Paul Grimault : Biographie

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Paul Grimault : Biographie
Paul Grimault : Biographie
1905 – 1918
L’enfance de Paul Grimault
Paul Grimault naît à Neuilly le 23 mars 1905. Il passe son enfance à Brunoy, jusqu’en
1916. Toutefois, au déclenchement de la guerre en 1914 sa famille préfère
l’éloigner en Normandie, jusqu’au début 1915. Finalement en octobre 1916 il
s’installe à Paris avec ses parents. La Première Guerre mondiale aura ainsi perturbé
son enfance et sa scolarité.
1919 – 1936
Paul Grimault dessinateur, attiré par le cinéma
A Paris, il fréquente l’école de dessin Germain-Pilon de 1919 à 1922. A sa sortie, il
intègre l’atelier d’art « Pomone » (aux magasins du Bon Marché) où il travaille deux
ans avant de partir au service militaire, en 1925 et 1926. A son retour, il travaille
comme dessinateur de meubles au Faubourg Saint-Antoine chez Soubrier (1927)
puis chez Dennery (1928).
En 1929 il entre à l’agence Damour où il fait la rencontre de Jean Aurenche. Il y
reste jusqu’en 1931.
A partir de 1931 il collabore à un grand nombre de films publicitaires de Jean
Aurenche, en exerçant parallèlement diverses activités dans la publicité et le
spectacle, jusqu'en 1936. Occasionnellement, il participe à partir de 1933 au
Groupe Octobre (groupe de théâtre ouvrier).
1936 – 1950
Paul Grimault fonde Les Gémeaux
En 1936, Paul Grimault fonde la société de production Les Gémeaux avec André
Sarrut. Jusqu’en 1939, il réalise quelques courts métrages publicitaires en dessin
animé : Phénomènes Electriques (1937), Le Messager de la Lumière (1938), Gô
chez les Oiseaux (1939) ; ce dernier film sera interrompu par la Deuxième Guerre
mondiale.
Les Gémeaux reprennent en 1941, pendant l’Occupation, leurs activités de
production de courts métrages. Se succèderont alors notamment Le Marchand de
Notes (1941), Les Passagers de la Grande Ourse (1942-1943) (reprise de Gô chez
les Oiseaux), L'Epouvantail (1943), Le Voleur de Paratonnerres (1944).
Après la guerre, Paul Grimault et Les Gémeaux réalisent encore La Flûte magique
(1946) et Le Petit Soldat (1947). Paul Grimault et Jacques Prévert décident de
poursuivre leur collaboration et entreprennent l'adaptation d'un conte d'Andersen
en vue d’un long métrage : La Bergère et le Ramoneur. Le film est mis en
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production en 1947 mais en décembre 1950, suite à des difficultés de production,
Paul Grimault est écarté de la réalisation par le producteur. Le film sortira en 1953
dans une version désavouée par ses auteurs, Jacques Prévert et Paul Grimault.
1951 – 1973
Paul Grimault fonde Les Films Paul Grimault
En 1951 Paul Grimault crée Les Films Paul Grimault et s'installe dans un petit atelier
du XIIIe arrondissement de Paris. Il y exerce diverses activités pour la publicité ou
l’illustration d’édition, sans oublier la réalisation de courts métrages. Il réalise en 1956
un moyen métrage burlesque, Enrico cuisinier, puis illustre en 1957 La Communale,
un livre de Jean L'Hote, et Le Petit Simonin illustré. Il réalise parallèlement La Faim du
Monde, sur un scénario qu'il co-écrit avec Jacques Prévert.
En 1964 Pierre Prévert lui confie l’imagerie et les décors de son film Le Petit Claus et
le Grand Claus.
N'ayant jamais renoncé à terminer son film, Paul Grimault parvient en 1966 à
récupérer le négatif de La Bergère et le Ramoneur. Il réalise peu après deux courts
métrages, Le Diamant (1970) et Le Chien mélomane (1973).
1976 – 1980
Paul Grimault et Le Roi et l’Oiseau
Après plusieurs années d'efforts infructueux, Paul Grimault parvient en 1976 à trouver
le financement pour remettre en production le film de sa vie : de 1977 à 1979, il
réunit une équipe pour réaliser Le Roi et l’Oiseau, version définitive du film La
Bergère et le Ramoneur. Une obstination couronnée par l'attribution du prix LouisDelluc en 1979. A la sortie du film, en 1980, Paul Grimault sera enfin parvenu après
toutes ces années à offrir au public le film qu’il souhaitait.
1986 – 1994
Paul Grimault achève son œuvre
En 1986 Paul Grimault décide de réaliser avec son ami Jacques Demy, un long
métrage qui lui permettrait de réunir ses principaux courts-métrages. La même
année Jean-Pierre Pagliano lui consacre un livre. Après deux ans de travail, La Table
Tournante sort sur les écrans (1988), mêlant images de prises de vue réelle et dessin
animé.
En 1991, Paul Grimault écrit Traits de mémoire (Le Seuil), un ouvrage qui rassemble
ses souvenirs et qui présente toute la palette de ses talents graphiques.
Dans l'hiver 1991-92, une rétrospective Paul Grimault est organisée au Palais de
Tokyo, véritable reconnaissance officielle de son œuvre et de son apport au
cinéma français.
Paul Grimault s’éteint au Mesnil-Saint-Denis en 1994.
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Portrait de l’artiste en oiseau rare
par Jean-Pierre PAGLIANO
Paul Grimault était né un crayon à la main. Croquis de ses chats ou de ses
voisins de bus, cartes de vœux ou buvards publicitaires, vues de Bretagne ou
paysages imaginaires, illustrations, décors… Grimault dessinait aussi naturellement
qu’un pommier fait des pommes, mais en manifestant beaucoup plus de plaisir. Il
ornait sa signature d’un petit oiseau perché sur la barre du T. L’oiseau était son
emblème, son fétiche. On trouve toutes sortes d’oiseaux-lyres, d’oiseaux libres, dans
ses films, à commencer bien sûr par le volatile narquois, multicolore et polyglotte,
qui vient secourir la bergère et le ramoneur, et guider vers le soleil le peuple reclus
dans la Ville Basse.
Paul Grimault était un homme libre, libre par exemple de perdre
joyeusement son temps au bénéfice des vieux amis ou de jeunes mordus de dessin
animé. Car ce créateur d’images était aussi un homme du verbe, un intarissable
conteur. Dans les dernières années, lorsqu’il retrouvait Jean Aurenche, il s’amusait
avec son plus ancien complice à inventer, entre la poire et le fromage, le scénario
le plus intournable, le plus propre à mettre en fureur le mieux intentionné des
producteurs…
Quand on a eu la chance de le connaître, on ne peut pas dissocier la
rondeur et la fermeté du bonhomme de celles de son trait. On aimait, chez l’auteur
comme dans ses films, le mélange de tendre poésie et de vigueur contestataire,
de fantaisie débridée et de gravité jamais solennelle.
Grimault des villes, Grimault des champs. Paul a toujours trouvé son équilibre
entre Paris et la campagne. Titi du XIIIème arrondissement (installé depuis 1916 dans
le même immeuble proche de la place d’Italie), il n’a jamais interrompu son
dialogue avec la nature. Les pieds sur terre et la tête du côté de ses chers oiseaux,
il n’avait pas besoin de parler d’écologie ou d’humanisme, d’employer de grands
mots ou d’indiquer de grands remèdes… Présidant en 1985 la première édition du
Festival de Hiroshima, il célèbre à cette occasion le cinéma d’animation comme
« un langage compris de tous, proche de la fable. Des récits simples, imagés,
prétendument enfantins, qui sont peut-être les meilleurs véhicules des seules vérités
essentielles, celles du cœur. »
Dans La Table tournante, où il rassemble ses principaux courts métrages, il
réalise le rêve de vivre à jamais au milieu de son œuvre, discutant avec ses
personnages le plus naturellement du monde avant de subir l’ultime
métamorphose : le dessinateur à son tour dessiné s’éloigne de nous image par
image. Salut, l’artiste !
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