La Baule+

Novembre 2016 3
Culture
Exposition Steve McQueen
Forever à l’Espace culturel
Chapelle Sainte-Anne
Julia Gragnon, directrice de la Galerie de l’Instant, et son
père François Gragnon.
A
l’occasion du Festival du cinéma et
musique de film de
La Baule, la Galerie de l’Instant présente une exposition de photos spécialement dédiées à Steve
McQueen jusqu’au 13 novembre à l’Espace culturel
Chapelle Sainte-Anne, avec
des portraits réalisés par les
photographes François Gragnon, John Dominis et
Barry Feinstein. Rappelons
que François Gragnon a été
un grand photographe de
stars pour Paris Match, où
il a travaillé entre 1952 et
1989, et c’est presque en voisin qu’il est venu à La
Baule, puisqu’il passe sa retraite à Noirmoutier, pour
raconter quelques anecdotes sur Steve McQueen :
« C’est quelqu’un qui voulait
être tranquille. Il n’aimait pas
poser, mais il laissait faire tous
les photographes… » Nous
avons demandé à François
Gragnon quel souvenir il
avait envie de nous faire
partager de ses rencontres.
Il a évoqué une photo d’Alfred Hitchcock, où l’on voit
le cinéaste courbé au bord
d’une plage, et le photographe nous a expliqué
comment il avait réalisé ce
cliché : « À Cannes, Paris
Match me demande une photo
d’Hitchcock. Nous étions tous
les deux au Carlton et j’ai la
chance de le croiser au bar. Je
lui dis bonjour, je me présente
et je lui rappelle que j’ai déjà
fait des photos de lui : « Mon
journal voudrait absolument
une photo de vous, mais elle
doit être faite le matin de très
bonne heure, parce que je ne
tiens pas à avoir la concurrence de tous les photographes
qui essaieront de faire la même
photo ». Hitchcock me demande à quelle heure il doit
être au rendez-vous et je lui
propose d’être à 7 heures
du matin devant le
concierge. Je ne lui ai pas
demandé de s’habiller parfaitement bien, parce qu’il
l’est toujours, mais j’ai
quand même souhaité qu’il
soit en costume bleu marine, chemise blanche ou
bleu ciel, avec une cravate,
et des Church’s comme
chaussures puisque c’est ce
qu’il met toujours… Il arrive
à 7 heures pile, avec un costume impeccable ! Je l’emmène dans ma Jaguar sur une
petite plage que j’avais choisie. Il descend en gentleman,
il va sur la plage et je lui dis :
« Je veux simplement vous voir
marcher seul le long de la mer...»
J’en profite pour lui rappeler
que je l’avais déjà photographié dans une chambre d’hôtel quelques années plus tôt :
il s’était pendu à un portemanteau, en faisant semblant
de faire le mort, et cette photo
s’était vendue dans le monde
entier… Alors, il va vers l’eau
en me disant : « Je marche sur
l’eau… » Je le préviens qu’il
faut faire attention, parce
qu’il y a très vite six mètres
de profondeur… Il marche, il
va vers l’eau, il met ses bras
comme le Christ, il avance
dans l’eau... Tout d’un coup,
la profondeur devient importante et il revient en me disant : «François, aujourd’hui,
cela n’a pas marché ! » Il avait
vraiment joué le jeu...»
M
ais revenons à
Steve McQueen,
qui est à l’honneur
dans cette exposition. François Gragnon souligne que
l’acteur ne se montrait pas
complice avec les photographes, mais qu’il jouait
aussi le jeu et qu’il était assez
facile à photographier, alors
que les vedettes acceptent
aujourd’hui beaucoup plus
difficilement de poser longuement. Cette exposition
de photographies de Steve
McQueen, avec des clichés
de François Gragnon, John
Dominis et Barry Feinstein,
se déroule jusqu’au 13 novembre à l’Espace culturel
Chapelle Sainte-Anne à La
Baule.
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