raq n°25 fsm belem

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raq n°25 fsm belem
RECIT AU QUOTIDIEN N° 25
SPECIAL DE BELEM
Depuis 6 mois Récit au Quotidien n'avait pas reparu, victime du renouvellement de
l'équipe et d'urgence de la rentrée. Il nous a paru nécessaire de le ressusciter avec
ce journal spécial de la délégation de RECIT (15 participants) qui depuis le 24 janvier
participe au forum social mondial à Belém. Des soirées de restitution seront
organisées après leur retour, en particulier le 13 mars au soir à Paris, mais aussi à
Rennes, Grenoble, etc.
UN FORUM AVANT BELEM, Nacéra Aknak Khan
Plusieurs faux départs… mais on pensait que c’était des faux départs habituels que
nous vivons, tous parfois, dans nos déplacements soit par avion, ou par train.. Mais
dans ce cas précis... non, les choses se sont déroulées autrement, les faux départs ont
été vécus autrement par un groupe de personnes se dirigeant vers Belém pour le FSM
2009.
Départ prévu le vendredi 23 janvier et annulé quelques heures avant le décollage, sans
aucune explication. Redécollage e lendemain le 24 au matin. Nous étions une dizaine à
faire le voyage ensemble, mais avec des itinéraires différents qui ont été déjà définis au
départ de Paris.
Arrivés à Rio de Janeiro, nous avons repris nos bagages pour accéder à la zone de
transfert des vols domestiques. Et en arrivant au comptoir pour réenregistrer nos
bagages, grosse surprise, la compagnie brésilienne nous informe qu’elle n’a aucune
réservation à nos noms. Le petit groupe de 10 s’est agrandi avec d’autres personnes en partance vers
Belém. Nous étions cette fois ci, près de 60 personnes en direction du FSM à Belém, mais sans
aucune réservation depuis Rio de Janeiro. AF étonnement n’a pas fait son travail. En l’espace de
quelques temps, nous devions nous organiser collectivement pour faire pression auprès d’AF pour
résoudre notre problème.
Le forum a démarré à ‘aéroport de Rio. Nous nous retrouvions toutes les heures pour faire le point,
nous concerter sur les décisions à prendre. Tout de suite, une demande très précise a été faite aux
autorités d’AF et l’Ambassade France au Brésil. Il était clair tout de suite qu’il n y avait aucune solution
possible avant le lendemain. Nous étions logés dans un hôtel luxueux à Copacabana pour nous
reposer après ce périple !! Joli pot de vin mais, à vrai dire, bienvenu dans l’état dans le quel nous
étions tous.
Dès le lendemain, une assemblée générale a été organisée dans le hall de l’hôtel pour faire le point.
Les responsables d’AF Brésil nous ont promis de nous trouver une solution dans l’heure qui suivait.
En effet, la responsable a Sao Paulo, n’ayant pas trouvé d’alternative au problème, a affrété un vol
spécifique de la compagnie brésilienne toute flambant neuve AZUL pour le groupe de 58 personnes.
Cris de joie pour arriver enfin à Belém… Mais, malgré tout cela, nous étions craintifs quand même de
voir d’autres imprévus arriver !!
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er
1 incident : tout de suite après la décision de la responsable, une personne faisant de la phobie aux
avions, ne voulait pas aller avec nous car elle ne connaissait pas cette compagnie et elle ne se sentait
pas suffisamment en confiance. La responsable a rassuré, tant bien que mal la personne, mais…
Nous avons réussi à démarré tous ensemble dans le bus en direction de l’aéroport. Dès notre arrivée,
un comptoir était prêt à nous accueillir pour l’enregistrement de nos affaires.
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incident : une personne du groupe a oublié son bagage à l’’hôtel, il restait une demi heure avant
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l’embarquement et il y a à peu près une demi heure de route entre l’hôtel et l’aéroport… Nous ne
serions bien passé de ce petit souci, mais bon… les agents de l’hôtel ont mis le bagage en question
dans un taxi et l’ont envoyé. Et nous avons essayé de retenir les agents d’AZUL pour l’enregistrement.
Le bagage arrivé pile à la fermeture du comptoir… mais nous avons réussi à faire l’enregistrement.
Une fois l’incident clos, tout le monde se dirige vers la salle d’embarquement en passant par les points
de sécurité et la vérification des bagages à main.
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incident : un ingénieur du son parmi le groupe avait gardé sa perche de micro dans ses bagages
à main alors que cet objet n’est pas autorisé. Les douaniers brésiliens étaient fermes et ne voulaient
pas laisser passer un tel objet. Il fallait une autorisation spécifique par AF pour mettre cet objet en
bagage accompagné… Là aussi c’était la course entre la fin de l’embarquement et l’autorisation a
récupéré auprès d’un comptoir à l’autre bout de l’aéroport.
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incident en parallèle : AF a fait circuler une note auprès de tout le groupe à faire signer. Cette
note disait que AF a tout fait pour nous trouver une solution à notre problème, mais qu’à partir du
moment où nous sommes sur le vol d’AZUL, AF se décharge de toute responsabilité entre Rio et
Belém. Cette note a semé la panique au sein du groupe. En effet, chacun de nous ayant pris dès le
départ la compagnie AF, nous ne comprenions pas pourquoi cette compagnie se décharge de sa
responsabilité, ce qui est tout à fait anormal par rapport au contrat initial à l’achat de nos billets AF.
Une alternative a été quand même trouvée pour signer ce papier et ce, en mettant avant la signature
‘nous avons bien pris note de cette note, mais elle n’engage en rien son signataire’. Le deuxième
problème et que cette note, loi d’être rassurante, a semé une vague de doute sur la qualité et la
garantie de la sureté de cet avion de la compagnie brésilienne. Une autre personne a été prise
également de panique face à cette note et a fait une crise de phobie. Elle a refusé de monter à bord.
Lundi 26, journée des visites des expériences locales
MARITUBA, Agnès Rousseaux
La ville de Marituba, en banlieue de Bélem, est née pour loger les travailleurs qui ont construit
la ligne de chemin de fer. Certains venaient d'Italie, de France, d'Espagne... Ici vivent aujourd'hui 130
000 personnes, d'origines très diverses : indigènes, descendants d'européens et descendants
d'esclaves. Beaucoup travaillent à Bélem et rentrent le soir à Marituba. Pendant le FSM, 350
personnes sont hébergées dans l'école voisine. Ils sont une dizaine d'habitants à nous accueillir sur la
place du village, motivés pour nous montrer leur lieu de vie et les problèmes qu'ils rencontrent.
Rapidement l'échange se concentre sur les questions foncières. Ici, pas de place pour étendre
la ville, à cause du fleuve qui sert de frontière. Sur le territoire de la ville, une partie des terres sont
occupées illégalement. Un projet gouvernemental vise à améliorer cette situation en permettant à
ceux qui vivent sur un terrain depuis 5 ans de devenir automatiquement propriétaires. Dans certaines
parties de la ville, la forêt a été remplacée depuis 5-10 ans par des quartiers de maisons, construits de
manière inappropriée : pas d'égouts, peu d'infrastructures. L'accès aux services de base est très
précaire, il n'y a aucun assainissement et les eaux usées se déversent directement dans le fleuve. Les
habitants qui nous accueillent déplorent l'absence de politique environnementale, le manque
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d'investissement. Ils nous disent à quel point le fleuve « est mort ». Il n'y a plus de vie dans les
nombreuses rivières polluées qui rejoignent l'Amazone à cet endroit. Les habitants boivent l'eau des
sources et nappes phréatiques, polluées elles aussi, ce qui provoquent de nombreuses maladies.
Nous passons devant une forêt d'eucalyptus que le gouvernement du Para menace de détruire pour
en faire un quartier résidentiel pour les riches. Plus loin, une zone a déjà été défrichée pour construire
des maisons. Une association de protection environnementale a été créée pour préserver cette zone.
Nous arrivons au bout d'une route le long de laquelle sont installées de nombreuses maisons.
À l'extrémité, une décharge. Sur la route défoncée se croisent des camions en provenance de
plusieurs municipalités environnantes qui viennent y déverser leurs déchets. Des vautours (urubu)
s'acharnent sur un cadavre de chien dans un fossé. La décharge fume. Des enfants escaladent la
montage de déchets, pour faire de la récupération et du « recyclage ». Les maisons ici se sont
construites illégalement, en même temps que la route. Le gouvernement fédéral a interdit la décharge,
mais le gouvernement municipal n'a pas encore mis cette décision en application. Les habitants
accusent la municipalité de droite, mais aussi l'enchevêtrement des échelons administratifs qui
compliquent toutes les décisions politiques. Ils ont dénoncé la situation auprès du journal local, mais
rien n'a bougé. De l'autre côté de la décharge, un autre trafic s'organise : des camions viennent
chercher des cargaisons de terre. Une terre polluée par la décharge, qui servira pourtant à construire
des maisons.
Un peu plus loin, c'est le quartier de Santa Clara. Nous nous arrêtons au centre médical public
et discutons avec le médecin responsable, une « héroïne » selon nos accompagnateurs. Ils
considèrent le quartier comme très dangereux. Avant de s'y aventurer, ils ont essayé sans succès de
convaincre des policiers de nous suivre en voiture pendant notre visite. Pendant que nous sommes au
centre médical, un groupe d'hommes s'agite de l'autre côté de la rue. Après les avoir rassurés sur les
raisons de notre présence – nous ne sommes pas envoyés par le gouvernement - nous engageons la
discussion avec eux. Ici les jeunes sont sans travail et surtout sans perspectives. Ils ne voient aucune
possibilité d'action et semblent complètement perdus et désabusés. Juste à côté pourtant, un groupe
d'une vingtaine d'enfants et d'adolescents pratiquent la capoeira, encadrés par quelques adultes. Le
professeur nous explique combien cet art martial favorise l'harmonie et le respect. C'est la
transmission d'une partie de leur culture et une manière d'affirmer leur identité. Il regrette le manque
de soutien du gouvernement, du fait que ce ne soit pas un sport olympique. Pourtant, ce groupe de
jeunes motivés et fiers est la preuve vivante des conséquences bénéfiques que peut avoir la pratique
de cette discipline exigeante.
Dans un quartier limitrophe, nous rencontrons ensuite Alejandro, qui nous fait visiter
l'exploitation agricole dont il est propriétaire avec sa famille. Ses produits biologiques, qu'il vend sur
les marchés et aux supermarchés, ont été servis lors de la visite du Pape dans le Para. L'ancien
gouverneur de l'État a voulu donner son propre nom au quartier. Mais les habitants continuent
d'utiliser l'ancien, quartier « Che Guevara ».
Vue de Marituba, Yves Ruamps, Rennes
Notre passage a été pris avec un grand sérieux. Pour notre accueil, nous avons bénéficié d’une
équipe d’au moins 10 militants très « pointus » sur le sens de leur engagement politique. Nous avons
pu être en contact avec des expériences intéressantes. Dommage que la traduction n’ait pas été à la
hauteur, beaucoup de paroles se sont perdues.
Un point caractéristique : des religieuses étaient parmi le groupe de militants et chacune d’elles était
« ‘à la pointe de la bagarre ».
Ce que j’ai ressenti : les problématiques soulevées à chaque halte de notre minibus nous renvoient
inexorablement à mes propres luttes, même si le contexte est forcément différent :
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1- La gestion de la décharge publique : nous n’étions pas loin des problèmes d’incinérateurs en
France, de la diminution des déchets, du tri sélectif, etc.
2- Le désœuvrement des jeunes : et nous revoilà, à une autre échelle, avec notre problème de
banlieue, délinquance, déserrance, trafic de drogue, etc.
3- La capoeira : à travers ce témoignage magnifique du professeur de capoeira, on touche du
doigt l’importance des animations culturelles et sociales. Ces gamins étaient heureux, fiers de
pouvoir s’exprimer, fiers d’évoluer dans le groupe et d’être reconnus. « chaque fois qu’on
ouvre une école, on ferme une prison ». Dommage que Sarkozy préfère inverser la
proposition.
4- La médecine de quartier : les personnes rencontrées revendiquent la gratuité des soins et
l’affichent comme un acquis de l’organisation collective, cet engagement pour des soins
gratuits serait à rapprocher du peu de cas que nos concitoyens français font de notre belle
conquête qu’a été la Sécurité Sociale.
5- Et enfin l’accès à l’eau potable nous a été, à chacun den os arrêts, présenté comme une
préoccupation dee la communauté tout entière, et comme une mission élémentaire des
pouvoirs publics .
Pour récapituler, même si nous avons entendu, de la part d’un de nos accompagnateurs, les discours
fatalistes « tous les mêmes ! tous pourris ! », les autres nous ont plutôt donnés une leçon
d’engagement citoyen, une leçon de constructeurs de liens, d’entraide, de solidarités dans les
communautés e base, sans oublier d’inscrire leur action dans un projet publique global. « du local au
global » en live.
Et pour conclure, dommage qu’on n’ait pas pu être dans l’échange ! (comment faire en pareille
circonstance ? je n’ai pas la réponse) Nous sommes restés dans la visite, dans le témoignage
unidirectionnel.
Abarbatetuba, Thomas Marshall de Dijon
"Ce matin, rendez-vous à 6h30 pour une des visites de terrain organisées par le CCFD. Notre groupe
part en minibus accompagné par deux brésiliennes qui parlent français. Direction Abarbatetuba, petite
ville 100 kilomètres au sud de Belém. L'objectif est d'aller visiter un centre d'agroécologie, Tipiti.
Une fois sortis de Belém, le minibus franchit le pont au dessous du Rio Guamà. Ce qui frappe d'abord,
c'est l'absence totale de relief : du haut du pont, on n'aperçoit à perte de vue que des arbres, ou plutôt
un tapis vert coupé par le fleuve. L'européen que je suis se remet dans la peau des premiers
explorateurs blancs abordant la côte, remontant le fleuve en scrutant la lisière de la forêt, minuscules
insectes hésitant, peu rassurés à l'idée de s'y enfoncer sans repère. Sur la route bitumée, notre
trajectoire zigzague pour éviter les nids de poule. Le sol est instable.
Le long de la route, quelques parcelles de forêt sont brulées. D'autres ont été transformées en
pâturage où paissent quelques bovins. Ce ne sont pas des propriétés gigantesques, on se trouve là
concrètement confrontés à la question de la déforestation, à un niveau humain et non sur des cartes
embrassant des millions de km².
Les sociétés européennes se sont construites en défrichant leurs forêts primaires. Il nous reste
toujours un mélange de fascination et de peur face à la nature sauvage, non connue, non cultivée.
On n'a pas de leçons à donner aux brésiliens sur la préservation de la forêt, tant que nous
associerons la satisfaction de notre besoin de sécurité à la « mise en valeur » du milieu écologique
d'un point de vue économique. Un réflexe qui est aujourd'hui totalement inadapté.
La visite du lieu de production agro-écologique est une source d'espoir : une agriculture familiale s'est
organisée en résistance à la pression des banques pour l'usage des engrais chimiques, un centre de
formation a expérimenté et introduit des écosystèmes agro-forestiers produisant toute l'année quantité
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de fruits, des familles se sont regroupées dans une coopérative de transformation et de vente qui les
rend maîtresses de leur avenir. Prenons-en de la graine ! »
28 janvier 2009 Journée Panamazonienne
Connexion…, Alex de Montréal 28/01/09
« Quand je suis connecté ainsi avec les autres, j'ai le sentiment que les choses ne sont pas aussi
merdiques. On perçoit cette connexion collective. Le monde est pourri, mais on y est ensemble, et
d'une certaine façon, ça aide. C'est ce qui est en train de se passer au Forum Social Mondial. C'est
une reconnaissance collective de ce qu'on est.
Ici, quand j'ai croisé pour la première fois Samuel, il m'a dit qu'il était discriminé du fait qu'il est noir,
homosexuel, pauvre et, assez étrangement, du fait qu'il vient d'une zone rurale du Brésil. Je ne
comprend pas cette dernière discrimination, mais les autres me sont assez familières...
Quel jour sommes-nous aujourd'hui ? Je n'en sais rien... tout s'est mélangé depuis que je suis arrivé,
je me suis immergé dans une série d'expériences. J'ai nagé dans l'Amazone. J'ai rencontré des gens
de France, Brésil, Guyane et Congo. On a évoqué les possibilités de coopérations à long terme. Je
suis légèrement sceptique, je sens que ce sera difficile de garder le contact avec tous ces gens quand
je serai de retour chez moi. Quoi qu'il en soit cette connexion aujourd'hui m'apporte beaucoup,
diminue mon sentiment d'isolement. C'était bien de manger avec les militants français, de discuter en
buvant une pinte de bière avec Magali de nos approches respectives des mouvements d'éducation
populaire et de leur dépendance à ces financeurs institutionnels qui nous régentent. Ce sera bien
d'être aux côtés de ces gens pendant la Marche d'ouverture du FSM. On essaye. Et c'est déjà une
bonne chose. »
Pour célébrer un monde de paix… Magali Fricaudet, Montreuil
Il est peu de choses qui portent aussi bien leur nom que le forum social mondial… Un vivier d’énergies
qui convergent vers des débats, des animations sous toutes formes… la langue universelle des
convergences c’est l’art, la musique, la capoeira, les élans discursifs des représentants de
mouvements indigènes, sociaux, politiques, spirituels…
Sous un soleil de plomb, une force multicolore et polyglotte attend la cérémonie panamazonique
d’ouverture. Les objectifs du forum sont lus en portugais, anglais, espagnol et français. Puis une
délégation de quechuas et aymaras vient sur la scène pour faire un rituel à la pacha Mama pour
demander l’inauguration du forum. Des artistes, des quilombes (communautés fondées par les
esclaves déserteurs), de la communauté nippo-brésilienne, des rappeurs, des sambistes viennent
nous parler avec leurs musiques et leurs danses de la criminalisation des luttes, du travail esclave et
de la lutte pour la terre et contre la violence. Des représentants des communautés Mapuche du Chili,
de colombe, un représentant Aymara de Bolivie viennent clamer leur indignation contre l’oppression et
invitent à la solidarité internationale. Des femmes de la Marche mondiale viennent dénoncer, avec
humour, les violences.
Deux autres scènes, d’autres artistes viennent célébrer un monde de paix et l’accès universel aux
biens communs. Des rencontres ambulantes entre les stands assistent aux séminaires autogérés et
s’insèrent dans un cercle autour es capoiristes ou des musiciens.
Un e journée ponctuée de saluts paternels et de sourires enthousiastes de sonorités linguistiques
lointaines, une journée à se perdre allègrement dans l’organisation presque impeccable du forum.
Une organisation qui tient aux organisations internationales, à l’engagement des volontés qui
convergent !!
Quelques brêves nouvelles de Belem, Olivier Truche de Grenoble "pas tout a fait en vacance"
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Beaucoup de monde ici et de nombreuses rencontres enrichissantes malgré parfois la barrière de la
langue qui m’amène un peu de frustration et le regret de ne pas avoir été très attentif aux cours de
langue a l’école... enfin ca aurait put être aussi transmis d'une façon un peu plus vivante. C’est un
constat partage ici, j’ai visite a Belém l’association UNIPOP qui propose a des jeunes (15-25 ans) des
quartiers pauvres ou des campagnes, des formations où l'éducateur est un accompagnateur, dans
des classes où les chaises forment un cercle sans la barrière du bureau. Ces formations sont
diverses, projets de développement d'un territoire (accès eau potable, électricité, école...), leader
syndical politique, apprentissage des outils de communication, avec la volonté que ces jeunes là où ils
vivent pour développer ces mêmes projets sur leur territoire... Ca me fait penser a l'association
Uniscite et au service volontaire que j'ai fait avec eux il y a quelques années sur Grenoble, premier
pas qui font qu'aujourd'hui je me retrouve ici, au forum social mondial, avec le sentiment de participer
à l'histoire d'une transformation d'un monde ancien qui m'oppresse, vers un monde nouveau j'espère
un peu moins con, plus vivant et moins donneur de leçon.
Pour illustrer, hier j'ai participe à un atelier sur "les luttes sociales et politiques dans un pays sous
domination coloniale", on retrouvait toutes les problématiques qui ont conduit le choix de la ville de
Belém comme lieu du forum 2009:
- La tension entre le droit de propriété et d'exploitation par les peuples indigènes du territoire et son
appropriation par l'état en le transformant en parc national aux règles dures et inadaptées.
- La tension entre un phénomène de sédentarisation qui s'accentue et des équipements qui ne suivent
pas, sauf peut être pour les élus locaux qui acceptent la pression des règles imposes plus haut, enfin
plutôt a cote, a quelques milliers de kilomètres.
- La tension entre un développement économique local et un système d'économie de comptoir
coloniale qui rend dépendant.
- La tension entre une pauvreté qui conduit au pillage de ressource avec des équipements vu leur
prix, finances par de grandes entreprises, et le danger ainsi introduit qui justifie alors la militarisation
d'une zone et son contrôle (ex check point...).
- La tension entre la valorisation et la protection des savoirs et des savoirs faire, et son pillage
organisée au nom de la recherche, de la sécurité, oubliant toutes formes de reconnaissances pour les
peuples à l'origine.
Là où ca fait particulièrement mal, c'est que ce pays c'est la Guyane, et que le colon ben quelque part
c'est moi.
Durant l'atelier je sentais chez les guyanais les mêmes freins, les mêmes paradoxes, la même
frustration, la même colère, et aussi les mêmes envies, volontés et espérances que je peux ressentir
dans les actions locales à Grenoble où je m'investis. Le forum est un temps de convergence ou de
coalition des luttes et des actions, j'en vois pour ma part au moins une :
L'implication des individus qui vivent sur un territoire aux décisions politiques, c'est à dire aux choix
qui les concernent. Quand je vois sur Grenoble la faible participation aux instances de participation,
aux mouvements politiques même locales, aux syndicats, aux conseils d'administration des
organismes... J'me dis que ce n'est pas gagne alors qu'on a déjà la chance d'avoir un certain nombre
d'outils qui existent. Je crois que ce n'est pas pour rien que la plupart des gens on retenu des forums
sociaux mondiaux les budgets participatifs de porto allègre.
Ce soir on a réussi a inviter l'union des travailleurs guyanais qui portaient l'atelier, des français
métropolitain de la délégation RECIT, sur le bateau où justement il y a une soirée spéciale Guyane
organisée par France liberté et la CIMADE, ça devrait être intéressant...rdv vendredi matin avant midi
pour la Visio skype conférence pour voir les avancées.
En tout cas ca fait du bien d'être ici, de prendre du temps pour se poser des questions, de partager
nos expériences de vie et de sentir qu'on n'est pas seul, juste un peu désorganisé et parfois trop
émotif face a des problèmes complexes.
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