel des personnes vivant avec le VHB (47,1 % d’entre eux). Toutefois peu sont sous traitement au moment de l’appel (16,4 %) et leurs entretiens sont diversifiés. Un quart d’entre elles questionnent sur des d généralités autour de la pathologie (25,1 %) : définition même de la maladie (55,3 %), espérance de vie (39,4 %), terminologie médicale (28 %), etc. Situation par rapport au traitement, Appelants séropositifs au VHB (n=177), SIS Association 2011 Traitement en cours 13,0 % Sous traitement au Suit un premier traitement moment de l’appel Changement récent ou envisagé 2,8 % 0,6 % Total 16,4 % Aucun traitement actuellement 54,8 % Jamais pris de traitement 21,5 % Sans traitement au Traitement envisagé ou proposé moment de l'appel Rupture, arrêt du traitement 2,8 % « Elle est enceinte d’un mois et pour le suivi elle a fait 4% une sérologie complète qui s’avère positive pour le VHB Est en impasse thérapeutique 0,6 % selon le biologiste. Elle ne sait pas en détail les Total 83,7 % marqueurs et elle verra sa gynécologue lundi. Elle appelle pour apprendre quelques informations sur la maladie. » Commentaire de l’écoutant, femme, f 27 ans, Hépatites Info Service 7 LARSEN C., PIOCHE C. et al. Hépatite B chronique nique prise en charge dans les pôles de référence depuis 2008 : premiers résultats. . Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire Web, 2010, 1 : 1-5 8 Plus d’informations sur http://www.parcours-sante--migration.com/spip.php?page=accueil Observatoire SIS Association 4 Les risques de transmission sont au cœur d’un quart des échanges (25,1 %). Les trois quarts s’interrogent sur des généralités (78,8 %) ou sur les transmissions possibles via les liquides biologiques (30,3 %) tels que le sang ou le sperme. Les hommes ont tendance à questionner davantage sur les es fellations et les pénétrations (19,1 % contre 10,9 % pour les femmes) alors que les appelantes s’interrogent sur les liquides biologiques (32,8% contre 27,9 %, p= 0,438). « On a découvert il y a un an que j'avais l’hépatite B. […] Je voulais savoir aussi exactement si je suis contagieux pour les autres ? Ma femme est vaccinée, mais est-ce ce que la salive peut transmettre ? » Homme, 29 ans, Hépatites Info Service Enfin, en lien avec les risques de transmission, le dépistage dépist est évoqué dans un appel sur cinq (21,5 %) ainsi que les moyens de prévention (16,7 %). « Je suis porteuse avec un virus non répliquant c'est quoi les risques pour mes proche ? Mon compagnon dit avoir peur de la vaccination, je sais pas pourquoi. Dans l'histoire l'histoi c'est moi qui suis la plus inquiète ! » Femme, 30 ans, sur Hépatites Info Service Les aspects psychologiques et relationnels gardent une place importante dans un appel sur quatre (24,5 %). « L'appelant dit qu'il est difficile de savoir que l'on peut transmettre quelque chose. Il dit que depuis qu'il sait avoir "cette chose",, il s'est complètement isolé. Il ne va plus vers les autres, a peur de faire des rencontres, d'avoir une relation amoureuse. Il dit ne pouvoir en parler à personne et qu'aujourd'hui ce coup de fil lui a permis de dire les choses cho comme "je suis contaminé au virus de l'hépatite B". Ill dit que c'est difficile de se l'entendre dire, mais que paradoxalement, cela lui a fait du bien. » Commentaire de l’écoutant et de l’appelant, homme, h 26 ans, Hépatites Info Service Les 3 000 entretiens sur l’hépatite hépatite C • Des prises de risque variées Plus d’un tiers des 3 000 appelants sur l’hépatite C (36,1 %) ne connaissent pas leur statut vis-à-vis de cette pathologie et appellent pour se renseigner sur des prises de risque. Alors que les risques vis-à-vis vis de l’hépatite B sont principalement abordés abord sous l’angle de la sexualité, l’hépatite C fait l’objet d’interrogations plus variées. Seul un quart des interrogations sur l’hépatite C concerne les risques sexuels (27,7 %). Pathologie non considérée comme une IST, le VHC peut toutefois se transmettre lors de rapports sexuels en présence de sang. Situation vis-à-vis vis du VHC, n=2 799, en %, SIS Association Non évoquée 8,8 Ne sait pas / Risque évoqué 36,1 Dit ne pas être atteint 7,9 Dit être atteint 47,2 « Elle avait ses règles et je lui ai fait un cunni. Vous me conseillez quoi ? » Homme, 59 ans, Hépatites Info Service Le partage d’objets avec une personne séropositive au VHC et les accidents d’exposition au sang (AES) concernant les professionnels de santé sont abordés respectivement dans 5,9 % et 4,6 % des entretiens. « Etudiant en médecine, premier stage en chirurgie, il s’est piqué avec une sorte de crochet pendant une intervention sur un patient ayant des antécédents de transplantation hépatique pour le VHC. Déchirure de son gant, mais pas de plaie ni de point de piqure ure visible. On lui a dit de ne pas s’inquiéter, mais il se pose quand même des questions. » Commentaire de l’écoutant, homme, 22 ans, VIH Info Soignant Les questions sur les tatouages et piercings ne font quasiment référence qu’au VHC (3,4 % contre 0,1 % pour le VHB). « Je me suis fait tatouer en Asie et je me suis aperçu après qu’il ne changeait pas forcément les aiguilles… » Homme, 35 ans, Sida Info Service Observatoire SIS Association 5 De même pour les actuelles ou anciennes consommations de drogue (2,3 % contre 0,1 %), alors qu’il s’agit d’un facteur associé aussi bien au VHC qu’au VHB. « Ce matin, un intervenant dans le cadre de la médecine du travail m’a fait très peur. J’ai eu des expériences d’héroïne, mais par sniff. Il m’a dit qu’il était quasi sûr que j’avais alors le VHC. Il m’a fait très peur, vous en pensez quoi ? » Homme, 25 ans, Hépatites Info Service Les appelants sur l’hépatite C ne connaissant pas leur statut vis-à-vis de cette pathologie cherchent principalement des informations sur les risques de transmission (73,2 %)… « Mon compagnon m’a annoncé qu’il était porteur du VHC. Quels sont les risques pour moi ? Quelles protections dois-je prendre pour moi et ma fille ? Je suis pas très rassurée, c’est pour cela que je suis allée faire un test, pour me rassurer. Je veux pas le quitter parce que il a le VHC, je veux juste savoir comment je peux me protéger. » Femme, 39 ans, Hépatites Info Service … et ils sont finalement deux sur cinq à s’inquiéter pour une situation sans risque (39,3 %). « Personne qui demande si le VHC et le VIH peuvent s’attraper en buvant dans le même verre qu’une personne contaminée.» Commentaire de l’écoutant, homme, 49 ans, Hépatites Info Service Les aspects psychologiques et relationnels ont également une part très importante dans les échanges sur les risques vis-à-vis du VHC (26,1 %). Parfois de petites inquiétudes deviennent de réelles angoisses dans un contexte particulier, notamment à l’arrivée d’un enfant. « Il travaille dans la police. Il a été en contact avec deux toxicomanes et a reçu un postillon près de l’œil. L’une des personnes avait du sang mêlé à la salive. Il s’inquiète du risque lié aux hépatites et au VIH. […] Il dit avoir été pas mal marqué par certains collègues qui eux ont réellement été piqués par seringue et qui ont été mis sous trithérapie préventive. Il dit aussi que c’est depuis qu’il est père, depuis dix mois, que ces questions le travaillent davantage. Il s’est occupé récemment de sa fille, a constaté du sang sur ses mains, et sait qu’elle met les mains à la bouche tout le temps. Il voulait s’assurer qu’il n’y avait pas de danger pour elle. » Commentaire de l’écoutant, homme, 39 ans, Hépatites Info Service • Le traitement, un impact important dans la vie avec une hépatite C Près de six appelants sur dix évoquant l’hépatite C vivent avec cette pathologie (57,6 %). Les femmes sont légèrement plus concernées : 59,5 % d’entre elles sont contaminées contre 56,4 % pour les hommes (p=0,014). Ces chiffres sont en accord 9 avec l’épidémiologie indiquant une prévalence des anticorps anti-VHC supérieure chez les femmes (1,02 % contre 0,66 %) . De même que pour l’hépatite B, le fait d’être âgé de plus de 29 ans est un facteur associé au VHC. Ainsi, les appelants vivant avec une hépatite C présentent une moyenne d’âge de 47 ans [IQ : 38 ; 52], les hommes étant nettement plus jeunes que les appelantes (44 ans [IQ : 28 ; 49] contre 50,5 ans [IQ : 42 ; 59]). Alors qu’en France métropolitaine 220 000 personnes sont concernées par une hépatite C chronique, 69 % des appelants vivant avec le VHC en précise sa chronicité. De la même façon que pour l’hépatite B, nombreux sont les appelants ne connaissant pas leur mode de contamination (23,4 %). « Ça fait six ans que je sais que je l’ai et je le vivais bien jusqu’à l’arrivée de ma fille. J’ai une peur horrible de lui donner. En fait c’est parce que moi même je ne sais pas comment je l’ai attrapé. Ma mère l’avait, mais moi je ne l’avais pas à la naissance. Donc j’ai du l’attraper après mais on ne sait pas comment. » Femme, 23 ans, Hépatites Info Service 9 MEFFRE C, LE STRAT Y, op cit Observatoire SIS Association 6 Lorsqu’ils font référence à un mode de contamination, ils i évoquent le plus souvent un usage de drogue ou une transfusion avant 1992 (respectivement 29,9 % et 21,9 %). Il s’agit dess deux principales expositions à risque référencées 10 par la surveillance nationale . « Je suis atteint d'une hépatite C et je ne sais pas trop comment faire avec mon fils de 11 ans. […] Je n'ai n' pas honte de mon passé mais c'est derrière ère moi. C'est par la toxicomanie que je l'ai attrapé. Tout ça c'est fini depuis plus de dix ans. » Homme, Hépatites Info Service Mode de contamination par le VHC, en % (n=201), SIS Association 2011 Maternofoetale 1,5 Tatouage piercing 2 Usage de drogue 29,9 Voie sexuelle 2,5 Autre 4,5 Acte invasif sans transfusion avant 97 14,4 Ne sait pas 23,4 Produit sanguin avant 1992 21,9 « J’ai pu être infecté lors d’opérations avant 1991, ou encore, pendant une année, j’ai eu des pratiques toxicomanes par voie intraveineuse. » Homme, 49 ans, Hépatites Info Service Les examens et traitements correspondent au premier sujet abordé par les personnes vivant avec une hépatite C,, par six personnes sur dix (57,2 %). La majorité des questions concernee la thérapie anti-VHC anti (58 %), un quart des appelants vivant avec une hépatite C étant sous traitement au moment de l’appel (26 %). Seuls 13,7 % précisent n’avoir aucune expérience de traitement. « J'ai un score de fibrose à 0. Est-ce ce que vous pensez que je devrais envisager le traitement ? Comment ment ça se passe quand le traitement ne marche pas ? » Femme, 44 ans, Hépatites Info Service Situation par rapport au traitement, Appelants séropositifs au VHC (n=819 819), SIS Association 2011 Traitement en cours 19,2 % Sous traitement au Suit un premier traitement moment de l’appel Changement récent ou envisagé 5,5 % 1,3 % Total 26,0 % Aucun traitement actuellement 30,4 % Jamais pris de traitement 13,7 % Sans traitement au Traitement envisagé ou proposé moment de l'appel Rupture, arrêt du traitement Est en impasse thérapeutique Total 16,5 % 7,6 % 5,9 % 74,1 % Une réponse virale soutenue (RVS), correspondant à une absence de détection de virus six mois après la fin du traitement, est signe de guérison. Or le traitement de base de l’hépatite C, interféron pégylé et ribavirine, ibavirine, présente un taux de réussite 11 variable selon le virus : 40 à 54 % pour les génotypes 1 et 4, et 65 à 82 % pour les génotypes 2, 3 et 5 . Ainsi, il existe des rechuteurs, personnes pour lesquelles le virus réapparait dans les six mois suivant l’arrêt arrêt du traitement, et des nonnon répondeurs, personnes avec une persistance du virus à la fin du traitement. Parmi les appelants vivant avec le VHC, 5,9 % ont indiqué être en impasse thérapeutique et 7,6 % être en n arrêt du traitement pour une raison ou une autre. « Je vous appelle pour savoir s'il y a du nouveau concernant les traitements contre l'hépatite C. Je suis atteint depuis plus de d dix ans. J'ai déjà eu un traitement mais ça n'a pas marché. Je n'ai pas répondu au traitement, les transaminases sont toujours restées élevées. […] Je voudrais savoir s'il existe de nouveaux protocoles. J'avais appelé un hépatologue à Marseille qui m'avait dit que de nouveaux traitements existaient mais uniquement pour les gens gens en phase cirrhose. Moi j'étais A2F2 il y a dix ans. Je n'ai pas envie de savoir où j'en suis. […] Vous croyez que c'est possible de bénéficier de ces nouveaux traitements traitemen sans un score de fibrose ? » Homme, 59 ans, Hépatites Info Service « Je suis porteuse de l’hépatite C et en impasse thérapeutique. Je suis très fatiguée et en début de cirrhose. Pour tout vous dire je vais très mal. » Femme, 60 ans, Hépatites Info Service 10 Institut de veille sanitaire. Surveillance nationale de l’hépatite C à partir de pôles de référence volontaires, données épidémiologiques 2001-2007. 2001 SaintMaurice : Institut de veille sanitaire, dernière mise à jour 2009. 28 p. [consulté le 04/11/2011]. Disponible D sur www.invs.sante.fr 11 EASL. EASL Clinical Practice Guidelines: Management of hepatitis C virus infection. Journal of Hepatology, 2011; 55:245-264. 55:245 Observatoire SIS Association 7 De nombreux effets indésirables en lien avec le traitement ou avec le seul fait d’être porteur chronique du VHC sont 12,13 aujourd’hui rapportés et reconnus . Ils sont au cœur d’un entretien sur cinq (20,6 %) concernant la thérapie anti-VHC ainsi que le vécu des soins de façon plus globale (14 %). « Mon mari est atteint du VHC, il va reprendre un traitement bientôt. Le premier qu'il a pris il y a sept ans n'a pas donné de résultats. Ça a été terrible. Il avait beaucoup perdu de poids, il perdait ses cheveux et il était sous antidépresseurs... J'ai très peur de ne pas pouvoir assurer auprès de lui. » Pour un homme, 50 ans, Hépatites Info Service De plus, les symptômes et comorbidités sont également présents dans un entretien sur dix avec une personne porteuse du VHC (8,7 %). Après les symptômes généraux de la maladie, les deuxièmes troubles évoqués sont d’ordre psychique, par 14 16,1 % des personnes vivant ave le VHC évoquant des symptômes. Le dernier plan national de lutte contre les hépatites souligne notamment l’importance d’améliorer la prise en charge des troubles psychiatriques avant, pendant et après le traitement. « Je suis sous traitement VHC et je suis pris d'accès de colère… » Homme, 44 ans, Hépatites Info Service Alors que le traitement est une véritable étape dans le vécu avec le VHC, deux nouvelles molécules antiprotéases ont été mises sur le marché récemment, le bocéprévir et le télaprévir. Si elles augmentent les chances de guérison, elles semblent 15 être également lourdes d’effets indésirables, provoquant prurits et anémie notamment . Elles sont pour le moment réservées aux patients rechuteurs ou non–répondeurs avec réponse partielle au traitement de référence. Les études actuelles se tournent maintenant vers des traitements sans interféron, qui permettraient enfin d’abandonner son mode d’administration par injection. Permettant le suivi de l’évolution de l’hépatite, les examens médicaux sont évoqués dans près d’un tiers des entretiens sur les aspects examens et traitements par les appelants vivant avec le VHC (30,8 %). Les tests sanguins tels que le FibroScan ou la biopsie sont au cœur de ces échanges. « Je suis coinfecté VIH et VHC, et j'ai fais un Fibroscan. Je suis F4. Est-ce que ça veut dire que j'ai une cirrhose ? Je n'arrive pas à joindre la toubib, c'est toujours occupé ! » Homme, 50 ans, Hépatites Info Service Enfin, du fait de la proportion importante d’appelants vivant avec le VHC et coinfectés par le VIH (40,2 %), les traitements anti-VIH sont abordés dans un quart des échanges sur les traitements (24,5 %). En France, la proportion de coinfections VIH16 VHC est estimée à 24,3 % . Le VIH complexifie la prise en charge du VHC en accélérant l’évolution des lésions hépatiques. « Je suis séropo et j'ai également une hépatite C. Mon médecin commence à me parler de traitement pour l'hépatite C. Est-ce que je vais devoir arrêter mon traitement VIH avant ? Y a-t-il de nouvelles molécules ? J'ai un peu peur de la dépression, déjà que j'ai tendance... » Homme, 42 ans, sur le VIH, Hépatites Info Service Coinfections parmi les appelants vivant avec une hépatite C (n=2 013), SIS Association 2011 VHC-VIH (n=810) 40,2 % VHB-VHC (n=5) 0,2 % VHB-VHC-VIH (n=15) 0,7 % 12 COUDRAY M., DE CARVALHO E. Vivre avec une hépatite C : une étude d’Hépatites info service en 2011, France. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2012, 29-30 : 344-347 13 LARREY D., COUZIGOU P., Denis J. Hépatite chronique C : gestion des effets indésirables du traitement. Gastroentérologie clinique et biologique (2007) 31 : 4S20-4S28. [consulté le 13/01/2012]. Disponible sur www.em-consulte.com 14 Direction Générale de la Santé. Plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012, Ministère de la Santé et des Sports, 2009. 86 p. [consulté le 14/12/2011]. Disponible sur www.sante.gouv.fr/plan-national-de-lutte-contre-les-hepatites-b-et-c-2009-2012.html 15 Dr THOMAS. Perspective : Advances in the Treatment of Hepatitis C Virus Infection. Advances in HCV Treatment, 2012, Volume 20, Issue 1, 5-10 16 LARSEN C., PIALOUX G. et al. Prévalence des co-infections par les virus des hépatites B et C dans la population VIH, France, juin 2004. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2005, 23 : 109-112 Observatoire SIS Association 8 Le contexte de certains appels sur l’hépatite C met en évidence la gravité de certaines situations : 16,4 % présentent une cirrhose du foie et pour 2,2 % il est envisagé une greffe. « Ma compagne a une cirrhose décompensée. Je voudrais savoir quel est le temps d'attente pour une greffe de foie, sachant qu'elle a une maladie auto-immune, et d'autres complications. » Pour une femme, Hépatites Info Service De fait, avec l’ensemble de ces aspects médicaux lourds, l’hépatite C demande un soutien psychologique important. Les aspects psychologiques et relationnels sont au cœur de deux entretiens sur cinq (40,4 %), la plupart évoquant un mal-être et des angoisses (80,1 %). « Personne sous traitement VHC depuis deux mois, très fatiguée et seule. Les seuls contacts sont l’infirmière et notre dispositif d’écoute. Elle dit avoir besoin d’un soutien pour poursuivre son traitement et maintenir un contact humain. » Commentaire de l’écoutant, femme, 65 ans, Sida Info + Des problèmes d’addictions, à l’alcool ou aux drogues, peuvent également s’ajouter et amplifier le mal-être et les angoisses liés à la maladie et au traitement. « Appelante en pleurs. Elle n'en peut plus. Elle a démarré une bithérapie depuis trois semaines et n'arrive pas à baisser sa consommation d'alcool. Elle a envie de se suicider, le sentiment d'être inutile. » Commentaire de l’écoutant, femme, 42 ans, Hépatites Info Service Enfin, les questions juridiques et sociales sont abordées par un appelant VHC+ sur cinq (19 %). Au cours de deux entretiens sur cinq, les interrogations portent sur le droit des malades (40,4 %) et notamment sur les indemnisations et conciliations autour d’accidents médicaux portant essentiellement sur des contaminations par transfusion avant 1992. « "J'ai été contaminé en 1980, je pense parce que j'ai été transfusée. Mon infirmier ce matin me disait que j'avais peut être droit à quelque chose. C’est vrai ? Il y a des indemnisations ?" Malheureusement elle n'a aucune pièce justificative de cette transfusion. À la clinique ils n'ont plus les archives de 1978 à 1981. » Commentaire de l’écoutant et de l’appelant, femme, 60 ans, Hépatites Info Service Conclusion Bien que peu connues du grand public, les hépatites B et C sont au cœur de plus de 6 000 entretiens annuels sur SIS Association. Avec des contextes et des problématiques spécifiques à chacune, les entretiens sur ces pathologies abordent aussi bien des aspects médicaux précis que des généralités sur les transmissions en passant par un fort besoin de soutien psychologique. Alors que le vaccin contre le VHB existe, les traitements contre le VHC sont encore très insatisfaisants, en termes de réussite mais aussi d’effets indésirables. De nombreux échanges mettent en évidence un manque de connaissance sur ces deux pathologies, concernant les prises de risque, le dépistage ou encore les évolutions de la maladie. Ainsi, les connaissances générales dans ce domaine doivent être renforcées. Il ne peut être que recommandé de développer des campagnes d’information sur ces deux pathologies. Pour tout complément sur cette synthèse : [email protected] Observatoire SIS Association 9