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L’ATTENTE
Film de Agnès Petit, 52min, 2011
prod.: Little Bros
Résumé
« Marcelles Defives, née Beaurepaire,1912 - ? »
Ce point d'interrogation éclaire la fin de vie de ma grand-mère
qui, comme une aventurière du quotidien, gravit chaque jour
le sommet vertigineux qu'est la vieillesse. Quand le moindre
geste, la plus petite tâche devient un défi, un combat pour sa
dignité, un désir d'être vivante jusqu'à la mort. Avec curiosité
et rigueur, elle teste et expérimente ce que son vieux corps
peut faire ou ne peut plus faire, elle impose à son entourage
son rythme forcément lent et son charme emprunt de
coquetterie et d'ingénuité. Martine et Sylvie, les Infirmières,
Lydie et Martine, les aides ménagères, la kiné, le voisin et sa
famille – en l’occurrence Agnès, sa petite fille réalisatrice – se
succèdent auprès d’elle et l’accompagnent jour après jour
dans l’attente de ce jour où ... « Clac. Ce sera fini ».
Synopsis
Ma grand-mère a 96 ans. Elle vit encore chez elle malgré des passages à l’hôpital, un corps amoindri
par la vieillesse et les accrocs d’une santé fragilisée. De vieux organes et toute sa tête, comme elle
aime à le faire remarquer. Elle n’a pas de maladies particulières, elle est juste en perte d’autonomie.
Veuve, elle est seule face à ce corps qui fait des siennes, son apparence qui, à ses yeux, se dégrade,
ses mains qui ne lui obéissent plus aussi bien et ses jambes qui se dérobent.
Pour qu’elle puisse rester chez elle, deux infirmières passent chaque jour et des aides ménagères
viennent deux à trois fois par semaine. Le grand lit conjugal a été remisé et remplacé par un lit
d’hôpital, dans un coin de sa chambre, un déambulateur et, sur sa commode en teck des années
soixante, on aperçoit un paquet de couches pour adultes.
J’observe cette petite bonne femme voûtée se redresser sur sa canne, lutter à chaque instant pour
conserver une certaine indépendance, les liens qu’elles nouent avec les femmes qui l’aident comme si
elle était une athlète de haut niveau entourée d’une équipe de soigneurs.
Se lever de sa chaise, essuyer une assiette, équeuter des haricots, monter des escaliers, chacun de
ses actes banalement quotidiens devient une conquête intime sur les conséquences de son
vieillissement. Elle se bat. Elle essaye et échoue. Le plus souvent elle finit par avoir le dessus et elle
obtient satisfaction de ses vieux os.
Pourtant, elle attend la mort comme une délivrance. Comme une femme enceinte attend une
naissance. Quand on en a marre de porter un corps devenu lourd et douloureux. Quand on se sent
diminué et ralenti dans son activité. On sait que cet état du corps a une « fin » certaine et proche. On
l’attend avec une curiosité teintée d’angoisse, une peur sourde, viscérale qui n’altère pourtant pas nos
relations quotidiennes avec nos proches.
C’est un de ces moments de vie qui nous échappe. Ce n’est pas nous qui décidons, mais nos corps,
cette vie organique qui nous héberge pour un temps non déterminé. Quand la vie décidera-t-elle de
naître ou de mourir ? On voudrait le savoir ...
En attendant, chaque jour a son enjeu. Un jour de plus de vie sans perdre sa tête, une volonté qui
s’exprime et les gens qui l’entourent deviennent les équipiers d’une étrange aventure du quotidien.
Car ma grand-mère est une aventurière qui explore la vieillesse en toute conscience de sa mort
prochaine.
ACPA - [email protected] - 05 56 12 08 87 – www.acpaquitaine.com
Note d’intention
Il est arrivé que ma mère s’en aille et que, faute de proche disponible, ma grand- mère fasse un court
séjour en maison de retraite où elle se plaint d’être avec des vieux et se place, à la cantine, le plus
près possible de la porte de sortie. Elle supporte cette communauté de vieux et la souhaite, tant il est
important pour elle que ma mère se sente libre d’aller et venir. Mais elle vit mal sa perte d’identité face
aux personnels hospitaliers.
Pour lui éviter un nouveau séjour et permettre à ma mère de prendre l’air, je leur ai proposé de venir,
de temps en temps, lui tenir compagnie pendant l’absence de Miche. Et c’est ainsi que l’idée de ce
film est née.
J’ai voulu faire partager à mes contemporains occidentaux cette expérience familiale que j’avais
l’occasion de vivre. À une époque où l’on vit plus longtemps et mieux, le mode de vie de ma grandmère, dans sa banalité même, est précurseur de la vie qui nous attend et de la mort qui va avec.
La question de l’autonomie à travers la collectivité ou le maintien à domicile, les emplois que cela
génère, apparaissent le long de ce portrait. En particulier à travers les relations nouées avec les
infirmières et les aides ménagères qui « tournent » autour d’elle. Leur professionnalisme et leur
empathie en font des personnages et des complices inestimables de la vie de ma grand-mère et de ce
film.
Un portrait pudique qui n’élude pourtant pas les enjeux intimes précis que l’on rencontre face à un
corps en perte d’autonomie. On aborde les sujets sans pourtant tout montrer. Un portrait tendre où je
collectionne toutes les petites manies de cette femme, toutes ses habitudes. Un portrait qui m’aide à
regarder autrement le destin de petites gens, nos voisins, nos proches, qui se cachent derrière les
façades de la vieillesse plus sûrement que celles de leurs maisons.
Note de traitement
Trouver la bonne distance pour ce film. S’impliquer sans complaisance. Montrer le corps de la façon la
plus directe, simple et naturelle en restant dans des axes et des cadres qui racontent. Sans exposer.
On découvre une démarche, l’abandon d’un sommeil, des moments intimes et quotidiens que je filme
de manière à ce qu’il soit la matière centrale du projet.
Le corps de ma grand-mère, ce qu’elle arrive à lui faire faire, les soins qu’il reçoit, et la personnalité
qu’il exprime, deviennent les outils d’une narration sobre et efficace qui ne passe que très peu par la
parole si ce n’est la sienne.
C’est l’histoire de ce corps animé par la volonté et la vie de cette femme. Les mains noueuses de ma
grand-mère qui ont tant de mal à fermer les boutons d’un gilet. Ou bien, lors de la séance de kiné, les
exercices où elle marche en levant haut les genoux et dignement le menton, pour enjamber des «
obstacles » en mousse disposés là par la kiné.
Lors des toilettes, le dispositif sera particulièrement maîtrisé. Les cadres montreront ce qui est
montrable : le corps de façon partielle, comme on se voit nous-même, et non comme un regard
extérieur, étranger. Cela me permet d’être proche de cette femme sans la dépersonnaliser.
Je reste ainsi à ma place de petite fille et de cinéaste dans une pudeur essentielle à ce que le film soit
« supportable », partageable, tout en restant dans une proximité qui me permet de filmer la sensualité
que les toilettes et les massages dégagent, qui évoque la douceur de sa peau et des gestes qui
l’enveloppent.
Un ton juste, des cadres posés, un calme qui se confirme au contact de cette femme espiègle et
tendre et des relations qu’elle entretient avec son petit monde : Sylvie, Martine, Monsieur François, la
kiné et moi..
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Parcours de la réalisatrice
Stagiaire des Ateliers Varan en été 1999 et cofondatrice du collectif de
réalisateurs « Les Iguanes » en 2000, Agnès Petit a réalisé «
Recommandées en été » en 1999, « Que du bonheur ? » en 2000, «
Equation à deux inconnus » en 2003, « Yéma ne viendra pas » en 2008.
La bourse » de la SCAM « Brouillon d’un rêve lui a été attribuée pour ce
documentaire qui a également obtenu l’aide de la région Haute-Normandie
et de l’Acsé. Réalisatrice pour l’émission d’Arte « Captés/Absolute » et elle
a également signé des documentaires radiophoniques pour Arte radio et
France Culture.
Fiche Technique
Réalisatrice et montage : : Agnès PETIT
Production : Little Bros Productions
Version : Française
Support de diffusion : DVD ou DCP
Format image : video HD 16/9ème
Durée : 52min
Visa n°: 130690
Distributeur en Aquitaine : ACPA
ACPA - [email protected] - 05 56 12 08 87 – www.acpaquitaine.com

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